L'ouvrage de M. le docteur Keith sur les
Prophéties est déjà connu en
France par un abrégé dont on a
publié trois éditions en peu
d'années (1). Ce
petit volume a
été accueilli de la manière la
plus favorable, et nous aimons à penser
qu'il n'a pas été sans quelque
utilité ; cependant l'extrême
importance du sujet, l'étendue et la
variété des recherches du pieux et
savant auteur, et le grand nombre de faits
intéressants qu'il a recueillis, n'ont pu
être que très imparfaitement
présentés dans de si étroites
limites.
En publiant aujourd'hui l'ouvrage entier, nous
croyons faire une chose agréable à
ceux qui désirent s'enquérir avec
plus de soin et de détail des
événements qui ont servi à
l'accomplissement littéral des
prophéties, et qui veulent étudier
dans leurs rapports mutuels les livres de
l'Écriture-Sainte et
l'histoire du gouvernement de Dieu. Nous sommes
persuadés aussi que cette traduction
complète sera bien accueillie par beaucoup
de chrétiens qui se féliciteront de
pouvoir mettre entre les mains des hommes qui se
livrent à la recherche de la
vérité, de ceux qui sont encore
indécis, et de ceux mêmes qui se
montrent plus ou moins hostiles au christianisme,
quelques-unes des preuves les plus frappantes de sa
divine origine. Non seulement ils regarderont cet
excellent ouvrage comme une bonne acquisition pour
eux-mêmes, mais encore ils en favoriseront la
circulation de tout leur pouvoir.
Un fait qui en dit plus que tous les éloges,
sur la haute opinion qu'on a en Angleterre du livre
de M. le docteur Keith, c'est qu'il est
déjà arrivé à sa
seizième édition, et qu'il s'en est
vendu dans ce pays plus de quarante milles
exemplaires, indépendamment de plusieurs
éditions tirées à grand
nombre, qu'on a publié aux
États-Unis.
L'édition abrégée a en outre
été imprimée, non seulement en
anglais et en français, mais aussi en
allemand et en italien.
La traduction complète que nous en publions
aujourd'hui a été faite sur la
quinzième édition de l'ouvrage
original. Ce volume est enrichi d'un assez grand
nombre de planches. M. Léon de Laborde a
bien voulu permettre à l'éditeur de
faire copier plusieurs de celles que renferme son
utile et magnifique ouvrage sur
l'Arabie-Pétrée. Elles aideront
beaucoup à comprendre les descriptions de
cette contrée, dont les prophètes ont
prédit ce que, de nos jours, les voyageurs
en racontent.
Nous croyons pouvoir appliquer à cette
traduction les premières lignes de la
préface que le modeste auteur a mise en
tête de la première édition de
son livre : « Nous offrons ces pages
au public, dans l'espérance que
peut-être elles ne seront pas sans produire
quelque bien. »
M. W.
Il n'est point de sujet d'étude plus important pour le chrétien, pour l'incrédule lui-même, qu'une recherche sincère des preuves du christianisme. En effet, si l'incrédule est de bonne foi, s'il n'a d'autre but que la connaissance de la vérité, comment pourrait-il contester l'obligation où il est d'examiner à fond les prétentions du christianisme à une origine divine ?
Comment pourrait-il se complaire, se reposer
tranquillement dans son incrédulité,
sans courir le danger de la plus fatale de toutes
les erreurs, s'il n'a pas auparavant pesé
les arguments que l'on produit en faveur de cette
religion qu'il repousse ?
Fournir la preuve d'une proposition négative
est, on le sait, chose difficile ; et cette
preuve n'est. d'ailleurs admissible en aucun cas,
si avant tout on n'a complètement
anéanti les preuves de la proposition
affirmative.
C'est donc ce qu'on est tenu de faire avant
d'entreprendre de prouver la fausseté du
christianisme. Sans ce premier examen, et si l'on
n'y a apporté tout le soin et toute la bonne
foi qu'il exige, rien ne garantit que toutes les
assertions gratuites, toutes les inductions
d'analogie, tous les raisonnements
hypothétiques qui paraissent militer contre
la vérité de la religion ne soient
complètement erronés ; et quand
même ils tendraient à exciter quelques
doutes passagers, toujours est-il qu'ils ne peuvent
justifier une
incrédulité arrêtée.
Unis à une vue fausse et bornée de la
nature réelle de la religion
chrétienne, ils peuvent opérer une
sorte de conviction ; mais cette conviction
n'est ni conséquente ni rationnelle :
ce n'est qu'une application vicieuse de ce qu'on
appelle la liberté de penser.
Le christianisme, loin de décliner
l'autorité de la raison, ne demande
qu'à lui soumettre ses doctrines ; il
sollicite, il commande la critique la plus
sévère, et si l'incrédule est
fidèle à ses propres principes, cette
critique devient pour lui un devoir auquel il ne
peut se soustraire ; s'il se sent ferme dans
son incrédulité, pourquoi
reculerait-il devant la nécessité de
cet examen ? Si la vérité est
son but, pourquoi repousserait-il les moyens d'y
arriver ?
Ce défi, la religion ne craint pas de le
porter à ses adversaires ; quiconque le
refuse ou cherche à l'esquiver ne peut se
donner ni pour un champion de
l'incrédulité, ni pour un ami de la
vérité et de la sagesse.
Quant au chrétien, ce sujet n'a pour lui ni
moins d'importance ni moins d'intérêt.
L'apathie qui se remarque aujourd'hui chez tant de
chrétiens de nom est souvent mise en
parallèle avec le zèle et la ferveur
de ceux qui les premiers se soumirent à la
foi.
L'influence morale de la religion chrétienne
n'est ni ce qu'elle a été ni ce
qu'elle devrait être. À quoi attribuer
cette différence dans les dispositions de
ceux qui en font profession, si ce n'est, en grande
partie, à une impression plus faible,
à une conviction moins vive de sa
vérité ?
Les premiers convertis, ceux qui avaient
été témoins des miracles du
Seigneur et de ses apôtres, qui avaient
entendu de leurs bouches mêmes les doctrines
divines, ceux aussi qui en avaient reçu la
tradition immédiate des premiers, et qui
pouvaient comparer eux-mêmes
les ténèbres morales
dont ils sortaient avec la lumière
merveilleuse de l'Évangile, fondaient leur
foi sur l'évidence ; ils sentaient en
eux la plus ferme conviction de la
vérité ; leurs ennemis
mêmes rendaient témoignage à
leurs vertus ; ils vivaient et mouraient dans
cette espérance de l'immortalité,
dans cette certitude d'une vie future que leur
inspirait la nouvelle religion.
Entre cet état de choses et ce qui se passe
aujourd'hui sous nos yeux, la différence
n'est malheureusement que trop frappante. En
général, la manière dont
vivent ceux qui se disent chrétiens, non
seulement a cessé d'être une
confirmation de la vérité du
christianisme, mais encore fournit des armes aux
incrédules qui l'attaquent.
La religion et la nature humaine ne sont pas autres
qu'elles n'étaient quand, pour la
première fois, des hommes prirent le titre
de chrétiens, et dans un temps où
ceux qui croyaient en Christ ne
déshonoraient pas son nom ; mais alors
on avait bien plus qu'une croyance passive, bien
plus qu'une croyance indifférente à
tout examen ; on savait en qui l'on croyait,
on sentait le pouvoir vivifiant de chacune des
vérités dont on faisait
profession.
La même cause produirait encore aujourd'hui
les mêmes effets ; de la même foi,
établie sur la raison et sur la conviction,
résulteraient encore la même paix, la
même joie et tous les autres fruits qui
l'accompagnent. Employer tous les moyens propres
à effacer cette distinction entre une foi
purement extérieure et une foi
réelle, c'est là un devoir pour tous
ceux qui font profession de croire à
l'Évangile ; ils doivent chercher,
examiner, « éprouver toutes choses
et se tenir à ce qui est bon, »
et, selon l'avis de Pierre l'apôtre,
« être toujours prêts
à répondre à tous ceux qui
leur demandent raison de l'espérance qu'ils
ont. »
Pour le chrétien sincère, ce doit
toujours être un objet de la plus haute
importance que d'approfondir les motifs de ses
saintes espérances ; plus il les
étudiera, plus il s'affermira dans sa
croyance. L'instruction est le fruit des efforts de
l'esprit, l'aliment et le festin de
l'âme.
Dans tout ce qui tend à l'instruction, plus
la matière des recherches auxquelles on se
livre est d'un ordre élevé, plus
l'intérêt doit être profond,
plus on doit apporter d'ardeur dans ses
investigations, plus enfin la vérité
qu'on découvre doit sembler d'un prix
infini.
Donc un genre d'instruction qui se rapporte
immédiatement à
l'intérêt de notre âme, qui tend
à rehausser notre nature morale, à
agrandir la sphère des idées
religieuses de l'homme, qui appartient à
l'éternité ; une instruction qui
ne conduit pas seulement à la contemplation
des oeuvres du grand Architecte de l'univers, mais
qui conduit aussi à la découverte
d'une révélation irréfragable
de sa volonté et des moyens de lui plaire,
ah ! sans doute, c'est là
« un trésor qu'un homme a
trouvé dans un champ, et qui vend tout ce
qu'il a pour s'en rendre
maître. »
Oui, c'est un véritable délice que de
voir tous les doutes s'évanouir devant la
démonstration positive de la
vérité du christianisme ; de
sentir au-dedans de soi cette conviction de sa
certitude qu'il n'est pas au pouvoir de
l'incrédulité d'inspirer à ses
adeptes ; et d'embrasser, par rapport à
la foi, cette assurance qui, tant pour les
espérances qui l'accompagnent que pour les
preuves sur lesquelles elle s'appuie, est si
supérieure à l'inquiétude
continuelle et aux doutes désolants de
l'incrédulité. Loin d'être un
pur préjugé de l'éducation,
que la plus légère attaque peut
affaiblir, la croyance ainsi fondée sur la
raison est désormais fixe
et inébranlable ; tous les sarcasmes
des railleurs, toutes les objections des
incrédules glissent alors sur
l'âme ; ils l'effleurent à peine,
ils y laissent aussi peu de trace que
l'écume de la vague sur le rocher qui brise
son impuissant courroux.
En offrant au lecteur quelques remarques
préliminaires avant d'aborder plus
particulièrement le sujet des prophéties, on ne
saurait dire que
peu de chose sur l'évidence si
étendue et si variée de la
divinité du christianisme. Nous serions
fâchés que l'on put croire qu'en
faisant choix d'une portion quelconque de cette
évidence, nous voulussions affaiblir en rien
le reste.
Les moyens d'une conviction positive sont
très abondants : Newton, Bacon, et
Locke, qui sont tous arrivés au plus haut
degré de certitude dans la science humaine,
et qui y sont tous arrivés par des routes
jusqu'alors inconnues, ont pu trouver dans le
christianisme de quoi satisfaire
complètement aux besoins de leur
intelligence.
Il est impossible de rendre l'évidence
intérieure plus forte. Dans les Actes des
Apôtres on trouve à chaque pas des
coïncidences qui, n'ayant point
été préparées à
dessein, deviennent autant de preuves de
l'authenticité des faits que ce livre
raconte. Est-on jamais parvenu à enseigner
une morale plus pure, des préceptes plus
saints, à offrir des motifs plus puissants
que ceux que l'Évangile propose au coeur de
l'homme ? A-t-il jamais paru un système
de religion qui lui soit comparable ?
Pourrait-on même en concevoir un qui
fût mieux adapté aux besoins et
à la nature d'un être déchu et
coupable, et qui cependant est doué d'une
raison et de facultés qui le rendent capable
de comprendre et d'embrasser une religion
divine ? Ensuite les miracles que
l'Évangile raconte sont de
nature à exclure toute idée de fraude
ou d'artifice : faits en présence d'une
multitude de personnes, ils prouvaient en
même temps la compassion d'un Sauveur et la
puissance d'un Dieu ; il était
impossible que les disciples du Christ fussent
trompés : eux-mêmes ils
reçurent le don des langues, le don de
prophétie, et le pouvoir d'opérer des
miracles ; toute leur carrière fut
consacrée à la propagation du
christianisme, quoiqu'en opposition à tous
leurs intérêts humains ; et
malgré toutes les souffrances auxquelles
leurs efforts les exposaient, la religion
chrétienne se répandit avec
rapidité sur toute la surface de l'empire
romain et même au-delà de ses
limites.
Nous possédons encore le témoignage
écrit de plusieurs de ceux qui, d'abord
prosélytes de ces doctrines, devinrent plus
tard les martyrs de leur foi ; et les ennemis
les plus acharnés de l'Évangile,
obligés d'admettre l'existence des miracles,
pour être d'accord avec eux-mêmes, les
attribuent à l'influence des esprits malins.
Cependant on méprise toutes ces
preuves ; on les rejette parce que des
siècles se sont écoulés, et
parce que leur témoignage vient à
l'appui de faits miraculeux. Il est vrai que l'on a
répondu à toutes ces objections
générales faites contre le
christianisme ; toutefois, on peut encore les
citer comme servant de confirmation aux preuves
fournies par l'accomplissement des
prophéties.
L'accomplissement des paroles prophétiques
offre cette évidence que les ennemis du
christianisme demandent ; évidence qui
s'applique au temps présent, qui ne
dépend du témoignage de personne, qui
est à la portée de tout esprit
sérieux ou investigateur. Les
événements passés,
présents, futurs, se réunissent pour
attester sa vérité ; chaque
siècle semble lui apporter le
tribut de son éclatant
témoignage et ne servir qu'à
l'asseoir sur des bases plus larges et plus
solides.
Ainsi, en même temps que l'on
résistait à la force de
l'évidence intérieure du
christianisme et que l'on rejetait une conviction
fondée sur la foi aux miracles, on laissait
de côté, et même sans examen,
les prophéties, comme étant d'une
nature trop vague pour pouvoir trouver leur
application soit à l'histoire ancienne, soit
à l'histoire moderne. Pourtant un rapide
coup d'oeil jeté sur les prophéties
de l'Ancien et du Nouveau Testament suffira tout
d'abord pour réfuter cette conclusion
tirée avec tant de
légèreté.
Vues à part, quelques-unes des
prophéties peuvent, il est vrai,
paraître obscures ; mais dès
qu'on les envisage toutes comme un ensemble, le
lecteur le plus indifférent ne peut
qu'être frappé de l'harmonie qui
existe entre elles, et de leur complète
adaptation aux faits qu'elles annoncent ; et
il lui faudra bientôt reconnaître
qu'elles portent l'empreinte de l'Esprit divin qui
les a dictées.
Plusieurs prophéties sont aussi positives et
aussi directes qu'il est possible de l'être.
En sorte que, si l'histoire rend témoignage
de leur accomplissement, de leur côté,
elles viennent souvent lui servir de commentaire,
comme nous le verrons dans la suite de cet
ouvrage.
Si la partie prophétique des
Écritures qui se rapporte aux commencements
et aux chutes des empires avait été
plus claire qu'elle ne l'est, on aurait pu craindre
son influence sur le libre arbitre de
l'homme ; elle serait ainsi devenue un
instrument entre les mains des gens pervers, tandis
que les peuples n'auraient vu dans les
prédictions qu'elle renferme qu'une simple
communication des événements futurs.
Au lieu donc de servir d'appui au christianisme,
les prophéties, par l'unité qu'elles
auraient donnée aux efforts
des chrétiens, auraient été
regardées comme la cause même de
l'accomplissement des faits qu'elle
annonçaient. L'incrédule aurait
possédé par cela même une arme
puissante contre le christianisme.
Ce n'est donc que dans des cas où un pareil
abus est impossible, ou bien dans ceux où
les agents de l'accomplissement de la
prédiction doivent en ignorer l'existence,
que le prophète emploie un langage aussi
clair et aussi positif que celui de l'historien.
Partout où la connaissance des
événements futurs aurait pu
être préjudiciable à la paix et
au bonheur du monde, la prophétie prend la
forme d'une allégorie, qui ne saurait
être expliquée que par son
accomplissement ; ce n'est qu'alors que l'on
parvient à saisir toutes les nuances, tous
les points lumineux, toutes les ombres du
tableau.
Il est donc nécessaire que dans bien des
occasions la prophétie soit d'abord
entourée de mystère et de
ténèbres, tout en portant en
elle-même la lumière qui doit
tôt ou tard dissiper tous les doutes ;
et de même que la prophétie ne saurait
devenir une évidence de la divinité
du christianisme avant que
l'événement en ait prouvé
l'accomplissement, de même elle peut rester
obscure jusqu'à ce que l'histoire en
devienne l'interprète, et même
jusqu'à ce que toutes les prédictions
qui s'y rattachent aient été
également accomplies.
Nous nous contenterons, dans les pages suivantes,
de réfuter l'objection
générale et presque la seule que l'on
avance contre l'évidence fournie par les
prophéties, savoir qu'elles sont vagues et
d'un sens ambigu. Nous ne saurions mieux y
répondre qu'en présentant au lecteur
une simple analyse des prédictions si
précises, si nombreuses, qui ont
déjà reçu un accomplissement
littéral.
Peu de mots suffiraient pour exposer la nature de
l'évidence fournie par les
prophéties. On ne saurait nier que leur
origine ne soit divine. Elles équivalent
à un miracle puisqu'elles sont en
elles-mêmes miraculeuses. L'un des attributs
les plus incompréhensibles de la
Divinité consiste dans sa connaissance des
actions futures d'êtres libres et
intelligents ; cet attribut est exclusivement
une perfection divine.
Le passé, le présent, l'avenir, sont
également visibles pour l'oeil de
Dieu ; sa vue seule peut les sonder, et on ne
trouverait nulle part une preuve plus frappante de
l'intervention du Très-Haut que celles que
fournissent les prophéties.
Aucun attribut de la nature divine n'a autant
confondu toutes les conceptions humaines que celui
de sa prescience ; et c'est cette perfection
même que Dieu a fait connaître à
l'homme lorsqu'il lui a révélé
ce qu'un être infini pouvait seul
concevoir.
Comment refuser de voir dans cette
révélation le cachet de sa
vérité, cachet qu'aucun mortel ne
saurait imprimer ni à ses propres oeuvres ni
aux oeuvres divines ? Il s'agit donc
d'examiner si cette évidence existe, et, si
on le prouve, alors il faut admettre l'action d'une
puissance surhumaine. La vérité de ce
qu'elle avance ne saurait plus être
révoquée en doute. Si l'on peut
prouver que les prophéties sont
véritables, si elles sont de nature à
exclure toute participation de l'esprit humain, si
les événements qu'elles ont
prédits, des centaines et des milliers
d'années avant leur accomplissement, font
partie maintenant de l'histoire des nations, si
l'histoire elle-même est d'accord avec les
prédictions, alors l'évidence fournie
par les prophéties doit être un
miracle permanent pour les hommes de tous les
siècles ; et si ces mêmes hommes
ne veulent pas croire à Moïse et aux
prophètes, « ils
ne seraient pas non plus
persuadés quand même quelqu'un des
morts ressusciterait ; » car si
quelqu'un ressuscitait d'entre les morts, il
faudrait prouver le fait avant d'en admettre la
conviction ; et si l'esprit est convaincu de
la vérité des prophéties, le
résultat, dans les deux cas, sera le
même.
La voix de la toute-puissance pourrait seule faire
sortir un mort du tombeau ; la voix de la
toute-puissance pouvait seule révéler
tout ce qui était caché dans un
avenir plus impénétrable à
l'oeil de l'homme que les secrets de la tombe.
Cette voix toute-puissante ne peut être que
celle de Dieu !
Il y a d'abondantes preuves de l'antiquité
des Écritures. Les livres de l'Ancien
Testament ne sont pas comme d'autres écrits,
des efforts isolés du génie et des
recherches individuelles, ni même de simples
sujets d'amusement ou d'instruction. Ils formaient
une partie essentielle de la constitution de la
nation juive. Le caractère particulier de ce
peuple provenait en grande partie de la possession
de ces écrits ; ils renfermaient son
code civil et moral, son histoire aussi bien que
les prophéties, dont ils étaient les
dépositaires et les conservateurs. Les Juifs
regardaient ces écrits comme d'origine
divine, et c'est à ce titre qu'ils furent
publiés et conservés. Il y a
déjà dix-huit siècles que leur
antiquité a été reconnue
(2). On
les
traduisit en grec 250 ans avant l'ère
chrétienne, et l'on en faisait une lecture
publique, chaque jour de sabbat, dans les
synagogues.
Les livres les plus anciens étaient
regardés comme divinement inspirés
par les Samaritains qui, malgré leur
inimitié contre les Juifs, les firent
conserver dans leur langue particulière.
Aucun écrit humain n'a été
gardé avec un soin aussi scrupuleux, et on
a veillé avec exactitude
à ce que ces livres ne subissent aucune
altération
(3).
Les
arguments ne reposent plus ici sur le
témoignage des chrétiens ; car
ce sont les ennemis du christianisme qui viennent
confirmer ces titres à l'authenticité
et fournir des évidences à notre
foi.
La langue même dans laquelle les livres de
l'Ancien Testament avaient été
écrits n'était plus en usage lors de
la venue du Christ. Il serait impossible d'avancer
des preuves plus fortes en faveur de leur
antiquité, que celles dont la
vérité est inattaquable. Si on les
rejette, alors il faut également rejeter
l'authenticité de l'histoire ancienne tout
entière.
L'état actuel du monde prouve à lui
seul que les prédictions ont
été faites longtemps avant les
événements qu'elles
annonçaient ; il en reste même
encore plusieurs à accomplir. Mais,
indépendamment de ce témoignage
extérieur, les prophéties portent en
elles-mêmes l'empreinte de l'antiquité
et de la véracité. Quelquefois une
longue suite de prophètes prédisent
le même événement ;
parfois une prophétie relative à une
ville ou à une nation ne s'accomplit que
lentement, graduellement, de manière
à ne faire connaître que par
degrés la vérité de la
prédiction.
En général, les prophéties
sont une partie si importante de l'histoire juive,
elles ne s'appliquent que d'une manière si
secondaire aux autres nations, leur but est si
souvent caché à celui même qui
est l'organe de leur
communication, elles conservent partout un
caractère si uniforme tout en employant une
si grande variété de dessin et de
style, elles sont si éloignées
d'adopter aucune formule arrêtée, et
elles sont parfois tellement ensevelies sous les
types et les symboles, elles se lient en apparence
si peu entre elles, qu'il suffit de les examiner
pour se convaincre qu'il n'y a aucune fraude dans
la manière dont elles ont été
annoncées. Si elles n'étaient que des
inventions et des rêveries de l'homme, rien
ne serait plus facile que d'en découvrir
l'artifice ; si elles ne le sont pas, alors il
est impossible qu'elles soient autre chose qu'une
conception divine.
Ainsi donc, si l'on ne peut prouver que les
prophéties soient des écrits humains,
n'ayant aucun titre à l'inspiration, ne
pouvant supporter un examen approfondi, et n'ayant
véritablement aucun rapport à
l'avenir, il faut nécessairement admettre
comme unique alternative que ces
prédictions, renfermant des détails
si minutieux et une représentation si exacte
d'événements encore
éloignés, ne peuvent être que
l'oeuvre de celui qui connaît « la
fin dès le commencement, » et que
c'est lui qui a bien voulu les
révéler à l'homme.
Ah ! il faut que celui-là ait
volontairement endurci son coeur et aveuglé
ses yeux, qui ne trouve pas dans ces écrits
tous les caractères de la
vérité, et qui ne voit pas briller
sur chaque page la lumière du
ciel !
Remarquons encore ici que, dans bien des
circonstances particulières, les
prophètes, pour justifier aux yeux de leurs
contemporains leurs prétentions à
l'inspiration, s'en référaient
à des événements prochains,
qu'ils prenaient comme symboles ou comme
représentations de quelque
événement plus éloigné
et plus important. C'était
ainsi que, dans leur siècle même, ils
se faisaient distinguer des faux prophètes
et qu'ils semblaient prouver leur droit de soulever
d'une main hardie le voile qui couvrait l'avenir du
genre humain ; alors ils annonçaient
avec autorité la venue d'un puissant
Rédempteur, ils déclaraient la chute
et la désolation des nations et des villes
encore au faîte de leur grandeur, et toutes
leurs prédictions étaient de nature
à être réalisées ou
démenties par les siècles futurs.
La religion mérite un candide examen, et
c'est tout ce qu'elle demande. L'accomplissement
des prophéties forme un anneau dans la
chaîne des preuves du christianisme ; et
chacun doit se demander :
Les prophéties de l'Écriture
sont-elles fausses ou sont-elles
véritables ?
L'événement a-t-il
démontré leur
fausseté ?
Ont-elles leur source dans l'imagination de quelque
imposteur, ou ont-elles les caractères d'une
révélation divine ?
Il suffit d'un examen patient et impartial pour
répondre à ces questions. Nous en
appelons simplement à la raison, et il ne
s'agit ici que d'une foi qui découle
naturellement d'une conviction spontanée.
Celui qui ne veut pas entreprendre cet examen,
celui qui ne veut pas se laisser convaincre, non
seulement est d'une complète
indifférence pour son propre salut, mais n'a
pas même droit au titre dont il
s'enorgueillit le plus, celui de franc
penseur ; il n'est qu'un hypocrite
d'incrédulité, il se refuse à
croire la vérité parce qu'elle est la
vérité.
On ne peut nier qu'un changement merveilleux ne se
soit opéré dans l'état
politique et religieux du monde depuis
l'époque des prophéties. Un
système de religion essentiellement
différent de tous ceux qui existaient alors
a pris naissance dans la Judée, et s'est
répandu dans toutes les
parties du monde civilisé. Beaucoup de
circonstances remarquables accompagnent son origine
et ses progrès. L'histoire de la vie et du
caractère de son fondateur, telle qu'elle
fut écrite de son temps et reconnue
véridique par ses disciples, est tellement
sans exemple dans les annales du genre humain
qu'elle a souvent obtenu les suffrages et
excité l'admiration des incrédules
eux-mêmes ; l'un d'entre eux demande
s'il est possible que le saint personnage dont les
Écritures renferment l'histoire soit
simplement un homme, et il reconnaît que
l'inventeur de l'Évangile serait plus
étonnant que le héros
(4) !
Ce Jésus cependant ne possédait aucun
pouvoir temporel ; il enseignait toutes les
vertus, sa vie était sans tache et parfaite
comme sa doctrine, et il mourut de la mort d'un
criminel. Sa religion se propagea avec
rapidité, et l'on persécuta ses
disciples ; mais leur cause ne prévalut
pas moins. Sa doctrine se conserva pendant quelque
temps dans sa primitive pureté ; et
quoique peu à peu la corruption se soit
glissée dans ses institutions, cependant le
christianisme a amené d'immenses
améliorations.
Depuis son établissement le culte des idoles
a cessé, les sacrifices ont
été abolis, et le sang des victimes
humaines ne coule plus. L'esclavage est maintenant
inconnu dans tous les états chrétiens
de l'Europe. La science s'est
répandue ; des nations entières
ont été civilisées ; la
religion chrétienne a pris un vaste
développement ; chaque année
elle étend davantage son influence ; et
les Juifs, chez qui elle prit naissance,
continuent, comme jadis, à ne pas
reconnaître sa divine origine.
Quant aux changements politiques et aux
révolutions qui se sont
effectués dans différents royaumes
depuis l'époque des prophéties, il
est facile de les constater :
- Jérusalem a été dévastée et détruite par les Romains ;
- la Palestine, autrefois si florissante et si peuplée, ne possède maintenant que peu d'habitants, et ses conquérants l'ont réduite en désolation ;
- les Juifs ont été dispersés parmi les nations, mais ils conservent leur caractère distinctif ;
- l'Egypte, jadis une des plus puissantes nations de la terre, a cessé d'être un royaume ;
- Ninive n'existe plus ;
- Babylone est en ruine ;
- l'empire perse a succédé à l'empire de Babylone ;
- l'empire grec a succédé à celui de Perse,
- Rome à la Grèce ;
- l'ancien empire romain a été partagé en plusieurs royaumes ;
- Rome elle-même est devenue le siège d'un gouvernement bien différent de tous ceux qui jusqu'alors avaient existé dans le monde.
- La doctrine de l'Évangile a été transformée en un système de tyrannie spirituelle et est devenue l'instrument d'un immense pouvoir séculier. L'autorité du pape a été reconnue comme suprême en Europe pendant plusieurs siècles.
- Les infidèles se sont emparés tout-à-coup d'une grande puissance. Ils ont subjugué une partie de. l'Asie et de l'Europe, et la chrétienté même n'a pas été à l'abri de leurs incursions.
- Les Arabes conservent leur caractère guerrier et indépendant, et demeurent en possession des contrées qui leur ont appartenu dès l'origine.
- Les Africains, race faible, sont encore esclaves.
- L'Europe a fondé des colonies en Asie.
- L'empire turc avait acquis une grande extension ; pendant plusieurs siècles sa puissance n'a fait que croître, mais tout-à-coup ses progrès ont été arrêtés, son déclin a commencé, et il semble maintenant près de sa ruine.
Voilà les faits les plus remarquables de
l'histoire du monde, depuis le temps des
prophètes.
Les prophéties les annoncent tous et chacun
en particulier. N'en devons-nous pas hardiment
conclure que cette révélation n'a pu
être faîte que par le gouverneur
suprême de toutes les nations de la terre, et
que dans cette révélation nous
possédons un témoignage plus
qu'humain de la divinité du
christianisme ?
Dans l'ouvrage suivant nous avons essayé de
rassembler toutes les prophéties clairement
énoncées et qui ont reçu un
accomplissement littéral ; nous croyons
qu'elles suffiront à établir la
divinité du christianisme. Ah ! si un
seul incrédule se trouve
entraîné à faire le premier pas
vers un examen approfondi et sincère de la
vérité, si un seul esprit voit ses
doutes se dissiper, si un seul chrétien se
sent fortifié dans ses espérances et
dans ses convictions, si un seul coeur abattu puise
dans cet écrit un faible rayon de
consolation et de joie, si un seul grain est
ajouté à la masse d'évidence
que la religion de Jésus peut produire en sa
faveur, alors, certes, l'auteur de ce petit ouvrage
aura reçu sa récompense, il n'aura
pas travaillé en vain !
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