Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES DEUX FONDEMENTS

MATTHIEU, VII, 24-27


Deux fondements

La plupart de nos jeunes lecteurs savent, que les cinquième, sixième et septième chapitres de l'Évangile selon saint Mathieu contiennent le discours qui est généralement connu sous le nom de «Sermon sur la montagne.» Il nous est dit au Chap. V, v. 1 et 2, que «Jésus voyant le peuple, monta sur une montagne, et s'étant assis, ses disciples s'approchèrent de lui: et ouvrant sa bouche, il les enseignait. «La contrée de la Judée, dans laquelle vécut le Sauveur est très montueuse; tellement, que «les montagnes d'Israël» sont souvent mentionnées dans l'Ancien-Testament pour désigner le pays tout entier (Ezech. VI, 3; XXXVI, 1).

Les montagnes furent la scène de quelques-unes des plus intéressantes circonstances de la vie de notre Sauveur. Une fois il alla sur une montagne pour prier et il passa toute la nuit à prier Dieu (Luc VI, 12). Une autre fois, quand une grande multitude de gens étaient assemblés sur une montagne, il opéra un miracle dans le but d'apaiser leur faim (Jean VI, 3 — 14); et dans le sujet qui va nous occuper, il choisit une montagne pour le lieu de sa prédication.

Il est probable qu'aucune maison n'aurait été assez vaste pour contenir la foule qui s'était assemblée autour de lui, et que nul emplacement n'était plus favorable pour se faire entendre d'elle; il y avait là de l'espace en abondance, et, dans ce lieu si retiré, rien ne venait détourner l'attention de ceux qui voulaient écouter la parole de Dieu. Tout, au contraire, était propre à leur rappeler celui «qui tient ferme les montagnes par sa force, étant environné de puissance» (Ps. LXV, 7). Celui «qui fait produire le foin aux montagnes et l'herbe pour le service de l'homme» (Ps. CXLVII, 8; CIV, 14).

Cette situation retraçait à leur mémoire le temps où leurs Pères errant dans le désert virent la gloire de Dieu sur le mont Sinaï, et où sa voix divine prononça les paroles de cette loi à laquelle ils devaient obéir (Exode XIX, 16 — 25; XX, 1 — 17). C'était aussi la voix de Dieu qu'ils étaient maintenant appelés à entendre, elle leur parlait par son Fils et leur développait le sens de cette même loi qui avait été donnée à leurs Pères. Mais il n'y avait plus ni feu, ni fumée pour voiler la face de celui qui parlait, ni son de trompette bruyant et terrible pour porter l'épouvante parmi le peuple. Le céleste docteur autour duquel ils se pressaient, les enseignait comme ayant autorité; il était cependant doux et humble de cœur, et quoique le plus grand nombre d'entre eux ne vit en lui qu'un prophète, sans doute quelques-uns de ceux qui avaient long-temps attendu sa venue, pensaient que ces belles paroles du prophète commençaient à recevoir leur accomplissement: «Oh ! Sion, qui annonces de bonnes nouvelles, monte sur une haute montagne. Jérusalem, qui annonces de bonnes nouvelles, élève ta voix avec force, élève-la, ne crains point; dis aux villes de Juda: Voici votre Dieu; voici, le Seigneur l'Éternel viendra contre l'homme puissant, et son bras dominera sur lui; voici, son salaire est avec lui, et sa récompense marche devant lui. Il paîtra son troupeau comme un berger, il rassemblera les agneaux dans ses bras et les portera dans son sein; il conduira celles qui allaitent.» (Ésaïe XL, 9-11)

Les paroles que je désire expliquer, en ce moment forment la dernière partie du sermon de notre Seigneur sur la montagne, et sont particulièrement bien adaptées à la place qu'elles y occupent. Jésus Tenait de donner sur les principaux devoirs de la morale des instructions si simples, qu'il n'est personne qui n'eût pu les comprendre, la multitude de ses auditeurs était alors sur le point de se séparer. Tout étonnés de sa doctrine (Matth. VII, 28), ils étaient prêts à dire: «Jamais homme ne parla comme cet homme;», mais le Sauveur voulut leur faire entendre qu'il ne leur suffisait pas d'admirer sa sagesse, tandis qu'ils ne sentaient pas le désir de devenir sages eux-mêmes. On pouvait dire de ces troupes qui l'avaient entendu prêcher, tout comme de ces congrégations qui entendent aujourd'hui l'Évangile, que «les uns croient les choses qui leur sont dites et les» autres ne croient pas.» Quand les jeunes gens sont attentifs à la prédication de la vérité et semblent prendre plaisir à l'écouter, c'est une grande joie pour leurs amis chrétiens, mais on doit désirer plus que cela pour eux: nous les conjurons donc de se rendre particulièrement attentifs à cette partie solennelle du discours de notre Sauveur.

Jésus dépeint ici deux maisons, bâties par deux personnes différentes, mais tellement semblables à les voir, qu'on n'aurait pu soupçonner la moindre différence dans leur construction; il y en avait cependant une bien grande dans la qualité des terrains sur lesquels elles étaient fondées. Les plus jeunes de mes lecteurs apprendront donc qu'il ne suffit pas d'élever de fortes murailles et de les bien lier ensemble. Un bâtiment ainsi construit, pourra conserver une belle apparence tant que le soleil brillera et que l'air sera calme, mais s'il a été fondé sur le sable, quand un ouragan de vent et de pluie viendra à fondre dessus, «il tombera, et sa ruine sera grande», et plus il aura été élevé et spacieux, plus terrible sera le fracas- occasionné par sa chute. Au contraire, si le même orage vient à. souffler contre une autre maison qui aura été fondée sur le roc, «elle ne tombera pas, parce que le constructeur a. creusé profondément la terre et a posé ses fondations sur une roche solide, en sorte qu'aucune tempête ne serait capable de l'ébranler

Réfléchissons à la diversité des circonstances dans lesquelles se trouveront placés à l'heure du danger les habitants de ces deux maisons. Le propriétaire de celle qui est construite sur le sable n'aura pas vu sans inquiétude le soleil s'obscurcir, les nuages se rassembler, et la pluie commencer à tomber par torrents. En vain aura-t-il cherché à se persuader qu'il n'y a rien à craindre, la violence du vent ne tardera pas à le faire trembler. Quelle consolation trouvera-t-il alors dans le souvenir des éloges que ses amis donnaient à la belle architecture de sa maison; bientôt il sentira le plancher craquer sous ses pieds, et il demeurera enseveli sous un amas de décombres, ou s'il est allé paisiblement se mettre au lit, se persuadant qu'il n'y a rien à craindre, et que les fondements de son habitation sont assez fermes pour résister à la tempête, une destruction soudaine viendra le tirer de son assoupissement, et lui fera trouver sa perte au milieu de ses rêves insensés.

Combien seront opposés les sentiments du propriétaire de l'autre maison mentionnée par le Seigneur! Lui aussi verra venir l'orage; le sifflement du vent et les éclats du tonnerre retentiront à ses oreilles; mais il restera calme, et assistera au tumulte des éléments sans en être alarmé. Il sait que quand même les torrents seraient débordés, ils ne pourraient renverser son habitation, parce que les fondements en sont assis sur le rocher; il éprouvera de la pitié pour ceux qui se trouvent exposés à l'effort de la tempête, et en même temps son cœur reconnaissant se tournera vers Dieu pour lui rendre grâce de la retraite assurée qu'il lui a préparée; et si pour un instant l'effroi pénétrait dans son âme, il sentira sa confiance renaître, dès qu'il aura jeté son regard vers ce rocher sur lequel s'appuyent les parois de sa demeure.

Le Sauveur déclare que «quiconque entend les paroles qu'il dit et les met en pratique, est semblable à l'homme prudent qui a bâti sa maison sur la roche, et quiconque entend ces mêmes paroles et ne les met point en pratique, est semblable à l'homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.» Essayons maintenant de comprendre quel rapport il y a entre ces deux caractères et les deux constructeurs dont il est ici parié.

Celui qui a bâti sur le roc est appelé un homme prudent: tous ceux qui sont vraiment prudents écoutent les paroles de Christ, et les mettent en pratique. Les gens du monde peuvent mépriser de telles personnes, et les appeler insensées; mais le Dieu de vérité déclare lui-même que ce sont celles-là qui possèdent la vraie sagesse (Job XXVIII, 28. Prov. X, 8). Avant de pratiquer les paroles de Jésus, il faut commencer par les croire; voici quelques-unes de ses principales déclarations: «Le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu. Je ne suis pas venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs. Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.»

Ceux qui croient ces choses doivent donc se confier en Christ et en Christ seul comme étant le Sauveur des pécheurs: leur espérance de salut reposera sur Christ de la même manière que la maison dont nous venons de parler reposait sur le rocher. Ceci n'est pas le seul endroit de la Bible dans lequel Jésus soit comparé à un rocher, et les croyants représentés comme bâtissant sur lui. Dans Ésaïe, chapitre XXVIII, 16, nous lisons: «Ainsi a dit le Seigneur, l'Éternel: Voici, je mettrai pour fondement une pierre en Sion, une pierre éprouvée, une pierre angulaire et précieuse, pour être un fondement solide; celui qui croira ne sera point confus

Dans la première aux Corinthiens III, 14, il est dit: «Personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui a été posé, qui est Jésus-Christ.» On trouve plusieurs passages dans la Bible semblables à ceux-ci: «le rocher de notre salut» est une expression fréquemment employée dans l'Ancien-Testament.

Comme il est d'une grande importance que mes jeunes lecteurs comprennent bien ce que signifie bâtir sur le roc. Dans le sens spirituel, j'essaierai de l'expliquer un peu plus clairement. Quand un pécheur commence à croire les paroles de Jésus, il est alarmé en pensant qu'il a mérité d'être jeté dans l'enfer avec les impies, là où «leur ver ne meurt point, et où leur feu ne s'éteint point.» Il désire être arraché à cet horrible malheur; mais la Bible lui dit: «Que le salaire du péché, c'est la mort.»

Comment donc échapperait-il, lui qui a commis tant de péchés? Alors il lit que «Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes» (l Pier. III, 18), et que «c'est lui qui nous délivre de la colère à venir» (1 Thess. I, 10).

En croyant ces choses, il peut espérer d'être sauvé de l'enfer, et ainsi son espérance de salut repose sur la mort de Christ. Il est persuadé que c'est par la faveur de Dieu qu'on a la vie, et que sa bonté est meilleure que la vie, et il désire par-dessus tout avoir Dieu pour ami; mais la Bible déclare que «maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire» (Gal. III, 10).

À quel titre donc pourrait-il prétendre à la faveur de Dieu? Alors un peu plus loin il lit que «Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous (Gal. III, 13); et que «Dieu était en Christ réconciliant le monde avec lui, et ne leur imputant point leurs péchés» (2 Cor., v. 19). Il trouve du soulagement à croire ces déclarations, et ainsi son espérance de réconciliation avec Dieu s'appuie encore sur ce que Christ a porté tout le poids de la colère divine qu'avait attiré le péché.

Je ne m'arrêterai pas plus longtemps sur cette partie du sujet; ce que j'ai dit suffit pour montrer comment toute la sûreté d'une âme consiste en ce qu'elle repose, ou en d'autres termes en ce qu'elle bâtisse sur Christ, et ce n'est pas seulement pour elle la meilleure, mais l'unique voie du salut. «C'est cette pierre qui a été rejetée par vous qui bâtissez, qui a été faite la principale pierre de l'angle; et il n'y a point de salut en aucune autre; car aussi il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés» (Actes, IV, 11, 12).

De même que Christ est le seul fondement de nos espérances éternelles, il est aussi la seule source de la sainteté du cœur. Un pécheur ne peut croire que «le Fils de Dieu l'a aimé, et s'est donné pour lui» sans l'aimer aussi en retour; et aussitôt qu'il commence à l'aimer, il prend plaisir à faire les choses qui lui sont agréables. Le péché lui devient odieux, quand il voit en lui la cause des souffrances de son Sauveur; il croit que «si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu» (Jean III, 3); et il prie ardemment pour que Dieu «crée en lui un cœur net, et renouvelle au dedans de lui un esprit droit» (Ps. LI, 10). Dieu a promis de répondre à sa prière (Ezéch. XXXVI, 25, 27,37); il a aussi promis de donner son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent (Luc XI, 13); et le Sauveur déclare que ce divin consolateur habitera avec son peuple en tout temps pour le conduire dans toute la vérité.

Quand une personne a ainsi appris à aimer Dieu et à garder ses commandements, elle accomplit chacun de ses devoirs au moment convenable, en sorte que l'œuvre de son obéissance peut être comparée à un édifice bien construit, bâti sur un bon fondement, et achevé dans toutes ses parties. Il n'est que trop vrai que celui qui croit en Christ n'est pas entièrement délivré du péché en ce monde; mais sa plus grande douleur est de négliger les choses qui peuvent plaire à son meilleur ami, et, sachant qu'il n'a eu lui-même aucune force pour faire le bien, il se repose entièrement sur cette grâce qui suffit à tout: ainsi dès le commencement de sa conversion et jusqu'à la fin de sa vie, c'est en Christ qu'il place toute son espérance.

Il se verra entouré par les tentations sans doute; il pourra se trouver au milieu de gens qui le presseront de commettre le péché, et qui riront de sa résistance, on voudra lui persuader qu'en consentant à une mauvaise action, il en retirera de grands avantages mondains; mais le bon fondement sur lequel il est appuyé l'empêchera de succomber. Quand il se sentira tenté, il criera plus instamment à Christ et par lui, il obtiendra miséricorde, et trouvera grâce pour être secouru dans le temps convenable (Héb. IV, 16). Les flots de l'affliction peuvent aussi l'environner; mais «Dieu est sa retraite, il le garantira de la détresse, et l'environnera de chants de délivrance.» (Ps. XXXII, 7.) Il perdra peut-être ses amis les plus chers; mais il a un père dans le ciel et un ami qui lui est plus attaché qu'un frère. Il pourra connaître la pauvreté, cependant il n'éprouvera pas d'inquiétude, se déchargeant sur son Dieu de tout ce qui le trouble, et sachant que «la terre est à l'Éternel avec ce qu'elle contient.» Il peut être atteint par la maladie comme les autres hommes; mais il a appris à aimer Dieu et à se soumettre à sa volonté, c'est pourquoi il est assuré qu'après avoir donné pour lui son Fils bien-aimé, ce bon Dieu ne lui enverra que les choses qui peuvent contribuer à son bonheur; et quoiqu'il ne puisse pénétrer le secret de ses dispensations envers lui, il sait que «le Seigneur châtie celui qu'il aime, et qu'il le châtie pour son profit, afin de le rendre participant de sa sainteté.» (Hébr. XII, 6-10.) Il supporte patiemment tout ce qui lui arrive sur la terre, sachant que dans le ciel «la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail.» (Rev. XXI, 4.)

Là il espère d'habiter avec celui qu'il aime plus qu'aucune créature de ce monde. Cette perspective lui fera regarder la mort comme bienvenue; il ne craindra pas de mourir, parce que Christ a détruit la mort et «celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire le diable.» (Hébr. II, 14.) C'est le péché qui l'a fait paraître terrible; mais il croit que «le sang de Jésus-Christ le purifie de tout péché» (1 Jean, I, 7), et il peut penser avec foi au moment où il paraîtra devant Dieu, parce qu'il sait que son Sauveur «est toujours vivant pour sauver ceux qui s'approchent de Dieu par lui.» (Hébreux VII, 25.)

Mes chers enfants, vous voyez combien est heureux et tranquille celui qui «écoute les paroles de Jésus,» et qui les met en pratique.» Ne serez-vous pas réjouis de penser que le plus jeune d'entre vous est invité aussi bien que le vieillard à bâtir sur le rocher des siècles? Et quoique vous n'ayez pas encore été agités par les tempêtes dont nous avons parlé, vous ne pourrez vivre longtemps sans en ressentir l'atteinte. Puissiez-vous avant qu'elles s'élèvent avoir été rendus capables de dire: «Dieu est notre retraite, notre force et notre secours dans les détresses, et fort aisé à trouver. C'est pourquoi nous ne craindrions point quand même la terre se bouleverserait, et que les montagnes se renverseraient au milieu de la mer, et que ses eaux viendraient à bruire et à se troubler, et que ses montagnes seraient ébranlées par l'élévation de ses vagues» (Ps.XLVI, 1-3).

Dussiez-vous mourir bientôt, si vous avez cru en Christ, la mort vous recueillera de devant le péché et la douleur, pour vous transporter dans le lieu où ni la nuit ni aucun nuage ne voileront l'éclat du Soleil de justice. Laissez-vous donc persuader de chercher votre repos en Jésus dès aujourd'hui: soyez persuadés que les premières années de votre vie auront bien plus de douceur pour vous, si vous les employez à bâtir sur le bon fondement. C'est le seul moyen par lequel vous puissiez devenir réellement respectueux et dociles envers vos parents, et attentifs à toutes les choses qui peuvent vous attirer l'affection et l'estime de vos amis: par là seulement aussi vous deviendrez capables de servir votre Père céleste, et de travailler à lui plaire.

Mais je crains qu'un grand nombre d'entre vous ne ressemblent que trop à l'homme qui a bâti sa maison sur le sable. Ils entendent les paroles de Christ, de la bouche de leurs parents, de leurs instituteurs ou de leurs ministres, mais ils ne les observent pas; et de même que la maison de cet homme ressemblait extérieurement à celle de son sage voisin, ces enfants se persuadent à eux-mêmes et aux autres qu'ils obéissent effectivement aux commandements du Sauveur, parce qu'ils ont quelques rapports extérieurs avec les enfants vraiment pieux.

Ils entrent dans leur cabinet chaque matin et chaque soir; et après avoir fermé la porte, ils s'agenouillent pour prier (Matthieu Vf, 6); ils évitent avec soin de jurer (Matth. V, 34-37), et reprennent ceux de leurs compagnons qui ont cette détestable habitude; ils partagent leurs souliers, leur argent avec les pauvres (Matth. VI, 1-4); peut-être même éprouveront-ils de la pitié pour les enfants païens, et s'emploieront-ils avec activité à recueillir des sols et des demi-sols pour leur envoyer des missionnaires qui leur parlent du Sauveur; de même à plusieurs autres égards, ils auront pu se conformer aux paroles de Jésus; mais toute cette apparence de piété sera sans résultat, si elle n'est pas basée sur la foi en Christ; et ils ne pourront alléguer aucune excuse valable pour agir ainsi; car si l'on a pitié d'un homme dont la maison s'est écroulée au premier souffle de vent, parce qu'il ignorait l'art de construire solidement, on ne pourra que blâmer la folie de ceux dont la conduite est telle que nous venons de la décrire, tandis que la Bible leur fournit les directions les plus complètes sur le seul vrai fondement, et sur le meilleur procédé à employer pour bâtir dessus. 

Quand iI vous est arrivé de faire le méchant et de mécontenter votre père, n'avez-vous pas ensuite cherché pour l'apaiser toutes les occasions de lui être agréable? Vous étiez empressé à prévenir ses moindres désirs; tantôt vous offriez de lui faire une lecture, tantôt vous lui parliez de l'avancement que vous aviez obtenu dans votre classe. Mais tout était inutile: votre père jugeait à propos de vous témoigner son déplaisir à cause de vos fautes, et vous ne pouviez parvenir à mériter un de ses sourires. Cela peut vous aider à comprendre pourquoi les bonnes œuvres d'un pécheur ne peuvent être agréées de Dieu, à moins qu'elles ne soient fondées sur Christ. Dieu est justement irrité contre les pécheurs; ils sont tombés dans sa disgrâce. Le péché est une chose qu'il hait; et jusqu'à ce qu'il vous ait pardonné vos péchés, il ne peut prendre plaisir dans vos efforts appareils pour le servir. Mais retournons à votre propre exemple: lorsque vous avez désobéi à vos parents, n'est-il pas arrivé que votre frère ou votre sœur aînés, ou quelque autre bon ami, vous ait pris par la main, vous ait conduit à votre père, et lui ait demandé votre pardon, et quoique auparavant vous éprouvassiez peu de regret de ce que vous aviez fait, n'avez-vous pas commencé à être honteux et affligé, tandis que vous entendiez votre ami plaider ainsi pour vous? de grosses larmes n'ont-elles pas roulées sur vos joues, lorsque vous vous êtes joint à lui pour implorer votre grâce? Eh bien, c'est tout de même que Jésus-Christ, le Fils bien-aimé de Dieu, s'offre à prendre les pécheurs par la main, et à leur rendre la faveur de son Père. 

Bien plus, il a réellement souffert la punition que leurs péchés méritaient, afin que par là ils pussent être effacés. Il a versé son sang; car Dieu a déclaré que «sans effusion de sang il ne se fait point de «rémission des péchés» (Hébr. IX, 22). C'est seulement quand un pécheur croit cela, et qu'il reçoit une vue distincte de sa bonté et de l'amour du Sauveur, qu'il sent une vraie douleur d'avoir offensé Dieu, et commence à désirer ardemment sa faveur.

Mais supposez que vous vous soyez refusé à vous laisser conduire auprès de votre Père, et que vous persistiez obstinément à faire vous-même votre paix avec lui, ou à laisser subsister son ressentiment contre vous, n'aurez-vous pas agi précisément comme les personnes dont nous décrivons la conduite. Elles refusent le secours de Christ; elles endurcissent leur cœur contre l'amour qu'il a montré, et contre toutes les souffrances qu'il a endurées; elles ne se repentent pas de leurs péchés, et se vantent orgueilleusement de mériter la faveur de Dieu par leurs propres oeuvres. — Cependant il a déclaré «que personne ne sera justifié par les œuvres de la loi» (Gal. II, 16), et qu'il «est impossible de lui être agréable sans la foi» (Hébr. XI, 6).

Mon cher lecteur, si telle est votre manière d'agir, vous oubliez qu'une observation purement extérieure de vos devoirs ne suffit pas aux yeux de Dieu. «L'Éternel n'a point égard aux choses auxquelles l'homme a égard; l'homme a égard à ce qui paraît à ses yeux; mais l'Éternel a égard au cœur» (I Sam. XVI, 7).

D'ailleurs le premier de tous les commandements est: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute tu pensée et de toute ta force» (Marc XII, 29, 30); et s'il voit que vous ne l'aimez pas dans votre cœur, votre obéissance extérieure à quelque autre de ses commandements ne saurait le satisfaire. Réciter des prières, n'est pas cette vraie manière de prier le Père qui nous voit en secret, que Jésus-Christ nous a recommandée; car «Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité» (Jean IV, 24). Il est nécessaire sans doute d'éviter des jurements profanes; mais c'est aussi prendre le nom de Dieu en vain que de le prier des lèvres, tandis que le cœur est éloigné de lui. «Quand vous distribueriez tout votre bien pour la nourriture des pauvres, et que vous livreriez votre corps pour être brûlé, si vous n'avez pas l'amour, cela ne vous» sert de rien» (1 Cor. XIII, 3). Rappelez-vous aussi que le service spirituel de ceux qui aiment Dieu est encore imparfait; car ils ne sont pas entièrement affranchis du péché, en sorte qu'eux aussi ont besoin de s'appuyer sur Christ, afin que par ses mérites et par son intercession leurs œuvres puissent être acceptées.

N'avez-vous jamais été aux prises avec des tentations qui ont ébranlé vos meilleures résolutions et étouffé tous vos désirs de bien faire? Vos jeunes camarades ne vous ont-ils jamais entraîné à quelque partie de plaisir le Dimanche, en vous persuadant que vos parents ou votre instituteur n'en sauraient rien; et si vous avez résisté à cette envie, n'était-ce pas purement par la crainte d'être découverts! Quand des friandises ont été laissées à votre portée, et que vous avez pu en prendre une portion sans qu'il y parût, ne l'avez-vous pas fait? quoique vous sachiez bien que «les yeux de l'Éternel sont en tout lieu «contemplant les méchants et les bons», et qu'il a dit: «Tu ne déroberas point». Si vous avez brisé ou endommagé quelque chose, n'avez-vous pas préféré mentir, et dire que vous ne l'avez pas fait, plutôt que de porter le blâme que vous méritez par votre étourderie. Dans tous les cas de ce genre, vous avez pu reconnaître que vous n'étiez pas assez solidement appuyés pour pouvoir résister au choc de la tentation.

Mais alors comment supporterez-vous les orages de l'affliction? Si vos parents venaient à mourir et vous laissaient orphelins, vous ne pourriez vous dire que vous avez un père dans le ciel qui prendra soin de vous; car vous n'aimez pas un fils, et ne pouvez vous attendre à sa faveur. Si vous deveniez pauvre et que vous vous trouviez privé de la nourriture et des vêtements auxquels vous avez été habitués, qu'est-ce qui vous donnerait de la consolation, et vous empêcherait de vous livrer à l'inquiétude et au murmure? Vous n'avez pas cru aux paroles de Christ, en sorte que vous ne pouvez espérer en ses promesses, et d'ailleurs vous n'avez aucun titre à être encouragés par elles dans vos détresses temporelles. La maladie et la mort doivent être fort alarmantes pour vous; car vous n'êtes pas fondé sur Christ, le rocher des siècles, et cependant nul autre que lui ne pourra vous soutenir quand il faudra traverser les profondes eaux de la mort. 

Eussiez-vous même quelque espérance du ciel, comment pourriez-vous prendre plaisir dans la pensée d'habiter pour toujours avec un être que vous n'avez jamais aimé! mais si vous continuez à attendre la faveur de Dieu en comptant sur votre piété extérieure, votre destruction ne sera que plus terrible et plus soudaine. «L'homme qui, étant repris, roidit son cou, sera écrasé subitement, sans qu'il y ait de guérison» (Prov. XXIX, 1).

«Il est ordonné que tous les hommes meurent une fois, après quoi suit le jugement» (Hébr. IX, 27). La Bible nous parle d'un grand trône blanc sur lequel était assis «quelqu'un devant lequel le ciel et la terre» s'enfuirent, et on ne les trouva plus» (Rev. XX, 11). Quand ce grand événement aura lieu, que restera-t-il pour servir de soutien à un pauvre enfant pécheur? Combien vous serez confondus par la vue de votre juge quand vous vous rappellerez qu'il fut un temps où il voulait assurer vos pieds sur le roc, et vous aider à construire l'édifice de votre foi, et que vous avez préféré établir votre habitation sur le sable? Quoique vous en puissiez penser à présent, vous serez alors convaincus de votre folie; car plusieurs diront à Christ en ce jour-là: «Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom? n'avons-nous pas chassé les démons en ton nom? n'avons-nous pas fait plusieurs miracles en ton nom? Alors il leur dira ouvertement: Je ne vous ai jamais connus; retirez-vous de moi, vous qui faites métier d'iniquité» (Matth. VII, 22, 23).

Savez-vous, mes chers enfants, dans quelle intention. Je vous ai annoncé ces vérités solennelles! Savez-vous pourquoi le Sauveur prononça les paroles que nous venons de méditer ensemble? N/est-ce pas afin que tous les hommes fussent conduits à examiner s'ils ont trouvé un abri contre les dangers qu'offre ce monde, et contre les terreurs du monde à venir, et c'est aussi pour que, s'ils viennent à reconnaître qu'ils ne sont pas en sûreté, ils se laissent persuader de chercher le salut là où seulement il peut être trouvé. Ne dites pas que vous êtes sûrs d'être dans le bon chemin, et qu'ainsi tout cela ne vous concerne en aucune manière. S'il n'était pas extrêmement facile de se faire illusion à cet égard, le Sauveur n'aurait pas parlé ainsi. Oh! pensez à son amour pour les pécheurs! Considérez que vos âmes sont immortelles, et demandez-vous si vous désirez d'aller habiter l'enfer avec le diable et ses anges, ou bien d'être reçu par Christ dans la maison de son Père où il y a plusieurs demeures. Puisse le Saint-Esprit vous conduire à Jésus dès aujourd'hui, tandis qu'il attend encore pour vous sauver, et alors au milieu des orages de la vie, vous pourrez joyeusement répéter: «Voici, le Dieu fort est ma délivrance, j'aurai confiance, et je ne serai point effrayé; car l'Éternel est ma force et ma louange; et il a été mon Sauveur» (Ésaïe XII, 2).


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