Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle
créature. Telle est le fait qui
définit le chrétien. Il est
écrit d'autre part que si quelqu'un n'a pas
l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas
(Ro
8/9). Un chrétien est le
temple du Saint-Esprit et l'Esprit de Dieu habite
en lui ( 1
Cor 3/16). Avant d'aborder notre
sujet, considérons un instant cette
présence de l'Esprit de Dieu dans le
chrétien, présence invisible, mais
qui se manifestera extérieurement par un
comportement de la personne absolument nouveau,
tranchant nettement sur ce qu'était
auparavant cette même personne.
« L'Esprit de Dieu habite en
vous », est-il affirmé. Il faut le
croire ; il faut en ressentir une grande joie,
car une telle réalité dépasse
tout ce qui est concevable ; elle atteint
l'immensité de l'amour de Dieu ; elle
doit faire de nous des adorateurs. Déplorons
ensemble qu'une si étonnante
réalité ne soit pas contemplée
comme il se devrait, et que nous puissions
l'oublier bien souvent. Notre foi devrait nous
permettre d'avoir une pleine conscience de ce
qu'est la présence de l'Esprit de Dieu dans
nos coeurs, présence absolument
réelle et qui ne supporte aucune
restriction. Le Christ que nous présentent
les évangiles, qui a répandu en terre
sainte les manifestations les plus sublimes de
l'amour du Père, qui a guéri tant de
malades et d'infirmes, qui a ressuscité
Lazare, qui a marché sur les eaux, qui ont
vaincu la mort, c'est Lui qui est présent en
nous, si nous Lui appartenons. C'est Lui, en
Esprit. « Le Seigneur c'est
l'Esprit ». Étant dans les coeurs
de ses disciples, Il n'est pas moindre
qu'étant visible ; Il n'est ni moins
puissant, ni moins attentif à notre vie. Il
est là, avec toute la plénitude de la
divinité, toute la justice, toute la
sainteté, toute la puissance, tout l'amour
de Dieu. Réfléchissons bien ;
Christ en nos coeurs ne peut être autre que
ce qu'Il s'est montré être au cours de
Sa présence visible sur la terre.
Il est inadmissible que l'on puisse penser
différemment : le Christ est Un ;
ce qu'Il a été lorsqu'Il était
présent en Son corps, Il l'est encore,
étant présent en Esprit.
L'Écriture nous le confirme :
« Le Père a tout mis sous ses
pieds (Jésus-Christ), et Il l'a donné
pour chef suprême à l'Église
qui est son corps, la plénitude de celui qui
remplit tout en tous »
(Eph
1/22-23).
La présence de Christ dans les coeurs
des chrétiens étant
considérée comme une puissante
réalité, venons-en à la
conséquence qui nous occupe :
« Si quelqu'un est en Christ, il est une
nouvelle créature ». Être
une nouvelle créature, est chose qui
découle d'une vie de communion avec Christ,
puisque c'est cela que signifie : être
en Christ. Rappelons-nous, en effet deux hautes
affirmations :
La communion est aussi nécessaire que la
justification et la nouvelle naissance, et elle en
dérive. Il n'y a point de nouvelle naissance
qui n'ait pour suite immédiate
l'entrée dans la communion. Or, la communion
n'a pas de meilleure définition que celle de
Paul : « si quelqu'un est en Christ,
il est une nouvelle créature ».
Posons la question : pourquoi est-il une
nouvelle créature ? Parce que ce n'est
plus lui qui vit, c'est Christ qui vit en
lui !
(Gal
2/20). Christ qui vit en
lui ? Forcément, il change !
Forcément, il n'est plus pareil
à lui-même ; et, sa vie
étant gouvernée par l'Esprit qui est
en lui, comment serait-il le même ? Il
est différent, nouveau, il est une nouvelle
créature ; le souffle créateur
l'a transformé.
Pourrait-on brasser le portrait de cette
nouvelle créature qu'est celui qui
connaît la communion du Fils ? Autre
question : y a t'il un seul portrait pour tous
ceux qui deviennent de nouvelles
créatures ? y a t'il un seul type
nouveau ? En effet, il y a un seul type
nouveau, même si le
« vêtement
change » : nous voulons dire,
même si certains traits de la personne
subsistent extérieurement. Quel est ce type
de nouvelle créature ? Les
enseignements de l'Écriture apportent les
précisions les plus nettes ; nous les
résumons :
« Jésus-Christ crée, en
lui-même, un seul homme nouveau, et cet homme
nouveau est à son image étant
créé selon Dieu dans une justice et
une sainteté que produit la
vérité » (lire : Ro
8/28 à 30 ; Eph
2/14-15 et 4/20
à 24). Christ nous a
donc été donné par le
Père, d'une part comme victime expiatoire et
sauveur, d'autre part comme type de l'homme nouveau
qui doit être
« créé » ou
« formé » en chacun des
hommes qui saisit le salut part la foi. Devenir cet
homme nouveau, c'est ce à quoi nous aspirons
avec force. Dieu le veut, désirons-le avec
ardeur. « Devenez les imitateurs de Dieu
comme des enfants bien-aimés »,
nous enjoint Éphésiens
5/1 ;
et encore « marchez comme il a
marché lui-même »
(Eph
5/2 et 1
Jn 2/6).
Voilà proclamée la
volonté de Dieu. Efforçons-nous
maintenant d'aller plus avant dans l'examen de ce
que sera l'attitude et la conduite de l'homme
devenu une nouvelle créature. Notre texte de
base
(2
Cor 5/16-17) nous livre deux
critères ; le premier
étant : les choses anciennes sont
passées. Quelles sont ces choses
anciennes ? Il est aisé de les
reconnaître. Dans ces choses anciennes,
c'est-à-dire, l'état d'esprit de
l'ancienne nature, il y avait le moi, en bonne et
première place. L'homme naturel se
complaît en lui-même. Il pense,
s'active, se dépense, imagine, se fait
subtil pour amener à lui les satisfactions
de toutes sortes et les avantages matériels
qui constituent son principal horizon. L'objectif
de son existence, c'est d'abord son propre
contentement. Il a des pensées, des
désirs, des penchants qui appellent
impérativement satisfaction. Ce n'est pas
l'Esprit qui les a dictés, mais ces
désirs sont montés au coeur de cet
homme, venant de sa personne physique, autrement
dit, de la chair.
Ce Moi-là doit disparaître chez
l'homme nouveau. Disparaissent les
particularités de la personne qu'on appelle
« mon tempérament » ou
« mon caractère ». Un
véritable disciple de Christ ne peut rester
soumis à de telles singularités de sa
personne d'avant conversion. Il est choquant et
contraire à la vérité,
d'entendre un chrétien excuser son attitude
de la manière suivante : que
voulez-vous, c'est mon tempérament ! ou
bien : j'ai ce
caractère-là ! De telles choses
sont anciennes et elles sont passées.
Savons-nous que ce qu'on appelle « mon
tempérament » n'est autre chose
qu'un ensemble de manifestations
psychophysiologiques, ou, si vous le voulez, de
manifestations charnelles. Elles sont de ces choses
que l'Esprit entend brider. Dans le langage
courant, on parle de tempérament doux, ou de
tempérament inégal, ou encore de
tempérament emporté ; d'autres
qualificatifs étant également
employés : vif, ardent, autoritaire,
dominateur, changeant, énigmatique... etc.
De toute certitude, ce tempérament, quel
qu'il soit, doit être balayé ; il
est l'affreux Moi.
Dans les choses anciennes, plaçons
aussi la recherche des apparences. Un philosophe a
dit (il n'est pas le seul) que, dans la personne
humaine, les attitudes, les paroles et les petits
actes de la vie courante composent un certain
personnage qui n'est pas du tout
le vrai ; le vrai se cache derrière un
décor, et il est tout autre. En
fréquentant souvent une personne on arrive
peu à peu à découvrir la
personnalité qui se cache ; elle est
généralement très
désavantagée par rapport à
celle qu'on s'efforce de présenter aux
regards des autres. Quelquefois même, elle
est très vilaine, cette vraie
personnalité cachée. Dans l'homme
naturel, il existe toujours un décalage
entre ce qui lui est intérieur, et ce qui
constitue ses apparences, auxquelles il travaille
avec soin. Chez le disciple de Christ, ce
décalage a disparu ; l'être
intérieur créé selon la
justice et la sainteté est beau, et il peut
se montrer. Dieu veut qu'il se montre ; ce
sera une lumière qui brillera.
Citons encore dans les choses anciennes, les
paroles vaines, le rappel des souvenirs
d'autrefois ; que ce sont là des
vanités ! des choses sans couleur, sans
vie, qui nous affaiblissent et détournent
notre pensée de la gloire. Ajoutons à
cette revue des choses anciennes deux
dernières suppressions à
opérer : d'une part, le vagabondage
d'esprit, d'autre part certaines relations. Notre
pensée, et, après elle, nos paroles
ont souvent une grande mobilité et de la
spontanéité, ce qui écarte
toute réflexion. On pense à mille
choses, dans le désordre, et on parle de
tout et de rien, laissant l'ennemi de nos
âmes nous surprendre. Quant à nos
relations, elles peuvent favoriser ce laisser-aller
dans la parole. Réfléchissons
à tout cela ; mettons de l'ordre dans
notre conduite ; châtions tout ce qui
doit disparaître ; appelons la
grâce de Dieu pour accomplir cet
assainissement.
Notre texte porte ensuite « toutes
choses sont devenues nouvelles ». Ce
n'est pas tout de supprimer, il faut
également laisser apparaître des
choses nouvelles. Dans ce que nous apprend
l'Écriture, il y a toujours les
éliminations ou les destructions à
opérer, mais ensuite, la reconstruction. Le
terrain étant net, déblayé,
débarrassé des choses anciennes, il
faut y placer les choses nouvelles. Quel nom donner
à ces choses ? D'abord une
désignation d'ensemble, car ces
« choses nouvelles » sont
nombreuses. Appelons-les avec la Bible :
« les sentiments qui étaient en
Jésus-Christ »
(Ph
2/5) ; ou, à la place
du mot « sentiments »,
dispositions de coeur. Voilà des
dispositions nouvelles qui remplaceront le moi, le
tempérament, l'amour-propre,
l'égoïsme naturel, etc.
Dégagée des entraves de la chair, la
foi devra se manifester, étant
« agissante dans l'amour », ou
opérante par l'amour ; cet amour est
l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Sous
l'empire des dispositions qui étaient en
Jésus-Christ, voici quelques-uns des traits
nouveaux qui apparaîtront :
1°- Les paroles communiqueront une grâce à ceux qui les entendront (Eph 4/29 et 5/4) et seront étrangères aux désordres d'autrefois : plus de propos insensés, ou froissant la bienséance. Au lieu de manifester la mort, les paroles du disciple manifesteront la vie. Puissions-nous observer la Parole de Dieu en cela ; et la langue, au lieu d'être enflammée par la géhenne, servira au bien et à la bénédiction.
2°- Les actions seront « bien réglées », faites sans ostentation, guidées par l'amour ; elles seront approuvées de Dieu, et attesteront, le zèle et la piété.
3°- Le renouvellement des pensées apportera au coeur du chrétien des aspirations puissantes et entièrement nouvelles ; ce sera ce que l'Écriture nomme : l'affection aux choses d'en haut, ou bien l'affection aux choses de l'esprit. L'affection aux choses de la terre et aux choses de la chair étant éteinte, se trouve merveilleusement remplacée sur ce plan ! Notre pensée se laisse encore enfermer dans la captivité de la terre et nous remplit de soucis pour tant de choses vaines. Nos désirs doivent avoir complètement changé de direction, n'étant plus orientés vers le bas, mais vers le haut. La compréhension par la foi de la vie véritable nourrira en notre coeur un fort attachement aux réalités de la vie. Nous éprouverons le besoin de contempler la personne de Jésus, de pénétrer la richesse de Sa Parole, de vivre cette Parole. Nous deviendrons capables de ressentir une réelle affliction devant l'incrédulité ou la tiédeur, comme celle du Seigneur pleurant sur Jérusalem, qui ne connaissait pas les choses qui appartiennent à sa paix ! (Luc 19/41 à 44). Nous serons de ces affligés qui seront consolés. Notre vue ne sera plus dirigée sur nous-mêmes, mais sur l'Église, sur nos semblables, sur le malheur qui appesantit l'accablement du monde, faute de foi en Jésus-Christ, et nous intercéderons avec force. Nous aurons soif et faim de justice et de miséricorde. Nous vivrons pour l'Évangile. Nous procurerons la paix, et transporterons avec nous la bonne odeur de Christ.
En conclusion nous voyons combien tout chrétien a besoin de s'examiner lui-même ; Dieu veut qu'il soit son propre juge à la lumière de là Parole. La liberté dispose du champ le plus vaste. Avant l'heure du jugement de Christ (2 Cor 5/10) jugeons-nous nous-mêmes librement, laissant la grâce de Dieu stimuler notre zèle, et regardons si, d'abord, les choses anciennes sont effectivement passées pour nous, si nous en sommes libérés ; ensuite si les choses nouvelles apparaissent et se précisent en nous, afin que nous soyons réellement de nouvelles créatures. Aspirons à revêtir le Seigneur Jésus-Christ, à revêtir les armes de lumière, étant dépouillés à jamais des oeuvres des ténèbres.
Aussitôt après son baptême,
rempli du Saint-Esprit, Jésus fut conduit
par l'Esprit dans le désert. À
l'orée de Son ministère, le Christ,
selon le plan du Père, devait affronter un
premier combat. Le dernier Adam, comme le premier,
devait se trouver face à Satan, et entendre
la tentation. Le premier avait succombé et
fait tomber l'humanité entière en sa
personne : « par un seul homme le
péché est entré dans le monde,
et par le péché la
mort »... « par l'offense d'un
seul beaucoup sont morts »...
« par l'obéissance d'un seul
beaucoup seront rendus justes »
(Ro
5/12 à 21). Le premier
s'était manifesté, par son
péché, être homme animal, homme
de chair ; le dernier va se montrer homme
spirituel. Le premier a détruit, le dernier
reconstruit ; l'un et l'autre en leur
personne. La sagesse doit être mise à
l'épreuve dans l'homme
(Job
28/27 et 28) afin de triompher
de la puissance de la mort ; telle est la
volonté de Dieu. Tout homme qui est
né de l'Esprit doit lui aussi surmonter la
tentation
(1
Cor 13/10) ; l'Esprit lui
fait rencontrer l'épreuve, afin que sa foi
s'aguerrisse : « heureux l'homme qui
supporte patiemment la tentation, car après
avoir été éprouvé, il
recevra la couronne de vie que le Seigneur a
promise à ceux qui l'aiment »
(Ja
1/12). Christ a ouvert la voie du
triomphe contre la tentation. Il débute son
ministère par une victoire. Pendant 40 jours
et 40 nuits
(Mat
4/2) Jésus jeûne.
Ce temps de solitude et de jeûne total fut,
cela n'est pas douteux, mis à profit par
Jésus pour prier. Il n'est jamais seul, car
Le Père est avec Lui
(Jn
16/32).
Quelle force spirituelle, ce jeûne
prolongé et la prière n'avaient-ils
pas acquise au Seigneur. La nature humaine dont Le
Fils s'était chargé, nature non
exceptionnelle, mais semblable à celle du
péché, allait être,
déjà là, dans le
désert, comme portée à bout de
bras, pour en commencer la sanctification. Sans
péché, le Fils de Dieu, lutte sur le
terrain même du péché. Il
confère à cette nature humaine qu'il
a revêtue une puissance d'esprit que Satan
s'efforcera d'ébranler sans y
réussir. Moïse avait jeûné
également 40 jours et 40 nuits
(Ex
34/28), mais il était en
présence de l'Éternel, et son visage
rayonnait ; c'était alors bien
aisé ; Moïse ne menait pas le
combat ; il jouissait d'une grâce
magnifique et allait recevoir les paroles de
l'alliance. Il avait parlé avec
l'Éternel. Quant à Jésus, il
s'agit d'une autre entrevue. Qui aura-t-il en face
de lui ? Avec qui va-t-il s'entretenir ?
Avec l'auteur du mal, le séducteur, le
serpent ancien, le diable ! Ce n'est pas un
moment de réjouissance, mais de lutte, ce
n'est pas pour recevoir et prendre, mais pour
refuser, pour arrêter les forces de
destruction que Jésus est là, sentant
la faim, affaibli dans la résistance du
corps, mais puissamment fortifié en son
esprit.
La première proposition de Satan
à Jésus sera de l'amener à
montrer sa divinité par un miracle,
approprié à la situation où il
se trouve : « si tu es le Fils de
Dieu, ordonne à cette pierre qu'elle
devienne du pain ». Jésus n'en
a-t-il pas le pouvoir ? Ne manifestera-t-il
pas la puissance de Dieu en multipliant quelques
pains et quelques poissons, en faisant trouver
à Pierre un statère dans la bouche
d'un poisson, en marchant sur les eaux, en ouvrant
les yeux des aveugles... etc. ? Devant Satan,
Le Seigneur n'usera pas de la puissance divine
comme celui-ci le lui suggère. En quoi eut
résidé le péché, si
Jésus eût agi
différemment ? D'abord, rien ne peut
être fait par obéissance à
Satan, même si ce qu'il demande entre dans le
cadre des choses dépourvues en
elles-mêmes de mal, ou même des choses
légitimes. Tel était le cas :
Jésus avait faim, à l'issue d'un long
jeûne, et manger du pain était chose
nécessaire.
Toutefois, c'était Satan qui
conseillait ; l'écouter et lui obéir eût
été le péché ;
c'est pourquoi Jésus répond :
l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de
toute parole qui sort de la bouche de
l'Éternel. En outre, Satan connaissait la
divinité de Jésus, et sa suggestion
poussait Le Seigneur à en administrer la
preuve par un acte surnaturel. C'était chose
inutile, qui aurait pris le caractère de
l'orgueil. Le Père avait rendu
témoignage à Son Fils, lors du
baptême, encore tout récent ; une
voix venant du ciel ayant dit : Tu es mon Fils
bien-aimé ; en toi j'ai mis toute mon
affection. Satan ne l'ignorait certes pas ;
alors pourquoi supplanter le témoignage du
Père ; n'était-il pas
suffisant ? Céder aux propositions de
Satan, c'eût été sortir de la
dépendance du Père, et
considérer comme insuffisant le
témoignage venu du ciel. Jésus pourra
plus tard enseigner le mystère de Sa
Personne, mais Il refusera d'administrer toute
preuve de Sa Divinité à la demande
des incrédules ; Il leur proposera
seulement le miracle de Jonas, Sa crucifixion et Sa
résurrection. Un enseignement nous est ainsi
donné : l'homme fidèle à
Dieu ne s'appuie pas sur lui-même ; il
ne présente lui-même aucune preuve de
son appartenance à Dieu, il ne cherche
aucune gloire qui lui soit propre. Lorsque le jeune
Samuel entra dans son ministère de
prophète de l'Éternel, il ne le
proclama pas lui-même ; mais le peuple
vit et reconnut qu'il avait été
« établi prophète de
l'Éternel ». Qu'ainsi nous
laissions le Seigneur prouver Lui-même que
nous Lui appartenons et avons été
établis Ses témoins. L'Esprit le
montrera à travers nos bonnes oeuvres et nos
paroles.
La seconde proposition de Satan prend de
l'ampleur. Elle tend à Lui permettre de
s'approprier Lui-même, immédiatement,
tous les royaumes de la terre ; à la
clef, une seule condition : que Jésus
se prosterne devant Satan. En somme, le diable
tient à son interlocuteur un langage comme
celui-ci : Je suis le légitime
possesseur de la terre, tu le sais. Les royaumes
qu'elle porte m'appartenant, je puis te les
remettre, car j'en dispose comme je le veux. Je
sais moi-même que tu viens pour me reprendre
la terre et y régner à ton tour. Si
tu poursuis ce but contre moi, il y aura bien des
souffrances et des drames, bien des pertes de vies.
Évite ces souffrances, fais
l'économie d'une guerre contre moi, et
établis ton royaume sur la terre dès
maintenant. Épargne-toi une mort
ignominieuse, et atteins ton but dès
maintenant. Je t'abandonne ce monde ;
reçois-le de mes mains. Telle était
la teneur de la proposition de Satan ;
proposition d'une audace sans pareille. Au lieu de
la croix qui est dans le plan du Père, le
diable offrait le règne sans mort
expiatoire, sans combat pour l'écrasement du
péché et la destruction de la mort,
le règne immédiat. Les royaumes de ce
monde n'allaient plus être volatilisés
comme la statue du songe de Nébucadnetsar
interprété par Daniel, être
brisés et anéantis ; ils
allaient, tels qu'ils étaient, passer en la
domination de Celui qui a dit :
« mon royaume n'est pas de ce
monde » ; c'est ce que voulait
Satan.
L'entreprise du diable auprès de
Jésus que voici montre clairement les
desseins de l'ennemi. Hélas, si Jésus
d'un mot puisé à la source rejette
l'offre de Satan, par la suite, d'autres que
Jésus, couverts de Son nom, l'accepteront.
Sous le règne de l'empereur romain
Constantin 1er le Grand, et à la faveur des
armes, le christianisme devient la religion
officielle de l'empire, avec toutes les
conséquences que ce bouleversement devait
apporter. Ce même empereur, en 325, convoque
un concile oecuménique à Nicée
en Asie mineure, et c'est au cours de ce concile
que devait être défini le
« credo », appelé
« symbole de Nicée ».
À partir de cette prise en charge du
christianisme par le pouvoir temporel, c'en
était fait, l'Église officielle
pactisait avec le prince de ce monde, et, de plus
en plus, elle allait établir le royaume de
Christ en ce temps, ou tout au moins s'y efforcer.
Que les disciples du Seigneur qui
se veulent fidèles et humbles, sachent que
le diable n'a pas retiré sa proposition, et
qu'il recherche alliance avec eux, par les moyens
les plus subtils. Pour corrompre le Plan de Dieu,
il s'ingénie à provoquer la confusion
avec le sien. Satan se fait religieux, il se
déguise en ange de lumière ; il
est prêt à se charger du plan de Dieu
et veut qu'on lui en confie l'accomplissement.
Chaque fois qu'une église tombe peu à
peu dans ce piège, elle abandonne son
Maître et sa mission ; elle devient
partie de ce monde, et fait cesser la
séparation prononcée par
Christ : « Ils ne sont pas du monde
comme moi je ne suis pas du monde »
(Jn
17/16) ; elle reporte sur le
monde et son prince la confiance qu'elle devait
à Dieu Seul ; elle prend appui sur le
bras du monde, de la terre, et délaisse le
recours à la puissance de l'Esprit. La
réponse de Jésus reste pour tous ses
disciples le mot d'ordre impératif :
« Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et
tu le serviras Lui Seul ». Lui
Seul ; c'est-à-dire à
l'exclusion de tout autre maître ; hors
toute autre force que celle de Son Esprit.
Pour formuler sa troisième
proposition, Satan ne répugne pas de se
rendre en lieux saints. Il conduit Jésus
à Jérusalem, et même, le place
sur le haut du temple. Est-il de meilleur endroit
pour parler, et le choix de ce promontoire
prouve-t-il la pureté des intentions de
celui qui le fait ? Oh,
bien-aimés ! savons-nous toujours
éventer ce piège ? Il est
fréquent dans la vie chrétienne.
D'aucuns se présentent à nous et se
flattent de connaissance. C'est de Bible qu'ils
parlent ; ils nous conduisent au centre du
message, ou en lieux saints ; ils aiment le
peuple juif et ont Jérusalem dans la bouche.
Cependant ils introduisent des doctrines
pernicieuses, et notre méfiance, ou
plutôt notre discernement se laisse endormir.
Le monde lui-même parle beaucoup des lieux
saints ; le pape y est allé ! Or,
mes amis, c'est d'obéissance à la
Parole que Jésus nous parle. Écoutons
Notre Seigneur, et Lui Seul. Attention à
tout ce qui excite notre curiosité et un
intérêt d'une nature non vraiment
spirituelle.
Là, au sommet du temple de
Jérusalem, Satan ouvre la Bible. Vois,
dit-il à Jésus, il y a quelque chose
d'écrit pour toi que tu peux actuellement
même accomplir. C'est dans le Psaume
91, versets 11 et 12. Le
diable est un connaisseur de la Bible ; avant
sa propre chute, chérubin protecteur aux
ailes déployées, il mettait le sceau
à la perfection. Ne la connaît-il pas
cette perfection des lois de Dieu ? Il en a
sanctionné l'authenticité dans son
glorieux passé ; mais il l'a
quittée ; et la connaissance qu'il en a
conservée, il l'utilise de façon
perverse. À une connaissance de la lettre
exacte, il mêle un esprit de mal et de
destruction. Attention, seul l'Esprit
vivifie ! Méfions-nous de la lettre mal
utilisée ; la lettre appelle l'Esprit,
qui Lui, n'est pas le mensonge et peut nous
conduire dans toute la vérité. La
lettre sans l'Esprit de Dieu peut tuer
(2
Cor 3/6). Satan peut donc se
servir du témoignage écrit, mais il
ne peut plus se servir de l'Esprit. Ainsi, notre
Bible, dépôt infiniment
précieux, sera à méditer sous
la conduite de l'Esprit ; n'en écoutons
donc pas tout commentaire, ou toute
interprétation.
Comment Satan se sert-il de
l'Écriture sainte ? En la circonstance,
il la laisse comme objet de foi, et pousse
même Jésus à l'utiliser comme
objet de foi. Vois-tu, il est écrit..., tu
peux donc en toute sécurité te jeter
en bas, précipiter dans le vide ce corps
humain, semblable à la chair des autres
hommes ; Dieu te gardera de tout mal, c'est
écrit ; use de cette promesse par la
foi. Incitation cousue de malignité !
Le Seigneur continue de répondre avec calme
et autorité, selon la vérité
que donne l'Esprit : tu ne tenteras pas le
Seigneur ton Dieu ; ce qui, objectivement
signifie ceci : tu ne provoqueras pas le
Seigneur ton Dieu, en te servant à tort de
Sa Parole, pour qu'Il
l'accomplisse en dehors des intentions que contient
cette Parole. En effet, toute Parole de Dieu porte
en soi des intentions bien précises que
l'Esprit permet de discerner à coup
sûr ; c'est en quoi notamment l'Esprit
conduit dans la vérité. Se servir de
la Parole de Dieu en dehors de ces intentions c'est
« tenter Dieu ». Il arrive si
souvent que l'on nous propose des
interprétations de certaines courtes
citations hors la portée que le contexte
leur donne et que la Révélation, dans
son ensemble, permet de leur accorder. Suivre ces
interprétations, ce serait céder
à l'ennemi et « tenter
Dieu ». Et puis, il y a, soit une
opportunité spirituelle pour l'emploi des
promesses de Dieu, soit des conditions à
remplir ; conditions de foi, ou de communion,
ou de circonstance. En tout cela, l'Esprit guide.
Par exemple, il y a opportunité dans le
choix des paroles à prononcer ; on ne
peut prononcer les paroles les meilleures sans
opportunité, spirituellement ressentie. De
même, l'Esprit nous guidera dans la mise en
oeuvre des promesses de Dieu, et nous montrera le
moment favorable de certaines choses. En tout cas
la Parole de Dieu et ses promesses ne peuvent
être utilisées inutilement, pour une
simple démonstration, ou pour un avantage
que l'homme décide lui-même de
s'accorder à la vue des autres. Ce serait
oeuvre charnelle. Toute Parole de Dieu est
efficiente et ne doit pas être
écartée de son action sainte ;
ce serait une profanation. Les promesses de Dieu
servent les voies de Dieu exclusivement, et ne
sauraient servir les voies de la chair. C'est dans
l'amour que ces promesses conservent leur
efficience ; et si même ayant la foi
jusqu'à transporter des montagnes, je n'ai
pas l'amour, je ne suis rien.
L'intervention du tentateur au début
du ministère de Jésus s'accompagne
d'un déploiement de puissance, de la part de
celui qui est le père du mensonge. C'est,
par contre, le Fils de l'homme qui est soumis
à l'épreuve ; c'est cette
humanité toute semblable à la
nôtre, n'ayant pour seule différence
que l'absence du péché, qui subit
l'assaut du prince de ce monde. Et il le faut
ainsi : « Il a été
tenté comme nous en toutes choses, sans
commettre de péché » dit
l'Épître aux Hébreux
(4/15).
Cette
épître dit
encore : « En conséquence, Il
a dû être rendu semblable en toutes
choses à ses frères afin qu'il
fût un souverain-sacrificateur
miséricordieux et fidèle dans le
service de Dieu, pour faire l'expiation des
péchés du peuple ; car ayant
été tenté Lui-même dans
ce qu'il a souffert, Il peut secourir ceux qui sont
tentés
(2/17-18).
Jésus remporte une victoire totale et
décisive, non par une performance mettant en
oeuvre des moyens de résistance au-dessus de
ceux dont les autres hommes peuvent disposer
après Lui, mais dans la même enveloppe
de chair qu'eux. Il en maîtrise les
velléités par la force de l'Esprit.
C'est bien pour ses frères les hommes qu'il
endigue la tentation ; c'est au titre de
Sauveur des hommes, et de dernier Adam. Le combat
soutenu par Jésus, rapporté de
façon concise par les Évangiles, se
poursuivra au cours du ministère du Seigneur
jusqu'à ce qu'il remette Son esprit au
Père. Ce sera un combat dur. La victoire
réside dans la sage, prudente et ferme
opposition aux subtilités de l'ennemi par la
Parole de Dieu. Le premier Adam avait fléchi
dans l'usage de la Parole de Dieu, et il avait
accepté de considérer une autre
parole ; le second et dernier Adam
rétablit l'autorité de la Parole de
Dieu, selon la vérité ; Il s'en
fait un bouclier et une épée.
Le verset
8 de ce beau psaume
énonce un grand et puissant principe
« la justice et la paix
s'embrassent » ; or, paix et justice
sont les deux hauts caractères du
règne de Christ. En nous parlant de
Melchisédeck, roi de Salem et sacrificateur
du Dieu très haut, l'épître aux
Hébreux
(7/1
à 3), nous le
présente comme « roi de
justice » (d'après la
signification de son nom) et comme « roi
de paix » (roi de Salem) ; or,
Melchisédeck est « rendu semblable
au Fils de Dieu ». Christ est donc bien
le Roi de justice et le Roi de paix. Il a
aimé la justice et haï
l'iniquité, et c'est pourquoi Le Père
l'a oint d'une huile de joie
(Héb
1/9). Notre psaume nous
rappelle d'ailleurs que la justice marchera devant
Lui, et imprimera ses pas sur le chemin. Christ qui
aime la justice est envoyé pour la justice
d'abord. Sa mission consiste à annoncer la
justice aux nations
(Mat
12/18) ; à
l'établir comme on se sert d'un niveau, ou
d'un fil à plomb
(Es
28/17). Il n'entendra point
s'arrêter jusqu'à ce qu'Il ait
établi la justice sur la terre
(Es
42/4) ; et dans ce salut
qu'Il doit porter jusqu'aux
extrémités de la terre, il y a
« la justification » des
pécheurs par la foi. C'est ce qui
précède le règne et occupe le
temps de l'Église et de la patience de Dieu.
Citons Romains
3/24 : « ils
(les hommes pécheurs) sont justifiés
gratuitement par sa grâce, par le moyen de
rédemption qui est en
Jésus-Christ ». Ensuite, viendra
le règne de justice sur toute la terre.
Mais, qu'est-ce que la justice ? Dans
l'idée de justice, il y a celle
d'équité (justice et
équité sont d'ailleurs
associées en certains passages, Ps
89/15 notamment),
c'est-à-dire une idée de bon droit,
d'égalité entre tous ; et il y a
encore dans la notion de justice, une idée
d'ordre établi sur l'exacte observation de
la loi. Dans n'importe quelle nation de la terre,
on n'a jamais pu se passer de lois, ni pu, sans de
graves conséquences, permettre aux citoyens
de mépriser les lois. Lorsque des hommes
sont émancipés de toute
obéissance aux lois de la terre, c'est le
désordre, la révolution, le bon
plaisir, l'écrasement des faibles et la
domination de la force avec tout l'arbitraire que
cela comporte. Un État sans
législation ne peut pas subsister, car, ou
bien le mal s'amplifie rapidement, ou bien les
hommes qui seraient, supposons-le, attirés
par l'ordre, ne sauraient à quels principes
s'attacher pour faire triompher l'ordre. Une
législation est donc chose indispensable
dans une société quelconque.
Ainsi, ce qu'on appelle « la
justice établie », c'est l'ordre
qui résulte de la bonne observation des lois
en vigueur ; observation sincère,
loyale, constante et totale. Lorsqu'il s'agit de la
justice de Dieu, les lois à prendre en
considération sont celles dites
« lois de la justice de Dieu ».
Dieu a conçu des lois, et, bien entendu,
elles sont parfaites, ce qui les distingue des lois
humaines. Leur parfaite observation vaut à
toute créature de Dieu d'être
« juste », et lui vaut aussi de
vivre : « la justice délivre
de la mort »
(Pr
10/2) ; « la
justice conduit à la vie »
(Pr
11/19). L'homme étant
pécheur se trouve hors de la justice et il
est donc dans la mort. Mais si Christ
rétablit pour lui l'état de justice,
par un pardon de ses péchés, il est
remis dans la vie. C'est ce qui est
appelé : justification. En cet homme
justifié, l'esprit est vie à cause de
la justice reçue de Christ
(Ro
8/10).
D'une manière générale,
dans l'univers de Dieu, la justice est le fondement
du règne parfait de Dieu
(Ps
89/15) et, pour entrer dans ce
règne, il faut avoir sur soi « la
robe de justice »
(Es
61/10, version Darby).
Que dire de la paix ? L'Écriture
la présente comme l'acquisition la plus
désirable. Elle est non seulement l'entente
et la tranquillité entre les hommes et les
nations, mais avant tout un état d'âme
où préside un repos
inébranlable dû à Dieu. La
Bible lie souvent la notion de paix avec celle de
sécurité, de
prospérité, de bonheur, et de joie
intérieure. Jésus donne la
paix : « Je vous donne ma
paix »
(Jn
14/27). En prêchant
l'Évangile, nous annonçons la
repentance pour le pardon des péchés,
mais aussi la paix « par
Jésus-Christ »
(Ac
10/36).
Ainsi, justice et paix s'embrassent ;
la seconde vient par la première et il ne
peut y avoir de paix sans justice ; c'est
pourquoi ce monde ne peut obtenir la paix que tant
d'hommes appellent aujourd'hui. Ces hommes
l'appellent sans consentir le plus souvent pour
eux-mêmes à l'accepter de
Jésus-Christ dans leur coeur ; si bien
que la paix manque de son fondement : la
justice. La justice que l'on propose ne tient pas
compte de celle de Dieu ; elle est
précaire et instable ; elle s'effondre
à la première difficulté.
Pour nous, enfants du Père par
Jésus-Christ, sachons bien que nous avons
été arrachés aux forces de la
mort par une « justification »
ayant nécessité un grand sacrifice
devant la justice de Dieu. Et si nous avons
été justifiés, ce n'est pas
pour que nous retombions dans le bourbier du
péché, mais pour que nous portions la
robe de la justice, pour que nous marchions selon
la justice, en accomplissant la loi parfaite,
c'est-à-dire la volonté du
Père en toutes choses. La grâce nous
le permet, servons-nous de la grâce. Lisons
bien le verset
9 de notre psaume
(85) :
J'écouterai ce que dit Dieu,
l'Éternel, car Il parle de paix à son
peuple et à ses fidèles, pourvu
qu'ils ne retombent pas dans la folie !
Voulez-vous que nous terminions cette
méditation en lisant et relisant ce verset
et en gravant en nous ce précieux
avertissement de l'amour de Dieu. Ne retombons pas
dans la folie ; Dieu nous parle de paix et de
justice ; la justice et la paix
s'embrassent ; elles nous ont
été procurées ainsi
liées par le Roi de justice et le Roi de
paix ; gardons-les liées en nos coeurs,
afin que nos vies les manifestent toutes deux
ensemble, à la gloire de Jésus !
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