Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÊTRE UNE NOUVELLE CRÉATURE

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 2 Cor 5 / 16 et 17

Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Telle est le fait qui définit le chrétien. Il est écrit d'autre part que si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas (Ro 8/9). Un chrétien est le temple du Saint-Esprit et l'Esprit de Dieu habite en lui ( 1 Cor 3/16). Avant d'aborder notre sujet, considérons un instant cette présence de l'Esprit de Dieu dans le chrétien, présence invisible, mais qui se manifestera extérieurement par un comportement de la personne absolument nouveau, tranchant nettement sur ce qu'était auparavant cette même personne.

« L'Esprit de Dieu habite en vous », est-il affirmé. Il faut le croire ; il faut en ressentir une grande joie, car une telle réalité dépasse tout ce qui est concevable ; elle atteint l'immensité de l'amour de Dieu ; elle doit faire de nous des adorateurs. Déplorons ensemble qu'une si étonnante réalité ne soit pas contemplée comme il se devrait, et que nous puissions l'oublier bien souvent. Notre foi devrait nous permettre d'avoir une pleine conscience de ce qu'est la présence de l'Esprit de Dieu dans nos coeurs, présence absolument réelle et qui ne supporte aucune restriction. Le Christ que nous présentent les évangiles, qui a répandu en terre sainte les manifestations les plus sublimes de l'amour du Père, qui a guéri tant de malades et d'infirmes, qui a ressuscité Lazare, qui a marché sur les eaux, qui ont vaincu la mort, c'est Lui qui est présent en nous, si nous Lui appartenons. C'est Lui, en Esprit. « Le Seigneur c'est l'Esprit ». Étant dans les coeurs de ses disciples, Il n'est pas moindre qu'étant visible ; Il n'est ni moins puissant, ni moins attentif à notre vie. Il est là, avec toute la plénitude de la divinité, toute la justice, toute la sainteté, toute la puissance, tout l'amour de Dieu. Réfléchissons bien ; Christ en nos coeurs ne peut être autre que ce qu'Il s'est montré être au cours de Sa présence visible sur la terre.

Il est inadmissible que l'on puisse penser différemment : le Christ est Un ; ce qu'Il a été lorsqu'Il était présent en Son corps, Il l'est encore, étant présent en Esprit. L'Écriture nous le confirme : « Le Père a tout mis sous ses pieds (Jésus-Christ), et Il l'a donné pour chef suprême à l'Église qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Eph 1/22-23).

La présence de Christ dans les coeurs des chrétiens étant considérée comme une puissante réalité, venons-en à la conséquence qui nous occupe : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature ». Être une nouvelle créature, est chose qui découle d'une vie de communion avec Christ, puisque c'est cela que signifie : être en Christ. Rappelons-nous, en effet deux hautes affirmations :

1° - Dieu vous a appelés à la communion de Son Fils, Jésus-Christ Notre Seigneur (1 Cor 1/9) ;
2° - En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en Moi, et que Je suis en vous (Jn 14/20).

La communion est aussi nécessaire que la justification et la nouvelle naissance, et elle en dérive. Il n'y a point de nouvelle naissance qui n'ait pour suite immédiate l'entrée dans la communion. Or, la communion n'a pas de meilleure définition que celle de Paul : « si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature ». Posons la question : pourquoi est-il une nouvelle créature ? Parce que ce n'est plus lui qui vit, c'est Christ qui vit en lui ! (Gal 2/20). Christ qui vit en lui ? Forcément, il change !
Forcément, il n'est plus pareil à lui-même ; et, sa vie étant gouvernée par l'Esprit qui est en lui, comment serait-il le même ? Il est différent, nouveau, il est une nouvelle créature ; le souffle créateur l'a transformé.

Pourrait-on brasser le portrait de cette nouvelle créature qu'est celui qui connaît la communion du Fils ? Autre question : y a t'il un seul portrait pour tous ceux qui deviennent de nouvelles créatures ? y a t'il un seul type nouveau ? En effet, il y a un seul type nouveau, même si le « vêtement change » : nous voulons dire, même si certains traits de la personne subsistent extérieurement. Quel est ce type de nouvelle créature ? Les enseignements de l'Écriture apportent les précisions les plus nettes ; nous les résumons : « Jésus-Christ crée, en lui-même, un seul homme nouveau, et cet homme nouveau est à son image étant créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (lire : Ro 8/28 à 30 ; Eph 2/14-15 et 4/20 à 24). Christ nous a donc été donné par le Père, d'une part comme victime expiatoire et sauveur, d'autre part comme type de l'homme nouveau qui doit être « créé » ou « formé » en chacun des hommes qui saisit le salut part la foi. Devenir cet homme nouveau, c'est ce à quoi nous aspirons avec force. Dieu le veut, désirons-le avec ardeur. « Devenez les imitateurs de Dieu comme des enfants bien-aimés », nous enjoint Éphésiens 5/1 ; et encore « marchez comme il a marché lui-même » (Eph 5/2 et 1 Jn 2/6).

Voilà proclamée la volonté de Dieu. Efforçons-nous maintenant d'aller plus avant dans l'examen de ce que sera l'attitude et la conduite de l'homme devenu une nouvelle créature. Notre texte de base (2 Cor 5/16-17) nous livre deux critères ; le premier étant : les choses anciennes sont passées. Quelles sont ces choses anciennes ? Il est aisé de les reconnaître. Dans ces choses anciennes, c'est-à-dire, l'état d'esprit de l'ancienne nature, il y avait le moi, en bonne et première place. L'homme naturel se complaît en lui-même. Il pense, s'active, se dépense, imagine, se fait subtil pour amener à lui les satisfactions de toutes sortes et les avantages matériels qui constituent son principal horizon. L'objectif de son existence, c'est d'abord son propre contentement. Il a des pensées, des désirs, des penchants qui appellent impérativement satisfaction. Ce n'est pas l'Esprit qui les a dictés, mais ces désirs sont montés au coeur de cet homme, venant de sa personne physique, autrement dit, de la chair.
Ce Moi-là doit disparaître chez l'homme nouveau. Disparaissent les particularités de la personne qu'on appelle « mon tempérament » ou « mon caractère ». Un véritable disciple de Christ ne peut rester soumis à de telles singularités de sa personne d'avant conversion. Il est choquant et contraire à la vérité, d'entendre un chrétien excuser son attitude de la manière suivante : que voulez-vous, c'est mon tempérament ! ou bien : j'ai ce caractère-là ! De telles choses sont anciennes et elles sont passées. Savons-nous que ce qu'on appelle « mon tempérament » n'est autre chose qu'un ensemble de manifestations psychophysiologiques, ou, si vous le voulez, de manifestations charnelles. Elles sont de ces choses que l'Esprit entend brider. Dans le langage courant, on parle de tempérament doux, ou de tempérament inégal, ou encore de tempérament emporté ; d'autres qualificatifs étant également employés : vif, ardent, autoritaire, dominateur, changeant, énigmatique... etc. De toute certitude, ce tempérament, quel qu'il soit, doit être balayé ; il est l'affreux Moi.

Dans les choses anciennes, plaçons aussi la recherche des apparences. Un philosophe a dit (il n'est pas le seul) que, dans la personne humaine, les attitudes, les paroles et les petits actes de la vie courante composent un certain personnage qui n'est pas du tout le vrai ; le vrai se cache derrière un décor, et il est tout autre. En fréquentant souvent une personne on arrive peu à peu à découvrir la personnalité qui se cache ; elle est généralement très désavantagée par rapport à celle qu'on s'efforce de présenter aux regards des autres. Quelquefois même, elle est très vilaine, cette vraie personnalité cachée. Dans l'homme naturel, il existe toujours un décalage entre ce qui lui est intérieur, et ce qui constitue ses apparences, auxquelles il travaille avec soin. Chez le disciple de Christ, ce décalage a disparu ; l'être intérieur créé selon la justice et la sainteté est beau, et il peut se montrer. Dieu veut qu'il se montre ; ce sera une lumière qui brillera.

Citons encore dans les choses anciennes, les paroles vaines, le rappel des souvenirs d'autrefois ; que ce sont là des vanités ! des choses sans couleur, sans vie, qui nous affaiblissent et détournent notre pensée de la gloire. Ajoutons à cette revue des choses anciennes deux dernières suppressions à opérer : d'une part, le vagabondage d'esprit, d'autre part certaines relations. Notre pensée, et, après elle, nos paroles ont souvent une grande mobilité et de la spontanéité, ce qui écarte toute réflexion. On pense à mille choses, dans le désordre, et on parle de tout et de rien, laissant l'ennemi de nos âmes nous surprendre. Quant à nos relations, elles peuvent favoriser ce laisser-aller dans la parole. Réfléchissons à tout cela ; mettons de l'ordre dans notre conduite ; châtions tout ce qui doit disparaître ; appelons la grâce de Dieu pour accomplir cet assainissement.

Notre texte porte ensuite « toutes choses sont devenues nouvelles ». Ce n'est pas tout de supprimer, il faut également laisser apparaître des choses nouvelles. Dans ce que nous apprend l'Écriture, il y a toujours les éliminations ou les destructions à opérer, mais ensuite, la reconstruction. Le terrain étant net, déblayé, débarrassé des choses anciennes, il faut y placer les choses nouvelles. Quel nom donner à ces choses ? D'abord une désignation d'ensemble, car ces « choses nouvelles » sont nombreuses. Appelons-les avec la Bible : « les sentiments qui étaient en Jésus-Christ » (Ph 2/5) ; ou, à la place du mot « sentiments », dispositions de coeur. Voilà des dispositions nouvelles qui remplaceront le moi, le tempérament, l'amour-propre, l'égoïsme naturel, etc. Dégagée des entraves de la chair, la foi devra se manifester, étant « agissante dans l'amour », ou opérante par l'amour ; cet amour est l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Sous l'empire des dispositions qui étaient en Jésus-Christ, voici quelques-uns des traits nouveaux qui apparaîtront :

1°- Les paroles communiqueront une grâce à ceux qui les entendront (Eph 4/29 et 5/4) et seront étrangères aux désordres d'autrefois : plus de propos insensés, ou froissant la bienséance. Au lieu de manifester la mort, les paroles du disciple manifesteront la vie. Puissions-nous observer la Parole de Dieu en cela ; et la langue, au lieu d'être enflammée par la géhenne, servira au bien et à la bénédiction.

2°- Les actions seront « bien réglées », faites sans ostentation, guidées par l'amour ; elles seront approuvées de Dieu, et attesteront, le zèle et la piété.

3°- Le renouvellement des pensées apportera au coeur du chrétien des aspirations puissantes et entièrement nouvelles ; ce sera ce que l'Écriture nomme : l'affection aux choses d'en haut, ou bien l'affection aux choses de l'esprit. L'affection aux choses de la terre et aux choses de la chair étant éteinte, se trouve merveilleusement remplacée sur ce plan ! Notre pensée se laisse encore enfermer dans la captivité de la terre et nous remplit de soucis pour tant de choses vaines. Nos désirs doivent avoir complètement changé de direction, n'étant plus orientés vers le bas, mais vers le haut. La compréhension par la foi de la vie véritable nourrira en notre coeur un fort attachement aux réalités de la vie. Nous éprouverons le besoin de contempler la personne de Jésus, de pénétrer la richesse de Sa Parole, de vivre cette Parole. Nous deviendrons capables de ressentir une réelle affliction devant l'incrédulité ou la tiédeur, comme celle du Seigneur pleurant sur Jérusalem, qui ne connaissait pas les choses qui appartiennent à sa paix ! (Luc 19/41 à 44). Nous serons de ces affligés qui seront consolés. Notre vue ne sera plus dirigée sur nous-mêmes, mais sur l'Église, sur nos semblables, sur le malheur qui appesantit l'accablement du monde, faute de foi en Jésus-Christ, et nous intercéderons avec force. Nous aurons soif et faim de justice et de miséricorde. Nous vivrons pour l'Évangile. Nous procurerons la paix, et transporterons avec nous la bonne odeur de Christ.

En conclusion nous voyons combien tout chrétien a besoin de s'examiner lui-même ; Dieu veut qu'il soit son propre juge à la lumière de là Parole. La liberté dispose du champ le plus vaste. Avant l'heure du jugement de Christ (2 Cor 5/10) jugeons-nous nous-mêmes librement, laissant la grâce de Dieu stimuler notre zèle, et regardons si, d'abord, les choses anciennes sont effectivement passées pour nous, si nous en sommes libérés ; ensuite si les choses nouvelles apparaissent et se précisent en nous, afin que nous soyons réellement de nouvelles créatures. Aspirons à revêtir le Seigneur Jésus-Christ, à revêtir les armes de lumière, étant dépouillés à jamais des oeuvres des ténèbres.


LA TENTATION DE JÉSUS-CHRIST


Luc 4/1 à 15

Aussitôt après son baptême, rempli du Saint-Esprit, Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert. À l'orée de Son ministère, le Christ, selon le plan du Père, devait affronter un premier combat. Le dernier Adam, comme le premier, devait se trouver face à Satan, et entendre la tentation. Le premier avait succombé et fait tomber l'humanité entière en sa personne : « par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort »... « par l'offense d'un seul beaucoup sont morts »... « par l'obéissance d'un seul beaucoup seront rendus justes » (Ro 5/12 à 21). Le premier s'était manifesté, par son péché, être homme animal, homme de chair ; le dernier va se montrer homme spirituel. Le premier a détruit, le dernier reconstruit ; l'un et l'autre en leur personne. La sagesse doit être mise à l'épreuve dans l'homme (Job 28/27 et 28) afin de triompher de la puissance de la mort ; telle est la volonté de Dieu. Tout homme qui est né de l'Esprit doit lui aussi surmonter la tentation (1 Cor 13/10) ; l'Esprit lui fait rencontrer l'épreuve, afin que sa foi s'aguerrisse : « heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation, car après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment » (Ja 1/12). Christ a ouvert la voie du triomphe contre la tentation. Il débute son ministère par une victoire. Pendant 40 jours et 40 nuits (Mat 4/2) Jésus jeûne. Ce temps de solitude et de jeûne total fut, cela n'est pas douteux, mis à profit par Jésus pour prier. Il n'est jamais seul, car Le Père est avec Lui (Jn 16/32).

Quelle force spirituelle, ce jeûne prolongé et la prière n'avaient-ils pas acquise au Seigneur. La nature humaine dont Le Fils s'était chargé, nature non exceptionnelle, mais semblable à celle du péché, allait être, déjà là, dans le désert, comme portée à bout de bras, pour en commencer la sanctification. Sans péché, le Fils de Dieu, lutte sur le terrain même du péché. Il confère à cette nature humaine qu'il a revêtue une puissance d'esprit que Satan s'efforcera d'ébranler sans y réussir. Moïse avait jeûné également 40 jours et 40 nuits (Ex 34/28), mais il était en présence de l'Éternel, et son visage rayonnait ; c'était alors bien aisé ; Moïse ne menait pas le combat ; il jouissait d'une grâce magnifique et allait recevoir les paroles de l'alliance. Il avait parlé avec l'Éternel. Quant à Jésus, il s'agit d'une autre entrevue. Qui aura-t-il en face de lui ? Avec qui va-t-il s'entretenir ? Avec l'auteur du mal, le séducteur, le serpent ancien, le diable ! Ce n'est pas un moment de réjouissance, mais de lutte, ce n'est pas pour recevoir et prendre, mais pour refuser, pour arrêter les forces de destruction que Jésus est là, sentant la faim, affaibli dans la résistance du corps, mais puissamment fortifié en son esprit.

La première proposition de Satan à Jésus sera de l'amener à montrer sa divinité par un miracle, approprié à la situation où il se trouve : « si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu'elle devienne du pain ». Jésus n'en a-t-il pas le pouvoir ? Ne manifestera-t-il pas la puissance de Dieu en multipliant quelques pains et quelques poissons, en faisant trouver à Pierre un statère dans la bouche d'un poisson, en marchant sur les eaux, en ouvrant les yeux des aveugles... etc. ? Devant Satan, Le Seigneur n'usera pas de la puissance divine comme celui-ci le lui suggère. En quoi eut résidé le péché, si Jésus eût agi différemment ? D'abord, rien ne peut être fait par obéissance à Satan, même si ce qu'il demande entre dans le cadre des choses dépourvues en elles-mêmes de mal, ou même des choses légitimes. Tel était le cas : Jésus avait faim, à l'issue d'un long jeûne, et manger du pain était chose nécessaire.
Toutefois, c'était Satan qui conseillait ; l'écouter et lui obéir eût été le péché ; c'est pourquoi Jésus répond : l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de l'Éternel. En outre, Satan connaissait la divinité de Jésus, et sa suggestion poussait Le Seigneur à en administrer la preuve par un acte surnaturel. C'était chose inutile, qui aurait pris le caractère de l'orgueil. Le Père avait rendu témoignage à Son Fils, lors du baptême, encore tout récent ; une voix venant du ciel ayant dit : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j'ai mis toute mon affection. Satan ne l'ignorait certes pas ; alors pourquoi supplanter le témoignage du Père ; n'était-il pas suffisant ? Céder aux propositions de Satan, c'eût été sortir de la dépendance du Père, et considérer comme insuffisant le témoignage venu du ciel. Jésus pourra plus tard enseigner le mystère de Sa Personne, mais Il refusera d'administrer toute preuve de Sa Divinité à la demande des incrédules ; Il leur proposera seulement le miracle de Jonas, Sa crucifixion et Sa résurrection. Un enseignement nous est ainsi donné : l'homme fidèle à Dieu ne s'appuie pas sur lui-même ; il ne présente lui-même aucune preuve de son appartenance à Dieu, il ne cherche aucune gloire qui lui soit propre. Lorsque le jeune Samuel entra dans son ministère de prophète de l'Éternel, il ne le proclama pas lui-même ; mais le peuple vit et reconnut qu'il avait été « établi prophète de l'Éternel ». Qu'ainsi nous laissions le Seigneur prouver Lui-même que nous Lui appartenons et avons été établis Ses témoins. L'Esprit le montrera à travers nos bonnes oeuvres et nos paroles.

La seconde proposition de Satan prend de l'ampleur. Elle tend à Lui permettre de s'approprier Lui-même, immédiatement, tous les royaumes de la terre ; à la clef, une seule condition : que Jésus se prosterne devant Satan. En somme, le diable tient à son interlocuteur un langage comme celui-ci : Je suis le légitime possesseur de la terre, tu le sais. Les royaumes qu'elle porte m'appartenant, je puis te les remettre, car j'en dispose comme je le veux. Je sais moi-même que tu viens pour me reprendre la terre et y régner à ton tour. Si tu poursuis ce but contre moi, il y aura bien des souffrances et des drames, bien des pertes de vies. Évite ces souffrances, fais l'économie d'une guerre contre moi, et établis ton royaume sur la terre dès maintenant. Épargne-toi une mort ignominieuse, et atteins ton but dès maintenant. Je t'abandonne ce monde ; reçois-le de mes mains. Telle était la teneur de la proposition de Satan ; proposition d'une audace sans pareille. Au lieu de la croix qui est dans le plan du Père, le diable offrait le règne sans mort expiatoire, sans combat pour l'écrasement du péché et la destruction de la mort, le règne immédiat. Les royaumes de ce monde n'allaient plus être volatilisés comme la statue du songe de Nébucadnetsar interprété par Daniel, être brisés et anéantis ; ils allaient, tels qu'ils étaient, passer en la domination de Celui qui a dit : « mon royaume n'est pas de ce monde » ; c'est ce que voulait Satan.

L'entreprise du diable auprès de Jésus que voici montre clairement les desseins de l'ennemi. Hélas, si Jésus d'un mot puisé à la source rejette l'offre de Satan, par la suite, d'autres que Jésus, couverts de Son nom, l'accepteront. Sous le règne de l'empereur romain Constantin 1er le Grand, et à la faveur des armes, le christianisme devient la religion officielle de l'empire, avec toutes les conséquences que ce bouleversement devait apporter. Ce même empereur, en 325, convoque un concile oecuménique à Nicée en Asie mineure, et c'est au cours de ce concile que devait être défini le « credo », appelé « symbole de Nicée ». À partir de cette prise en charge du christianisme par le pouvoir temporel, c'en était fait, l'Église officielle pactisait avec le prince de ce monde, et, de plus en plus, elle allait établir le royaume de Christ en ce temps, ou tout au moins s'y efforcer. Que les disciples du Seigneur qui se veulent fidèles et humbles, sachent que le diable n'a pas retiré sa proposition, et qu'il recherche alliance avec eux, par les moyens les plus subtils. Pour corrompre le Plan de Dieu, il s'ingénie à provoquer la confusion avec le sien. Satan se fait religieux, il se déguise en ange de lumière ; il est prêt à se charger du plan de Dieu et veut qu'on lui en confie l'accomplissement. Chaque fois qu'une église tombe peu à peu dans ce piège, elle abandonne son Maître et sa mission ; elle devient partie de ce monde, et fait cesser la séparation prononcée par Christ : « Ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde » (Jn 17/16) ; elle reporte sur le monde et son prince la confiance qu'elle devait à Dieu Seul ; elle prend appui sur le bras du monde, de la terre, et délaisse le recours à la puissance de l'Esprit. La réponse de Jésus reste pour tous ses disciples le mot d'ordre impératif : « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras Lui Seul ». Lui Seul ; c'est-à-dire à l'exclusion de tout autre maître ; hors toute autre force que celle de Son Esprit.

Pour formuler sa troisième proposition, Satan ne répugne pas de se rendre en lieux saints. Il conduit Jésus à Jérusalem, et même, le place sur le haut du temple. Est-il de meilleur endroit pour parler, et le choix de ce promontoire prouve-t-il la pureté des intentions de celui qui le fait ? Oh, bien-aimés ! savons-nous toujours éventer ce piège ? Il est fréquent dans la vie chrétienne. D'aucuns se présentent à nous et se flattent de connaissance. C'est de Bible qu'ils parlent ; ils nous conduisent au centre du message, ou en lieux saints ; ils aiment le peuple juif et ont Jérusalem dans la bouche. Cependant ils introduisent des doctrines pernicieuses, et notre méfiance, ou plutôt notre discernement se laisse endormir. Le monde lui-même parle beaucoup des lieux saints ; le pape y est allé ! Or, mes amis, c'est d'obéissance à la Parole que Jésus nous parle. Écoutons Notre Seigneur, et Lui Seul. Attention à tout ce qui excite notre curiosité et un intérêt d'une nature non vraiment spirituelle.

Là, au sommet du temple de Jérusalem, Satan ouvre la Bible. Vois, dit-il à Jésus, il y a quelque chose d'écrit pour toi que tu peux actuellement même accomplir. C'est dans le Psaume 91, versets 11 et 12. Le diable est un connaisseur de la Bible ; avant sa propre chute, chérubin protecteur aux ailes déployées, il mettait le sceau à la perfection. Ne la connaît-il pas cette perfection des lois de Dieu ? Il en a sanctionné l'authenticité dans son glorieux passé ; mais il l'a quittée ; et la connaissance qu'il en a conservée, il l'utilise de façon perverse. À une connaissance de la lettre exacte, il mêle un esprit de mal et de destruction. Attention, seul l'Esprit vivifie ! Méfions-nous de la lettre mal utilisée ; la lettre appelle l'Esprit, qui Lui, n'est pas le mensonge et peut nous conduire dans toute la vérité. La lettre sans l'Esprit de Dieu peut tuer (2 Cor 3/6). Satan peut donc se servir du témoignage écrit, mais il ne peut plus se servir de l'Esprit. Ainsi, notre Bible, dépôt infiniment précieux, sera à méditer sous la conduite de l'Esprit ; n'en écoutons donc pas tout commentaire, ou toute interprétation.

Comment Satan se sert-il de l'Écriture sainte ? En la circonstance, il la laisse comme objet de foi, et pousse même Jésus à l'utiliser comme objet de foi. Vois-tu, il est écrit..., tu peux donc en toute sécurité te jeter en bas, précipiter dans le vide ce corps humain, semblable à la chair des autres hommes ; Dieu te gardera de tout mal, c'est écrit ; use de cette promesse par la foi. Incitation cousue de malignité ! Le Seigneur continue de répondre avec calme et autorité, selon la vérité que donne l'Esprit : tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ; ce qui, objectivement signifie ceci : tu ne provoqueras pas le Seigneur ton Dieu, en te servant à tort de Sa Parole, pour qu'Il l'accomplisse en dehors des intentions que contient cette Parole. En effet, toute Parole de Dieu porte en soi des intentions bien précises que l'Esprit permet de discerner à coup sûr ; c'est en quoi notamment l'Esprit conduit dans la vérité. Se servir de la Parole de Dieu en dehors de ces intentions c'est « tenter Dieu ». Il arrive si souvent que l'on nous propose des interprétations de certaines courtes citations hors la portée que le contexte leur donne et que la Révélation, dans son ensemble, permet de leur accorder. Suivre ces interprétations, ce serait céder à l'ennemi et « tenter Dieu ». Et puis, il y a, soit une opportunité spirituelle pour l'emploi des promesses de Dieu, soit des conditions à remplir ; conditions de foi, ou de communion, ou de circonstance. En tout cela, l'Esprit guide. Par exemple, il y a opportunité dans le choix des paroles à prononcer ; on ne peut prononcer les paroles les meilleures sans opportunité, spirituellement ressentie. De même, l'Esprit nous guidera dans la mise en oeuvre des promesses de Dieu, et nous montrera le moment favorable de certaines choses. En tout cas la Parole de Dieu et ses promesses ne peuvent être utilisées inutilement, pour une simple démonstration, ou pour un avantage que l'homme décide lui-même de s'accorder à la vue des autres. Ce serait oeuvre charnelle. Toute Parole de Dieu est efficiente et ne doit pas être écartée de son action sainte ; ce serait une profanation. Les promesses de Dieu servent les voies de Dieu exclusivement, et ne sauraient servir les voies de la chair. C'est dans l'amour que ces promesses conservent leur efficience ; et si même ayant la foi jusqu'à transporter des montagnes, je n'ai pas l'amour, je ne suis rien.

L'intervention du tentateur au début du ministère de Jésus s'accompagne d'un déploiement de puissance, de la part de celui qui est le père du mensonge. C'est, par contre, le Fils de l'homme qui est soumis à l'épreuve ; c'est cette humanité toute semblable à la nôtre, n'ayant pour seule différence que l'absence du péché, qui subit l'assaut du prince de ce monde. Et il le faut ainsi : « Il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché » dit l'Épître aux Hébreux (4/15). Cette épître dit encore : « En conséquence, Il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères afin qu'il fût un souverain-sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l'expiation des péchés du peuple ; car ayant été tenté Lui-même dans ce qu'il a souffert, Il peut secourir ceux qui sont tentés (2/17-18).

Jésus remporte une victoire totale et décisive, non par une performance mettant en oeuvre des moyens de résistance au-dessus de ceux dont les autres hommes peuvent disposer après Lui, mais dans la même enveloppe de chair qu'eux. Il en maîtrise les velléités par la force de l'Esprit. C'est bien pour ses frères les hommes qu'il endigue la tentation ; c'est au titre de Sauveur des hommes, et de dernier Adam. Le combat soutenu par Jésus, rapporté de façon concise par les Évangiles, se poursuivra au cours du ministère du Seigneur jusqu'à ce qu'il remette Son esprit au Père. Ce sera un combat dur. La victoire réside dans la sage, prudente et ferme opposition aux subtilités de l'ennemi par la Parole de Dieu. Le premier Adam avait fléchi dans l'usage de la Parole de Dieu, et il avait accepté de considérer une autre parole ; le second et dernier Adam rétablit l'autorité de la Parole de Dieu, selon la vérité ; Il s'en fait un bouclier et une épée.



LA JUSTICE et LA PAIX S'EMBRASSENT

Psaume 85

Le verset 8 de ce beau psaume énonce un grand et puissant principe « la justice et la paix s'embrassent » ; or, paix et justice sont les deux hauts caractères du règne de Christ. En nous parlant de Melchisédeck, roi de Salem et sacrificateur du Dieu très haut, l'épître aux Hébreux (7/1 à 3), nous le présente comme « roi de justice » (d'après la signification de son nom) et comme « roi de paix » (roi de Salem) ; or, Melchisédeck est « rendu semblable au Fils de Dieu ». Christ est donc bien le Roi de justice et le Roi de paix. Il a aimé la justice et haï l'iniquité, et c'est pourquoi Le Père l'a oint d'une huile de joie (Héb 1/9). Notre psaume nous rappelle d'ailleurs que la justice marchera devant Lui, et imprimera ses pas sur le chemin. Christ qui aime la justice est envoyé pour la justice d'abord. Sa mission consiste à annoncer la justice aux nations (Mat 12/18) ; à l'établir comme on se sert d'un niveau, ou d'un fil à plomb (Es 28/17). Il n'entendra point s'arrêter jusqu'à ce qu'Il ait établi la justice sur la terre (Es 42/4) ; et dans ce salut qu'Il doit porter jusqu'aux extrémités de la terre, il y a « la justification » des pécheurs par la foi. C'est ce qui précède le règne et occupe le temps de l'Église et de la patience de Dieu. Citons Romains 3/24 : « ils (les hommes pécheurs) sont justifiés gratuitement par sa grâce, par le moyen de rédemption qui est en Jésus-Christ ». Ensuite, viendra le règne de justice sur toute la terre.

Mais, qu'est-ce que la justice ? Dans l'idée de justice, il y a celle d'équité (justice et équité sont d'ailleurs associées en certains passages, Ps 89/15 notamment), c'est-à-dire une idée de bon droit, d'égalité entre tous ; et il y a encore dans la notion de justice, une idée d'ordre établi sur l'exacte observation de la loi. Dans n'importe quelle nation de la terre, on n'a jamais pu se passer de lois, ni pu, sans de graves conséquences, permettre aux citoyens de mépriser les lois. Lorsque des hommes sont émancipés de toute obéissance aux lois de la terre, c'est le désordre, la révolution, le bon plaisir, l'écrasement des faibles et la domination de la force avec tout l'arbitraire que cela comporte. Un État sans législation ne peut pas subsister, car, ou bien le mal s'amplifie rapidement, ou bien les hommes qui seraient, supposons-le, attirés par l'ordre, ne sauraient à quels principes s'attacher pour faire triompher l'ordre. Une législation est donc chose indispensable dans une société quelconque.

Ainsi, ce qu'on appelle « la justice établie », c'est l'ordre qui résulte de la bonne observation des lois en vigueur ; observation sincère, loyale, constante et totale. Lorsqu'il s'agit de la justice de Dieu, les lois à prendre en considération sont celles dites « lois de la justice de Dieu ». Dieu a conçu des lois, et, bien entendu, elles sont parfaites, ce qui les distingue des lois humaines. Leur parfaite observation vaut à toute créature de Dieu d'être « juste », et lui vaut aussi de vivre : « la justice délivre de la mort » (Pr 10/2) ; « la justice conduit à la vie » (Pr 11/19). L'homme étant pécheur se trouve hors de la justice et il est donc dans la mort. Mais si Christ rétablit pour lui l'état de justice, par un pardon de ses péchés, il est remis dans la vie. C'est ce qui est appelé : justification. En cet homme justifié, l'esprit est vie à cause de la justice reçue de Christ (Ro 8/10).

D'une manière générale, dans l'univers de Dieu, la justice est le fondement du règne parfait de Dieu (Ps 89/15) et, pour entrer dans ce règne, il faut avoir sur soi « la robe de justice » (Es 61/10, version Darby).

Que dire de la paix ? L'Écriture la présente comme l'acquisition la plus désirable. Elle est non seulement l'entente et la tranquillité entre les hommes et les nations, mais avant tout un état d'âme où préside un repos inébranlable dû à Dieu. La Bible lie souvent la notion de paix avec celle de sécurité, de prospérité, de bonheur, et de joie intérieure. Jésus donne la paix : « Je vous donne ma paix » (Jn 14/27). En prêchant l'Évangile, nous annonçons la repentance pour le pardon des péchés, mais aussi la paix « par Jésus-Christ » (Ac 10/36).

Ainsi, justice et paix s'embrassent ; la seconde vient par la première et il ne peut y avoir de paix sans justice ; c'est pourquoi ce monde ne peut obtenir la paix que tant d'hommes appellent aujourd'hui. Ces hommes l'appellent sans consentir le plus souvent pour eux-mêmes à l'accepter de Jésus-Christ dans leur coeur ; si bien que la paix manque de son fondement : la justice. La justice que l'on propose ne tient pas compte de celle de Dieu ; elle est précaire et instable ; elle s'effondre à la première difficulté.

Pour nous, enfants du Père par Jésus-Christ, sachons bien que nous avons été arrachés aux forces de la mort par une « justification » ayant nécessité un grand sacrifice devant la justice de Dieu. Et si nous avons été justifiés, ce n'est pas pour que nous retombions dans le bourbier du péché, mais pour que nous portions la robe de la justice, pour que nous marchions selon la justice, en accomplissant la loi parfaite, c'est-à-dire la volonté du Père en toutes choses. La grâce nous le permet, servons-nous de la grâce. Lisons bien le verset 9 de notre psaume (85) : J'écouterai ce que dit Dieu, l'Éternel, car Il parle de paix à son peuple et à ses fidèles, pourvu qu'ils ne retombent pas dans la folie !

Voulez-vous que nous terminions cette méditation en lisant et relisant ce verset et en gravant en nous ce précieux avertissement de l'amour de Dieu. Ne retombons pas dans la folie ; Dieu nous parle de paix et de justice ; la justice et la paix s'embrassent ; elles nous ont été procurées ainsi liées par le Roi de justice et le Roi de paix ; gardons-les liées en nos coeurs, afin que nos vies les manifestent toutes deux ensemble, à la gloire de Jésus !

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