Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XXI.

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 L'un des traits distinctifs et bien intéressants de ce livre, c'est qu'il ne peut être compris si on le sépare du reste de la Parole de Dieu, ou si, du moins, on l'envisage en dehors des autres portions de cette parole. Dieu a, d'une manière très remarquable, lié ce volume avec le premier des Saintes Écritures.
Par exemple, dans ce chapitre, le Saint Esprit se sert d'images pour dépeindre la bénédiction de la cité céleste dans ses relations avec la terre durant le millénium; mais d'où ces figures sont-elles tirées? Il me faut aller au commencement du livre de Dieu, à la Genèse, au commencement même de la Genèse, et je trouve là l'arbre de vie, les fleuves, etc., auxquels le Saint Esprit fait évidemment allusion dans le chapitre qui s'offre aujourd'hui à notre étude. Et c'est pour moi une indication frappante du lien que Dieu tient à établir entre les diverses parties de sa Parole, lorsque je considère que, pour avoir une connaissance entière d'une portion quelconque, il est urgent que je ne la sépare pas de l'ensemble. Cette union est d'autant plus importante, que cette même parole de Dieu nous révèle plusieurs états ou dispensations en contraste positif les uns avec les autres.
Il y eut d'abord un temps d'innocence; puis une époque durant laquelle le péché seul se manifestait, et cela, sans rencontrer aucune opposition jusqu'à ce que vînt le jugement de Dieu exercé par le moyen du déluge, et qui fit périr tous les hommes excepté le petit nombre qui trouva un refuge dans l'arche. Après cela parut la loi, et enfin l'Évangile, ayant chacun en vue un but différent.
Durant le temps actuel nous sommes dans l'attente de la scène importante qui clora le présent siècle, et où tout ce que Dieu a opéré sur la terre, tout ce que la révélation a fait connaître de ses pensées, mais qui a été corrompu par l'homme, sera manifesté dans ses résultats.

Pour bien comprendre ce que le Saint Esprit m'enseigne touchant ces résultats, il faut d'abord que je me reporte au commencement. Or, si nous ouvrons la Genèse, nous trouverons que, quoiqu'il y ait une sorte d'analogie entre le temps d'innocence, où Dieu déployait ses voies envers sa créature placée sous la responsabilité de se maintenir dans sa position d'innocence, et l'époque encore future, celle-ci fait néanmoins, avec la première, le contraste le plus béni, en ce qu'elle manifeste d'une manière bien plus remarquable encore la profondeur de cette grâce que Dieu déploiera dans la sainte cité.

Examinons donc un peu la différence de ces époques.
La Genèse nous fait voir quatre fleuves, et quoique nous ne sachions pas grand-chose ou plutôt que nous ne sachions rien des deux premiers, il est manifeste toutefois que les deux autres, l'Euphrate et Hiddékel, ou le Tigre, se lient un peu plus tard aux circonstances les plus pénibles de l'Histoire terrestre du peuple de Dieu. Sur ces rivières furent bâties les deux villes les plus fameuses de l'antiquité: Ninive située sur le Tigre, et Babylone sur l'Euphrate. Il est évident que je fais ici allusion à une époque de beaucoup postérieure à Adam ou même au déluge. Et quoique ce cataclysme ait transformé une partie de l'ancien monde, il n'a pas changé le cours de ces rivières que nous retrouvons ensuite.
Le Paradis a disparu, nous le savons; mais ces fleuves devaient encore jours un rôle important dans l'histoire de l'homme, et surtout dans l'histoire de ce qui leur acquiert plus d'importance qu'ils n'en ont par eux-mêmes, le fait qu'ils se trouvent, dans les voies de Dieu, mêlés aux vicissitudes et aux châtiments de Son peuple d'Israël.
Ces deux fleuves, disons-nous, furent identifiés avec les puissances qui devaient causer respectivement la ruine de Juda et d'Israël. Ninive fut la capitale de l'Assyrie qui transporta en captivité la grande masse des dix tribus d'Israël; Babylone fut employée de Dieu pour châtier cette portion du peuple qui, pendant un temps, avait semblé témoigner pour Lui aussi fidèlement que l'avait fait la maison de David, mais qui plus tard s'égara encore davantage que le coupable Israël. C'est ainsi que ces deux fleuves, qui d'abord avaient été rattachés au paradis, devinrent ensuite les représentants des puissances employées de Dieu pour le châtiment de son peuple infidèle.

Deux arbres attirent ensuite notre attention dans le jardin d'Eden; le premier est celui de la connaissance du bien et du mal, et le second celui de la vie. Mais quelles que soient les bénédictions que semblait promettre l'arbre de vie, l'homme ne devait y trouver aucun avantage, puisque l'autre arbre lui faisait subir une épreuve dans laquelle il ne pouvait que succomber. Bientôt, en effet, il faillit: il prêta l'oreille à la voix de sa femme qui elle-même avait écouté le serpent, et il tomba dans la rébellion. La conséquence fut que l'arbre de vie ne put plus servir à son usage: en eût-il été autrement, cela n'eût servi qu'à perpétuer une vie de péché et de misère. De sorte que le chérubin armé, gardant l'arbre de vie, manifestait bien le jugement de Dieu, mais un jugement mêlé d'une miséricorde profonde. Dieu réservait pour l'homme quelque chose de meilleur, savoir, un arbre de grâce si je puis m'exprimer ainsi.

Arrivés au dernier récit de la Parole de Dieu, nous ne rencontrons pas plusieurs fleuves comme en Éden, ni un arbre destiné à éprouver l'homme. Il ne se trouve dans le tableau offert à nos regards qu'un seul fleuve et qu'un seul arbre. Tout ce qui était en quelque manière lié avec la faiblesse, le péché, et le jugement, a disparu. Les souvenirs pénibles de la culpabilité et de la discipline ne sont plus nécessaires. Le paradis de l'homme a été perdu, Israël a failli, l'Église aussi a manqué dans son témoignage; et maintenant, le paradis, le peuple, et la cité, tout est de Dieu. Il s'y fait connaître et y révèle sa gloire, de sorte que tout ce qui n'aurait été introduit que pour éprouver ou discipliner l'homme, disparaît complètement afin de laisser resplendir l'amour de Dieu, sa grâce céleste, sa fidélité à l'égard d'Israël, sa souveraine miséricorde en faveur des Gentils, son juste et bienfaisant gouvernement.
Le Seigneur Jésus Christ était intervenu, et avait par Lui-même enduré le châtiment que méritait le peuple de Dieu, de sorte que Dieu pouvait avec justice ne laisser éclater que son amour, en leur donnant la vie et en faisant propitiation et purification pour eux par son Fils bien-aimé.

«Et il me montra un fleuve d'eau vive, éclatant comme du cristal sortant du trône de Dieu et de l'Agneau. Et au milieu de la rue et des deux côtés du fleuve était l'arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois: et les feuilles de l'arbre sont pour la guérison des nations» (vers. 1, 2).
Dans ces versets nous avons évidemment la grâce régnant par la justice, en tant du moins qu'il s'agit de l'arbre et du fleuve. Rien ne peut y être corrompu par la puissance de Satan. Il ne s'y trouve rien non plus, qui corresponde au chérubin tenant l'homme à l'écart de l'arbre de vie. C'est précisément tout le contraire. Cet arbre de vie rapporte du fruit chaque mois. Naturellement ce n'est là qu'une figure. Il n'y aura littéralement ni arbre ni fleuve; mais comme les eaux de la vie symbolisent la vie et la bénédiction abondantes qui jailliront de la cité, c'est-à-dire l'Épouse, la femme de l'Agneau, il s'y trouve aussi des ressources pour la guérison des nations. Il n'est rien dit d'explicite concernant les douze fruits, qui peuvent exprimer une bénédiction beaucoup plus élevée et une provision infiniment riche pour le rafraîchissement continuel des saints célestes, mais les feuilles sont désignées d'une manière expresse comme devant servir à la guérison des nations. Cela est d'autant plus remarquable, que nous sommes habitués à voir dans les prophètes un tout autre tableau de la Jérusalem terrestre, même lorsqu'il s'agit du jour glorieux à venir.

Prenez pour exemple la description que nous fournit le soixantième chap. d'Ésaïe. Le ch. LIX nous a appris que le Rédempteur paraîtra en Sion, et le ch. LX nous décrit la cité: «Tes portes aussi seront continuellement ouvertes; elles ne seront fermées ni nuit ni jour», etc.
Mais quelles sont, en principe, les relations qui existeront entre la Jérusalem terrestre et les nations? «Car la nation et le royaume qui ne te serviront point, périront; et ces nations-là seront réduites en une entière désolation».
Le gouvernement est confié à une justice impitoyable, accompagnée du jugement. Dieu exige que l'honneur soit rendu à son peuple qui a si longtemps été méprisé et foulé aux pieds par les nations. Nous le savons, un Juif est maintenant traité avec le dernier des mépris, même dans la chrétienté, et si par sa prospérité il obtient la faveur du monde, chacun regarde la chose comme un acte surprenant de libéralisme dont on se glorifie extrêmement, quoique en général, on agisse ainsi sur un principe faux, que ce soit le scepticisme ou le pseudo-christianisme.

On a été tellement habitué à mépriser les Juifs, que les concessions qui leur sont faites accidentellement semblent arrachées souvent en vertu de principes aussi faux que celui des droits de l'homme, etc. Je ne fais ici qu'allusion à des faits bien connus de l'histoire du monde.
Comme chrétiens, de semblables questions ne nous regardent pas, sauf pour les apercevoir et en juger. La mission du chrétien ici-bas, consiste uniquement à rendre témoignage d'un Christ rejeté ici-bas, mais exalté dans le ciel, et à agir en accord avec la grâce et la gloire de Celui qui est maintenant assis à la droite de Dieu. Lorsque nous perdons de vue ce but, nous sommes semblables au sel qui a perdu sa saveur.
Une personne peut avoir de la philanthropie et s'efforcer de faire beaucoup de bien dans le monde, mais Dieu a en vue un objet plus élevé que tous les plans que peut concevoir notre imagination, et c'est ce qui découle de notre sujet actuel. Car, qu'il s'agisse de l'Église antérieurement à la gloire, ou de l'Église quand la gloire vient, comme c'est le cas ici, la grâce est ce qu'il nous est convenable de manifester, puisque c'est cette grâce qui caractérise vraiment la manière d'agir de Dieu envers l'Église; elle est la manifestation de Lui-même tel qu'il s'est révélé en Christ. C'est là ce que l'Apôtre présente en Éph. V, quand il dit: «Soyez donc imitateurs de Dieu».

Et comment cela? «comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l'amour».
De quelle manière? Le chapitre précédent avait parlé de Christ comme de l'offrande par laquelle seule Dieu peut pardonner le péché (vers. 32), et c'est pour cette raison que nous devons nous pardonner les uns aux autres «comme Dieu aussi vous a pardonné en Christ». Mais au chap. V, l'apôtre va beaucoup plus loin. «Marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est donné lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur».
Ces quelques mots vous dépeignent parfaitement la grâce, qui fournit à ceux qui la connaissent et y demeurent la puissance de Christ pour marcher à travers ce monde.

Si je découvre ici ou là chez l'un de mes frères des pensées erronées ou de fausses espérances; ou bien encore si je le vois agissant sans conscience et contrairement à la volonté du Seigneur, de quelle manière Dieu réveillera-t-il mes affections à son égard? Ce sera en me rappelant la grâce que Dieu Lui-même déploie envers ses saints et en me conduisant à agir de la même manière, me donnant, si possible, d'élever l'âme de mon frère jusqu'à la connaissance du sentiment que Dieu éprouve pour lui et de sa volonté envers lui. S'il entrevoit la grâce dans laquelle Dieu a agi, il sera préparé à discerner ce qu'il doit à Dieu.
C'est ainsi que l'apôtre parle toujours. Jetez un nouveau coup d'oeil sur l'Épître aux Éphésiens. De quoi Paul a-t-il été occupé depuis le commencement de cette Épître jusqu'au chap. V? Il a fait resplendir l'amour parfait de Dieu envers ses saints, et l'union avec Christ dans laquelle il les a Lui-même introduits; ce n'est pour ainsi dire qu'après cela, que l'apôtre ajoute: Marchez dans l'amour que Christ vous a Lui-même témoigné.

Dans notre chapitre, je découvre un fait analogue. Il n'est plus question des tonnerres, des éclairs et des voix sortant du trône; tout cela a complètement disparu. Le chap. IV, nous avait bien fait entrevoir de telles scènes et ouïr de semblables sons. Ils convenaient alors et étaient même nécessaires pour maintenir et manifester la sainteté de Celui qui était assis sur le trône; ils étaient l'expression de ses sentiments alors que l'Église ayant été recueillie au ciel, l'homme était laissé s'exalter lui-même, réprimé seulement par des jugements providentiels. Mais dans le chapitre que nous avons maintenant sous les yeux, il n'y a rien de semblable; nous y voyons le trône de Dieu et de l'Agneau, mais que jaillit-il de là? Un fleuve d'eau vive éclatant comme du cristal. Et pourquoi cela? Parce que le trône est vu ici en rapport avec la cité céleste, et que la cité céleste est le symbole de l'Église glorifiée dont le caractère habituel, même dans la gloire, est la grâce. C'était un fleuve de vie, non de mort, et les feuilles de l'arbre étaient pour la guérison et non la destruction des nations.

La Jérusalem d'ici-bas est la cité de la justice terrestre - le lieu où Dieu amènera les Juifs en les faisant passer par une détresse excessive. Ils seront obligés de traverser d'abord une affreuse tribulation, le temps de la détresse de Jacob, mais il en sera délivré. Le châtiment qu'ils endureront ne sera que la juste rétribution de leurs nombreux péchés. Ils traverseront toute cette affliction que Dieu Lui-même leur a justement infligée, mais l'indignation cessera, et cela par la destruction de ceux qui en auront été les instruments. «Mais encore un peu de temps, un peu de temps et mon indignation sera consommée et ma colère sera à leur destruction».
Dieu prendra en mains la cause de son peuple, et durant le millénium l'appel d'Israël sera encore empreint de cette justice qui a caractérisé les voies publiques de Dieu à son égard, quelles qu'aient pu être les sources cachées de sa grâce. Toutes les nations monteront à Jérusalem lorsque la maison de l'Éternel sera affermie au sommet des montagnes. «Car la loi sortira de Sion et la parole de Jérusalem».
La loi est la règle de la justice; la grâce est tout autre chose. Elle n'est pas une règle de justice dont la conséquence inévitable soit la mort.
La grâce, il est vrai, règne par la justice; mais alors il s'agit d'une justice qui est de Dieu et non pas de l'homme; et par l'effet de sa miséricordieuse culture celle-ci remplit le saint du fruit de la justice qui est à la gloire et à la louange de Dieu par Jésus Christ.

C'est donc une scène de grâce parfaite que nous avons ici. Rien ne peut surpasser vis-à-vis de l'homme une telle mesure de bénédiction. Le nombre douze est toujours employé en rapport avec les voies de Dieu envers l'homme dans l'administration humaine. Sept est le nombre de la perfection en rapport avec les choses de Dieu, ou plutôt avec ce qui est spirituel qu'il s'agisse de choses bonnes ou de choses mauvaises - douze a trait au côté humain. C'est pour cela que lorsque Dieu choisit les patriarches, il y en eut douze; ils ne correspondaient pas seulement, je suppose, aux douze tribus qui naquirent d'eux, mais bien aussi au reste de l'humanité. Plus tard lorsque les apôtres furent appelés, nous en voyons paraître douze, nombre correspondant à celui des tribus d'Israël. Du moment où il est question de l'apôtre qui a particulièrement la mission d'établir l'Église sur un fondement céleste et inébranlable, le nombre douze disparaît, et les apôtres dont il est ensuite parlé ne sont plus limités à ce nombre (Actes XIV. 4, 14; Éph. V).
Cela peut servir à développer la pensée que j'ai émise au sujet des douze portes et des douze fondements que nous fait voir le vingt-et-unième chapitre et que je considère comme dépeignant le caractère de la cité vis-à-vis du monde. Elle est envisagée dans son caractère gouvernemental public.
Il en est de même de cet arbre. Le fait qu'il porte douze fruits, et qu'il rend son fruit chaque mois, le présente dans ses rapports avec l'homme. C'est pour la même raison qu'il est ajouté après cela, que les feuilles de l'arbre sont pour la guérison des nations.

Un autre point est aussi parfaitement clair: c'est qu'il n'est pas question ici de l'état éternel, mais bien du millénium, car dans l'éternité les nations n'existeront plus comme telles et elles n'auront évidemment aucun besoin de guérison. Mais rappelons-nous bien cependant que s'il s'agit de la cité céleste elle-même, elle est éternelle. L'introduction du millénium ou de l'état éternel, n'apporte aucun changement dans sa position. Le chap. XXI nous a fait voir deux descentes de la cité, l'une au commencement du millénium et l'autre à l'introduction de l'état éternel: dans le verset second, c'est sa descente alors que l'état éternel a paru, et au verset 10 sa descente en vue du millénium. La raison en est, je pense, qu'à la fin du millénium les cieux anciens et l'ancienne terre passent naturellement, et que la cité disparaît de cette scène de bouleversement. Puis, quand la nouvelle terre apparaît, la cité céleste apparaît de nouveau et prend une place permanente dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite.

Il est important de remarquer cela, parce que, tandis que toutes choses seront changées à la fin des mille ans, la cité céleste n'en demeurera pas moins à toujours. «A Lui soit gloire dans l'assemblée dans le Christ Jésus pour tous les âges du siècle des siècles. Amen».
Il est évident que dans la gloire éternelle, l'Église n'exercera plus, vis-à-vis du monde, certains offices qu'elle doit remplir durant le millénium, mais la bénédiction qui lui est propre demeurera éternellement la même. Aussi est-il dit dans le chapitre que nous étudions: «Et il n'y aura plus de malédiction».
À partir de ce moment la chose est aussi éternellement vraie pour la cité céleste, qu'elle le sera plus tard pour les nouveaux cieux et la nouvelle terre. «Et le trône de Dieu et de l'Agneau sera en elle, et ses esclaves le serviront; et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. Et il n'y aura plus là de nuit; et ils n'auront plus besoin d'une lampe ni de la lumière du soleil» - l'un de ces luminaires représentant la lumière produite par l'homme, et l'autre celle qui vient de Dieu; mais tout ce qui était approprié à ce monde n'a plus aucune valeur pour la cité. «Car le Seigneur Dieu fera briller sa lumière sur eux; et ils régneront aux siècles des siècles» (vers. 3-5).
Cette expression aux siècles des siècles doit, je n'en doute pas, être prise ici dans son sens le plus étendu. Elle ne s'applique pas uniquement à ce qui est appelé «le royaume», quoique le règne commence alors. En 1 Cor. XV. 24, il est question d'un royaume que Christ remet à une époque déterminée appelée «la fin». La fin implique que les mille ans et le jugement des vivants et des morts ont eu lieu, car ce jugement fait partie du règne de Christ; - en est, pouvons-nous dire, le grand et dernier acte. Toutes ces choses appartiennent au royaume; et ce n'est qu'après leur accomplissement et lorsque le dernier ennemi la mort a été détruit, que le Seigneur Jésus remet le royaume à Dieu.

Le but du royaume est d'assujettir tous les ennemis; et quand cela se trouve accompli, ce royaume terrestre spécial prend fin. Mais s'il se produit alors un grand changement dans la condition corporelle des saints terrestres, il n'en est pas de même de ceux qui sont déjà glorifiés et assis dans les lieux célestes. Ils régneront aux siècles des siècles; réalité éternelle! Ces mots semblent employés ici sans aucune restriction. Tout le récit contenu depuis le neuvième verset du chap. XXI, jusqu'au cinquième verset du chap. XXII présente la relation de la cité céleste avec la terre durant le millénium; mais parmi les traits qui la caractérisent, il en est quelques-uns qu'elle garde éternellement. Un de ces traits, outre celui de sa gloire intrinsèque qui ne changera jamais, est celui que le service des saints durera aux siècles des siècles; il en est de même du règne. Il pourra y avoir quelque changement dans la manière de régner et de servir après que le royaume terrestre aura pris fin; mais, quant aux choses mêmes, elles subsistent, je pense, aux siècles des siècles.

Nous en sommes maintenant venus aux considérations finales du prophète et à son entretien avec l'ange au sujet de la prophétie, ainsi qu'au dernier message du Seigneur Jésus Lui-même. Rigoureusement on peut dire que le cinquième verset termine la prophétie. Mais de même que le livre commence par une sorte de préface, il se termine aussi par une conclusion solennelle.

Vous remarquerez que, dans les dernières paroles du Seigneur, il est trois fois question de la venue du Seigneur, et chaque fois dans une acception nouvelle. Le verset 7 nous présente le premier de ces cas, évidemment en rapport avec le verset 6. «Et il me dit: Ces paroles sont certaines et véritables; et le Seigneur, le Dieu des saints prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt. Et voici je viens bientôt; bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre» (vers. 6, 7).
Le Seigneur Jésus parle ici de sa venue, en rapport avec la bénédiction réservée pour l'homme qui est attentif aux paroles de la prophétie. Le Saint Esprit, en connexion étroite avec cela, recommande alors d'une manière solennelle cette prophétie qui allait se clore. Évidemment le Seigneur Jésus prévoyait le mépris avec lequel les hommes allaient traiter ce livre, et leurs efforts pour le mettre de côté. Je n'aime pas de faire allusion à des sociétés religieuses particulières, mais permettez-moi pourtant de dire un mot d'un corps réformé bien connu.
Chose extraordinaire! Dans l'arrangement qu'il a fait pour présenter au peuple toute la Parole de Dieu en portions journalières, quelle place a-t-il donnée au livre de l'Apocalypse? À peine en trouve-t-on quelque court fragment en une ou deux occasions spéciales, tandis que de nombreuses portions des livres apocryphes y sont insérées. Le Seigneur cherchait, il me semble, à mettre les siens en garde contre le mépris plus ou moins avoué pour ce livre de la Révélation.

Mais ce n'est pas seulement dans le cas que nous venons de citer, qu'une indifférence coupable se signale pour cette parole divine; beaucoup de personnes dans des circonstances toutes différentes ne sont pas moins en faute à cet égard. Ah! disons-le, ce livre est-il quelque part honoré comme le Seigneur le demande?
De chers enfants de Dieu qui n'ont pas en principe l'intention de le négliger, le font hélas constamment dans la pratique; et si ce livre est étudié, ce n'est généralement qu'en vue de questions de controverse, d'histoire, ou d'imagination. À peine en existe-t-il une exposition simple et pratique. Il est bien peu de serviteurs qui s'en occupent au temps convenable de manière à le faire servir à la nourriture des gens de la maison de Dieu. Et si on s'aventure parfois à en fournir des interprétations, ne sont-elles pas généralement des plus indigestes, étant empruntées d'ordinaire aux savantes élucubrations de quelque archéologue, ou se fondant sur les ignobles comparaisons de tel historien ou tel journaliste incrédule?
Quelle chose solennelle de s'écarter de cette Parole que Dieu a confiée aux siens, afin qu'elle soit comme une lumière resplendissante dans un lieu obscur et non pas du tout pour servir d'aliment à la science et à l'imagination des hommes! Elle avait pour but d'aider au développement de la vie spirituelle des chers enfants de Dieu, et d'entretenir leur communion avec lui. Dieu voulait non seulement qu'ils connussent sa grâce, mais encore qu'ils fussent instruits des jugements qui doivent fondre sur le monde; Il voulait qu'ils comprissent que ce livre qui montre le cours et le jugement du monde, indique aussi leur délivrance de ce jugement; car l'Apocalypse révèle clairement que l'Église occupera une place assurée dans la présence de Dieu avant que le moindre jugement éclate ici-bas: à partir du commencement du chap. IV, elle est vue assise dans les cieux.

Oh! n'est-il pas évident que toutes les paroles de la prophétie sont de la plus haute importance pour nous? Dieu désire que nous soyons heureux dans la communion qu'il nous donne avec Lui-même, avant qu'arrivent les événements qui vont avoir lieu: «Bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre».
Et pourquoi a-t-il, de fait, été si peu profitable? Tout simplement parce que la prophétie a été séparée de la promesse. Cette déclaration pleine de grâce: «Voici je viens bientôt», n'a pas été distinguée des «paroles de la prophétie de ce livre»; et par suite, la portion de l'Église a été confondue avec les jugements qui doivent fondre sur le monde. L'Apocalypse suppose les enfants de Dieu dans l'attente de la venue de Christ, attente qui devrait sûrement être de jour en jour leur plus glorieuse espérance. Lorsque cela n'est pas le cas, il est, je crois, moralement impossible de pénétrer dans les profondeurs de ce livre et d'en jouir. «Bienheureux est celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre».
Le Seigneur vient bientôt. Mais si nous ne sommes pas dans l'attente de sa venue, nous ne manquerons pas d'altérer ses paroles au lieu d'en tirer profit.

Dès que l'apôtre Jean eut entendu et vu ces choses, il se jeta à terre pour adorer devant les pieds de l'ange qui les lui montrait. Il en avait fait autant précédemment (ch. XIX:10) (1). Il se peut que la grandeur imposante de la vision lui ait fait supposer que le Seigneur Jésus Lui-même se trouvait devant lui sous la forme d'un ange; mais son erreur est aussitôt relevée. L'ange lui apprend qu'il est son co-esclave et celui de ses frères les prophètes, et non pas du tout le Seigneur: et par conséquent l'adoration ne lui appartient pas. «Garde-toi de le faire, je suis ton co-esclave et celui de tes frères les prophèteset de ceux qui gardent les paroles de ce livre. Rends hommage à Dieu». Mais il ajoute quelques paroles d'une grande importance pratique pour les enfants de Dieu.

Vous pouvez vous souvenir que, dans le dernier chapitre de Daniel, il est écrit (v. 4): «Mais toi Daniel, ferme ces paroles et cachette ce livre jusqu'au temps de la fin (vers. angl.) auquel plusieurs courront et la science sera augmentée».
Remarquez maintenant dans quelle place merveilleuse Dieu a établi son Église. Il venait d'adresser sa parole à l'homme le plus privilégié entre tous les prophètes privilégiés de l'Ancien Testament, à celui qui avait été appelé «l'homme aimé de Dieu». Et quoiqu'une prophétie lui eût clairement annoncé la venue et la mort de Christ, une nouvelle communication venait de lui être faite au sujet de laquelle il lui fut dit: «Mais toi Daniel, ferme ces paroles et cachette ce livre jusqu'au temps de la fin». Ici, à la fin de l'Apocalypse, le même Esprit s'adresse à Jean et lui dit: «Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre; le temps est proche» (vers. 10).
Comment cela se fait-il? Tout l'appel de l'Église se trouve au temps de la fin. À partir du jour où l'Église commença réellement d'exister, ce fut le temps de la fin; et tout le cours de son histoire, c'est encore le temps de la fin. Je ne veux pas dire, naturellement, que c'est d'une manière positive le temps de la fin pour les Juifs, qui doivent attendre le développement de tout sur la base de l'accomplissement littéral des faits: mais c'est là que consiste le caractère particulier de l'appel de l'Église.
Elle est au-dessus des temps et des saisons, quoiqu'elle les connaisse; elle n'a rien à faire avec les dates, les signes, ou les événements antérieurs, pas plus qu'avec l'histoire du monde, dont ces choses sont l'accompagnement naturel et nécessaire. L'Église plane au-dessus d'une scène pareille: elle est céleste. Le ciel, voilà le lieu où la grâce de Dieu nous place complètement en dehors des supputations qui se rapportent au gouvernement de ce monde.

Quant au Juif dont Daniel était le type, il faut qu'il attende jusqu'à ce que le temps de la fin soit réellement venu, jusqu'à ce que la connaissance soit donnée par Dieu à ceux qui comprendront alors. Jusqu'à ce moment-là tout est cacheté pour Israël. Tel n'est pas le cas de l'Église représentée par Jean. À lui il est dit: «Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre»; etc.

Mais c'est ici qu'est l'erreur commise par beaucoup d'excellents esprits. Sir Isaac Newton, homme de la plus grande réputation dans les sciences humaines, appliqua à l'Église cet ordre de fermer et de cacheter le livre qui fut donné à Daniel; et en conséquence, il l'abandonna comme une chose qui ne pouvait être comprise jusqu'au temps de la fin. S'il eût comparé le passage de Daniel avec les dernières paroles de l'Apocalypse de Jean, il aurait compris que les paroles mêmes qui furent cachées au prophète Juif sont expressément révélées au chrétien.
Si Daniel devait sceller, Jean reçoit expressément l'ordre de ne pas sceller. Et pourquoi? Parce que Christ était venu, qu'il s'en est allé au ciel, et qu'il est à la droite de Dieu, prêt à juger les vivants et les morts: Il est rejeté, et dès ce moment-là c'est moralement le temps de la fin. C'est ainsi que parlent les écrivains du Nouveau Testament.
L'apôtre Jean dit: «Jeunes enfants, c'est la dernière heure».
«La fin de toutes choses est proche» écrit Pierre; et Jacques: «Le juge se tient devant la porte».
Saint Paul écrivait de la même manière: «Or toutes ces choses leur arrivaient en types; et elles ont été écrites pour nous servir d'avertissement à nous que les fins des siècles ont atteints».
Voyez aussi Héb. IX. 26. Vous trouvez donc la même grande vérité formellement enseignée depuis les épîtres de Saint Paul, de Saint Pierre, et de Saint Jacques, jusqu'à l'Apocalypse. À mon avis, c'est là ce qui est supposé, lorsque Jean reçoit l'ordre de ne pas cacheter les paroles de la prophétie de ce livre. Nous avons à en faire usage, et à la comprendre maintenant en vertu de la connaissance de Christ, et avec le Saint-Esprit donné par Christ comme une onction par laquelle nous connaissons toutes choses.

Pour nous le temps est toujours proche, et les paroles de ce livre ne sont pas scellées pour nous; de sorte que c'est pure incrédulité, si au lieu de porter le livre pour ainsi dire, à Christ qui est la lumière pour révéler cela comme tout le reste, nous le soumettons au monde et à sa sagesse, qui ne peuvent qu'en obscurcir l'intelligence. C'est là, je n'en ai aucun doute, la source et la raison des erreurs si répandues relativement à l'interprétation du livre et des difficultés qu'elle rencontre. Pour le bien comprendre, ainsi que toute autre portion de l'Écriture, il faut que je vois ce que Dieu est occupé à faire pour la gloire de son Fils.
Comme chrétien je suis encouragé à lire la prophétie: ses paroles ne sont point scellées pour ceux qui ont la pensée de Christ. Si j'étais Juif, j'aurais à attendre jusqu'au temps de la fin dans la pleine acception prophétique du mot, c'est-à-dire jusqu'à la fin du siècle. Alors les intelligents parmi les Juifs comprendront; ils sont le résidu, fidèle, intelligent. C'est par un tel résidu, du moins en principe (appelé, il est vrai, à de meilleures espérances), que l'Église commença.

Mais, diront peut-être quelques personnes, il y avait dans la prophétie de Daniel certaines choses qui devaient être scellées, et d'autres qui ne devaient pas l'être: pourquoi ne seraient-ce pas ces dernières (et non les premières) qui étaient celles qu'il fut dit à Jean de ne pas sceller?
Je réponds que l'Apocalypse suppose toute la vérité que nous trouvons en Daniel, et bien davantage encore. Elle ne saurait être comprise si Daniel ne l'était pas; tandis qu'il y a bon nombre de vérités comprises dans l'Apocalypse qui ne furent point données en Daniel. Un pareil argument est donc sans valeur. De fait, Daniel parle dans les termes les plus généraux, et il lui fut dit de fermer les paroles et de cacheter le livre et non pas quelques-uns de ses parties seulement.
L'Apocalypse est sur le même terrain que Daniel pour ce qui concerne le dernier empire, mais contient nombre de choses d'une portée encore plus vastes et de beaucoup plus profondes - choses provenant de l'apostasie chrétienne, et qui s'ajoutent à la ruine antérieure d'Israël et à la méchanceté future tant d'Israël que des Gentils. Si donc il se trouvait dans le Nouveau Testament quelque livre qu'on pût naturellement s'attendre à voir sceller, c'est sans contredit celui de l'Apocalypse; car, comme il est le dernier de tous les livres de la Bible, il en est aussi le plus difficile, le plus abstrus, le plus étendu. C'est pourquoi, lorsque j'entends le Saint Esprit dire: «Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre», je vois clairement impliqué dans cet ordre, l'indication des privilèges particuliers du chrétien. Il le suppose placé dans la pleine lumière de Dieu; de sorte que ce qui peut avoir été caché auparavant, est aujourd'hui pleinement révélé, à cause que Christ est venu et nous a fait membres de son corps, et qu'il nous a donné le Saint-Esprit qui sonde toutes choses et même les choses profondes de Dieu. Telle est, à mon avis, la raison pour laquelle il est dit: «Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre».

Cela est important sous un autre rapport qu'on ne voit pas toujours. Les événements signifiés par les visions prophétiques de l'Apocalypse ne rendent jamais capable de comprendre le livre lui-même. Lors même qu'ils s'accompliraient aujourd'hui, cela ne donnerait pas par soi-même l'intelligence de l'Apocalypse. La seule clef pour la prophétie, c'est le Saint-Esprit qui peut seul nous faire connaître la relation qu'elle a avec Christ; et tant que cette relation n'est pas connue, on ne saurait comprendre la prophétie.
Prenez, par exemple, une des prophéties les plus claires et les plus précises, celle des soixante-dix semaines de Daniel. On admet généralement qu'elle a été accomplie; mais demandez qu'on vous en donne le sens réel, et vous verrez combien peu on la comprend: on a une idée vague qu'elle est accomplie, et c'est là presque tout ce qu'on en connaît.

Ce ne sont donc pas les événements qui expliquent la Parole: il nous faut l'enseignement du Saint-Esprit qui est aussi nécessaire pour interpréter la prophétie, que pour toute autre partie des Écritures. Les événements peuvent être l'accomplissement d'une prophétie particulière, et un témoignage de sa vérité pour ceux qui doutent; mais ils n'apportent jamais par eux-mêmes la vraie interprétation de la prophétie, ils la corroborent, incontestablement, quand elle est accomplie, et peuvent servir à fermer la bouche aux adversaires; mais il faut comprendre la prophétie elle-même avant de pouvoir l'appliquer aux événements; et lorsque vous la comprenez, vous avez ce que Dieu voulait donner à votre foi, indépendamment des événements. De fait, pour réfuter une idée pareille nous n'avons qu'à peser ce qui est dit ici, comme où que ce soit ailleurs: «Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre; car le temps est proche».
Le prix, l'utilité, que la prophétie a pour nous, pour l'Église, est avant les événements, quelque utilité qu'elle puisse avoir pour ceux qui se trouveront là quand les événements auront lieu.

Mais écoutez maintenant une vérité bien solennelle. Lorsque le temps dont traite la prophétie sera réellement arrivé, quelle sera la condition des hommes? Elle se trouvera fixée, à jamais fixée pour tous - sans espérance pour quelques-uns. «Que celui qui est injuste, soit injuste encore; et que celui qui est souillé, se souille encore: et que celui qui est juste, soit rendu plus juste encore; et que celui qui est saint, soit sanctifié encore» (vers. 11).
C'est-à-dire, que ce n'est plus un temps où il puisse s'opérer un changement moral; plus un temps où il puisse y avoir conversion des pécheurs, où un homme qui se trouve sous la puissance de Satan, puisse en être délivré et être transporté dans le royaume du bien-aimé Fils de Dieu. Tout cela a pris fin. Alors il faut que celui qui est injuste reste injuste, et que celui qui est souillé se souille encore. Les hommes sont solennellement fixés dans la condition dans laquelle ils sont trouvés. Le jour de la grâce aura passé, le jour du jugement sera venu, et la porte sera fermée alors pour toujours.

«Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi pour rendre à chacun selon ce que son oeuvre sera» (vers. 12).
Ceci confirme évidemment ce que nous avons remarqué. Lorsque ce jour arrive, c'est le jugement des vivants. La venue du Seigneur n'est pas mentionnée ici comme un encouragement pour celui qui entend et garde les paroles de la prophétie de ce livre, mais plutôt comme en rapport avec un jugement qui saura tout discerner. «Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin» (vers. 13).
Le Seigneur Jésus prend ici, outre ce qui lui est particulier, le même titre que Dieu lui-même a pris au chap. XXI: 6. Comme Dieu était la somme et la substance de toute la révélation en cours d'action, Christ l'était pareillement. «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique qui est au sein du Père, Lui, l'a fait connaître». «Bienheureux sont ceux qui font ses commandements, afin qu'ils aient droit à l'arbre de vie, et qu'ils entrent par les portes de la ville. Dehors sont les chiens et les empoisonneurs, et les fornicateurs et les meurtriers, et les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge» (vers. 14, 15).

Mais nous avons ensuite une autre chose. Il ne s'agit plus de la venue du Seigneur, présentée comme un encouragement à ceux qui garderaient les paroles de la prophétie de ce livre; ce n'est pas non plus le Seigneur venant pour juger tous les hommes, et ayant sa récompense avec lui pour rendre à chacun selon ses oeuvres. Nous avons vu les saints et les justes ayant leur portion, et les souillés et les injustes leur jugement. Mais le Seigneur a aussi sa relation propre et parfaite avec l'Église. Et en conséquence sa voix se fait maintenant entendre ici avec une expression toute particulière. «Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange, pour vous rendre témoignage de ces choses dans les assemblées. Je suis la racine et la postérité de David» (vers. 16). C'est-à-dire, qu'il fait allusion à sa nature humaine et à sa nature divine.
Mais, outre cela, il a une relation spéciale avec nous - «l'étoile brillante du matin». Quand le Seigneur vient dans sa gloire en vue du monde, c'est comme le Soleil de Justice avec la santé dans ses rayons pour ceux qui ont été brisés, dispersés, et pillés - pour le peuple terrible depuis là où il est et au-delà. Mais il apparaît alors dans un appareil de terreur, pour fouler sous ses pieds ceux qui l'ont méprisé. Ce n'est point ainsi qu'il se présente à nous. Ce n'est pas pour nous l'image du Soleil quand l'homme ne doit plus dormir. Lorsque le Soleil de Justice adresse son appel à l'homme, ce n'est pas pour l'inviter à travailler comme il travaille à présent; il le cite à comparaître pour être jugé pour toujours, pour entendre sa sentence éternelle prononcée par le Seigneur de gloire qu'il ne peut plus mépriser. Voilà, de quelle manière il apparaîtra au monde, et «tous les orgueilleux, et tous les méchants seront comme du chaume. Et ce jour qui vient, a dit l'Éternel des armées, les embrasera et ne leur laissera ni racine ni rameau».
Mais pour ceux qui veillent durant la nuit du jour de l'homme, avant que le Seigneur Jésus apparaisse dans sa gloire, pour ceux qui veillent avec des affections d'épouse, ne dormant pas comme les autres - dans quels termes le Seigneur s'adresse-t-il à ceux-là? Sous quel aspect se présente-t-il à eux? «Je suis l'étoile brillante du matin».
Précieuse étoile, étoile bénie du matin avant que naisse le jour! Ce n'est point en vue du jour que nous veillons; nous veillons en vue de Christ durant la nuit, et il nous donnera l'Étoile du matin, avant-coureur de l'aurore. Position bienheureuse - celle de notre amour et de notre espérance: elle ne sera jamais frustrée de sa joie, et le Seigneur Jésus viendra sûrement à nous comme l'étoile brillante du matin. Il nous encourage pendant que nous l'attendons, et il viendra Lui-même bientôt pour nous. Il se peut que nous ayons à attendre un peu; au moins il peut nous sembler à nous que le temps est long. Hélas! il sera trop court pour ceux qui le perdent dans le sommeil; mais quant à ceux qui attendent Christ et qui soupirent avec ardeur après le moment où ils Le verront, l'espérance peut sembler longtemps différée. Puissent nos coeurs, au lieu d'être fatigués et languissants, être remplis au contraire de la joie et de l'assurance ferme que le Seigneur vient bientôt? Il est l'Étoile brillante du matin.

Mais plus encore: «Et l'Esprit et l'épouse disent, Viens».
Quelle chose précieuse pour nous de penser que le Saint Esprit Lui-même est celui qui prend la parole et dit, «Viens»!

Il gémit avec nous, entrant dans nos souffrances, maintenant qu'il est descendu. Je n'ai pas besoin de dire qu'il n'en est pas moins divin, mais il a daigné en outre condescendre à s'identifier, pour ainsi dire, avec nos coeurs, et à partager nos sentiments. Mais ce ne sont pas des gémissements que nous avons ici; telle n'est point la pensée de l'Esprit quand il pense à la venue du Seigneur pour nous. C'est la calme et paisible ardeur du désir. «L'Esprit et l'Épouse disent, Viens». Combien n'est-il pas fortifiant de savoir que c'est la voix du Saint-Esprit Lui-même qui dit au Seigneur Jésus, «Viens»! Ce n'eût pas été une chose tout à fait aussi bénie, si l'Église avait seule dit «Viens». Mais c'est «l'Esprit et l'Épouse». Elle avait fait bien des choses mauvaises, elle avait commis bien des fautes dans ses pensées, dans ses sentiments, et dans ses voies. Mais maintenant c'est l'Esprit, le Saint-Esprit lui-même, qui dit, «Viens». C'est Lui qui dirige le coeur à désirer la venue de Jésus; c'est Lui qui est l'énergie de l'Église la hâtant de ses voeux et de ses prières. «L'Esprit et l'Épouse disent Viens».
C'est en regardant à Jésus que l'Église ou le chrétien, dit, Viens; ce n'est pas en regardant au pauvre pécheur et lui disant de venir. Le Saint-Esprit conduit et inspire le coeur de l'Épouse à crier ainsi, non seulement par sympathie pour ses souffrances, mais en communion avec la joie avec laquelle elle regarde en haut dans l'espérance du retour de l'Époux.

«Que celui qui entend, dise, Viens». Si seulement j'ai entendu la voix de Jésus, je suis autorisé à dire, Viens. Ici, il en est peut-être qui sont prêts à s'écrier; Oh, que je serais heureux de pouvoir demander au Seigneur de venir!
Mais comment puis-je dire, Viens, quand je me vois si indigne?
Chères âmes, le Seigneur Lui-même vous autorise à dire, Viens. Ce n'est pas seulement l'Épouse remplie du Saint-Esprit qui dit, Viens - entrant dans la plénitude de ses privilèges; mais écoutez cette parole, «que celui qui entend dise, Viens».
Avez-vous entendu la voix de Jésus et goûté combien il est bon? Ne savez-vous pas qu'il est le bon Berger? Je pourrais être le plus chétif et le plus faible, et par ignorance reculer à la pensée de la venue immédiate du Seigneur; et néanmoins je trouve ici le Saint-Esprit m'invitant moi-même à me saisir de la parole que l'Esprit et l'épouse font entendre: «Que celui qui entend, dise, Viens». Il est bien évident aussi que cette effusion des premières affections du coeur pour Christ et sa venue, n'endurcit point le coeur à l'égard de ce pauvre monde, et ne nous rend pas indifférents à la conversion des pécheurs perdus. Elle produit bien plutôt un effet tout contraire. Quelque bonne opinion que les hommes aient de leurs propres efforts, ma conviction est que ceux qui désirent le plus la conversion des pécheurs, sont, toutes les autres choses égales d'ailleurs, ceux qui soupirent le plus ardemment après la venue du Seigneur Jésus.

Je ne crois pas que ceux qui veulent l'ajourner, soient ceux qui prient et travaillent le plus pour la conversion des âmes. Qu'est-ce qui porte ces personnes à désirer que les pécheurs se convertissent? Elles travaillent dans ce but parce qu'elles voient les âmes périr éternellement, et qu'elles sentent avec raison que sans Christ elles sont toutes profondément misérables. Mais ces sentiments-là leur sont communs avec tous leurs frères. Tous nous croyons que si les hommes ne reçoivent pas l'Évangile, ils seront précipités en enfer, et nous sommes extrêmement affligés de les voir rejeter le Sauveur. Nous éprouvons ces sentiments aussi bien qu'eux. Mais nous avons une autre chose qui leur est étrangère: je veux dire la voie même du Seigneur, celle-là vaut mieux que la leur. Il sait, Lui, incomparablement mieux que ses serviteurs, ce qui est bon pour les pauvres pécheurs et les pauvres saints. Or, Il nous fait voir dans ce passage que c'est le même Esprit qui regarde à Jésus et dit, Viens, qui peut aussi nous faire tourner nos regards vers les pécheurs perdus, avec la miséricordieuse invitation, «Que celui qui a soif, vienne». Voilà l'autre côté de notre position bénie. Ici ce n'est pas l'Esprit dirigeant l'Église à regarder en haut au Seigneur, et à dire, Viens, mais c'est le coeur dirigé maintenant vers le monde et disant, «Que celui qui a soif vienne; que celui qui veut, prenne gratuitement de l'eau de la vie» (vers. 17).
Le pécheur n'est pas invité à dire, Viens. Observez qu'il y a une grande différence dans la dernière partie du verset. Dans les deux premières clauses on dit, Viens; mais dans la dernière, ceux dont il est question n'appellent pas la venue de Jésus, mais sont invités à venir eux-mêmes: «Que celui qui a soif vienne», etc.

C'est ainsi que Dieu fait voir que la première pensée de mon coeur doit être pour le Seigneur Jésus. Si je lui suis fidèle, je désirerai sa venue. L'Esprit inspire et sanctionne ce désir. Et quel est l'effet de cela sur mes sentiments à l'égard du monde? J'y trouve un motif céleste pour désirer la conversion des pécheurs. J'aurai les mêmes motifs moraux, et les mêmes affections qui agissent sur mes frères dont le coeur ajourne la venue du Seigneur, mais j'aurai de plus toute l'impulsion que peuvent me donner l'espérance de la prompte arrivée de Christ et le sentiment du danger de ceux pour lesquels sa venue ne saurait être autre chose qu'un jugement certain, même dans ce monde.
Plus un chrétien attend la venue de Christ à chaque moment, et plus aussi il doit désirer ardemment que les âmes viennent et prennent de l'eau de la vie, et déployer dans ce but une sollicitude active et pleine de zèle.

Dans ce verset 17, Dieu signale donc notre double relation.
Il me montre ma relation avec Christ, qui doit être la pensée de mon coeur - non pas seulement pour que mon âme soit en paix s'Il vient, mais pour qu'elle soit remplie de l'ardente affection qui désire qu'Il vienne.
Il me fait voir ensuite que si je suis en bon état à cet égard, je regarderai autour de moi avec un zèle plein d'ardeur dans le sentiment de la grâce de Christ, et dirai à quiconque a soif, Viens.

Plus que cela: Si j'aperçois une âme qui peut-être n'éprouve pas une soif ardente, mais qui veut venir, je ne lui dirai pas d'attendre qu'elle ait soif. Je l'engagerai à venir sur le champ, et lui ferai bon accueil; car voici la teneur de la parole; «que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie».
Lors même qu'il n'y ait que le simple désir du coeur, il vient de Dieu et personne n'a le droit de dire, il vous faut attendre que vous ayez fait telle ou telle expérience. Si un homme n'est pas allé aussi loin dans la connaissance de son état réel, je ne dois pas le tenir à l'écart. L'eau de la vie est pour quiconque veut: cet homme est engagé à venir et à en boire gratuitement. Quelle plénitude de grâce il y a dans la manière dont le seigneur nous présente notre position!

«Moi, je rends témoignage à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre, que si quelqu'un ajoute à ces choses, Dieu lui ajoutera les plaies écrites dans ce livre; et si quelqu'un ôte quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu ôtera sa part de l'arbre de vie et de la sainte ville, des choses qui sont écrites dans ce livre» (vers. 18, 19).
Vous remarquerez que l'arbre et la ville mentionnés ici, correspondent à ce que nous avons vu au vers. 14. Ceux qui font ses commandements sont bienheureux, et ont droit de manger de l'arbre de vie et d'entrer par les portes dans la cité. Mais quant à ceux qui ôtent quelque chose des paroles de ce livre, Dieu ôtera leur part tant de l'arbre que de la ville, des choses qui sont écrites dans ce livre. Ils n'y auront point accès.

Le Seigneur venait de dire que s'il se trouvait des hommes qui ôtassent quelque chose des paroles de la prophétie de ce livre, et qui le déshonorassent, Il le saurait certainement, le ressentirait et en ferait punition. Mais il ne pouvait terminer par de telles paroles. Il a gardé pour ainsi dire, le meilleur vin pour la fin. Il avait déjà parlé de sa venue en rapport avec le jugement, et de sa venue pour l'Église en parfaite grâce; et maintenant Il ne pouvait pas nous quitter sous une impression de tristesse. Il faut qu'Il ramène nos coeurs à l'allégresse et à la joie que fait éprouver la pensée de son retour; et en conséquence Il ajoute: «Celui qui rend témoignage de ces choses, dit: Oui, je viens bientôt. Amen».

Est-ce son Amen à Lui, affirmant la vérité, ou simplement la réponse du coeur du prophète? Si c'est le Sien, il est véritablement plein de douceur. Ce serait le Seigneur mettant son propre sceau sur la vérité de la parole qu'il avait dite auparavant, «Voici je viens bientôt».
Toujours est-il certain qu'immédiatement Jean, comme représentant l'Église, répond, Viens, Seigneur Jésus. Si c'est l'«Amen» du prophète, il est la prompte réponse que son coeur fait au Seigneur.

Et si c'est notre privilège de regarder à Christ et d'entendre sa voix; si nous avons connu quelque chose de la voie d'être, même dès à présent, en union avec Lui-même, d'avoir été faits membres de son corps, de sa chair et de ses os; si nous attendons dans la conscience de notre relation d'Épouse avec Christ et sûrs que nous aurons la portion de l'Épouse, en présence de l'Agneau pour toujours, que le Seigneur nous accorde que ce soit là la réponse de nos coeurs et de nos lèvres - «Amen, viens Seigneur Jésus». Puisse notre attente ne pas être l'attente de quelque chose, pour nous, ni pour l'Église, bien moins encore pour le monde! Quel déplorable aveuglement que d'attendre des jours meilleurs, tandis que Jésus est absent!
Sans doute qu'il y a en réserve d'heureux jours, même pour ce pauvre monde - les jours du ciel sur la terre; mais il faut auparavant que le Seigneur vienne, et il faut qu'avant tout, il nous ait pris à Lui. Le Seigneur ne dispensera pas au monde, envisagé comme un tout, une période de joie réelle, permanente, jusqu'à ce qu'Il ait l'Église avec Lui-même. Car, comme nous le voyons en Rom. VIII, «la vive attente de la création attend la révélation des fils de Dieu».

La révélation, dont il s'agit ici, sera une révélation en gloire. Saint Paul avait parlé un peu avant de la gloire qui serait révélée en nous, lorsque nos corps seront changés et rendus semblables au corps glorieux de Christ. Nous ne sommes pas semblables au fils de Dieu maintenant, pour ce qui est de nos corps: nous savons trop bien que nous portons encore l'image de celui qui est poussière; mais un jour nous porterons l'image du céleste. Et alors quand Dieu nous verra briller à la ressemblance de son propre Fils, il n'aura pas lieu d'avoir honte de nous. Il ne veut pas nous produire devant l'univers, jusqu'à ce que nos corps soient aussi dignes de Lui, que l'est la vie nouvelle qu'Il a donnée à nos âmes.
Quand les fils de Dieu seront manifestés, la création cessera de gémir et la terre et les cieux, remplis de félicité et d'allégresse, publieront à la fois la gloire et la bonté de Dieu: «Les fleuves battront des mains, et les montagnes chanteront de joie, au-devant de l'Éternel».
Il sera manifesté alors, que la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire que le Seigneur a mises devant nous, auront pour résultat des chants de louange, de joie et d'allégresse, qui retentiront jusque dans les parties de la terre les plus lointaines, et jusqu'aux plus extrêmes limites de la création.

Que le Seigneur daigne nous faire la grâce de pouvoir dire «Amen, viens, Seigneur jésus»! Puissions-nous le dire pour nous-mêmes, comme pour toute l'Église, et dans un sens, aussi pour toute la création dont la bénédiction dépend de notre manifestation avec Christ! En attendant, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints.


FIN



(1) Il peut être bon d'observer ici que, dans la proposition réciproque dont on fait si souvent une vague ou une fausse application, «l'esprit de prophétie est le témoignage de Jésus», nous devons comprendre qu'il s'agit, non d'un témoignage à Jésus, mais bien du témoignage qu'Il a rendu, et en général dans tout le livre de l'Apocalypse, de son témoignage prophétique, qu'il l'ait confié à un ange ou à ses serviteurs. C'est donc exact de dire que cette proposition signifie un témoignage rendu à Jésus, ce qui est régulièrement exprimé par le datif, ou par le génitif avec ... L'ange qui était l'intermédiaire de la communication n'était qu'un compagnon de service des compagnons de service de Jean: c'est à Dieu qu'il devait être rendu hommage.
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