Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XIII

L'ambassadeur dans les chaînes.

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« Faites en tout temps par l'Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. Priez pour moi, afin qu'il me soit donné de faire connaître ouvertement et librement le mystère de l'Évangile pour lequel je suis ambassadeur dans les chaînes. » (Eph. VI, 18-20.)

Mon âme tressaillit l'autre matin au dedans de moi en lisant l'appel de Paul pour les prières de l'Eglise, lorsqu'il se déclare lui-même « Ambassadeur dans les chaînes ».

Vous savez ce qu'est un ambassadeur ? C'est un homme qui représente son gouvernement auprès d'un autre. Sa personne est considérée comme sacrée ; sa parole fait autorité. L'honneur et l'ascendant de son pays et de son gouvernement marchent à sa suite. Une offense ou un manque d'égards envers lui est une offense et un manque d'égards à l'adresse du pays même qu'il représente.
Or, Paul était ambassadeur du Ciel, représentant le Seigneur Jésus auprès des nations de ce monde. Mais au lieu d'être traité avec le respect et l'honneur dus aux ambassadeurs il fut jeté en prison et enchaîné entre deux soldats romains ignorants et sans doute brutaux.

Ce qui émouvait mon âme était le zèle inépuisable de cet homme et l'oeuvre accomplie dans de telles circonstances. La plupart des chrétiens auraient considéré leur tâche comme accomplie, ou du moins interrompue jusqu'à ce qu'ils eussent recouvré la liberté. Pour Paul il n'en fut pas ainsi. En prison et dans les fers, il écrivit quelques lettres qui ont été en bénédiction au monde entier et qui le seront jusqu'à la fin des siècles, nous enseignant en outre qu'un ministère peut s'exercer par la prière aussi bien que par l'action. Nous vivons dans un âge de travail incessant, d'activité fiévreuse et d'excitation, et nous avons besoin d'apprendre cette vérité.

Paul fut le plus actif de tous les apôtres ; « abondant en oeuvres », il semblait nécessaire aux nouvelles Églises entourées d'ennemis implacables et placées dans les circonstances les plus critiques. Mais destiné à être le principal apôtre des doctrines de l'Évangile du Christ, il devait être aussi le témoin par excellence de Sa puissance pour sauver et sanctifier dans les circonstances les plus pénibles.

Il est difficile - sinon tout à fait impossible de concevoir une épreuve à laquelle Paul n'a pas été soumis, adoré comme un dieu, fouetté et lapidé comme le plus vil des esclaves ; mais il déclare qu'aucune d'elles ne pouvait l'émouvoir. Il avait appris à être content de l'état où il se trouvait : aussi pouvait-il triomphalement écrire à la fin de sa vie - « J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. » Il ne recula jamais, ne murmura même pas, mais poursuivit sa course, confiant dans l'amour de Jésus, et par la foi en Lui, devint en tout plus que vainqueur.

Beaucoup de salutistes ont appris les leçons d'activité enseignées par Paul, mais il serait bon pour nous de nous préparer à apprendre aussi les leçons qui se dégagent de sa captivité. Il est doublement important pour les officiers malades ou contraints au repos de se les approprier. Impatients de cette inaction prolongée, ils sont tentés de murmurer et de se plaindre, se croyant désormais inutiles. Cependant Dieu peut les employer d'une manière plus efficace dans la prière et la louange, pourvu qu'ils croient, se réjouissent, veillent et prient dans le Saint-Esprit, qu'Il ne le ferait en les plaçant à la tête d'un bataillon de soldats. Leur devoir est d'intercéder en prière pour ceux qui sont à l'oeuvre ou pour ceux qui ont besoin du salut de Dieu.

J'écris par expérience.
Pendant dix-huit mois, Dieu me laissa dans l'inaction de la maladie. Il me lia de ses liens et j'eus à apprendre les leçons d'un ministère passif de la prière, de la louange, de la patience ; si j'avais refusé, j'aurais rétrogradé, il semblait impossible que je puisse jamais reprendre mon activité, mais je ne me décourageai pas. Il m'aida à m'incliner devant Sa volonté et comme David à demeurer « l'âme calme et tranquille, comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère. » (Ps. CXXXI, 2.) Cependant mon coeur soupirait après la gloire de Dieu et le salut des nations ; je priais, suivant les rapports de la guerre et étudiais les besoins des autres parties du monde ; je priai jusqu'au jour où je sus que Dieu m'avait entendu et exaucé ; mon coeur fut aussi réjoui que si j'avais été au fort de la bataille.

Pendant ce temps, j'eus l'occasion de m'instruire du triste état où se trouvait plongé un grand pays ; mon coeur saigna et je suppliai Dieu d'y envoyer le salut. Dans la prière secrète comme dans la prière en famille, je répandis mon coeur devant Dieu, j'appris qu'Il m'avait entendu et ferait de grandes choses pour ce malheureux pays. Peu de temps après, j'entendis parler de terribles persécutions dans ce pays, et de l'expulsion d'un grand nombre de chrétiens simples et ardents ; tout en m'affligeant de leurs souffrances, je remerciais le Seigneur d'user de ce moyen pour répandre la clarté de son glorieux salut dans cette contrée si déshéritée. L'Armée n'y est pas encore établie, mais elle ira sûrement.
Les officiers malades et condamnés à l'inaction et les saints de Dieu peuvent obtenir du Seigneur sa bénédiction sur l'Armée et sur le monde, pourvu qu'ils demeurent dans la foi et assiègent le Ciel de prières incessantes.

Il y a d'autres manières d'enchaîner les ambassadeurs de Dieu que de les jeter dans des cachots entre des soldats romains. Malade sans espoir, vous êtes enchaîné ; assiégé de soucis domestiques, vous êtes enchaîné ; mais rappelez-vous les chaînes de Paul et prenez courage !

Quelquefois d'anciens officiers qui ont déserté leur poste et dont les circonstances rendent impossible leur retour dans l'oeuvre, se lamentent sur leur sort et déclarent qu'ils ne peuvent plus rien faire pour Dieu ! Qu'ils s'inclinent sous le jugement de Dieu et baisent la main qui les frappe, mais qu'ils cessent de s'irriter sous la chaîne qui les lie, et se mettent joyeusement, patiemment à exercer le ministère de la prière. S'ils sont fidèles, Dieu peut délier leurs chaînes et les ramener au ministère plus heureux encore - celui de l'action. Ésaü vendit son droit d'aînesse pour un plat de lentilles et perdit la puissante bénédiction qui eût pu être son lot, mais il en reçut cependant une. (Genèse XXVII, 38-40.)

Si un homme soupire réellement après la gloire de Dieu et le salut des âmes, plutôt qu'après un temps agréable pour lui-même pourquoi ne se contenterait-il pas d'être étendu sur un lit de maladie ou debout dans un atelier intercédant et priant - aussi bien que de prêcher sur une estrade si Dieu veut bénir une chose autant que l'autre.

L'homme qui prêche sur une estrade peut voir en grande partie les fruits de son travail, celui qui prie ne peut que les pressentir ; mais sa certitude d'être en communion avec Dieu et employé à Son service peut atteindre et même dépasser l'assurance de l'homme qui voit les résultats de son travail. Plus d'un réveil eut sa source secrète dans le réduit de quelque obscur forgeron ou de quelque pauvre blanchisseuse qui priaient dans le Saint-Esprit tout en étant enchaînés à une vie de dur travail quotidien. Celui qui prêche trouve déjà sa gloire sur la terre, mais l'ambassadeur enchaîné, négligé, méconnu ou méprisé qui prie aura une large part du triomphe final et marchera peut-être à côté du Roi, tandis que le prédicateur ne viendra qu'à sa suite.

Dieu juge autrement que les hommes. Il regarde au coeur et est attentif au cri de Ses enfants, Il marque pour la gloire future et renommée une récompense infinie à tous ceux qui crient et soupirent après Sa gloire et le salut des hommes.

Dieu aurait pu délier Paul, Il ne trouva pas à propos de le faire. Cependant Paul ne murmura point, ne bouda point, il ne se laissa point aller au désespoir, il ne perdit ni sa joie ni sa paix, ni sa foi, ni sa puissance. Il pria, se réjouit et crut ; il songea au pauvre petit troupeau, et aux faibles convertis laissés derrière lui, il leur écrivit, les porta sur son coeur, pleura sur eux, pria pour eux jour et nuit. par là non seulement il sauva son âme, en outre il obtint de Dieu Sa bénédiction sur dix mille fois dix mille créatures humaines qu'il n'avait jamais vues et dont il n'avait jamais entendu parler.

Qu'aucun de ceux qui sont appelés de Dieu à travailler à son oeuvre ne s'imagine que la leçon de l'ambassadeur dans les fers soit pour ceux qui ont la liberté d'agir. Cela n'est pas. Elle n'est que pour ceux qui sont dans les chaînes.


RECEVOIR AVANT DE DONNER.

On peut faire banqueroute spirituellement aussi bien que pécuniairement. Je puis être désireux de venir en aide aux pauvres au point de distribuer sans discernement tout mon avoir, devenant ainsi un indigent moi-même. Je puis de même être désireux de venir en aide aux âmes au point de dépenser tout mon capital spirituel. Je puis parler, parler et parler, sans m'attendre à Dieu pour me remplir de Son Esprit. C'est une pure folie. Nous devrions attendre d'En-Haut d'être revêtus de force, prendre le temps d'écouter ce que le Seigneur veut nous dire et dire ensuite ce qu'Il trouve à propos de nous enseigner, mais rien d'autre, ensuite chercher Sa face et rester calmes et attentifs jusqu'à ce qu'Il nous remplisse à nouveau de Son Esprit. Si nous n'agissons pas ainsi, nous nous affaiblissons intérieurement ; nous puisons à notre fonds de réserve et nous épuisons nos ressources mentales et spirituelles.

Notre désir de donner peut être si ardent que nous nous impatientons parfois d'avoir à nous attendre à Dieu pour recevoir ce qu'il nous faut, oubliant que Jésus a dit : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire. »

Ceux qui ont été le plus en bénédiction à leur prochain ont pris le temps d'écouter la voix de Dieu et d'être enseignés de Lui.




CHAPITRE XIV

La Foi : la Grâce et le Don.


« … En sorte que vous ne vous relâchiez point, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance héritent des promesses. » (Héb. VI, 12.)

« Sans la foi il est impossible de lui être agréable ; car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu'Il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » (Héb. XI, 6.)

« Vous avez besoin de persévérance, afin qu'après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore un peu, un peu de temps, celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas ! » (Héb. X, 36, 37.)

Il y a une différence importante entre la grâce de la foi et le don de la foi ; il est à craindre que faute de noter cette différence et d'agir en conséquence, beaucoup de gens ne soient tombés dans les ténèbres et n'aient même été entraînés à rejeter toute foi et à se plonger dans l'effroyable nuit du scepticisme.

La grâce de la foi est celle qui est accordée à tout homme pour agir et c'est par elle qu'il peut venir à Dieu.
Le don de la foi nous est accordé par le Saint-Esprit quand nous avons fait un libre usage de la grâce de la foi.

L'homme qui exerce la grâce de la foi dit : « Je crois que Dieu veut me bénir. » Puis il cherche Dieu de tout son coeur. Il Le prie en secret et en public. Il sonde les Écritures pour connaître la volonté de Dieu. Il s'entretient avec les chrétiens des diverses voies suivies par Dieu dans ses relations avec les âmes ; Il se charge de sa croix. Lorsqu'il a atteint ainsi les limites de la grâce de la foi, le Seigneur par une parole de l'Écriture, quelque témoignage ou quelque raisonnement intérieur lui accorde soudain le don de la foi, qui le rend capable de saisir les bénédictions qu'il recherche de sorte qu'il ne dit plus : « Je crois que Dieu veut me bénir », mais qu'il s'écrie joyeusement : « Je crois que Dieu me bénit. »

Le témoignage du Saint-Esprit lui confirme alors la possession de ce don, et celui qui l'a reçu déclare avec un cri de joie : « Je sais que Dieu me bénit. » Il ne désire pas qu'un ange vienne l'en informer car il sait que c'est fait et ni les hommes ni les démons ne pourraient lui ravir cette assurance. En vérité, ce que j'ai appelé ici : « le don de la foi » pourrait être appelé et est sans doute appelé ainsi par quelques-uns - « l'assurance de la foi ». Ce n'est du reste pas le nom, mais le fait qui importe.

Or, le danger consiste à réclamer le don de la foi avant d'avoir pleinement exercé la grâce de la foi. Par exemple : Un homme cherche à obtenir la bénédiction d'un coeur pur. Il dit : Je crois que cette bénédiction existe et que Dieu me l'accordera. Agissant donc en conséquence, il devra aussitôt chercher à l'obtenir de Dieu et, s'il persévère, il la trouvera certainement.

Mais si quelqu'un survient pour l'engager à la demander avant de s'être, par la grâce de la foi, frayé le chemin au travers des difficultés et des doutes qui s'élèvent devant lui et avant que Dieu ne lui ait accordé le don de la foi, il ira probablement à la dérive pendant quelques jours ou quelques semaines puis rétrogradera et en viendra probablement à cette conclusion que la bénédiction d'un coeur pur n'existe pas. Il aurait fallu qu'il fût prévenu, instruit, exhorté et encouragé à chercher jusqu'à ce qu'il ait obtenu cette assurance.

Ou bien supposons qu'il soit malade et qu'il dise : « Dieu a souvent guéri des malades et je crois par conséquent qu'Il me guérira. » Possédant cette foi, il devrait chercher la guérison en Dieu et l'attendre de Lui. Mais si quelqu'un lui persuade de demander la guérison avant de s'être, par la grâce de la foi, frayé un chemin au travers des difficultés qui se dressent devant lui et avant que Dieu lui ait accordé le don de la foi par lequel il peut obtenir la guérison, il sortira peut-être de son lit pour quelque temps ; mais bientôt il s'apercevra qu'il n'est pas guéri, se découragera et ira peut-être jusqu'à traiter Dieu de menteur ou jusqu'à déclarer qu'il n'y a pas de Dieu et perdra à jamais la foi.

Supposons encore qu'il soit officier ou pasteur et désire de tout son coeur voir des âmes sauvées. Il se persuadera que c'est la volonté de Dieu et il se dira : « Je vais croire que vingt âmes seront sauvées ce soir, » mais le soir venu ces vingt âmes ne sont pas sauvées. Il se demandera pourquoi il en est ainsi, le diable le tentera, il tombera dans le doute et probablement finira par le scepticisme. Que s'est-il passé ? Eh ! bien, il s'est efforcé de croire avant d'avoir sérieusement et intelligemment lutté et plaidé auprès de Dieu dans la prière et prêté l'oreille à Sa voix, jusqu'à ce qu'Il ait imprimé en lui la certitude que vingt âmes seraient sauvées. « Dieu est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. »

« Mais, objectera quelqu'un ; ne devons-nous pas presser ceux qui recherchent une bénédiction de croire que Dieu la leur accorde ? » Oui, si vous êtes certains qu'ils ont recherché Dieu de tout leur coeur, qu'ils ont pleinement exercé la grâce de la foi, s'abandonnant entièrement, engagez-les alors tendrement et instamment à se confier en Jésus ; mais si vous n'êtes pas sûrs de cela, gardez-vous de les pousser à réclamer une bénédiction que Dieu ne peut encore leur accorder. Le Saint-Esprit seul connaît le moment où un homme est prêt à recevoir le don de Dieu, Il lui fera comprendre quand ce moment sera venu.

Prenez donc garde de chercher à accomplir vous-même l'oeuvre du Saint-Esprit. En voulant trop venir en aide à ceux qui cherchent, vous risquez de les voir mourir entre vos mains. Mais si vous marchez tout près de Dieu, dans un esprit d'humilité et de prière, Il vous révélera quelle est exactement la parole qui les aidera.

Encore une fois, que personne ne suppose que la grâce de la foi doive nécessairement être exercée longtemps avant que Dieu en donne l'assurance. Vous pouvez recevoir cette bénédiction presque immédiatement, si vous présentez votre requête avec un coeur parfait, avec ferveur, sans douter, sans la moindre impatience envers Dieu. Mais, comme le dit le prophète : « Si la vision tarde, attends-la, car elle s'accomplira, elle s'accomplira certainement. Elle ne tardera pas. » Hab. II, 3. « Encore un peu, un peu de temps : celui qui doit venir viendra, et Il ne tardera pas. » Si la bénédiction se fait attendre, ne croyez pas que pour être retardée, elle vous soit refusée ; mais, comme la Cananéenne qui vint à Jésus, adressez-Lui votre requête avec douceur et humilité, avec une foi inébranlable ; bientôt il vous sera répondu avec amour : « O homme ! ô femme, ta foi est grande ! qu'il te soit fait comme tu le désires. »

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