Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE 6

DIEU, ÉDUCATEUR DE SON PEUPLE

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"Mais vous, vous êtes la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte, le peuple que Dieu s'est acquis, pour que vous proclamiez les hauts faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, vous qui jadis n'étiez pas son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n'aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde. " (1 Pi. 2. 9-10)

Ce peuple que Dieu s'est acquis grâce à l'oeuvre de la rédemption accomplie par son Fils Jésus, ne va-t-il pas le former en le transformant, en l'instruisant, en l'orientant ? Assurément oui, et, en cela, nous aborderons l'oeuvre éducatrice de Dieu et de Christ en la communauté de l'Eglise comme à l'égard de chacun de ses membres.

Au sens habituel du terme, l'éducation consiste à former, développer, discipliner, enrichir les facultés naturelles des jeunes. Cependant, l'éducation venant de Dieu a son propre plan, et elle s'exerce en un domaine qui lui est particulier, même si elle utilise, en les mobilisant, l'intelligence naturelle et la mémoire. Son domaine est celui des relations entre l'homme et son Dieu et des caractères spirituels de la vie.

L'action de Dieu sur les hommes de foi ne se comprendrait pas si, avant tout, elle n'était pas essentiellement éducative, car alors, elle ne consisterait qu'à dire, attendre l'obéissance et gouverner. Or, l'amour de Dieu entend sauver et ramener l'homme à la perfection par le moyen de sa grâce. S'il revêt ses enfants de "l'homme nouveau" créé en Jésus-Christ dans une justice et une sainteté que produit la vérité, ce qui est considérable, il veut en outre leur apprendre à vivre la vie nouvelle, vie de résurrection. Le psalmiste en exprimait prématurément le désir dans sa prière : "enseigne-moi ta volonté" disait-il, ou bien : "mon âme est attachée à la poussière, rends-moi la vie selon ta parole", ou encore : "montre-moi Seigneur la voie que je dois suivre et je m'y engagerai jusqu'au bout. Fais-moi comprendre la loi et je la suivrai, je m'y appliquerai de tout mon coeur... mets en moi plus d'attrait pour tes ordres que pour le profit. Détourne mon regard des affirmations creuses, et fais-moi vivre à la manière qui te plaît. " (Ps. 119. 25-26 ; 33-37 ; Seg. et BFC)
Le désir du psalmiste n'est-il pas le nôtre aujourd'hui ?


UNE COMMUNICATION CONSTANTE

Nous ne bénéficierons de l'action éducatrice de Dieu qu'autant que nous serons en vraie communication avec lui dans une communion de tous les instants. Plusieurs passages mettent en évidence le prix de cette communication. D'abord, le psaume 16 (7. 9) :
"Je bénis l'Éternel mon conseiller ; la nuit même mon coeur m'exhorte, j'ai constamment l'Éternel sous mes yeux ; quand il est à ma droite, je ne chancelle pas. Aussi mon coeur est dans la joie, mon esprit dans l'allégresse et mon corps repose en sécurité. "

Ce que le roi David nous confie ici de son intimité avec l'Éternel son Dieu atteint une haute vérité à laquelle on peut donner une portée prophétique en y voyant le Seigneur Jésus dans sa propre intimité avec son Père. Cela ne peut que nous inciter à rechercher une communion de cet ordre, car elle est dans la volonté de Dieu aujourd'hui comme jadis à l'égard des fidèles de son Église.

Faisons une première remarque importante : le verset 9 attribue la joie au coeur, puis l'allégresse à l'esprit et la sécurité au corps. Nous y reconnaissons la constitution trichotomique (ou trinitaire) de l'homme : esprit, coeur (ou âme) et corps. C'est donc tout l'être qui s'offre à cette précieuse communion et qui en bénéficie.

Comme seconde remarque, nous constaterons que Dieu désire nous conseiller et nous exhorter sans risque de défaillance (je ne chancelle pas) de notre part, car il se tiendra à notre droite ; le soutien le meilleur. Nous recevons ainsi par l'Esprit la révélation précieuse et sûre des choses qui ne peuvent pas monter au coeur de l'homme par l'oeil et par l'oreille ; choses que Dieu a préparées d'avance pour ceux qui l'aiment ; et nous savons que l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu (1 Cor. 2. 10).

Le psaume 25. 12 certifie qu'à l'homme qui le craint, l'Éternel montre toujours la voie qu'il doit choisir. Son éducation n'entrave pas la liberté personnelle, bien au contraire, car il importe que ce soit dans cette liberté que l'homme fasse lui-même le choix qui lui est montré avec la douceur de l'amour.

Au psaume 32. 8 Dieu nous parle directement de son action éducatrice :
"Je t'instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre ; je te conseillerai, j'aurai le regard sur toi".

L'Évangile de Jean (15. 9-11) nous engage à conserver la communion infiniment précieuse avec le Seigneur, dont les paroles sont :
"Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. "

Sommes-nous dans l'expérience réelle de cet appel du Seigneur : demeurez dans mon amour ? Le Seigneur ne parle pas d'un amour émotif ou que l'on affirme verbalement, mais de l'amour puissant qui appartient à l'essence de Dieu et qui forme un lien entre lui et son disciple. L'amour de Jésus pour les siens est de même nature que celui du Père pour le Fils, or c'est bien ce même amour qu'il propose et en lequel il nous demande de demeurer, c'est-à-dire de nous maintenir constamment. Cependant, tout abandon des instructions et des commandements du Seigneur (sauf accident promptement confessé) porterait atteinte à cet amour et au lien de communion qu'il permet. La joie parfaite venant du Seigneur en serait elle-même voilée. Dans sa nature d'homme, Jésus a constamment conservé l'amour de son Père, en lui restant pleinement soumis, et sa joie resta parfaite. Chez ses disciples, une soumission du même ordre maintiendra la même joie.
La question peut se poser de savoir s'il faut reconnaître, Dieu en le Père, ou en son Fils Jésus, ou en l'oeuvre du Saint-Esprit notre grand éducateur. Sans aucun doute, ce sont les trois personnes divines ensemble, ou, si l'on veut, Dieu en sa plénitude, qui assurent cette admirable fonction de l'affermissement des coeurs en connaissance, en discernement et en sagesse. Notre Souverain Père céleste est source de tous les biens, de la vie, de l'amour, des lumières. Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est notre conseiller (Es. 9. 5), notre directeur (Mat. 23. 10), le souverain-pasteur et gardien de nos âmes (1 Pi. 2. 25 ; 5. 4), le médiateur de la nouvelle alliance (Héb. 12. 24), et celui qui intercède en notre faveur (Ro. 8. 34).

Le Saint-Esprit distribue les dons en particulier et en anime la manifestation (1 Cor. 12. 11) ; il conduit les fidèles dans les voies de la vérité et de la vie (Ro. 8. 9, 16).


À QUOI TEND L'ÉDUCATION DE DIEU ?

La repentance et la foi en Jésus-Christ conduisent à la conversion, puis, vient le temps imparti à la vie chrétienne au sujet de laquelle la parole de Dieu fait tant de pressantes recommandations, que l'Esprit éducateur mettra en lumière. Utilisant notre foi, il parviendra à nous dépouiller du vieil homme, de ses oeuvres et de ses pensées. Il fera cesser en nous la tendance à l'autonomie qui est une marque de la chute en Eden et comme une affreuse cicatrice à faire disparaître au plus vite. Ainsi, il nous ramènera dans la pleine dépendance de Dieu, nous pressant de demeurer en Christ comme le sarment attaché au cep qui a pour seule ressource vivifiante la sève qui lui parvient (Jn. 15. 4).

L'autonomie de l'homme fut ce terrible mal contracté par Adam et Eve, par leur préférence donnée à la parole du serpent sur la parole de Dieu : "Vous serez comme des dieux connaissant le bien et le mal" (Gen. 3. 5). Par cette option suivie de l'acte abominable de manger le fruit défendu, ils obtinrent l'autonomie au prix d'une effroyable rupture avec leur Créateur. À notre époque, le monde retient plus que jamais cette conquête impie et mortelle ; il s'en targue et en use. Oui, entend-on dire, l'humanité a le droit de concevoir et de dire le bien et le mal. Or, nous savons comment elle le fait : elle appelle bien ce qui est mal et vice versa ; précisément ce que dénonce le prophète Esaïe (5. 20).

L'autonomie de l'homme est inadéquate à la nature des choses, ainsi que l'exprime le verset suivant : "L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. " (Mat. 4. 4)

L'homme a été créé pour vivre dans une constante union avec Dieu et par le parfait accomplissement des lois de sa justice. L'autonomie et le rejet de cette justice furent une brusque pénétration dans l'empire de la mort.

L'Eglise et ses membres reviennent au plan de Dieu et forment un temple saint dans le Seigneur, étant édifiés en lui pour être une habitation de Dieu en Esprit (Eph. 2. 21-22).

L'éducation divine poursuit les objectifs suivants :

A - Nous apprendre à exercer la foi avec toujours plus d'assurance, et lui fournir les occasions de s'affermir. À cet égard, le Deutéronome nous révèle nettement les intentions de Dieu : "Souviens-toi de tout le chemin que l'Éternel ton Dieu t'a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton coeur et si tu garderais ou non ses commandements. Il t'a humilié, il t'a fait souffrir de la faim, et il t'a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas, afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel" (8. 2-3).
"Prends garde que ton coeur ne s'enfle, et que tu n'oublies l'Éternel ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude, qui t'a fait marcher dans ce grand et affreux désert, où il y a des serpents brûlants et des scorpions, dans les lieux arides et sans eau, et qui a fait jaillir pour toi de l'eau du rocher le plus dur, qui t'a fait manger dans le désert la manne inconnue à tes pères, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour te faire ensuite du bien. " (8. 14-17)

N'en est-il pas de même dans la marche chrétienne ? Dieu table sur l'épreuve comme le disent Jacques (1. 2-4) et Pierre (1 Pi 1. 6-9) pour ensuite nous faire du bien. En nous laissant continuer notre route, guidés par nos propres pensées, par la chair, Dieu nous abandonnerait à notre perte.

Notons encore les assurances suivantes : "Celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c'est Dieu" (2 Cor. 1. 21) ; "Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous préservera du malin" (2 Thes. 3. 3).

B
- Nous apprendre Christ (Eph. 4. 20-24), ou encore, dans la communion avec Christ, en venir à nous dépouiller du vieil homme et à revêtir l'homme nouveau, ce que l'apôtre Paul exprime aussi par l'expression "revêtir Christ".

Cette substitution de l'homme nouveau au vieil homme peut nécessiter du temps et des combats, comme le montre le contexte (ch. 4. 25-32). Il faut pourtant la réaliser pleinement, elle englobe tout ce que nous avons à attendre de notre transformation. Lorsqu'il nous dit : soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, Paul a toujours en vue le dépouillement et le revêtement.

C
- Nous faire acquérir de l'expérience dans la mise en pratique de la parole de Dieu, selon Hébreux 5. 13-14. Au fil des jours et des circonstances de l'existence, les occasions de vivre les principes de l'Évangile se succèdent, alors que, certaines situations nous prenant au dépourvu, notre inexpérience nous prive de les vivre réellement, et nous en avons le coeur contrit. Après coup nous nous disons : il aurait fallu dire ceci ou faire cela, mais c'est trop tard ! Ces occasions manquées sont toutefois une école d'application sous la direction du Saint-Esprit, et notre coeur en tire profit.

D
- Nous faire entrer profondément dans la connaissance intime de Christ et de Dieu le Père. Cette double connaissance conditionne l'héritage de la vie éternelle (Jn. 17. 3). Ensuite, elle permet et stimule la croissance du chrétien (Col. 1. 10). L'apôtre Paul en est illuminé lorsqu'il en parle :
"Et même je regarde toutes choses comme une perte à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur... " (Ph. 3. 8).

Enfin, la connaissance personnelle et profonde de Dieu et de Jésus-Christ nous procurera l'abondance de la grâce de Dieu (2 Pi. 1. 2).

E
- Nous préparer à l'entrée dans le royaume éternel (2 Pi. 1. 10-11).

F
- Nous rendre capables de toute bonne oeuvre (Héb. 13- 21). L'Écriture insiste beaucoup sur la pratique des bonnes oeuvres, celles que Dieu prépare d'avance pour que nous les pratiquions (Eph. 2. 10). Elles interviennent constamment dans le témoignage chrétien, et Jésus l'a souligné : "Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. " (Mat. 5. 16)


UNE MÉTAMORPHOSE

"Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez qu'elle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. " (Ro. 12. 2) Dans une autre traduction (BFC) : "Ne vous conformez pas aux habitudes du monde, mais laissez Dieu vous transformer par un changement complet de votre intelligence. Vous pourrez alors comprendre ce que Dieu veut, ce qui est bien, ce qui lui est agréable, et ce qui est parfait. "

D'un point de vue général, l'oeuvre éducative de Dieu transforme ou métamorphose (selon le mot grec) l'être intérieur dans la mesure où le fidèle consent à soustraire ses pensées aux formes qu'elles tiennent des habitudes du monde. En dehors de la foi, l'homme a en lui une imprégnation persistante de conceptions, de manières de considérer l'existence, de juger des choses et des faits auxquelles les usages et les exemples l'ont habitué. Le monde a imprimé en lui de fausses notions et de faux raisonnements qui obscurcissent sa vue sur les décisions à prendre ou les paroles à prononcer. Il se trouve installé dans "la vaine manière de vivre". En cet état il ne peut pas connaître la volonté de Dieu, et ne peut donc pas l'accomplir, même s'il en avait l'intention.

C'est pourquoi l'Esprit de Dieu veut en venir à un total renouvellement de cette faculté nommée "intelligence" et quelquefois aussi "entendement". Il s'agit de l'intelligence naturelle que l'homme a de toutes choses, sa vue et sa compréhension des faits, des événements, des circonstances de la vie courante. Dans son état naturel, il les voit sous un jour partial, sous le jour de l'égocentrisme, et son jugement en subit une déformation, laquelle résulte de ses pensées charnelles et aveugles. Paul en parle en ces termes :

"Ils (les païens) ont l'intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu à cause de l'ignorance qui est en eux, à cause de l'endurcissement de leur coeur. Ayant perdu tout sentiment, ils se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d'impureté jointe à la cupidité. " (Eph. 4. 18-19)

Il faut donc bien un renouvellement de l'intelligence consistant en une métamorphose ou en un changement total qui, à l'intelligence naturelle forcément charnelle, substituera l'intelligence et la sagesse d'En haut pleine de bons fruits (cette sagesse ne se trouve pas sur la terre des vivants, Dieu seul en connaît la source : Job 28. 12 et s.).

Cette métamorphose intervient dans la ligne du dessein de Dieu d'amener ses fidèles à l'image de son Fils (Ro. 8. 29). Elle nécessite la contemplation comme dans un miroir de la gloire du Seigneur Jésus, et elle est l'oeuvre de son Esprit (2 Cor. 3. 18). Dieu et l'homme concourent donc ensemble à y parvenir. Celui-ci sera alors devenu une nouvelle créature (2 Cor. 5. 17). Il agira en cohéritier de Christ, et, ayant entièrement échappé aux formes de pensée du siècle présent, ainsi qu'à la puissance du péché, il sera libre dans ses jugements et ses décisions. Merveilleuse métamorphose ! Laissons Dieu l'opérer de gloire en gloire en gardant les regards fixés sur Jésus dont notre foi dépend d'un bout à l'autre de notre expérience chrétienne.

Ainsi renouvelé dans son entendement, voici le fidèle devenu apte à discerner avec exactitude la volonté de Dieu, comprenant ce qu'elle est et où elle se situe en chacune des circonstances de la vie. Il connaît alors la pensée de Dieu, et peut obéir à sa volonté sous la puissance de l'amour. Quel précieux discernement ! Paul y revient dans l'épître aux Philippiens :
"Et ce que je demande dans mes prières, c'est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des choses les meilleures, afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu. " (Ph. 1. 9-11)

Pouvoir à coup sûr discerner les choses les meilleures, ce qui est bon, agréable et parfait, revient à pouvoir se comporter en toute situation selon le bien, selon ce qui plaît à Dieu, et atteindre même le parfait accomplissement de sa volonté. Souvenons-nous que Jésus a dit : "Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur et ma mère. " (Mat. 12. 50)


LA CROISSANCE

Dans la nature qui nous est familière, nous sommes habitués au fait généralisé de la croissance. C'est toujours à partir de quelque chose de petit et même de très petit, d'infime, que commencent les réalisations de la vie. Le dynamisme de notre toute première apparition a pris son départ dans le mystère du code génétique que renfermaient les chromosomes d'une seule et bien minuscule cellule. Il s'ensuivit un développement relativement rapide pour que se forme l'embryon, puis le foetus et l'enfant qui allait naître. Celui-ci, tout aussitôt après sa naissance était promis à un processus de croissance s'étageant sur les premières années de sa vie. Les animaux et les plantes partent également d'un stade d'infime petitesse, empruntant le processus de la croissance pour atteindre leur maturité. Telle est donc la loi qui régit l'ensemble des organismes vivants.

Cette loi administre la preuve que la vie doit sa pousse à l'action d'une puissance immatérielle qui préside à son développement, à son animation et à son maintien jusqu'à ce que la mort survienne (cela sur la terre du péché). L'oeuvre de cette puissance dont on constate les effets en un si vaste domaine sollicite notre réflexion, notre admiration et nos actions de grâce envers Dieu, comme le dit l'apôtre Paul (Ro. 1. 18-21). Dans le splendide spectacle que nous offre toute l'étendue de la vie, il y a l'évidence d'une vérité que les hommes retiennent pourtant injustement captive. Cette vérité, au sein des ouvrages de la vie, fait éclater la puissance éternelle de Dieu, car rien, absolument rien ne l'explique. Les hypothèses savantes qui tentent d'expliquer rationnellement l'apparition de la vie et son développement en tant d'espèces variées se perdent dans un complet échec. Ces hypothèses n'ont jamais eu d'autre but que d'écarter l'absolue vérité de la création et de la puissance divine à laquelle toute la vie est manifestement redevable.

Ces réflexions sur la vie physique nous servent de parallèle avec le domaine de la vie nouvelle d'ordre spirituel qui constitue notre sujet. En effet, le principe de la croissance y apparaît également, car l'étude de la parole de Dieu met en lumière que les hommes de foi ont à grandir par le "perfectionnement" ou une marche de "progrès en progrès" (1 Thes. 4. 1). La vie chrétienne a donc un commencement et elle tend vers un achèvement (2 Cor. 7. 1). L'on pourra voir dans le peuple de Dieu des "enfants" se nourrissant de lait (les premiers enseignements) et des "hommes faits" consommant une nourriture solide grâce au discernement obtenu de l'expérience (Héb. 5. 11-14).

Le Seigneur Jésus lui-même a utilisé les aspects de la croissance dans ses enseignements. Le royaume de Dieu (ou la parole de Dieu) dit le Seigneur, est d'abord à voir comme une semence qui, jetée en terre, germe et croît sans que le semeur sache comment ou ait à s'en soucier, et elle donne l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi, et, à pleine maturité, la moisson se fait (Marc 4. 26-29).

Ne nous trompons toutefois pas quant à la portée du principe de la croissance. Il ne s'agit pas de cela lorsque quelqu'un se convertit, c'est-à-dire passe de son état d'homme naturel (ou psychique) à l'état nouveau résultant d'une conversion. La nouvelle naissance n'a rien à voir avec la croissance. C'est seulement lorsque la semence a germé que cette croissance commence. Se succéderont les étapes de cette croissance : l'herbe, l'épi, et le grain. La croissance du disciple de Christ n'est donc à voir qu'au cours de son avance dans une marche de foi. L'apôtre Pierre écrit :
"Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ" (2 Pi. 3. 18).

La croissance développe, scelle et enrichit ce que la conversion a mis en place ; et la puissance qui l'assure vient de Dieu seul :
"J'ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n'est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître. " (1 Cor. 3. 6-7)

Cette action régulière du Tout-Puissant prend place dans l'oeuvre éducatrice ; elle nécessite un soin assidu de l'Esprit saint qui dispense à chacun la nourriture adéquate : "désirez, comme des enfants nouveau-nés le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut" (1 Pi. 2. 2).

Cette nourriture provient aussi du bon exercice des ministères au sein de l'Eglise, puisque ceux-ci ont la charge d'assurer le perfectionnement des saints, l'édification du corps de Christ, l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, afin que tous parviennent à la stature parfaite de Christ (Eph. 4. 11-14). De plus, n'est-ce pas en fonction d'une croissance en progression que les disciples arriveront à ce que l'amour fraternel augmente de plus en plus (2 Thes. 1. 3).

Envisagée de toujours, la croissance due à Dieu était attendue et célébrée par le psalmiste :
"Les justes croissent comme le palmier, ils s'élèvent comme le cèdre du Liban. Plantés dans la maison de l'Éternel, ils prospèrent dans les parvis de notre Dieu ; ils portent encore des fruits dans la vieillesse, ils sont pleins de sève et verdoyants pour faire connaître que l'Éternel est juste. " (Ps. 92. 13-16)

En définitive, Dieu et Christ prennent soin de l'Eglise et de chacun de ses membres ; ils l'éduquent, la nourrissent, la fortifient ; cela, de jour en jour avec amour. De notre côté, sachons nous mettre à l'école de Dieu ; prêtons-nous à cette riche éducation ; soyons de bons élèves.


GARDER ET RETENIR

Ce sont des termes que le Seigneur a employés et qui expriment le puissant conseil de la fidélité. Le premier de ces deux termes débute diverses expressions toutes aussi essentielles et qui sont en grand nombre dans l'Écriture. Pour s'en rendre compte, il suffit de consulter une concordance. Les différents sens des termes hébreux et grec traduits par "garder" prennent tous une ferme autorité. En français, ce sont principalement : veiller attentivement sur quelque chose, préserver, protéger contre un écueil à éviter, surveiller (le troupeau par exemple), prendre soin, conserver (la parole au fond de son coeur), conserver pur son coeur. "Se garder" sera s'abstenir des souillures du monde, de l'idolâtrie, des hérésies ou des séductions. Enfin, le verbe "garder" veut dire : observer sans rien en perdre, dans les expressions "gardez ma parole" ou "gardez mes commandements".

Le terme "retenir" avoisine le précédent et signifie : ne pas abandonner ou laisser se perdre. Par exemple : "retiens l'Évangile tel qu'il a été annoncé" (1 Cor. 15. 2) et "retenir le modèle des saines paroles reçues" (2 Tim. 1. 13).

Aujourd'hui, les verbes "garder" et "retenir" portent l'impératif d'une préservation essentielle de la pureté de la foi, face aux dangers de notre temps. Le Seigneur nous dit plus que jamais ceci :
"Parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, je te garderai aussi à l'heure de la tentation qui va venir sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre. Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. " (Apo. 3. 10-11)

D'autres versions que Segond emploient le terme "épreuve" au lieu de "tentation", ou "le temps du malheur". D'autre part au lieu de "ta couronne", elles traduisent : "le prix de ta victoire".

Si le Seigneur promet de donner lui-même une protection contre l'épreuve mondiale dont il parle, c'est qu'il faut admettre que même les chrétiens les plus fidèles ne le pourraient pas seuls, et risqueraient d'être enlacés dans les subtilités de cette épreuve. L'origine de celle-ci ne fait aucun doute ; elle sera (et est déjà) la plus audacieuse machination de Satan, mettant à profit tous les facteurs de l'heure, c'est-à-dire, le goût des aventures intellectuelles et psychiques d'une société en quête de changements, de mystère, de puissance et d'une unité mondiale tendant à l'uniformisation. L'épreuve qu'annonce le Seigneur agit déjà actuellement, et elle commence à accomplir la prophétie du monstrueux système appelé "Babylone la grande". Nous sommes donc en présence d'un bouleversement sans précédent que l'Eglise doit avoir la prudence de considérer avec gravité et dans la foi en la protection de son Seigneur.

Remarquons encore que le texte d'Apocalypse 3 (10-11) laisse nettement entendre que l'épreuve en cause est en rapport tant avec la parole qu'avec la persévérance. Il s'agit donc d'abord d'un grand risque d'altération de la parole, susceptible de mettre la persévérance des fidèles en défaut et de les induire en erreur. La parole serait alors saccagée par la pénétration de thèses séduisantes ou par des interprétations présentées comme novatrices. Nous sommes entrés dans l'ère du Nouvel âge qui impose d'ores et déjà une philosophie anti-chrétienne. Plus que jamais, Satan séduit toute la terre (Apo. 11. 9).

Nous ne pouvons pas nous étendre ici sur ce sujet que traitent des ouvrages récents et nous nous bornons à donner le conseil d'user de beaucoup de vigilance à l'égard de tous écrits ou de toutes propositions verbales où apparaîtraient certains concepts s'autorisant d'une avance scientifique dans la connaissance ou de la psychologie. Celle-ci peut prétendre éclairer l'Écriture d'une façon nouvelle et plus profonde ; elle peut aussi proposer ses moyens pour renouveler la cure d'âme, nommée maintenant : relation d'aide.

William Kirk Kilpatrick auteur de "La séduction psychologique" (Centre biblique Européen - Lausanne 1985 version française) parle de la psychologie en ces termes : "Mais comme bien des contrefaçons, la psychologie populaire ne tient pas ses promesses. Au contraire elle éloigne à la fois les chrétiens et les non-chrétiens de ce qui est leur devoir ou leur conduite. C'est une séduction dans le sens étymologique du mot (lat. seducere, conduire à l'écart). L'une des tâches de ce livre par conséquent est de libérer le christianisme de toute religion psychologique ; lorsque ce sera fait, je pense qu'il sera manifeste que le christianisme est et a toujours été la meilleure façon de satisfaire nos besoins, même ceux que nous croyons habituellement purement humains. En résumé, bien que le christianisme soit plus qu'une psychologie, il est finalement de meilleure psychologie que la psychologie elle-même" (page 14).

Le Nouvel âge, la psychologie, la science sociale, et l'occultisme constituent ensemble l'étoffe de la séduction dont il faut prendre garde.
Il nous paraît également opportun de citer le petit ouvrage de Roland Antholzer, psychologue, qu'il a intitulé "Psychothérapie ou cure d'âme biblique" (Maison de la Bible - Genève 1991). Cet auteur affirme notamment : La psychologie humaniste s'est révélée particulièrement fertile dans la production de procédés psychothérapeutiques. Une statistique américaine de 1978 en comptait plus de 4000, pour la plupart d'inspiration humaniste. Le chrétien remarquera avec inquiétude que ces thérapies sont de plus en plus envahies par l'occultisme et la mystique orientale. Les méthodes méditatives sont très populaires (yoga, zen, tao)... La psychothérapie prône de plus en plus des méthodes à orientation physique, telle que la "bioénergétique", qui cherchent à développer l'expression créative par les moyens du théâtre, de la danse et de la pantomime (page 53).

Citons maintenant la parole de Dieu : "Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle ?" (2 Cor. 6. 14-15) "Ne vous laissez pas entraîner par des doctrines diverses et étrangères ; car il est bon que le coeur soit affermi par la grâce, et non par des aliments qui n'ont servi de rien à ceux qui s'y sont attachés." (Héb. 13. 9) (Aujourd'hui, les aliments proposés sont d'ordre mental).

Le prophète Ezékiel rapporte une parole de l'Éternel adressant à la maison d'Israël le sévère avertissement que voici : "Comme l'argent fond dans le creuset, ainsi vous serez fondus au milieu d'elle (Jérusalem)" (22. 22). Une telle fonte a pour but de purifier l'argent de ses scories. À ce sujet, voici une petite histoire qui met en lumière le bienfait de cette élimination des scories :
On demandait un jour à un fondeur d'argent à quoi il reconnaissait la réussite de son opération. Je sais, dit-il, que mon opération a complètement réussi quand je vois ma propre image réfléchie dans le métal !
Assurément, lui aussi le Seigneur, désire voir son image réfléchie en tout fidèle disciple, et rien qu'elle.




ÉPILOGUE

"Mon juste vivra par la foi, mais s'il se retire mon âme ne prend pas plaisir en lui. Nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leur âme. " (Héb. 10. 38-39)
"Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui. " (1 Jn. 2. 29)

La justice qui vient de Dieu et qui s'obtient par la foi en Christ ne peut que s'accompagner d'un constant désir d'en être trouvé revêtu à tout moment, comme Paul l'exprime pour lui-même (Ph. 3. 9), mais, en raison même de ce revêtement, la mise en pratique de la justice de Dieu constitue, elle aussi, une préoccupation nécessaire, et appelle beaucoup de vigilance.

Le disciple justifié par la grâce de Dieu aspire à mener une vie juste dans son parcours sur cette terre, et dans toutes les situations qu'il traverse. Pour y bien parvenir, il dispose de la prière, de la contemplation de son Seigneur et de la méditation. Ce sont principalement les grands sujets de cette méditation que nous avons entrevus dans ce modeste ouvrage. Appliquons-nous chaque jour à cette indispensable piété ; offrons lui tout le temps nécessaire. La grâce de Dieu nous le permettra surnaturellement et pratiquement.


FIN

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