Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

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Les lecteurs qui apprécient les ouvrages de M. Funcke recevront volontiers de ses nouvelles. Je sais heureux de leur dire, qu'après avoir été assez souffrant au commencement de 1900, il reprend maintenant des forces.

M. Funcke a souvent connu la douleur. Par la délicatesse de son organisme, il fut appelé dans son enfance à des renoncements nombreux. C'est sous une discipline sévère qu'a jailli la joie dont son coeur est plein, sait communiquer aux autres, ainsi que le don d'observation dont il est abondamment pourvu. Tant il est vrai que l'épreuve chrétiennement supportée produit des fruits bénis.

Que dirons-nous du livre récent dont nous offrons la traduction ? C'est que Toi et ton âme, formant la première partie de cet ouvrage, nous avait frappé par le caractère pressant de ses appels. On verra que l'enjouement de l'écrivain ne l'empêche nullement d'être profond, d'apercevoir la nature tragique de l'existence humaine. M. Funcke vous dira lui-même dans sa Préface pourquoi, malgré les aspects sombres de la vie en général et de l'heure présente en particulier, l'humour demeure le privilège du chrétien.

Les Esquisses norvégiennes suffiraient à prouver qu'il existe un sentiment de la nature réellement chrétien et propre au chrétien.

L'éditeur français de ce volume, M. Jeheber, l'a enrichi d'un nouveau portrait de l'auteur, plus récent que celui du Secret du bonheur. On s'aperçoit que des années ont passé sur l'écrivain. Mais serai-je seul à trouver que l'expression de sa figure, loin de perdre avec les ans, a gagné en vie ? Dans ces traits, un peu austères, ne voyez-vous pas à l'oeuvre une pensée personnelle, toujours en éveil ? Dans la lumière du regard ne découvrez-vous pas cette jeunesse d'âme qui est l'une des qualités maîtresses de M. Funcke, et l'une des forces de son talent original ?

COMMUGNY, septembre 1900.

Jules GINDRAUX.



PRÉFACE


« Qui s'excuse s'accuse », dit-on. Je me garderai donc bien de m'excuser de publier un nouvel ouvrage. Je sais qu'il est des lecteurs prenant plaisir à mes écrits. Je cause volontiers avec eux, la plume à la main. Ce livre est-il le meilleur de tous ceux que j'ai fait paraître ? À vrai dire, je l'ignore. Ce que je puis affirmer, c'est que je me suis efforcé d'y donner ce que j'avais de meilleur.

L'ouvrage se compose de morceaux détachés, dont l'unité est exprimée dans le titre : Toi et ton âme. Chaque morceau invite le lecteur à descendre en lui, à se chercher et à se trouver, à se rendre compte de l'existence de son âme et à se mettre en quête de la paix de Jésus-Christ.

Je lisais hier une prédication fort originale, où retentit sans cesse cet appel : « Place pour Jésus ! » J'aurais volontiers donné ce titre à mon petit livre, car, à mes yeux, c'est en Jésus-Christ que nous obtenons la possession de nous-mêmes, la vie et le salut de l'âme.

« Place pour Jésus ! » tel est le cri qui s'élève des divers morceaux de mon écrit. « Place pour Jésus ! », qui n'a point eu de place en ce monde, pour qui il n'y avait point de place dans l'hôtellerie de Bethléem, pas une place plus tard, pendant son ministère, où il prit habituellement reposer sa tête, dont la place, lorsqu'il dut mourir, fut la croix. « Place pour Jésus ! », pour celui dont parlent avec éloges nos socialistes, nos athées, aussi bien que nos piétistes, nos catholiques et nos méthodistes, nos philosophes et nos paysans. En vérité qui, aujourd'hui, n'a pour Christ une parole de respect ? Mais qui donc donne à Christ la place à laquelle celui-ci prétend, à laquelle il a droit ? Qui donc parmi nous lui ouvre son coeur, celle âme faite pour Lui, heureuse seulement en Lui ?
Si je m'occupe de l'âme, on le voit, c'est avant tout en chrétien et en serviteur de Christ.

« Mais que viennent faire ici les Esquisses norvégiennes? » demande un lecteur. « Elles sont là, lui répond le critique qui a de l'expérience, pour accroître le format du livre. » À qui nourrit ce soupçon, je ne saurais démontrer avec évidence qu'il se trompe. Je me bornerai à déclarer que je n'étais point à court de matériaux, que j'aurais pu jusqu'à la fin du volume poursuivre mon premier sujet.

Mon voyage en Norvège me tenait encore sous le charme, lorsque j'ai écrit ces lignes. Mon mobile fut le plaisir que j'éprouvai à les tracer. J'aime à conter. Et je me suis senti pressé de faire part à mes amis de quelques-uns des souvenirs de mon excursion vers les contrées septentrionales.
Je me suis dit d'ailleurs qu'il est des lecteurs encore éloignés de l'Évangile, qu'ils pourraient être attirés vers mon livre par ces Esquisses et que celles-ci serviraient cette cause de notre âme qui me tient à coeur, que j'ai plaidée dans la première partie de mon volume.

Post-scriptum.
- J'oubliais d'inviter les lecteurs qui ne goûtent pas l'humour à ne pas regarder ces pages. Quelqu'un m'écrivait récemment : « Le temps actuel est trop sérieux pour permettre aux chrétiens de se livrer au jeu de l'humour. » Je ne partage pas cet avis. L'humour ne saurait en aucun temps perdre ses droits chez le chrétien. L'humour et le sérieux ne sont pas deux contraires. Ils s'appellent, ils vivent fort bien ensemble. Et l'humour a été plus d'une fois le meilleur moyen de faire réfléchir, de rendre sérieux.

J'irai plus loin. À mon sens, l'humour ne convient bien qu'au chrétien. Seul, le chrétien est logique en se livrant à l'humour. Pourquoi ? Parce que le chrétien attend la victoire de la lumière sur les ténèbres, parce qu'il sait qu'une éternelle et parfaite harmonie succédera un jour aux dissonances du présent. Le croyant se transporte par l'espérance au moment du triomphe final du bien, et de ce sommet il peut dominer avec sérénité les luttes, les tristesses de la vie. À la clarté du glorieux avenir qui doit être le nôtre, les obscurités du présent s'illuminent par avance, le sourire naît même au milieu des larmes.

Je voudrais que ce volume fît luire un rayon de soleil dans les demeures riches et dans les demeures pauvres. Jamais, en vérité, le monde n'eut autant besoin de rayons de soleil qu'aujourd'hui.

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