Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XXI.

Les pasteurs.

  Christ a donné les uns pour être apôtres, les autres pour être prophètes, les autres pour être évangélistes, et les autres pour être pasteurs et docteurs. Ephés., IV, 11.



 Un pasteur est un homme qui, lui-même converti au Seigneur, connaissant et croyant la vérité de l'Évangile et animé d'un profond amour pour les âmes humaines, se dévoue à leur service, soit pour convertir celles qui son encore dans le péché et l'erreur, soit pour réveiller celles qui vivent dans l'indifférence, soit pour diriger, édifier et nourrir celles qui sont déjà entrées dans les sentiers de la vie chrétienne.

Le pasteur est un ministre, c'est-à-dire un serviteur de Dieu ; dans l'Église c'est un frère au milieu de ses frères. Sa consécration est la reconnaissance par l'Église, c'est-à-dire par l'assemblée des fidèles, des dons qu'il a reçus pour la prédication de l'Évangile et pour le soin qu'il devra donner aux âmes. L'autorité pastorale est tout intérieure et morale ; elle s'exerce par la puissance seule de la Parole de Dieu, dont le pasteur est le simple messager. « Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, » disait saint Pierre (1 Pierre, V, 2,3.) aux pasteurs ; « veillant sur lui, non par contrainte, mais volontairement ; non pour un gain déshonnête, mais par affection ; non comme ayant domination sur les héritages du Seigneur, mais en vous rendant les modèles du troupeau. »
Les pasteurs protestants ne font point corps à part dans l'État et dans la société. Tout entiers à leur ministère ils s'éloignent des folies du siècle, ils s'abstiennent de tout travail étranger à leur vocation, mais ils se rattachent à la famille humaine par leur caractère de citoyen dans l'État et de père de famille dans la société.
L'Évangile leur permet et même leur recommande le mariage. « II faut, » disait saint Paul, « que l'évêque (le surveillant ou pasteur) soit mari d'une seule femme et qu'il gouverne bien sa propre famille, tenant ses enfants dans la soumission et en toute sorte d'honnêteté (1 Tim., III, 2, 4.). » Et ailleurs il écrit aux Corinthiens : » N'avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme d'entre nos soeurs, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas (saint Pierre) (1 Cor., IX, 5.) ? »

Le pasteur doit se distinguer par la pureté de ses moeurs, l'élévation de son caractère, la profondeur de sa science chrétienne.
Dans ce but, il doit avoir dirigé, dès ses jeunes années, toutes ses études et toute son attention vers la connaissance des saintes lettres et de la théologie évangélique, sans toutefois négliger aucune des sciences qui peuvent servir au développement de son intelligence, et rendre son ministère acceptable dans un siècle de progrès et d'instruction.
Deux facultés de théologie sont ouvertes à ceux de nos jeunes gens qui se destinent au saint ministère en France. L'une est située à Montauban, l'autre à Strasbourg.
Montauban, qui avait possédé une école de théologie dès 1560, doit à Napoléon 1er le rétablissement de cette illustre académie. Mon vénéré père fut appelé, en 1809, à jeter les premiers fondements de la nouvelle institution et à en présider le conseil pendant de nombreuses et orageuses années.
La faculté de Strasbourg est plus spécialement destinée à l'instruction de nos frères de la confession d'Augsbourg. Un auditoire français y est cependant annexé ; nos jeunes étudiants y sont convenablement placés pour se familiariser avec la langue et la littérature religieuse de l'Allemagne.

Les jeunes gens qui se destinent au saint ministère, après avoir reçu, chez eux ou dans les collèges publics, les connaissances nécessaires pour l'obtention du grade de bachelier es lettres, sont admis dans l'auditoire de philosophie annexé aux facultés de théologie. Là ils se livrent à de nouveaux travaux préparatoires, à l'aide desquels ils approfondissent les études de la philosophie naturelle et rationnelle, les mathématiques, la haute latinité, la littérature grecque, et l'hébreu.
On exige, d'ordinaire, la prolongation des études préliminaires pendant deux ans. L'examen qui les termine, s'il est jugé satisfaisant, admet l'étudiant dans l'auditoire de théologie. Ici, il reçoit pendant trois ou quatre ans des leçons de théologie dogmatique, de morale évangélique, de critique sacrée, d'apologétique, d'exégèse, d'histoire ecclésiastique et d'hébreu.

À la fin de chaque semestre, l'étudiant subit des examens qui décident de sa promotion ou de son retard, et, dans le cours de ses études, il s'exerce à la prédication par la composition et la récitation de six sermons sur des textes de l'Écriture, qui reçoivent la critique de ses condisciples et de ses professeurs.
À la fin de la troisième année, l'étudiant est admis à subir ses dernières épreuves : elles se terminent par l'obtention du grade de bachelier en théologie. Pour y parvenir, l'étudiant compose et fait imprimer une thèse qu'il soutient en discussion publique contre les attaques des étudiants de sa volée, de ses professeurs, et même de tout étranger qui désirerait prendre part à ces débats.

L'étudiant doit aussi composer et réciter un sermon en quatre jours. Ces épreuves terminées, l'étudiant devient candidat au saint ministère. Lorsqu'il a atteint l'âge de vingt-cinq ans, et s'il continue à présenter toutes les garanties morales convenables, il peut se faire consacrer par une cérémonie dont nous donnerons ailleurs une description détaillée.

La consécration confère au candidat le titre de ministre du saint Évangile, le droit de prêcher l'Évangile partout où le Seigneur l'appellera, et d'administrer les sacrements selon les croyances et les coutumes de l'Église réformée.

Le ministre devient pasteur quand il a été appelé dans une Église et chargé de la conduite d'un troupeau ; cet appel, ou vocation, est proposé au nom de l'Église par le conseil presbytéral, et l'élection est faite par le consistoire, selon les formes fixées par la loi. L'élection achevée, le résultat en est soumis à l'approbation du gouvernement, qui la sanctionne par un décret. Une cérémonie d'installation solennelle présente définitivement le pasteur à son troupeau.
Le reste est une vie de travaux, de dévouement, d'épreuves et d'amour dont Dieu seul connaît tout le secret...




XXII.

Le ministère laïque.


  Plût à Dieu que tout Israël fût prophète ! Nom., XI, 29.



 La sacrificature, considérée comme intercession efficace, autorité suprême, est toute concentrée en Jésus-Christ. Il l'exerce constamment et directement par l'influence et l'opération du Saint-Esprit qui agit dans les fidèles. Si on la considère comme un ministère, une administration de la vérité de l'Évangile et une influence pastorale, bien qu'elle soit spécialement confiée à des hommes choisis et mis à part sous les titres de ministres, pasteurs et docteurs, elle ne leur est pas exclusivement dévolue, et sous l'économie de l'Évangile, tous, c'est-à-dire tous les croyants, grands et petits, jeunes et vieux, pasteurs et laïques, sont sacrificateurs et rois (1 Pierre, II, 9.).
Saint Paul compare l'Église à un corps (1 Cor., XII.) composé de divers organes qui tous doivent, par leur action, contribuer au bien général.

Une Église ne mérite ce titre (assemblée) qu'autant que la vie et l'activité se manifestent dans tous ses membres. Toutefois Dieu ne veut pas qu'il y ait confusion dans son oeuvre excellente, et s'il y a des institutions qui règlent les études et les fonctions des ministres, il peut, il doit y avoir une discipline qui règle aussi l'activité des fidèles.
Le ministère laïque prend des formes diverses selon les circonstances où il s'exerce ; et nous trouvons des ministres de Dieu dans les membres des consistoires, dans les conseillers presbytéraux, qui maintiennent l'ordre dans l'Église ; dans les évangélistes, qui vont de lieu en lieu porter le bon message de la Parole ; dans les colporteurs de la Bible, humbles et actifs chrétiens qui, sous le regard protecteur de la loi, pénètrent dans les derniers hameaux de l'Empire pour y offrir le saint livre de Dieu ; dans les instituteurs et les institutrices des écoles ; dans les directeurs des écoles du dimanche ; dans les diacres et les diaconesses, qui offrent des soins affectueux aux pauvres et aux malades ; dans les écrivains qui consacrent leur talent à la défense de la vérité ; dans les hommes distingués, qui composent et dirigent les comités administrateurs de nos asiles et de nos sociétés chrétiennes ; dans les chefs de famille, qui célèbrent chaque jour le culte dans leur famille ; dans chaque chrétien et dans chaque chrétienne, qui « en temps et hors de temps » exercent autour d'eux une influence bénie pour étendre le règne de Dieu dans les âmes.

Dans une Église bien réglée, ce précieux ministère, exercé par les laïques, ne vient point se substituer au ministère régulier des pasteurs ; il en devient l'auxiliaire et le complément, chacun restant dans la position spéciale que lui a assignée la Providence.

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