Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VI.

Le salut.

  Vous êtes sauvée par grâce. Éph., II, 8.



  Le premier homme, Adam, chef de la race humaine, placé sur une terre enrichie de tous les bienfaits de Dieu, a péché contre son bienfaiteur suprême et a entraîné dans sa disgrâce toute sa descendance.

Les hommes de toutes les races et de tous les temps apportent avec eux en naissant des penchants à l'égoïsme, à la sensualité, à la ruse, au mensonge, à la révolte, à l'orgueil.
Tous pèchent contre Dieu, c'est-à-dire qu'ils suivent leurs propres penchants, de préférence à la volonté suprême du Seigneur.
Le péché est une transgression de la loi (I Jean, III, 4.), » soit que cette transgression se manifeste dans les actions, dans les paroles, soit qu'elle se manifeste dans la pensée et dans les désirs.

Dieu, qui est saint et juste, ne peut traiter le péché avec indifférence. Il n'y a point de petits péchés. Tout péché est détestable à ses yeux. Sa volonté est que nous soyons saints, car lui-même est saint.

Dieu réserve un salaire au péché ; ce « salaire, c'est la mort (Rom., VI, 23.). »
La mort, ce n'est pas seulement la destruction plus ou moins rapide et douloureuse de notre corps : c'est le tourment et la dégradation de l'âme (Ezéch., XVIII, 4.). L'âme qui pèche ne saurait être heureuse (Esaïe, LVII, 21.) ; elle porte en elle-même un ver rongeur, et, pour comble de maux, elle s'associe au péché, elle en fait son aliment, elle en devient l'esclave (Jean, VIII, 34.) ; elle avance de chute en chute jusqu'à ce qu'elle tombe pour toujours entre les mains du Dieu vivant, qui la juge et la condamne selon ses mérites (Apoc., XXII, 11.).
Tous les hommes ont péché (Rom. III, 23.), tous se sont montrés ingrats envers le Père et rebelles à sa volonté, toussent condamnés par la justice, tous souffrent en attendant qu'ils meurent.
La sentence est déjà prononcée et n'attend plus que l'exécution.

Dieu aurait pu abandonner les hommes à cet état de misère et à cette chute fatale ; mais il ne l'a pas fait. Il est Amour. Il a écouté la voix de sa compassion, le conseil de sa tendresse paternelle.


DIEU NE VEUT PAS LA MORT DU PÉCHEUR, MAIS SA CONVERSION ET SA VIE.

  Ce dessein de miséricorde s'appelle l'Évangile (1).
Il a été accompli par Jésus-Christ : Jésus-Christ, conçu du Saint-Esprit dans le sein de Marie, vierge née à Bethléem, de la race royale de David.
Jésus-Christ a été au milieu des hommes la marque empreinte de la Divinité. Il en possédait toute la plénitude ; il a été déclaré, par la révélation, Dieu sur toutes choses, béni éternellement (Rom., IX, 5. Jean, I, 1.). En lui la Divinité était unie à l'humanité parfaite, ayant été capable de partager toutes nos souffrances et nos infirmités, excepté la souillure et le péché.

II est parfaitement homme et parfaitement Dieu.
Le but suprême de la venue de Christ a été sa mort sur la croix.

Sa mort est représentée dans l'Écriture non seulement comme l'exemple du plus sublime dévouement, mais comme une expiation. « Jésus-Christ est l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean, 1, 29.). Il a porté nos péchés en son corps sur la croix (Gal., III, 13. Tite, II, 14.) ; il est mort, lui juste, pour nous injustes (1 Pierre, III, 18.). » C'est pourquoi il a été appelé Jésus, ce qui signifie Sauveur.

Nous avons un témoignage que le Sauveur devient notre Sauveur, lorsque nous croyons en lui (Actes, XVI, 31.).

Croire en Jésus-Christ ou avoir la foi en Jésus-Christ c'est reconnaître notre propre misère morale ; c'est sentir que, quelque valeur relative que nous puissions avoir vis-à-vis des hommes, devant Dieu, qui connaît le fond de nos coeurs, nous ne valons rien et nous ne pouvons rien. C'est ensuite lever nos regards vers Jésus-Christ comme on le fait vers un libérateur tout-puissant, accepter sans détour et sans réserve le salut gratuit (Ephés., II, 5.) qu'il nous a mérité par son obéissance et par sa mort. C'est enfin désirer, en retour de tant d'amour que le Père nous a manifesté, de lui donner notre coeur, de lui consacrer notre vie, de nous conduire d'une manière qui lui soit agréable en le glorifiant dans notre corps et dans notre esprit qui lui appartiennent.

Si nous avons une telle foi, nous sommes disciples de Jésus-Christ et nous avons un signe certain que nous sommes enfants de Dieu (Rom., VIII, 16,17.), non enfants déshérités comme ce fils prodigue qui avait abandonné sa famille, mais enfants rétablis dans la faveur du Père, enfants adoptés de Dieu, héritiers de Dieu, héritiers avec Jésus-Christ de la vie éternelle.

Pour nous préparer à la gloire à venir, pour nous rendre capables de la désirer, de la comprendre et de la goûter, Dieu envoie à ses disciples son Saint-Esprit (Luc XI, 13.). Les enfants de Dieu sont de la race de Dieu ; l'Esprit de leur Père est désormais en eux.

C'est le Saint-Esprit qui, agissant sur leur coeur, les éclaire sur leur état spirituel et leur fait désirer un Sauveur. C'est le Saint-Esprit qui ouvre leurs yeux pour leur faire trouver en Jésus-Christ un libérateur tout-puissant (1 Cor., XII, 3,4, 6.). C'est le même Esprit qui leur donne l'assurance qu'ils sont du nombre des disciples de Jésus-Christ et des enfants chéris du Père (Rom., VIII, 15, 16. ).
C'est le Saint-Esprit qui incline leur coeur à la vraie piété, c'est-à-dire à l'amour de Dieu et à la soumission à sa suprême volonté (1 Jean. III, 9,10.).
C'est le Saint-Esprit qui chasse de nos coeurs l'égoïsme, la sensualité, l'avarice, l'orgueil, l'incrédulité.
C'est le Saint-Esprit qui inspire aux chrétiens. la patience, la douceur, la charité, le renoncement, la pureté, le courage, la persévérance (Gal., V, 17, 22, 23.).
C'est le Saint-Esprit qui les rend capables d'accomplir les oeuvres de justice et de miséricorde que le Seigneur demande de ses enfants, non comme cause méritante de leur salut, ce qui serait détrôner Jésus-Christ et lui dérober sa gloire, mais comme une preuve que nous sommes à lui, un témoignage de la présence de son Esprit dans nos coeurs, et un moyen puissant de glorifier le Père céleste à la face du monde (1 Jean, III, 9,10.).
Enfin, c'est le Saint-Esprit qui nous donne l'assurance (Ephés., 1,13,14.) de notre pardon et de toutes les grâces qui en découlent : grave question à l'égard de laquelle nous ne saurions demeurer dans le vague et l'incertitude, et pour laquelle nous trouvons dans l'Écriture inspirée du Saint-Esprit une réponse directe, positive, complète, une absolution certaine, satisfaisante, divine, devant laquelle toutes les absolutions et toutes les condamnations prononcées par les hommes perdent leur puissance et leur valeur (2).

Lecteur ! pénètre-toi des principes exprimés dans ces cinq pages. Tu en trouveras la pleine confirmation et le développement dans la Parole de Dieu, notre seule autorité souveraine. Reçois-les donc dans ton coeur, et tu vivras.
Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut ?




VII.

La morale chrétienne.


  Je vous donnerai un nouveau coeur et un esprit nouveau. Ézéch., XXXVI, 26.



  La morale ne précède pas la doctrine chrétienne : elle en est la conséquence et la confirmation. Lorsque le coeur est sous l'influence d'une forte conviction, il devient capable de grandes choses. « Faites l'arbre bon, disait le Sauveur, et le fruit sera bon. »

Dans le chapitre précédent, qui nous montre que dans l'oeuvre de notre rédemption ou de notre salut tout est grâce de la part de Dieu, nous avons un témoignage éclatant de l'amour de Dieu envers nous. « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que tous ceux qui croiront en lui ne périssent point mais qu'ils aient la vie éternelle (Jean, III, 16.). » « Nous aimons Dieu, parce qu'il nous a aimés le premier (1 Jean, IV, 19.). »
Le principe de la morale n'est donc pas l'intérêt ni la crainte, qui ne produisent rien de bon, mais c'est l'amour. Aussi le premier et le plus grand commandement, celui qui fait la base de tous les autres, est ainsi conçu : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée (Matth., XXII, 37.). Le second commandement, qui n'en est qu'une conséquence toute naturelle, est : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tous nos devoirs trouvent leur principe dans ces deux commandements.

À l'école de l'Évangile, le fidèle apprend à craindre Dieu ; car il est écrit : Dieu est miséricordieux, afin qu'il soit craint (Ps. CXXX, 4.) ; - à se confier en lui, car il est écrit : Déchargez-vous sur lui de tout ce qui peut vous inquiéter, car lui-même prendra soin de vous (1 Pierre, V, 7. ) ; - à lui obéir, car il est écrit : Si vous m'aimez, gardez mes commandements (Jean, XIV, 15.) ; - à respecter son nom, car il est écrit : Son nom est saint et terrible (Ps. CXI, 9.) ; - à travailler à sa gloire, car il est écrit : Faites tout pour la gloire de Dieu (1 Cor., X, 31.) ; - à l'adorer, car il est écrit : Servez l'Éternel avec allégresse, venez devant lui avec un chant de triomphe, car il est Dieu (Ps. C, 2, 3.) ; - à le prier, car il est écrit : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira (Matth., VII, 7. ) ; - à s'humilier profondément devant lui, car il est écrit : Quand vous aurez fait tout ce qui vous avait été commandé, dites encore : Nous sommes des serviteurs inutiles (Luc, XVII, 10.) ; - à se soumettre en tout à la direction que Dieu imprime au monde et à dire comme David : Je me suis tu, ô Éternel ! et je n'ai point ouvert la bouche, parce que c'est toi qui l'as fait (Ps. XXXIX, 9.) ; - à se dévouer à son service en imitant Jésus-Christ, qui disait : Ma nourriture consiste à faire la volonté du Père qui m'a envoyé (Jean, IV, 34.).

Mais la loi nouvelle, qui est celle de l'amour et qui nous unit à Dieu par la reconnaissance et le dévouement, comprend aussi tous les hommes dans ses bienfaisants effets, et l'Évangile fait découler de ce principe une foule de devoirs que la charité rend faciles et que l'humilité orne d'une beauté céleste.

Les paroles suivantes de saint Paul devraient être imprimées en lettres d'or, ou plutôt gravées pour jamais dans nos coeurs :

« Quand je parlerais toutes les langues des hommes et même celles des anges, si je n'ai pas la charité, je suis comme l'airain qui résonne ou comme une cymbale retentissante.
Quand même j'aurais le don de prophétie, quand je connaîtrais tous les mystères et toutes sortes de sciences, et quand j'aurais assez de foi pour transporter les montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien.
Quand même je distribuerais tout mon bien pour la nourriture des pauvres et que je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien.
La charité est patiente ; elle est douce ; la charité n'est point envieuse ; la charité n'est point insolente ; elle ne s'enfle point d'orgueil ; elle ne se conduit pas malhonnêtement ; elle ne cherche point son propre profit ; elle ne s'aigrit point ; elle ne soupçonne point le mal ; elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité ; elle endure tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne périt jamais ; maintenant trois choses demeurent : la foi, l'espérance et la charité ; mais la plus excellente est la charité... Recherchez donc la charité (1 Cor., XIII.). »

Sous l'influence de ce principe, le chrétien fuit soigneusement l'injustice sous toutes les formes, même les plus insignifiantes ; il surveille toutes ses actions, de peur que sa probité ne reçoive la moindre atteinte ; il est généreux, expansif, bienveillant, dévoué ; il embrasse avec une sainte ardeur les grands intérêts de l'humanité ; il n'est point étranger au bien qui se fait dans le monde ; il y prend une part active selon la mesure de sa fortune, de son influence ou de ses talents ; et quand il n'a plus la pite de la veuve à donner pour les malheureux, il lui reste toujours des larmes de compassion et les prières d'un coeur sympathique.

Une foule de devoirs relatifs découlent de ces devoirs généraux.
Le chrétien est attaché à son pays, et il le sert fidèlement en faisant régner autour de lui le bon ordre et la paix.
Il se soumet aux puissances établies pour gouverner l'État, soigneux de rendre à César ce qui appartient à César, comme il veut rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Dans la famille, il est fils respectueux, comme il est écrit : Honore ton père et ta mère (Exode, XX, 12.) ; il est époux fidèle, comme il est écrit : Le mari aime sa femme, comme Jésus-Christ a aimé l'Église (Ephés., V, 25.). Il est père prudent et affectueux, instruisant ses enfants dans la vérité, dans la piété et dans la droiture.
Dans la société, il est indulgent, sensible, diligent, honnête, tolérant, clément, conformant sa conduite, autant qu'il est possible à la nature humaine de le faire, à l'exemple et aux préceptes de Jésus-Christ.

En se repliant sur lui-même, le chrétien reconnaît enfin plusieurs devoirs qui concernent plus particulièrement l'état, les progrès, la paix de sa propre âme. À l'école de Jésus-Christ, il apprend à supporter les persécutions auxquelles il est exposé de la part des méchants, et les maux qui lui sont dispensés par la Providence, avec courage et résignation ; il vit dans le monde sans permettre que la folie ou l'iniquité du monde le détournent de sa céleste destinée ; mais se conformant aux règles de la sobriété, de la pureté, de la piété pratique, recherchant tout ce qui est véritable, tout ce qui est digne de respect, juste, saint, aimable et de bonne renommée (Philip., IV, 8.) ; offrant à Dieu son corps et son esprit en sacrifice vivant, libre et saint.

Au milieu de ces efforts incessants et de cette lutte souvent si douloureuse contre le mal, il ne présume pas de lui-même, comme s'il avait atteint au but : au contraire il cherche constamment en Dieu de nouveaux secours ; il recommence chaque jour le travail et la lutte, et, à l'imitation de saint Paul, il dit avec un mélange d'humilité et de courage : « Pour moi, je ne me persuade pas d'être parvenu à la perfection, mais voici ce que je fais : j'oublie les choses qui sont derrière moi, et, m'avançant vers celles qui sont devant moi, je cours vers le but, savoir, le prix de la céleste vocation que Dieu me propose en Jésus-Christ (Philip. III, 13,14.). »




VIII.

La vie à venir.


  La mort ne sera plus ! Apoc., XXI, 4.



  La vie présente est un premier état qui précède et prépare une vie nouvelle.
Les plus simples données d'une saine philosophie le faisaient pressentir ; le christianisme place ce grand fait en lumière et l'entoure d'une pleine confirmation. Pour le croyant, l'attente de la vie à venir acquiert une entière certitude ; il combat, il souffre, il agit en vue de cette glorieuse perspective. Il a pour garant de cette attente les promesses de Dieu et le témoignage que le ciel lui a donné dans la résurrection de Jésus-Christ.

Jésus-Christ s'est abaissé jusqu'à notre nature infirme, afin d'élever cette nature à la hauteur de sa gloire.
Vivant en lui, travaillant pour lui, souffrant et mourant avec lui, nous ressusciterons comme lui pour être à jamais glorifiés en lui et par lui.
La mort est un accident commun à tous, « au juste et à l'injuste, à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie pas. » Mais elle ne peut être envisagée par tous de la même manière.

Pour ceux qui vivent sans Dieu dans le monde, présumant orgueilleusement d'eux-mêmes, s'adonnant au péché, vivant selon la chair, plaçant leur affection dans les biens d'ici-bas, repoussant l'appel de Dieu et la voix de la conscience, la mort est le roi des épouvantements, l'avenir est une mer ténébreuse et sans rivages ; d'ordinaire ils ne savent où ils vont ; et lorsqu'ils pensent sérieusement, et avec quelque intelligence, de leur état moral et des droits de Dieu, l'horreur les prend ; ils imposent silence à la voix importune de la religion ; ils ne veulent pas mourir, parce que, dans le fond de leur coeur, il y a un retentissement de la voix de Dieu qui leur dit qu'un abîme conduit à un autre abîme, que le péché ne peut conduire qu'à la disgrâce et au malheur, et que c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Héb., X, 31. Marc, IX, 4-6.).

Pour les justes, je veux dire pour ceux qui, de pécheurs qu'ils étaient comme le reste des hommes, sont devenus justes par la foi, la mort revêt un tout autre aspect. Elle peut être encore environnée de terreurs, car elle peut être accompagnée d'un cortège de douleurs physiques et de cruelles séparations ; mais, au point de vue de la vie de l'âme, elle est dépouillée de tout ce qui en fait pour l'incrédule un objet d'effroi.
Job peut s'écrier au milieu des étreintes d'une affreuse maladie : « Je sais que mon Rédempteur est vivant ! »
Saint Pierre, en présence des cruelles persécutions qui affligent l'Église, peut dire : « Nous attendons, Seigneur, selon ta promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite. »
Saint Paul, dépassant, par un élan de sa foi, l'horizon si borné de notre vue humaine, contemple les triomphes du Rédempteur et peut dire : « 0 mort ! où est ton aiguillon ? O sépulcre ! où est ta victoire ? Gloire à Jésus-Christ par qui nous avons la victoire ! »

Mais que dis-je ? pour le croyant, à proprement parler, la mort n'est plus. Dès le moment qu'il croit, il entre dans la vie. Celui qui croit au Fils, dit l'Écriture, a la vie. Remarquez cette expression : II a la vie (1 Jean, V, 10-12.). Il entre, par la foi, dans un nouvel élément impérissable de vie, d'activité, de félicité ; état encore imparfait ici-bas, mais qui prendra son glorieux développement lorsque le Seigneur reviendra ressusciter notre chair, enlever ses élus loin de la vue du mal, régner glorieusement au milieu d'eux et les introduire dans une éternité de bonheur indicible...
« Après la mort, le jugement ( Héb., IX, 21.). »

Cet état d'éternel bonheur ou d'éternel malheur sera déterminé par le jugement. Ce n'est point une affaire de hasard, de caprice, d'autorité arbitraire, mais de justice, justice infaillible et irrécusable de Celui qui connaît les secrets des coeurs, qui apprécie nos intentions autant que nos actions, qui ne dépassera pas la mesure ni en deçà ni au delà, mais qui rendra à chacun ce qui lui est dû.

Il y a un ciel et il y a un enfer, non comme les hommes nous les dépeignent, selon les couleurs que leur prodigue leur imagination féconde et désordonnée, mais tels que l'Écriture nous les dépeint, en nous disant et la beauté ravissante de la foi, de l'espérance et de la charité, et la hideuse laideur de la désobéissance, de l'ingratitude, du péché.

Il y a un ciel et un enfer. Il n'est donné ni à la sagesse ni à l'autorité humaine, en dehors de la sagesse et de l'autorité du Seigneur, de nous les ouvrir ou de nous les fermer. Celui qui se tient à la porte est Jésus-Christ. « II ouvre, et personne ne ferme ; il ferme, et personne n'ouvre (Apoc., III, 7.) ; » et, annonçant à chacun les conséquences naturelles, inévitables et fatales de ce qu'il est et de ce qu'il peut attendre, il dit : « Que celui qui est souillé se souille davantage, et que celui qui est juste le devienne encore plus (Apoc., XXII, 11.). »

Oui, il y a un ciel et un enfer. Il n'y a point d'état intermédiaire qui ne soit ni le bien, ni le mal, ni la vérité, ni l'erreur, ni le bonheur, ni le malheur, ni le ciel, ni l'enfer. Il y a une route large et facile qui conduit à la désobéissance et à l'abîme ; il y a une route difficile et étroite qui conduit au bien et à la félicité.

Il n'y a pas une troisième route que nous nous choisirions pour y trouver à la fois les gloires de la piété et les délices du péché. « J'ai placé devant vous, disait Moïse, la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisissez donc la vie, afin que vous viviez à toujours (Deut., XXX, 19.). »

Après la mort... le jugement ; non le purgatoire. Le purgatoire que l'on place après la mort est une pure invention dont on sait bien aujourd'hui quel étrange profit on peut tirer ; doctrine qui n'a pas pour elle un seul mot de la Parole de Dieu et que nous repoussons, nous protestants, comme antichrétienne, puisque toute la révélation confirme la pensée que le jugement suit la mort et précède l'éternité.
Le vrai purgatoire, en prenant ce mot dans son sens le plus élevé, s'accomplit sur la terre.
C'est sur la terre qu'a lieu la régénération, la conversion, et son fruit béni, la sanctification. « Le sang de Christ nous purifie de tout péché (1 Jean, 1, 7.). Bienheureux, dès à présent, ceux qui meurent au Seigneur (Apoc., XIV, 13.). La mort est engloutie par la vie (2 Cor., V, 4.). Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par Jésus-Christ (Rom., V, 1.). »

Donc, pas de purgatoire après la mort. Travaillons donc pendant qu'il fait jour, et n'attendons pas la nuit pendant laquelle nul ne pourra travailler. Et que chacun de nous dise du fond de son coeur : « Que je meure de la mort du juste et que ma fin soit semblable à la sienne (Nomb., XXIII, 10.) ! »

 
(1) Ce mot signifie bonne nouvelle. 

(2) Lisez tout le VIIe chapitre de l'épître aux Romains.
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