« Cependant
je vous
dis la vérité : il vous est
avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en
vais pas, le Consolateur ne viendra pas à
vous ; mais, si je m'en vais, je vous
l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le
monde de péché, de justice et de
jugement : de péché, parce
qu'ils ne croient pas en moi ; de justice,
parce que je m'en vais à mon Père et
que vous ne me verrez plus ; de jugement,
parce que le prince de ce monde est
jugé. »
« J'ai encore beaucoup de choses à
vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter
maintenant. Quand le Consolateur, l'Esprit de la
vérité, sera venu, il vous conduira
dans toute la vérité ; car il ne
parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce
qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses
à venir. » Jean
XVI : 7-13.
La doctrine de la nécessité d'une influence divine pour éclairer et sanctifier l'esprit de l'homme est abondamment enseignée dans la Bible et généralement reçue, au moins en théorie, dans toutes les églises orthodoxes. Mais en fait, la connaissance salutaire de l'Évangile, telle que la produit le Saint-Esprit, est rare jusqu'à ce jour parmi les hommes, d'où il résulte que l'influence de l'Évangile aussi est relativement restreinte. C'est à peine si son objet suprême, qui est de produire la sainteté sur la terre, a commencé à se réaliser. La question de savoir si nous avons besoin d'une influence divine pour atteindre ce but est une question capitale ; il nous faut savoir aussi dans quelle mesure nous en avons besoin, et pour quels motifs elle est nécessaire. Si nous ne sommes pas au clair sur ces questions, nous serons par là même dans l'incertitude sur tous les sujets qui concernent notre sanctification.
Nous chercherons tout d'abord
jusqu'où peut aller la raison humaine dans
l'intelligence des choses de Dieu, sans le secours
de l'illumination divine.
1. Elle peut comprendre les faits
historiques de la religion, exactement comme elle
comprend tous les autres faits historiques.
2. Elle peut comprendre les
doctrines de
l'Évangile.
C'est-à-dire qu'elle est capable de
comprendre les vérités abstraites qui
sont comme la charpente de l'Évangile ;
ainsi l'existence et les attributs de Dieu,
l'inspiration et l'autorité divine des
Écritures, etc. Elle comprend ces
vérités et les preuves sur lesquelles
elles reposent, exactement comme elle comprend
toute vérité scientifique.
L'homme peut comprendre la loi de Dieu. Il
comprendra qu'elle lui ordonne d'avoir un parfait
amour pour Dieu et pour ses semblables. Il saura
par expérience ce qu'est l'amour, parce
qu'il réprouve pour différents
objets; et par cela seul qu'il est un être
moral, il pourra comprendre aussi combien est
raisonnable la loi qui nous l'ordonne. Il pourra de
même reconnaître qu'il est un
pécheur et qu'il ne peut être
sauvé par ses propres oeuvres ;
qu'ayant violé la loi, la loi ne peut le
justifier ; et que, s'il doit jamais
être sauvé, il ne pourra l'être
que par pure grâce.
Je pourrais parcourir toute la théologie et
vous montrer que l'intelligence humaine est capable
de la comprendre comme un système de
vérités abstraites, de l'accepter et
de la croire, sur la foi des preuves, comme on le
fait en toute autre science. Mais je suis loin
d'admettre que laissée à
elle-même, la raison puisse parvenir à
une connaissance religieuse capable de produire la
conversion et la sanctification.
Nous chercherons maintenant ce qui manque
à toute connaissance religieuse acquise sans
le secours du Saint-Esprit ; en d'autres
termes, ce qui rend toute connaissance purement
humaine stérile au point de vue du
salut.
Pour que la connaissance soit utile, elle doit
être une vue des choses assez profonde, assez
vive, pour produire l'émotion, pour toucher
le coeur et déterminer la volonté.
Une connaissance purement intellectuelle ne portera
jamais l’âme à l'action ;
abstraction scientifique, elle n'éveille
aucun sentiment, n'excite aucune émotion et
ne peut avoir aucune action sur la
volonté ; elle n'a donc aucune valeur
au point de vue du salut : Pour porter le
pécheur à aimer Dieu, il faut un haut
degré de lumière, capable de produire
de fortes émotions ; il faut que les
motifs d'obéir à Dieu apparaissent au
pécheur d'une manière assez
évidente, assez saisissante, pour subjuguer
son coeur rebelle et l'amener à
résipiscence. Voilà ce que j'appelle
une connaissance salutaire de la
vérité. Or nul n'a jamais pu ni ne
pourra jamais arriver à cette
connaissance-là sans l'Esprit de Dieu.
Si le péché n'était pas dans
le monde, la connaissance que nous pouvons
acquérir par nos seules facultés,
serait-elle capable par elle-même de nous
porter au bien ? je ne le sais pas. En fait,
la connaissance qu'avait Adam dans son état
d'innocence n'empêcha pas sa chute. Quoiqu'il
en soit, dans le monde tel qu'il est maintenant,
l'homme étant tout à fait
opposé à la sainteté, cette
connaissance est absolument insuffisante. Voici
quelques raisons de ce fait :
1. Ici-bas, toute connaissance que
nous
pouvons avoir par nous-mêmes des choses
spirituelles s'obtient par voie d'analogie ou de
comparaison.
Notre esprit est enfermé dans un corps, et
nos idées se forment d'après les
objets extérieurs et par
l'intermédiaire des sens. Or, nous ne
pouvons jamais obtenir de cette façon une
connaissance des choses spirituelles suffisante
pour agir efficacement sur notre
volonté.
Les types de l'Ancien Testament étaient
probablement le meilleur moyen auquel Dieu
pût avoir recours pour donner aux Juifs une
idée de l'Évangile. Les Orientaux
étaient fort accoutumés à se
servir de figures, de paraboles et de types, aussi
ces moyens d'éducation étaient-ils
sans doute, les plus impressifs et les plus
efficaces pour faire pénétrer la
vérité dans leur esprit. Cependant
nous voyons que les idées religieuses qui
furent communiquées aux Israélites
par cette voie étaient extrêmement
imparfaites, et que sans l'illumination divine
aucun d'eux n'aurait possédé une
connaissance vraiment efficace des
vérités du salut.
Il en est de même des mots. Ceux-ci ne sont
que des signes qui indiquent les
idées ; ils ne sont pas les
idées, ils n'en sont que des
représentations plus ou moins
grossières. Il est souvent très
difficile, parfois même impossible, de
communiquer une idée par la voie du langage.
Prenez un petit enfant, essayez de converser avec
lui, et vous verrez quelle difficulté vous
éprouverez, sur bien des sujets, à
faire pénétrer vos idées dans
son esprit ; il faudrait en effet qu'il
eût quelque expérience des choses dont
vous lui parlez, pour que vos idées se
communiquassent à lui par les mots que vous
employez.
Supposez que cette assemblée ne soit
composée que d'aveugles de naissance. Un
magnifique tableau est suspendu à la
muraille et j'entreprends de vous le
décrire. Quel que soit mon langage, je ne
parviendrai pas à vous en donner une
idée suffisante pour que vous puissiez vous
le représenter.
Le langage figuré, les analogies, les
ressemblances ne peuvent donner qu'une connaissance
imparfaite des choses. Que de fois n'avez-vous pas
fait l'expérience suivante : ou vous
avait décrit une personne ou une
localité si bien que vous pensiez en avoir
une connaissance exacte ; mais une fois en
présence de la réalité, vous
avez dû reconnaître que vous vous en
étiez fait une idée fausse.
Supposez que nous recevions la visite d'un habitant
d'une autre planète où toutes choses
seraient établies et organisées
d'après un plan tout différent de
celui que nous connaissons. Supposons encore que
cet étranger reste assez longtemps parmi
nous pour apprendre notre langage, puis qu'il
entreprenne de nous faire connaître le monde
qu'il a quitté. Il est clair que nous
comprendrons ce qu'il nous dira d'après nos
propres idées et nos propres
expériences, et que notre
compréhension des choses qu'il nous dira
sera fort imparfaite. Il en est de même quant
aux descriptions que la Bible nous fait du monde
invisible, du ciel et de l'enfer ; les mots
qu'elle emploie sont, à eux seuls,
incapables de nous donner une idée de ces
choses tant soit peu adéquate à la
réalité.
2. La méchanceté de nos
coeurs est si grande qu'elle pervertit notre
jugement.
Quand la perversité d'un homme est telle
qu'il ne veut pas être éclairé
sur les choses spirituelles, il est clair qu'il ne
peut arriver à la connaissance de la
vérité sur ces sujets.
3. Les préjugés sont un
grand obstacle à la connaissance de la
vérité dans les choses
religieuses.
Voyez le cas des disciples immédiats de
Jésus-Christ. Leurs préjugés
juifs concernant le plan du salut étaient si
forts, que toutes les instructions de
Jésus-Christ lui-même ne purent leur
faire comprendre la vérité.
Après les avoir enseignés pendant
trois ans avec toute la clarté, toute la
simplicité et toute la sagesse possibles, il
n'avait pas encore réussi à les
mettre en possession des premiers principes de
l'Évangile. Jusqu'au jour de sa mort, il ne
put leur faire comprendre qu'il devait mourir et
ressusciter des morts. C'est pour cela, qu'il leur
dit dans le dernier entretien qu'il eut avec
eux : « Si je ne m'en vais pas, le
Consolateur ne viendra pas à vous ;
mais si je m'en vais, je vous
l'enverrai. » Le vrai but de son
départ était la venue du
Saint-Esprit, qui devait leur communiquer la
véritable intelligence des paroles que
Jésus leur avait dites.
En un mot, sans l'illumination divine, l'homme peut
comprendre assez la Bible pour reconnaître
qu'il est condamné devant Dieu ; mais
il ne peut la comprendre assez, pour être
sanctifié et sauvé.
Quelle est donc l'utilité de la
Révélation ? me
demanderez-vous.
Cette utilité est grande. La Bible est aussi
claire qu'elle peut l'être. Qui peut douter
que notre Seigneur n'instruisait ses disciples avec
autant de clarté qu'il le pouvait ?
Voyez la peine qu'il prend pour illustrer son
enseignement par des comparaisons ; que son
langage est simple ; et comme, il s'abaisse au
niveau de la plus faible intelligence ! il
agit comme un père ou une mère
agirait avec son petit enfant
Assurément, cet enseignement fut utile aux
disciples, bien qu'il fût insuffisant sans le
secours de l'Esprit.
La Bible nous dit : « Personne ne
peut dire que Christ est le Seigneur, si ce n'est
par le Saint-Esprit. » Il est vrai que la
divinité de Jésus-Christ,
considérée comme abstrait, peut
être prouvée, comme toute proposition
scientifique, de manière à se faire
accepter par tout esprit dégagé de
préventions ; mais le Saint-Esprit seul
peur établir fermement en nous la foi en
Jésus-Christ, Dieu Sauveur, de
manière à sanctifier notre
âme.
Jésus-Christ nous dit aussi :
« Nul ne peut venir à moins que le
Père qui m'a envoyé ne l'attire, et
je le susciterai au dernier jour. Il est
écrit dans les prophètes
« Ils seront tous enseignés de
Dieu. » Tout homme donc qui a entendu le
Père et a été enseigné
de lui, vient à moi. » Il est
évident que l'attraction dont parle ici
Jésus-Christ est l'enseignement du
Saint-Esprit.
Nous avons besoin pour apprendre à
connaître les choses spirituelles d'un
instituteur qui ne soit pas lié aux mots et
aux syllabes, qui ne soit pas obligé de
parler à notre esprit par
l'intermédiaire des sens, et qui puisse
apporter dans notre esprit les idées
elles-mêmes et non pas seulement les signes
des idées.
La manière dont l'Esprit opère cette
oeuvre ne nous sera jamais connue en ce
monde ; mais le fait qu'il l'opère est
indéniable. C'est un fait qu'il nous donne
l'idée de choses que nous n'avons jamais
expérimentées. Quel est le
chrétien qui ne le sache ? En est-il un
seul qui n'ait pas éprouvé que
l'Esprit de Dieu peut lui faire apercevoir
instantanément dans un passage des
Écritures des vérités que
toutes ses études et tous ses efforts
n'auraient jamais pu lui
découvrir ?
Je supposais tout à l’heure le cas
où tous les membres de cette
assemblée seraient aveugles et où je
leur ferais la description d'un tableau suspendu
à la muraille. Supposez maintenant qu'au
moment où je me donnerais une peine
extrême pour vous faire comprendre le
contraste des couleurs, et tout le charme de leurs
différentes nuances, vos yeux fussent tout
à coup ouverts. Vous verriez alors les
choses mêmes que les paroles et les mots
auraient été impuissants à
vous communiquer. C'est là ce que fait
l'Esprit de Dieu et ce que seul il peut
faire : il ouvre l'oeil spirituel et apporte
à l'esprit les choses spirituelles
elles-mêmes dans leur vivante
réalité, choses dont les mots, les
figures et les comparaisons ne peuvent donner la
connaissance.
Il est d'ailleurs évident que seul l'Esprit
de Dieu connaît assez les choses de Dieu pour
nous en donner une connaissance exacte.
« Qui connaît les choses de
l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en
lui ? » dit saint Paul. Qu'est-ce
qu'un animal peut connaître de ce qui se
passe en l'homme ? Je puis parler à
votre conscience parce que je suis un homme et que
je connais les choses de l'homme. De même, la
Bible dit encore : « Personne ne
connaît les choses de Dieu, si ce n'est
l'Esprit de Dieu. » Cet Esprit ayant
conscience immédiate des choses de Dieu,
possède une connaissance de ces choses
qu'aucun autre être ne peut avoir ; et
seul il peut nous donner le genre d'instruction
dont nous avons besoin.
Il suffit de quelques passages de la Bible pour le
montrer Jésus-Christ dit que Dieu est plus
disposé à donner le Saint-Esprit
à ceux qui le lui demandent que des parents
ne sont disposés à donner à
leur enfant le pain nécessaire.
« Demandez et on vous donnera ;
cherchez et vous trouverez ; heurtez et on
vous ouvrira. » « Tout ce que
vous demandez en priant, si vous croyez, vous le
recevrez. » « C'est pourquoi je
vous dis, tout ce que vous demandez en priant,
croyez que vous le recevez, et cela vous sera
fait. » (Marc XI : 24) Et
l'apôtre Jacques dit encore :
« Si quelqu'un de vous manque de sa
gesse, qu'il fasse demande à Dieu, qui donne
à tous libéralement et ne fait pas de
reproches, et elle lui sera
donnée. » S'il est vrai que Dieu
ait fait ces promesses il est vrai aussi que chacun
peut avoir autant d'illumination divine qu'il en a
besoin.
Je désire maintenant vous montrer
les raisons pour les quelles beaucoup de
chrétiens, nonobstant ces divines promesses,
ne reçoivent pas toutes les lumières
spirituelles qui leur sont nécessaires.
1. Ils ne demandent pas tout ce dont
ils
ont besoin ou ne le demandent pas avec un
désir suffisant.
Ils désirent les choses périssables
plus que le Saint-Esprit.
2. Ils demandent mal, par des motifs
égoïstes.
L'apôtre Jacques dit : « Vous
demandez et vous ne recevez pas, parce que vous
demandez mal, afin de fournir vos
voluptés. » Si un homme demande
par un motif égoïste,
c'est-à-dire par toute autre raison que
celle de glorifier Dieu, il n'a pas sujet de
s'attendre à recevoir l'illumination divine.
S'il demande le Saint-Esprit afin d'être plus
heureux, de jouir davantage de sa religion, ou
d'être plus savant dans les Écritures,
ou afin qu'on le regarde comme un chrétien
éminent, ou par quelque autre motif
égoïste, il y a là une bonne
raison pour qu'il ne le reçoive pas.
3. Ils n'usent pas des moyens
nécessaires pour acquérir ce qu'ils
demandent.
Si vous négligez votre Bible et que vous
demandiez à Dieu de vous donner la
connaissance des choses spirituelles, vous tentez
Dieu. Dieu donne la connaissance par le moyen de la
Bible et par les autres moyens qu'il a
donnés pour notre instruction. Si nous ne
voulons pas user de ces moyens, pour autant qu'ils
sont à notre disposition, nous avons beau
prier, nous ne recevrons pas les instructions
divines : « La foi vient de ce qu'on
entend, et l'on entend au moyen de la Parole de
Dieu. »
Il y a ici une différence importante
à faire entre ceux qui possèdent les
moyens de s'instruire et ceux qui ne les
possèdent pas. Je pense qu'on peut recevoir
toute l'illumination dont on a besoin pour
connaître l'Évangile, malgré.
la privation forcée des moyens ordinaires
d'instruction. Si, par exemple, un homme se trouve
abandonné dans une île déserte,
il pourra recevoir directement du Saint-Esprit
toute l'illumination dont il a besoin. De
même en toute autre circonstance où
tout moyen extérieur d'instruction
manquerait absolument.
Plusieurs faits très remarquables qui se
sont produits ces dernières années
confirment ce que je viens d'avancer. J'ai connu un
cas que je regardais comme miraculeux, à
l'époque où il s'est produit, et que
pour cette raison j'ai rarement cité,
sentant que l'Église n'était pas
préparée à en entendre le
récit. Étant
évangéliste, je travaillais dans une
localité près de laquelle se
trouvaient beaucoup d'Allemands. Ils n'avaient
reçu que très peu d'instruction et
beaucoup d'entre eux ne savaient pas lire. Mais
quand l'Évangile leur fut
prêché, l'Esprit de Dieu fut
répandu sur eux, et un réveil des
plus puissants s'en suivit.
Bien que l'on fût au temps de la moisson,
dès qu'une réunion était
convoquée en quelque lieu, tous les
habitants du voisinage s'y rendaient en masse,
toutes les places étaient prises et tous
étaient suspendus aux lèvres du
prédicateur. C'est dans une de ces
réunions qu'une Allemande, personne
intelligente, mais qui jusqu'alors n'avait jamais
su lire, pas même distinguer les lettres,
nous raconta avec des larmes de joie
l'expérience suivante, qui fut
attestée aussi par ses voisins :
« Une fois amenée à aimer
Dieu, je désirais ardemment pouvoir lire la
Bible, et je priai disant : « O
Seigneur Jésus, tu peux m'enseigner à
lire la Sainte Bible ! » et je
sentis qu'il le pouvait. Il y avait une vieille
Bible dans la maison, je la pris, je l'ouvris, je
lus, et c'était justement ce que j'avais
entendu lire. Je crus que Jésus m'avait
appris à lire ; j'allai trouver la
maîtresse d'école ; je lus devant
elle, et elle me dit que je lisais bien ;
dès lors j'ai pu lire moi-même la
Parole de Dieu. Béni soit son saint
nom ! » Cette femme était une
personne digne de confiance et jouissant de
l'estime de ses voisins. Plusieurs de ceux-ci, des
plus respectables, me dirent ensuite qu'ils
n'avaient aucun doute que son récit ne
fût vrai.
À ce moment, je crus que c'était un
miracle ; mais depuis les faits qui ont
été mis en lumière ces
dernières années et qui tendent
à démontrer
l'indestructibilité de la mémoire,
j'ai pensé que le cas de cette Allemande
pouvait s'expliquer dans le sens de ces mêmes
faits. Dans sa jeunesse, elle avait probablement
appris le nom des lettres et leur valeur dans la
composition des sons. En réponse à sa
prière, le Saint-Esprit avait vivifié
son intelligence et renouvelé ses souvenirs
au point qu'elle devint capable de lire sa
Bible.
Plusieurs d'entre vous se rappellent les faits
établis ici même par le
président Mahan, faits qui démontrent
que toute impression faite sur l'esprit de l'homme
laisse une trace indélébile. Il cita
le cas d'une vieille dame qui lorsqu'elle
était jeune avait lu une poésie
contenant un petit récit. Un jour elle
voulut se rappeler cette histoire pour la raconter
à quelques enfants ; et, à sa
grande surprise, tous les vers de cette
poésie revinrent tout à coup à
sa mémoire, de sorte qu'elle put les
répéter mot peur mot, bien qu'elle
n'eût jamais essayé de les
mémoriser. Le Dr Mahan cita encore le cas
d'une femme ignorante qui avait été
en service chez un savant pasteur. Celui-ci avait
l'habitude de lire à haute voix sa Bible
hébraïque, en sorte que la servante qui
faisait son travail dans la pièce voisine
pouvait l'entendre. Comme vous le pensez bien,
celle-ci ne comprenait pas un mot de ce que disait
le ministre, elle n'entendait que les sons. Or,
fort longtemps après, étant sur son
lit de mort, cette femme, au grand
étonnement de tous ceux qui l'entouraient,
se mit à réciter des chapitres
entiers d'hébreu et de chaldéen. Les
voisins crurent d'abord à un miracle ;
mais tout s'expliqua dans la suite.
Il est donc constaté que même un son
inintelligible pour celui qui le perçoit
peut faire une telle impression sur la
mémoire, que fort longtemps après il
reparaisse dans l'esprit avec une entière
netteté. Je suppose que ce fut le cas de
l'Allemande dont j'ai parlé ; Dieu
l'exauça en donnant une nouvelle puissance
à sa mémoire, en sorte qu'elle put se
rappeler la forme des lettres et les sons qu'elles
représentent.
4. Une autre raison pour laquelle
beaucoup de gens n'obtiennent pas l'illumination
divine dont ils ont besoin, est qu'ils contristent
l'Esprit de Dieu de différentes
manières.
5. Une autre
raison encore qui
empêche de recevoir la lumière du
Saint-Esprit, est la confiance que l'on place dans
des instructions et des moyens qui ne sont rien
sans l'illumination de l'Esprit de Dieu.
Que de gens qui comptent sur l'enseignement de tel
ou tel pasteur, sur des livres, commentaires ou
autres, ou sur leurs propres recherches, et qui ne
voient pas que toutes ces choses, sans l'Esprit de
Dieu, ne peuvent que tuer, jamais vivifier ;
condamner, jamais sauver ! Cette erreur est
presque partout répandue dans
l'Église.
Oh ! si les chrétiens pouvaient sentir
réellement que tous les moyens ne sont rien
sans l'enseignement du Saint-Esprit, comme ils
prieraient, comme ils purifieraient leurs mains,
comme ils humilieraient leur coeur, jusqu'à
ce que le Saint-Esprit descendit pour leur
enseigner toutes les choses qui regardent le
royaume de Dieu !
6. La confiance en soi-même est
encore une raison du fait que connaît si peu
l'illumination divine du Saint-Esprit.
Aussi longtemps que ceux qui font profession
d'être chrétiens placeront leur
confiance dans leur savoir ou dans leur jugement ou
dans leur capacité à s'instruire des
choses de Dieu, il n'est pas probable que le
Saint-Esprit leur accorde d'abondantes
lumières.
C'est une vérité universellement
reconnue que chacun est responsable de toute la
lumière qu'il pourrait avoir, tout aussi
bien que de toute celle qu'il a effectivement.
C'est en effet un principe de loi fort
élémentaire, une vérité
de sens commun, que personne ne peut s'autoriser de
son ignorance de la loi pour la violer ; car
tous sont tenus de la connaître. Il en est de
même dans le royaume de Dieu. Si nous avons
à notre disposition et les moyens
extérieurs d'instruction, et les
enseignements intérieurs du Saint-Esprit, et
que nous péchions par ignorance, nous ne
sommes pas seulement, sans excuse quant au
péché particulier que nous avons
commis, mais notre ignorance elle-même est un
crime. D'une manière générale,
elle augmente notre culpabilité.
Nous sommes donc sans excuse si nous ne
possédons pas toute la connaissance
nécessaire à notre parfaite et
immédiate sanctification.
1. Vous voyez l'effet que produisent
les
instructions humaines sur une congrégation
dans laquelle ne s'exerce aucune influence
divine.
Ces instructions peuvent convaincre l'église
de son devoir, mais elles ne produiront jamais la
sanctification. Elles ne changeront pas le
coeur ; elles l'endurciront. Sans l'influence
de l'Esprit de Dieu, elles ne sont qu'une
« odeur de mort pour produire la
Mort. »
2. Vous voyez combien il est important de
mettre en oeuvre tous les moyens d'instruction
religieuse qui sont à notre portée,
afin que le Saint-Esprit s'en serve comme de
véhicules pour faire parvenir aux âmes
l'illumination divine.
Nous n'avons aucune raison pour ne pas user des
moyens qui ont été mis en notre
pouvoir et pour ne pas mettre en oeuvre toutes nos
facultés afin d'acquérir la
connaissance des choses religieuses ; nous
devons faire tout cela aussi fidèlement que
si nous pouvions arriver à la
complète intelligence des choses
spirituelles sans le secours du Saint-Esprit.
« Aide-toi, Dieu t'aidera. »
Quand nous nous servons de tous les moyens que Dieu
nous donne, nous pouvons nous attendre à ce
que Dieu nous éclaire. Mais détourner
nos yeux de la lumière en priant Dieu de
nous éclairer, c'est tenter Dieu.
3. Ceux qui enseignent les
vérités religieuses sans avoir
été eux-mêmes enseignés
de Dieu, sont « des aveugles conducteurs
d'aveugles. »
Aucun degré de savoir, aucune puissance de
dialectique, aucune faculté humaine enfin ne
feront jamais un bon prédicateur de
l'Évangile, tant que l'illumination
puissante du Saint-Esprit lui fera défaut.
Aveugle est l'homme qui, étant
dénué de cette illumination, pense
cependant comprendre la Bible ; s'il
entreprend d'enseigner autrui, il se séduit
lui-même et séduit les autres :
ils tomberont avec lui dans la même
fosse.
4. Si quelqu'un enseigne l'Évangile
par le Saint-Esprit envoyé du ciel, il sera
généralement compris.
Il est possible que ses auditeurs ne le comprennent
pas, parce que le Saint-Esprit ne leur a pas
été donné comme à lui.
Mais dès que le Saint-Esprit agira sur eux,
ils le comprendront.
5. Le prédicateur de
l'Évangile ne doit jamais se servir d'un
texte dont le sens ne lui a pas été
enseigné par le Saint-Esprit
lui-même.
Ce serait de la présomption. Que jamais
personne ne se croie obligé de le faire, car
nous pouvons toujours obtenir les enseignements du
Saint-Esprit. Je dis cela aussi bien aux moniteurs
d'école du dimanche et aux directeurs de
classes bibliques qu'aux pasteurs. Si quelqu'un
entreprend d'expliquer ce que le Saint-Esprit ne
lui a pas enseigné, il est comme l'enfant
des rues qui s'aviserait d'enseigner l'astronomie.
Parmi ceux qui expliquent l'Évangile, bien
peu, je le crains, sentent la
nécessité de prier jusqu'à ce
qu'ils aient la certitude que le Saint-Esprit les a
mis en possession de l'interprétation qu'ils
doivent transmettre aux autres. Moniteurs et
monitrices ! avez-vous l'habitude de chercher
à genoux le sens vrai de la leçon du
jour ? Ou bien, vous adressez-vous à
quelque commentaire, pour aller débiter
ensuite de froides banalités, sans avoir
rien reçu du Saint-Esprit ? Si vous
agissez ainsi, laissez-moi vous dire que vous
feriez mieux de vous occuper d'autre chose.
Que penseriez-vous d'un prédicateur quand
vous sauriez qu'il ne prie pas en étudiant
son texte ? Prenez garde ! comment
osez-vous enseigner une religion que vous n'avez
pas apprise de Dieu ?
6. C'est une grande erreur que commettent
les étudiants en théologie lorsque,
pour connaître le sens de l'Écriture,
ils consultent les Pères, les docteurs et
toutes les autorités possibles,
excepté le Saint-Esprit.
Au lieu d'aller droit à la source de toute
lumière, ils vont, le coeur froid, ramasser
partout des lambeaux de science qu'ils produisent
ensuite dans les églises sous le nom
d'enseignement religieux. Il y a de quoi faire
frémir.
Tant qu'ils procéderont de la sorte, nous
n'aurons pas un corps pastoral vraiment à la
hauteur de sa tâche. Ils ont raison
d'employer tous les moyens à leur
portée pour arriver à la,
compréhension des Écritures ;
mais ils ne devraient jamais faire fond sur ce
qu'ils trouvent en aucun livre, jusqu'à ce
que Dieu lui-même les eût mis en
possession de la vérité dont ils ont
besoin.
J'ai pris beaucoup de peine pour faire comprendre
cela aux étudiants qui sont sous ma
direction et je crois y avoir réussi en
quelque mesure. J'aurais mieux réussi sans
doute, si j'avais encore plus insisté sur ce
point essentiel. Quand j'étudiais la
théologie, j'ai passé des heures, je
pourrais peut-être dire des semaines,
à genoux avec ma Bible ouverte devant moi,
travaillant et priant pour arriver à
connaître la pensée de l'Esprit. Je ne
dis pas cela pour me vanter, mais pour vous montrer
que je n'avance point ici des opinions qui seraient
nouvelles chez moi ; j'ai toujours obtenu mes
textes et mes prédications à genoux.
Et cependant, j'ai conscience de n'avoir acquis que
bien peu de connaissance des choses de Dieu, en
comparaison de toute telle que j'aurais si j'avais
recouru constamment à la source de toute
lumière comme j'aurais dû le
faire.
7. Qu'il y a peu de connaissance de la
Parole de Dieu dans l'Église!
Faites lire à la plupart des
chrétiens les Épîtres, par
exemple, ils ne sauront pas donner une opinion
motivée sur le sens de la dixième
partie de leur contenu. Ne vous étonnez pas
que l'Église ne soit pas sanctifiée.
Elle a besoin d'une plus grande somme de
vérité. Notre Sauveur disait :
« Sanctifie-les par ta
vérité ; ta parole est la
vérité. » L'Église
ne saura ce que signifie une entière
sanctification que lorsqu'elle aura usé plus
largement de ce grand moyen de sanctification. Nos
gens ne comprennent pas la Bible ; la raison,
c'est qu'ils ne sont pas allés à Son
auteur pour en avoir l'explication. Quoique ce
privilège béni soit à leur
portée, et qu'ils puissent tous les jours en
user, s'ils le veulent, combien minime est la
portion dont ils peuvent dire avec certitude que le
sens leur en a été donné de
Dieu !
8. Vous voyez combien il est
nécessaire que tous nous nous adonnions de
tout notre coeur à l'étude de la
Bible sous la direction du Saint-Esprit.
Je vous ai récemment recommandé
plusieurs livres, l'Exposition de la Perfection
chrétienne de Wesley, les Mémoires de
Brainerd Taylor, de Payson, de Mme Rogers et
d'autres. J'ai constaté que dans un certain
état d'âme de tels livres sont
salutaires ; mais ma pensée a toujours
été qu'un seul livre devait faire mon
étude. Je lis de bons livres
occasionnellement, mais le temps et le désir
me manquent pour faire beaucoup de lectures, alors
que j'ai tant à apprendre de ma Bible. Ce
livre béni est pour moi une mine profonde
qui devient plus riche à mesure que je
l'exploite davantage. Nous devons l'étudier
plus que tous les autres livres ; nous devons,
en le lisant, nous arrêter fréquemment
et prier au sujet de ce que nous avons lu ; il
faut l'étudier ainsi verset après
verset, comparant les Écritures avec les
Écritures, arrêtant notre esprit sur
ce que nous avons lu, le méditant dans la
prière jusqu'à ce que nous sentions
que le Saint-Esprit s'en est servi pour nous
remplir d'un esprit de sainteté.
Voulez-vous le faire ? Voulez-vous ouvrir vos
coeurs et ne donner aucun repos à Dieu
jusqu'à ce qu'il vous ait remplis de sa
divine connaissance ; voulez-vous SONDER les
Écritures ? Les nouveaux convertis et
les candidats au ministère m'ont souvent
demandé ce qu'ils devaient lire. LISEZ LA
BIBLE, leur ai-je dit ; et je donnerais
volontiers la même réponse cinq cents
fois de suite. Hélas !
hélas ! la plupart des jeunes pasteurs
connaissent moins bien la Bible que leurs autres
livres d'étude. Oh ! s'ils avaient
l'esprit de James Brainerd Taylor, son amour pour
les Écritures et ses prières pour
obtenir l'enseignement du Saint-Esprit, les
églises n'auraient plus si souvent à
déplorer la stérilité des
efforts de tant de jeunes prédicateurs, qui
sortent des écoles remplis de science
humaine et presque dépourvus des
lumières du Saint-Esprit.
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