Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le Victorieux.

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 Alors paraîtra l'impie que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche et qu'il anéantira par l'éclat de son avènement (2 Thess. II, 8).

Et la Bête fut prise et avec elle le faux Prophète qui avait fait devant elle les prodiges par lesquels il avait séduit ceux qui avaient pris la marque de la Bête et adoré son image. Et ils furent tous les deux jetés vivants dans l'étang ardent de feu et de soufre. Et les autres furent tués par l'épée qui sortait de la bouche de celui qui était assis sur le cheval ; et tous les oiseaux se rassasièrent de leur chair.
Apoc. XIX, 20-21.


En même temps qu'une première résurrection s'accomplira à l'entrée du siècle à venir, une victoire décisive sera remportée par le Seigneur Jésus sur les puissances hostiles, démoniaques et humaines, liguées contre l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre.
Le chapitre VIII de Daniel montre en raccourci cette victoire.

Parmi les « cornes » du quatrième animal qui représentent les puissances terrestres, il en est une petite qui a des yeux d'homme et qui parle avec arrogance. Et cette « corne » fait la guerre aux saints et l'emporte sur eux jusqu'au moment où l'Ancien des jours fait droit aux saints et les met en possession du Royaume. Après quoi viendra le jugement du persécuteur, « on lui ôtera sa domination qui sera détruite et anéantie pour jamais. » On ne peut pas s'empêcher de voir derrière Antiochus Épiphane, le cruel persécuteur de Juifs auquel se rapporte en premier lieu cette prophétie. celui que Paul appelle « l'impie » et Jean « la Bête ». Il semble qu'à un moment de l'histoire, quand le milieu sera propice, quand l'ivraie sera mûre, quand le diable estimera avoir mis de son côté le maximum de chances pour l'emporter définitivement sur la terre, un messie diabolique apparaîtra et concentrera autour de lui toutes les forces éparses du mal.

Il est évident que l'esprit de l'Antichrist agit déjà dans le monde. Il a cherché à détruire l'oeuvre de Dieu dans le peuple juif par l'idolâtrie et le formalisme. C'est lui, le dragon, tel qu'il est démasqué au chapitre XII de l'Apocalypse qui a cherché à « dévorer » Jésus dès son apparition dans le monde, par les satellites d'Hérode, puis, au jardin de Gethsémané par son souffle empoisonné. C'est lui encore qui, animant les faux docteurs de tous les temps, multiplie les hérésies et cherche à tourner la grâce de Dieu en dissolution. Dans toutes les branches de la culture, il réussit à s'emparer d'hommes qui mettent toute leur intelligence, tout leur talent, tout leur art à fausser l'Évangile. Ou encore, il cherche à aiguiller d'excellents chrétiens sur une fausse voie, les enlisant et les stérilisant dans une idée fixe, étrange ou étroite. Mais un jour viendra où toutes les formes du mal culmineront en un homme du démon qui apparaîtra avec tout l'éclat d'un ange de lumière. C'est alors que l'existence deviendra difficile pour les croyants ! La grande tribulation commencera. Impossible de trafiquer, de gagner son pain sans emprunter des éléments à un ordre de choses condamné, c'est alors que tout sera empoisonné par l'esprit du monde. C'est alors aussi que la vraie foi, la pure doctrine, la vie fidèle seront persécutées par les pontifes d'une religion humaine. Tous ceux qui ne seront pas ancrés sur le Rocher des siècles, seront attirés par ce pouvoir effrayant et charmeur qui utilisera des éléments de vérité pour mieux farder le mensonge.
C'est alors, quand la terre entière paraîtra conquise par l'Usurpateur, quand le petit peuple des réchappés ne sachant plus comment vivre criera dans sa détresse : « Seigneur Jésus, viens ! » que le Christ apparaîtra sur les nuées à la tête de ses armées et s'emparera par droit de conquête de notre planète. Ceux qui, comme Job, auront été les champions de Dieu devant les anges et les démons, qui auront subi le feu de la fournaise, les épis mûrs, seront enlevés à la rencontre du Vainqueur avec les élus de tous les temps.

Cette bataille qui livrera la terre à son légitime possesseur est très brièvement dépeinte par Paul : « le Seigneur Jésus détruira l'impie par le souffle de sa bouche et l'anéantira par l'éclat de son avènement » littéralement « par l'épiphanie de sa parousie, c'est-à-dire par la seule apparition de sa présence soudaine » (2 Thess. II, 8). Par contre l'Apocalypse, avec ses grandioses images, en donne une description plus détaillée (XIX, 11-21).

Jean aperçoit le ciel ouvert et il en sort un cortège de cavaliers montés sur des chevaux blancs. Celui qui tient la tête de ce cortège attire immédiatement les regards. Jean le reconnaît, c'est son Maître, c'est Jésus sur le sein duquel il a tant de fois appuyé sa tête et qui maintenant est ceint de majesté. Il porte cinq noms.

C'est d'abord : le Fidèle. Voilà le premier nom que le ciel et la terre reconnaissent à celui qui revient. Fidèle à ses promesses, il l'a été. Il est venu une première fois comme les prophètes l'avaient annoncé, dans la bassesse et la souffrance, dans une chair semblable à la nôtre. Il a été fidèle à remplir toute sa tâche à l'égard de ses disciples, à l'égard de son pays et de son peuple, envers l'humanité tout entière. Il est fidèle à sa promesse de revenir en gloire, il est fidèle aussi envers ses ennemis auxquels il apporte le salaire de leur folie. Il n'est pas de ceux qui oublient. Il ne ressemble pas à ces parents également oublieux de leurs promesses et de leurs menaces. Enfin, nous-mêmes, dans l'expérience de notre foi et de nos prières ne pouvons-nous pas lui donner le nom de « Fidèle » ? Sa fidélité dans nos épreuves, dans nos tentations ne s'est jamais démentie. Et quoi que l'avenir nous réserve nous pouvons compter sur sa fidélité.

Un autre nom qui ressemble comme un frère au précédent, c'est « le Véritable ». Le faux Messie, l'Antichrist a cherché à se parer aux yeux des hommes d'oripeaux ; il a simulé certaines vertus ; il a peint au ciel de l'humanité les promesses fallacieuses du bonheur sans lendemain ; il a fait croire qu'on pouvait diminuer la souffrance sans diminuer le péché ; il a édifié sur le songe et sur le mensonge et il a déçu cruellement ses complices et ses victimes. Voici le Véritable ! celui qui tient au-delà de ce qu'il promet ; qui est lui-même la vérité et la vie ; « et nous sommes dans le véritable en son Fils, Jésus-Christ » (1 Jean V, 20). C'est lui le Rocher éternel sur lequel l'homme bâtit l'édifice de sa confiance et de son bonheur sans avoir à craindre d'être déçu. Vivre dans le vrai et non dans le mirage et l'illusion ; croire le vrai, se mouvoir dans l'authentique et le durable, quelle joie ! Et il se trouvera un jour que notre foi dans le Véritable était encore plus vraie que nous ne pouvons l'imaginer aujourd'hui. Les certitudes de demain, de l'au-delà l'emporteront encore infiniment sur les certitudes déjà magnifiques de l'en deçà. Trompé par le Véritable ? Jamais ! Réjouis, consolés, bénis ? Oui ! mais au delà de toute espérance !

« Il avait un nom que personne ne connaît. » Nom adorable, exprimant les relations dernières qui l'unissent à son Père et qui dépasse l'entendement humain. Paul disait qu'il entendit dans le paradis des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer (2 Cor. XII, 4). Si l'Antichrist porte un nom de blasphème, caché sous le chiffre 666, le Christ porte un nom de gloire que nous adorerons un jour, quand nous connaîtrons comme nous avons été connus.

Puis Jésus se nomme « la Parole de Dieu ». C'est sous ce nom que Jean le révèle dans le prologue de son évangile en disant - « Au commencement était la Parole ». En temps que « Parole de Dieu » le Christ a été associé à la création du monde, et en temps que « Parole de Dieu » il est aussi l'agent de la destruction du monde et du mal qu'y a implanté le péché. Il est l'organe de Dieu sur la terre. Devant la Parole de Dieu rien ne résiste, pas même le néant. Et si la Parole vivante possède la toute-puissance divine, la Parole écrite participe aussi de cette puissance pour construire et pour détruire. De quelle arme, de quel outil, de quelle force, de quelle bénédiction ne se privent pas ceux qui négligent, ou diminuent ou falsifient la Parole de Dieu ?

Enfin le cinquième nom, le nom officiel, qu'il porte écrit sur lui, le nom de mandataire du Père dans la prise de possession de la terre et dans la guerre contre le diable, c'est celui de « Roi des rois, Seigneur des seigneurs ». Au sommet de la croix ondulait un méchant parchemin sur lequel Pilate avait écrit : « Celui-ci est le roi des Juif ». Informe prophétie ! Prophétie cependant. Pilate ne savait pas dire si vrai. Maintenant Jésus revient investi du pouvoir royal. Tout ce qui est rois, seigneurs, puissances, grandeurs, pontifes de la science, de l'art, de la religion, de la politique, de l'économie sociale lui doit obéissance. Voilà notre souverain à nous, celui que nous aimons, « sans l'avoir vu, et que nous attendons sans le voir encore ! » Il vient armé en guerre, son vêtement est teint de sang, du sang de ses propres blessures, c'est un vainqueur mais un vainqueur blessé. « Montre-moi tes blessures » disait un saint à Satan, déguisé en ange de lumière. « Montre-nous tes blessures ! » demandera-t-on en vain au faux messie. Mais quand le Véritable reviendra, son vêtement déjà les révélera. Mais en même temps, il revient avec l'épée. Ce n'est plus un roseau de dérision qu'il tient dans ses mains de condamné, c'est l'épée aiguë qui sort de sa bouche, « la verge de fer », avec laquelle il brise les nations. Et avec ses armées d'anges, revêtues de fin lin, chevauchant des chevaux blancs, le magnifique Moissonneur vient faire le grand triage. Tous les oiseaux du ciel sont invités à la curée. Comme dans un filet - cette idée est dans le terme de chasse employé par le grec - la Bête et le faux Prophète, sa doublure, sont pris puis jetés au feu, tandis que l'épée du Vainqueur ravage les rangs de ceux qui ont pris position contre le Roi légitime.

Dans les premiers temps du « grand Pacifique », le railway qui traverse l'Amérique du Nord, le train rencontrait parfois des troupeaux de buffles. Un jour, un vieux taureau, irrité de l'envahissement de son territoire, s'en vint tête baissée et en beuglant donner de la corne contre la lourde machine pour l'arrêter. Le train passa à toute vapeur et il ne resta du bison qu'un peu de bouillie sanglante. « La cuve de la colère de Dieu fut foulée hors de la ville et il en sortit du sang jusqu'au frein des chevaux » (Apoc. XIV, 20).

Il ne faut pas se bercer d'illusions et faire du Christ un doux rêveur ! Pour ceux qui auront pris résolument et consciemment position contre lui, il sera sans pitié. Il n'a dit nulle part qu'il se refusait à verser le sang. Il ne faut pas faire du Roi pacifique, un roi sans consistance qui pardonne à jet continu, en dehors de la loi morale. « Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence » (Luc XIX, 27). « Il viendra et fera périr ces vignerons et donnera la vigne à d'autres » (Luc XX, 16). Jésus n'a répudié aucun des caractères de sévérité, de répression attribués au Messie : L'ivraie et la balle sont brûlés ; la tête du serpent est écrasée, les mauvais serviteurs sont jetés dehors « là où il y a des pleurs et des grincements de dents ».

Qui hébergerait de gaieté de coeur un traître à la patrie ? Qui voudrait tremper sa main dans de l'acide chlorhydrique pur ? Qui, de sens rassis, cultiverait des bacilles de rage dans son propre sang ? Personne. Qui voudra de propos délibéré s'unir à l'adversaire de Dieu et de l'homme, tremper dans ses oeuvres de mensonge et participer à son écrasement ?

Quel jour pour ceux qui, ayant aimé l'avènement du Seigneur, liront de leurs yeux le nom éclatant du Victorieux : « Roi des rois, Seigneur des seigneurs ! »




Le prince de paix.

 Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte, car la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel comme le fond de la mer par les eaux qui la couvrent. En ce jour le rejeton d'Israël sera comme une bannière pour les peuples, les nations se tourneront vers lui et la gloire sera sa demeure. Esaïe XI, 9-10.

Aussi la Création attend-elle avec ardeur la révélation des fils de Dieu.... avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu
(Rom. VIII, 19-21).

Et ils régneront avec lui pendant mille ans.
Apoc. XX, 6.


Le siècle présent a pris fin avec la victoire de Jésus sur l'Antichrist, avec la destruction de ce qu'il y avait de plus corrompu dans l'humanité. Un autre siècle commence, le « siècle à venir ». Satan est lié. Il a perdu ses représentants attitrés sur la terre, le gros abcès a crevé. Il reste la masse des peuples qui n'ont pas pris position contre Christ et sur lesquels le Prince de paix peut régner avec toute son Église, les saints transmués ou ressuscités. Une vague de sainteté, de joie et de paix passe sur la terre renouvelée. L'Écriture contient une foule de promesses qui ne se sont pas réalisées jusqu'ici et qui ne se réaliseraient jamais si cette terre demeurait maudite jusqu'à sa destruction et la royauté du Christ purement spirituelle.

Pendant ce siècle-ci s'accomplit la parole de Jésus : « Mon règne n'est pas de ce monde » (Jean XVIII, 36), mais pendant le siècle à venir s'accomplira cette autre déclaration de Jésus à Pilate : « Tu le dis, je suis roi » (Jean XVIII, 37). Dans ce siècle-ci, constituer une Église qui règne, c'est produire un chef-d'oeuvre peut-être, comme le catholicisme, mais de contrefaçon ; c'est devancer le temps, au plus grand préjudice de la vie spirituelle. Dans ce siècle-ci, la vie divine se manifeste avant tout dans les coeurs, dans des vies individuelles et ce n'est qu'avec peine qu'elle résout les questions d'ordre social et économique. Les bouleversements sociaux que l'on rêve ne risquent-ils pas, pour le moment, de se borner à un déplacement d'égoïsmes ? Sans doute, toute vraie conversion individuelle a des conséquences sociales, mais ces conséquences demeurent, par le fait que le diable règne encore, de modestes pierres d'attente ; ce qui ne veut pas dire, certes, qu'il ne faille pas les ériger, ces pierres d'attente : mais dans le siècle à venir, des possibilités nouvelles se réaliseront.

C'est d'abord la Création qui sera comme libérée. Elle souffre, elle a été maudite par le péché de l'homme ; elle a été soumise à la vanité, à la corruption, au Tyran, à l'Usurpateur. Quand « les fils de Dieu seront révélés » c'est-à-dire quand la première résurrection et l'enlèvement de l'Église proclameront qu'une élite de l'humanité a vaincu, quand d'autre part l'ivraie sera brûlée et que le diable sera enchaîné, notre planète s'épanouira de nouveau dans une atmosphère normale, dont les effets se feront sentir par des lois à nous encore inconnues jusqu'aux moindres des êtres animés. C'est comme un souffle de douceur qui se répandra partout. Le prophète l'exprime sous cette remarquable image : « Le loup habitera avec l'agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau » (Esaïe XI, 6-8). Les hommes cesseront de s'entre-tuer et comprendront les bienfaits de la paix. « De leurs lances ils forgeront des hoyaux et de leurs épées des serpes ; une nation ne tirera plus l'épée contre l'autre, et l'on n'apprendra plus la guerre. Ils habiteront chacun sous sa vigne et sous son figuier et il n'y aura personne pour les troubler » (Michée IV, 3).

L'antique aspiration des peuples vers l'âge d'or sera satisfaite. La terre sera redevenue une province de Dieu. On pourra plus facilement qu'aujourd'hui pratiquer honnêtement le négoce. On trouvera un terrain d'entente pour solutionner les questions sociales irritantes, parce que l'égoïsme et la haine auront diminué. La culture de la terre reprendra ses droits ; on comprendra que la grande ville est une absurdité et un malheur (1). Les élus qui accompagneront le Roi auront l'honneur et la joie de travailler avec le Maître à l'évangélisation de gens qui ne seront plus toujours excités au mal par les puissances sataniques. Sans doute le coeur humain sera encore charnel, mais enfin on aura à faire à l'homme lui-même, avec ses graves défauts sans doute, mais aussi avec ses magnifiques qualités. L'homme alors sera « assis », « habillé » et « dans son bon sens », ce ne sera plus ni un obsédé, ni un possédé. On comprend le parallèle que Paul fait dans 2 Cor. III, 7 et suivants : « Si le ministère de la mort, gravé sur des tables de pierre a été glorieux.... combien le ministère de l'Esprit sera plus glorieux. » Et dans le « siècle à venir » ce sera le vrai triomphe de l'Esprit. L'être humain qui entendra parler de l'Évangile en comprendra la vraie valeur. Il y aura des réveils puissants, la mission fera des progrès magnifiques, la terre entière se couvrira de la connaissance de l'Éternel.

C'est alors que le Maître donnera à l'un de ses collaborateurs « dix villes » ou « cinq villes » selon ses capacités et qu'il répartira au plus juste les responsabilités du travail. C'est alors aussi que s'accomplira la prophétie de Daniel : « L'Ancien des jours vint donner droit aux saints du Très-Haut et le temps arriva où les Saints furent en possession du Royaume » (VII, 22), et celle de Jésus à ses disciples : « Je vous le dis en vérité quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui l'avez suivi, vous serez assis sur douze trônes et vous jugerez les douze tribus d'Israël » (Matth. XIX, 28) et celle de Paul : « Les saints jugeront le monde » (1 Cor. VI, 2). Aujourd'hui les privilèges du peuple de Dieu sont réduits à une spiritualité nue, à un mode moral dépouillé de tout caractère triomphant. Aujourd'hui nous ne sommes que des « mômiers » méprisés. Alors Christ verra le monde à ses pieds et ceux qui auront été abaissés dans ce siècle-ci et trouvés fidèles dans l'épreuve de leur foi et de leur vie, seront associés, dans le siècle à venir, au triomphe de leur Roi.

À leur armée se joindra celle des Juifs convertis. Paul donne clairement à entendre que si Israël a été rejeté en temps que peuple, que si pendant un temps ses convertis se confondent avec ceux d'entre les Gentils pour ne former qu'un même corps, il viendra un jour où le peuple juif, retourné en Palestine, se convertira dans son élite et il se produira « une vie d'entre les morts » ; les dons et les oracles de Dieu sont irrévocables. Quand des hommes à la foi d'Abraham, à la volonté de Moïse, au coeur de David, à la sagesse de Salomon, à la fidélité d'Élie prendront sur eux de répandre l'Évangile, quels missionnaires ne feront-ils pas ? Si nul n'est capable de maudire comme le Juif, nul ne sait bénir comme lui. C'est un vase dont les capacités en bien comme en mal sont immenses.

Combien de temps durera ce Règne de paix ? L'Apocalypse répond : mille ans. Évidemment il ne s'agit pas d'un nombre d'années arithmétiquement fixé à l'avance. On a dit, en se basant sur ce chiffre, que le millénium serait le grand jour sabbatique de l'humanité, en appliquant à ce jour d'une manière littérale la parole de Pierre : « Un jour devant le Seigneur est comme mille ans ». Il deviendrait le septième jour de l'oeuvre de Dieu depuis la Création. Deux mille ans avant la loi, deux mille ans de Moïse à Jésus, deux mille ans entre la première et la seconde venue de Christ, le septième millénaire serait le grand sabbat, le grand repos terrestre. Il ne faut pas se cramponner à cette symétrie. Avant la loi, il s'est écoulé beaucoup plus que deux mille ans ; les dynasties chinoises, égyptiennes remontent très haut ; l'homme primitif paraît avoir dessiné dans les cavernes ses figures grossières mais déjà animées d'intelligence au temps où la terre achevait de se constituer dans ses dernières convulsions. Comme aussi l'ère présente peut, selon l'emploi que l'on fait de sa liberté, durer plus ou moins longtemps. Mille ans est un chiffre qui exprime une période relativement longue mais pourtant limitée. Ce qu'on peut dire concernant sa durée, c'est qu'elle sera probablement moins longue que le temps présent.

Pourquoi cette période prendra-t-elle fin ? Ni le péché ni la mort n'ont disparu et, à mesure que l'Évangile fait des progrès, que le nombre de ceux qui ont part au salut devient plus grand, à mesure aussi que le coeur humain s'habitue au mode de vivre nouveau, le mal reparaît par une sorte de réaction nécessaire. Il s'est laissé comprimer pendant un temps, il vient un moment où il explose. Il est dans la volonté de Dieu que le mal prononce son dernier mot, exhale son dernier souffle empoisonné. Par l'apparition sur la terre de nouveaux hommes qui ont voulu le mal consciemment, le diable recouvre sa liberté et il prend la tête de la dernière révolte. Ils sont nombreux, les ennemis, comme le sable de la mer, mais un feu descend du ciel et les dévore. (Apoc. XX, 9). Et le dragon, le serpent ancien est enfin et définitivement vaincu (Apoc. XX, 10).

Tous ces événements, l'Écriture les enveloppe d'une sorte de brume, elle ne veut pas que nous les décrivions en termes trop précis ; elle n'a soulevé qu'un coin du voile. Comme elle, nous voulons rester dans la sobriété, mais nous voudrions trouver dans cette échappée sur le millénium un stimulant à poursuivre un double but.

Le premier, c'est que notre coeur, conquis en fait comme en droit par le Prince de paix, purifié du péché, harmonisé, devienne en petit un monde où règne le millénium, un lieu où, nous réfugiant loin des guerres, des tiraillements, des tentations du mal, nous nous trouvions dans le repos de la foi, un lieu dans lequel « Satan soit lié » par la puissance du Christ et où nous ne nous rencontrions plus seulement nous-mêmes, avec nos mauvaises ou futiles pensées, mais où nous trouvions le Christ sur le trône de notre être intime. En nous réjouissant à l'avance du millénium mondial, demandons à Dieu qu'il nous fasse la grâce de jouir dès maintenant d'un millénium intérieur !

Et puis nous travaillerons avec courage à multiplier la somme du bien. Nous chercherons à diminuer, par un amour ingénieux et actif envers le prochain, la masse de péché et de souffrance qui désole l'humanité. Notre coeur sera un refuge aussi pour d'autres que pour nous et là ils trouveront Christ, nous serons des « Christophores » des porteurs de Christ. Ainsi nous répandrons la « bonne odeur de l'Évangile » et ce sera déjà comme les premières émanations du Paradis retrouvé.




Le Juge.

 En ce jour-là les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée. 2 Pierre III, 3.

Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.
Matth. XXIV, 35.

Et Dieu lui a donné le pouvoir de juger parce qu'il est fils de l'homme.
Jean V, 27.

Et il s'assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs....
Matth. XXV, 31-46.

Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres d'après ce qui était écrit dans ces livres.
Apoc. XX, 13.


Quand Esaïe disait : « L'Éternel seul sera élevé dans ce jour-là, toutes les idoles disparaîtront, on entrera dans les cavernes des rochers et dans les profondeurs de la poussière pour éviter la terreur de l'Éternel et l'éclat de sa majesté » (II, 18-19), on sent que le prophète entrevoyait dans l'avenir le grand jour du jugement. Ce jour, Joël et Sophonie l'annoncent comme un jour d'obscurité et d'angoisse ; les cieux sont ébranlés et le ciel obscurci (Joël III, 15-16).

Jésus dépeint le bouleversement universel et effrayant des forces de la nature qui préludera à l'apparition du Juge des vivants et des morts : « Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune, dans les étoiles et sur la terre, il y aura de l'angoisse parmi les nations qui ne sauront que faire au bruit de la mer et des flots ; les hommes rendant l'âme de frayeur dans l'attente de ce qui surviendra pour la terre » (Luc XXI, 25-26). Jean, l'auteur de l'Apocalypse, est transporté en un temps où la prophétie s'est réalisée : « Le premier ciel et la première terre ont disparu et la mer n'est plus » (XXI, 1). Le ciel et la terre sont comparés à un vêtement qui vieillit (Ps. CII, 27). Il y a comme une lente usure qui désagrège le monde physique, les éléments se dissolvent et finissent par être brûlés. D'après la théorie moderne de Lebon, les éléments qui sont sortis de l'éther tranquille, devenu sous l'action d'une force inconnue (3) l'éther tourbillonnant, retourneront par une série de lentes combustions à l'éther tranquille.

Le monde passera ; ce superbe édifice
Un jour s'ébranlera jusqu'en ses fondements.

« Les astres fuiront dans l'espace comme les coursiers que l'éperon fait bondir, plus loin, toujours plus loin. Et soudain l'oeil qui les suivait, épouvanté, les cherche en vain, ils ne sont plus » (4).
Et de toute l'existence de notre globe, depuis le chaos sur lequel planait l'Esprit, jusqu'à sa disparition, il ne restera plus que les humains ressuscités.

Cette masse humaine se trouve répartie en trois catégories. Les élus ont été transmués ou ont eu part à la première résurrection ; ils se sont jugés eux-mêmes, ils ne passeront plus par le jugement ; ils sont même associés au grand Juge et sont appelés à prononcer sur le sort des anges déchus (1 Cor. VI, 3). Ceux qui se sont inféodés à l'Antichrist ou qui se sont attachés au diable lors de la dernière révolte, sont déjà en état de châtiment ; ils ont choisi le sort réservé au diable et à ses anges. Restent ceux des humains qu'une part d'ignorance, d'erreur, a empêchés de prendre position définitivement d'un côté ou de l'autre et qui doivent passer par le jugement.

Ce jugement c'est Jésus qui le prononcera parce qu'il est « Fils de l'homme ». Il a été homme lui-même, il jugera en toute impartialité ; il sait ce que c'est que d'être homme. Il a possédé un corps humain, il en connaît les exigences. Il a vécu en famille ; ses frères pendant un temps ne croyaient pas en lui, il sait les difficultés à vaincre quand on reste incompris des siens. Son être psychique a été soumis à toutes les émotions, à toutes les fluctuations que connaissent les hommes. Il a été lui-même tenté ; il sait la puissance de l'adversaire qui use la volonté et donne le change à la conscience. La vie humaine du berceau à la tombe, de l'enfance à l'âge mûr, n'a pas de secret pour son expérience. De toutes les circonstances atténuantes, il a d'ores et déjà tenu compte.

Tous les morts sont rangés devant celui qui occupe un trône dont la grandeur et la blancheur indiquent le double caractère de puissance et de justice absolues. Grands seigneurs et gens du peuple, savants et sauvages, fins diplomates et petits ouvriers, pères et mères, fils et filles, voient passer leur vie devant eux comme cinématographiée dans tous ses détails. « Il n'y a rien de caché qui ne doive se découvrir, ni rien de secret qui ne doive être connu. Ce qui s'est dit à l'oreille sera publié sur les maisons » (Luc XII, 2-3). Avec les actes, les paroles, apparaissent aussi les mobiles, les pensées de derrière la tête, les intentions secrètes. Chacun rendra compte pour lui-même (Rom. XIV, 12). La part de responsabilité de chacun lui sera exactement mesurée. Le séducteur portera la peine de la séduction mais le séduit n'esquivera pas sa part d'acquiescement à la séduction. Il sera tenu compte de tous les éléments d'information, de l'hérédité, du milieu, de l'éducation, des appels au salut. Il sera plus redemandé à celui auquel il aura été plus donné ; le serviteur qui aura connu la volonté de son maître sera battu de plus de coups. La piété formaliste, comme le « patois de Canaan » seront percés à jour. Alors quelques-uns s'écrieront : « Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom, n'avons-nous Pas chassé des démons, fait des miracles en ton nom ? » Il leur répondra : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité » ( Matth. VII, 21-23).

Par contre ceux qui auront été intérieurement fidèles à ce que leur part de révélation leur a permis de connaître, les sincères, les coeurs sans fraude, seront reçus en grâce quand bien même ils auront tenu un autre langage que certains chrétiens bien pensants mais étroits.

La sincérité est la condition primordiale que Dieu exige. Ce qui ne sera pardonné ni dans ce siècle ni dans celui qui est à venir, c'est de jouer avec sa conviction. Quand les pharisiens disent à Jésus : « Tu chasses les démons par Belzébul, le prince des démons », ils sont intérieurement convaincus du contraire, mais à bout de sophismes, ils lancent à Jésus leur odieux blasphème.

Nous faisons avec nos enfants un petit jeu, celui du dé. L'enfant le cache et nous le cherchons. Bébé n'a pas su le mettre à couvert, nous le découvrons bien vite mais, pour amuser l'enfant, nous continuons nos investigations là où le dé n'est pas. Ce que l'on fait par amusement est un crime quand la vérité et le salut sont en jeu. Nous savons où Dieu a mis la révélation de sa volonté : dans sa Parole et dans notre conscience ; nous entendons sa voix nous réclamer tel acte d'obéissance, tel sacrifice et nous nous donnons l'air de ne pas comprendre ; c'est risquer l'endurcissement. Voilà l'hypocrisie qui, impitoyablement, sera mise au jour.

Chacun sera jugé selon ses oeuvres. C'est la vie d'un chacun qui parlera pour ou contre lui. « On juge l'arbre à ses fruits, a dit Jésus, tout arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. » « Celui qui demeure en moi, dit encore le Seigneur, et en qui je demeure porte beaucoup de fruit. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, il sèche et on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent » (Jean XV, 1-6).

L'oeuvre de chacun, selon Matthieu XXV, 31-46 acquiert une valeur et une portée infinies. Quand le Berger eut séparé les brebis d'avec les boucs et achevé ce triage en vertu de sa connaissance parfaite de tous, il dit aux brebis qui se trouvaient à sa droite : « Vous, les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. » Quelle parole ! quelle joie intense se répandra dans le coeur de ceux qui l'entendront ! Avez-vous déjà passé des examens importants ? Vous savez alors quel moment c'est pour l'étudiant que celui où son nom paraît dans la liste de ceux qui ont réussi ; il jette sa coiffure en l'air ; il ne peut contenir sa joie ; surtout si, pendant l'examen de certaines branches, il a eu la sensation claire de côtoyer l'abîme. « J'ai eu faim, j'ai eu soif, j'étais misérable, continue le Roi et vous avez eu soin de moi. »
- Mais quand t'avons-nous secouru ? demandent ces bienheureux, nous ne t'avons jamais vu dans le dénuement.

Ils ne se souviennent pas, ils n'ont pas l'impression d'avoir jamais accompli quelque chose d'extraordinaire.
Et le Roi répondra :
- En temps que vous avez fait ces choses au plus petit d'entre mes frères, vous me les avez faites à moi-même ! Ainsi de cette parole se dégage cette extraordinaire pensée, que Jésus s'identifie avec les pauvres, avec les petits et il envisage comme fait à lui-même le bien ou le mal dont ils sont les bénéficiaires ou les victimes.

Sur le chemin de Damas, Paul s'écrie :
- Qui es-tu ?
Et Jésus répond :
- Je suis Jésus que tu persécutes.
Ce n'étaient donc pas seulement quelques malheureux chrétiens des bourgs de Palestine, c'était Jésus lui-même que le persécuteur traînait devant le Sanhédrin !

Que nos actions prennent une toute nouvelle importance à cette lumière ! Comment ? Quand j'ai malmené, ce pauvre vieux, quand j'ai scandalisé cet enfant, c'était le coeur du Sauveur que j'atteignais ! Et quand j'ai joyeusement partagé mon morceau de pain avec cet affamé, quand j'ai renoncé à une journée de vacances pour visiter ce prisonnier, le Seigneur prenait pour lui ce léger sacrifice ! Avec l'aide de Dieu, je ne ferai dorénavant plus rien qui puisse porter préjudice à mon frère ; je veux au contraire faire pour mon Sauveur invisible, en la personne de ceux qui souffrent, ce que j'aurais tant de joie à lui prodiguer, s'il entrait, visible, sous mon toit.

Ce principe de juger selon les oeuvres ne contredit en aucune façon le salut par la foi, enseigné déjà par Jésus et mis en lumière par les apôtres. Les oeuvres ne sont en définitive, que la manifestation extérieure de l'état intérieur ; elles décèlent le principe directeur de la vie de chacun. Et les oeuvres dont il s'agit, devant le trône du Juge, ne sont point des oeuvres intéressées, car ceux qui les ont faites ne se doutent pas de leur valeur. Elles ont été la projection naturelle au dehors de la foi et de l'amour qui vivaient au dedans. Et cette attitude et cette foi et cet amour c'était encore une grâce de Dieu, de sorte que tout est grâce quand même. « Par la grâce, je suis ce que je suis, disait Paul et sa grâce envers moi n'a pas été vaine ; j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Cor. XV, 10), de sorte que l'attitude qui sauve ou qui perd c'est en définitive d'accepter ou de refuser la grâce de Dieu en nous.

Que personne d'entre nous, lecteurs, ne se trouve un jour parmi ceux qui entendront, avec un frisson d'épouvante, la parole du souverain juge : « Retirez-vous de moi, maudits. Allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges.... car en temps que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits c'est à moi que vous ne les avez pas faites. »




« Toujours avec le Seigneur. »

 Et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. Jean XIV, 3.

Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté, mais nous savons que lorsque cela sera manifesté, nous lui serons faits semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie comme lui-même est pur.
1 Jean III, 2-3.

Ses serviteurs le serviront et verront sa face et son nom sera sur leurs fronts. Il n'y aura plus de nuit ; ils n'auront besoin ni de lampe ni de lumière, parce que le Seigneur Dieu les éclairera et ils régneront aux siècles des siècles.
Apoc. XXII, 4-5.

À Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau immolé soient la louange, l'honneur et la force au siècle des siècles !
Apoc. V, 13.


Déjà dans le coeur de l'Israélite pieux, il y avait comme une nostalgie du ciel : « Je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel, pour contempler la magnificence de l'Éternel et pour admirer son temple » (Ps. XXVII, 4), disait le Psalmiste. Il sait que son désir s'accomplira un jour, il en a la joyeuse certitude : « J'habiterai dans la maison de l'Éternel jusqu'à la fin de mes jours » (Ps. XXIII, 6). Et là il jouira d'un « rassasiement de joie » et de « délices éternelles » (Ps. XVI, 11).

Et pourtant le Psalmiste ne connaissait qu'une partie de la révélation. Il ne savait rien du Seigneur Jésus. On comprend combien les apôtres qui l'avaient connu et aimé de son vivant devaient se réjouir d'être avec lui toujours. Quelle perspective pour Pierre qui avait eu le privilège de dire de bouche à Jésus : « Tu sais que je t'aime. » Et Jean, de quelle affection n'avait-il pas entouré son Maître ? Et Thomas lui-même, quelle adoration il exprimait à Jésus, son Seigneur et son Dieu. ! Ces hommes ne devaient-ils pas savourer à l'avance la promesse : « Je vous prendrai avec moi afin que là où je suis vous y soyez aussi » ? Et Paul lui-même qui avait - autrement que les onze mais non moins profondément - goûté combien le Seigneur est bon « préférait quitter ce corps pour être toujours avec le Seigneur ».

Et nous-mêmes qui l'aimons sans l'avoir vu, ne tressaillons-nous pas d'allégresse par moment en pensant à notre réunion avec Lui ?

Quand nous cherchons à nous représenter ce que sera la vie du ciel, c'est la pensée de la joie, d'une joie infinie, qui fait battre notre coeur d'espérance. Il nous paraît naturel que la joie du ciel soit faite en premier lieu d'une reconnaissance inexprimable envers Celui qui nous a arrachés à la condamnation. C'est dans l'au-delà seulement que nous mesurerons la profondeur du gouffre auquel nous aurons échappé. La perdition nous apparaîtra dans sa tragique réalité, nous jugerons le péché dans toute son horreur, avec des yeux de « saints ». Quels accents de reconnaissance ne ferons-nous pas monter vers « l'Agneau immolé, » et vers celui qui l'a donné. Alors l'amour de Dieu nous éblouira comme le soleil ! Alors sa grâce nous semblera un océan dont nous essayerons vainement de mesurer l'étendue et la profondeur. Alors, nous redirons la doxologie de l'apôtre :
« O profondeur de la richesse, de la sagesse, et de la grâce de Dieu »

À la joie de reconnaissance se mêlera la joie de connaissance. Nous connaîtrons « comme nous avons été connus ». Une clarté inattendue, mais qui satisfera à la fois l'esprit, le coeur, la conscience, dissipera tous les « pourquoi ». Le plan de Dieu à l'égard de l'univers et des individus apparaîtra dans la perfection du détail et de l'ensemble. Nous verrons notre vie terrestre se dérouler derrière nous, toute traversée d'interventions divines admirables, et nous comprendrons que toutes choses ensemble, même celles qui nous paraissent à présent les plus douloureuses, ont effectivement concouru à notre plus grand bien. Nous connaîtrons les patriarches, les prophètes, les apôtres, les martyrs, cette « nuée de témoins » qui nous a précédés dans la carrière. Avec eux nous bénirons « le Chef et le Consommateur de la foi ». Nous connaîtrons ceux qui nous ont été en bénédiction et ceux pour lesquels nous avons été à notre tour, et peut-être à notre insu, un moyen de salut. Mais surtout nous connaîtrons sans voiles notre bien-aimé Roi et « le voyant tel qu'il est nous lui serons faits semblables ». Quelle perspective ! Qui n'aurait désiré vivre au temps du Christ historique, suivre son cortège de disciples, boire ses paroles, manger du pain miraculeux, sentir sa main bénissante se poser sur nos lèpres physiques et morales, rencontrer son regard.... ? Patience !... Nous le verrons, nous l'entendrons, non pas tel qu'il a été dans l'abaissement, mais « tel qu'il est ». Dans sa prière sacerdotale, Jésus demandait que les siens fussent avec lui « afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde. » Et de contempler celui qui a été homme comme nous, « notre frère », de le retrouver dans sa position de Fils unique et de voir au-dessus de lui le rayonnement de la face du Père, nous en serons nous-mêmes rayonnants de joie.

Nous aurons le bonheur de porter bien visible en nous l'image de Dieu. Notre être actuel, au corps chétif, aux appétits grossiers, aux facultés limitées sera parvenu au plein épanouissement de sa destination. Un corps céleste, aux sens affinés, un coeur vibrant comme une lyre parfaitement accordée, une intelligence infiniment développée, serviront une volonté sanctifiée qui ne voudra plus que ce que Dieu veut, et cet ensemble constituera un être nouveau qui sera pour le ciel un enrichissement. Les drachmes perdues et retrouvées seront pour leur légitime propriétaire un vivant trésor. Nous serons alors, non plus seulement en poésie mais en réalité et en gloire, la race de Dieu. Ce but de devenir comme des dieux - qui était le but de Dieu - mais que Satan a proposé à Adam de poursuivre sur le chemin de la désobéissance et par motif d'orgueil, sera atteint par voie d'obéissance et pour la gloire du Père.

Mais l'apogée de la joie du ciel sera de travailler encore pour le Seigneur, à la place exacte qui conviendra à notre mentalité. Plusieurs paroles de Jésus donnent à penser qu'il emploiera ses élus à des oeuvres nouvelles. « Régner avec Christ » n'implique-t-il pas l'idée d'un travail de gouvernement ? Sans doute un tel règne s'établira sur la terre pendant le millénium, mais on peut supposer que l'amour de Dieu et de son Fils n'est pas limité à notre terre et qu'il s'étend à d'autres univers, qu'il achèvera de se réaliser au cours de nouvelles économies ? Quelle joie de collaborer avec des organes puissants et pourtant soumis, sans plus calculer avec la possibilité de pécher, à une série de victoires sous le regard de « I'Admirable », du « Conseiller », du « Dieu fort ! »

Quand Paul fut enlevé jusque dans le Paradis, qu'il y entendit et y contempla des choses ineffables, il y entrevit quelque chose des angoisses de la perdition et des félicités du salut. Nous comprenons dès lors qu'après avoir jeté ce regard dans l'au-delà, il ait supplié « avec larmes » ses auditeurs d'être réconciliés avec Dieu. Pour lui qui avait aperçu de ses yeux les réalités éternelles, c'était une poignante douleur que de voir quelqu'un refuser la grâce de Dieu.

Ne serait-ce pas aussi de notre part une véritable folie que de nous priver volontairement de la joie du ciel ? Quand saint Jean annonçait cette merveilleuse perspective d'être faits semblables à Christ, c'est-à-dire, si les mots ont un sens, de devenir comme Lui, des êtres à la fois divins et humains, engendrés de l'homme par la première naissance et nés de Dieu par la seconde, il ajoutait « quiconque a cette espérance en Lui se purifie aussi comme lui est pur. » Ici-bas déjà il nous faut lui être faits semblables par la régénération pour que là-haut cette ressemblance puisse s'achever.

Que la puissance du sang de Jésus pénètre en nous jusqu'à l'intersection des moelles et nous purifie de toute souillure de la chair et de l'esprit !

Et maintenant, cher lecteur, après nous être assis ensemble au bord du chemin pour essayer de comprendre dans le livre de Dieu quelque chose du plan du salut, nous nous lèverons et nous continuerons notre chemin pleins de courage « joyeux dans l'espérance ». Comme le pèlerin de John Bunyan, du haut des « montagnes délectables », nous avons vu resplendir au loin les portes de la Cité céleste.

O Jésus, ô mon Roi !
Quand irai-je vers toi ?
Quand te verrai-je ?
Au cantique nouveau
Que l'on chante à l'Agneau,
Quand m'unirai-je ?
 
Seigneur encore un pas,
Et ma course ici-bas
Sera finie !
Là je t'adorerai,
Là je t'exalterai,
Prince de vie.



1) Dans un Berlin, aujourd'hui, l'offre des demoiselles de magasin, des filles de brasserie dépasse la demande du 40 % tandis que la province est désertée et que de jeunes paysans trouvent difficilement à se marier.

3
) Pourquoi ne pas dire : « Sous l'action de la force de Dieu

4) J. A. Porret.
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