« Ne vous conformez pas au monde. » Rom XII, 2.
Je traiterai ce sujet dans l'ordre
suivant :
I. Je montrerai quel n'est pas le sens de notre
texte.
II. Quel en est le sens.
III. Je mentionnerai quelques-unes des raisons de
ce commandement.
IV. Je répondrai à quelques
objections.
Ce commandement ne signifie pas que les chrétiens ne doivent pas profiter des arts utiles, des inventions qui se font dans le monde et de tous les perfectionnements qu'on y apporte. C'est non-seulement le privilège, c'est encore le devoir des amis de Dieu de les utiliser pour le service de leur Maître.
Je veux
montrer ce que signifie le
commandement donné dans notre texte.
Il veut dire que les chrétiens sont tenus de
ne point se conformer au monde dans les trois
ordres de choses que je vais mentionner. (Je n'en
mentionne que trois, non qu'il n'y en ait beaucoup
d'autres dans lesquels les chrétiens ne
doivent pas se conformer au monde, mais parce que
ces trois ordres de choses sont tout ce que je puis
examiner ce soir, vu le temps dont je dispose, et
ensuite parce qu'il est particulièrement
nécessaire à notre époque
d'appeler l'attention sur ces trois ordres de
choses-là.) Ces trois ordres de choses
sont :
LES AFFAIRES, LA MODE, LA POLITIQUE trois
départements de la vie dans lesquels le
chrétien ne doit ni recevoir les maximes, ni
adopter les principes, ni suivre les pratiques des
gens du monde.
Vous ne devez nullement agir d'après les
mêmes principes, ni pour les mêmes
motifs, ni par les mêmes moyens que le monde,
soit dans les affaires, soit en ce qui concerne la
mode, soit encore dans la politique. J'examinerai
les raisons du commandement à l'égard
de chacune de ces trois sphères de la vie
considérée
séparément :
1. La première
raison de ne pas
nous conformer au monde dans les affaires, c'est
que le principe du monde n'est autre qu'un
égoïsme absolu.
Cela se voit partout dans les affaires ; le
monde ne connaît ici d'autres maximes et
d'autres motifs que ceux du plus pur
égoïsme ; il règle les
affaires sans le moindre égard pour les
commandements de Dieu, sans le moindre souci pour
sa gloire et sans se préoccuper davantage du
bonheur d'autrui. Les habitudes, les usages des
gens d'affaires procèdent tous d'un
égoïsme extrême. Qui ne sait
qu'en faisant un marché les hommes
d'affaires de ce monde consultent leur propre
intérêt, cherchent leur propre
bénéfice, et non pas le
bénéfice de ceux avec lesquels ils
traitent ? : Qui a jamais vu un mondain,
homme d'affaires concluant un marché ou
poursuivant une affaire quelconque en vue de
procurer du bénéfice à ceux
avec lesquels il traite ? — Cela ne se
voit jamais ; c'est toujours pour son propre
bénéfice - qu'agit un tel homme. Les
chrétiens peuvent-ils agir ainsi ?
— Ils sont tenus d'agir par un principe tout
opposé : « Que chacun de
vous, au lieu de considérer ses propres
intérêts, considère aussi ceux
des autres (Philipp. II : 4). » Ils
sont appelés à suivre l'exemple de
Jésus-Christ. Jésus-Christ fit-il
jamais un marché en vue de son propre
avantage ? Et ses disciples adopteraient le
principe du monde, un principe qui renferme en
lui-même la « semence de
l'enfer ! » Si les chrétiens
agissent de la sorte, n'est-ce pas le plus
chimérique des rêves que de croire que
le monde va se convertir à
l'Évangile ?
2. Ce commandement nous est donne
parce
que la conformité au monde est totalement
opposée à l'amour pour Dieu et pour
l'homme.
Le monde des affaires tout entier ne
reconnaît d'autre amour que l'amour de soi.
Passez en revue tous les rangs de l'armée
des hommes d'affaires, depuis le marchand de sucre
candi qui dresse sa petite table au coin des rues
jusqu'au plus grand négociant en gros ou
armateur des États-Unis, et vous verrez que
le même principe les dirige tous :
acheter aussi bon marché et vendre aussi
cher que l'on peut ; tout d'abord prendre bien
soin de sa propre maison. Autant que le permettent
les règles vulgaires de
l'honnêteté, chercher son
intérêt personnel sans se
préoccuper de l'intérêt
d'autrui. qui sont étrangers à la
piété reconnaîtront que c'est
bien là, en effet, le principe
d'après lequel se font les affaires en ce
monde. Maintenant, que penser de ce principe ?
Est-il d'accord avec la sainteté, avec
l'amour de Dieu et de l'humanité, avec
l'esprit de l'Évangile, avec l'exemple de
Jésus-Christ ? Peut-on tout à la
fois se régler sur un tel principe et aimer
Dieu ? — Impossible ! Deux choses ne
peuvent pas être plus contraires l'une
à l'autre. Les chrétiens ne peuvent
donc en aucune façon se conformer, quant aux
affaires, aux maximes du monde.
3. Les règles et les principes que
le monde suit dans les affaires, sont directement
opposés à l'Évangile, à
l'esprit que montre Jésus-Christ et aux
enseignements qu'il donna et que tous les siens
doivent suivre, sous peine de se perdre
éternellement.
Quel fut l'esprit que Jésus-Christ montra
sur la terre ? Ce fut l'esprit de
bienveillance et de renoncement, l'esprit de celui
qui se sacrifie pour faire du bien aux autres. Il
montra le même esprit que Dieu le Père
qui trouve un bonheur infini à sortir de
lui-même et à satisfaire son coeur
plein de bienveillance en faisant du bien à
ses créatures. C'est en cela que consiste la
religion de l'Évangile ; être
semblable à Dieu, non seulement faire le
bien mais jouir de faire le bien, trouver son
bonheur à sortir de soi-même pour
faire le bien d'autrui. C'est ce qu'exprime cette
parole : « Il y a plus de bonheur
à donner qu'à
recevoir ; » et c'est ce qu'ordonne
ce commandement : « Ne regardez pas
chacun à votre propre intérêt,
mais que chacun regarde aussi à
l'intérêt des autres. » Mais
quelle est la maxime du monde en fait
d'affaires ? Elle est :
« Chacun pour soi. » Et elle a
été inventée par des gens qui
étaient aussi étrangers à la
connaissance et à la pratique de
l'Évangile que peuvent l'être les
païens eux-mêmes. Comment les
chrétiens pourraient-ils adopter de
pareilles maximes ?
4. Se conformer au monde dans les
affaires c'est se mettre en flagrante contradiction
avec les engagements que l'on prend en entrant dans
l'Église.
Quel est l'engagement que vous prenez en entrant
dans l'Église ? N'est-ce pas de
renoncer au monde et de vivre pour Dieu,
d'être conduits par l'Esprit de
Jésus-Christ, d'avoir pour Dieu un amour
suprême, de renoncer à vous-même
et de vous consacrer au service de Dieu et au bien
de vos semblables ? Ne faites-vous pas alors
profession de ne point aimer le monde et ses
pompes, ses honneurs et ses richesses ?
À la table de la communion, en recevant le
corps du Sauveur rompu pour vous, ne
déclarez-vous pas les mêmes
choses ? Et ensuite, que faites-vous ?
Vous vous en allez et vous suivez les principes et
les règles de ceux dont la vie, la
volonté et le but avoués sont d'aimer
le monde, de gagner le monde et de jouir du
monde ! Si vous ne vous repentez, vous
périrez éternellement. Les
chrétiens de profession qui se conforment au
monde iront tout aussi certainement en enfer que
les pires incrédules ; leur
condamnation est aussi certaine que celle des plus
grands scélérats. Ils sont doublement
coupables. Ils se sont engagés
solennellement devant Dieu à suivre le
chemin qui mène à la vie, puis ils se
sont mis, dans leurs affaires, à suivre les
principes de ce monde ; il est évident
qu'ils sont de misérables parjures.
5. La conformité au monde est si
évidemment contraire aux principes de
l'Évangile, que lorsque les pécheurs
la rencontrent chez ceux qui font profession de
christianisme, elle les empêche de comprendre
la nature et le but de
L'Évangile.
Comment, en effet, dans de telles conditions, les
pécheurs comprendraient-ils que le but de
l'Évangile est d'élever les hommes
au-dessus de l'amour du monde, au-dessus de
l'influence du monde, de les placer sur un terrain
plus élevé, de leur apprendre
à vivre d'après des principes
totalement différents ? Comment les
pécheurs comprendraient-ils ce que sont les
dispositions d'une âme toute remplie de la
vie du ciel, comment connaîtraient-ils le
renoncement à soi-même, la
bienveillance, etc. ?
6. C'est cet esprit de conformité
au monde qui a chasse de l'Église l'amour de
Dieu.
Voyez ce nouveau converti, il est bouillant de
zèle, l'amour de Dieu remplit son coeur et
s'échappe de ses lèvres en paroles de
feu. Que lui importe le monde ! Appelez son
attention sur ses richesses, ses plaisirs, ses
honneurs, et engagez-le à les poursuivre,
vous ne réussirez qu'à exciter son
dégoût. Mais mettez-le dans les
affaires, laissez-le pendant une année faire
du négoce selon les principes admis dans le
monde, et vous ne reverrez plus en lui ce
brûlant amour de Dieu qui remplissait son
coeur ; sa religion ne sera plus pour lui
qu'un devoir ; religion sèche, maigre,
sans influence ; tout autre chose que cet
ardent amour de Dieu qui pousse aux actes de
bienveillance. J'en appelle à tout homme ici
présent, et si ma voix était assez
forte j'en appellerais à tous ceux qui
professent être chrétiens dans cette
ville, et je demanderais : N'en est-il pas
ainsi ? Et si quelqu'un me
répondait : « Non, il n'en
est pas ainsi, » cette réponse
prouverait seulement que celui qui la fait n'a
jamais su ce que c'est que le feu du premier amour
chez un nouveau converti :
7. Cette conformité au monde dans
les affaires est un des plus grands obstacles
à la conversion des pécheurs.
Que pensent, en effet, les incrédules quand
ils voient que ceux qui se disent chrétiens
et prétendent croire ce que la Bible
enseigne, n'en recherchent pas moins les biens de
ce monde tout aussi ardemment que tous les autres
hommes, faisant les meilleurs marchés,
achetant au plus bas prix et vendant aussi cher que
les plus zélés serviteurs de
Mammon ? Ce qu'ils pensent ? — Je
puis, moi, vous le répéter. Ils
disent : « Ces chrétiens font
exactement comme nous tous, ils suivent les
mêmes principes ; « chacun
pour soi » est leur devise tout aussi
bien que celle de tout le monde ; ils
marchandent comme les autres et placent leur argent
à aussi gros intérêts que qui
que ce soit. » Et ces accusations ne sont
pas des calomnies. $
C'est un fait notoire que la plupart des membres
des églises recherchent le monde et les
choses qui sont au monde, au même
degré, avec le même esprit et selon
les mêmes maximes que ceux d'entre les
incrédules qui passent pour honnêtes
et humains. Le mondain dit « Voyez ces
chrétiens, je ne vois pas qu'ils soient en
rien meilleurs que moi, ils vont tout aussi loin
que moi en fait de recherche des biens
terrestres. » Si ceux qui professent
être chrétiens agissent selon les
mêmes principes que les gens du monde, aussi
vrai que l'Éternel est vivant, ils auront le
même salaire. Ces chrétiens sont
inscrits au livre de Dieu comme de noirs
hypocrites, attendu qu'ils prétendent
être des amis de Dieu tandis qu'ils aiment le
monde. Aimer le monde c'est être ennemi de
Dieu.
8. Une autre raison du
commandement : « Ne vous conformez
pas au monde » est l'influence salutaire,
instantanée, immense, qu'auraient ceux qui
professent le christianisme s'ils se mettaient
à conduire leurs affaires d'après les
principes de l'Évangile.
Voyez, en effet, ce qui arriverait si, pendant une
année, les chrétiens se
réglaient dans leurs transactions
commerciales d'après les principes de
l'Évangile. Le retentissement en serait plus
grand que celui du tonnerre ; le monde en
serait ébranlé. Que les
incrédules voient ceux qui professent le
christianisme, consulter en toute affaire le bien
de la personne avec laquelle ils traitent,
cherchant l'intérêt d'autrui autant
que le leur vivant au-dessus du monde, ne lui
attribuant d'autre valeur que celle d'un instrument
pour glorifier Dieu ; — quel ne serait
pas l'effet d'une conduite pareille ?
Quels effets vit-on se produire à
Jérusalem quand tous les chrétiens
renoncèrent à leurs affaires
particulières pour se donner sans
réserve à l'oeuvre du salut du
monde ? Ce n'étaient que quelques
pêcheurs ignorants et quelques humbles
femmes, mais ils mirent le monde sens dessus
dessous. Que l'Église fasse de même
maintenant et le monde sera couvert de confusion et
accablé sous la conviction de
péché. Oui ! que seulement
l'église s'élève au-dessus du
monde et traite les affaires d'après les
principes de l'Évangile, chacun cherchant
non pas seulement ses propres intérêts
mais aussi les intérêts des autres, et
l'incrédulité cachera, sa tête,
l'hérésie sera arrachée de
l'Église et l'esprit d'amour, esprit
délicieux, béni entre tous, se
répandra sur le monde comme les vagues de la
mer.
Pourquoi est-il commandé aux
chrétiens de ne pas suivre les modes du
monde ?
1. Parce qu'elles sont
diamétralement opposées à
l'esprit de l'Évangile, et que les suivre,
c'est mettre son affection aux choses de la
terre.
Qu'est-ce que « avoir ses pensées
aux choses de la terre » si ce n'est pas
entr'autres choses suivre la mode, qui, semblable
à la marée, ne cesse son mouvement de
va et vient, changeant toujours ses formes et
renouvelant sans cesse les attraits de ce
monde ? Il y a de grands commerçants,
des possesseurs de grandes fortunes qui se vantent
de n'avoir aucun souci de la mode ; ils sont
occupés de tout autre chose et ils laissent
le soin des modes à leur tailleur, c'est son
affaire et l'on compte qu'il fera tout pour le
mieux. Mais représentez-vous que ce tailleur
fasse un habillement hors de mode, l'on verrait
alors si ces messieurs ne font aucun cas de la
mode. et s'ils voudraient encore employer le
même tailleur. Pour le moment, il est vrai,
ils ne s'occupent pas beaucoup de la mode ;
ils ont de plus hautes ambitions, aussi pensent-ils
que prêcher sur la mode c'est abaisser
la dignité de la chaire chrétienne.
Ils oublient que pour la plus grande partie de
l'humanité, la mode est la chose
essentielle. La plus grande partie de ceux qui
composent l'Église ne sont pas riches et ne
s'attendent pas à le devenir ; leur
grande affaire c'est d'avoir un extérieur
« respectable, » et
d'élever leur famille d'une manière
« respectable ; » ce qui
veut dire de suivre la mode. Les neuf
dixièmes de la population ne regardent
jamais plus haut que cela : faire comme le
monde, c'est-à-dire suivre la mode. Pour y
parvenir, aucun effort, aucun sacrifice ne leur
coûte ; tout leur coeur est là,
c'est pour cela qu'ils vivent.
Le grand négociant, l'homme opulent, le
personnage important se trompent donc s'ils pensent
que la mode soit une petite chose. La très
grande majorité des gens ont toute leur
attention, tout leur coeur tourné vers cet
objet : dans leurs vêtements, leur
mobilier, et le reste, imiter les gens à la
mode, les gens respectables, comme on dit.
2. Se conformer au monde est
contraire
à la profession chrétienne.
Quand on se joint à l'église on fait
profession d'abandonner cet esprit qui a
donné naissance à la mode. On
déclare renoncer aux « pompes et
aux vanités du monde, » se
repentir de son orgueil, vouloir désormais
suivre celui qui fut « doux et humble de
coeur, » et vivre pour Dieu.
Après cela, que fait-on ? On suit la
mode et souvent avec une ardeur
extrême ; on n'acceptera rien qui ne
soit à la dernière mode ; de
sorte qu'une faiseuse de robes qui par motif de
conscience refuserait de suivre la mode ne pourrait
pas gagner son pain. Oui, c'est un fait, une
couturière en robes ne peut trouver du
travail, même auprès des dames qui
font profession d'appartenir à
Jésus-Christ, à moins qu'elle ne
suive la mode dans toutes ses extravagances ;
Dieu sait qu'il en est ainsi ; et ces
couturières doivent abandonner leur
gagne-pain si leur conscience ne leur permet pas de
suivre tous les caprices de la mode.
3. Cette conformité au monde dans
l'obéissance à la mode est une
franche et complète approbation
donnée à l'esprit du monde.
Quelle est en effet la raison d'être de tout
ce changement de décors, de tout cet
éclat, de tout ce somptueux
étalage ? C'est l'amour de la louange
et des applaudissements. Et quand les
chrétiens suivent la mode, ils affirment par
là, autant qu'il est en eux, l'innocence de
cet amour de la vaine gloire. Tout ce gaspillage
d'argent, de temps et de pensées, tout ce
soin qu'on prend de la vanité, toute cette
pâture qu'on lui donne, et cet amour, cette
passion. des applaudissements, l'église
innocente tout cela ; elle y met le sceau de
son approbation quand elle se conforme au
monde.
4. En suivant les modes du monde les
chrétiens montrent qu'ils aiment le
monde.
Ils montrent par leur conduite qu'ils aiment le
monde, exactement comme les incrédules le
montrent par la même conduite. En suivant,
comme eux, les modes, ils démontrent avec
évidence qu'ils sont mus par le même
principe, l'amour de la mode.
5. Quand les chrétiens de
profession se conduisent ainsi, ils montrent avec
la plus grande évidence qu'ils aiment la
gloire qui vient des hommes.
Ils montrent qu'ils aiment l'admiration et la
flatterie exactement comme les pécheurs.
N'est-il pas clair que c'est se mettre en
contradiction avec le principe chrétien, que
de chercher ces choses mêmes qui sont l'objet
de l'orgueil et la convoitise des
incrédules ?
6. Si vous vous conformez au monde
en
suivant la mode, vous montrez que vous ne vous
regardez pas comme responsable envers Dieu de
l'emploi de votre argent.
C'est pratiquement méconnaître et
abandonner votre vraie position, celle
d'administrateur de l'argent qui vous a
été confié. En employant
l'argent à satisfaire votre vanité et
vos convoitises, vous enlevez à
l'épée de la vérité
cette pointe qui devrait transpercer le
pécheur égoïste. Votre vie est
un démenti donné à la parole
du Seigneur : « La terre est
à moi avec tout ce qu'elle
contient. »
(Ps
L : 10).
7. Vous montrez par là que la
réputation est votre idole.
Quand de toutes les nations vous arrive ce cri des
âmes qui se perdent : « passe
vers nous et viens nous secourir » et que
chaque semaine vous apporte quelque appel nouveau
à envoyer l'Évangile, des
traités, des Bibles, des missionnaires,
à ceux qui périssent faute de
connaissance, et que vous préférez
dépenser votre argent pour suivre la mode,
n'est-ce pas déclarer que la
réputation est votre idole. Supposons, pour
les besoins de notre démonstration, qu'il ne
soit pas défendu par la Parole de Dieu de
suivre la mode, et que ceux qui font profession de
christianisme puissent la suivre innocemment (je
nie que la chose soit innocente, mais supposons
qu'elle le soit) ; est-ce que le fait que vous
la suivriez, tandis que tant d'appels d'argent, de
temps et de travail se font entendre en vue du
salut des âmes, est-ce que ce seul fait,
dis-je, ne démontrerait pas d'une
manière parfaitement concluante que vous
n'aimez ni Dieu, ni les âmes de vos
frères ?
Voici une femme dont le mari est en esclavage.
Cette femme fait tout ce qu'elle peut pour ramasser
assez d'argent pour le rachat de son mari. Elle est
toujours peinant et économisant, se levant
tôt, se couchant tard, mangeant le pain de
douleur, parce que son époux, le père
de ses enfants, l'ami de sa jeunesse, est dans
l'esclavage. Maintenant, dites à cette femme
que c'est chose innocente pour elle que de suivre
la mode, d'avoir vêtement haute
nouveauté, dernière mode, grands
étalages, comme ses voisins. Vous
écoutera-t-elle ? Aura-t-elle le
moindre désir des choses. dont vous lui
parlez ? — C'est à peine si elle
achètera des souliers pour ses pieds ;
elle en est presque à regretter le, pain
qu'elle porte à sa bouche, tant est grand le
désir qu'elle a de parvenir à son
but.
Maintenant, supposez qu'une personne aime Dieu, les
âmes des hommes et le règne de Christ,
aura-t-elle besoin d'une défense expresse de
Dieu pour ne pas dépenser son argent et son
temps à suivre les modes ? Non
certes ! elle, aurait plutôt besoin d'un
ordre positif pour s'accorder ce qui est
nécessaire à l'entretien de sa vie.
Voyez Timothée, eut-il besoin d'une
défense expresse pour être
gardé de trop de complaisance envers
lui-même quant à l'usage du vin ?
Il était au contraire si
réservé, qu'il fallut une injonction
formelle de la part de Dieu pour le décider
à prendre un peu de vin comme remède.
Quoiqu'il fût malade, il n'en voulait pas
prendre à moins d'y être formellement
autorisé de Dieu, tant il voyait clairement
les mauvais côtés de la chose.
Maintenant, montrez-moi un homme ou une femme qui
suive les modes, et je vous dirai de quel esprit
cette personne-là est animée, sans
m'inquiéter de la profession qu'elle peut
faire.
Ne me demandez pas pourquoi Abraham, David,
Salomon, qui étaient si riches,
n'employèrent pas leur argent à
l'avancement du règne de Dieu ; je vous
demanderais, moi, si ces anciens serviteurs de Dieu
jouissaient de la lumière que
possèdent les chrétiens de nos jours.
Savaient-ils seulement que le monde peut être
converti, ainsi que le savent les chrétiens
d'aujourd'hui ? Mais supposons qu'il vous soit
permis, aussi bien qu'A Abraham et à David,
d'être riche et d'employer vos richesses
à faire étalage de luxe, suivant tous
les caprices de la mode, qui d'entre vous voudrait
le faire, s'il aimait le Seigneur
Jésus-Christ ? Qui voudrait employer
son argent à des vanités de ce genre
quand il pourrait l'employer à satisfaire la
passion qui ABSORBERAIT TOUT dans sa vie, celle de
faire du bien à l'âme de ses
semblables ?
8. En vous conformant au monde en
obéissant à la mode, vous montrez que
vous ne différez pas de ceux qui sont
ouvertement impies.
Ces impies et ces incrédules
déclarés disent :
« Nous ne voyons pas que ces
chrétiens aiment moins la mode que
nous. » Et qui ne sait que ce scandale
fait tomber beaucoup de gens ?
9. En suivant la mode, vous tentez
Dieu,
vous l'engagez à vous abandonner à
l'esprit de ce monde.
Il y a, à l'heure qu'il est, beaucoup de
chrétiens de profession qui ont suivi le
monde et la mode jusqu'à ce qu'enfin Dieu
semble les avoir livrés à Satan pour
la destruction de la chair. Ils n'ont que peu ou
point de sentiment religieux, pas d'esprit de
prière, pas de zèle pour la gloire de
Dieu ou pour la conversion des
pécheurs : le Saint-Esprit semble les
avoir abandonnés.
10. Vous tentez l'Église, vous la
poussez à suivre les modes.
Là où les anciens et les principaux
membres de l'église sont des
chrétiens fashionables, ils entraînent
toute l'église après eux dans leur
obéissance à la mode et chacun les
imite autant qu'il peut, jusqu'à la plus
humble servante. Que seulement une riche dame
« chrétienne » vienne
à l'église en costume grande mode,
aussitôt toute l'église est prise du
désir de la suivre dans cette voie,
fallut-il s'endetter pour cela.
11. Vous vous tentez vous-mêmes
à l'orgueil, à la folie et à
la mondanité.
Représentez-vous un buveur corrigé
qui s'entourerait de vin, d'eau-de-vie et de toutes
sortes de liqueurs enivrantes, et qui ne les
quitterait pas du regard, et qui en goûterait
de temps en temps quelque peu. Cet homme-là
ne se tenterait-il pas lui-même ? Et
maintenant voyez cette femme qui a
été élevée dans
l'orgueil et la vanité ; elle s'est
corrigée et a professé abandonner son
ancienne vie ; mais elle garde ses ornements
et continue à suivre les modes : la
ramènera en arrière, cela est
immanquable. Elle se tente elle-même au
péché et à la folie.
12. Vous tentez le monde.
Vous le jetez dans une recherche encore plus
ardente et plus fiévreuse de toutes ces
vanités. Le monde a parfois des scrupules au
sujet de ces choses-là ; mais, en les
recherchant avec lui et après lui, les
chrétiens de profession encouragent les
mondains à se livrer tout entiers à
ces convoitises qui précipitent leurs
âmes dans l'enfer.
13. En suivant la mode, vous tentez
le
diable à vous tenter.
En suivant la mode, vous ouvrez votre coeur
à Satan. Après s'être
donné à Dieu, vouloir suivre la mode,
c’est vouloir garder son coeur
« vide, balayé et
paré » pour Satan. Toute femme qui
veut suivre la mode peut en être sûre,
elle aide Satan à la tenter à
l'orgueil et au péché.
14. C'est la plus grande partie de
ceux
qui vous entourent que vous tentez en suivant les
modes.
Il y a un petit nombre de personnes qui se
proposent comme but des objets plus
considérables que la conformité aux
modes, et qui poursuivent ces objets avec ardeur.
Les uns sont engagés dans une lutte
très vive pour arriver au pouvoir politique,
d'autres font tous leurs efforts pour
acquérir une réputation
littéraire, d'autres pour gagner des
richesses ; et les uns comme les autres ne se
doutent pas que leur coeur est attaché
à la mode ; leur égoïsme se
déploie sur une plus grande échelle.
Mais la plupart sont beaucoup influencés par
la mode ; et pour eux c'est une pierre
d'achoppement des plus funestes que l'ardeur et la
promptitude que les chrétiens de profession
mettent à suivre tous les caprices de la
mode. Ils se disent : « que signifie
donc leur profession puisqu'ils suivent les modes
avec autant d'empressement que qui que ce
soit ? » Ou bien encore, ils se
disent : « Il est sans doute
légitime de suivre la mode, car les
chrétiens eux-mêmes la suivent tout
autant que nous. »
15. Une autre raison pour laquelle
les
chrétiens ne doivent pas se conformer au
monde en suivant les modes, c'est la grande
influence qu'une conduite tout opposée
aurait infailliblement sur les gens du monde.
Si ceux qui font profession d'être
chrétiens montraient un complet
mépris de la mode, il y aurait là un
vivant reproche et un sujet de confusion pour les
gens du monde qui les entourent ; ces
chrétiens démontreraient
par-là qu'ils vivent pour Dieu et pour
l'éternité. Quelle ne serait pas la
puissance d'un pareil fait ! Quel
témoignage accablant il constituerait en
faveur de la religion de Jésus-Christ !
L'apparente renonciation au monde faite par
beaucoup d'ordres religieux, a certainement plus
fait que toute autre chose pour persuader les
hommes de la réalité de leur
religion, et pour étendre cette religion
dans le monde en augmentant son influence. Supposez
maintenant qu'un tel renoncement soit
sincère et cordial ; ajoutez-y par la
pensée non seulement tout ce qu'il y a de
beau et d'aimable dans le caractère
chrétien, mais encore toute la puissance
d'une activité pleine de hardiesse et de
zèle pour arracher les âmes au
péché et les gagner à la
sainteté ; quelle influence un pareil
exemple n'exercerait-il pas ! Ne serait-ce pas
comme un tonnerre qui retentirait aux oreilles du
monde, et qui obligerait beaucoup de
pécheurs à se réveiller et
à se tourner vers Dieu ?
Je veux montrer pourquoi ceux qui
professent être chrétiens sont tenus
de ne pas se conformer au monde à
l'égard de la politique.
1. Parce que la politique de ce
monde est
parfaitement malhonnête.
Qui l'ignore ? Qui ne sait que chaque parti
cache à dessein les défauts de son
propre candidat, ainsi que les qualités du
candidat du parti opposé ? Est-ce que
cela n'est pas malhonnête ? Chaque parti
porte son candidat aux nues ; il en fait une
perfection et n'a qu'un but, le faire
élire ; et pour cela tous les moyens
sont bons. Il est donc impossible d'être un
honnête homme quand on s'inféode
à un parti. Et le chrétien pourrait
agir de la sorte et garder en même temps une
conscience pure.
2. Se conformer au monde en ce qui
concerne la politique, c'est tenter Dieu.
En marchant avec le monde dans les affaires
politiques, les chrétiens commettent la
faute de donner au pays, par leur vote, des chefs
qui ne craignent ni n'aiment Dieu, gens qui bravent
ouvertement ses lois, qui violent le jour du repos,
qui jouent, qui commettent adultère, qui se
battent en duel, qui jurent d'une manière
impie, qui laissent les lois
inexécutées quand tel est leur bon
plaisir, et ne se soucient ni du bonheur ni du
malheur de leur pays, pourvu qu'ils puissent
conserver leurs places.
Oui, les chrétiens sont responsables de ce
que le pouvoir tombe entre de telles mains. Car il
est clair que là où les partis sont
divisés, comme ils le sont dans ce pays, les
chrétiens sont assez nombreux pour
déterminer le sens du vote. Qu'ils se
montrent résolus à ne jamais voter
pour un malhonnête homme, un violateur du
sabbat, un joueur, un débauché, un
duelliste, et aucun parti ne pourra proposer de
tels personnages au suffrage populaire avec quelque
chance de succès. Mais aujourd'hui on voit
les partis se prêter à tout, consentir
à la violation des lois, donner pleine
licence aux fureurs populaires, aux
exécutions sommaires (loi de Lynch), aux
vols des malles-postes, en un mot à toute
sorte d'iniquité, pourvu qu'ils puissent
porter leur candidat au pouvoir et, avec son appui,
occuper les emplois publics. J'affirme que tous les
fauteurs d'un pareil système sont de
malhonnêtes gens, quelle que soit leur
profession religieuse. Et si des chrétiens
s'en rendent complices, les déclarerons-nous
innocents ?
3. En marchant avec le monde dans
les
affaires politiques, les chrétiens
contristent le Saint-Esprit.
Demandez à un homme politique
chrétien s'il a jamais pris le Saint-Esprit
pour guide et pour compagnon dans une campagne
politique. — Jamais, vous
répondra-t-il. Je suis loin de
prétendre que les chrétiens doivent
s'abstenir de voter et se priver de leur part
légitime d'influence sur les affaires
publiques. Mais ils ne doivent pas s'enrôler
dans un parti.
4. En faisant de la politique comme
on en
fait aujourd'hui, vous contribuez à saper
par la base tout ordre et tout gouvernement dans le
pays.
Qui ne sait qu'en ce moment (1) cette
grande nation vacille
et
chancelle, parce que les lois sont violées
et foulées aux pieds et que le gouvernement
ne veut ou n'ose pas s'y opposer ? soit que le
magistrat ne désire pas mettre fin au
désordre, soit qu'il temporise, toujours
est-il que le mal règne dans toutes les
contrées de notre grand pays ; et que
celui qui fait profession d'être
chrétien ne peut pas donner son suffrage
à des hommes tels que ceux qui sont aux
affaires.
5. Votre façon d'agir est
une pierre d'achoppement pour les
pécheurs.
Que pensent les pécheurs quand ils voient
ceux qui se disent chrétiens se joindre
à eux dans les mesures politiques qu'ils
prennent, et faire des choses qu'ils savent, eux,
mondains, être déshonnêtes et
corruptrices ? Ils disent :
« Nous savons, très bien, nous, ce
que nous faisons, nous voulons que notre parti
arrive au pouvoir, nous poursuivons notre propre
intérêt, nous voulons les places, les
honneurs, la puissance, rien de plus simple. Mais
ces chrétiens qui font profession de vivre
pour autre chose, pour un but plus
élevé, les voilà qui se
joignent à nous et les voilà qui
recherchent « des pains et des
poissons » tout aussi avidement que qui
que ce soit d'entre nous ! » Les
gens du monde pourraient-ils rencontrer une pierre
d'achoppement pire que celle-là ?
6. Vous démontrez aux
incrédules que ceux qui professent
être chrétiens sont mus par le
même esprit qu'eux.
Qui peut s'étonner que les gens du monde
soient incrédules quant à la
réalité de la religion ? S'ils
ne font pas des recherches dans les
Écritures et n'apprennent pas par elles ce
qu'est la religion, s'ils se laissent conduire par
ce qu'ils voient de la conduite de ceux qui se
disent chrétiens, ils doivent être.
incrédules. Ils doivent inférer de ce
qu'ils voient que ceux qui professent la religion
n'y croient pas eux-mêmes. Et cette
conclusion est fondée. Je suis
moi-même loin d'être sûr que le
plus grand nombre de ceux qui font profession
d'être. chrétiens croient à la
Bible.
7. Vous montrez que votre coeur
n'est pas
changé.
Qu'est-ce que le changement du coeur ? Est-ce
prendre la sainte cène une fois ou deux par
mois et aller quelquefois à la
réunion de prières ? A-t-on le
coeur changé pour cela, quand on est tout
aussi ardent que les autres à la poursuite
des places et des honneurs ? Le monde serait
stupide s'il croyait à un changement de
coeur pour de pareilles raisons.
8. Vous devriez renoncer à toute
conformité avec le monde à
l'égard de la politique, quand ce ne serait
qu'en vue de l'influence bénie qu'une
pareille conduite ne manquerait pas d'avoir sur le
monde.
Supposez un moment que les chrétiens
deviennent parfaitement consciencieux et
conséquents en matière politique et
qu'ils disent d'une commune voix :
« Nous n'accorderons nos votes
qu'à des hommes qui craignent Dieu et qui
sont décidés à gouverner selon
la justice. » Dès ce moment, les
incrédules n'oseraient plus porter comme
candidats des hommes qui ne respectent pas les
lois. Loin de là. Tout candidat devrait
désormais présenter assez de
garanties morales pour que l'on pût
reconnaître en lui un homme
dévoué au bien du pays,
décidé à encourager la vertu,
à réprimer le vice, l'injustice et le
désordre, à faire en un mot tout ce
qui est en son pouvoir pour rendre le peuple
heureux et SAINT. Les chrétiens feraient
ainsi honte aux politiciens malhonnêtes en
montrant que le seul mobile de toute leur
activité est l'amour de Dieu et des hommes.
Semblable à une vague immense, leur
influence bénie ne tarderait pas à
s'étendre sur tout le pays.
J'ai maintenant à répondre à quelques objections qui sont faites contre les principes que j'ai avancés.
1° Objection.
« Si nous ne suivons pas dans les
affaires les mêmes principes que les gens du
monde, nous ne pourrons pas soutenir leur
concurrence et toutes les affaires tomberont entre
leurs mains. Si, dans les achats et les ventes,
nous avons en vue le bien d'autrui, nous ne
recherchons pas notre bénéfice mais
celui des gens avec qui nous traitons, nous ne
pourrons jamais lutter avec les commerçants
animés d'un tout autre esprit et ils ne
tarderont pas à être maîtres de
tout le commerce. »
Eh bien, soit ! Vous pouvez trouver un moyen
plus modeste de gagner votre vie, et laisser les
affaires aux gens du monde.
2° Objection.
« Mais
où trouverons-nous de l'argent pour
répandre
l'Évangile » ?
— Une église sainte qui agirait
d'après les principes de l'Évangile
contribuerait plus à hâter les
progrès du règne de Dieu que ne le
ferait jamais tout l'argent qu'on pourrait trouver
à New York. Donnez-moi une église
sainte, une église dont la vie soit
au-dessus de ce monde, et l'oeuvre du salut
avancera plus vite qu'elle ne pourrait le faire
avec tout l'argent de la
chrétienté.
3° Objection.
« Il
nous faut pourtant beaucoup d'argent pour former
des ministres instruits. »
—Ah ! si nous avions des pasteurs SAINTS
ce serait un avantage bien plus grand que d'avoir
des pasteurs d'une haute culture. Si le corps
pastoral est assez saint, il pourra au besoin se
passer d'études si prolongées ;
Dieu me garde de méconnaître la valeur
des études ; que les Ministres aient
autant d'instruction que possible, ils n'en auront
jamais trop, pourvu qu'ils aient aussi la
sainteté. Mais il est absurde de penser
qu'un corps pastoral lettré soit, comme
tel, en état de convertir le monde. Que les
pasteurs aient l'esprit de prière, que le
baptême du Saint-Esprit, la
« Puissance d'En Haut » soit
sur eux et ils répandront l'Évangile.
Que les chrétiens vivent comme ils doivent
vivre et l'Église ébranlera le monde.
Si seulement tous les chrétiens de New York
entraient dans cette voie, chaque navire qui quitte
le port de cette grande cité en porterait la
nouvelle, les vents la disperseraient aux quatre
bouts des cieux, bientôt un esprit de
réveil et de recherche du salut remplirait
la terre entière, et les conversions se
multiplieraient comme les gouttelettes de la
rosée du matin.
Supposons un moment que vous abandonniez vos
affaires pour vous consacrer exclusivement à
l'oeuvre de l'évangélisation.
L'église l'a fait une fois, et vous savez
quelle en fut la conséquence. Quand ce petit
groupe de fidèles de Jérusalem
oublièrent leurs intérêts
temporels pour se donner tout entiers à
l'oeuvre de Dieu, le salut se répandit avec
une rapidité merveilleuse. Je crois que si,
de nos jours encore, toute l'église
chrétienne se levait, et, laissant tout le
reste, marchait à la conquête du
monde, en fort peu de temps le monde se
convertirait.
Au surplus, le fait est que vous ne seriez pas
obligés d'abandonner vos affaires. Si les
chrétiens voulaient s'occuper de leurs
affaires dans l'esprit de l'Évangile, ils
auraient bientôt accaparé tout le
commerce du monde. Que seulement les gens du monde
constatent que chaque fois qu'ils ont affaire
à un chrétien, celui-ci les traite
non seulement avec loyauté, mais avec
bienveillance, qu'il a égard à leur
intérêt comme au sien propre, et ils
ne voudront plus guère avoir affaire
qu'à des chrétiens.
Quel négociant voudra pour une affaire
quelconque, s'adresser à un incrédule
qu'il sait être exclusivement
préoccupé de son propre avantage et
fort capable de le tromper et de le duper, alors
qu'en s'adressant à un négociant
chrétien il sera sûr d'obtenir de lui
la même application et la même bonne
volonté que s'il s'agissait de ses propres
intérêts ? Du reste, c'est un
fait connu qu'il y a maintenant ici, dans cette
ville, des marchands chrétiens qui,
grâce à leur intégrité,
fixent le prix des articles dont ils sont
détenteurs. Quand des marchands viennent de
l'intérieur en vue de faire des achats dans
notre ville, ils se rendent chez les marchands
chrétiens dont nous parlons, ils leur
demandent quel est le prix raisonnable de chaque
article, et la réponse qu'ils
reçoivent fait loi pour eux.
Quand l'homme d'affaires suit les principes de
l'Évangile, l'avantage est tout de son
côté. L'Église peut faire en
sorte que les incrédules mêmes aient
intérêt à conduire leurs
affaires d'après les vrais principes. Elle
peut ainsi régler le commerce du monde. Et
malheur à elle si elle ne le fait pas !
1° Objection.
« Est-il bon que le chrétien se
singularise ? »
Certainement ! Les chrétiens sont tenus
de se singulariser. Ils sont appelés
à être un « peuple
particulier » c'est-à-dire un
peuple singulier, essentiellement différent
du reste de l'humanité. Soutenir que nous ne
devons pas être singuliers c'est dire que
nous devons nous conformer au monde. « Ne
sois pas singulier » signifie :
« sois semblable au monde » ce
qui est juste le contraire du commandement
donné dans notre texte.
Mais la question qui nous occupe maintenant
concerne la mode dans les vêtements, les
équipages, les ameublements, etc. Ici je
confesse que j'étais autrefois dans
l'erreur ; je croyais et j'enseignais que le
mieux pour le chrétien était de se
vêtir de manière à n'être
pas remarqué, qu'il fallait suivre de loin
les changements de la mode de manière
à ne pas paraître singulier. Mais j'ai
vu mon erreur et maintenant je m'étonne de
l'aveuglement dans lequel j'étais. Votre
devoir est de vous vêtir avec une
simplicité telle que vous montriez au monde
que vous ne faites aucun cas de la mode, que vous
la négligez et la méprisez
absolument. En effet, si vous n'êtes pas
singuliers, si vous ne vous séparez pas
entièrement des modes de ce monde, vous
montrez que vous y attachez du prix. Vous ne pouvez
rendre un témoignage clair contre les modes
du monde que par une entière
simplicité ; je ne veux pas dire que
vous deviez vous étudier à être
singuliers ; je veux dire que vous devez
rechercher la commodité et
l'économie, bien qu'en le faisant, vous
puissiez paraître singuliers.
2° Objection. Mais si nous
nous
habillons avec une simplicité
exagérée, toute l'attention des gens
se portera sur ces détails
extérieurs.
—S'il y a de la vérité dans
cette observation, c'est parce que la chose est si
rare que chacun ouvre de grands yeux quand il voit
un chrétien assez fidèle à sa
profession pour ne tenir aucun compte des modes.
Mais que tous les chrétiens se mettent
à en faire autant, et votre
simplicité ne prouvera plus rien, sinon que
vous êtes un chrétien et que vous ne
voulez pas être confondu avec les
incrédules. Ne serait-ce pas un coup
porté à l'orgueil du monde, si tous
les chrétiens étaient d'accord pour
rendre un témoignage pratique contre le vain
étalage de son luxe ?
3° Objection. Vous mettez la
religion trop haut, vous la mettez hors de la
portée du plus grand nombre. Il vaut mieux
ne pas établir une distinction artificielle
entre l'église et le monde.
Cette objection est directement contraire à
la vérité. Plus vous rapprocherez
l'église du monde, plus vous affaiblirez les
raisons qui devraient persuader au monde de se
convertir et de se joindre à
l'église. À moins que vous ne sortiez
décidément du monde et que vous ne
montriez que vous n'êtes en aucune
façon des siens, à moins que vous ne
placiez l'église assez haut pour qu'il y ait
une ligne de démarcation bien
tranchée entre les saints et les
pécheurs, comment ferez-vous comprendre aux
incrédules la nécessité d'un
changement aussi grand que la conversion ?
4° Objection. Mais le
changement
nécessaire est celui du coeur.
—Sans doute ! mais ce changement du coeur
ne produira-t-il pas le changement de la
vie ?
5° Objection. Vous mettrez
ainsi
des obstacles à ce que l'on devienne
chrétien ; beaucoup de gens
respectables seront dégoûtés de
la religion ; et s'ils ne peuvent être
chrétiens en prenant soin de leur toilette,
ils se décideront tout à fait pour le
monde.
Cette objection est aussi raisonnable que le serait
la conduite d'un membre de la Société
de tempérance qui s'enivrerait de temps en
temps pour ne pas rebuter les intempérants
et pour garder son influence sur eux. Il importe au
contraire que les gens sachent bien, et que la vie
des chrétiens leur déclare hautement
que s'ils veulent se ranger du côté de
la foi, ils doivent être sevrés du
monde, abandonner entièrement l'amour du
monde, son orgueil, ses pompes et sa folie pour
vivre d'une vie sainte, dans la vigilance, dans le
renoncement à eux-mêmes et dans une
active charité.
6° Objection.
« N'est-il pas mieux que nous
n'accordions aucune attention à de pareilles
bagatelles, que nous laissions la modiste et la
couturière faire comme il leur plaît,
et que nous suivions les usages de la
société dans laquelle nous
vivons ? »
Est-ce là une manière de montrer son
mépris pour modes de ce monde ? Pour
montrer le dédain que vous avez pour un
usage, vous mettez-vous à l'adopter ?
Est-ce une bonne manière de montrer votre
éloignement du monde que de suivie
docilement ses coutumes et ses modes ?
Étrange manière de
raisonner !
7° Objection. Qu'importe
l'habit, si le coeur est pur. — Votre coeur
peut-il donc être pur pendant que votre
conduite est mauvaise ? À tout aussi
bon droit le jureur pourrait dire :
« Qu'importent les mots que je prononce,
si mon coeur est pur ? Qu'est-ce que la
conduite extérieure, si ce n'est
l'activité du coeur se montrant au
dehors ? Si votre coeur était pur, vous
ne désireriez pas suivre les modes de ce
monde.
8° Objection. Quelle
règle, quel modèle devons-nous suivre
dans la confection de nos vêtements ;
nous ne voyons pas l'utilité de tout ce que
vous nous prêchez, ni à quoi sert de
prescrire la simplicité dans les
vêtements, tant que vous ne nous donnez pas
ce modèle. »
C'est là une grande pierre d'achoppement
pour beaucoup de gens : Je trouve cependant le
sujet extrêmement simple ; il est
renfermé tout entier en deux règles
très faciles à entendre. La
première est celle-ci : Ayez soin de
n'avoir rien de commun dans votre costume, vos
ameublements, etc., avec les mobiles et les
principes de ceux qui visent à l'effet et
recherchent les applaudissements des hommes.
Et voici ma seconde règle : Consultez
d'abord l'économie et ensuite la
commodité. Soyez d'abord saintement
économes, c'est-à-dire
épargnez tout ce que vous pouvez pour le
service de Christ ; puis, que tout soit aussi
commode, convenable, que cette économie le
permettra.
9° Objection.
Prétendez-vous faire de nous tous des
Quakers, et nous obliger à nous habiller
à leur manière ?
—Qui est-ce qui ignore que la mise simple des
quakers leur a conquis le respect des
incrédules les plus sérieux ?
S'ils y avaient joint le zèle pour Dieu, le
complet renoncement au monde, le mépris des
richesses et l'activité
dévouée pour la conversion des
pécheurs que nous commande l'Évangile
et enfin une vue claire du plan du salut tel qu'il
est exposé dans les Écritures, il y a
longtemps qu'ils auraient converti le monde. Et si
tous les chrétiens les imitaient quant
à leur mise simple, qui peut douter que par
là la conversion du monde ne fût
hâtée ? Je ne veux pas dire
cependant qu'il faille adopter la coupe et la
façon particulière de leurs
vêtements ; je ne parle que de la
simplicité de leur mise qui ne tient aucun
compte des goûts et des modes du monde.
10° Objection.
« Faut-il être tous
méthodistes ? »
—Qui ne sait qu'à l'époque
où les méthodistes se faisaient
remarquer par la simplicité de leurs
vêtements et par leur renoncement aux modes
et aux vanités de ce monde, ils
étaient puissants auprès de Dieu par
la prière, et que le monde les respectait et
les regardait comme de sincères
chrétiens ? Et qui ne sait que depuis
qu'ils ont mis de côté leur
simplicité et qu'ils se sont
conformés au monde dans leurs
vêtements et en d'autres choses encore,
depuis qu'ils paraissent faire tous leurs efforts
pour s'élever eux-mêmes comme
dénomination et acquérir de
l'influence dans le monde, ils n'ont plus cette
puissance de la prière qu'ils avaient au
commencement ? Plût à Dieu qu'ils
n'eussent jamais renversé la muraille qui
les séparait du monde ! C'était
un des traits les plus excellents du Wesleyanisme
que cette simplicité dans les
vêtements qui distinguait les membres de ses
églises.
11° Objection.
« Un
vêtement simple peut nous inspirer autant
d'orgueil qu'un vêtement à la mode.
Les Quakers sont aussi orgueilleux que
nous. »
—On peut abuser de tout ce qui est bon ;
mais tout le monde sait que l'abus ne condamne pas
l'usage. À ceux qui font cette objection, je
poserai à mon tour la question
suivante :
Est-il bien qu'une femme chrétienne, qui a
dans son coeur la crainte de Dieu et l'amour des
âmes, néglige un moyen très
efficace de montrer qu'elle est
séparée du monde et de
témoigner son mépris pour ces
vanités du luxe et de la mode au milieu
desquelles les impies descendent en dansant vers
l'enfer ?
12° Objection.
« Ce
sont là de bien petites choses qui ne
devraient point venir jusque dans la chaire prendre
tant de temps au
prédicateur. »
Voilà une objection faite souvent par les
chrétiens mondains. Mais le ministre qui
craint Dieu ne se laissera pas arrêter par
elle ; il ira de l'avant jusqu'à ce que
de tels chrétiens soient ou
dépouillés et purifiés de
toute conformité au monde, ou
retranchés de l'église. Ce n'est pas
le vêtement comme tel, mais la
conformité au monde dans les modes et les
vêtements qui est une des pierres
d'achoppement les plus funestes aux
pécheurs. Comment le monde se
convertira-t-il, tant que ceux qui font profession
d'être chrétiens se conforment au
monde ? Quel bien cela peut-il faire de donner
de l'argent pour faire porter l'Évangile aux
païens, quand chez eux les chrétiens
vivent d'une pareille façon ? En les
voyant, les païens ne diront-ils pas :
« Quel profit peut-il y avoir à
devenir chrétiens ? Les
chrétiens recherchent les vanités du
monde avec autant d'ardeur que ceux qui n'ont
aucune religion. » La grande chose,
nécessaire à l'église, c'est
qu'elle rejette toute conformité au
monde ; elle aura alors pouvoir auprès
de Dieu par la prière, et le Saint-Esprit
descendra et bénira ses efforts, et le monde
se convertira.
13° Objection.
« Si
nous nous habillons de la sorte, nous serons
appelés fanatiques. »
De quelque nom que vous nomment les impies, que ce
soit fanatiques, méthodistes, ou quelque
autre nom encore, toujours est-il que vous serez
connus comme chrétiens ; dans le secret
de leurs consciences les hommes vous
reconnaîtront comme tels. Il n'est pas au
pouvoir des incrédules de répandre le
mépris sur une église sainte qui est
séparée du monde. Qu'en
était-il des premiers
chrétiens ? Ils vivaient
séparés du monde et cela faisait une
telle impression, que même des auteurs
incrédules disaient d'eux :
« Ces gens gagnent le coeur de la masse
du peuple parce qu'ils se vouent aux oeuvres de la
charité et n'ont que mépris pour les
choses du monde. » Soyez-en certains, si
les chrétiens veulent vivre ainsi, l'enfer
aura beau redoubler d'efforts, la victoire sera
bientôt à l'Évangile. Vague
après vague, les eaux vives
s'étendront au loin sur le monde,
jusqu'à ce qu'elles couvrent les plus hauts
sommets de la terre.
1° Objection.
« En
se conduisant d'après. ces principes, en
refusant de s'unir au monde en ce qui concerne la
politique, nous ne pouvons avoir aucune influence
sur la marche des affaires du pays. »
— Je réponds, premièrement : il en est ainsi
maintenant. Les chrétiens, comme tels, n'ont
pas d'influence. Nous ne voyons pas qu'aucun
principe chrétien soit adopté parce
qu'il est chrétien, ou parce qu'il est
conforme à la loi de Dieu.
Deuxièmement. Si les chrétiens
n'ont pas d'autre moyen d'avoir de l'influence sur
le gouvernement du pays que celui de se conformer
au monde dans les affaires politiques, alors,
laissez les incrédules manier les affaires
et gouverner le pays à leur manière,
et vous allez servir Dieu.
Troisièmement. Mais il n'en sera pas
ainsi ; c'est précisément le
contraire qui arrivera. Que seulement l'on sache
bien que les citoyens chrétiens n'aideront
en aucune façon à mettre au pouvoir
des hommes sans principes ; qu'il soit bien
connu que l'église n'appuiera que des hommes
ayant pour lui le bien du pays, et les partis
s'accorderont certainement pour ne jamais mettre en
avant d'autres hommes que ceux-là. De cette
façon, l'Église exercera une
légitime influence dans les affaires
politiques.
2° Objection.
« C'est
faire de l'église et du monde deux camps
opposés. »
—Non. Le monde est trop égoïste
pour que les partis puissent se diviser ainsi, et
surtout pour que cette division-là puisse se
maintenir. Il se peut que pendant une année
les incrédules s'unissent contre
l'église et laissent les chrétiens
former une petite minorité. Mais ils se
diviseraient bientôt en deux camps, chacun
d'eux briguant les suffrages des chrétiens
et leur offrant des candidats pour lesquels ils
pussent voter consciencieusement.
1. En ne vous conformant
point au monde,
vous pouvez épargner beaucoup d'argent et
l'employer à faire du bien.
En une année, l'église pourrait
réunir ainsi, pour
l'évangélisation, une somme plus
grande qu'elle n'a jamais pu le faire.
2. En ne vous conformant point au monde,
vous pourriez ainsi sauver beaucoup de temps, de ce
temps précieux que vous perdez aujourd'hui
à suivre les modes du monde, à vous
conformer à ses maximes, à vous
associer à ses entreprises.
3. En même temps les chrétiens
garderaient la paix de leur conscience, ils
jouiraient de la communion avec Dieu, ils auraient
l'esprit de prière et seraient beaucoup plus
utiles qu'ils ne sont.
N'est-il pas temps d'agir dans ce sens ?
N'est-il pas temps qu'une église quelconque
ouvre la voie, rompant avec toute conformité
au monde pour suivre l'exemple et l'esprit de
Jésus-Christ ?
Vous faites profession de désirer la
conversion des pécheurs ; mais à
quoi bon les convertir, si c'est pour qu'ils
retombent dans la conformité au monde ?
Frères, je le confesse, je suis rempli de
douleur en voyant la conduite, de l'église.
Où sont les résultats des glorieux
réveils que nous avons eus ? Je le
crois, ces grâces que l'église a
reçues pendant ces dix dernières
années, c'étaient de
véritables, réveils, des effusions du
Saint-Esprit. Je crois que les convertis de ces dix
dernières années sont au nombre des
meilleurs chrétiens du pays ;
cependant, tout bien compté, ils ne sont, la
plus grande partie d'entre eux, qu'un
déshonneur pour la religion. À quoi
pourrait-il servir d'ajouter à
l'église mille membres qui seraient
exactement comme ceux qu'elle a
déjà ? La religion en
serait-elle plus honorable aux yeux des
infidèles ? Une seule église
sainte qui serait réellement
crucifiée au monde, le monde
étant crucifié à son
égard (Gal VI : 14), ferait plus pour
recommander le christianisme que toutes les
églises du pays ne le font en vivant comme.
elles vivent maintenant. Ah ! si j'avais assez
de force corporelle pour m'en aller de nouveau
parcourir les églises, au lieu de
prêcher encore la conversion aux
pécheurs, je voudrais travailler surtout
à amener les églises la
sainteté que réclame
l'Évangile. À quoi sert de convertir
les pécheurs, pour en faire des
chrétiens tels que ceux que nous avens
maintenant ? À quoi bon nous efforcer
de les convertir et de leur faire sentir qu'il y a
quelque chose de réel dans la religion, pour
qu'ensuite quand ils sont en relation d'affaires
avec vous, ou quand ils vous rencontrent dans les
rues, ils. trouvent dans votre exemple la
réfutation vivante de tout ce qui leur a
été prêché et pour que
votre conformité au monde leur persuade
qu'il n'y a rien de réel dans la religion de
Jésus-Christ ?
Où trouverai-je, où le Seigneur
lui-même trouvera-t-il une église
pareille à l'église des premiers
jours, une église qui veuille sortir du
monde et en rester séparée, pour se
donner entièrement au service de Dieu ?
Oh ! si cette église-ci voulait le
faire ! Je le répète, il y a peu
d'utilité à faire des
chrétiens s'ils ne doivent pas être
meilleurs que ceux que nous avons. Comprenez-moi
bien, je ne dis pas que les conversions
amenées par nos réveils aient
été fausses, mais je dis que ces
convertis vivent de manière à
être un déshonneur pour la religion.
Ils ont été tellement
gâtés par les chrétiens ou
prétendus chrétiens de vieille date,
que beaucoup d'entre eux font aujourd'hui plus de
mal que de bien. Plus il y a de chrétiens de
cette sorte, en effet, et plus
l'incrédulité trouve matière
à blâmer et à railler.
Maintenant, croyez-vous que Dieu vous commande de
ne plus vous conformer au monde ? Le
croyez-vous ? Êtes-vous
déterminés à obéir
à ce commandement, quoi que l'on puisse dire
de vous ? Avez-vous le courage de vous
séparer du monde, voulez-vous prendre la
résolution de ne plus vous laisser conduire
par ses maximes, de ne plus imiter ses pratiques,
de ne plus suivre les caprices de ses modes ?
Je connais un homme qui vit ainsi, — je
pourrais vous dire son nom, — il ne fait
aucune attention aux coutumes du monde ; et
quel en est le résultat ? Où que
ce soit qu'il aille, il laisse l'impression qu'il
est un chrétien. Oh ! si une
église voulait agir ainsi et y mettre toute
l'énergie que les hommes du monde mettent
dans leurs affaires, elle mettrait le monde sens
dessus dessous. Voulez-vous le faire ? Voulez-vous
rompre avec le monde maintenant et entrer en
alliance avec Dieu ? Vous déclarez-vous
décidés à être assez
singuliers pour vivre séparés du
monde ; décidés à
« dresser vos faces pour marcher avec une
sainte inflexibilité dans la voie du
Seigneur » et lui rendre pleine
obéissance, quoi que le monde puisse
dire ? L'osez-vous ? Le
voulez-vous ?
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