Apocalypse II, 8-12. (Écris à l'ange de l'église de Smyrne : « Voici ce que dit Celui qui est le premier et le dernier, qui a été mort et qui est revenu à la vie : « Je connais tes oeuvres ; je sais la persécution, la pauvreté (pourtant tu es riche) et les insultes que tu endures de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont point, mais qui sont une synagogue de Satan. Ne redoute pas les souffrances que tu vas éprouver. Voici, le diable va jeter en prison quelques, uns de vous, afin de vous mettre à l'épreuve et de vous faire subir une persécution de dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie. » - Que celui qui a des oreilles, entende ce que l'Esprit dit aux églises « Celui qui vaincra n'aura point à souffrir la seconde mort. »
J'aime à lire ces paroles aujourd'hui
avec vous, mes bien-aimés, dans une maison
des diaconesses, où la
fidélité jusqu'à la mort nous
est souvent demandée. Il nous est permis
certainement de prendre cette lettre comme
adressée à nous, en particulier
à celles qui, pour bien remplir leur devoir,
se tiennent auprès des malades et des
mourants avec le Sauveur. Il y a là tant de
détresse, de pauvreté, on se trouve
souvent même en face de tant de
résistance et d'impiété, qu'on
peut se demander si on fait bien ce qu'on doit, ou
même si tout ce qu'on fait n'est pas inutile.
On passe souvent par des moments très durs,
ce n'est pas en apparence seulement que l'on
souffre en servant le Sauveur, mais très
réellement et profondément, de sorte
que dans les maisons comme la vôtre il n'est
pas rare que les personnes les plus capables et les
plus chères tombent malades et meurent. On
dirait parfois que tout doit devenir aussi
difficile que possible.
Cependant ce n'est pas seulement à
une maison de diaconesses que le Sauveur s'adresse
ici, car plus d'un d'entre nous peut se trouver
dans une situation semblable. Oui, pour tout
chrétien il vient un moment où il
faut que par toutes les forces de son être il
surmonte la mort, où il s'agit de savoir qui
aura le dessus, de la mort ou de lui ? Tant
qu'on est jeune comme vous, chères enfants,
on ignore encore cela, mais les gens un peu plus
âgés en font l'expérience, et
plus on avance en âge, plus ce que la mort a
de ténébreux, c'est-à-dire la
puissance que le péché lui donne sur
nous, nous accable comme un homme armé qui
veut nous tuer.
L'église de Smyrne est donc
très nombreuse, tous ceux qui invoquent le
nom de Jésus devraient s'y rattacher, mais
seuls font réellement partie de Smyrne les
chrétiens qui ont conscience du combat, et
qui au nom de Jésus luttent pour la vie
éternelle contre le péché et
la mort. Ceux-là appartiennent à
Smyrne qui, jour après jour, quoi qu'il
arrive, sont vigilants, et avec la vraie
compréhension des événements,
restent convaincus à bon droit que la mort,
si puissante qu'elle soit, ne peut nous
anéantir, mais que toujours de nouveau nous
pouvons dire : « je ne mourrai pas,
je vivrai et j'annoncerai les oeuvres du
Seigneur. » Vous savez que les liens
humains sont souvent brisés par la mort.
J'ai eu récemment chez moi des parents qui
avaient perdu en dix jours leurs quatre enfants.
Que faire ? Ils étaient tellement
accablés qu'on ne savait que leur dire. Que
de fois on se trouve en face de
gens dont l'âme paraît tuée,
écrasée sous le poids de la mort. Et
l'on dirait qu'après un premier malheur, la
joie de l'ennemi est d'en envoyer un second, et
d'autres encore, jusqu'à ce que l'être
humain soit achevé. De là vient le
dicton qu'un malheur ne vient jamais seul, et que
bien des fois, lorsqu'un déchirement se
produit dans une vie, il semble que la
déchirure doive aller toujours plus loin.
Vous savez combien il y a de détresse, quand
nous nous rendons compte que dans notre vie se
cache un ennemi implacable, avide d'étouffer
en nous l'esprit qui recherche la vie, qui veut
avec Jésus s'élever vers le
ciel ; nous comprenons alors que le conflit
entre les puissances extrêmes est
inévitable. Pour tout chrétien le
moment vient où la mort et la vie sont aux
prises, où il doit se dire :
« Je veux la vie, car Jésus vit,
je ne céderai pas, il me faut la
victoire. »
Voilà ce que signifie Smyrne. Celui
qui s'adresse à cette église se nomme
lui-même le premier et le dernier.
Jésus veut dire par là :
« Toi, Smyrne, tu m'appartiens, penses-y
surtout dans la mort ; quand elle te couperait
la tête, il ne faut pas que tu restes
mort ; je suis revenu à la vie, il faut
que toi aussi tu la retrouves. Pour toi Je suis
celui qui a subi la mort et qui vit
maintenant : que cela te console. »
Mais remarquez bien que le Sauveur ne dit
pas : « je vous rendrai le passage
facile, vous vous en irez doucement. » Il
dit : « Pensez à moi, j'ai
été mort et me voici, il en sera de
même pour vous. » C'est là
une consolation précieuse et suffisante.
S'il nous disait : « Je vous rendrai
la mort facile », cela ne suffirait pas. Il
nous
dit :
« Combattez ! après le
combat, vous vivrez comme moi, donc ne craignez
rien ! »
Souffrir est le lot de tous ceux qui sont
avec le Sauveur, leur vie ne peut pas être
facile. Combattre pour Jésus, c'est souvent
souffrir durement pour rester vivant, quand la vie
de notre corps mortel est en danger. Mais soyez
sans crainte, quand le diable s'en mêlerait,
soyez fidèles jusqu'à la mort !
Il faut même que Satan puisse porter la main
sur vous, si vous persévérez
jusqu'à la victoire. Le pourrez-vous ?
Savez-vous ce qui est en jeu ? Il me
semble que si nous comprenons que le combat regarde
chacun personnellement, et que nous luttons pour la
cause la plus réelle qui soit, nous pouvons
être victorieux. Nous pourrons alors
même nous laisser jeter en prison. Certains
se croient déjà assurés de la
victoire, mais les apôtres n'avaient pas
cette assurance. Paul se sent frappé par
Satan tous les jours, il ne dit pas l'avoir vaincu.
Il est vrai que Jésus l'a vaincu, mais il
s'agit pour nous de le vaincre à notre
tour ; il peut nous jeter en prison, nous
aussi ; et cela arrive en effet, mais on ne
peut pas tout dire. Rappelez-vous cela tous, je
prierai le Sauveur d'ouvrir vos yeux à
temps. Laissez-vous jeter en prison dix jours, et
gardez le silence ; le Sauveur dit
expressément : dix jours ; cela
signifie un temps déterminé, qui
passera. Il vaut mieux supporter ces dix jours avec
un coeur confiant, que d'en faire des jours de
lamentation, puisqu'ils passeront.
Ne vous laissez pas beaucoup troubler par ce
qui enchaîne votre âme, de quelque
côté que cela vienne ; plus notre âme est
silencieuse et confiante en Dieu, mieux nous
passons à travers les jours difficiles, et
dans la prison même le Sauveur peut
être avec nous. Pour notre bonheur il peut
entrer partout. Qu'on nous enferme où l'on
voudra, peu importe ! le Sauveur nous
accompagne en tout lieu, et avec lui nous voyons le
Ciel, comme Joseph déjà en fit
l'expérience dans sa prison.
Quand nous avons cette foi, nous entendons
la parole : « Ne crains rien, soit
fidèle jusqu'à la mort, et je te
donnerai la couronne de vie », -
c'est-à-dire « Tu auras en toi une
puissance de vie. » Il ne s'agit pas ici
de la couronne à recevoir dans
l'éternité, nous avons besoin de la
couronne de vie dès à présent,
et le Sauveur peut nous donner cette couronne
invisible, quand nous sommes fidèles. Il
nous vient alors du ciel une force qui fait fuir
Satan et la mort, nous sommes allégés
de notre plus lourd fardeau, parce que nous
possédons le pouvoir intérieur, et
notre cause est gagnée. Celui qui a la
couronne de la foi absolue dans le Sauveur, peut
tout supporter ; il trouve sa joie à
témoigner de sa foi et de son
espérance. Mais ce qui importe, c'est qu'il
se dise sans hésiter :
« Voici le moment », et qu'il
tienne bon. Alors il est victorieux, non seulement
en ce monde, mais dans l'autre, car la seconde mort
ne peut rien contre lui. Elle est terrible, cette
seconde mort ; nous ne voyons
généralement que la mort qui est
devant nous, mais ses pires souffrances ne sont
rien en comparaison de ce qui nous attend dans
l'autre monde, si nous y arrivons non
revêtus, mais dévêtus de
justice, et si nous nous trouvons en contact avec
la seconde mort
que
nous n'avons pas combattue. Mais si nous avons la
force de la faire reculer, elle aussi, parce que le
Sauveur vivant habite en nous et que nous avons
triomphé en son nom, nous serons
bienheureux, nous serons admis parmi ceux qui
combattent avec lui pour la grande victoire.
Mes bien-aimés, qui sait ce qui nous
attend encore ? Pour moi, je me tiens toujours
prêt à tout. Récemment
l'anniversaire de ma naissance m'a
été une occasion de me rappeler qu'il
m'a fallu creuser neuf tombes au cours de cette
dernière année, même la mort
m'a arraché ce que j'avais de plus cher, -
que faire ? Et j'ai l'impression que les dix
jours ne sont point encore passés. Sans
parler de mes propres appréhensions, j'ai vu
faire des expériences analogues à un
grand nombre de mes connaissances ; je suis en
relation avec beaucoup de personnes, et je pourrais
vous nommer par douzaines des gens remplis de la
joie en Dieu, qui tout à coup ont entendu au
dedans d'eux des blasphèmes, qui
étaient contraints, malgré eux, de
maudire même le Sauveur qu'ils aimaient
pourtant de tout leur coeur.
Je me rappelle alors la parole :
« Le diable jettera quelques-uns d'entre
vous en prison. » Il y a autour de nous
beaucoup d'obscurité, et aussi beaucoup de
christianisme qui n'est qu'extérieur, et
j'ai le sentiment que nous ne sommes pas à
la fin de notre captivité. Aussi devenons
fermes ! ne pensez pas que tout ira bien
toujours, mais souvenez-vous des dix jours. Vienne
alors tout ce qui voudra, nous resterons
fidèles jusqu'à la mort ; plus
nous devrons souffrir dans notre
propre chair, plus nous nous affermirons ; si
nous sommes jetés dans la mort, nous serons
fermes dans la mort. « Sois fidèle
jusqu'à la mort.. » C'est la
parole que je vous adresse aujourd'hui. Que
Jésus-Christ soit avec vous, il est
Emmanuel, en lui Dieu est avec nous, il est le
Puissant, le Maître jusqu'au fond de l'enfer.
Dieu avec nous en Jésus, c'est la victoire
dès maintenant et dans
l'éternité. Soyons unis en lui, pour
combattre, supporter, souffrir, et en lui nous
triompherons.
Prière.
Oui, Sauveur bien-aimé, sois avec nous, toi qui es le Puissant, le Fort. Nous t'invoquons, Seigneur Jésus, rends-nous victorieux dans tous nos combats, que par ton esprit notre cause triomphe de la mort, quoique nous soyons pauvres, affligés et souffrants aux yeux du monde. Malgré tout, Seigneur Jésus, viens à notre aide, fais-nous sentir dans nos coeurs que tu es vivant, fortifie-nous, et fais naître en nous les sentiments que nous devons avoir, au moment où nous en avons besoin. Nous confions à ta garde toute cette maison, avec celles qui servent et ceux qui souffrent, les malades qui peut-être mourront et ceux qui doivent guérir. Nous te confions aussi ces chères enfants, nous savons que des tentations les attendent, pourront-elles résister ? Seront-elles fidèles même en prison ? Garderont-elles la foi, nos chères enfants ? Il faut que toi, Seigneur, tu les en rendes capables. Nous voulons nous soutenir les uns les autres par l'amour, par la force que donne la foi, pour former une communauté qui a pour tâche de veiller sur chacun de ses membres, et de pénétrer jusqu'à ton trône afin qu'une victoire suive l'autre, et que nous mettions aussi sous nos pieds la seconde mort. Oui, Seigneur Jésus, donne-nous la vie éternelle, rends-nous forts, sois victorieux parmi nous, avec nous et par nous, toi qui vis après avoir connu la mort. Nous avons encore à la subir, mais nous voulons vivre malgré tout pour annoncer tes oeuvres. Prends soin de nous, reste avec nous, et fortifie-nous par ta grâce. Amen.
Traduit par E. H.
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