UN train bondé ; un aimable
contrôleur qui conduit une voyageuse dans un
compartiment de seconde classe où se
trouvent déjà des Anglais, quelques
paroles échangées, et la voyageuse
sans place découvre que la famille anglaise
est celle du Révérend James Williams,
arrière-petit-neveu de John Williams,
l'Apôtre des Mers du Sud.
Étrange rencontre ! Il y a des
centaines de voyageurs dans les deux express
Paris-Marseille qui se suivent à quelques
minutes d'intervalle. Et c'est exactement
auprès de la famille Williams que le
contrôleur a conduit la femme missionnaire
qui, aux côtés de son mari, a
travaillé vingt ans aux Iles-sous-le-Vent et
plus particulièrement à
Raïatéa ; Raïatéa,
dont John Williams fut le premier
missionnaire.
Simple hasard, dira-t-on
peut-être ? Et moi, il me semble que le
Seigneur m'a conduite là, comme par la main.
À la suite de cette rencontre, le
révérend James Williams, voulut bien
m'envoyer plusieurs volumes, dont quelques-uns sont
introuvables aujourd'hui : Memories of the
Life of the Rév. John Williams, par Eb.
PROUT; The Martyr of Erromanga, par CAMPBELL; A
Narrative of missionary Enterprises, par John
WILLIAMS lui-même; Erromanga, The Martyr
Isle, par H. -A. ROBERTSON ; Wiliamu, Mariner,
Missionary, par Ernest-H. HAYES ; John
Williams, the Shipbuilder, par Basil MATHEWS.
À nouveau, nous voulons dire ici
au révérend JAMES
WILLIAMS notre grande reconnaissance. C'est
grâce à lui que cette biographie
française de John Williams peut
paraître aujourd'hui.
Nous remercions aussi la
Société des Missions de Paris et la
« London Missionary Society »
qui ont bien voulu mettre à notre
disposition plusieurs des clichés
employés pour illustrer cet ouvrage.
I. BRUNEL.
« Lavergne », Viane
(Tarn),
Août 1928-Novembre 1929.
LE serviteur de Dieu, qui a blanchi sous le
harnais, ayant consacré trente-cinq,
quarante, cinquante années de sa vie au
service de son « Maître »
Jésus-Christ, est tenté parfois de se
dire en jetant un coup d'oeil sur le
passé : « Ma vie n'a pas
été inutile ; si j'ai beaucoup
travaillé, beaucoup peiné, beaucoup
prié, mes prières et mes labeurs
n'ont pas été vains. »
Qu'il lise, ce fidèle serviteur de
Dieu, la vie de John Williams, l'Apôtre des
Mers du Sud, et il restera confondu ! Il avait
jusqu'ici considéré son passé,
son activité, ses labeurs, ses veilles et
ses prières, et voici que se dresse devant
lui un géant John Williams, tombé
à quarante-trois ans sous les coups de
massue des sauvages insulaires d'Erromanga,
après vingt-deux ans seulement
d'activité missionnaire ! Mais quelle
activité que la sienne ! Tour à
tour, évangéliste, maître
d'école, médecin, agriculteur,
constructeur de bateaux et d'habitations
européennes, forgeron, menuisier,
charpentier, cordelier, traducteur de la Bible en
tahitien, en rarotongan, auteur de dictionnaires,
de grammaires, de vocabulaires en langue maorie,
législateur, armateur, mais avant tout,
par-dessus tout, missionnaire, et trouvant le temps
et les moyens de faire tout cela, malgré les
retours fréquents d'une grave maladie et les
incessants déplacements d'une île
à l'autre, d'un archipel à l'autre,
parcourant toute la Polynésie et couvrant
parfois une distance de 5.000 kilomètres sur
l'immense Océan !
Aucune tâche ne le rebutait, parce que
la flamme de l'apostolat qui brûlait dans son
coeur, ennoblissait tout, sanctifiait tout.
« Pitman, disait-il un jour à l'un
de ses collègues, des païens par
dizaines de mille périssent dans des
îles qui sont à notre portée,
il faut que quelque chose soit fait, et, si la
Société des Missions de Londres ne
peut s'en charger, il faut chercher
ailleurs ! » Plutôt agir seul,
sans traitement fixe et aller de l'avant, que de
piétiner sur place. Un mot résume la
vie entière de Williams :
« L'AMOUR DE CHRIST ME
PRESSE ». Il faut qu'il aille de l'avant,
toujours, il ne peut autrement.
Voici la troisième biographie sortie
de la plume de Mme Brunel :
1° Celle de Spurgeon, le grand
prédicateur anglais du XIXe siècle.
Spurgeon. : la puissance du verbe, de la
parole humaine quand une seule passion l'inspire,
la passion du Royaume de Dieu.
2° Celle de George Müller, le
fondateur des Orphelinats de Bristol. George
Müller : le héros de la Foi
agissante et de la Prière victorieuse.
Enfin, celle de John Williams, le prince des
missionnaires modernes, obsédé par le
salut de l'âme païenne, et qui tombe
frappé à mort par ceux-là
mêmes auxquels il apportait la vie.
« O profondeur de la richesse, de
la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses
jugements sont insondables et ses voies
incompréhensibles !... Or, c'est de
Lui, par Lui et pour Lui, que sont toutes choses.
À Lui, la gloire dans tous les
siècles ! Amen »
G. BRUNEL,
Ancien missionnaire de Raïatéa, et de l'archipel des Îles-sous-le-Vent.
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