« Qui est pour l'Éternel ? » Exode XXXII : 26.
Cette question fut adressée par
Moïse au peuple qui faisait profession
d'être le peuple de Dieu ; elle le fut
immédiatement après qu'il se fut
empiétement détourné de Dieu
pendant que Moïse était sur la
montagne, alors que les enfants d'Israël
adorèrent le veau d'or que leur fit
Aaron. Après avoir fait des remontrances
à la nation coupable, Moïse
s'écria : Qui est pour
l'Éternel ? »
Je n'ai pas l'intention de m'arrêter sur ce
cas particulier, j'en viens immédiatement au
but que je me propose ce soir, savoir de vous
montrer que l'on peut distinguer
TROIS CLASSES DE CHRÉTIENS DE PROFESSION
I. Les vrais amis de Dieu et des hommes.
II. Ceux qui sont mus par l'espérance et la crainte, en d'autres termes par l'amour de soi-même ou par l'égoïsme. (1).
III. Ceux qui sont mus par l'opinion publique.(2).
Ces trois classes sont reconnaissables à différents caractères qui révèlent le motif principal de leur religion. Il est superflu de démontrer qu'en religion les gens sont conduits par des motifs très divers, les uns par un amour réel pour Dieu, les autres par d'autres motifs. Tous font profession d'être serviteurs de Dieu, mais en observant la vie d'un grand nombre, vous reconnaissez qu'au lieu d'être serviteurs de Dieu, en réalité ils s'efforcent de rendre Dieu leur serviteur. Leur but suprême est de faire leur propre salut ou d'obtenir quelqu'autre avantage pour eux-mêmes, et cela par le moyen des grâces de Dieu. Ils cherchent à faire de Dieu leur ami, afin de le faire servir ensuite à l'accomplissement de leurs desseins.
Si vous considérez les faits qui
trahissent le vrai mobile, le vrai but de leur
religion, vous reconnaîtrez que ces
chrétiens sont animés d'une affection
sincère pour Dieu et pour les hommes.
1. Ils se reconnaissent au soin
qu'ils
mettent à éviter le
péché.
Ils montrent qu'ils le haïssent en
eux-mêmes et qu'ils le haïssent chez les
autres. Ils ne le justifieront point en eux et ils
ne le justifieront pas non plus chez les autres.
Ils rechercheront pas à cacher leur propre
péché, ni à déguiser
celui d'autrui. En un mot, leur but est la PARFAITE
SAINTETÉ. D'où ressort avec
évidence qu'ils sont de vrais amis de Dieu.
Je ne veux pas dire que tout vrai ami de Dieu soit
parfait, pas plus que je ne voudrais dire que tout
enfant vraiment affectueux et obéissant soit
un enfant parfait, ne manquant jamais à son
devoir. Mais s'il est un enfant affectueux et
obéissant, son but est d'obéir
toujours, et s'il y manque à quelque
égard, il ne se justifie nullement et ne
cherche point à cacher sa faute ; au
contraire, aussitôt qu'il y est rendu
attentif, il est mécontent de lui-même
et condamne sa conduite. De même, les vrais
amis de Dieu et de l'homme sont toujours
prêts à se plaindre d'eux-mêmes
et à se condamner pour tout ce qu'ils ont pu
faire de mal. Vous ne les entendrez jamais
s'excuser et jeter le blâme. sur leur
Créateur, en parlant de leur impuissance
à obéir à Dieu ou en
s'exprimant comme si Dieu exigeait l'impossible de
ses créatures. En les entendant, on sent
qu'ils comprennent combien ce que Dieu commande est
juste et raisonnable, et qu'ils n'accusent
qu'eux-mêmes de leurs
désobéissances.
2. Ils montrent toujours une grande
horreur pour les péchés des
autres.
Ils ne déguisent pas les
péchés des autres, ils ne parlent
point en faveur de ces péchés, ils
n'en nient point la gravité. Vous ne les
entendrez jamais faire l'apologie du
péché. Comme ils sont indignés
contre le péché quand. ils le
trouvent en eux-mêmes, ainsi le sont-ils, et
dans la môme mesure, quand ils le rencontrent
chez d'autres ; ils connaissent son
caractère odieux et ils l'abhorrent
toujours.
3. Ils sont pleins de zèle pour
l'honneur et la gloire de Dieu.
Ils montrent la même ardeur pour l'honneur et
les intérêts de Dieu que le patriote
pour l'honneur et les intérêts de son
pays. Si le patriote aime ardemment son pays, son
gouvernement et les intérêts de son
peuple, il se met de tout son coeur à leur
service ; il n'est jamais si heureux que
lorsqu'il peut faire quelque chose pour la gloire
et la prospérité de sa patrie. De
même pour un enfant qui aime
véritablement son père ; il
n'est jamais si heureux que lorsqu'il peut faire
quelque chose qui l'honore et favorise ses
intérêts; et il n'est jamais si
indigné que lorsqu'il le voit injurié
ou lésé. S'il voit qu'il est
désobéi ou outragé par ceux
qui doivent lui obéir, l'aimer et l'honorer,
son coeur éclate de douleur et
d'indignation.
Il y a beaucoup de chrétiens de profession
et même des. pasteurs qui sont très
zélés pour défendre leur
propre honneur ; mais il n'y a que les
chrétiens dont nous parlons, qui se sentent
directement atteints, et de la façon la plus
douloureuse, lorsque l'honneur de Dieu est
compromis. Ils sont les véritables amis de
Dieu et de l'homme.
4. Ils montrent qu'ils sympathisent
avec
Dieu dans ses sentiments à l'égard de
l'homme.
Ils ressentent pour les âmes la même
sorte d'affection que Dieu. Je ne dis pas que leur
affection soit aussi grande que celle de Dieu, mais
elle est de même nature.
C'est un fait que l'on peut aimer les âmes
des hommes et haïr leur conduite ; cela
se voit chez plusieurs. C'est un fait aussi que
l'homme est fait de telle sorte qu'il ressent de la
sympathie pour ceux qui sont dans la
détresse ; il en est toujours ainsi
à moins qu'il n'ait quelque raison
égoïste d'être malveillant. Si
vous voyez un meurtrier pendu, vous ressentirez de
la compassion pour lui. Le méchant
lui-même a cette sympathie naturelle pour
ceux qui souffrent.
Il y a pareillement une espèce
particulière de sympathie que le vrai enfant
de Dieu ressent pour le pécheur et qu'il lui
témoigne. C'est un mélange d'horreur
et de compassion, d'indignation contre ses
péchés et de pitié pour sa
personne. Il est possible d'avoir une grande
horreur pour le péché
mélangée d'une profonde compassion
pour l'âme capable. d'un bonheur sans fin et
cependant prête à tomber. dans une
éternelle misère.
Je m'explique. Il y a deux sortes d'amour, l'un qui
est un amour de bienveillance ; un amour qui
ne considère point le caractère de la
personne aimée, mais qui ne voit en elle que
l'être sensible et exposé au
péril. C'est celui que Dieu ressent pour
tous les hommes. L'autre est un amour qui renferme
estime pour la personne et approbation de son
caractère. Cet amour-ci, Dieu ne le ressent
que pour le juste ; il ne le ressent jamais
pour le pécheur. Le pécheur, il
l'abhorre infiniment. Il ressent pour lui, tout
à la fois, une compassion infinie et une
horreur sans bornes. Les chrétiens
éprouvent les mêmes sentiments, ils
les éprouvent à un degré
moindre, mais ils les éprouvent en
même temps. Il est probable qu'ils n'ont
jamais les sentiments qu'ils doivent avoir tant
qu'ils n'éprouvent pas ces deux sentiments
en même temps. Aussi longtemps qu'il n'en est
pas ainsi, leurs sentiments vis-À-vis des
pécheurs ne sont en harmonie ni avec ceux de
Dieu, ni avec le vrai caractère des
pécheurs eux-mêmes.
Un fait très frappant le démontre. Le
chrétien reprendra, de la façon la
plus catégorique et la plus fréquente
précisément ceux pour lesquels il
ressent la plus profonde compassion. N'avez-vous
jamais remarqué cela ? N'avez-vous
jamais vu un père ému de compassion
envers son enfant, le reprendre avec larmes et
cependant avec une sévérité
propre à le dompter
entièrement ? Jésus-Christ
pleura sur Jérusalem tout en
éprouvant une brûlante indignation
contre la conduite de ses habitants :
« O Jérusalem, toi qui tues les
prophètes et qui lapides ceux qui te sont
envoyés ! » Ah ! quelle
vue profonde de leur méchanceté il
avait, au moment même où, dans sa
compassion, il pleurait à la pensée
du jugement suspendu sur leurs têtes !
Il en est précisément de même
de cette classe de chrétiens qui nous.
occupe. Vous n'entendrez aucun d'eux parler
à un pécheur de manière
à le faire pleurer parce qu'un autre pleure
sur lui, par un effet de pure sensibilité.
Car les plus tendres appels de ces chrétiens
sont accompagnés de blâmes
énergiques au sujet du
péché.
Je désire que vous vous rappeliez ce
point : le vrai ami de Dieu et de l'homme ne
prend jamais le parti du pécheur, parce
qu'il n'agit jamais par pure et simple compassion.
Il ne dénonce jamais non plus au
pécheur la condamnation qui pèse sur
lui, sans montrer en même temps de la
compassion pour son âme, ainsi que le plus
ardent désir de la sauver de la mort.
5. La grande affaire de ces
chrétiens : dans tous leurs rapports
avec leurs semblables, c'est de faire de ceux-ci
des amis de Dieu.
Qu'ils conversent, ou prient, ou accomplissent
leurs devoirs journaliers, leur grand but est
toujours de recommander la religion de
Jésus-Christ et de conduire chacun à
glorifier Dieu. Il est très naturel qu'on
agisse ainsi, si l'on est un vrai ami de Dieu. Un
vrai ami du gouvernement désire que chacun
soit ami du gouvernement. Un vrai fils, rempli
d'amour filial, désire que chacun aime et
respecte son père ; si quelqu'un montre
quelque inimitié à son égard,
il s'efforcera constamment. de le
réconcilier avec lui, De même, le
trait dominant chez tout vrai ami de Dieu, c'est
qu'il fera toujours de la réconciliation des
pécheurs avec Dieu la grande affaire de sa
vie.
Maintenant, attention ! je vous en supplie. Si
la réconciliation des hommes avec Dieu n'est
pas la pensée qui vous absorbe, si elle
n'est pas le but constant de vos efforts, si la
poursuite de cette réconciliation n'est pas
le trait caractéristique de votre vie, vous
n'avez « ni part, ni lot dans cette
affaire, » c'est la source même de
la vie qui vous manque. Quelque apparence de
religion que vous puissiez avoir, je le
répète, c'est le trait
caractéristique et la base même de
toute vraie piété qui vous manque. Ce
qui fait le fond du caractère et le but de
la vie chez Jésus-Christ, chez les
apôtres et chez les prophètes, fait
défaut en vous.
Considérez ces hommes de Dieu, et vous
verrez que ce qui vous manque ressort chez eux en
un relief ineffaçable et d'une
netteté incomparable ; c'est chez eux
le trait dominant du caractère, le but
suprême de la vie. Maintenant laissez-moi
vous demander quel est le grand objet de votre vie,
celui qui se montre dans tous les détails de
votre conduite de chaque jour. Est-ce de soumettre
à Dieu tous ses ennemis ? S'il n'est
pas celui-là, arrière toutes vos
prétentions en fait : de religion quoi
que ce soit que vous puissiez posséder, vous
n'avez pas l'amour de Dieu en vous.
6. Partout où vous trouverez des
personnes de la catégorie qui nous occupe,
vous verrez qu'elles évitent scrupuleusement
tout ce qui leur semble aller à l'encontre
de ce grand but.
Elles désirent toujours éviter toute
chose propre à empêcher le salut des
âmes, détourner leur attention et
à les éloigner de la conversion.
Quand l'on propose une chose dont la
légitimité est douteuse, la question
qui, pour elles, s'élève
naturellement n'est pas : « Est-ce
que Dieu le défend
expressément ? » Non. La
première question qui se pose pour elles est
celle-ci : « Quel effet cela peut-il
produire quant à l'avancement du
règne de Dieu ? Cela tendra-t-il
à empêcher la conversion des
pécheurs, à ralentir les
progrès les réveils, à rejeter
les âmes dans le
péché ? » S'il en est
ainsi il n'y a pas besoin que les tonnerres du
Sinaï retentissent à leurs oreilles
pour leur défendre cette chose. Elles la
voient contraire à l'esprit de
sainteté, contraire au grand objet qu'elles
ont en vue, cela suffit.
Comme exemple, prenons l'oeuvre de la
tempérance. Remarquons tout d'abord que ce
sont les obstacles que l'intempérance
apporte à la conversion des
pécheurs qui ont déterminé
à l'action les hommes excellents qui ont
inauguré cette oeuvre. Et ceux qui la
continuent sont animés des mêmes
sentiments. Vous ne verrez pas de tels hommes
s'arrêter et discuter à chaque pas en
disant : « Boire du rhum n'est nulle
part défendu dans la Bible, et je ne me sens
pas tenu d'y renoncer. » Ils voient qu'il
y a là un obstacle à la grande oeuvre
à laquelle ils ont voué leur
vie ; cela leur suffit ; — il va de
soi qu'ils abandonnent le rhum. Ils évitent
tout ce qui leur semble être contraire au
réveil des âmes ; rien de plus
naturel. Un négociant évite de
môme tout ce qui pourrait nuire à son
crédit, tout ce qui pourrait, aller à
l'encontre de son but, qui est de faire de
l'argent. Supposez qu'un tel homme soit sur le
point de faire une chose qui ruinera son
crédit ; vous allez à lui
amicalement et vous l'avertissez de ne pas faire
cette chose, vous répliquera-t-il :
« Montrez-moi dans la Bible le passage
où Dieu le défend ? »
Non certes ! il n'aura pas l'idée de
vous faire une autre question que celle-ci :
est-ce vraiment incompatible avec le but que je me
propose ?
Prenez donc bien note de ceci, vous tous :
celui qui désire ardemment la conversion des
pécheurs n'a pas besoin d'une défense
expresse pour ne pas faire ce qu'il voit être
un obstacle à cette conversion. Il n'y a pas
à craindre qu'il aille faire ce qui
anéantirait l'oeuvre à laquelle il a
consacré toute sa vie.
7. Les chrétiens de cette classe
sont toujours en détresse à moins
qu'ils ne voient avancer l'oeuvre de la conversion
des pécheurs.
Quand les pécheurs ne se convertissent pas,
ils disent que l'église est dans un
état lamentable. Quels que soient d'ailleurs
les avantages dont cette église jouit, sa
situation financière, la popularité
de son pasteur, le nombre de ses membres, etc., les
coeurs de ces justes sont angoissés à
moins qu'ils ne voient l'oeuvre de conversion se
poursuivre actuellement. Ils comprennent que, sans
cela, les moyens de grâce eux-mêmes
font plus de mal que de bien.
De tels chrétiens sont un grand sujet de
trouble pour ceux qui sont religieux par d'autres
motifs que l'amour. pour Dieu et pour les
âmes, et qui désirent conserver toutes
choses calmes et tranquilles, marchant
régulièrement selon la
« bonne vieille
méthode. » Ces vrais amis de Dieu
et de l'homme sont souvent désignés
comme « les esprits inquiets
dans » Et remarquez cela, si une
église renferme quelques esprits semblables,
le pasteur sera mal à son aise à
moins que sa prédication ne soit propre
à convertir les pécheurs. Vous
entendez parfois ces chrétiens reprendre
l'église et répandra leurs
lamentations et leurs blâmes au sujet de sa
froideur et de sa mondanité, mais
l'église réplique :
« Nous n'allons pas mal du. tout, ne
voyez-vous pas combien nous
prospérons ? vos récriminations
proviennent de ce que vous êtes des esprits
inquiets. » En réalité, le
coeur de ces chrétiens saigne et leur
âme est comme en agonie, parce que les
pécheurs ne sont pas convertis et que les
âmes se précipitent dans l'enfer.
8. Vous trouverez en eux un esprit
de
prière et vous les verrez priant non
pour eux-mêmes, mais pour les
pécheurs.
Si vous avez connaissance de la teneur habituelle
des prières de quelqu'un, vous pourrez
savoir par là quel est le cours de ses
sentiments. Si l'on est mû surtout par le
désir d'être sauvé
soi-même, l'on priera surtout pour
soi-même, pour avoir ses péchés
pardonnés, pour
« jouir » davantage de l'Esprit
de Dieu et ainsi de suite. Mais quant à
celui qui est véritablement l'ami de Dieu et
de l'homme, ses prières. seront pour la
gloire de Dieu dans le salut des
pécheurs ; il ne sera jamais si
abondant ni si puissant dans ses prières que
lorsqu'il s'agira de ce sujet-là. Allez dans
les réunions de prières
formées par de semblables chrétiens,
et vous verrez qu'au lieu de s'enfermer tous dans
l'étroite sphère de leurs propres
intérêts, dépensant toutes
leurs prières pour eux-mêmes et
terminant par quelques mots concernant le royaume
de Christ, comme en guise d'ornement, ils
répandent, au contraire, leurs âmes en
prières pour le salut des pécheurs.
Je crois qu'Il y a eu des cas où de tels
chrétiens ont été tellement
possédés du désir de voir les
pécheurs sauvés, tellement
absorbés par cette pensée, qu'ils ont
été pendant des semaines successives
sans prier pour leur propre salut. Et si ces
chrétiens prient quelque peu pour
eux-mêmes, c'est pour être
revêtus du Saint-Esprit, afin d'aller
à la recherche des âmes et, par la
puissance de Dieu, de les arracher du feu.
Vous qui êtes ici, vous pouvez dire ce qui en
est de vos prières ; vous pouvez dire
si c'est pour vous-mêmes que vous êtes
le plus émus et que vous priez le
plus ; ou si c'est pour les
pécheurs.
Si vous ne connaissez rien de l'esprit de
prière en faveur des pécheurs, vous
n'êtes pas de vrais amis de Dieu et de
l'homme. Quoi ! le coeur insensible quand,
à côté de vous, les
pécheurs s'en vont en enfer ! Aucune
sympathie pour le Fils de Dieu qui donna sa vie
pour les sauver ! Arrière
toutes vos professions de foi et toutes vos
apparences de religion ! « Si
quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il n'est pas
à Lui. » Qu'on ne me dise pas que
des hommes sont véritablement pieux quand
leurs prières s'élèvent
paresseusement et comme au hasard ! Affaire de
forme tout autant que les prières du papiste
qui défile son chapelet. De telles gens se
séduisent eux-mêmes, s'ils pensent
être de vrais amis. de Dieu et de
l'homme.
9. Ces chrétiens n'ont pas besoin
de demander quelles sont les choses
« qu'il leur est commandé de
faire » pour conversion des
pécheurs.
Quand on leur présente un moyen qui promet
du succès dans l'oeuvre de la conversion des
pécheurs, ils n'ont pas besoin, pour
l'employer, que cela leur soit commandé sous
peine d'encourir quelque pénalité. Il
leur suffit de connaître que ce moyen est
fait pour avancer l'oeuvre à laquelle ils
ont mis leur coeur ; en ce cas, ils l'adoptent
aussitôt et le mettent en oeuvre de tout leur
pouvoir. Pour eux, la question qui se pose n'est
pas tout le temps : « Qu'est-ce qui
m'est expressément
commandé ? » Mais bien
« De quelle façon pourrais je
faire davantage pour le salut des âmes, pour
la conversion du monde à
Dieu ? » Ils n'attendent pas d'avoir
un commandement exprès de la Bible pour
s'engager dans l'oeuvre des missions, ou des
écoles du dimanche ou dans toute autre
entreprise qui a en vue le salut des
âmes ; ils sont toujours prêts
pour toute bonne parole et toute bonne oeuvre.
10. Un autre trait caractéristique
de ces chrétiens est la disposition à
renoncer à soi-même pour faire du bien
aux autres.
Donner est une loi que Dieu a établie d'un
bout à l'autre de l'univers. Même dans
le monde de la nature ; les rivières,
l'océan, les nuages, le soleil, tout donne.
Il en est ainsi partout dans le royaume de la
grâce. Donner est le véritable esprit
de Jésus-Christ. Jésus-Christ n'a pas
cherché sa propre satisfaction, mais le bien
des autres. De même en est-il de cette classe
de personnes qui nous occupe maintenant, elles sont
toujours prêtes à renoncer à
elles-mêmes, à leurs joies, leur
confort et même à des choses
nécessaires, dès qu'elles voient que
par là elles peuvent faire plus de bien.
11. Ces chrétiens sont
continuellement à l'affût de nouveaux
moyens et de nouvelles mesures pour faire du
bien.
C'est un effet naturel de leur continuel
désir de faire du bien. Au lieu d'être
satisfaits de ce qui ne donne aucun succès,
ils inventent continuellement de nouvelles
méthodes et de nouveaux moyens pour
atteindre leur but. Ils ne ressemblent pas à
ceux qui sont satisfaits parce qu'ils font ce
qu'ils appellent leur devoir. Quand un homme a en
vue surtout son propre salut, il se dit que pourvu
qu'il fasse son devoir, il est
déchargé de toute
responsabilité. Cela fait il est
content ; il se persuade qu'il est à
l'abri de la colère à venir, et qu'il
a gagné le ciel en faisant ce que Dieu
requérait de lui. Après cela, que les
pécheurs soient sauvés ou perdus, ce
n'est pas son affaire, il n'y peut rien. Mais pour
le vrai chrétien, il ne s'agit pas tant
d'éviter la colère à venir et
de gagner le ciel que de sauver les âmes pour
la gloire de Dieu ; et si ce dernier but n'est
pas atteint, il est dans l'angoisse. Un tel homme
recherche, invente, essaie toujours quelque nouveau
moyen, quelque généreuse entreprise,
et si cela ne réussit pas, il essaie autre
chose, puis autre chose encore ; il ne peut
rester tranquille jusqu'à qu'il ait
trouvé quelque chose qui ait du
succès dans l'oeuvre du salut des
pécheurs.
12. Ces chrétiens manifestent
toujours une grande douleur quand ils voient
l'église endormie et ne faisant rien pour le
salut des pécheurs.
Ils connaissent la difficulté,
l'impossibilité de faire quelque chose de
considérable pour le salut des
pécheurs tant que l'église est
endormie. Allez dans une église où la
plupart ne font rien pour la conversion des
pécheurs et se laissent emporter par le
courant du monde, vous verrez que les vrais amis de
Dieu et de l'homme y sont navrés d'un tel
état de choses. Ceux qui sont religieux
d'une autre façon, trouveront que tout va
très bien et ne seront point affligés
quand ils verront ceux qui prétendent
être le peuple de Dieu courir après la
vanité et la folie. Mais les
chrétiens de la classe qui nous occupe
auront le coeur rempli de douleur et de
détresse en voyant l'église dans un
pareil état.
13. Ils souffrent quand ils voient
leur
pasteur se comporter lâchement et ne point
reprendre l'église sévèrement
et fidèlement à cause de ses
péchés.
Les autres chrétiens de profession veulent
être bercés afin le bien dormir, ils
veulent que leur pasteur prêche des sermons
pleins de douceurs, fleuris, éloquents, des
sermons qui les flattent, sans rien d'incisif et
sans puissance. Mais les chrétiens dont nous
parlons ne sont point, satisfaits à moins
que le pasteur ne prêche avec puissance et
d'une manière incisive, hardiment, «
reprenant, censurant, exhortant, avec toute
patience et en instruisant (2 Tim IV :
2). » Leurs âmes ne sont point
nourries, ni édifiées, ni satisfaites
de ce qui ne saisit pas et n'opère pas
l'oeuvre pour laquelle le ministère a
été institué par
Jésus-Christ.
14. Ils soutiendront toujours un
pasteur
fidèle qui prêche la
vérité hardiment et d'une
manière incisive.
Alors même que la vérité qu'il
prêche les atteint, personnellement, loin de
s'en plaindre, ils disent avec le Psalmiste :
« Que le juste me frappe, ce sera de
l'huile sur ma tête (Ps CXLI :
5). » Quand la vérité est
proclamée avec puissance, leurs âmes
sont nourries et se fortifient dans la grâce.
Ils prient pour leur pasteur, ils se
répandent en larmes et en supplications dans
leur cabinet pour que l'Esprit de Dieu soit
toujours avec lui. Pendant que d'autres murmurent,
disputent contre lui et l'accusent d'extravagance,
ils le soutiendront ; oui, certes ! ils
monteraient même sur le bûcher avec lui
pour le témoignage de Jésus. Et ce
qu'ils font est basé sur la meilleure de
toutes les raisons : la prédication de
leur pasteur va droit au but auquel ils ont
voué toute leur vie.
15. Ils sont particulièrement
angoissés quand les pasteurs prêchent
des sermons qui ne sont pas propres à
convertir les pécheurs.
Je veux dire quand le sermon n'est pas
spécialement adressé à
l'église de manière à la
réveiller. D'autres peuvent approuver le
sermon, le louer, ils peuvent dire : Quel beau
sermon nous avons eu ! qu'il était
éloquent, lucide, magnifique, sublime !
Cependant il ne leur était pas
approprié puisqu'il ne tendait pas à
convertir les pécheurs. Il y a des gens qui
sont grands partisans de la doctrine de
l'élection et qui ne veulent pas croire
qu'un sermon soit évangélique
à moins qu'il ne contienne cette
doctrine ; et si cette doctrine y est, les
voilà contents, que le sermon soit propre ou
non à convertir le pécheur. Mais
quand un homme a mis son coeur à la
conversion des pécheurs, s'il entend un
sermon qui n'est point fait pour la produire, il a
l'impression qu'il y manque la « grande
chose » qui fait le sermon
évangélique. Si au contraire il
entend un sermon propre à sauver les
âmes, il est alors nourri et son âme se
réjouit.
Nous trouvons ici la raison de la différence
étonnante qu'il y a souvent entre les divers
jugements que l'on porte sur la
prédication ; et c'est ici encore que
l'état spirituel de chacun se
révèle admirablement. Il est
aisé, en effet, de voir, selon le jugement
que l'on porte sur la prédication, quels
sont ceux qui sont remplis de l'amour de Dieu et
des âmes. Les vrais amis de Dieu et de
l'homme ne voudront pas d'un sermon qui ne sera pas
particulièrement propre à sonder,
à réveiller l'église et
à la porter à l'action, et qui, par
conséquent, sera impuissant à
humilier et à convertir celui qui
pèche.
16. Vous entendrez toujours les
chrétiens de cette classe se reprocher de ne
point faire assez pour le salut des
pécheurs.
Quoi qu'ils fassent en réalité dans
ce but, il semble que plus ils font, plus ils
désirent faire encore. Ils ne
sont jamais satisfaits ; il n'y a jamais
de bornes à leur désir de convertir
les pécheurs. Je me rappelle un homme
excellent qui avait coutume de prier pour les
individus, pour les localités, pour la
conversion du monde, jusqu'à ce qu'il
fût à bout de forces. Il
s'écriait un jour, complètement
épuisé par la prière :
« Oh ! quel feu, quelle douleur dans
mon coeur ! rien ne peut apaiser ce
désir insatiable de sauver les
pécheurs ; mon âme
défaille de douleur. » Bien qu'il
eût été plus utile que presque
tous ceux de son âge, cet homme voyait tant
à faire encore, et son désir de voir
les pécheurs sauvés était si
ardent, que sa constitution physique ne le pouvait
supporter. « Je me trouve, disait-il un
jour, mourant du désir de posséder
plus de force pour faire davantage pour le salut
des âmes. »
17. Si vous désirez
émouvoir les chrétiens de cette
sorte ; vous devez leur présenter des
considérations qui touchent à la
gloire de Dieu dans le salut des
pécheurs.
Si vous voulez les émouvoir,
présentez-leur la situation des
pécheurs et montrez-leur combien ils
déshonorent Dieu ; vous verrez que cela
les touchera et les enflammera bien plus que tous
les appels que vous pourriez faire à leurs
craintes et à leurs espérances.
Pressez ce sujet sur leurs coeurs ;
montrez-leur comment ils peuvent convertir les
pécheurs : émus et palpitants
ils lutteront avec Dieu dans la
prière ; ils seront en travail pour les
âmes jusqu'à ce qu'ils voient
converties et que Christ
« l'espérance de la
gloire » soit formé en elles.
Si le temps et les forces me le permettaient, je
pourrais mentionner beaucoup d'autres traits qui
caractérisent cette classe de
chrétiens, les vrais amis de Dieu et de
l'homme. Mais je dois m'arrêter ici. Nous
remettrons l'examen des deux autres classes
vendredi prochain, si nous sommes conservés
jusque-là et si le Seigneur le permet.
Maintenant, appartenez-vous à cette classe
des vrais amis de Dieu et de l'homme, ou ne lui
appartenez-vous pas ? J'ai mentionné
certains faits considérables et fondamentaux
qui indiquent le vrai caractère de ces
chrétiens en montrant quelle est l'affaire
capitale et le but suprême de leur vie.
Chacun de vous peut juger s'il se reconnaît
ou non à ces traits.
Quand j'aborderai l'autre partie de mon sujet,
j'entreprendrai de décrire les
chrétiens de profession dont le zèle
religieux, les prières et les efforts ont un
autre but ; je montrerai leur vrai
caractère et comment se
révèlent leurs vrais motifs.
Et maintenant, mes bien-aimés, je vous le
demande devant Dieu, avez-vous les
caractères de l'enfant de Dieu ? Est-ce
que vous savez que ces caractères sont les
vôtres ? Pouvez-vous dire
« Seigneur, tu sais toutes choses, tu
sais que je t'aime, tu sais que je suis un de ces
chrétiens-là ? »
(Suite dans le prochain discours)
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