Alors
paraîtra
l'impie que le Seigneur Jésus
détruira par le souffle de sa bouche et
qu'il anéantira par l'éclat de son
avènement
(2
Thess. II, 8).
Et la Bête fut
prise et avec elle le faux Prophète qui
avait fait devant elle les prodiges par lesquels il
avait séduit ceux qui avaient pris la marque
de la Bête et adoré son image. Et ils
furent tous les deux jetés vivants dans
l'étang ardent de feu et de soufre. Et les
autres furent tués par l'épée
qui sortait de la bouche de celui qui était
assis sur le cheval ; et tous les oiseaux se
rassasièrent de leur chair. Apoc.
XIX, 20-21.
En même temps qu'une première
résurrection s'accomplira à
l'entrée du siècle à venir,
une victoire décisive sera remportée
par le Seigneur Jésus sur les puissances
hostiles, démoniaques et humaines,
liguées contre l'établissement du
Royaume de Dieu sur la terre.
Le chapitre VIII de Daniel montre en
raccourci cette victoire.
Parmi les « cornes »
du quatrième animal qui représentent
les puissances terrestres, il en est une petite qui
a des yeux d'homme et qui parle avec arrogance. Et
cette « corne » fait la guerre
aux saints et l'emporte sur eux jusqu'au moment
où l'Ancien des jours fait droit aux saints
et les met en possession du Royaume. Après
quoi viendra le jugement du persécuteur,
« on lui ôtera sa domination qui
sera détruite et anéantie pour
jamais. » On ne peut pas s'empêcher
de voir derrière Antiochus Épiphane,
le cruel persécuteur de Juifs auquel se
rapporte en premier lieu cette
prophétie. celui que Paul appelle
« l'impie » et Jean
« la Bête ». Il semble
qu'à un moment de l'histoire, quand le
milieu sera propice, quand l'ivraie sera
mûre, quand le diable estimera avoir mis de
son côté le maximum de chances pour
l'emporter définitivement sur la terre, un
messie diabolique apparaîtra et concentrera
autour de lui toutes les forces éparses du
mal.
Il est évident que l'esprit de
l'Antichrist agit déjà dans le monde.
Il a cherché à détruire
l'oeuvre de Dieu dans le peuple juif par
l'idolâtrie et le formalisme. C'est lui, le
dragon, tel qu'il est démasqué au
chapitre XII
de l'Apocalypse qui a
cherché à
« dévorer » Jésus
dès son apparition dans le monde, par les
satellites d'Hérode, puis, au jardin de
Gethsémané par son souffle
empoisonné. C'est lui encore qui, animant
les faux docteurs de tous les temps, multiplie les
hérésies et cherche à tourner
la grâce de Dieu en dissolution. Dans toutes
les branches de la culture, il réussit
à s'emparer d'hommes qui mettent toute leur
intelligence, tout leur talent, tout leur art
à fausser l'Évangile. Ou encore, il
cherche à aiguiller d'excellents
chrétiens sur une fausse voie, les enlisant
et les stérilisant dans une idée
fixe, étrange ou étroite. Mais un
jour viendra où toutes les formes du mal
culmineront en un homme du démon qui
apparaîtra avec tout l'éclat d'un ange
de lumière. C'est alors que l'existence
deviendra difficile pour les croyants ! La
grande tribulation commencera. Impossible de
trafiquer, de gagner son pain sans emprunter des
éléments à un ordre
de choses condamné, c'est
alors que tout sera empoisonné par l'esprit
du monde. C'est alors aussi que la vraie foi, la
pure doctrine, la vie fidèle seront
persécutées par les pontifes d'une
religion humaine. Tous ceux qui ne seront pas
ancrés sur le Rocher des siècles,
seront attirés par ce pouvoir effrayant et
charmeur qui utilisera des éléments
de vérité pour mieux farder le
mensonge.
C'est alors, quand la terre
entière paraîtra conquise par
l'Usurpateur, quand le petit peuple des
réchappés ne sachant plus comment
vivre criera dans sa détresse :
« Seigneur Jésus,
viens ! » que le Christ
apparaîtra sur les nuées à la
tête de ses armées et s'emparera par
droit de conquête de notre planète.
Ceux qui, comme Job, auront été les
champions de Dieu devant les anges et les
démons, qui auront subi le feu de la
fournaise, les épis mûrs, seront
enlevés à la rencontre du Vainqueur
avec les élus de tous les temps.
Cette bataille qui livrera la terre
à son légitime possesseur est
très brièvement dépeinte par
Paul : « le Seigneur Jésus
détruira l'impie par le souffle de sa bouche
et l'anéantira par l'éclat de son
avènement » littéralement
« par l'épiphanie de sa parousie,
c'est-à-dire par la seule apparition de sa
présence soudaine »
(2
Thess. II, 8). Par contre
l'Apocalypse, avec ses grandioses images, en donne
une description plus détaillée
(XIX,
11-21).
Jean aperçoit le ciel ouvert et
il en sort un cortège de cavaliers
montés sur des chevaux blancs. Celui qui
tient la tête de ce cortège attire
immédiatement les
regards. Jean le reconnaît, c'est son
Maître, c'est Jésus sur le sein duquel
il a tant de fois appuyé sa tête et
qui maintenant est ceint de majesté. Il
porte cinq noms.
C'est d'abord : le Fidèle.
Voilà le premier nom que le ciel et la terre
reconnaissent à celui qui revient.
Fidèle à ses promesses, il l'a
été. Il est venu une première
fois comme les prophètes l'avaient
annoncé, dans la bassesse et la souffrance,
dans une chair semblable à la nôtre.
Il a été fidèle à
remplir toute sa tâche à
l'égard de ses disciples, à
l'égard de son pays et de son peuple, envers
l'humanité tout entière. Il est
fidèle à sa promesse de revenir en
gloire, il est fidèle aussi envers ses
ennemis auxquels il apporte le salaire de leur
folie. Il n'est pas de ceux qui oublient. Il ne
ressemble pas à ces parents également
oublieux de leurs promesses et de leurs menaces.
Enfin, nous-mêmes, dans l'expérience
de notre foi et de nos prières ne
pouvons-nous pas lui donner le nom de
« Fidèle » ? Sa
fidélité dans nos épreuves,
dans nos tentations ne s'est jamais
démentie. Et quoi que l'avenir nous
réserve nous pouvons compter sur sa
fidélité.
Un autre nom qui ressemble comme un
frère au précédent, c'est
« le Véritable ». Le
faux Messie, l'Antichrist a cherché à
se parer aux yeux des hommes d'oripeaux ; il a
simulé certaines vertus ; il a peint au
ciel de l'humanité les promesses
fallacieuses du bonheur sans lendemain ; il a
fait croire qu'on pouvait diminuer la souffrance
sans diminuer le péché ; il a
édifié sur le songe et sur le
mensonge et il a
déçu cruellement ses complices et ses
victimes. Voici le Véritable ! celui
qui tient au-delà de ce qu'il promet ;
qui est lui-même la vérité et
la vie ; « et nous sommes dans le
véritable en son Fils,
Jésus-Christ »
(1
Jean V, 20). C'est lui le Rocher
éternel sur lequel l'homme bâtit
l'édifice de sa confiance et de son bonheur
sans avoir à craindre d'être
déçu. Vivre dans le vrai et non dans
le mirage et l'illusion ; croire le vrai, se
mouvoir dans l'authentique et le durable, quelle
joie ! Et il se trouvera un jour que notre foi
dans le Véritable était encore plus
vraie que nous ne pouvons l'imaginer aujourd'hui.
Les certitudes de demain, de l'au-delà
l'emporteront encore infiniment sur les certitudes
déjà magnifiques de l'en
deçà. Trompé par le
Véritable ? Jamais !
Réjouis, consolés,
bénis ? Oui ! mais au delà
de toute espérance !
« Il avait un nom que personne
ne connaît. » Nom adorable,
exprimant les relations dernières qui
l'unissent à son Père et qui
dépasse l'entendement humain. Paul disait
qu'il entendit dans le paradis des paroles
ineffables qu'il n'est pas permis à un homme
d'exprimer (2 Cor. XII, 4). Si l'Antichrist porte
un nom de blasphème, caché sous le
chiffre 666, le Christ porte un nom de gloire que
nous adorerons un jour, quand nous
connaîtrons comme nous avons
été connus.
Puis Jésus se nomme
« la Parole de Dieu ». C'est
sous ce nom que Jean le révèle dans
le prologue de son évangile en disant -
« Au commencement était la
Parole ». En temps que « Parole
de Dieu » le Christ a
été associé à la
création du monde, et en temps que
« Parole de Dieu » il est aussi
l'agent de la destruction du monde et du mal qu'y a
implanté le péché. Il est
l'organe de Dieu sur la terre. Devant la Parole de
Dieu rien ne résiste, pas même le
néant. Et si la Parole vivante
possède la toute-puissance divine, la Parole
écrite participe aussi de cette puissance
pour construire et pour détruire. De quelle
arme, de quel outil, de quelle force, de quelle
bénédiction ne se privent pas ceux
qui négligent, ou diminuent ou falsifient la
Parole de Dieu ?
Enfin le cinquième nom, le nom
officiel, qu'il porte écrit sur lui, le nom
de mandataire du Père dans la prise de
possession de la terre et dans la guerre contre le
diable, c'est celui de « Roi des rois,
Seigneur des seigneurs ». Au sommet de la
croix ondulait un méchant parchemin sur
lequel Pilate avait écrit :
« Celui-ci est le roi des
Juif ». Informe prophétie !
Prophétie cependant. Pilate ne savait pas
dire si vrai. Maintenant Jésus revient
investi du pouvoir royal. Tout ce qui est rois,
seigneurs, puissances, grandeurs, pontifes de la
science, de l'art, de la religion, de la politique,
de l'économie sociale lui doit
obéissance. Voilà notre souverain
à nous, celui que nous aimons,
« sans l'avoir vu, et que nous attendons
sans le voir encore ! » Il vient
armé en guerre, son vêtement est teint
de sang, du sang de ses propres blessures, c'est un
vainqueur mais un vainqueur blessé.
« Montre-moi tes blessures »
disait un saint à Satan,
déguisé en ange de lumière.
« Montre-nous tes
blessures ! » demandera-t-on en vain
au faux messie. Mais quand le
Véritable reviendra, son vêtement
déjà les révélera. Mais
en même temps, il revient avec
l'épée. Ce n'est plus un roseau de
dérision qu'il tient dans ses mains de
condamné, c'est l'épée
aiguë qui sort de sa bouche, « la
verge de fer », avec laquelle il brise
les nations. Et avec ses armées d'anges,
revêtues de fin lin, chevauchant des chevaux
blancs, le magnifique Moissonneur vient faire le
grand triage. Tous les oiseaux du ciel sont
invités à la curée. Comme dans
un filet - cette idée est dans le terme de
chasse employé par le grec - la Bête
et le faux Prophète, sa doublure, sont pris
puis jetés au feu, tandis que
l'épée du Vainqueur ravage les rangs
de ceux qui ont pris position contre le Roi
légitime.
Dans les premiers temps du
« grand Pacifique », le railway
qui traverse l'Amérique du Nord, le train
rencontrait parfois des troupeaux de buffles. Un
jour, un vieux taureau, irrité de
l'envahissement de son territoire, s'en vint
tête baissée et en beuglant donner de
la corne contre la lourde machine pour
l'arrêter. Le train passa à toute
vapeur et il ne resta du bison qu'un peu de
bouillie sanglante. « La cuve de la
colère de Dieu fut foulée hors de la
ville et il en sortit du sang jusqu'au frein des
chevaux »
(Apoc.
XIV, 20).
Il ne faut pas se bercer d'illusions et
faire du Christ un doux rêveur ! Pour
ceux qui auront pris résolument et
consciemment position contre lui, il sera sans
pitié. Il n'a dit nulle part qu'il se
refusait à verser le sang. Il ne faut pas
faire du Roi pacifique, un roi sans consistance qui
pardonne à jet continu,
en dehors de la loi morale. « Au reste,
amenez ici mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je
régnasse sur eux, et tuez-les en ma
présence »
(Luc
XIX, 27). « Il viendra
et fera périr ces vignerons et donnera la
vigne à d'autres »
(Luc
XX, 16). Jésus n'a
répudié aucun des caractères
de sévérité, de
répression attribués au Messie :
L'ivraie et la balle sont
brûlés ; la tête du serpent
est écrasée, les mauvais serviteurs
sont jetés dehors « là
où il y a des pleurs et des grincements de
dents ».
Qui hébergerait de gaieté
de coeur un traître à la patrie ?
Qui voudrait tremper sa main dans de l'acide
chlorhydrique pur ? Qui, de sens rassis,
cultiverait des bacilles de rage dans son propre
sang ? Personne. Qui voudra de propos
délibéré s'unir à
l'adversaire de Dieu et de l'homme, tremper dans
ses oeuvres de mensonge et participer à son
écrasement ?
Quel jour pour ceux qui, ayant
aimé l'avènement du Seigneur, liront
de leurs yeux le nom éclatant du
Victorieux : « Roi des rois,
Seigneur des seigneurs ! »
Il
ne se fera ni tort
ni dommage sur toute ma montagne sainte, car la
terre sera remplie de la connaissance de
l'Éternel comme le fond de la mer par les
eaux qui la couvrent. En ce jour le rejeton
d'Israël sera comme une bannière pour
les peuples, les nations se tourneront vers lui et
la gloire sera sa demeure. Esaïe
XI,
9-10.
Aussi la
Création attend-elle avec ardeur la
révélation des fils de Dieu.... avec
l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de
la servitude de la corruption pour avoir part
à la liberté glorieuse des enfants de
Dieu (Rom.
VIII,
19-21).
Et ils
régneront avec lui pendant mille
ans.
Apoc. XX, 6.
Le siècle présent a pris fin avec
la victoire de Jésus sur l'Antichrist, avec
la destruction de ce qu'il y avait de plus corrompu
dans l'humanité. Un autre siècle
commence, le « siècle à
venir ». Satan est lié. Il a perdu
ses représentants attitrés sur la
terre, le gros abcès a crevé. Il
reste la masse des peuples qui n'ont pas pris
position contre Christ et sur lesquels le Prince de
paix peut régner avec toute son
Église, les saints transmués ou
ressuscités. Une vague de sainteté,
de joie et de paix passe sur la terre
renouvelée. L'Écriture contient une
foule de promesses qui ne se sont pas
réalisées jusqu'ici et qui ne se
réaliseraient jamais si cette terre
demeurait maudite jusqu'à sa destruction et
la royauté du Christ purement spirituelle.
Pendant ce siècle-ci s'accomplit
la parole de Jésus : « Mon
règne n'est pas de ce monde »
(Jean
XVIII, 36), mais pendant le
siècle à venir s'accomplira cette
autre déclaration de Jésus à
Pilate : « Tu le dis, je suis
roi »
(Jean
XVIII, 37). Dans ce
siècle-ci, constituer une Église qui
règne, c'est produire un chef-d'oeuvre
peut-être, comme le catholicisme, mais de
contrefaçon ; c'est devancer le temps,
au plus grand préjudice de la vie
spirituelle. Dans ce siècle-ci, la vie
divine se manifeste avant tout dans les coeurs,
dans des vies individuelles et ce n'est qu'avec
peine qu'elle résout les questions
d'ordre social et
économique. Les bouleversements sociaux que
l'on rêve ne risquent-ils pas, pour le
moment, de se borner à un déplacement
d'égoïsmes ? Sans doute, toute
vraie conversion individuelle a des
conséquences sociales, mais ces
conséquences demeurent, par le fait que le
diable règne encore, de modestes pierres
d'attente ; ce qui ne veut pas dire, certes,
qu'il ne faille pas les ériger, ces pierres
d'attente : mais dans le siècle
à venir, des possibilités nouvelles
se réaliseront.
C'est d'abord la Création qui
sera comme libérée. Elle souffre,
elle a été maudite par le
péché de l'homme ; elle a
été soumise à la
vanité, à la corruption, au Tyran,
à l'Usurpateur. Quand « les fils
de Dieu seront
révélés »
c'est-à-dire quand la première
résurrection et l'enlèvement de
l'Église proclameront qu'une élite de
l'humanité a vaincu, quand d'autre part
l'ivraie sera brûlée et que le diable
sera enchaîné, notre planète
s'épanouira de nouveau dans une
atmosphère normale, dont les effets se
feront sentir par des lois à nous encore
inconnues jusqu'aux moindres des êtres
animés. C'est comme un souffle de douceur
qui se répandra partout. Le prophète
l'exprime sous cette remarquable image :
« Le loup habitera avec l'agneau, et la
panthère se couchera avec le
chevreau »
(Esaïe
XI, 6-8). Les hommes
cesseront de s'entre-tuer et comprendront les
bienfaits de la paix. « De leurs lances
ils forgeront des hoyaux et de leurs
épées des serpes ; une nation ne
tirera plus l'épée contre l'autre, et
l'on n'apprendra plus la guerre. Ils
habiteront chacun sous sa vigne
et sous son figuier et il n'y aura personne pour
les troubler »
(Michée
IV, 3).
L'antique aspiration des peuples vers
l'âge d'or sera satisfaite. La terre sera
redevenue une province de Dieu. On pourra plus
facilement qu'aujourd'hui pratiquer
honnêtement le négoce. On trouvera un
terrain d'entente pour solutionner les questions
sociales irritantes, parce que
l'égoïsme et la haine auront
diminué. La culture de la terre reprendra
ses droits ; on comprendra que la grande ville
est une absurdité et un malheur
(1). Les
élus qui accompagneront le Roi auront
l'honneur et la joie de travailler avec le
Maître à
l'évangélisation de gens qui ne
seront plus toujours excités au mal par les
puissances sataniques. Sans doute le coeur humain
sera encore charnel, mais enfin on aura à
faire à l'homme lui-même, avec ses
graves défauts sans doute, mais aussi avec
ses magnifiques qualités. L'homme alors sera
« assis »,
« habillé » et
« dans son bon sens », ce ne
sera plus ni un obsédé, ni un
possédé. On comprend le
parallèle que Paul fait dans 2
Cor. III, 7 et suivants :
« Si le ministère de la mort,
gravé sur des tables de pierre a
été glorieux.... combien le
ministère de l'Esprit sera plus
glorieux. » Et dans le
« siècle à
venir » ce sera le vrai triomphe de
l'Esprit. L'être humain qui entendra parler
de l'Évangile en comprendra la vraie valeur.
Il y aura des réveils puissants, la mission
fera des progrès
magnifiques, la terre entière se couvrira de
la connaissance de l'Éternel.
C'est alors que le Maître donnera
à l'un de ses collaborateurs « dix
villes » ou « cinq
villes » selon ses capacités et
qu'il répartira au plus juste les
responsabilités du travail. C'est alors
aussi que s'accomplira la prophétie de
Daniel : « L'Ancien des jours vint
donner droit aux saints du Très-Haut et le
temps arriva où les Saints furent en
possession du Royaume »
(VII,
22), et celle de Jésus
à ses disciples : « Je vous
le dis en vérité quand le Fils de
l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera
assis sur le trône de sa gloire, vous qui
l'avez suivi, vous serez assis sur douze
trônes et vous jugerez les douze tribus
d'Israël »
(Matth.
XIX, 28) et celle de
Paul : « Les saints jugeront le
monde »
(1
Cor. VI, 2). Aujourd'hui les
privilèges du peuple de Dieu sont
réduits à une spiritualité
nue, à un mode moral dépouillé
de tout caractère triomphant. Aujourd'hui
nous ne sommes que des
« mômiers »
méprisés. Alors Christ verra le monde
à ses pieds et ceux qui auront
été abaissés dans ce
siècle-ci et trouvés fidèles
dans l'épreuve de leur foi et de leur vie,
seront associés, dans le siècle
à venir, au triomphe de leur Roi.
À leur armée se joindra
celle des Juifs convertis. Paul donne clairement
à entendre que si Israël a
été rejeté en temps que
peuple, que si pendant un temps ses convertis se
confondent avec ceux d'entre les Gentils pour ne
former qu'un même corps, il viendra un jour
où le peuple juif, retourné en
Palestine, se convertira dans son élite et
il se produira « une
vie d'entre les morts » ; les dons
et les oracles de Dieu sont irrévocables.
Quand des hommes à la foi d'Abraham,
à la volonté de Moïse, au coeur
de David, à la sagesse de Salomon, à
la fidélité d'Élie prendront
sur eux de répandre l'Évangile, quels
missionnaires ne feront-ils pas ? Si nul n'est
capable de maudire comme le Juif, nul ne sait
bénir comme lui. C'est un vase dont les
capacités en bien comme en mal sont
immenses.
Combien de temps durera ce Règne
de paix ? L'Apocalypse répond :
mille ans. Évidemment il ne s'agit pas d'un
nombre d'années arithmétiquement
fixé à l'avance. On a dit, en se
basant sur ce chiffre, que le millénium
serait le grand jour sabbatique de
l'humanité, en appliquant à ce jour
d'une manière littérale la parole de
Pierre : « Un jour devant le
Seigneur est comme mille ans ». Il
deviendrait le septième jour de l'oeuvre de
Dieu depuis la Création. Deux mille ans
avant la loi, deux mille ans de Moïse à
Jésus, deux mille ans entre la
première et la seconde venue de Christ, le
septième millénaire serait le grand
sabbat, le grand repos terrestre. Il ne faut pas se
cramponner à cette symétrie. Avant la
loi, il s'est écoulé beaucoup plus
que deux mille ans ; les dynasties chinoises,
égyptiennes remontent très
haut ; l'homme primitif paraît avoir
dessiné dans les cavernes ses figures
grossières mais déjà
animées d'intelligence au temps où la
terre achevait de se constituer dans ses
dernières convulsions. Comme aussi
l'ère présente peut, selon l'emploi
que l'on fait de sa liberté, durer plus ou
moins longtemps. Mille ans est
un chiffre qui exprime une période
relativement longue mais pourtant limitée.
Ce qu'on peut dire concernant sa durée,
c'est qu'elle sera probablement moins longue que le
temps présent.
Pourquoi cette période
prendra-t-elle fin ? Ni le péché
ni la mort n'ont disparu et, à mesure que
l'Évangile fait des progrès, que le
nombre de ceux qui ont part au salut devient plus
grand, à mesure aussi que le coeur humain
s'habitue au mode de vivre nouveau, le mal
reparaît par une sorte de réaction
nécessaire. Il s'est laissé comprimer
pendant un temps, il vient un moment où il
explose. Il est dans la volonté de Dieu que
le mal prononce son dernier mot, exhale son dernier
souffle empoisonné. Par l'apparition sur la
terre de nouveaux hommes qui ont voulu le mal
consciemment, le diable recouvre sa liberté
et il prend la tête de la dernière
révolte. Ils sont nombreux, les ennemis,
comme le sable de la mer, mais un feu descend du
ciel et les dévore.
(Apoc.
XX, 9). Et le dragon, le
serpent ancien est enfin et définitivement
vaincu
(Apoc.
XX, 10).
Tous ces événements,
l'Écriture les enveloppe d'une sorte de
brume, elle ne veut pas que nous les
décrivions en termes trop
précis ; elle n'a soulevé qu'un
coin du voile. Comme elle, nous voulons rester dans
la sobriété, mais nous voudrions
trouver dans cette échappée sur le
millénium un stimulant à poursuivre
un double but.
Le premier, c'est que notre coeur,
conquis en fait comme en droit par le Prince de
paix, purifié du péché,
harmonisé, devienne en petit un monde
où règne le
millénium, un lieu où, nous
réfugiant loin des guerres, des
tiraillements, des tentations du mal, nous nous
trouvions dans le repos de la foi, un lieu dans
lequel « Satan soit
lié » par la puissance du Christ
et où nous ne nous rencontrions plus
seulement nous-mêmes, avec nos mauvaises ou
futiles pensées, mais où nous
trouvions le Christ sur le trône de notre
être intime. En nous réjouissant
à l'avance du millénium mondial,
demandons à Dieu qu'il nous fasse la
grâce de jouir dès maintenant d'un
millénium intérieur !
Et puis nous travaillerons avec courage
à multiplier la somme du bien. Nous
chercherons à diminuer, par un amour
ingénieux et actif envers le prochain, la
masse de péché et de souffrance qui
désole l'humanité. Notre coeur sera
un refuge aussi pour d'autres que pour nous et
là ils trouveront Christ, nous serons des
« Christophores » des porteurs
de Christ. Ainsi nous répandrons la
« bonne odeur de
l'Évangile » et ce sera
déjà comme les premières
émanations du Paradis retrouvé.
En
ce jour-là
les cieux passeront avec fracas, les
éléments embrasés se
dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle
renferme sera consumée. 2
Pierre III, 3.
Le ciel et la
terre
passeront, mais mes paroles ne passeront point. Matth.
XXIV,
35.
Et Dieu lui a
donné le pouvoir de juger parce qu'il est
fils de l'homme. Jean
V, 27.
Et il s'assiéra
sur le trône de sa gloire. Toutes les nations
seront assemblées devant lui. Il
séparera les uns d'avec les autres, comme le
berger sépare les brebis d'avec les
boucs.... Matth.
XXV,
31-46.
Et les morts
furent
jugés selon leurs oeuvres d'après ce
qui était écrit dans ces
livres. Apoc.
XX, 13.
Quand Esaïe disait :
« L'Éternel seul sera
élevé dans ce jour-là, toutes
les idoles disparaîtront, on entrera dans les
cavernes des rochers et dans les profondeurs de la
poussière pour éviter la terreur de
l'Éternel et l'éclat de sa
majesté »
(II,
18-19), on sent que le
prophète entrevoyait dans l'avenir le grand
jour du jugement. Ce jour, Joël et Sophonie
l'annoncent comme un jour d'obscurité et
d'angoisse ; les cieux sont
ébranlés et le ciel obscurci
(Joël
III, 15-16).
Jésus dépeint le
bouleversement universel et effrayant des forces de
la nature qui préludera à
l'apparition du Juge des vivants et des
morts : « Il y aura des signes dans
le soleil, dans la lune, dans les étoiles et
sur la terre, il y aura de l'angoisse parmi les
nations qui ne sauront que faire au bruit de la mer
et des flots ; les hommes rendant l'âme
de frayeur dans l'attente de ce qui surviendra pour
la terre »
(Luc
XXI, 25-26). Jean, l'auteur de
l'Apocalypse, est transporté en un temps
où la prophétie s'est
réalisée : « Le
premier ciel et la première terre ont
disparu et la mer n'est plus »
(XXI,
1). Le ciel et la terre sont
comparés à un vêtement qui
vieillit
(Ps.
CII, 27). Il y a comme une lente
usure qui désagrège le monde
physique, les éléments se dissolvent
et finissent par être
brûlés. D'après la
théorie moderne de Lebon, les
éléments qui sont sortis de
l'éther tranquille, devenu sous l'action
d'une force inconnue (3) l'éther
tourbillonnant,
retourneront par une série de lentes
combustions à l'éther tranquille.
Le monde passera ; ce superbe édifice
Un jour s'ébranlera jusqu'en ses fondements.
« Les astres fuiront dans l'espace
comme les coursiers que l'éperon fait
bondir, plus loin, toujours plus loin. Et soudain
l'oeil qui les suivait, épouvanté,
les cherche en vain, ils ne sont plus »
(4).
Et de toute l'existence de notre globe,
depuis le chaos sur lequel planait l'Esprit,
jusqu'à sa disparition, il ne restera plus
que les humains ressuscités.
Cette masse humaine se trouve
répartie en trois catégories. Les
élus ont été transmués
ou ont eu part à la première
résurrection ; ils se sont jugés
eux-mêmes, ils ne passeront plus par le
jugement ; ils sont même associés
au grand Juge et sont appelés à
prononcer sur le sort des anges déchus
(1
Cor. VI, 3). Ceux qui se sont
inféodés à l'Antichrist ou qui
se sont attachés au diable lors de la
dernière révolte, sont
déjà en état de
châtiment ; ils ont choisi le sort
réservé au diable et à ses
anges. Restent ceux des humains qu'une part
d'ignorance, d'erreur, a empêchés de
prendre position définitivement d'un
côté ou de l'autre et qui doivent
passer par le jugement.
Ce jugement c'est Jésus qui le
prononcera parce qu'il est « Fils de
l'homme ». Il a été homme
lui-même, il jugera en toute
impartialité ; il sait ce que c'est que
d'être homme. Il a possédé un
corps humain, il en connaît les exigences. Il
a vécu en famille ; ses frères
pendant un temps ne croyaient pas en lui, il sait
les difficultés à vaincre quand on
reste incompris des siens. Son être psychique
a été soumis à toutes les
émotions, à toutes les fluctuations
que connaissent les hommes. Il a été
lui-même tenté ; il sait la
puissance de l'adversaire qui use la volonté
et donne le change à la conscience. La vie
humaine du berceau à la tombe, de l'enfance
à l'âge mûr, n'a pas de secret
pour son expérience. De toutes les
circonstances atténuantes, il a d'ores et
déjà tenu compte.
Tous les morts sont rangés devant
celui qui occupe un trône dont la grandeur et
la blancheur indiquent le double caractère
de puissance et de justice absolues. Grands
seigneurs et gens du peuple, savants et sauvages,
fins diplomates et petits ouvriers, pères et
mères, fils et filles, voient passer leur
vie devant eux comme cinématographiée
dans tous ses détails. « Il n'y a
rien de caché qui ne doive se
découvrir, ni rien de secret qui ne doive
être connu. Ce qui s'est dit à
l'oreille sera publié sur les
maisons »
(Luc
XII, 2-3). Avec les actes, les
paroles, apparaissent aussi les mobiles, les
pensées de derrière la tête,
les intentions secrètes. Chacun rendra
compte pour lui-même
(Rom.
XIV, 12). La part de
responsabilité de chacun lui sera exactement
mesurée. Le
séducteur portera la
peine de la séduction mais le séduit
n'esquivera pas sa part d'acquiescement à la
séduction. Il sera tenu compte de tous les
éléments d'information, de
l'hérédité, du milieu, de
l'éducation, des appels au salut. Il sera
plus redemandé à celui auquel il aura
été plus donné ; le
serviteur qui aura connu la volonté de son
maître sera battu de plus de coups. La
piété formaliste, comme le
« patois de Canaan » seront
percés à jour. Alors quelques-uns
s'écrieront : « Seigneur,
Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé
en ton nom, n'avons-nous Pas chassé des
démons, fait des miracles en ton
nom ? » Il leur
répondra : « Je ne vous ai
jamais connus, retirez-vous de moi, ouvriers
d'iniquité » ( Matth.
VII, 21-23).
Par contre ceux qui auront
été intérieurement
fidèles à ce que leur part de
révélation leur a permis de
connaître, les sincères, les coeurs
sans fraude, seront reçus en grâce
quand bien même ils auront tenu un autre
langage que certains chrétiens bien pensants
mais étroits.
La sincérité est la
condition primordiale que Dieu exige. Ce qui ne
sera pardonné ni dans ce siècle ni
dans celui qui est à venir, c'est de jouer
avec sa conviction. Quand les pharisiens disent
à Jésus : « Tu chasses
les démons par Belzébul, le prince
des démons », ils sont
intérieurement convaincus du contraire, mais
à bout de sophismes, ils lancent à
Jésus leur odieux blasphème.
Nous faisons avec nos enfants un petit
jeu, celui du dé. L'enfant le cache et nous
le cherchons. Bébé n'a pas su le
mettre à couvert, nous le découvrons
bien vite mais, pour amuser l'enfant, nous
continuons nos investigations là où
le dé n'est pas. Ce que
l'on fait par amusement est un crime quand la
vérité et le salut sont en jeu. Nous
savons où Dieu a mis la
révélation de sa
volonté : dans sa Parole et dans notre
conscience ; nous entendons sa voix nous
réclamer tel acte d'obéissance, tel
sacrifice et nous nous donnons l'air de ne pas
comprendre ; c'est risquer l'endurcissement.
Voilà l'hypocrisie qui, impitoyablement,
sera mise au jour.
Chacun sera jugé selon ses
oeuvres. C'est la vie d'un chacun qui parlera pour
ou contre lui. « On juge l'arbre à
ses fruits, a dit Jésus, tout arbre qui ne
porte pas de bons fruits sera coupé et
jeté au feu. » « Celui
qui demeure en moi, dit encore le Seigneur, et en
qui je demeure porte beaucoup de fruit. Si
quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté
dehors comme le sarment, il sèche et on
ramasse les sarments, on les jette au feu et ils
brûlent »
(Jean
XV, 1-6).
L'oeuvre de chacun, selon Matthieu
XXV, 31-46 acquiert une
valeur et une portée infinies. Quand le
Berger eut séparé les brebis d'avec
les boucs et achevé ce triage en vertu de sa
connaissance parfaite de tous, il dit aux brebis
qui se trouvaient à sa droite :
« Vous, les bénis de mon
Père, prenez possession du Royaume qui vous
a été préparé
dès le commencement du monde. »
Quelle parole ! quelle joie intense se
répandra dans le coeur de ceux qui
l'entendront ! Avez-vous déjà
passé des examens importants ? Vous
savez alors quel moment c'est pour
l'étudiant que celui où son nom
paraît dans la liste de ceux qui ont
réussi ; il jette sa coiffure en
l'air ; il ne peut contenir sa joie ;
surtout si, pendant l'examen de
certaines branches, il a eu la sensation claire de
côtoyer l'abîme. « J'ai eu
faim, j'ai eu soif, j'étais
misérable, continue le Roi et vous avez eu
soin de moi. »
- Mais quand t'avons-nous
secouru ?
demandent ces bienheureux, nous ne t'avons jamais
vu dans le dénuement.
Ils ne se souviennent pas, ils n'ont pas
l'impression d'avoir jamais accompli quelque chose
d'extraordinaire.
Et le Roi répondra :
- En temps que vous avez fait ces choses
au plus petit d'entre mes frères, vous me
les avez faites à moi-même !
Ainsi de cette parole se dégage cette
extraordinaire pensée, que Jésus
s'identifie avec les pauvres, avec les petits et il
envisage comme fait à lui-même le bien
ou le mal dont ils sont les
bénéficiaires ou les
victimes.
Sur le chemin de Damas, Paul
s'écrie :
- Qui es-tu ?
Et Jésus
répond :
- Je suis Jésus que tu
persécutes.
Ce n'étaient donc pas seulement
quelques malheureux chrétiens des bourgs de
Palestine, c'était Jésus
lui-même que le persécuteur
traînait devant le
Sanhédrin !
Que nos actions prennent une toute
nouvelle importance à cette
lumière ! Comment ? Quand j'ai
malmené, ce pauvre vieux, quand j'ai
scandalisé cet enfant, c'était le
coeur du Sauveur que j'atteignais ! Et quand
j'ai joyeusement partagé mon
morceau de pain avec cet
affamé, quand j'ai renoncé à
une journée de vacances pour visiter ce
prisonnier, le Seigneur prenait pour lui ce
léger sacrifice ! Avec l'aide de Dieu,
je ne ferai dorénavant plus rien qui puisse
porter préjudice à mon
frère ; je veux au contraire faire pour
mon Sauveur invisible, en la personne de ceux qui
souffrent, ce que j'aurais tant de joie à
lui prodiguer, s'il entrait, visible, sous mon
toit.
Ce principe de juger selon les oeuvres
ne contredit en aucune façon le salut par la
foi, enseigné déjà par
Jésus et mis en lumière par les
apôtres. Les oeuvres ne sont en
définitive, que la manifestation
extérieure de l'état
intérieur ; elles
décèlent le principe directeur de la
vie de chacun. Et les oeuvres dont il s'agit,
devant le trône du Juge, ne sont point des
oeuvres intéressées, car ceux qui les
ont faites ne se doutent pas de leur valeur. Elles
ont été la projection naturelle au
dehors de la foi et de l'amour qui vivaient au
dedans. Et cette attitude et cette foi et cet amour
c'était encore une grâce de Dieu, de
sorte que tout est grâce quand même.
« Par la grâce, je suis ce que je
suis, disait Paul et sa grâce envers moi n'a
pas été vaine ; j'ai
travaillé plus qu'eux tous, non pas moi
toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec
moi »
(1
Cor. XV, 10), de sorte que
l'attitude qui sauve ou qui perd c'est en
définitive d'accepter ou de refuser la
grâce de Dieu en nous.
Que personne d'entre nous, lecteurs, ne
se trouve un jour parmi ceux qui entendront, avec
un frisson d'épouvante, la parole du
souverain juge : « Retirez-vous de
moi, maudits. Allez dans le feu éternel qui
a été
préparé pour le diable et pour ses
anges.... car en temps que vous n'avez pas fait ces
choses à l'un de ces plus petits c'est
à moi que vous ne les avez pas
faites. »
Et
je vous prendrai
avec moi, afin que là où je suis vous
y soyez aussi. Jean
XIV, 3.
Bien-aimés,
nous sommes maintenant enfants de Dieu et ce que
nous serons n'a pas encore été
manifesté, mais nous savons que lorsque cela
sera manifesté, nous lui serons faits
semblables, parce que nous le verrons tel qu'il
est. Quiconque a cette espérance en lui se
purifie comme lui-même est pur. 1
Jean III, 2-3.
Ses serviteurs le
serviront et verront sa face et son nom sera sur
leurs fronts. Il n'y aura plus de nuit ; ils
n'auront besoin ni de lampe ni de lumière,
parce que le Seigneur Dieu les éclairera et
ils régneront aux siècles des
siècles. Apoc.
XXII, 4-5.
À Celui qui est
assis sur le trône et à l'Agneau
immolé soient la louange, l'honneur et la
force au siècle des
siècles ! Apoc.
V, 13.
Déjà dans le coeur de
l'Israélite pieux, il y avait comme une
nostalgie du ciel : « Je voudrais
habiter toute ma vie dans la maison de
l'Éternel, pour contempler la magnificence
de l'Éternel et pour admirer son
temple »
(Ps.
XXVII, 4), disait le Psalmiste.
Il sait que son désir s'accomplira un jour,
il en a la joyeuse certitude :
« J'habiterai dans la maison de
l'Éternel jusqu'à la fin de mes
jours »
(Ps.
XXIII, 6). Et là il
jouira d'un « rassasiement de
joie » et de « délices
éternelles »
(Ps.
XVI,
11).
Et pourtant le Psalmiste ne connaissait
qu'une partie de la révélation. Il ne
savait rien du Seigneur Jésus. On comprend
combien les apôtres qui l'avaient connu et
aimé de son vivant devaient se
réjouir d'être avec lui toujours.
Quelle perspective pour Pierre qui avait eu le
privilège de dire de bouche à
Jésus : « Tu sais que je
t'aime. » Et Jean, de quelle affection
n'avait-il pas entouré son
Maître ? Et Thomas lui-même,
quelle adoration il exprimait à
Jésus, son Seigneur et son Dieu. ! Ces
hommes ne devaient-ils pas savourer à
l'avance la promesse : « Je vous
prendrai avec moi afin que là où je
suis vous y soyez aussi » ? Et Paul
lui-même qui avait - autrement que les onze
mais non moins profondément -
goûté combien le Seigneur est bon
« préférait quitter ce
corps pour être toujours avec le
Seigneur ».
Et nous-mêmes qui l'aimons sans
l'avoir vu, ne tressaillons-nous pas
d'allégresse par moment en pensant à
notre réunion avec Lui ?
Quand nous cherchons à nous
représenter ce que sera la vie du ciel,
c'est la pensée de la joie, d'une joie
infinie, qui fait battre notre coeur
d'espérance. Il nous paraît naturel
que la joie du ciel soit faite en premier lieu
d'une reconnaissance inexprimable envers Celui qui
nous a arrachés à la condamnation.
C'est dans l'au-delà seulement que nous
mesurerons la profondeur du gouffre auquel nous
aurons échappé. La perdition nous
apparaîtra dans sa tragique
réalité, nous jugerons le
péché dans toute son horreur, avec
des yeux de « saints ». Quels
accents de reconnaissance ne ferons-nous pas monter
vers « l'Agneau
immolé, » et vers celui qui l'a
donné. Alors l'amour de Dieu nous
éblouira comme le soleil ! Alors sa
grâce nous semblera un océan dont nous
essayerons vainement de mesurer l'étendue et
la profondeur. Alors, nous redirons la doxologie de
l'apôtre :
« O profondeur de la richesse,
de la sagesse, et de la grâce de
Dieu »
À la joie de reconnaissance se
mêlera la joie de connaissance. Nous
connaîtrons « comme nous avons
été connus ». Une
clarté inattendue, mais qui satisfera
à la fois l'esprit, le coeur, la conscience,
dissipera tous les
« pourquoi ». Le plan de Dieu
à l'égard de l'univers et des
individus apparaîtra dans la perfection du
détail et de l'ensemble. Nous verrons notre
vie terrestre se dérouler derrière
nous, toute traversée d'interventions
divines admirables, et nous comprendrons que toutes
choses ensemble, même celles qui nous
paraissent à présent les plus
douloureuses, ont effectivement concouru à
notre plus grand bien. Nous connaîtrons les
patriarches, les prophètes, les
apôtres, les martyrs, cette
« nuée de
témoins » qui nous a
précédés dans la
carrière. Avec eux nous bénirons
« le Chef et le Consommateur de la
foi ». Nous connaîtrons ceux qui
nous ont été en
bénédiction et ceux pour lesquels
nous avons été à notre tour,
et peut-être à notre insu, un moyen de
salut. Mais surtout nous connaîtrons sans
voiles notre bien-aimé Roi et « le
voyant tel qu'il est nous lui serons faits
semblables ». Quelle perspective !
Qui n'aurait désiré vivre au temps du
Christ historique, suivre son cortège de
disciples, boire ses paroles,
manger du pain miraculeux, sentir sa main
bénissante se poser sur nos lèpres
physiques et morales, rencontrer son
regard.... ? Patience !... Nous le
verrons, nous l'entendrons, non pas tel qu'il a
été dans l'abaissement, mais
« tel qu'il est ». Dans sa
prière sacerdotale, Jésus demandait
que les siens fussent avec lui « afin
qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as
donnée, parce que tu m'as aimé avant
la fondation du monde. » Et de contempler
celui qui a été homme comme nous,
« notre frère », de le
retrouver dans sa position de Fils unique et de
voir au-dessus de lui le rayonnement de la face du
Père, nous en serons nous-mêmes
rayonnants de joie.
Nous aurons le bonheur de porter bien
visible en nous l'image de Dieu. Notre être
actuel, au corps chétif, aux appétits
grossiers, aux facultés limitées sera
parvenu au plein épanouissement de sa
destination. Un corps céleste, aux sens
affinés, un coeur vibrant comme une lyre
parfaitement accordée, une intelligence
infiniment développée, serviront une
volonté sanctifiée qui ne voudra plus
que ce que Dieu veut, et cet ensemble constituera
un être nouveau qui sera pour le ciel un
enrichissement. Les drachmes perdues et
retrouvées seront pour leur légitime
propriétaire un vivant trésor. Nous
serons alors, non plus seulement en poésie
mais en réalité et en gloire, la race
de Dieu. Ce but de devenir comme des dieux - qui
était le but de Dieu - mais que Satan a
proposé à Adam de poursuivre sur le
chemin de la désobéissance et par
motif d'orgueil, sera atteint par voie
d'obéissance et pour la gloire du
Père.
Mais l'apogée de la joie du ciel
sera de travailler encore pour le Seigneur,
à la place exacte qui conviendra à
notre mentalité. Plusieurs paroles de
Jésus donnent à penser qu'il
emploiera ses élus à des oeuvres
nouvelles. « Régner avec
Christ » n'implique-t-il pas
l'idée d'un travail de gouvernement ?
Sans doute un tel règne s'établira
sur la terre pendant le millénium, mais on
peut supposer que l'amour de Dieu et de son Fils
n'est pas limité à notre terre et
qu'il s'étend à d'autres univers,
qu'il achèvera de se réaliser au
cours de nouvelles économies ? Quelle
joie de collaborer avec des organes puissants et
pourtant soumis, sans plus calculer avec la
possibilité de pécher, à une
série de victoires sous le regard de
« I'Admirable », du
« Conseiller », du
« Dieu fort ! »
Quand Paul fut enlevé jusque dans
le Paradis, qu'il y entendit et y contempla des
choses ineffables, il y entrevit quelque chose des
angoisses de la perdition et des
félicités du salut. Nous comprenons
dès lors qu'après avoir jeté
ce regard dans l'au-delà, il ait
supplié « avec larmes »
ses auditeurs d'être
réconciliés avec Dieu. Pour lui qui
avait aperçu de ses yeux les
réalités éternelles,
c'était une poignante douleur que de voir
quelqu'un refuser la grâce de Dieu.
Ne serait-ce pas aussi de notre part une
véritable folie que de nous priver
volontairement de la joie du ciel ? Quand
saint Jean annonçait cette merveilleuse
perspective d'être faits semblables à
Christ, c'est-à-dire, si les mots ont un
sens, de devenir comme Lui, des êtres
à la fois divins et humains,
engendrés de l'homme par
la première naissance et nés de Dieu
par la seconde, il ajoutait « quiconque a
cette espérance en Lui se purifie aussi
comme lui est pur. » Ici-bas
déjà il nous faut lui être
faits semblables par la
régénération pour que
là-haut cette ressemblance puisse
s'achever.
Que la puissance du sang de Jésus
pénètre en nous jusqu'à
l'intersection des moelles et nous purifie de toute
souillure de la chair et de l'esprit !
Et maintenant, cher lecteur,
après nous être assis ensemble au bord
du chemin pour essayer de comprendre dans le livre
de Dieu quelque chose du plan du salut, nous nous
lèverons et nous continuerons notre chemin
pleins de courage « joyeux dans
l'espérance ». Comme le
pèlerin de John Bunyan, du haut des
« montagnes
délectables », nous avons vu
resplendir au loin les portes de la Cité
céleste.
- O Jésus, ô mon Roi !
- Quand irai-je vers toi ?
- Quand te verrai-je ?
- Au cantique nouveau
- Que l'on chante à l'Agneau,
- Quand m'unirai-je ?
- Seigneur encore un pas,
- Et ma course ici-bas
- Sera finie !
- Là je t'adorerai,
- Là je t'exalterai,
- Prince de vie.
Chapitre précédent Table des matières -