Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II.

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J'essaierai de vous exposer quelques-unes des raisons qui rendent la sanctification importante.

1. La sainteté peut-elle nous sauver ?

2. Peut-elle ôter le péché,

3. couvrir les iniquités,

4. fournir une satisfaction pour les transgressions,

5. payer notre dette à Dieu?...

Non ! pas le moins du monde !

Dieu nous garde de jamais vous dire rien de pareil ! La sainteté ne peut faire aucune de ces choses.

Les plus grands saints sont tous des serviteurs inutiles. Nos œuvres les plus pures ne sont que des haillons souillés, quand elles sont éprouvées à la lumière de la sainteté de Dieu. La robe blanche offerte par Jésus et assurée à la foi doit être notre seule justice, le nom de Christ notre seule confiance, le livre de vie de l'Agneau notre seul titre pour le ciel.

Avec toute notre sainteté, nous ne sommes encore que des pécheurs. Nos meilleures actions sont souillées et entachées d'imperfection.

Elles sont toutes plus ou moins incomplètes et défectueuses dans leurs motifs ou dans leur exécution. Aucun enfant d'Adam ne sera jamais justifié par les œuvres de la foi. « Vous êtes sauvés par grâce par la foi ; cela ne vient pas de vous, c'est un don de Dieu ; ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie (Ephés., II, 8, 9). »

Pourquoi donc la sanctification est-elle si importante ?

Pourquoi l'Apôtre dit-il que, sans elle, aucun homme ne verra le Seigneur ?

Je vais vous en donner quelques raisons.


Nous devons nous sanctifier parce que la voix de Dieu dans l'Écriture le recommande expressément.

Le Seigneur Jésus disait à son peuple : « Si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux (Matth., V, 20). — Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Matth., V, 48). » Et Paul disait aux Thessaloniciens : « C'est ici la volonté de Dieu, savoir, votre sanctification (1 Thes., IV, 3 ; » et Pierre : « Comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi de même soyez saints dans toute votre conduite, comme il est écrit : Soyez saints, car je suis saint (1 Pierre, I, 15, 16). »


Nous devons être sanctifiés, parce que c'est la fin et le grand but pour lequel Christ est venu dans le monde.

Paul écrivait aux Corinthiens : « Il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux (2 Cor., V, 15)  ; » et aux Éphésiens : « Christ a aimé l'Église et s'est donné lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât et qu'il la purifiât (Ephés., V, 25, 26) ; » et à Tite : « Il s'est donné soi-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de nous purifier pour lui être un peuple particulier et zélé pour les bonnes œuvres (Tite, II, 14). »

Enfin, il est entièrement opposé au témoignage de l'Écriture, qu'un homme soit sauvé de la condamnation du péché sans être en même temps affranchi de sa domination dans son cœur.

S'il est dit que les croyants sont élus, c'est « par la sanctification de l'Esprit.  »

S'ils sont prédestinés, c'est « pour être conformes à l'image du Fils de Dieu.  »

S'ils sont choisis, c'est « pour qu'ils soient sanctifiés.  »

S'ils sont appelés, c'est « pour une sainte vocation. »

S'ils sont affligés, c'est « pour être faits participants de sa sainteté.  »

JÉSUS EST UN SAUVEUR COMPLET ; il ne se borne pas à affranchir le fidèle de la condamnation du péché ; il brise le pouvoir de celui-ci.


Nous devons être sanctifiés, parce que c'est la seule preuve évidente que nous avons la foi qui sauve en Jésus-Christ notre Seigneur.

Quoique nos bonnes œuvres ne puissent pas effacer nos péchés, ni atténuer la sévérité du jugement de Dieu, cependant elles lui sont agréables, et elles sont acceptées par lui à cause de Christ, parce qu'elles procèdent nécessairement d'une foi véritable et vivante ; d'autant mieux que c'est par elles seules que cette même foi peut être mise en évidence, de même qu'on reconnaît un arbre à ses fruits.

Saint Jacques nous dit qu'il y a une foi qu'il appelle morte, une foi qui ne va pas au-delà de la profession des lèvres et qui n'a aucune influence sur le caractère et sur la vie.

Or, la vraie foi qui sauve est toute autre chose : celle-là se montrera toujours par ses fruits ;

elle sanctifiera,

elle opérera par la charité,

elle vaincra le monde,

elle purifiera le cœur.

Je sais qu'il y a des gens qui aiment à citer des preuves de foi données sur un lit de mort. Ils se reposent sur des paroles prononcées dans des moments de terreur, de souffrance et de faiblesse, comme s'ils pouvaient y trouver des motifs de consolation pour les amis qu'ils ont perdus. Mais je crains fort qu'on ne se trompe à cet égard quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent.

Je suis disposé à croire que, généralement parlant, les hommes meurent comme ils ont vécu. La seule marque certaine que vous êtes un avec Christ et que Christ est en vous, c'est une sainte vie. Ceux qui vivent au Seigneur sont d'ordinaire les seuls qui meurent au Seigneur. Si nous voulons mourir de la mort des justes, ne nous bornons pas à la désirer mollement, mais cherchons à vivre de leur vie.


Nous devons être sanctifiés, parce que c'est la seule preuve que nous aimons Jésus-Christ en sincérité.

Ceci est un point sur lequel le Seigneur s'est expliqué lui-même ouvertement dans les XIVe et XVe chapitres de saint Jean :

Si vous m'aimez, GARDEZ mes commandements.

Celui qui a mes commandements et qui les GARDE, c'est celui-là qui m'aime.

Si quelqu'un m'aime, il GARDERA ma parole.

Vous serez mes amis, SI VOUS FAITES CE QUE JE VOUS COMMANDE.

Il serait difficile de trouver des paroles plus claires et plus explicites que celles-là, et malheur à ceux qui les négligent !

Certainement, celui qui connaît les souffrances de Jésus et qui s'attache pourtant à ces péchés pour lesquels il a souffert, n'est pas dans un état d'âme rassurant.

C'est le péché qui avait tressé la couronne d'épines du Seigneur,

c'est le péché qui perça ses mains, ses pieds et son côté,

c'est le péché qui le conduisit à Gethsemané, au Calvaire, à la croix et au tombeau... ;

NOS CŒURS DEVRONT DONC ÊTRE BIEN GLACÉS, S'ILS N'ONT PAS HORREUR DU PÉCHÉ, et si nous ne travaillons pas à nous en débarrasser, dussions-nous, pour y parvenir, nous couper la main droite ou nous arracher un oeil.


Nous devons nous sanctifier, parce que c'est la seule preuve évidente que nous sommes de vrais enfants de Dieu.

Les enfants de la terre ressemblent en général à leurs parents, les uns plus, les autres moins, mais il est rare qu'on ne trouve entre eux un certain air de famille. Et il en est tout à fait de même des enfants de Dieu.

Si les hommes n'ont aucune ressemblance avec leur Père céleste, c'est en vain qu'ils se targueront d'être ses enfants. Si nous ne savons pas que c'est la sainteté, nous pourrons bien nous faire là-dessus des illusions autant qu'il nous plaira, mais nous n'aurions point reçu à cet égard le témoignage du Saint-Esprit.

Nous sommes morts et nous avons besoin d'être engendrés de nouveau.

Nous sommes perdus et nous avons besoin d'être retrouvés. Ceux-là seulement qui sont conduits par le Saint-Esprit sont enfants de Dieu.

NOUS DEVONS MONTRER PAR NOTRE VIE À QUELLE FAMILLE NOUS APPARTENONS. Les hommes doivent s'apercevoir à notre conduite que nous sommes réellement enfants de Celui qui est le seul saint, ou bien notre descendance n'est qu'un vain nom. « Ne dites pas, disait un ancien docteur, qu'un sang royal coule dans vos veines, et que vous êtes nés de Dieu, à moins que vous ne prouviez votre généalogie par votre sainteté.  »


Vous devez être sanctifiés, parce que c'est le moyen le plus propre à faire du bien aux autres.

Nous ne pouvons pas vivre seulement pour nous-mêmes dans ce monde. Nos vies feront toujours ou du bien ou du mal à ceux qui en sont les témoins. Elles sont un sermon silencieux que tous peuvent lire.

N'est-ce pas une chose des plus tristes, quand ce sermon sert la cause du diable et non celle de Dieu ?

Je crois que le règne de Christ est beaucoup plus avancé par la vie sainte des fidèles qu'on ne le croit généralement. Il y a dans une telle vie une réalité que les hommes sentent et qui les oblige à réfléchir ; elle a un poids et exerce une influence qu'aucune autre chose ne peut avoir. Elle embellit la religion et fait que les hommes la considèrent comme un phare qui se voit de loin.

Le jour du jugement prouvera, qu'indépendamment des maris dont parle l'Écriture (1 Pierre, III, 1 — Femmes, soyez de même soumises à vos maris, afin que, si quelques-uns n’obéissent point à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leurs femmes, en voyant votre manière de vivre chaste et réservée.), beaucoup d'autres auront été gagnés sans la parole par le spectacle d'une sainte vie. Vous pouvez parler aux gens des doctrines de l'Évangile, peu d'entre eux vous écouteront, et moins encore peut-être vous comprendront ; mais votre vie est un argument auquel personne ne peut résister.

La sainteté a une signification qui n'échappera pas aux moins éclairés ; ils peuvent ne pas comprendre la justification, mais ils comprendront toujours la charité.

Je crois, en outre, que le mal produit par des chrétiens inconséquents et non sanctifiés est beaucoup plus grand qu'on ne le pense. De tels hommes sont les meilleurs alliés de Satan ; ils détruisent par leur exemple ce que les ministres cherchent à bâtir par leurs discours ; ils sont la cause que les roues de l'Évangile avancent péniblement ; ils fournissent aux enfants du monde une excuse constante pour rester ce qu'ils sont. Je crains que le nom de Christ ne soit que trop souvent blasphémé par la faute de quelques chrétiens de nom.

Prenons-y garde, de peur que le sang des âmes ne nous soit redemandé. Oh ! efforçons-nous d'être saints pour l'amour des autres, si ce n'est par d'autres motifs.


Nous devons nous sanctifier, parce que notre bonheur dans cette vie en dépend.

Nous ne pouvons pas nous rappeler trop fréquemment cette importante vérité. Nous ne sommes que trop souvent enclins à oublier qu'il y a une étroite affinité entre le péché et le malheur, entre la sainteté et le bonheur, entre la sanctification et le contentement de l'esprit.

Dieu a si sagement ordonné toutes choses, que notre bien-être et notre bien-faire sont liés ensemble. Il a dans sa miséricorde voulu que, même pour ce monde, il fût dans l'intérêt de l'homme d'être saint.

Notre justification n'est pas par les œuvres, notre vocation et notre élection ne sont pas suivant nos œuvres ; mais il est impossible qu'un homme puisse avoir un sentiment vif de sa justification et une assurance de son élection, aussi longtemps qu'il ne s'efforce pas de vivre saintement.

Il ne pourrait pas mieux éprouver une ferme consolation en Christ quand il ne le suivrait pas pleinement, qu'il ne pourrait s'attendre à sentir les rayons du soleil par un jour sombre et nébuleux.

Quand les disciples abandonnèrent Jésus et s'enfuirent, ils échappèrent au danger, il est vrai, mais ils furent tristes et malheureux. Quand, quelque temps après, ils le confessèrent avec hardiesse devant les juges, et qu'ils furent jetés en prison et battus de verges, il nous est dit : « qu'ils se réjouirent d'avoir été trouvés clignes de souffrir l'opprobre pour son nom (Actes, V, 41). »

Oh ! efforçons-nous d'être saints pour l'amour de nous-mêmes, si ce n'est par d'autres motifs. Celui qui suit Jésus le plus complètement, le suivra toujours le plus joyeusement.


Enfin, nous devons être saints, parce que, sans la sanctification sur la terre, nous ne serions jamais préparés pour en jouir dans le ciel.

Le ciel est un lieu saint,

le Seigneur du ciel est un Être saint,

les anges sont des créatures saintes,

la sainteté est écrite partout dans les deux,

le livre de l'Apocalypse dit expressément : « IL N'Y ENTRERA RIEN DE SOUILLÉ, ni personne qui s'adonne à l'abomination ou au mensonge (Ap., XXI, 27). »

Frères, comment trouverons-nous jamais une place dans le ciel, si nous mourons sans être sanctifiés ? La mort n'opère aucun changement, ni le sépulcre aucun amendement.

CHACUN RESSUSCITERA AVEC LE MÊME CARACTÈRE QU'IL AVAIT LORSQU'IL EXHALAIT SON DERNIER SOUFFLE. Où sera donc notre place, si nous sommes maintenant étrangers à la sainteté ?

Supposez un moment qu'il fût permis d'entrer dans le ciel sans la sanctification.

Qu'y feriez-vous ?

À quelle jouissance pourriez-vous vous associer ?

auquel de ces saints glorifiés, qui vous y ont précédé, pourriez-vous vous joindre ?

À côté de qui pourriez-vous vous asseoir ? Leurs plaisirs ne sont pas vos plaisirs, leurs goûts vos goûts, leur caractère votre caractère.

Comment pourriez-vous vous y sentir heureux, si vous n'aviez pas été sanctifiés sur la terre ?

Maintenant, vos affections sont peut-être avec des mondains légers, insouciants, amis de la joie, ou avec des hommes avides, irréligieux ou profanes. De ceux-là, vous n'en trouveriez point dans le ciel.

Maintenant, vous trouverez peut-être les enfants de Dieu singuliers, sérieux et trop austères. Vous êtes plus tentés de les fuir que de vous en approcher ; vous n'avez aucun plaisir dans leur société ; or, il n'y aura pas d'autre compagnie dans le ciel.

Maintenant, vous regardez peut-être la prière, la lecture de la Bible, le chant des cantiques, comme une occupation insipide, triste et mélancolique, — comme quelque chose qu'on peut supporter de temps en temps, mais qui ne plaît jamais. Vous appelez le sabbat un fardeau et une coutume. À peine pouvez-vous en consacrer une faible partie au culte du Seigneur. Mais rappelez-vous que la vie des cieux est un éternel sabbat  ; que ceux qui y habitent ne cessent, ni jour ni nuit, de répéter : « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu tout-puissant ! » et de chanter les louanges de l'Agneau.

Comment l'homme qui n'est pas sanctifié pourra-t-il trouver quelque jouissance dans de semblables occupations ?

Pensez-vous qu'un tel homme rencontrerait avec plaisir un David, un Paul, un Jean, après avoir passé sa vie à faire les choses contre lesquelles ils se sont élevés ?

Pourrait-il trouver du plaisir à converser avec eux ?

Existerait-il quelque rapport commun, quelque sympathie entre eux et lui ?

Pensez-vous surtout qu'il se réjouirait de rencontrer Jésus, le crucifié, face à face, après avoir aimé et pratiqué ces péchés pour lesquels il est mort, après avoir aimé ses ennemis et méprisé ses amis ?

Pourrait-il le fixer avec confiance et se joindre à ce cri : « C'est ici notre Dieu, nous l'avons attendu et nous nous sommes réjouis dans son salut ?  »

Ne pensez-vous pas plutôt que la langue de l'homme non sanctifié resterait collée à son palais de honte, et que son seul vœu serait d'être banni de sa présence ? Il se sentirait trop étranger dans un pays nouveau et inconnu pour lui ; il serait une brebis noire parmi le saint troupeau de Christ.

La voix des chérubins et des séraphins, le chant des anges et des archanges serait une harmonie qui blesserait ses oreilles, toute la compagnie céleste parlerait une langue qu'il ne saurait comprendre, l'air même qu'on y respire ne serait pas fait pour sa poitrine.

Mes amis, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, pour moi, il me semble évident que les cieux seraient une triste demeure pour un homme non sanctifié, et cela ne saurait être différemment.

Des gens peuvent dire d'une manière vague « qu'ils espèrent aller au ciel ; », mais ils ne réfléchissent pas à ce qu'ils disent. — Il faut une certaine aptitude pour l'héritage des saints dans la lumière. — Nos cœurs doivent être, en quelque sorte, à l'unisson.

Pour arriver au jour de fête de la gloire, nous devons traverser l'école disciplinaire de la grâce.

Frères, vous devez avoir des esprits tournés vers le ciel et des goûts célestes dès la vie présente, ou renoncer au ciel pour la vie à venir.


***

Et maintenant, permettez-moi de conclure par quelques mots d'application :

— Et d'abord, je demanderai à ceux qui ont lu cet écrit : Êtes-vous sanctifiés ? Écoutez bien, je vous prie, la question que je place devant vous : Connaissez-vous quelque chose de cette sanctification dont je vous ai entretenus ?

Je ne vous demande pas si vous allez régulièrement à l'église, si vous avez été baptisés et admis à la sainte cène, si vous portez le nom de chrétiens. Je demande quelque chose de plus que tout cela : ÊTES-VOUS SANCTIFIÉS, OUI OU NON ?

Je ne vous demande pas si vous approuvez la sainteté chez autrui, si vous aimez à lire les biographies des saints hommes, ou à parler des choses saintes ; je ne vous demande pas si vous songez à vous sanctifier et si vous espérez devenir saint quelque jour. Je vous demande quelque chose de plus : ÊTES-VOUS SANCTIFIÉS AUJOURD'HUI MÊME, OUI OU NON ?

Et pourquoi cette question si formelle ? Pourquoi vous pressé-je si formellement d'y répondre ? — C'est parce que notre texte dit que : « SANS LA SANCTIFICATION, PERSONNE NE VERRA LE SEIGNEUR....  »

C'est écrit... ; ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est la Bible ; ce n'est pas mon opinion personnelle, ce n'est pas celle d'un homme, c'est celle de la Parole de Dieu : Sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur.

Oh I mes amis, quelles paroles que celles-là ! que de pensées elles réveillent dans mon esprit au moment où je les écris ici !

Je jette un regard sur le monde, et je vois la majeure partie de ses habitants plongée dans le mal.

Je vois des gens qui se disent chrétiens, mais dont le plus grand nombre n'ont de chrétien que le nom.

Je reviens ensuite à ma Bible et j'entends le Saint-Esprit me dire : Sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur.

Oh ! sûrement ce texte doit vous faire peser sérieusement vos voies et sonder vos cœurs ; il doit exciter en vous des pensées solennelles et vous porter à prier. Vous direz peut-être, pour vous tirer d'affaire, « que vous sentez vivement et pensez beaucoup à ces choses bien plus qu'on ne l'imagine. »

Mais je réponds que ce n'est pas là la question. Les pauvres âmes perdues qui sont dans l'enfer en font tout autant. La grande affaire n'est pas ce que vous pensez ni ce que vous sentez, MAIS CE QUE VOUS FAITES.

Vous pourrez dire encore : « Mais il n'a jamais été entendu que tous les chrétiens dussent être des saints, et cette sanctification, telle que vous l'avez décrite, est seulement celle des grands saints, de ces hommes qui ont reçu des dons extraordinaires.  »

Je réponds que je ne vois pas un mot de cela dans l'Écriture, j'y lis seulement que : « Quiconque espère en Christ se purifie soi-même, comme lui aussi est pur (1 Jean, III, 3),  » et que, « sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur.  »

Vous pouvez dire : « Il est impossible d'être saint de cette manière et de remplir en même temps les devoirs que nous impose la vie. Cela ne peut pas absolument se faire. » — Mais je réponds : Vous êtes dans l’erreur; AVEC DIEU À VOS CÔTÉS, RIEN N'EST IMPOSSIBLE.

Cela s'est vu chez plusieurs : David, Obed, Daniel , et les serviteurs de la maison de Néron et d'autres sont autant d'exemples qui le prouvent.

Vous pouvez dire aussi que, « si vous étiez saints comme je l'entends, vous seriez désagréables aux autres gens. »

Mais je réponds que je le sais bien, et que c'est justement ce que je désire pour vous. Les vrais serviteurs de Christ ont de tout temps déplu aux hommes du monde qui les entourent. Ils sont une nation à part, un peuple particulier, et c'est ce que vous devez être, si vous voulez être sauvés.

Vous pourrez dire encore : « Mais à ce compte-là bien peu seront sauvés.  »

Je le sais, et Jésus lui-même l'a dit il y a dix-huit siècles. — Il y en aura peu de sauvés, parce que peu s'inquiètent de leur salut et le cherchent. — Les hommes ne veulent pas renoncer aux douceurs du péché et à suivre leur propre chemin pour un temps. — C'est pour cela qu'ils tournent le dos à cet héritage incorruptible, sans tache, et qui ne se perdra jamais. C'est ce qui faisait dire à Jésus : « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie (Jean, V, 40). »

Vous pouvez dire « que ces paroles sont dures, que ce chemin est bien étroit.  »

Je le sais, Jésus l'a déjà dit il y a dix-huit siècles. — Il a toujours dit que les hommes devaient se charger journellement de sa croix, qu'ils devaient être prêts à se couper le pied ou la main s'ils voulaient être ses disciples. Il en est pour la religion comme pour toute autre chose : « Pas de profit sans travail. » — Ce qui ne coûte rien ne vaut rien.

Chers amis ! quelque chose que vous puissiez penser ou dire, « vous devez être sanctifiés si vous voulez voir le Seigneur.  »

Sans cela, où est donc votre christianisme ? Montrez-le-moi, si vous le pouvez, séparé de la sainteté.

Vous ne devez pas simplement avoir le nom de chrétien et la connaissance d'un chrétien, mais vous devez en avoir aussi le caractère.

Vous devez être sanctifiés sur la terre, si vous voulez être jamais des saints dans les cieux. L'Éternel l'a dit et il ne s'en dédira point. « Le calendrier du pape, disait un chrétien distingué, fait des saints avec des morts ; mais c'est dans les vivants que l'Écriture veut la sainteté.  »

« Ne nous faisons pas d'illusion, disait le Rév. Owen, la sainteté est une qualification d'une indispensable nécessité pour tous ceux qui veulent marcher sous la conduite de Jésus-Christ jusqu'à leur salut ; il n'en introduit aucun dans le ciel qu'il ne les ait déjà sanctifiés sur la terre ; ce chef vivant n'admet pas dans sa troupe de membres morts. »

Certainement, vous ne vous étonnez pas de ce que l'Écriture dit que « vous devez naître de nouveau (Jean, III. 7), »

Sans doute, il est aussi clair que le jour, que beaucoup d'entre vous ont besoin d'un changement complet, — d'un nouveau cœur, — d'une nouvelle nature, pour être sauvés. — Les choses vieilles doivent être passées, — vous devez devenir de nouvelles créatures. Sans la sanctification, aucun homme, quel qu'il soit, aucun homme ne verra le Seigneur.


— En second lieu, je dirai quelques mots sur ce sujet à ceux qui sont croyants, et je leur adresserai cette question : Croyez-vous sentir la nécessité de la sanctification autant que vous le devez ?

J'avoue que je ne suis point rassuré sur l'opinion reçue de nos jours à cet égard, et je crains fort que ce sujet n'occupe pas, dans les pensées et dans l'attention des enfants de Dieu, la place qu'il mérite. Je voudrais qu'il me fût permis de hasarder en toute humilité cette idée, que nous sommes quelquefois enclins à ne pas assez regarder aux fruits que la grâce doit produire et que nous ne considérons pas toujours suffisamment combien une personne peut aller loin dans la profession de sa religion, et cependant n'avoir pas la grâce et être, après tout, morte aux yeux de Dieu.

Nous ne voulons point faire une idole de la sanctification ni détrôner Christ pour la mettre à sa place ; mais je dois dire ingénument que je souhaiterais voir la sanctification occuper dans nos pensées une plus grande place qu'elle ne semble le faire, et c'est pour cela que j'insiste autant sur ce sujet auprès de tous les croyants dans les mains desquels cet écrit tombera.

Je crains qu'on n'oublie quelquefois que Dieu a marié ensemble (passez-moi l'expression) la justification et la sanctification. Qu'elles soient deux choses différentes et distinctes, c'est ce qui est hors de doute ; MAIS L'ON NE TROUVE JAMAIS L'UNE SANS L'AUTRE.

Tous ceux qui sont sanctifiés sont justifiés, et ceux qui sont justifiés sont sanctifiés. L'homme ne séparera point ce que Dieu a uni. Ne me parlez donc pas de votre justification, si vous ne m'apportez quelques preuves de votre sanctification.

Ne vous vantez pas de l'œuvre de l'Esprit pour vous, à moins que vous ne nous montriez l'œuvre du Saint-Esprit en vous. Ne croyez pas que Christ et le Saint-Esprit puissent jamais être séparés.

Frères qui croyez, je ne doute pas que ces choses ne vous soient connues, mais je crois utile de vous les remettre en mémoire.

Prouvez par votre vie que vous les connaissez réellement.

Efforcez-vous de fixer plus continuellement vos regards sur la déclaration de notre texte. Attachez-vous à la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur.

Je dois dire franchement que je souhaiterais fort qu'il n'existât pas sur le sujet de la sanctification une aussi excessive susceptibilité que celle qu'on rencontre quelquefois dans l'esprit de plusieurs fidèles. Quelqu'un doit-il, en réalité, croire qu'il puisse y avoir du danger à traiter ce sujet avec quelque précaution qu'on le fasse ?

Cependant, quand nous avons exalté Christ comme le chemin, la vérité, la vie, nous ne pouvons certainement pas nous tromper sur ce qui doit être le caractère essentiel de ses serviteurs. Le digne et savant Rutherford disait : « Que le chemin qui tendait à rabaisser les devoirs et la sanctification n'était pas le chemin de la grâce. Croire et pratiquer sont des amis consanguins.  »

Frères bien-aimés, je voudrais vous dire ceci avec respect ; mais le dire, c'est mon devoir. Je crains que si Christ redescendait aujourd'hui sur la terre, il n'y en eût un bon nombre qui trouvassent peut-être sa prédication trop légale (selon la loi) ; et si Paul écrivait encore ses épîtres, il y a peut-être plusieurs chrétiens qui penseraient qu'il eût mieux fait de ne pas écrire la dernière partie de quelques-unes d'entre elles.

Mais rappelons-nous que c'est le Seigneur Jésus qui a prononcé lui-même le discours sur la montagne, et que l'épître aux Éphésiens ne se compose pas seulement des quatre premiers chapitres, mais des cinquième et sixième !

Je suis affligé de vous parler de la sorte, mais je suis certain qu'il y a quelques motifs pour le faire. Le célèbre docteur Owen disait, il y a deux cents ans, qu'il y avait des gens dont toute la religion semblait consister à se lamenter sur leur propre corruption, tout en disant qu'ils ne pouvaient rien faire d'eux-mêmes. Frères, je mets cela sous vos yeux. Ne pourrait-on pas dire la même chose, avec vérité, de quelques chrétiens de nos jours t

Je sais qu'il y a dans l'Écriture des textes qui justifient de semblables plaintes ; je ne leur fais aucune objection, quand elles viennent d'hommes qui suivent l'exemple de saint Paul et qui combattent, comme lui, le bon combat contre le péché, le monde et le démon. Mais je ne les accepte pas, quand j'ai des motifs de suspecter qu'elles ne sont qu'un manteau pour couvrir et excuser une lâcheté ou une paresse spirituelle. Si nous disons, avec saint Paul : « Oh  ! misérable que je suis ! » tâchons aussi de répéter après lui : « Je m'avance vers le but. » Ne citons pas son exemple dans un sens, tandis que nous le taisons dans un autre.

Frères, je ne me prétends pas meilleur que d'autres, et si quelqu'un me demande : Qui êtes-vous pour tenir ce langage ? Je répondrai que je ne suis, en effet, qu'un pauvre et misérable pécheur. — Mais je n'en serai pas moins obligé de répéter que je ne veux pas ouvrir ma Bible sans désirer de voir beaucoup de croyants devenir plus spirituels, plus saints, plus simples de cœur, plus occupés des choses du ciel qu'ils ne le sont.

J'ai besoin de voir parmi nous une séparation plus tranchée d'avec le monde,

une conversation plus semblable à celle de bourgeois des cieux,

une marche plus étroitement unie à Dieu. C'est pour cela que je vous ai parlé comme je l'ai fait.

N'est-il pas vrai que, par le temps qui court, nous avons besoin d'élever plus haut l'étendard de la sainteté ?

1. Où est notre patience ?

2. où est notre zèle ?

3. où est notre amour ?

4. où sont nos oeuvres ?

5. où est cette puissance de la religion qui existait autrefois ?

6. où est cet accent inimitable qui distinguait d'ordinaire les saints des temps passés et qui ébranlait le monde ?

Vraiment notre or est devenu de l'écume, notre vin est mêlé d'eau. Nous sommes plus qu'à moitié endormis.

La nuit est bientôt passée et le jour approche. Réveillons-nous donc et ne restons pas plus longtemps assoupis. Ouvrons nos yeux plus complètement que nous ne l'avons fait jusqu'ici.

Rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément (Héb., XII, 1).

Nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu (2 Cor., VII, 1).

Si Christ est mort, comment le péché pourrait-il vivre en nous ?

A-t-il été crucifié dans le monde, pour que notre amour du monde soit aussi vif et aussi ardent ?

Oh ! où est l'esprit de celui qui, par la croix de Christ, était crucifié au monde et pour lequel le monde était crucifié (Gal., VI, 14) ?

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