« La tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. » 2 Cor. VII : 10.
Dans ce chapitre, l’apôtre Paul s’en réfère à une autre épître
écrite par lui précédemment aux Corinthiens au sujet de fautes graves
qu’ils avaient commises. Il mentionne l’effet excellent produit par
cette lettre précédente ; les fidèles de Corinthe avaient été
amenés à une vraie repentance : ils s’étaient attristés selon
Dieu. « Et voici, cette même tristesse selon Dieu, quel
empressement n’a-t-elle pas produit en vous ! Quelle
justification, quelle indignation, quelle crainte, quel désir ardent,
quel zèle, quelle punition ! Vous avez montré à tous égards que
vous étiez purs dans cette affaire. »
Dans le verset que j’ai pris pour texte, Paul parle de deux sortes de
tristesse au sujet du péché ; l’une produit la repentance pour le
salut ; l’autre produit la mort. Ces deux tristesses sont ce que
l’on nomme ordinairement « la vraie et la fausse
repentance » et c’est de quoi nous parlerons ce soir.
Je désire montrer :
I. En quoi consiste la vraie repentance.
II. À quoi on la reconnaît.
III. En quoi consiste la fausse repentance.
IV. À quoi on la reconnaît.
Il est grand temps que ceux qui font profession de piété apprennent à
distinguer beaucoup mieux qu’ils ne le font entre les différents
sentiments religieux, entre les différents états d’âme ; si l’on
avait eu la lumière à cet égard, l’église ne serait pas envahie par
d’inutiles et faux chrétiens. J’ai été souvent conduit, ces derniers
temps, à rechercher pourquoi il y a tant de fausse religion et je me
suis efforcé de remonter aux causes premières de ce mal. Fait notoire
et considérable, il y a un très grand nombre de gens qui croient être
religieux et qui, à moins que la Bible ne soit fausse, ne le sont
point. Comment se fait-il qu’ils se trompent ainsi ? Pourquoi y
a-t-il tant de pécheurs impénitents qui s’imaginent avoir passé par la
repentance ? C’est sans doute parce qu’on ne leur a pas appris à
discerner les vrais fondements de toute vie religieuse, et tout
spécialement qu’ils ne savent pas faire la différence entre la vraie
et la fausse repentance.
La vraie repentance est un changement complet et de l’idée que l’on se
fait du péché et des sentiments que l’on éprouve à son égard. Le mot
du texte grec traduit en français par repentance implique cela, il
signifie changement d’opinion et de disposition. Le sentiment est un
résultat de la pensée. Si l’idée que l’on se fait du péché est juste
et si elle est accompagnée du sentiment qui lui correspond, la
repentance sera vraie. L’idée que l’on se fait du péché étant
semblable à celle que Dieu en a, la tristesse selon Dieu découlera de
cette idée.
PREMIÈREMENT. Il doit y avoir CHANGEMENT D’OPINION à
l’égard du péché.
1. Changement d’opinion sur la nature du péché.
À celui qui se repent véritablement, le péché parait tout
différent de ce qu’il est pour celui qui ne s’est pas repenti. Au lieu
de se montrer désirable et plein d’attraits, il se montre
souverainement odieux et détestable, tellement que le pénitent
s’étonne d’avoir jamais pu désirer chose pareille. Les pécheurs
impénitents peuvent comprendre que le péché causera leur ruine parce
qu’il attirera sur eux le châtiment de Dieu ; mais il leur
parait, en somme, désirable ; ils l’aiment ; ils le
caressent dans leur imagination ; et s’il pouvait avoir une fin
heureuse, l’idée ne leur viendrait jamais de l’abandonner. Mais quant
à celui qui se repent, c’est tout autre chose ; le péché lui
apparaît dans sa propre conduite comme absolument haïssable ;
« quelle chose abominable et digne de l’enfer ?
s’écrie-t-il, comment ai-je pu l’aimer ? »
2. Changement d’opinion touchant le jugement que Dieu porte
sur le péché.
Les pécheurs ne voient pas pourquoi Dieu menace le péché
d’un si terrible châtiment. Ils l’aiment tant eux-mêmes, qu’ils ne
peuvent comprendre pourquoi Dieu le juge digne d’un châtiment éternel.
Lorsqu’ils sont fortement « convaincus de péché, » ils
pensent tout différemment ; l’opinion qu’ils se font du péché est
alors d’accord avec celle qu’en ont les chrétiens, et pour devenir
chrétiens eux-mêmes, il ne leur manque plus qu’une chose : un
changement correspondant dans leurs sentiments. Maint pécheur, en
effet, voit que sa conduite à l’égard de Dieu le rend digne de la mort
éternelle, mais son coeur ne suit pas les lumières de son esprit.
C’est le cas des démons et des méchants qui sont en enfer. En
résumé : un changement d’opinion est indispensable à la vraie
repentance et la précède toujours. Il peut y avoir changement
d’opinion sans vraie repentance ; mais il ne peut y avoir vraie
repentance sans changement d’opinion.
3. Changement d’opinion quant aux tendances du péché.
Le pécheur doit arriver à reconnaître que le péché ne tend qu’à le
détruire ; qu’à perdre tout homme, corps et âme, pour le temps et
pour l’éternité, et qu’il est en complète opposition avec tout ce qui
est aimable et heureux dans l’univers. Il faut qu’il comprenne qu’il
n’y a pour lui d’autre remède à ce mal que le rejet absolu, la
délivrance complète de tout péché. Satan lui-même sait cela, et il est
possible que bien des pécheurs, ici, dans cette assemblée, le
sachent aussi.
4. Changement d’opinion touchant le salaire du péché.
Le pécheur insouciant est presque complètement dénué d’idées
justes sur la rétribution que mérite le péché. En supposant même
qu’il admette en théorie que le péché mérite la mort éternelle, il ne
le croit cependant pas. S’il le croyait, il lui serait impossible de
demeurer pécheur insouciant ; il serait tout au moins pécheur
angoissé. Il se trompe quand il s’imagine croire sincèrement que le
péché mérite la colère éternelle de Dieu. Mais quant à celui qui est
véritablement réveillé et convaincu de péché, il n’a pas plus de doute
à cet égard qu’il n’en a sur l’existence de Dieu ; il voit
clairement que le péché mérite un châtiment éternel de la part de
Dieu.
SECONDEMENT. Ce changement d’opinion doit être accompagné d’un
CHANGEMENT DE SENTIMENTS.
En toute vraie repentance, il y a changement de sentiment à l’égard du
péché sous tous les rapports : changement de sentiment à l’égard
de sa nature, changement de sentiment à l’égard de sa relation avec
Dieu, changement de sentiment au sujet de ses tendances, changement de
sentiment au sujet de la rétribution qu’il mérite.
1. Celui qui se repent véritablement ne voit pas seulement que
le péché est en lui-même détestable, vil, absolument exécrable ;
il l’abhorre réellement, il le hait du plus profond de son coeur. On
peut voir que le péché est pernicieux, abominable, et cependant
l’aimer, le désirer et lui demeurer attaché. Mais quand on se repent
véritablement, on l’abhorre de tout son coeur et l’on rompt absolument
avec lui.
2. De même, considéré dans sa relation avec Dieu, le péché fait
éprouver au pécheur repentant un sentiment tout nouveau ; et
c’est là qu’est la source de ces flots de tristesse qui envahissent
parfois le coeur du chrétien à la vue du péché. Quand il le considère
en lui-même, il éprouve un sentiment d’horreur ; mais quand il le
voit dans sa relation avec Dieu, il pleure ; navré, désolé, son
coeur se brise, il se jette sur sa face et répand des flots de larmes
sur ses péchés.
3. Quant aux tendances du péché, il en est encore de
même ; celui qui se repent véritablement sent tout ce qu’elles
ont de funeste. Quand il considère ces tendances, il éprouve un désir
véhément de mettre un terme au péché, d’en sauver ses semblables et de
faire reculer cette vague de mort qui s’étend sur la terre. Plein
d’une brillante ardeur, il prie, il travaille, il fait tous ses
efforts pour arracher les pécheurs du feu, pour les sauver des suites
effroyables du péché. Voir pécher les autres, c’est pour lui comme
s’il les voyait prendre un poison mortel ; il ne peut faire
autrement que d’élever sa voix pour leur crier de prendre garde.
4. Enfin le pécheur repentant sent quelle doit être l’horreur
de la rétribution méritée par le péché.
Il n’est pas seulement intellectuellement convaincu que le péché
mérite une punition éternelle, mais il sent qu’il aurait été
raisonnable et juste que Dieu le condamnât, lui personnellement, à
l’éternelle mort ; il approuve donc la sentence de mort que la
loi prononce contre sa personne et regarde comme le miracle des
miracles que Dieu puisse lui pardonner. Au lieu de trouver dur, sévère
ou cruel que Dieu envoie en enfer les pécheurs incorrigibles, il adore
Dieu, le coeur rempli de gratitude et d’étonnement de ce qu’il n’a pas
été envoyé lui-même en enfer et de ce que ce monde criminel tout
entier n’a pas été depuis longtemps déjà précipité dans le feu
éternel. Que celui qui pèche soit condamné, c’est la dernière chose au
monde dont il songerait à se plaindre ; et quand il songe au
salut d’un pécheur, son coeur se remplit d’un sentiment de gratitude
tel qu’il n’en a jamais connu de semblable avant d’être chrétien.
Et j’espère apporter assez de lumière sur ce point pour que chacun de
vous puisse reconnaître d’une manière infaillible s’il s’est repenti
ou non.
1. Si votre repentance est vraie, vous aurez conscience
qu’il s’est opéré en vous un changement de vues et de sentiments à
l’égard du péché.
Vous serez tout aussi conscients de ce changement que vous avez jamais
pu l’être de tout autre changement qui s’est accompli en vous. En
est-il ainsi ? Avez-vous conscience. qu’il y ait eu en vous
changement de vues et de sentiments à l’égard du péché ? que sur
ce point, les choses anciennes sont bien passées et que toutes choses
sont devenues nouvelles ?
2. Quand la repentance a été vraie, la disposition à
commettre de nouveau le péché n’existe plus.
Si vous vous êtes vraiment repentis, vous n’aimez plus le péché ;
et vous pouvez constater que vous ne vous en abstenez pas par crainte
du châtiment, mais parce que vous le haïssez. Où en êtes-vous à cet
égard ? Avez-vous connaissance que votre disposition à commettre
le péché ait pris fin ? Rappelez-vous les péchés que vous aviez
coutume de pratiquer lorsque vous étiez inconvertis. Sous quel jour
les voyez-vous maintenant ? Vous paraissent-ils agréables et
aimeriez-vous à les pratiquer de nouveau si vous l’osiez ? S’il
en était ainsi, si la disposition à pécher était encore en vous, vous
seriez seulement convaincus de péché.
Votre opinion quant au péché a pu être changée, mais si l’amour pour
votre péché d’autrefois est encore en vous, aussi vrai que votre âme
vit, vous êtes encore un pécheur impénitent.
3. La vraie repentance produit la réforme de la conduite.
Je crois que c’est la vérité que Paul avait surtout en vue dans la
parole de notre texte traduite par ces mots : « la tristesse
selon Dieu produit la repentance ; » le mot traduit ici par
repentance indique le changement de la conduite. S’il n’en était pas
ainsi, notre texte reviendrait à dire que la repentance produit la
repentance. Or Paul parlait, à ce qu’il me semble, d’un changement de
sentiment produisant un changement de conduite, et aboutissant par
conséquent au salut. Maintenant, permettez-moi de vous le demander,
êtes-vous réellement réformés ? Avez-vous délaissé vos
péchés ? Ou les pratiquez-vous encore ? s’il en était ainsi,
vous seriez encore un pécheur (1). Il
peut y avoir eu changement dans votre esprit, mais si le résultat n’a
pas été le changement de votre conduite, la réforme actuelle de votre
vie, vous : n’avez pas connu la « repentance selon
Dieu, » celle que Dieu approuve.
4. La repentance, quand elle est vraie, produit la
confession et la restitution.
Le voleur ne s’est pas repenti tant qu’il garde l’argent qu’il a
volé ; il peut être convaincu de péché, mais il n’a pas la
repentance ; s’il l’avait, il s’empresserait de rendre l’argent
qui ne lui appartient pas. Si vous avez dupé quelqu’un et que vous ne
lui ayez pas rendu ce que vous lui avez pris injustement, ou si vous
avez injurié quelqu’un et que vous n’ayez pas réparé, autant qu’il est
en vous, le mal que vous avez. fait, vous ne vous êtes pas repenti
véritablement.
5. La vraie repentance est un changement permanent et de
caractère et de conduite.
Notre texte dit que c’est une repentance à salut, littéralement
« changement de disposition, une conversion à salut, dont on ne
se repent point ; qu’est-ce que cela signifie si ce n’est que
cette vraie repentance est un changement si profond, si fondamental,
que celui en qui elle a eu lieu ne retourne plus jamais en
arrière ? L’amour du péché a été véritablement abandonné ;
et le changement de vues et de sentiments a été tel, qu’il n’y aura
plus de retour à cet amour. Mettez bien cela dans votre esprit
maintenant, vous tous qui m’entendez : le pécheur qui s’est
véritablement repenti est animé de sentiments tels qu’il n’en changera
plus jamais : Notre texte dit : « repentance à
salut ; » dire que cette vraie repentance conduit droit au
repos du et la vraie raison en est que cette repentance est celle dont
on ne se repent jamais. »
remarquer, vous apercevez que la doctrine de la persévérance des
saints est vraie, et comment il faut l’entendre. La vraie repentance
est un changement de sentiments si complet, elle produit une horreur
du péché telle, que celui qui l’éprouve persévérera, cela va de
soi ; il n’annulera jamais sa repentance pour retourner au péché.
La fausse repentance est appelée mondaine, elle est une tristesse du
monde. » C’est une tristesse occasionnée par le péché, mais
provenant de considérations mondaines qui sont toutes relatives au
bonheur personnel et temporel du pécheur, tout au plus à son bonheur
dans une vie future. Cette douleur-là n’a pas pour objet le péché
comme tel.
1. Elle n’est pas fondée sur un changement d’opinion tel
que celui que j’ai signalé comme appartenant à la vraie repentance.
Le changement qui la constitue ne porte pas sur des points
fondamentaux. Vous pouvez voir les conséquences déplorables du péché
en vous plaçant à un point de vue mondain, et en être rempli de
consternation. Vous pouvez considérer qu’il porte atteinte à votre
réputation, à votre honorabilité, qu’il met en danger votre vie ;
que si votre conduite cachée venait à être découverte, cela vous
ferait le plus grand tort, et tout cela peut vous remplir de frayeur
et de détresse... Cette sorte de tristesse selon le monde se rencontre
très fréquemment elle a toujours pour principe une considération
mondaine quelconque (2).
2. La fausse repentance est fondée sur l’égoïsme.
La repentance peut n’être qu’un vif sentiment de regret éprouvé par le
pécheur au sujet de la conduite qu’il a tenue, parce qu’il en voit les
conséquences désastreuses pour lui-même et qu’il voit que cette
conduite le rend malheureux, qu’elle l’expose à la colère de Dieu,
qu’elle déshonore sa famille ou ses amis ; en un mot, qu’elle lui
cause du dommage soit pour le temps, soit pour l’éternité. Or, tout
cela est pur égoïsme.
La repentance peut être le remords de la conscience, remords rongeur,
cuisant, implacable, mais non pas vraie repentance.
Elle peut être de la frayeur, une frayeur extrême de la colère de Dieu
et des peines de l’enfer, et cependant n’être que pur égoïsme. L’on
peut être rempli de terreur à la pensée des justes jugements de Dieu,
sans avoir jamais eu en son coeur l’horreur du péché, sans avoir
jamais eu le coeur brisé à sa vue, et par conséquent sans avoir jamais
senti tout ce qu’il a de grave et d’odieux.
1. Elle ne change pas les sentiments.
Elle laisse indomptée dans le coeur la disposition au péché. Les
sentiments de celui qui n’a connu que cette fausse repentance ne sont
pas tellement changés à l’égard de la nature du péché, qu’il n’éprouve
encore le désir de pécher. Et s’il s’abstient de commettre le péché,
ce n’est pas à cause de l’horreur qu’il lui inspire, c’est à cause de
la crainte qu’il a des conséquences.
2. Elle produit la mort.
Elle conduit à une dissimulation hypocrite. Celui qui a passé par la
vraie repentance veut bien que l’on sache qu’il est un pécheur et
qu’il s’est repenti. Celui qui ne connaît que la fausse repentance
recourt aux excuses et aux mensonges pour couvrir ses péchés : il
a honte de sa repentance. Quand on l’appelle à venir au banc des
pénitents, il s’efforce de cacher ses péchés, il emploie toutes sortes
d’excuses pour en voiler l’énormité. Quand il parle de sa conduite
passée, il le fait toujours dans les termes les plus indulgents et les
plus favorables. Il est toujours porté à cacher ses péchés. Cette
repentance conduit à la mort. Elle fait commettre un péché pour en
couvrir un autre. Et comment se manifeste-t-elle ? — Triste
spectacle ! Au lien de la confession nette et franche d’un coeur
ouvert et candide, vous ne trouvez qu’une sorte de verbiage insipide
et doucereux ; quelque chose de froid et de forcé ;
minauderies, aveux faits du bout des lèvres, qui ont la prétention
d’être une confession et qui ne confessent rien.
Qu’en est-il de vous ? Avez-vous honte que quelqu’un vienne vous
parler de vos péchés ? S’il en est ainsi, votre tristesse n’est
que la tristesse du monde qui produit la mort. Qu’il est fréquent de
voir des pécheurs s’esquiver pour éviter un entretien au sujet de
leurs péchés et continuer cependant à se donner pour des âmes
angoissées qui recherchent le salut ! comment peut-on espérer
devenir chrétien en suivant, cette voie-là ? L’angoisse de ces
âmes n’est autre que celle qui se trouve dans l’enfer. Il n’y a pas de
doute que tous les méchants habitants de l’abîme ne désirent fuir loin
des regards de Dieu. Ni angoisse, ni désir de ce genre ne se trouvent
parmi les saints dans le ciel. Leur tristesse est franche et ouverte,
intègre et cordiale. Une pareille tristesse n’est pas incompatible
avec le vrai bonheur. Les saints sont remplis de bonheur et cependant
ils sont remplis d’une tristesse non déguisée, vive et profonde au
sujet, du péché. Mais la tristesse selon le monde a honte d’elle-même,
elle est vile et misérable ; elle ne produit que la mort
3. La fausse repentance ne produit qu’une réformation
partielle de la conduite.
La tristesse selon le monde ne réforme la conduite d’un homme que dans
les choses au sujet desquelles il a été fortement convaincu de péché.
Elle ne change pas le coeur. Celui qui n’a, connu que cette repentance
évite les péchés scandaleux, ceux auxquels il a été rendu
particulièrement attentif.
Quand un nouveau converti retombe dans le péché, cherchez-en la cause
et vous trouverez qu’il n’y a eu qu’un changement partiel dans sa
conduite. Il s’est réformé en certaines choses, mais il y a beaucoup
de choses qui sont décidément mauvaises et qu’il continue à pratiquer.
Si vous faites sa connaissance intime, vous verrez qu’au lieu d’avoir
une grande crainte du péché quel qu’il soit, et d’être prompt à
découvrir en toute chose tout ce qui est contraire à l’esprit de
l’Évangile, il sera relâché dans ses vues et dans sa conduite en
beaucoup de choses, quoique strict peut-être et bien éclairé sur
plusieurs points. Il n’a pas cet éloignement pour tout péché qui
caractérise le chrétien.
4. Le changement de conduite produit par la fausse
contrition non seulement est limité, mais n’est ordinairement que
temporaire.
Celui qui ne connaît que cette fausse repentance retombe
continuellement dans ses anciens péchés. La raison en est que sa
disposition à pécher n’a pas disparu ; elle n’a été que comprimée
par la crainte. Aussi, dès que la crainte s’est dissipée et que
l’espérance est revenue ; dès que le néophyte s’est trouvé dans
bien vu, bien soutenu, il est revenu graduellement en arrière.
Maintenant il retourne à ses anciens péchés. C’est ce qu’on remarque
dans l’histoire du peuple d’Israël. La vraie repentance faisait
défaut ; aussi ce peuple retournait-il sans cesse à son idolâtrie
et à ses autres péchés. Les enfants d’Israël n’avaient que la
tristesse selon le monde. Il en est de même aujourd’hui partout dans
l’Église. Les gens sont changés pour quelque temps, ils sont reçus
dans l’église, puis ils retournent à leurs anciens péchés. Ils aiment
à appeler cela : se refroidir, rétrograder, décliner, etc., mais
la vérité est qu’ils ont toujours aimé le péché, et quand l’occasion
leur en a été donnée, ils sont retournés à ce qu’ils aimaient ;
comme la truie lavée est retournée se vautrer dans le bourbier, parce
qu’elle était toujours truie.
Combien je désire que vous compreniez cela à fond ! C’est ici que
se trouve la raison d’être de toute cette vie de hauts et de bas que
vous connaissez si bien. Les gens sont réveillés, puis convaincus de
péché, et peu à peu ils reprennent espoir et s’établissent dans une
fausse sécurité ; ils s’éloignent alors de plus en plus de Dieu.
Ils peuvent veiller assez sur eux-mêmes peut-être pour pouvoir rester
dans l’église, mais comme le germe du péché n’a pas été détruit en
eux, ils retournent à leurs anciennes voies. La femme qui aimait la
toilette l’aime encore et peu à peu elle retourne à ses rubans et à
ses colifichets. L’homme qui aimait l’argent l’aime encore ;
bientôt il glisse sur la pente, et le voilà qui s’enfonce de nouveau
dans les affaires et poursuit les liens de ce monde aussi ardemment
qu’il l’a jamais fait vaut de se joindre à l’église.
Parcourez tous les rangs de la société, et si vous trouvez des gens
vraiment convertis, vous verrez que les péchés qui leur étaient le
plus habituels avant leur conversion, sont ceux dont ils sont le plus
éloignés. Celui qui est réellement converti est moins exposé que tout
autre à tomber dans ce qui était précédemment son péché habituel, car
il en a plus d’horreur que personne. Mais celui qui est dans
l’illusion et dont les dispositions sont mondaines a toujours la
tendance à retomber dans les mêmes péchés. Vous verrez la femme qui
aime la toilette sortir de nouveau dans toute sa gloire et briller
comme elle en avait l’habitude autrefois. La source du péché n’a pas
été tarie, le coeur n’a pas été purifié ; au contraire,
l’iniquité y est toujours demeurée.
5. C’est une réforme forcée.
La réforme de la conduite produite par la fausse repentance est non
seulement partielle et temporaire, elle est encore contrainte et
forcée ; tandis que chez celui qui a passé par la véritable
repentance, cette réforme vient du coeur, de sorte que la disposition
à pécher n’est plus en lui. La promesse de la Bible est accomplie à
son égard ; il fait actuellement l’expérience que « les
voies de la Sagesse sont des voies agréables » et que « tous
ses sentiers sont des sentiers de paix (Prov.
3 : 17). » Il fait l’expérience que « le joug du
Sauveur est doux et son fardeau léger (Mat
XI : 30) ; » que « les commandements de Dieu
ne sont pas pénibles (1
Jean V : 3) ; » qu’ils sont au contraire une
joie ; « qu’ils sont plus désirables que l’or, que beaucoup
d’or fin ; plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons
(Ps
XIX : 11). » Mais la fausse repentance est toute
différente ; elle est légale, elle provient de la peur et non de
l’amour, c’est une repentance égoïste. Qu’il y a loin de cette
repentance stérile à ce changement libre, volontaire et cordial par
lequel on quitte le péché pour s’adonner à l’obéissance ! S’il y
a ici des personnes qui ne connaissent que la fausse repentance, elles
savent qu’elles ne s’abstiennent pas du péché par choix, parce
qu’elles le haïssent, mais par d’autres considérations. Elles s’en
abstiennent parce que la conscience le défend et qu’elles veulent être
en paix avec leur conscience ; elles s’en abstiennent par crainte
de perdre leur âme, ou de compromettre leur réputation, bien plus que
par horreur du mal et par amour pour le devoir.
De telles personnes ont toujours besoin d’être poussées à faire leur
devoir ; si vous ne pouvez pas les y contraindre en plaçant sous
leurs yeux quelque déclaration expresse des Saintes Écritures, elles
excusent le péché, le commettent et pensent qu’après tout il n’y a pas
si grand mal à agir comme elles font. La raison en est qu’elles aiment
leur péché et que tant qu’il n’y a pas quelque commandement formel de
Dieu qui s’y oppose et qu’elles n’osent fouler ouvertement aux pieds,
elles ont la volonté de le commettre. Avec la vraie repentance, tout
cela est changé : quand une chose semble contraire à la grande
loi de l’amour, celui qui a passé par la repentance selon Dieu a
horreur de cette chose et par conséquent l’évite, qu’il y ait à ce
sujet un commandement exprès ou qu’il n’y en ait pas.
Montrez-moi un homme qui se soit véritablement repenti, et je vous
certifie que cet homme-là n’a pas besoin d’un commandement exprès pour
s’abstenir de boire, de fabriquer ou de vendre des liqueurs fortes. Il
voit que ces choses sont contraires à la grande loi de la charité,
aussi les abhorre-t-il, et il ne voudrait pas plus les faire qu’il ne
voudrait blasphémer, voler ou commettre quelque autre abomination. De
même, celui qui a passé par la vraie repentance n’a pas besoin
d’un : « Ainsi a dit le Seigneur » pour être gardé
d’opprimer son semblable (Allusion à l’esclavage. (Trad.) ; il ne
voudrait pas faire quoi que ce soit de mal. Que tout cela est
clair ! chacun aurait horreur de semblables choses s’il s’était
véritablement repenti de ses péchés.
6. Cette fausse repentance conduit à la propre justice.
Celui qui n’a connu que cette repentance peut savoir
que Jésus-Christ est le seul Sauveur, il peut faire profession de
croire en lui et de se confier en lui seul pour son salut, mais en
réalité, il place actuellement dix fois plus de confiance, pour son
salut, en la réforme de sa conduite qu’en Jésus-Christ. S’il veut
veiller sur son propre coeur, il verra qu’il en est ainsi. Il peut
dire qu’il attend son salut de Christ, mais en fait, son espérance
repose sur ses oeuvres plus que sur l’expiation de Christ. En réalité
tous ses efforts ne tendent qu’à rapiécer sa propre justice.
7. Elle conduit à la fausse sécurité.
On prend la tristesse selon le monde pour la vraie repentance et l’on
s’en fait un oreiller de sécurité. C’est un fait étrange : autant
que j’ai pu le voir, ceux qui ne connaissent que cette repentance du
monde tiennent pour assuré que Christ les sauvera, parce qu’ils ont
été affligés au sujet de leurs péchés, bien qu’ils n’aient pas
conscience d’avoir, jamais goûté le repos qui est en Christ. Ils ont
éprouvé de la tristesse, puis un certain soulagement ; c’est
assez pour qu’ils comptent que Jésus-Christ les sauvera, quoique leur
conscience même atteste qu’ils ne se sont jamais confiés de tout leur
coeur en lui.
8. Elle endurcit le coeur.
Celui qui n’a connu que cette repentance du monde a le coeur endurci,
et son coeur est dur à proportion du nombre de fois qu’il s’est ainsi
repenti. Si la conviction de péché a été forte en lui, qu’il en ait
éprouvé de vives émotions, et que malgré cela, son coeur ne se soit
point brisé, ni épanché au dehors, la source du sentiment en a été de
plus en plus desséchée et le coeur de plus en plus difficile à
atteindre. Prenez au contraire un chrétien réel, celui qui a passé par
la vraie repentance, chaque fois que vous lui appliquerez la vérité de
manière à l’humilier devant Dieu, il en deviendra plus doux, plus
sensible, plus tendre ; il en sera tout à la fois plus ardent et,
plus humble, et cela, jusqu’à la fin de sa vie et jusque dans
l’éternité. Son coeur s’accoutume à suivre les convictions de son
esprit, et il devient docile et maniable comme un petit enfant.
Oui, c’est bien là qu’est la véritable ligne de démarcation. Qu’un
réveil se produise : vous verrez les églises et les individus qui
ne connaissent que la repentance selon le monde s’éveiller, s’agiter
un moment, puis se refroidir. Que la chose se répète plusieurs fois,
et vous trouverez que ces gens-là sont de plus en plus difficiles à
arracher au sommeil ; ils finiront par devenir aussi durs que la
pierre, de sorte que, rien au monde ne pourra les rallier de nouveau à
un réveil. Ceux qui ont passé par la vraie repentance sont entièrement
différents ; qu’ils traversent plusieurs réveils successifs et
vous les trouverez de plus en plus doux, tendres, sensibles ;
jusqu’à ce qu’ils arrivent à un état où le moindre appel les trouve
toujours embrasés d’ardeur et prêts. à se mettre à l’oeuvre.
La différence qu’il y a entre ces deux classes de chrétiens est aussi
grande que celle qu’il y a entre les ténèbres et la lumière. Partout
vous retrouverez cette même différence soit entre les églises, soit
entre les membres des églises.
Quant, aux pécheurs déclarés, la loi de l’endurcissement du coeur se
manifeste chez eux telle que nous venons de la constater chez les
« chrétiens » qui ne connaissent que la repentance selon le
monde. Ceux d’entre ces pécheurs qui ont vu plusieurs réveils en
viennent à se moquer de toute religion, et bien que le ciel soit comme
chargé de nuages de miséricorde au-dessus de leur tête, ils n’y font
aucune attention et rejettent tout ce qu’on peut leur en dire.
9. Elle cautérise la conscience.
Ceux qui n’ont pas passé par la vraie repentance courent le risque de
tomber dans le désespoir chaque fois que la vérité illumine leur
esprit. Le chrétien réel pourra avoir une conviction de péché plus
forte que la leur, mais la paix remplira son coeur au moment même où
cette conviction de péché lui fera verser les larmes les plus
abondantes. Et chaque fois que cette conviction de péché se
renouvellera, il deviendra, plus vigilant, plus attentif, plus
sensible, jusqu’à ce que, semblable à la prunelle de son oeil, sa
conscience soit si délicate que la moindre apparence de mal
l’offusque. Mais, quant à cette repentance qui n’est point le
renoncement du coeur au péché, elle laisse le coeur plus dur
qu’auparavant, et peu à peu, semblable au fer rouge, elle cautérise la
conscience et produit la mort.
10. Elle n’accepte pas Jésus-Christ comme fondement de
toute espérance.
Celui qui n’a que la repentance du monde, compte sur le changement de
sa conduite, sur sa repentance, ou sur quelque autre chose, ce qui ne
le conduit pas à mettre en Jésus-Christ cette confiance qui produit
l’amour et qui pousse à travailler sans relâche à l’avancement du
règne de Dieu.
11. C’est une repentance dont on se repent.
C’est immanquable, ceux qui n’ont que cette repentance en arriveront
peu à peu à avoir honte des sentiments sérieux qu’ils ont eus. Ils
n’oseront plus en parler, ou s’ils en parlent, ce sera toujours
légèrement et froidement. Ils se sont peut-être beaucoup agités au
moment du réveil, ils semblaient engagés dans l’oeuvre autant que
personne, souvent même on les a vus donner dans les extrêmes en tout
ce qui se faisait. Mais une fois le réveil passé, on les voit
s’opposer aux mesures nouvelles, revenir en arrière, et avoir honte de
leur zèle précédent. Il est de fait qu’ils se repentent de leur
repentance.
Après que ces personnes-là se sont jointes à l’église, elles ont honte
d’être venues au banc des pénitents. Quand le moment de la plus grande
ferveur du réveil est passé, elles commencent à parler du trop
d’enthousiasme que l’on aurait eu et de la nécessité de revenir à une
« religion plus sobre et plus égale. » La raison secrète de
toute cette conduite, c’est qu’elles n’ont eu qu’une repentance dont
elles se repentent maintenant.
On rencontre parfois des personnes qui font profession d’avoir été
converties dans un réveil et qui combattent les mesures mêmes, les
doctrines et les moyens par lesquels elles font profession d’avoir été
converties. Vous ne verrez jamais cela chez le vrai chrétien ;
vous ne le verrez jamais avoir honte de sa repentance. Les émotions
qu’il a ressenties dans un réveil sont la dernière chose au monde dont
il aurait honte.
1. Ce que j’ai dit a dû mettre en évidence, pour vous,
l’une des raisons pour lesquelles il y a tant de religion
intermittente dans l’église.
On a confondu la conviction de péché avec la conversion, la tristesse
selon le monde avec la tristesse selon Dieu. Après des années
d’observation, je demeure convaincu que telle est bien la véritable
cause de l’état déplorable de l’église dans tout le pays.
2. Nous voyons ici pourquoi tant de pécheurs convaincus de
péché considèrent comme une lourde croix le fait de devenir chrétiens.
Ils regardent comme une grande épreuve l’obligation d’abandonner leurs
péchés et leurs compagnons incrédules, tandis que s’ils avaient la
vraie repentance, ils n’auraient pas l’idée d’y voir un sacrifice à
faire. Je me rappelle les sentiments que j’éprouvai, lorsqu’encore
inconverti, je vis pour la première fois des jeunes gens devenir
chrétiens et se joindre à l’église ; je pensais qu’après tout
c’était une bonne chose que d’avoir de la religion, parce que l’on
sauvait son âme et que l’on s’assurait le ciel ; mais pour le
présent, la conversion me semblait être une chose fort triste, et je
ne supposais pas que ces jeunes gens pussent être heureux
actuellement. Cette manière de penser est fort commune ; on
regarde la religion comme bonne en somme, bonne particulièrement pour
la fin de la vie ; mais, on regarde comme impossible d’être
heureux présentement dans la piété. Tout cela vient de ce qu’on se
méprend sur la nature de la vraie repentance. On ne comprend pas que
cette repentance conduit, à prendre en horreur les choses qu’on
aimait. Les pécheurs ne comprennent pas que lorsque leurs jeunes amis
deviennent de vrais chrétiens, ils ont horreur de leurs bals, de leurs
amusements et de toutes leurs folies pleines de péché, et que tout
amour pour ces choses est désormais crucifié en eux.
J’ai connu une demoiselle qui fut convertie à Dieu et dont le père
était un mondain très orgueilleux. Elle aimait beaucoup la toilette,
les leçons de danse et les bals. Une fois convertie, son père voulut
la forcer à aller aux leçons de danse. Il l’accompagna, comme il avait
coutume de le faire, et la força à danser. Mais elle se prit à
pleurer, et sa tristesse et son horreur de la danse devinrent tels,
qu’elle ne put que se retirer à l’écart et éclater en sanglots. Vous
en voyez la cause, je pense. Elle s’était vraiment repentie de toute
sa vie passée et de tous ses amusements mondains, et sa repentance
était celle « dont on ne se repent jamais. »
Quelle compassion elle avait pour ses gaies compagnes des jours
précédents ! et quelle horreur pour leur étourdie gaieté !
Combien il lui tardait que l’heure de la réunion de prières eût
sonné ; et combien grandie était la joie qu’elle y
trouvait ! Les impénitents et ceux qui n’ont connu que la
repentance du monde sont dans une bien grande erreur au sujet du
bonheur qu’éprouve le chrétien réel.
3. Vous voyez maintenant ce qui en est de ces chrétiens qui
regardent comme une croix l’obligation d’être strict dans sa conduite.
Ces chrétiens-là font toujours l’apologie de leurs péchés, ils
plaident toujours en faveur de certaines choses qui ne sont pas
compatibles avec un vrai christianisme. C’est ce qui montre qu’ils
aiment encore le péché, et qu’ils iront dans le péché aussi loin
qu’ils l’oseront. S’ils étaient de vrais chrétiens, ils auraient le
péché en horreur, ils se détourneraient de lui et regarderaient comme
une croix d’être mis forcément en contact avec lui.
4. Vous voyez pourquoi il y a tant de chrétiens qui ne sont
pas heureux dans leur religion.
Ils ne sont ni joyeux ni heureux. Ils sont au contraire très chagrinés
de ce qu’il y a tant de choses qu’ils aiment et auxquelles ils doivent
renoncer, ou de ce qu’ils doivent donner tant d’argent ; ils sont
toujours dans l’anxiété. Au lieu de se réjouir de chaque occasion qui
leur est donnée de renoncer à eux-mêmes, au lieu de voir avec bonheur
la vérité exposée de la façon la plus évidente et la plus incisive,
c’est une grande peine pour eux qu’on leur dise quel est leur devoir,
quand ce devoir contrarie leurs inclinations et leurs habitudes. La
vérité claire et nette les jette dans la détresse. Pourquoi ? —
Parce qu’ils n’aiment pas à faire leur devoir. S’ils aimaient à le
faire, chaque rayon de la lumière divine venant à l’éclairer serait
pour eux le bienvenu et les rendrait de plus en plus heureux.
Si quelqu’un fait profession d’être chrétien et se sent gêné et
malheureux parce que la vérité le presse, et si son coeur ne cède
point à cette vérité et ne s’attache point à elle pour faire tout ce
qu’elle exige, HYPOCRITE est le vrai nom de cet homme-là. Quand vous
verrez des gens qui font profession de piété être dans la détresse
comme les pécheurs angoissés, et que vous verrez leur détresse
augmenter à mesure que vous leur signalerez leurs péchés, soyez sûrs
qu’ils ne se sont jamais repentis véritablement et qu’ils n’ont point
renoncé à eux-mêmes pour se donner à Dieu.
5. Vous voyez pourquoi beaucoup de gens qui ont fait profession
d’être convertis, et qui ont passé par une grande angoisse au temps de
leur conversion, apostasient ensuite.
Ils eurent de profondes convictions de péché et une grande détresse
dans leur âme, puis ils trouvèrent le soulagement, et leur joie fut
très grande, de sorte qu’ils jouirent pendant quelque temps d’un
bonheur extraordinaire. Mais peu à peu ils déclinèrent et enfin ils
apostasièrent. Ceux qui ne font pas la distinction convenable entre la
vraie et la fausse repentance et qui pensent qu’une âme ne peut pas
être « profondément travaillée » sans l’intervention du
pouvoir divin, appellent cela « déchoir de la grâce. » Mais
la vérité est « qu’ils se sont retirés parce qu’ils n’étaient pas
des nôtres. » Ils n’ont jamais eu cette repentance qui tue et
anéantit la disposition à pécher.
6. Vous voyez pourquoi les chrétiens rétrogrades sont si
malheureux.
De ce que j’ai dit que la disposition à pécher doit être anéantie et
remplacée par la disposition contraire, vous inférerez peut-être que
selon moi tout vrai chrétien est parfait. Mais cette conclusion ne
serait pas juste. Il y a une différence radicale entre un chrétien
rétrograde et un hypocrite dont la vie ne correspond pas à la
profession. L’hypocrite aime le monde et jouit du péché chaque fois
qu’il en goûte. il peut éprouver des frayeurs, des remords, de
l’appréhension au sujet des risques que court sa réputation, son
honorabilité ; mais en somme il jouit du péché. Il n’en est pas
ainsi du chrétien rétrograde. Il a perdu son premier amour ; puis
il est tombé dans la tentation et a marché dès lors dans le péché.
Mais il n’aime pas le péché ; le péché lui est toujours
amer ; il se sent toujours malheureux et loin de la maison
paternelle. Il est vrai qu’il n’a pas actuellement l’Esprit de
Dieu ; il n’a pas non plus l’amour de Dieu actif en lui de
manière à le garder du péché ; mais il sent qu’il. est un
misérable, et il en est malheureux. Il est aussi différent de
l’hypocrite que possible. Quand il a abandonné l’amour de Dieu, il a
pu être livré à Satan pour un temps, pour la destruction de la chair,
afin que l’esprit pût être sauvé ; mais il ne peut plus jouir du
péché comme autrefois ; il ne trouve plus aucune jouissance dans
les plaisirs du monde, comme c’était le cas avant sa conversion. Il ne
pourra plus jamais « boire l’iniquité comme de l’eau. » Mais
il souffrira aussi longtemps qu’il vivra en cet état. S’il y a, ici de
telles gens ils savent tout cela.
7. Vous voyez pourquoi des pécheurs « convaincus »,
mais non encore vraiment repentants, sont effrayés à la pensée de
s’engager à abandonner leurs péchés.
Ils disent qu’ils n’osent pas promettre cela, parce qu’ils craignent
de ne pas tenir leur promesse. La raison en est qu’ils aiment le
péché. L’ivrogne sait qu’il aime les boissons alcooliques et bien
qu’il puisse être contraint de tenir sa promesse de s’en abstenir, sa
passion en réclamera toujours. Ainsi en est-il du pécheur convaincu de
péché. Il sent qu’il aime le péché, que le lien qui l’attache au péché
n’a jamais été brisé, aussi n’ose-t-il pas faire de promesse.
8. Vous voyez pourquoi certains chrétiens de profession sont
si opposés aux engagements à prendre.
C’est toujours par la même raison. Ils aiment tant leurs péchés, ils
savent si bien que leurs coeurs plaideront en faveur de ces péchés,
qu’ils sont effrayés à la pensée de promettre de les abandonner.
Beaucoup de gens qui font profession d’être chrétiens refusent
néanmoins de se joindre à l’église. La raison secrète en est qu’ils
sentent leur coeur encore attaché au péché et qu’ils n’osent prendre
les engagements que suppose l’entrée dans l’église ; ils
redoutent la discipline ecclésiastique pour le cas où ils viendraient
à pécher. Ces gens-là savent qu’ils sont des hypocrites.
9. Ceux d’entre vous qui ne connaissent que la tristesse selon
le monde peuvent maintenant voir où est l’obstacle à leur salut, et
quelle est la raison pour laquelle ils ne sont pas convertis.
Il se peut que leur intelligence juge si bien du péché, que si leur
coeur était en harmonie avec elle, ils seraient chrétiens. Et
peut-être croient-ils que cet état de leur pensée constitue la vraie
repentance. Mais si vraiment ils avaient la volonté d’abandonner tout
péché, ils n’hésiteraient pas à en prendre l’engagement, et ils ne
craindraient pas de le faire à la face du monde. S’il y a ici des
personnes de cette catégorie, je les prie de s’approcher maintenant et
de prendre ces sièges. Si vous avez la volonté d’abandonner le péché,
vous aurez la volonté de le promettre et vous accepterez que l’on
sache que vous l’avez fait. Mais si vous résistez à votre conviction,
si votre coeur se décide à suivre vos péchés, bien que votre
intelligence éclairée voie très bien ce que vous devez faire, tremblez
alors dans l’attente des choses qui doivent fondre sur vous !
Toutes vos convictions ne vous serviront de rien ; elles ne
serviront qu’à vous précipiter plus profondément dans l’enfer, parce
que vous leur aurez résisté.
Si vous avez la volonté d’abandonner vos péchés, vous pouvez le
témoigner de la façon que j’ai indiquée. Mais si vous aimez encore vos
péchés et si vous voulez continuer à les pratiquer, vous pouvez rester
sur vos sièges. Et maintenant, après nous être levés pour la prière,
dirons-nous à Dieu que ces pécheurs ne veulent pas abandonner leurs
péchés, que tout en étant convaincus qu’ils ont tort, ils aiment leurs
idoles et veulent aller après elles ? Que le Seigneur ait pitié
de ces âmes, car leur cas est affreux.
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