Versets
1-3.
- Tout chrétien qui a l'intelligence
spirituelle de la parole de Dieu, doit avoir
remarqué plus ou moins pleinement le
caractère particulier du livre dans
l'étude duquel nous entrons maintenant.
«Révélation de
Jésus-Christ que Dieu lui a
donnée.»
Le Seigneur Jésus est évidemment
envisagé ici, non pas dans la place
d'intimité qui est à lui comme Fils
unique dans le sein du Père, mais dans une
place qui se trouve comparativement à une
certaine distance vis-à-vis de Dieu. C'est
bien sa révélation, mais
néanmoins c'est une révélation
que Dieu
lui a
donnée. Cela ressemble un peu
à la remarquable expression que nous lisons
en Marc
XIII,
32, qui en
a embarrassé un si
grand nombre: «Mais, quant à ce jour ou
à cette heure, personne ne le sait, pas
même les anges qui sont au ciel, ni
même le Fils, mais le Père.» Dans
tout cet évangile Jésus est le
serviteur Fils de Dieu; et la perfection d'un
serviteur consiste à ne pas savoir ce que
son maître fait,- à ne savoir, si nous
pouvons parler de la sorte, que ce
qui lui est dit.
Ici Christ reçoit une
révélation de la part de Dieu; car,
quelque exalté qu'il soit, c'est la position
qu'il a prise comme homme qui ressort
éminemment dans l'Apocalypse. Et ce qui rend
cela d'autant plus remarquable, c'est que de tous
les écrivains inspirés du Nouveau
Testament, aucun n'insiste sur la gloire souveraine
et divine de Jésus avec autant d'abondance
que saint Jean dans son évangile. Dans
l'Apocalypse, au contraire, c'est le même
saint Jean qui décrit sa gloire humaine dans
les détails les plus grands et les plus
complets. En restant fidèle à ce
point de vue, l'Apocalypse est destinée
«à montrer à ses
esclaves, les choses qui doivent arriver
bientôt.» Quelle différence entre
ce langage et celui de Jean
XV
«Je ne vous appelle plus esclaves;» et
celui aussi de Jean
XVI
parlant de l'Esprit: «Celui-là me
glorifiera, car il prendra du mien et vous
l'annoncera;» «Tout ce qu'a le
Père est mien;
c'est pourquoi j'ai dit qu'il prend du mien et
qu'il vous l'annoncera.» Aussi voyons-nous
tout le long de cet évangile, du
commencement à la fin, que le but du
Saint-Esprit est de donner aux disciples le
caractère et la conscience de leur position
comme fils, avec et par Jésus, le Fils de
Dieu dans le sens le plus élevé.
C'est ainsi que nous lisons au chapitre
I,
11,
12: «Il
vint chez soi, et les siens ne l'ont point
reçu. Mais à tous ceux qui l'ont
reçu, il leur a donné le droit
d'être enfants
de Dieu;» et qu'après sa mort et sa
résurrection le Seigneur
dit,chapitre
XX,
17, «Va vers
mes frères, et
leur dis: Je monte vers mon Père et votre
Père, vers mon Dieu et votre Dieu.»
Naturellement ils étaient serviteurs aussi,
et il n'y avait pas l'ombre d'un désaccord
en cela. Cependant la différence des
relations est immense; et c'est à la plus
basse des deux que l'Apocalypse s'adresse. La
raison en est, je présume, en partie parce
que Dieu révèle dans ce livre une
certaine suite d'événements
terrestres avec lesquels leur position la plus
basse est le plus en harmonie (leur position plus
élevée de fils étant plus
appropriée à la communion avec le
Père et avec le Fils); et en partie parce
que Dieu semble ici préparer la voie pour en
agir avec son peuple dans le dernier jour, quand
leur position comme ses esclaves sera plus ou moins
manifestée, mais non pas la jouissance d'une
position d'intimité comme fils:
c'est à l'intervalle qui suivra le
départ de l'Église de ce monde que je
fais allusion.
Les paroles qui suivent, confirment fortement ce
que nous venons de dire; car le Seigneur «les
a envoyé signifier par son
ange, à son esclave Jean.»
C'est-à-dire, que la communication
prophétique est faite, non pas directement,
mais par le moyen d'un ange; et il n'est pas non
plus fait mention de Jean comme du «disciple
que Jésus aimait- qui aussi, durant le
souper, s'était penché sur le sein de
Jésus,» mais comme de «son
esclave»«qui a rendu témoignage de
la parole de Dieu et du témoignage de
Jésus-Christ, de toutes les
choses qu'il a vues.»
Il est bon de faire remarquer que le mot et,
qui
dans les versions ordinaires précède
ce dernier membre de phrase, doit disparaître
entièrement, ce qui ne fait pas une petite
différence dans le sens; car cette partie de
la phrase: «toutes les choses qu'il a
vues» ne doit pas être
considérée comme une troisième
division du témoignage de Jean
ajoutée aux deux autres, mais plutôt
comme expliquant et limitant ce qu'il faut entendre
par la parole de Dieu et le témoignage de
Jésus-Christ.
Les visions de Jean constituaient la parole et le
témoignage dont il est question ici. La
vraie manière de rendre le passage est
celle-ci: «Qui a rendu témoignage de la
parole de Dieu et du témoignage de
Jésus-Christ - de toutes les choses qu'il a
vues.» Comp., chapitre
XXII,
8. Combien
encore donc la
révélation de Dieu que nous trouvons
ici et le témoignage que Jésus rend
dans ce livre, sont différents de ce que
nous trouvons dans l'évangile de Jean!
La Parole de Dieu là, est le Seigneur
Jésus lui-même qui, au commencement,
était auprès de Dieu, et était
Dieu: l'expression parfaite et personnelle de Dieu,
et cela non pas simplement comme Créateur de
toutes choses, mais en grâce parfaite.
«En elle était la vie, et la vie
était la lumière des hommes.»
«Et la Parole fut faite chair et habita au
milieu de nous (et nous vîmes sa gloire,
gloire comme d'un fils unique de la part du
Père) pleine de grâce et de
vérité.» Dans
l'Apocalypse, au contraire,
même lorsqu'il est parlé de Lui comme
la Parole de Dieu, c'est comme l'expression du
jugement divin, parce que dans tout son ensemble,
le livre est éminemment un livre de
jugement. «Il était vêtu d'une
robe teinte dans le sang; et son nom s'appelle la
Parole de Dieu» (Apoc.
XIX,
13).
De même aussi, dans l'évangile, c'est
au Père que Jésus rend
témoignage, comme c'est partout la joie du
Père de rendre témoignage du Fils. Et
même, vers son ministère, le
Fils lui-même résume la substance et
le caractère du témoignage qui se
trouve là dans ces quelques paroles:
«Celui qui m'a vu, a vu le Père» ( Jean
XIV,
9). Tout
cela place dans un plus grand
contraste les traits distinctifs de l'Apocalypse;
car le nom même du Père ne se
présente que rarement dans toute
l'étendue du livre, et lorsqu'il s'y trouve,
ce n'est pas dans le but de révéler
son amour, comme Père, à sa
famille.
Dans les ch.
I, III
et XIV
il est
fait mention de lui comme tel, mais en rapport avec
Jésus seulement. Le grand sujet du livre,
c'est la manifestation de Dieu dans ses jugements
ici-bas, en rapport avec la manifestation du
Seigneur Jésus «Roi des rois et
Seigneur des seigneurs.»
«Bienheureux est celui qui lit, et ceux qui
entendent les paroles de la prophétie, et
qui gardent les choses qui y sont écrites,
car le temps est proche.»Quelle grave erreur
pour des chrétiens, en présence d'une
déclaration pareille, de
juger inutile ce livre ou
quelqu'une de ses parties, et d'estimer qu'on peut
le mettre de côté en toute
sûreté, soit comme trop difficile
à comprendre, ou, si on le comprend, comme
n'ayant pas de portée pratique sur
l'âme!
C'est une chose bien remarquable, certes, que le
soin particulier avec lequel le Seigneur l'a
recommandé, non-seulement ici au
commencement, mais à la fin où nous
lisons: «Ces paroles sont certaines et
véritables, et le Seigneur, le Dieu des
saints prophètes, a envoyé son ange,
pour montrer à ses esclaves les choses qui
doivent arriver bientôt. Et voici, je viens
bientôt: bienheureux est celui qui garde les
paroles de la prophétie de ce
livre.»
Ne semble-t-il pas que la prescience du Seigneur a
anticipé dans de tels avertissements la
négligence avec laquelle ce livre serait
traité par les serviteurs, et qu'il voulait
par là les prémunir solennellement
contre elle, en recommandant le livre à leur
attention et à leur étude d'une
manière aussi énergique? Pour le dire
en passant, il est un peu remarquable qu'une
recommandation analogue à celle que nous
avons ici se trouve à la fin de
1 Thess,
qui était la première des
épîtres de Paul, et celle qui, plus
que toutes les autres, développe la grande
vérité de la venue du Seigneur
(1
Thess. V, 27).
En Apoc.
I,
3
le Seigneur prend soin d'encourager toute classe
possible de personnes qui pourraient venir en
contact avec ce livre.
Non-seulement l'individu qui le lit est
déclaré bienheureux, mais la
même
bénédiction est prononcée sur
ceux qui entendent ses paroles et qui gardent (ou
observent) ce qui y est écrit. Et je suis
bien certain que le Seigneur ne manque pas
d'encourager ses saints qui comptent sur sa
fidélité et sa
bénédiction assurées. Il n'a
jamais cessé de faire sortir du bien de son
usage, et particulièrement dans les temps de
danger, et nonobstant tout mépris et toute
fausse interprétation.
Je suis convaincu que les objections que l'on fait
à l'étude de la prophétie
proviennent d'une racine, quelquefois
profondément cachée,
d'incrédulité, qui suppose que toute
la bénédiction que l'on peut retirer
d'un sujet, dépend de la mesure dans
laquelle il se rapporte immédiatement
à nous ou aux circonstances dans lesquelles
nous sommes. Aussi, lorsque j'en entends
s'écrier qu'elle n'est pas essentielle,
je voudrais leur demander «essentielle à
quoi? S'ils veulent dire que la
prophétie n'est point essentielle au salut,
j'en conviens. Mais alors dans quelle position se
trouvent ces contradicteurs! Leur sollicitude
à n'examiner que ce qu'ils estiment
indispensable au salut, montre qu'ils n'ont pas
conscience du salut eux-mêmes, et que ce
besoin de leur âme est la seule chose
à laquelle ils soient sensibles.
Or, nous tenons tous que ce n'est pas la
prophétie, mais l'évangile, qu'il
faut présenter aux inconvertis. La venue de
Christ en gloire, qui est le centre de la
prophétie non accomplie, doit être
pour leurs coeurs un sujet d'épouvante, au
lieu d'être simplement une
question intéressante, et à
discuter.
Mais pour le croyant, la venue du Seigneur est
«cette bienheureuse
espérance.»
Nous attendons du ciel le Fils de Dieu, et nous
l'attendons non pas seulement sans
anxiété aucune, mais avec joie, parce
que nous savons qu'il est ce «Jésus qui
nous délivre de la colère qui
vient.» Tandis que, pour tout homme qui n'a
pas la paix par la foi en son sang, occuper son
esprit, soit de l'espérance de
l'Église, soit des événements
dont la prophétie traite, ne constitue
qu'une diversion dont l'ennemi peut faire un
terrible usage, si ce n'est pas une preuve de la
mort complète de sa conscience quant
à sa propre condition devant Dieu - quoique
je sois loin de prétendre que Dieu ne peut,
pas faire servir cette vérité
à la réveiller.
D'un autre côté, la connaissance de la
prophétie nous est indispensable pour
apprécier comme il faut la gloire de Christ
et la gloire qui doit être
révélée. Faire peu de cas de
la prophétie, c'est donc mépriser
à son insu cette gloire et la grâce
qui nous l'a fait connaître: c'est la
démonstration la plus manifeste de
l'égoïsme de nos coeurs qui voudraient
que toute parole de Dieu se rapportât
à nous directement et non pas à
Christ.
Dieu suppose que ses enfants aiment à
être entretenus de tout ce qui glorifiera le
Seigneur Jésus- Christ. Le résultat
aussi est bien frappant et sérieux: quand
c'est Christ qui est l'objet de nos coeurs, tout
est paix; mais si notre propre
bonheur constitue notre première
pensée» il y a toujours mécompte
et incertitude.
Une autre forme sous laquelle se produit cet
égoïsme, et contre laquelle il faut se
tenir en garde, parmi ceux qui entendent les
paroles de cette prophétie, c'est
l'idée que ses visions se rapportent
à l'Église - que les sceaux, les
trompettes et les coupes, par exemple, sont d'une
haute importance et d'un grand
intérêt, parce qu'ils nous concernent
nous-mêmes (c'est-à-dire
l'Église), soit dans le passé, soit
dans l'avenir.
Mais c'est là une erreur fondamentale
ainsi que nous pouvons le voir d'après les
paroles du verset que nous avons sous les yeux. Car
le motif allégué en faveur de
l'importance qu'il y a à faire attention
à ce livre n'est pas que le temps est venu,
ou que nous nous trouvons dans les circonstances
décrites, mais bien qu'elles sont proche:
«car le temps est proche.»
S'il pouvait être profitable aux saints de
Dieu, dans les jours de l'apôtre, quoique les
jugements ne les concernassent pas personnellement,
il peut pour le moins nous être aussi utile
à nous-mêmes. Que le Seigneur nous
donne d'apprécier de plus en plus la
position dans laquelle il nous a placés,
d'être tranquillement instruits de ces choses
à l'avance.
Vers.
4-6. «Jean,
aux sept
assemblées qui sont en
Asie» (1).
Déjà les trois versets que
nousavons
considérés nous
révèlent, dans une certaine mesure,
les traits particuliers de ce livre qui sont
évidemment distincts de ceux que
présentent les autres parties du
Nouveau-Testament. Dieu revient sensiblement aux
principes d'après lesquels il avait agi dans
les temps de l'Ancien-Testament. Chacun peut
s'apercevoir que le sujet ici n'est point
l'édification positive de l'Église,
non plus que la manifestation des voies
spéciales de Dieu en grâce, mais bien
le jugement du mal, soit dans les églises,
soit dans le monde. Aussi en parfait accord avec
cela, voyons-nous Dieu se présenter à
son peuple sous un aspect et sous un titre
différents. «Grâce et paix
vous soient de la part
de celui qui est,
qui était, et qui vient.» C'est
exactement ce qui, dans le Nouveau-Testament,
correspond à Jéhovah dans
l'Ancien.
C'était Dieu se révélant comme
Celui qui ne changeait pas; le même hier,
aujourd'hui et éternellement, et qui
agissait au milieu d'Israël selon ses voies
immuables.
Mais maintenant Dieu parle dans le langage des
Gentils et traduit, pour ainsi dire, ce nom de
Jéhovah qui ne leur avait été
jamais communiqué ainsi auparavant, en ces
expressions: «Celui qui est, qui était,
et qui vient.» Il va en revenir à son
ancien peuple d'Israël; mais avant qu'il le
fasse, il faut nécessairement qu'il
s'exécute sur cette masse professante qui
s'appelle elle-même l'Église, un
jugement qui la balaie. Et lorsque Dieu aura mis de
côté les Églises, il introduira
de nouveau Israël - non plus sur le principe
de la loi, mais sur celui de la grâce. La loi
prononçait la sentence de mort sur l'homme
pécheur, mais la grâce de Dieu l'a
exécutée sur la personne du Fils de
Dieu. Nous le lisons dans Héb.
II,
9, «de sorte
que, par la
grâce de Dieu, il goûtât
la mort pour chacun.»
De même que dans la mort du Seigneur
Jésus-Christ, Dieu a exprimé sa haine
pour le péché avec plus de force
qu'en toute autre chose, ainsi en proportion, et
comme réponse à cette mort, la
grâce coule maintenant avec le plus
d'abondance. En ce jour-là Israël
connaîtra aussi cela pour lui-même.
La manière dont le Saint-Esprit est
introduit ici forme un trait
caractéristique du livre, aussi frappant que
celle dont il a été parlé du
Seigneur Jésus lui-même.
«Grâce et paix vous soient.... et de la
part des sept Esprits qui sont devant son
trône.»
C'est le même Saint-Esprit dont il est
parlé dans d'autres portions de la parole de
Dieu comme d' «un seul Esprit,» qui est
mentionné ici comme «les sept Esprits
qui sont devant son trône». Il en est
parlé comme d' «un seul Esprit»,
là où il est question du corps qui
est un, de l'Église, comme en Eph.
IV,
4. Mais ici
c'est par l'expression de
«les sept Esprits» qu'il est
désigné, parce que lorsque Dieu aura
terminé sa grande oeuvre dans
l'Église, il retranchera infailliblement le
Gentil infidèle, et ne rassemblera plus
Juifs et Gentils en un corps sur la terre.
Au contraire, Israël doit être
élevé au-dessus des Gentils. Ce sera
un état de choses tout à fait
différent, et en conséquence le
Saint-Esprit est envisagé dans la
variété de ses opérations
(comme il est en connexion avec le Messie en Ésaïe
XI ) et non dans
son unité
céleste. Il est ajouté «qui sont devant
son
trône» parce que le gouvernement
de Dieu fait le grand sujet de ce livre.
En général, lorsque nous trouvons le
souhait «grâce et paix vous soient»
c'est «de la part de Dieu le Père et du
Seigneur Jésus-Christ.» Mais dans ce
passage l'ordre est différent: d'abord c'est
«de la part de Celui qui est, qui était
et qui vient;» c'est-à-dire
Jéhovah; ensuite «de la part des sept
Esprits,» etc.; et enfin, «de la part de
Jésus-Christ,» etc.
La raison pour laquelle l'ordre habituel est
abandonné ici, c'est, je pense, parce qu'il
y est question de Jésus, non pas tant comme
notre Seigneur, ni dans sa gloire divine comme Fils
de Dieu, mais spécialement en rapport avec
la terre et avec ses droits légitimes sur le
monde. Il est «le témoin
fidèle,» tous les autres témoins
ont été infidèles; Lui seul a
été le fidèle témoin
pour Dieu sur cette terre. Mais en outre, Il
était «le premier-né d'entre les
morts» - la première personne qui
fût entrée dans la vie de
résurrection, de cette merveilleuse
manière que la corruption ne peut jamais
toucher. «Étant ressuscité
d'entre les morts, Il ne meurt plus; la mort n'a
plus d'empire sur lui. 'De plus, il est le Prince
des rois de la terre.» Toutes ces choses
néanmoins sont rattachées avec ce
qu'Il était, est, et sera en
tant qu'homme. C'est Jésus
envisagé dans ses rapports avec la
terre.
Mais remarquez combien ce qui suit est beau.
Aussitôt que Jésus est
présenté à l'Église, et
est annoncé comme «le témoin
fidèle, le premier- né d'entre les
morts et le Prince des rois de la terre,» elle
ne peut se contenir plus longtemps. Les saints
interrompent, si nous pouvons nous exprimer de la
sorte, le message de Jean, et éclatent en un
cantique de louange - «A lui qui nous aime et
nous a lavés de nos péchés
dans son sang, et nous a fait un royaume de
sacrificateurs pour son Dieu et Père;
à Lui gloire et force aux
siècles des siècles! Amen!»
C'est ainsi en effet que le texte correct donne ce
passage: «A Lui qui nous aime»,
et
non pas «qui nous a
aimés.»
C'est parfaitement vrai que Christ a aimé
l'Église, et s'est donné
lui-même pour elle, comme
Eph. V
le
fait voir; et aussi qu'il m'a aimé et s'est
donné pour moi, comme nous le lisons en
Gal.
II.
Mais le chapitre premier de l'Apocalypse me montre
l'amour actuel
de
Jésus. Ce n'est pas qu'Il soit toujours
à nous laver
de
nos péchés: Il nous a lavés
par son sang une fois pour toutes, et ainsi n'a pas
à nous laver de nouveau. Naturellement il y
a pourtant aussi la purification pratique
journalière, le lavage d'eau par la parole,
mais ce n'est pas de cela qu'il est question ici.
C'est une oeuvre accomplie et qui dure jusqu'au bout
à sa gloire. Mais qu'il est précieux
de savoir que, pendant que c'est ici le livre
même qui nous révèle les voies
et les moyens par lesquels Dieu allait mettre de
côté son peuple infidèle, et
juger le mal du monde, de savoir, dis-je, qu'au
milieu de tout cela nous pouvons regarder en haut
dans une pleine confiance en son amour actuel, qui
toujours demeure, et nous écrier: «A
Lui qui nous aime et nous a lavés de nos
péchés dans son sang... A Lui gloire
et force aux siècles des siècles!
Amen!»
Vers.
7.
Après la salutation, «grâce
et
paix vous soient,»
etc. vient une
interruption.
C'est la voix des saints
célestes qui éclatent en un chant de
louange. Nous trouvons ensuite vers. 7 ces
solennelles, mais précieuses paroles:
«Voici,
Il vient avec les
nuées, et tout oeil le verra, et ceux qui
l'ont percé; et toutes les tribus de la
terre se lamenteront à cause de
lui.»
Ceci ne fait pas partie du cantique, mais est un
témoignage qui en est tout à fait
distinct. Nous avons toujours ces deux choses: ce
qui constitue la communion d'un saint de Dieu, et
ensuite aussi ce qui est ou devrait être son
témoignage.
La communion les uns avec les autres est une chose
heureuse; mais c'est la présentation de
Christ et la connaissance de notre portion en lui
qui produisent le culte. Outre cela, le croyant est
instruit par Dieu de ce qui vient sur le monde: et
ceci est une partie de notre témoignage,
mais ce n'est pas la chose dont le coeur devrait
être le plus rempli.
Vous ne trouverez jamais beaucoup de communion chez
une personne occupée seulement de la
prophétie. Ce serait très-mauvais de
mépriser la prophétie, et celui qui
le fait tombera sûrement dans un piège
ou dans un autre. Mais si quelqu'un est constamment
occupé des détails de la
prophétie, il n'y aura jamais chez lui de la
puissance pour le culte, et il ne sera pas
nécessairement délivré par
là des voies du monde.
On peut être capable de parler fort bien
touchant les Juifs, le jugement de la bête,
etc., et marcher néanmoins avec le monde.
Mais si notre coeur est occupé de
Jésus, et que ces
choses-là viennent comme sur un
arrière-plan, nous trouverons alors que le
Saint-Esprit nous montrera «les choses qui
vont arriver.» C'est ainsi qu'il est dit en 2
Pierre I, 19 au
sujet de la parole de la
prophétie: «A laquelle vous faites bien
d'être attentifs.»
Il importe extrêmement que je voie ce qui va
arriver, et que je ne me laisse pas aller à
une marche aisée ici-bas. Ce ne doit jamais
être une consolation pour ceux qui suivent le
courant du monde, de savoir que le Seigneur vient
le juger. Mais il y a quelque autre chose qui
devrait faire les délices de l'âme:
l'aurore commençant à luire, et le
lever de l'étoile du matin dans nos
coeurs.
Pierre ne parle point ici du jour qui vient sur le
monde, mais veut prouver que la parole de la
prophétie est une lampe admirable
jusqu'à ce que vous ayez trouvé la
lumière céleste, et l'étoile
du matin levée dans
vos coeurs - c'est-à-dire,
l'espérance de la venue du Seigneur
Jésus-Christ comme la portion propre de
l'Église, et qui n'est jamais
présentée dans l'Écriture
comme un événement
prophétique.
Christ attendu et connu comme quelqu'un qui peut
venir à tout moment pour nous prendre
à lui, telle est notre bienheureuse
espérance. C'est l'apôtre Paul qui
expose particulièrement l'espérance
de l'Église. Jean aussi regarde à
Christ comme à l'Époux - à ce
qu'il est pour le coeur. Lorsque le Seigneur
Jésus-Christ vient pour nous prendre
à Lui, il n'est pas dit venir «avec les
nuées.» La
nuée était le symbole de la
présence de Dieu en jugement. «Voici il
vient avec les nuées.» C'est une
révélation connue des saints
célestes, et qui fait partie de leur
témoignage, mais ce n'est point leur joie
propre, la part de leur communion. «Oui,
Amen.»
L'épître aux Colossiens expose
très-pleinement l'association des saints
avec Christ, (chap.
II, III).
Il
est ma vie, et je suis un avec lui. Ainsi, du
moment que je trouve que Christ, mon Sauveur, est
mort au monde, je deviens aussi mort au monde. Je
ne trouve pas seulement que mon trésor
là est jugé, mais je vois juger la
religion même du monde, parce que Christ a
été repoussé par la religion
du monde. Quand il viendra sur les nuées,
tout oeil le verra. Mais tel ne sera point le cas
lorsqu'il viendra chercher son Église.
Maintenant Dieu rassemble les amis de Christ autour
de son nom. L'Église est un corps qui est
appelé pendant que Christ ne se voit point,
et le chrétien, ayant sa portion en lui
maintenant, est caché avec lui.
«Votre vie est cachée avec Christ
en Dieu.»
Dans ce verset, il ne s'agit donc pas du Seigneur
venant rencontrer les siens et les réunir
à lui-même dans l'air; mais «tout
oeil le verra... et toutes les tribus de la terre
se lamenteront à cause de lui.»
Quand le Seigneur viendra prendre son
Église, ce sera bien différent. Dieu
nous a unis au Seigneur Jésus-Christ dans le
ciel selon toute l'efficace de sa mort et de sa
résurrection. Pour autant
qu'il s'agit de l'esprit, cela est vrai dès
à présent, et ce sera vrai du corps
lui-même lorsque Christ viendra.
La résurrection de Christ m'appelle à
vivre complètement pour Dieu, comme la mort
de Christ me fait être aussi mort en principe
au monde que si j'étais déjà
réellement enseveli. Hélas! nous
avons à reconnaître combien tristement
nous manquons. Néanmoins, dit
l'apôtre, «votre vie est
cachée,» etc. C'est la vie de Christ
que vous avez reçue en vous. Aussi longtemps
que Christ est caché, vous êtes
cachés aussi. Mais le temps vient où
ce ne sera plus le cas. «Quand le Christ, qui
est votre vie, sera manifesté, alors vous
aussi vous serez manifestés avec lui en
gloire.»
Lorsque Christ viendra prendre son Église,
aucun oeil ne le verra si ce n'est ceux pour
lesquels il viendra. Le monde ne verra Christ que
lorsqu'il viendra en gloire, amenant ses saints
avec lui - révélé du ciel avec
les anges de sa puissance, en flammes de feu,
exerçant la vengeance contre ceux qui ne
connaissent pas Dieu (les Gentils) et contre ceux
qui n'obéissent pas à
l'Évangile du Seigneur Jésus-Christ
(les Juifs). Si le monde devait voir Christ venant
seul en gloire avant que l'Église soit prise
à lui, il ne serait pas vrai que «quand
Christ, qui est notre vie, sera manifesté,
alors vous aussi serez manifestés avec lui
en gloire.» Lorsque Christ est caché,
vous êtes cachés; lorsque Christ
apparaîtra vous apparaîtrez aussi. Il
n'est pas possible que le monde
voie Christ venant prendre les saints, parce
qu'autrement il le verrait sans eux et avant eux;
tandis que le tout premier moment de son apparition
doit être celui de notre apparition avec lui.
Et cela ne repose pas seulement sur un mot, c'est
la doctrine de tout le passage, et elle est
confirmée par d'autres preuves dans tout le
Nouveau Testament.
Dans la mort de Christ nous sommes morts au monde;
en sa résurrection nous sommes
ressuscités, et en conséquence nous
devons avoir nos coeurs fixés aux choses
célestes avant que nous les voyions. Et il y
a plus que cela. Christ ne doit pas être
toujours caché: Il va être
manifesté, et, quand il le sera, nous serons
aussi manifestés en même temps que
lui. Il est évident qu'il faut que Christ et
l'Église aient été ensemble
avant d'être manifestés au monde,
s'ils doivent apparaître ensemble. Cela est
incontestablement enseigné en Apoc. XIX,
où il nous est dit (vers.
11
): «Je vis le ciel ouvert, et voici un cheval
blanc; et celui qui était monté
dessus appelé fidèle et
véritable,» etc. «Et les
armées qui sont au ciel, le suivaient sur
des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc
et pur.»
Le cheval est l'emblème du pouvoir; le
cheval blanc, d'un pouvoir prospère;
victorieux. C'est le Seigneur Jésus-Christ
venant en jugement, ce qui sera le temps où
il viendra dans les nuées du ciel. Ces
armées qu'on voit le suivant du ciel,
vêtues de fin lin, ne sont pas les anges. Le
texte déclare que le fin lin,
(bussinon)
est la justice des saints. Et ce qu'il y a de
remarquable, c'est que partout où les anges
sont décrits au chapitre
XV, comme «vêtus
d'un lin pur
et éclatant» un terme différent
(linon)
est employé. Ce sont les saints
célestes qui sont mentionnés dans le chapitre
XIX comme les
armées du ciel, etc.
Ils étaient donc dans le ciel avant que la
voie fut ouverte à Christ pour sortir en
jugement; et ils le suivent du ciel quand il vient.
Je ne doute pas que les anges ne soient aussi dans
son cortège, ainsi que cela ressort d'autres
passages; mais il ne semble pas qu'il soit question
d'eux ici.
Il y a dans la seconde venue du Seigneur deux
périodes très-importantes et
très-différentes: la venue de Christ
pour recueillir à lui son peuple et c'est
là ce que l'Église doit attendre
constamment; et sa venue pour juger le monde
après qu'il aura pris déjà les
saints célestes, et que la
méchanceté sera ensuite venue
à son comble. Alors les cieux s'ouvriront
tout-à-coup, et le Seigneur
Jésus-Christ viendra, et l'Église
avec lui, apparaissant ensemble dans les
nuées du ciel avec puissance et grande
gloire.
Demande-t-on, quand
tout
cela se fera-t-il? Il ne fut point dit à
Israël quand il devait être
délivré de la servitude d'Egypte. Le
Seigneur allait les délivrer, mais il ne le
leur expliqua pas avant que cela eût lieu. De
même le Seigneur va mener l'Église au
ciel par son avènement. De plus, il
viendra et jugera la
méchanceté du monde, et alors
l'Église viendra avec Lui.
Verset
8.
Ici; il me semble que nous avons Dieu comme tel,
plutôt que le Seigneur Jésus
(2),
exprimant
les
titres divers de sa gloire comme une espèce
de sceau de ce qui précède et une
base pour ce qui suit et à quoi ils sont une
introduction. «Moi je suis l'Alpha et
l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui
était et qui vient, le Tout-Puissant.»
Le premier nom est évidemment
très-convenable au livre qui clôt si
admirablement les communications écrites de
Dieu. Ce devait être profondément
nécessaire aux saints de se souvenir de ce
caractère-là de Dieu et de tous les
autres exprimés ici, soit pour nous avant
l'arrivée de l'épreuve, soit pour
ceux qui seront appelés à la
traverser.
Verset
9. «Moi,
Jean,
qui suis aussi
votre frère et qui participe avec vous
à l'affliction, au règne et à
la patience de
Jésus-Christ.»
Ils sont tous liés ensemble.
C'est avec intention que
Jean parle de lui-même non comme membre du
corps de Christ, mais comme leur frère et
comme leur co-participant dans l'affliction,
peut-être à cause que après le
départ de l'Église, il y aura des
saints sur la terre et qui seront nos
frères: il prend place avec eux.
Quels que soient nos privilèges
particuliers, le Saint- Esprit aime de nous voir
entrer autant que possible dans la position des
saints de Dieu, dans tous les temps. Le livre de
l'Apocalypse fut écrit pour l'Église
juste au moment où elle tombait dans un
état de ruine. Le chapitre
VI présente
quelques-uns de ces
co-participants de l'affliction. Mais ce qu'ils
disent prouvent qu'ils ne font point partie de
l'Église. «Jusques à quand,
ô Maître Souverain, saint et
véritable, ne juges-tu pas, et ne venges-tu
pas notre sang?» etc.
Nous trouvons dans le cas d'Étienne l'appel
à Dieu qui appartient proprement au
chrétien: «Seigneur ne leur impute
point ce péché.» Le
chrétien est toujours appelé à
souffrir dans le monde. Ces saints de
l'époque apocalyptique, comprendront que le
Seigneur est sur le point de juger, et ils lui
demanderont de le faire. Ce serait mal de le
demander maintenant,
car c'est encore le temps de la grâce. La foi
règle toujours son langage sur ce que Dieu
fait, et il agit maintenant en grâce et non
en jugement.
Nous sommes appelés à sortir de la
voie du monde, et nos coeurs devraient être
rattachés à tout ce qui est glorieux
et céleste; car c'est l'objet
actuel de Christ. Les robes
blanches données dans le chapitre
VII, à ces âmes
qui avaient
souffert, sont une marque évidente de
l'approbation de Dieu. Elles devaient se reposer
jusqu'à ce que leurs frères, qui
devaient être mis à mort comme elles
l'avaient été e!les-mêmes,
fussent accomplis. Le jugement doit prendre son
cours alors.
«L'affliction, le règne et la
patience.» Le royaume de Christ sera
établi en puissance quand l'affliction et la
patience auront complètement cessé.
Mais à présent les circonstances de
ce royaume sont la tribulation. Le royaume des
cieux tel qu'il est présenté en
Daniel, etc., n'était pas un mystère:
il signifie le royaume des cieux sur la terre. Au
lieu de trouver quand il vint sa place
légitime comme Messie, Christ fut
rejeté et monta dans le ciel; et c'est
là que viennent les mystères du
royaume des cieux. Il en résulte qu'il doit
y avoir souffrance, affliction et patience
même dans le royaume de Christ. Lorsque
Christ viendra en gloire, tout cela prendra fin. Ce
sera alors le royaume et la puissance (voir Apoc.
XII
). Maintenant c'est le «royaume et la patience
en Christ.» Cette expression
«patience» est remarquable. Nous avons
communion avec Jésus dans cette attente
patiente: nous attendons ce qu'il attend. Un homme
qui est né de nouveau maintenant ne se
trouve point dans le royaume et la puissance, mais
dans le royaume et la patience en Christ
Jésus. De là vient que la
conséquence naturelle d'un tel état
de choses c'est la souffrance
ici-bas. Aussi voyons-nous ici Jean jeté
dans l'île de Patmos pour la parole de Dieu
et pour le témoignage de
Jésus-Christ.
C'est ainsi que Jean ne s'adresse point aux
églises proprement dans son caractère
d'apôtre, mais comme leur frère et
leur compagnon dans l'affliction, et le règne
et la patience en Christ Jésus. Une chose
remarquable que le christianisme a amenée,
c'est que Dieu nous a ouvert un autre royaume d'un
ordre différent du royaume terrestre ou
juif, un royaume dans lequel il y a de
l'affliction, en égard aux circonstances
naturelles, et une espérance patiente comme
la grande grâce qui correspond à cet
état de choses et qui le distingue.
Mais l'Église s'est dérobée
à sa position de souffrance et de patience;
elle a recherché et pris dans le monde une
position de puissance; - position qui avait
appartenu de droit uniquement aux Juifs, et qui,
à cause des péchés
d'Israël avait été
dévolue aux empires Gentils par la
souveraineté divine. En présence de
la chute et du mal il ne convient à personne
de parler haut; et là où il y a
réellement séparation d'avec le mal,
il ne se trouvera rien de semblable.
Partout où il s'agit de cesser de mal faire,
il est de toute nécessité qu'on
regarde au Seigneur, de peur qu'on ne dise:
«c'est là ce que j'ai fait et ce que
d'autres n'ont pas fait.» Dites plutôt
que tout est de la grâce du Seigneur. Mais
les chrétiens qui ont le désir de se
tenir séparés du mal qui
existe autour d'eux, sont en
grand danger de se prévaloir un peu de ce
qu'ils font quelque chose que d'autres ne font
point.
En présence du mal que nous avons
quitté, et de celui que nous avons à juger en nous-mêmes, ce n'est
pas
le temps d'avoir de
nous des pensées élevées.
Lorsque Dieu déploiera la puissance envers
la terre, les siens auront communion avec lui dans
ce qu'il fera, comme ce fut le cas au pays
d'Egypte, dans le désert, et en Canaan. Mais
dans le christianisme, il ne s'agit pas de
puissance sur la terre, mais de Jésus
crucifié en faiblesse, et de puissance
exercée pour le ressusciter d'entre les
morts. Il y aura de nouveau un terrible
déploiement de la puissance de Dieu quand il
jugera non-seulement les vivants mais aussi les
morts. Mais pour nous, le feu de la colère
de Dieu est tombé sur Christ, son jugement
à été sur la tête de son
Fils bien-aimé.
Et maintenant c'est la gloire céleste que
Dieu est occupé à imprimer sur le
coeur des siens. Il forme leur caractère par
ces deux grandes choses que nous trouvons en
Christ: l'une est la croix, et l'autre la gloire
dans laquelle il a été pris
désormais. C'est avec ce qu'il a fait en
Christ qu'il veut que nous ayons communion. Christ
devrait être aussi complètement
empreint sur nos coeurs et dans nos voies que la
loi l'était sur les tables de pierre.
La vie d'une créature peut se perdre, mais
ce que le chrétien possède est la vie
de Christ, - et la vie de Christ peut-elle
jamais périr? Christ a
passé par la mort, afin de donner une vie
d'un caractère tel que la mort ne pût
la toucher.
Lorsque l'Éternel Dieu fit l'homme, il le
fit de la poussière de la terre, mais il
souffla dans ses narines le souffle de la vie; et
c'est pour cela que l'âme est immortelle.
L'homme a reçu cette vie directement du
souffle de l'Éternel Dieu. Le
péché cependant peut l'atteindre, et
aussi la mort seconde - la misère
éternelle dans le lac de feu pour
l'âme et pour le corps. Mais la vie que
Christ souffla après qu'il fut
ressuscité des morts (Jean
XX,
22) était
une vie que la mort ne
pouvait jamais vaincre, ni plus jamais assaillir,
sur laquelle rien n'avait droit; et cette vie est
celle de tout croyant. Et pourtant il y en a qui
s'imaginent que la vie d'un croyant peut se perdre!
Tout ce que je puis dire, c'est que Dieu n'en agit
pas, avec ceux qui pensent ainsi,
conformément aux pensées qu'ils ont
de Lui. La vie est aussi forte dans l'Arminien que
dans le Calviniste, parce que c'est la vie de
Christ.
Lorsqu'un homme a conscience d'avoir manqué
et d'avoir péché contre Dieu, il est
en grand danger de penser que c'en est fait de sa
bénédiction. Mais non; vous avez
marché contrairement à la vie et
contrairement à Celui qui en est la source;
mais la vie elle-même est encore là,
et ne saurait être atteinte; elle est
éternelle. Si on est occupé à
regarder au dedans de soi, à sa vie
spirituelle, on n'aura jamais de consolation. C'est
ici la preuve que je suis
chrétien, c'est que j'ai reçu le
témoignage de Dieu à son amour pour
moi en Jésus.
«Je fus en esprit, dans la journée du
Seigneur.» Le «jour du Seigneur '' (en
Grec, Kuriakê,
jour seigneurial, dominical, dimanche) n'est
pas du tout la même chose que «le jour
du Seigneur»
hêmera tou Kuriou de 2
Thess. II, 2, et
autres passages. La même
expression (Kuriakos)
était employée pour désigner
la cène du Seigneur, parce que ce
n'était point un souper ordinaire, mais un
saint mémorial du Seigneur, et d'institution
divine.
Pareillement, le jour du Seigneur n'est point un
jour ordinaire, mais un jour
particulièrement mis à part, non
comme commandement, mais comme expression du
privilège le plus élevé, pour
le culte du Seigneur. Le sabbat était le
dernier jour que Jéhovah réclamait de
la semaine de l'homme; le jour du Seigneur est le
premier jour de la semaine de Dieu, et dans un
sens, pouvons-nous dire, de
l'éternité de Dieu.
Le chrétien commence
par le jour du Seigneur, afin que cela donne, pour
ainsi dire, un caractère à tous les
jours de la semaine. En esprit le chrétien
est ressuscité, et chaque jour appartient
à Dieu; en conséquence il doit
ramener au modèle de ce commencement
béni, le jour du Seigneur, tous les jours
qui suivent dans la semaine.
Rabaisser le jour du Seigneur au niveau d'un autre
jour, ne fait que manifester avec quel plaisir le
coeur se livre à tout ce
qui est de nature à emporter un petit
morceau de Christ. Celui qui obéit à
Christ seulement parce qu'il est obligé de
le faire, ne possède absolument pas l'esprit
d'obéissance. Nous ne sommes pas
sanctifiés seulement pour l'aspersion du
sang, mais aussi pour l'obéissance de
Jésus-Christ - pour l'obéissance de
fils sous la grâce, non pour celle de simples
serviteurs sous la loi.
La licence qui méprise le jour du Seigneur
est détestable, mais ce n'est pas une raison
pour que les chrétiens lui enlèvent
son caractère, en confondant le jour du
Seigneur, le jour de la création nouvelle,
avec le sabbat de la nature ou de la loi.
En ce jour-là donc, de brillantes visions de
gloire passèrent devant les yeux du
prophète. D'abord Jean nous parle de ce
qu'il vit en cette occasion: c'est ce que nous
avons dans le reste du chapitre premier
(vers.
12-20). C'était
la vision de la
gloire de la personne de Christ au milieu des sept
chandeliers d'or. «Les choses qui sont»
(vers.
19)
nous sont présentées dans les chapitres
II et III
qui
décrivent la condition de l'Église,
en ce temps-là. La troisième division
de l'Apocalypse renferme «les choses qui
doivent arriver après celles-ci.» Le
mot
«ensuite»
est très-vague; car il peut signifier des
milliers d'années après. L'expression
«après celles-ci»
rend beaucoup mieux le sens de la phrase. Elle
désigne les choses qui suivront
immédiatement «les choses qui
sont» maintenant -
c'est-à-dire, qui se
passeront immédiatement après
l'économie de l'Église.
Celles-là, nous les trouvons à partir
du chapitre
IV jusqu'à la
fin du livre. Les
«choses qui sont,» continuent encore
(dans l'application la plus importante du livre).
Et qu'est- ce qui suivra? «Les choses qui
doivent arriver après celles-ci,»
lorsque l'Église aura cessé d'exister
sur la terre.
Considérons un peu ce que vit
l'Apôtre.
Avant tout, il entend derrière lui «une
grande voix comme d'une trompette, disant,»
etc. «Et je me tournai pour voir la voix qui
m'avait parlé, et, m'étant
tourné, je vis sept chandeliers
d'or.»
Évidemment c'était en analogie avec
le luminaire du tabernacle; seulement en ce cas-ci,
les luminaires étaient
séparés, de sorte que le
Seigneur pouvait marcher entre eux. Au milieu des
sept chandeliers Jean voit «quelqu'un
semblable au Fils de l'homme.» Jean
V
nous apprendra la portée de ceci, et
pourquoi il est question en cette circonstance du
Fils de l'homme et non du Fils de Dieu.
Le Fils de Dieu est celui qui vivifie, parce qu'il
est une personne divine; il vivifie en communion
avec le Père. Donnant ainsi la vie, il est
appelé le Fils de Dieu; mais en tant que
Fils de l'homme, il exécute le jugement,
parce que Dieu veut qu'il soit honoré dans
la nature même dans laquelle l'homme l'a
outragé. Cela nous montre en même
temps la portée de ce que nous trouvons dans
l'Apocalypse. C'est comme Fils de l'homme sur la
terre que Christ est
présenté ici, et comme tel il va
exécuter le jugement sur les sept
églises aussi bien que, dans peu, sur le
monde.
La «robe qui allait jusqu'aux pieds,»
dont il était vêtu, n'exprime pas
l'activité dans l'oeuvre à accomplir,
mais bien plutôt la dignité du
jugement sacerdotal. L' «or» de la
ceinture était le symbole de la justice
divine, comme le lin est celui de la justice
humaine. Le verset
14,
comme je le suppose, doit commencer ainsi:
«Mais la tête et les cheveux
étaient blancs comme de la laine blanche,
comme de la neige.» De sorte que, tout en
étant le Fils de l'homme, et étant vu
dans le vêtement et la position du
sacrificateur occupé à discerner et
à juger, on voit aussi en lui les
emblèmes de la gloire divine, comme cela
ressort de la comparaison de ce passage avec Daniel
VII. Ce qui est
dit par Daniel de
l'Ancien des jours, est appliqué par Jean au
Fils de l'homme - l'Ancien des jours étant
le Dieu éternel. Jean voit ici que le Fils
de l'homme est lui-même l'Ancien des jours.
Celui qui a écrit «la Parole
était auprès de Dieu, et la Parole
était Dieu» et «la Parole fut
faite chair,» etc., voit aussi maintenant,
dans une vision prophétique,
l'humanité se combiner avec les
emblèmes propres à la
divinité, dans la personne du Fils de
l'homme.
La tête et les cheveux «blancs comme de
la laine blanche, comme de la neige» expriment
la plénitude de la sagesse divine. «Les
yeux, comme une flamme de feu désignent la
pénétration qui le
caractérisait. «Les pieds
étaient semblables à de
l'airain,» etc. Ils ne pouvaient contracter
aucune souillure, et sont inflexibles dans la force
de jugement, (versets
12-15.)
Et «il avait dans sa main droite sept
étoiles,» l'emblème des anges,
ou représentants de ceux qui ont
l'autorité au milieu d'elles, des sept
églises. La parole de jugement sortait de sa
bouche, - parce que dans le Seigneur
Jésus-Christ prononcer la parole, c'est en
même temps frapper le coup. «Il a dit,
et ce qu'il a dit a eu son être.»
«Son visage était comme le soleil quand
il luit dans sa force.» Les anges des
assemblées étaient
représentés comme des
«étoiles,» seulement comme
subordonnés naturellement au Seigneur.
L'autorité suprême est dans le
Seigneur; elle est universelle dans son
étendue, et les étoiles sont dans les
églises, ses luminaires administrateurs,
qu'il maintient par sa puissance. Il juge par sa
parole ceux qui l'ont ou qui la rejettent.
Lorsque Jean voit cette merveilleuse vision du Fils
de l'homme, il tombe à ses pieds comme mort.
Mais le Seigneur met sa droite, puissante pour
soutenir, sur son pauvre serviteur qui est
là tout tremblant, et même comme mort
devant lui, et lui dit: «Ne crains point, je
suis le premier et le dernier, et le vivant, et
j'ai été mort, et voici, je suis
vivant au siècle des siècles.»
Si le Seigneur Jésus-Christ ne fût pas
mort, nous ne l'eussions pas connu dans
ce caractère béni
et cette énergie de vie dans lesquels il est
maintenant - la vie avec plus d'abondance.
Le christianisme présente Christ comme ayant
passé par la mort, et comme
ressuscité en triomphe pour Dieu et pour son
peuple. Jean va entendre parler de jugements; mais
la connaissance que la droite de Celui qui
était vivant aux siècles des
siècles avait été sur lui, et
les paroles de sa bouche lui donneraient force et
courage pour tout ce qui devait arriver. Et c'est
dans cet esprit là que ce livre a
été écrit et devrait
être lu. «Voici, je suis vivant aux
siècles des siècles et je tiens les
clés de la mort et du
hadès.»
L'ordre de ces deux derniers mots dans le texte
ordinaire est une erreur. Le hadès suit
la
mort; il ne marche pas devant elle (Apoc.
VI.). Voyez
aussi le chapitre
XX où la mort et
le hadès
sont mentionnés plusieurs fois dans leur
ordre régulier. Il en est de même ici
dans les manuscrits qui ont le plus
d'autorité.
Quand le Seigneur déclare qu'il tient les
clés de la mort et du hadès, il
insinue qu'il est le maître absolu de tout ce
qui appartient à la vie, soit pour le corps
soit pour l'âme. C'est pourquoi, aussi, au verset
19,
il faut intercaler un petit mot qui ajoute un peu
à la force et à la connexion de ce
qui est dit. «Écris, donc,
les
choses que tu as vues,» etc. Parce que je suis
ressuscité d'entre les morts, et que je suis
vivant à toujours, et l'unique maître
de la mort et du hadès, écris donc.
Celui qui avait commandé à Jean
d'écrire (vers
11,19)
était le Fils de l'homme avec les
caractères de l'Ancien des jours; mais il
était aussi le Seigneur vivant, le Seigneur
ressuscité, la sécurité contre
la terreur et la mort, Celui qui fortifiait ses
serviteurs en présence de la gloire:
«Écris donc, les choses» etc. La
nature humaine pouvait bien être confondue
à la vue de tout ce qui apparaissait; mais
Celui qui était révélé
à Jean se caractérisait
lui-même à la fois comme Dieu et comme
l'Homme qui avait passé par la mort, et
avait détruit son pouvoir pour les siens. Et
cela devait être écrit, cette révélation de Jésus, comme il avait
été
vu par Jean ainsi que
l'état présent de l'Église, et
les choses qui le suivraient. (vers.
17-19).
Le
verset
20
explique le mystère des
étoiles et des chandeliers comme il a
été déjà
indiqué. C'est le lien de connexion entre la
vision de Christ et le jugement de l'Église,
ou maison de Dieu sur la terre (Apoc.
II, III)
aussi
longtemps que son existence là est reconnue
comme l'objet de son gouvernement. Après
cela, c'est le jugement du monde de la part du
trône de Dieu dans le ciel et c'est respectivement des Juifs et des
Gentils, mais
jamais des églises, que traite cette partie
du livre. A mesure que nous avancerons, on verra
tout cela plus clairement.
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