Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS XIX.

Les adieux du Pasteur.

(en 1816)


Maintenant , mes Frères, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce. Act. XX, 32.


C'est un grand Apôtre , c'est Saint Paul qui, près de laisser en d'autres mains le soin d'un troupeau chéri , prononça ces paroles. Elles font partie de ce beau discours dans lequel il rappelle aux Pasteurs d'Éphèse, comme jadis Moïse, Josué, Samuel aux enfans de Jacob , le cours de ses travaux au milieu d'eux. Vous savez, leur disait-il (Act. XX, 18-31), vous savez de quelle manière je me suis conduit pendant tout le tempsque j'ai été avec vous, servant le Seigneur en toute humilité et avec beaucoup de larmes parmi les épreuves que j'ai eu à soutenir. Je ne vous ai rien caché de ce qui pouvait vous être utile; je n'ai point négligé de vous l'annoncer et de vous en instruire en public et en particulier. C'est pourquoi je vous déclare aujourd'hui que je suis net du sang de vous tous , parce que je n'ai point évité de vous annoncer tout le dessein de Dieu.......
Prenez-donc garde à vous-mêmes....... et veillez , vous souvenant que je n'ai point cessé nuit et jour d'exhorter avec larmes chacun de vous.

Qu'il est noble et touchant, mes chers Frères, ce tableau du ministère d'un illustre serviteur de Dieu ! Heureux , mille fois heureux le Pasteur qui pourrait trouver dans sa conduite le droit de s'en appliquer quelques traits ! Hélas ! que nous sommes loin d'un pareil modèle! Et combien, dans cette vocation dont l'amour fait la vie, ceux même qui ont le plus aimé doivent s'humilier et rougir, en fixant leurs regards sur ces premiers Pasteurs !

Il est du moins un passage du discours de Saint Paul qui ne sera point messéant
(malséant) dans notre bouche malgré notre indignité. Nous oserons emprunter les voeux qu'il forme pour l'Eglise, objet particulier de ses soins.

Oui, Chrétiens, en quittant ce ministère, accompagné d'une responsabilité terrible, et qui nous appela plus d'une fois à vous faire entendre des vérités sévères , nous aurons la douceur à cette heure de vous adresser uniquement le langage de la tendresse et les souhaits de l'affection. Écoutez-les avec le sentiment qui les inspire, et Dieu veuille les accomplir !

Maintenant, mes Frères, je vous recommande à Dieu. Ah! qu'il est naturel, qu'il est doux ; comme il soulage le coeur, ce mouvement par lequel nous recommandons au Tout-Puissant ceux qui nous sont chers, et les plaçons sous sa garde!

Dans tous les temps, sans doute, un Pasteur doit s'élever à lui, implorer son secours en faveur des brebis qu'il dirige:  il ne doit n'en attendre que de lui seul. Mais lorsque, forcé par l'âge et les infirmités, il dépose, après l'avoir gardée long-temps, cette houlette pastorale, prise avec tant de joie, portée avec tant de sollicitude, oh, comme alors son coeur s'agite au-dedans de lui ! Avec quelle inexprimable émotion il s'adresse pour eux au Souverain Arbitre des événemens! Comme il voudrait, par l'ardeur de ses voeux et l'énergie de ses désirs, suppléer à tout ce qu'il ne leur dira plus, à ce qu'il ne fera plus pour eux, et mettre toute son âme dans ses derniers discours! Avec quel sentiment il répète ces paroles: <
Mes Frères, je vous recommande à Dieu !

Oui, mes chers Frères, nous vous recommandons à Dieu. Je parle non-seulement en mon nom , mais au nom du Pasteur que vous venez de perdre (
1) , et qui me cède aujourd'hui la douceur d'exprimer nos sentimens communs, de porter la parole à sa place, et de vous bénir pour tous deux. Nous vous recommandons à Dieu de toutes les puissances de notre âme : nous implorons sur vous toutes ses bénédictions. Veuille ce Dieu tout bon conserver votre santé, vos forces , protéger vos familles, bénir vos travaux, fertiliser vos champs, vous envoyer les rosées bienfaisantes et les saisons propices! Veuille ce Dieu tout bon vous conserver ces Magistrats zélés, ces notables bienfaisans auxquels vous devez, comme moi, tant de reconnaissance, qui secondent puissamment, et soutiennent vos Pasteurs par leur exemple etleur affection ! Puisse-t-il ramener dans nos campagnes cette prospérité qui nous a fuis, et dont l'avenir qui s'ouvre à nos regards, semble nous permettre d'espérer le retour!... J'ai besoin de m'arrêter à cette douce pensée.

Quel heureux contraste, mes Frères, entre les temps qui se préparent et ceux qui les ont précédés! Hélas ! durant les trente-trois ans que nous venons de passer ensemble, nous avons eu peu de jours sereins.
Dès les commencemens, nous vîmes la discorde civile allumer ses torches, et lancer jusqu'à nous ses feux. Puis vint cette aisance passagère et perfide qui n'a fait qu'amollir nos âmes , effacer les précieux restes des anciennes moeurs, et s'est ensuite évanouie comme un songe brillant qui rend le réveil plus amer.
Tourmentés bientôt par les agitations d'un grand peuple, trop voisin pour ne pas nous faire ressentir la contagion de ses maux et l'ébranlement de ses convulsions terribles, nous nous sommes vus confondus avec lui, précipités avec lui dans l'abîme. Nous avons vécu pendant seize ans sous un joug oppresseur et sinistre, qui, plus pesant chaque année, ne nous a plus laissé goûter d'autre douceur que celle que nous donnait votre affection, et ne nous permettait d'autre consolation terrestre que la triste consolation de souffrir avec vous.

Enfin, nous avons vu l'Europe indignée se lever tout entière, et des torrens de guerriers traverser notre paisible territoire, ému d'un spectacle si nouveau. Nous avons dû concourir à l'oeuvre commune, et c'est au prix de mille dangers qui menaçaient notre frêle nacelle, c'est au prix d'un périlleux dévouement que Genève a retrouvé l'honneur et regagné l'estime des nations.

Maintenant, Chrétiens, de cette crise redoutable le Seigneur a fait sortir l'ordre et la paix. Tout se ranime; tout renaît. Au lieu de ce Gouvernement qui se nourissait de votre substance, de votre sang, vous voyez au-dessus de vous un Gouvernement paternel qui désire votre bonheur , protège vos propriétés, favorise vos travaux ; et si le malheur a produit chez vous la sagesse, si vous savez enfin renoncer aux dépenses ruineuses de la vanité, revenir enfin à cette simplicité si nécessaire et si bienséante à l'homme des champs, vous pouvez espérer une grande amélioration dans votre sort : on verra de nouveau, grand Dieu, veuille accomplir ce présage ! on verra de nouveau la sécurité, l'aisance, habiter vos humbles demeures.

Mais quoi! bornerions-nous là nos voeux? ne nous occuperions-nous ici dans ce temple, sous les yeux de l'Eternel, ne nous occuperions-nous que du bien-être présent, d'une prospérité qui finit?

Et comment ne recommanderions- nous pas surtout au Seigneur vos âmes immortelles ! ces âmes objet de tant de sollicitudes, de tant d inquiétudes vives et pressantes ! ces âmes qui, durant tant d'années, s'offraient à nous tantôt comme un dépôt redoutable dont nous frémissions d'être chargés, tantôt comme notre couronne, notre gloire, le prix de nos efforts !

Ah ! sans doute , mes chers Frères ,
nous les recommandons à Dieu ces âmes qui nous sont si chères : nous les recommandons à l'efficace de sa parole,à la parole de sa grâce.

La parole de Dieu , l'Évangile, qui vous est prêché dans ce temple , voilà le don le plus précieux que le Ciel pût faire au monde. C'est le remède à tous les maux, la ressource de toutes les misères , la véritable source des plaisirs les plus purs, le secret du bonheur pour la vie présente et pour la vie future. C'est l'Évangile qui purifie, éclaire, console, sanctifie. C'est l'Évangile qui nous apprend tout ce que nous avons besoin de savoir, et que par nous-mêmes nous n'aurions jamais pu connaître. C'est l'Evangile qui, nous découvrant l'ensemble de nos destinées , nous montrant au-delà du tombeau cette existence sans fin qui seule en mérite le nom , nous enseigne à
travailler pour l'aliment qui dure jusque dans la vie éternelle (Jean VI, 27).
C'est l'Évangile qui, nous donnant deux grands commandemens auxquels toute la loi se rapporte, et nous promettant cet esprit de vie qui nous rend capables de les observer, nourrit notre coeur des sentimens les plus délicieux , et nous assure une paix , une félicité indépendante des événemens de la terre. C'est l'Evangile enfin qui nous annonce un Rédempteur mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification. Rom. IV, 25 C'est l'Évangile qui charme nos peines par la pensée que Jésus a souffert, et que,
si nous souffrons avec lui, nous régnerons avec lui (2 Tim. II, 12). C'est l'Evangile qui calme notre âme à l'heure de la mort, nous fait ouïr alors cette voix consolante : Votre foi vous a sauvés : allez en paix ; vos péchés vous sont pardonnés (Luc, VII , 48), et nous présente notre Sauveur adorable rayonnant de gloire dans les demeures célestes où il nous attend, nous appelle, où il est allé nous préparer une place (Jean, XIV, 2).

Il est dans vos maisons cet Évangile, mes Frères; vous avez désiré posséder cette parole de grâce : à ceux qui en étaient dépourvus, on a distribué cette manne qui nourrit les âmes. Puissiez- vous éprouver enfin son efficace salutaire ! Puissiez-vous apprendre à puiser dans ce trésor qui ne tarit jamais, et paraît s'enrichir à mesure qu'on y puise!

Ici je sens encore un heureux espoir s'élever dans mon âme. Naguère toutes les circonstances extérieures vous éloignaient de la piété; maintenant tout vous y ramène. Éclairés par les leçons de l'infortune, à peine tirés du gouffre où le démon de l'incrédulité conduit ses victimes , frappés des grandes choses que l'Éternel a faites , les peuples sont revenus à sa loi, les chefs des nations se sont prosternés devant son Oint. Il semble que les anciens prodiges se renouvellent. Jésus ouvre les coeurs à sa parole comme dans les premiers jours de l'Eglise. Nos Livres Saints sont répandus partout ; partout ils sont reçus avec l'émotion de la piété; ils pénètrent jusque dans les climats les plus sauvages, jusque chez les nations les plus ennemies du Rédempteur. Les sectateurs de Mahomet, et les Juifs eux-mêmes veulent connaître l'Évangile.
Un mouvement secret, une impulsion qui vient d'en-haut se fait sentir en tous lieux. Dieu semble préparer ces temps où tous les habitans de la terre
fléchiront le genou devant son Christ (Philip. II, 10). Partout l'arbre de la foi reverdit et porte des fruits de vie. Partout les principes religieux se raniment.

Et vous, mes Frères, dams l'âme desquels ils ne furent jamais éteints, resteriez-vous en arrière? ne sentiriez-vous pas ce beau feu? votre coeur ne s'échaufferait - il pas, ne s'attacherait-il pas enfin pour toujours au Dieu qui vous a fait tant de grâces et vous prodigue tant de secours.

Parmi ces grâces et ces secours il en est un plus direct, il est une faveur plus particulière et plus touchante encore , s'il est possible que je ne saurais passer sous silence, c'est l'heureux choix du Conducteur qui vous est donné.

Vous avez regrette ce jeune Pasteur né parmi vous et qui désirait d'y vivre toujours (
2). Vous l'aimiez ce jeune Pasteur qui s'était mis à votre tête avec tant de joie , d'amour, d'espérance, et que les besoins de l'Église, le voeu de ses Supérieurs, disons mieux encore, les ordres de la Providence, auxquels il n'a pas dû résister, malgré le déchirementde son âme , vont éloigner de vous, après un si doux et si court ministère. Le Seigneur vous donne à sa place un autre lui-même, l'ami de son coeur, un homme puissant dans les Écritures (Act., XVIII, 24), qui parle avec autorité comme son Maître , et reçût de lui le don précieux d'élever et d'émouvoir; un homme enfin dont l'âme ardente ne s'attachera pas à vous faiblement, qui sera le digne organe de la parole évangélique, et vous l'adressera dans toute sa pureté, dans toute sa sublimité (3). Il vient à vous ce nouveau Pasteur , comme celui qui l'a précédé , dans les heureux jours de la vie : il vous apporte les prémices de ce beau talent dont le foyer est dans son âme, et de cette sensibilité noble et pure qu'alimente une foi vive.

Chrétiens, il faut que je le dise, ce choix, objet de nos secrets désirs, mais que la jeunesse de notre frère ne nous avait point permis d'espérer, ce choix nous a paru le signe de la protection du Ciel sur ce troupeau. Profondément ému à cette pensée, nous lui avons rendu grâces avec transport. Oui , Seigneur, en ce moment douloureux où se rompent pour nous des liens si forts et si tendres, tu n'as pas voulu nous laisser sans consolation : tu nous as préparé la plus efficace de toutes dans la nomination d'un successeur si cher, à qui nous pouvons remettre avec une heureuse, une parfaite confiance, le dépôt dont nous étions chargés.

Mes chers Frères, je n'en veux point douter. Vous saurez mettre à profit de si grands bienfaits. Les négliger, ne pas entendre avec empressement la parole qui sortira d'une telle bouche , ce serait
amasser des charbons de feu sur votre tête (Rom., XII, 20); ce serait vous préparer un jugement terrible pour le jour des rétributions, Mais, loin de moi cette crainte; vous répondrez sans doute par votre docilité, votre zèle, aux faveurs signalées de la Providence.

Que la pensée de cette Providence qui vous a conduit près d'eux , vous anime et vous fortifie, mon cher Frère, mon cher Fils , puisque vous m'avez permis ce doux nom ! Qu'elle relève votre courage quand , plein de cette défiance de vous-même qui est la compagne de la vertu chrétienne , vous sentez votre coeur se troubler à l'aspect de votre grande tâche. C'est Dieu qui vous appelle; c'est lui qui vous soutiendra. Il vous dit comme à l'un de ses serviteurs :
Ne crains rien ; je suis avec Toi (Jos.,I, 9). Il vous a choisi comme Samuel, malgré votre jeunesse, et vous a donné la garde d'une portion de son héritage , lorsque vous ne songiez encore qu'a vous préparer de loin aux fonctions du ministère. Vous attendrez tout de lui seul : vous en recevrez la force et le succès.
Aimez ces brebis qu'il vous confie. Ne l'oubliez jamais, la vocation particulière qu'il vous adressa en vous choisissant contre votre attente, est un lien puissant qui doit vous attacher à elles.
Aimez ce troupeau que j'ai tant chéri, et qui sait payer de tant d'affection le dévouement qu'on lui témoigne.
Aimez-le comme il vous aimera : aimez-le comme nous l'avons aimé, comme nous l'aimerons toujours. Dans ce moment, leurs coeurs s'élèvent au Ciel avec le nôtre pour implorer sur vous toutes ses bénédictions. Puissiez- vous, plus heureux encore que ceux qui vous ont précédé, goûter dans toute sa plénitude la joie la plus pure , la seule joie réelle pour un Pasteur, celle d'amener des âmes à Jésus. Puissiez- vous achever ce que nous avons commencé, faire ce que nous n'avons pas fait, obtenir ce que nous n'avons pas obtenu !

Pasteurs et Troupeau , bénissons , adorons ensemble cette Providence qui nous unit et nous sépare, nous afflige et nous console, qui dirige pour le plus grand bien tous les événemens de notre vie. Efforçons-nous d'entrer dans ses vues, d'accomplir ses desseins sur nous. Recommandons-nous à sa grâce les uns les autres.

Il est un point sur lequel je suis plus heureux que Saint Paul : je ne suis pas réduit à vous dire, comme il disait aux Éphésiens :
Vous ne verrez plus mon visage (Act, XX, 25). Je ne m'éloigne point de ces lieux si chers : tous mes voeux sont d'y rester, ou d'y revenir; mais l'avenir n'est point à nous : si, malgré mes désirs, il me séparait de vous, ah! soyez-en certains, je ne cesserais point d'implorer pour vous le Souverain Arbitre de nos destinées : et jamais cette heure consacrée au Seigneur , jamais cette heure solennelle, durant laquelle j'avais tant de plaisir à vous parler des choses du Ciel, jamais elle ne s'écoulera sans que je sollicite en votre faveur toutes ses bénédictions.

Priez aussi pour vos anciens Pasteurs, qui réclament vos prières. Demandez à Dieu, pour nous en particulier, qu'il nous donne, si c'est sa volonté , de finir en paix notre course ; qu'il nous donne surtout de faire servir encore à sa gloire nos forces défaillantes, d'achever en nous, durant la dernière saison de la vie , l'oeuvre de la sanctification, et de nous préparer ainsi pour la grande époque qui s'avance.

Pasteurs et Troupeau , soyons unis ensemble des noeuds de cette charité ,
le plus parfait de tous les liens (Coloss. III, 14). Aimons-nous pendant cette vie mortelle. Aimons-nous encore au-delà. Aimons-nous en Dieu pour nous aimer plus parfaitement. Aimons-nous en ce Dieu qui nous aima le premier (Jean. IV, 19).
Aimons-nous en ce Dieu dans le sein duquel nous nous retrouverons un jour; et nous serons réunis à jamais , si nous le servons ici-bas avec fidélité. Or, à ce grand Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, soient la gloire et l'adoration aux siècles des siècles ! Amen.




Prière du matin pour une famille.

O Notre Créateur et notre Père ! Nous nous réunissons dès le matin pour t'invoquer. Nous venons te consacrer l'usage des forces et des facultés que tu nous as rendues. Nous venons te bénir de ce que tu as daigné veiller sur nous pendant que le sommeil fermait nos yeux, et les rouvrir à la lumière.

O Seigneur qui nous appelles à des travaux assidus et quelquefois pénibles, préserve-nous du murmure, de l'envie et de toute injustice. Apprends-nous à être contens de l'état où tu nous as placés, Toi, qui sais mieux que nous ce qui nous convient, Toi, qui nous aimes mieux que nous ne nous aimons nous-mêmes !
Soutiens nos forces et notre courage. Bénis l'oeuvre de nos mains ; mais surtout élève vers le Ciel, vers les biens à venir, nos désirs et nos coeurs. Qu'en travaillant pour fournir à notre subsistance, nous pensions toujours que nous avons une autre tâche à remplir, que nous avons une âme à sauver ! Que nous songions sans cesse que nous sommes sous tes yeux ; et que le sentiment de ta présence nous préserve du mal, nous anime à faire le bien ! Que ton Esprit, sans lequel nous ne pouvons rien , nous fortifie contre les tentations, nous aide à vivre dès aujourd'hui , comme nous désirerons avoir vécu, o notre grand Rédempteur, dans ce jour solennel où tu viendras juger la terre et récompenser tes fidèles serviteurs!

O Dieu qui nous as rassemblés dans une même demeure , et unis par les plus tendres liens, que nous travaillions de concert au bonheur les uns des autres! Que les maîtres soient bons et indulgens ; les serviteurs, zélés et fidèles; les pères, tendres et vigilans, les enfans, reconnaissans et soumis ! Que l'on voie dans cette maison la paix, la douce harmonie, les vertus d'une famille Chrétienne; ces vertus qui feraient adorer la religion de Jésus , si elles régnaient sur la terre !

Nous te prions pour nos parens, pour nos amis, pour nos concitoyens, pour tous les hommes, et surtout pour ceux sur lesquels ta main s'appesantit. Conduis-les tous à toi, Seigneur! Fais servir à notre salut et a ta gloire tous les événemens de notre vie , toutes les dispensations de ta Providence ! Qu'en toute circonstance nous t'offrions un coeur soumis et reconnaissant! Nous te demandons toutes ces grâces au nom et par les mérites de ton Divin Fils, et nous finissons nos prières par celle qu'il nous a lui-même enseignée. Notre Père qui es...

Le Dimanche matin on pourrait ajouter ce qui suit :

O Dieu tout bon, qui daignes donner aujourd'hui du relâche à nos corps et nous ouvrir l'entrée de ton sanctuaire, que nous sachions nous prévaloir d'un si glorieux privilège ! Que nous allions avec joie t'offrir nos religieux hommages, et prêter l'oreille aux paroles de la vie éternelle! Inspire-nous toi-même les sentimens d'humilité, de foi , d'amour, nécessaires pour te rendre un culte digne de ta grandeur, et qui te soit agréable par Jésus-Christ!




Prière du soir pour une famille.

O Dieu , notre Créateur et notre Rédempteur ! Avant de nous livrer au sommeil , nous venons tous ensemble te bénir, implorer tes grâces, célébrer tes perfections et tes bienfaits.

O Dieu si fort élevé au-dessus de nous chétifs vers de terre! se peut-il que tu aies fait pour nous de si grandes choses? Non-seulement tu nous conserves, tu nous protèges, tu ouvres ta main chaque jour pour nous donner la nourriture, mais tu nous as rachetés par un sacrifice d'un prix immense, par le sang précieux de ton Fils; tu ne cesses de veiller sur nos âmes; chaque jour tu nous fais entendre ta voix; tu frappes à la porte de nos coeurs; tu nous inspires des pensées salutaires, d'heureux mouvemens.

Hélas! Seigneur! avons-nous été fidèles à les suivre pendant cette journée? N'avons-nous pas vécu pour la terre plus que pour le Ciel, pour le monde plus que pour l'éternité, trop occupés de vains amusemens ou de soins et de soucis terrestres, comme s'il n'y avait point d'autre vie après celle-ci? Si le Fils de l'homme, si Jésus-Christ venait cette nuit redemander notre âme, serions- nous prêts à comparaître ?

Ah! nous détestons toutes nos fautes, puisqu'elles nous éloignent de toi. Plutôt mourir que de t'offenser désormais. Soutiens-nous par ta grâce. Apprends-nous à ne chercher que Toi, à n'espérer qu'en Toi, à ne vivre que pour Toi.
Tu es le bon Pasteur qui prends dans tes bras la brebis égarée pour la ramener au bercail. Que dès demain, si tu prolonges notre carrière, nous commencions une vie nouvelle, nous commencions à nous corriger et à te servir avec un nouveau zèle.
Dès ce moment dispose notre âme, afin que nous nous endormions dans le sentiment de la paix. Que notre coeur se tourne vers Toi pendant les heures paisibles de la nuit ! O Seigneur, que pendant notre sommeil ton amour veille pour nous !

Veille sur cette maison où ton nom est adoré, où celui de ton Fils est réclamé. Éloignes-en cette nuit tout danger, tout malheur; garde tous ceux qui sont affligés et qui t'invoquent. Jette sur eux un de ces regards qui sont la délivrance même.

O Dieu! sanctifie-nous,.protège-nous, sauve-nous, par Jésus-Christ en qui nous mettons toute notre confiance!

Notre Père , etc.

FIN.


(1) Mon fils qui depuis une année m'avait  succédé, avec qui je demeurais encore et dont le ministère était comme la continuation du mien. 

(2)M. Cellérier fils. 

(3) M. Gaussen.
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