Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XV

Quelques perplexités de position, de conscience et de prières.

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Ps. XXV, 4, 5.

 O Éternel ! fais-moi connaître tes voies ; enseigne-moi tes sentiers. Fais-moi marcher dans ta vérité et enseigne-moi, car tu es le Dieu de mon salut ; c'est à toi que je m'attends tout le jour.



Cette prière est évidemment celle d'un homme à qui ses propres forces et ses propres lumières échappent. Il ne sait quel chemin il doit tenir ; ses pieds sont dans des filets ; il est seul et affligé, il parle de détresses qui se sont augmentées, d'angoisses dont il voudrait être délivré ; il a des ennemis, des souvenirs qui l'accusent ; son âme est en un mot dans un état de travail.

Quand tout cela se rencontre, que faire ? Se présenter simplement à Dieu tel qu'on est ; prier, soupirer et attendre. Heureux ceux qui, dans une situation semblable, ne perdent pas courage, et qui se rappellent que, quoi qu'il en soit, Dieu est le Dieu de la délivrance, et qu'aucun de ceux qui s'attendent à lui, ne sera confondu !

Tout ce psaume est le langage d'une âme qui lutte, et qui lutte avec foi. Une petite foi est encore de la foi ; le Seigneur n'éteint point le lumignon qui fume encore. Quand notre âme passe par de pénibles combats, assurons-nous tout d'abord de notre droiture et de notre intégrité ; cherchons s'il n'y a pas en nous quelque chose de louche ni de double, et si nous pouvons nous rendre le témoignage qu'il n'y a dans notre coeur rien de semblable, soyons certains alors que ces gros nuages se dissiperont, quoique nous soyons maintenant attristés pour un peu de temps par diverses épreuves.

Ces combats de notre foi deviendront de l'or pur et nous tourneront à louange, à honneur et à gloire, lorsque Jésus-Christ paraîtra.

Était-ce à propos d'une détresse matérielle ou d'une lutte spirituelle que le Psalmiste se jetait aux pieds de son Dieu ? Nous ne le savons pas ; ce pouvait être à cause de l'une et de l'autre. Il est rare, en effet, que la conscience n'ait pas à lutter quand on est aux prises avec l'adversité ; et d'un autre côté, la souffrance spirituelle influe presque toujours aussi sur notre vie matérielle.
Nous sommes composés d'esprit et de chair ; chaque coup occasionne un contrecoup, un abîme appelle facilement un autre abîme. Mais la courte prière du Psalmiste nous montre aussi le secret de notre force, quelle que soit notre situation. Éternel ! dit-il, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers.

Voilà la vraie prière, car la connaissance de la volonté de Dieu est aussi la connaissance de la ligne de conduite que nous devons tenir. Quand nous avons cette première lumière il ne restera plus qu'à ajouter : « Fais-moi marcher dans ta vérité. Je vois ta vérité ; donne-moi le courage de suivre le bon chemin qu'elle m'indique, de n'en plus chercher d'autre ; enseigne-moi en me fortifiant, et fortifie-moi en m'enseignant ; répète-moi que tu es le Dieu de ma délivrance, que cette délivrance m'attend au bout du combat, et si je dois l'attendre jusqu'au soir, eh bien, ô mon Dieu ! je m'attendrai à toi tout le jour. » - C'est le Psalmiste qui parle ainsi, ce n'est pas nous.

Les embarras de la vie sont nombreux et variés, mais Dieu est toujours également puissant ; il ne lui est pas plus difficile de nous tirer d'une grande détresse que d'une petite, si nous croyons. La prière du Psalmiste convient surtout dans trois espèces de perplexités que nous rencontrons souvent ici-bas ; je veux parler des perplexités de position, des perplexités de conscience et des perplexités de prière. Examinons-les successivement, et voyons ce qu'il faut faire quand nous y serons exposés.


I.

 Il y a, ai-je dit, des perplexités de position. Notre position peut devenir difficile tantôt par le genre d'occupations auquel nous nous livrons, tantôt par l'encombrement de ces occupations, tantôt par le frottement inévitable avec certains caractères, tantôt par l'indécision où l'on est, si l'on doit quitter la position où l'on se trouve, ou y rester encore.

Vous avez, admettons-le, une position qui vous astreint à des occupations difficiles, et dont, à tout instant, il vous semble que vous ne pouvez venir à bout. Que faire dans ce cas-là ? Votre force, c'est avant tout de vous assurer que vous êtes où Dieu vous a mis. La certitude d'être dans sa volonté sera tout à la fois votre lumière et votre délivrance. Ce premier point bien établi, abattez-vous journellement devant lui, car il vous a promis de vous rendre intelligent en toutes choses ; recherchez aussi une communion très intime avec Jésus-Christ, car en lui sont renfermés tous les trésors de la sagesse et de la science.

Quand le Seigneur place son enfant à un poste, il lui donne aussi la capacité nécessaire pour le remplir, sinon aujourd'hui, du moins plus tard. Plus vous aurez de courage, plus vous aurez de lumières, tandis que l'abattement du coeur amène à sa suite l'obscurcissement de l'intelligence.
Vivez de foi dès que vous savez avec certitude que vous êtes dans la volonté de Dieu. La lumière est semée dans les ténèbres pour ceux qui sont droits de coeur. Voyez quelle force saint Paul puisait dans l'assurance qu'il était apôtre, non de la part des hommes, ni par aucun homme, mais par Jésus-Christ et Dieu son Père.
Que si votre position ne vous a pas été assignée par Dieu, mais que vous vous y soyez placé vous-même, et qu'il ne vous soit plus possible d'en sortir, commencez par accepter comme un juste châtiment les difficultés dont elle vous entoure ; vous avez fait une faute, humiliez-vous-en sincèrement devant Dieu, mais croyez fermement aussi que si vous déplorez véritablement votre faute rien n'est perdu. Dieu peut se servir de votre position même, pour en tirer un grand bien pour vous et pour lui.
Vous le glorifierez, si vous acceptez humblement les embarras du moment et que vous n'abandonniez pas votre espérance.

J'ai dit en second lieu que notre position peut nous mettre en perplexité par un encombrement d'affaires. Il y a en effet des moments où tout s'accumule ; on ne sait ni par où commencer ni par où finir. Ne perdez pas la tête alors ; faites d'abord ce qui est le plus pressé, le plus nécessaire, et ne vous embarrassez pas du reste. Ne pensez pas au lendemain ; Dieu y avisera. Si le travail s'allonge, les minutes s'allongeront aussi. Faites-vous une bonne disposition d'esprit, en travaillant avec confiance ; vous ferez alors plus de besogne et en moins de temps que si vous vous pressiez outre mesure, poursuivi par la crainte de ne pas finir à temps.
Quand l'essentiel sera fait, passez avec diligence à une seconde, à une troisième affaire. Le courage donne la force et l'exercice rend habile. Gardez Dieu à vos côtés, et il soulèvera vos montagnes les unes après les autres ; vous verrez alors combien le repos est doux quand on a été fidèle jusqu'à la fin.

Quant aux difficultés qui nous viennent du caractère des personnes avec qui nous avons affaire, dites-vous bien qu'il faut prendre les hommes comme ils sont, puisqu'il est certain qu'on ne peut les façonner comme on le désire. Il y a dans toutes les positions, soit dans notre demeure, soit hors de chez nous, des personnes avec qui nous avons des rapports obligés et qui peuvent nous donner bien du tourment. Voici ce que nous vous conseillons à regard de ces personnes.
Restez passif envers elles, autant que cela peut se faire, et ne prenez l'initiative que lorsque cela est absolument nécessaire ; mais alors, au lieu de vous livrer à l'emportement de votre nature, mettez-vous sur le terrain de ces personnes ; cherchez à entrer dans leur individualité ; ne parlez pas selon ce que vous êtes vous-même, mais parlez autant que possible eu vous plaçant à leur point de vue. La douceur brise les os, mais partout où il y a du zèle amer et de l'esprit de contention, il y a du trouble et toutes sortes de mauvaises actions.
Si pourtant il n'y a pas moyen, sans manquer à la fidélité, de leur complaire dans ce qu'elles demandent, montrez alors une fermeté sans acrimonie et sans passion. Les mauvais caractères sont toujours à plaindre ; ce sont des victimes du péché ; soyez donc pour eux ce que Jésus-Christ a été pour vous, et si par ces ménagements vous ne les convertissez pas, vous aurez du moins beaucoup avancé votre propre sanctification. Les personnes pour qui nous avons le plus d'aversion, sont souvent celles qui nous sont le plus nécessaires, et quand l'Éternel prend plaisir aux voies d'un homme, il apaise envers lui ses ennemis mêmes.

J'ai indiqué une dernière espèce de perplexité ; c'est celle où l'on est dans l'indécision si l'on doit sortir de sa position actuelle ou y rester. L'Écriture dit en thèse générale : Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il a été appelé. Il peut y avoir des exceptions, il est vrai.
Si Dieu vous fait sortir de votre position par la force des circonstances, sa volonté est claire ; vous devez en sortir et sans regret ; mais souvent il n'en est pas ainsi. Il y a des cas où un avenir qui semble meilleur s'ouvre naturellement devant nous, sans que l'on soit positivement forcé d'abandonner la position où l'on se trouve. Examinez bien dans ces cas si le motif qui vous ferait désirer un changement est un simple goût, un appât de fortune, d'honneur, l'espérance d'être délivré d'une croix, en un mot, un motif purement humain. Si le motif qui vous détermine est de cette nature, il est presque certain qu'en changeant de position, vous empirez votre sort au lieu de l'améliorer. C'est alors qu'il faut répéter la prière du Psalmiste : Éternel ! fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers.

Cherchez premièrement la gloire de Dieu ; que la vôtre vienne après, vous n'y perdrez rien. Et comme il est pourtant possible que tout en ayant le désir de ne regarder qu'à la gloire de Dieu, vous ne sachiez quelle détermination vous devez prendre, ayez pour règle, en cas d'indécision, de ne rien précipiter et de garder le statu quo aussi longtemps que faire se peut. La tournure que prendront les choses vous indiquera ce que vous devez faire, surtout si vous continuez à prier et à vous mettre à la disposition de Dieu. Si cette suspension vous devenait trop pénible en se prolongeant, essayez de prendre une résolution et voyez si elle se maintient. Souvent on voit plus clair quand on est décidé que pendant qu'on est indécis ; la joie qui vous manquait viendra peut-être quand vous vous serez déterminé d'une manière ou de l'autre, pourvu que ce soit avec foi, car ce qu'on fait avec foi devient toujours une bénédiction.


II.

 Disons maintenant un mot des perplexités de conscience.
Il y a des consciences qui ne sont pas entièrement tranquilles, qui éprouvent un certain malaise dont on ne découvre pas toujours la cause réelle. Ce malaise est quelquefois le caractère général d'une conscience ; quelquefois aussi il ne se fait sentir que par intervalles et à propos de certains faits qu'il faut rechercher.

On trouve beaucoup de personnes qui sont dans le premier cas. Leur conscience n'est jamais entièrement à l'aise ; elles ont un fond d'inquiétude qui, malgré des convictions bien réelles, les empêche de jouir de la paix qui accompagne l'assurance joyeuse du salut. Ces personnes ont sincèrement reçu l'Évangile, et cependant leur vie intérieure est empreinte d'un certain caractère de tristesse ou de sécheresse. Les causes de cet état maladif ne sont pas toujours les mêmes. Il faut que ces personnes s'examinent bien pour savoir d'abord de quelle manière elles ont reçu l'Évangile, par quel côté de leur nature il les a atteintes, s'il a véritablement frappé leur coeur et leur conscience, ou si peut-être il n'aurait pas principalement agi sur leur tête et leur imagination.
Qu'elles examinent ensuite si elles ne retiennent rien qui puisse être un interdit ?
Se sont-elles rencontrées avec leurs péchés ? désirent-elles sincèrement d'être guéries ? prient-elles, soupirent-elles pour cela ?
Les perplexités de la conscience viennent fort souvent de la mollesse de la volonté et d'une répugnance intérieure à se donner véritablement au Seigneur.

Pour d'autres personnes, le manque de paix vient d'un reste caché de justice propre. À côté de la foi qu'elles ont en Jésus-Christ, elles ont encore un peu foi en elles-mêmes, en leur valeur personnelle, en leur capacité, en leur sanctification. Le sauveur qu'elles connaissent n'est pas le Sauveur entier et parfait de l'Évangile ; c'est un aide ; elles coupent en deux le manteau de justice de Christ. Peut-être aussi ne sont-elles pas véritablement affranchies ; si la justice personnelle peut lier la conscience à la crainte, les soucis, les souvenirs de péché le font aussi. Celui qui n'a pas vu l'obligation qui existait contre lui, clouée à la croix de Jésus, peut sentir toutes les perplexités intérieures qui remplissent la conscience d'égarements et la vie d'épines. C'est la foi qui manque alors, c'est l'abandon du coeur, une entrée plus confiante au sanctuaire de la rédemption. Ces personnes doivent chercher à faire une expérience plus vivante de l'efficacité du sang de Christ ; il faut qu'elles sachent que l'oeuvre du Sauveur enveloppe toutes nos misères, couvre toutes nos craintes, celles qui concernent les fautes qui sont derrière nous, aussi bien que celles qui sont devant nous.
Chaque fois que notre conscience nous travaille et nous accuse, il faut sans doute l'écouter avec soin, mais il faut se souvenir aussi que ce n'est pas la conscience qui prononce en dernière instance : c'est la grâce. Les chrétiens mal affranchis s'arrêtent trop à leurs impressions personnelles, et surtout à leurs mauvaises impressions : leurs rapports avec Jésus-Christ ne sont pas assez ceux d'un malade avec son médecin, ou ceux d'un ami avec son intime ami.

Si le malaise de la conscience tient à certains faits isolés, il faut chercher à les connaître : II y a certaines racines qui, même après la conversion, font encore cruellement souffrir, et qui, si on ne les surveille de près, repoussent tout à coup, avec une recrudescence alarmante.
Les caractères passionnés, susceptibles ou orgueilleux ; les coeurs enclins à l'envie, à la méfiance, à l'attachement aux biens du monde, à la colère, ne changent pas si foncièrement, qu'on soit absolument quitte de l'influence de ces péchés sur la vie chrétienne. Mais les mauvais mouvements qu'ils occasionnent sont plus cachés ; on leur donne des noms qui dissimulent leur présence, on n'aime pas à constater leur identité quand on les aperçoit. Le malaise de la conscience est le châtiment de cette déloyauté.

Si donc vous êtes mal avec vous-même, sans trop savoir pourquoi, demandez que l'Esprit de Dieu vous fasse remonter à la cause première. Ne serait-ce point parce que vous avez usurpé une gloire qui ne revenait qu'à Dieu ? parce que vous vous êtes soustrait à quelque devoir qui vous était pénible ? parce que vous n'avez pas étouffé un ressentiment qui vous ôte la paix ? parce que vous avez entassé quelques petites négligences qui ont produit du relâchement dans vos prières ? parce que vous avez laissé passer quelques jours sans vous juger vous-même, et que l'atmosphère du monde a étouffé la repentance journalière ?

Le malaise, un grand malaise même, est bientôt là, quand, à la fin de ses journées, on n'examine pas avec Dieu l'emploi de ses heures, le détail de ses actions, quand les rapports avec lui se détendent au lieu de se resserrer, et que la voix de sa parole n'a plus le retentissement qu'elle doit avoir.
Une infidélité en amène une autre ; il n'y a qu'une vie intérieure soigneusement entretenue, qui tienne à distance les perplexités de la conscience. Si vous vous sentez dans un état de confusion, dites avec le Psalmiste : Éternel ! fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers. Si vous ne craignez pas la lumière, elle jaillira dans vos ténèbres, et votre rétablissement spirituel dépendra de l'usage que vous eu ferez.


III.

 Venons-en à une troisième et dernière classe de perplexités, celles que nous rencontrons dans la prière.
Aussi longtemps qu'on peut prier, tout va bien ; une prière chaleureuse et fervente est un flambeau qui éclaire les profondeurs de l'âme, mais quand la prière est empêchée, nos perplexités commencent. Quelquefois nous avons tant de choses à dire à Dieu, et des choses si diverses, que cette multiplicité même nous jette dans l'embarras. On cherche un moment de retraite pour se soulager, on s'abat dans la poussière, mais les choses qu'on voudrait dire à Dieu se croisent et arrivent avec tant de désordre, que, ne pouvant s'arrêter à rien, on se fatigue en pure perte, et la prière devient une véritable perplexité.
D'autres fois, on aurait le temps nécessaire pour prier, et moins de choses à dire, mais on se sent si mort, si relâché, qu'on n'a aucune confiance en la prière qu'on peut faire en cet état, car l'âme ressemble à une ville ouverte à tous les assauts de l'ennemi.
Quelquefois, c'est tout le contraire : on a pu prier avec persévérance et même avec larmes, pour tel sujet qui concerne notre sanctification, et malgré cette lutte avec Dieu, on n'observe aucun changement en bien. Il serait impossible, pense-t-on, de prier avec plus de ferveur, mais le résultat qu'on attend n'arrive pas.
Ou bien l'on est sur un lit de maladie ; des douleurs physiques nous agitent ; on se tourne et retourne sur sa couche, sans pouvoir rencontrer Dieu. La même chose peut arriver quand on est au fort d'une épreuve. Il y a de ces coups qui nous enlèvent à nous-mêmes, et sous lesquels la prière est en nos mains comme une arme brisée.

Ces situations, et d'autres qui leur sont analogues et que nous n'indiquons pas, sont douloureuses à porter, mais elles n'ont rien d'effrayant ; le Saint-Esprit n'a pas de méthode pour nous apprendre à prier. C'est prier aussi et même fort bien que de se présenter à Dieu sans chercher de paroles, mais dans la persuasion qu'il comprend tout ce qui nous charge, que notre désir est devant lui, et que notre gémissement ne lui est point caché.
Le gémissement n'est-il pas une prière, et Jésus-Christ à Gethsémané a-t-il prié autrement ? Qu'est-ce que Dieu réclame en définitive ? N'est-ce pas avant tout une âme froissée et brisée par le sentiment de son incapacité ? Vous voudriez prier et vous avez trop de choses à dire, mais la soif de la prière est déjà une oeuvre de prière, et tant qu'on découvre en soi une oeuvre de l'Esprit de Dieu, c'est signe que l'on est parfaitement dans l'ordre. Vous trouvez vos prières mauvaises, vous n'y mettez aucune confiance. Savez-vous ce qui vous donne le sentiment de cette pauvreté ?
C'est l'Esprit de Dieu. Vous voyez donc qu'il agit au moment même où vous croyez qu'il vous oublie. Vous priez sans résultat : mais le plus beau résultat de la prière n'est-ce pas cette persévérance même dans la prière ? Un homme qui prierait toute sa vie et qui ne gagnerait pour tout résultat que ce point-ci, de continuer à prier sans découragement, pourrait encore faire envie, car est-il un signe plus sûr qu'on est aimé de Dieu, que de sentir continuellement qu'on ne peut se passer de Dieu ?

Dans la maladie, dans les épreuves si nombreuses de la vie, vous ne pouvez prier ; mais n'avez-vous donc personne à qui remettre votre cause ? N'avez-vous pas un Intercesseur, un Avocat auprès du Père, et ces cris saccadés, ces prières sans ensemble, n'est-ce pas le Consolateur qui les crée, et ne sont-ils point parfaitement intelligibles pour l'Éternel ? Ah ! ne donnez pas tant d'importance aux paroles ; ce que Dieu estime, c'est l'affection du coeur que la perplexité n'empêche pas. Ne vous plaignez donc plus, mais au contraire rendez grâces, car votre cause est gagnée.
Vous avez pour vous le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Vos perplexités ne sont qu'amour : l'or ne se consume pas dans le creuset : il s'y épure et en sort beaucoup plus précieux.
Le vrai Dieu est celui de la délivrance ; attendez-vous à lui tout le jour. Il ne nous fait pas une vie comme nous la voudrions ; il ne nous donne pas des prières comme nous l'entendons ; n'importe ! donnons-nous à lui, sans lui rien prescrire, et quand il nous aura comme il le veut, nous l'aurons à notre tour comme nous le voudrions.

Les crises les plus orageuses sont celles qui nous rapprochent le plus du Seigneur, et où donc est-on mieux qu'auprès du Père des miséricordes et du Dieu de toute consolation ? Tenez pour certain que ses compassions et ses bontés sont de tout temps, y compris le temps de vos perplexités. Il ne les permet qu'afin de vous apprendre à croire, à aimer et à persévérer. Entrons filialement dans la voie que le Psalmiste a suivie II n'a point été confus en mettant en Dieu son espérance : pourriez-vous l'être, ô vous qui avez vaincu par le sang de l'Agneau ?


FIN.

 

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