Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III

-------

9 juin. Culte du matin à la chapelle.

 Apocalypse II, 8-12. (Écris à l'ange de l'église de Smyrne : « Voici ce que dit Celui qui est le premier et le dernier, qui a été mort et qui est revenu à la vie : « Je connais tes oeuvres ; je sais la persécution, la pauvreté (pourtant tu es riche) et les insultes que tu endures de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont point, mais qui sont une synagogue de Satan. Ne redoute pas les souffrances que tu vas éprouver. Voici, le diable va jeter en prison quelques, uns de vous, afin de vous mettre à l'épreuve et de vous faire subir une persécution de dix jours. Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie. » - Que celui qui a des oreilles, entende ce que l'Esprit dit aux églises « Celui qui vaincra n'aura point à souffrir la seconde mort. »


J'aime à lire ces paroles aujourd'hui avec vous, mes bien-aimés, dans une maison des diaconesses, où la fidélité jusqu'à la mort nous est souvent demandée. Il nous est permis certainement de prendre cette lettre comme adressée à nous, en particulier à celles qui, pour bien remplir leur devoir, se tiennent auprès des malades et des mourants avec le Sauveur. Il y a là tant de détresse, de pauvreté, on se trouve souvent même en face de tant de résistance et d'impiété, qu'on peut se demander si on fait bien ce qu'on doit, ou même si tout ce qu'on fait n'est pas inutile. On passe souvent par des moments très durs, ce n'est pas en apparence seulement que l'on souffre en servant le Sauveur, mais très réellement et profondément, de sorte que dans les maisons comme la vôtre il n'est pas rare que les personnes les plus capables et les plus chères tombent malades et meurent. On dirait parfois que tout doit devenir aussi difficile que possible.

Cependant ce n'est pas seulement à une maison de diaconesses que le Sauveur s'adresse ici, car plus d'un d'entre nous peut se trouver dans une situation semblable. Oui, pour tout chrétien il vient un moment où il faut que par toutes les forces de son être il surmonte la mort, où il s'agit de savoir qui aura le dessus, de la mort ou de lui ? Tant qu'on est jeune comme vous, chères enfants, on ignore encore cela, mais les gens un peu plus âgés en font l'expérience, et plus on avance en âge, plus ce que la mort a de ténébreux, c'est-à-dire la puissance que le péché lui donne sur nous, nous accable comme un homme armé qui veut nous tuer.

L'église de Smyrne est donc très nombreuse, tous ceux qui invoquent le nom de Jésus devraient s'y rattacher, mais seuls font réellement partie de Smyrne les chrétiens qui ont conscience du combat, et qui au nom de Jésus luttent pour la vie éternelle contre le péché et la mort. Ceux-là appartiennent à Smyrne qui, jour après jour, quoi qu'il arrive, sont vigilants, et avec la vraie compréhension des événements, restent convaincus à bon droit que la mort, si puissante qu'elle soit, ne peut nous anéantir, mais que toujours de nouveau nous pouvons dire : « je ne mourrai pas, je vivrai et j'annoncerai les oeuvres du Seigneur. » Vous savez que les liens humains sont souvent brisés par la mort. J'ai eu récemment chez moi des parents qui avaient perdu en dix jours leurs quatre enfants. Que faire ? Ils étaient tellement accablés qu'on ne savait que leur dire. Que de fois on se trouve en face de gens dont l'âme paraît tuée, écrasée sous le poids de la mort. Et l'on dirait qu'après un premier malheur, la joie de l'ennemi est d'en envoyer un second, et d'autres encore, jusqu'à ce que l'être humain soit achevé. De là vient le dicton qu'un malheur ne vient jamais seul, et que bien des fois, lorsqu'un déchirement se produit dans une vie, il semble que la déchirure doive aller toujours plus loin. Vous savez combien il y a de détresse, quand nous nous rendons compte que dans notre vie se cache un ennemi implacable, avide d'étouffer en nous l'esprit qui recherche la vie, qui veut avec Jésus s'élever vers le ciel ; nous comprenons alors que le conflit entre les puissances extrêmes est inévitable. Pour tout chrétien le moment vient où la mort et la vie sont aux prises, où il doit se dire : « Je veux la vie, car Jésus vit, je ne céderai pas, il me faut la victoire. »

Voilà ce que signifie Smyrne. Celui qui s'adresse à cette église se nomme lui-même le premier et le dernier. Jésus veut dire par là : « Toi, Smyrne, tu m'appartiens, penses-y surtout dans la mort ; quand elle te couperait la tête, il ne faut pas que tu restes mort ; je suis revenu à la vie, il faut que toi aussi tu la retrouves. Pour toi Je suis celui qui a subi la mort et qui vit maintenant : que cela te console. » Mais remarquez bien que le Sauveur ne dit pas : « je vous rendrai le passage facile, vous vous en irez doucement. » Il dit : « Pensez à moi, j'ai été mort et me voici, il en sera de même pour vous. » C'est là une consolation précieuse et suffisante. S'il nous disait : « Je vous rendrai la mort facile », cela ne suffirait pas. Il nous dit : « Combattez ! après le combat, vous vivrez comme moi, donc ne craignez rien ! »

Souffrir est le lot de tous ceux qui sont avec le Sauveur, leur vie ne peut pas être facile. Combattre pour Jésus, c'est souvent souffrir durement pour rester vivant, quand la vie de notre corps mortel est en danger. Mais soyez sans crainte, quand le diable s'en mêlerait, soyez fidèles jusqu'à la mort ! Il faut même que Satan puisse porter la main sur vous, si vous persévérez jusqu'à la victoire. Le pourrez-vous ?

Savez-vous ce qui est en jeu ? Il me semble que si nous comprenons que le combat regarde chacun personnellement, et que nous luttons pour la cause la plus réelle qui soit, nous pouvons être victorieux. Nous pourrons alors même nous laisser jeter en prison. Certains se croient déjà assurés de la victoire, mais les apôtres n'avaient pas cette assurance. Paul se sent frappé par Satan tous les jours, il ne dit pas l'avoir vaincu. Il est vrai que Jésus l'a vaincu, mais il s'agit pour nous de le vaincre à notre tour ; il peut nous jeter en prison, nous aussi ; et cela arrive en effet, mais on ne peut pas tout dire. Rappelez-vous cela tous, je prierai le Sauveur d'ouvrir vos yeux à temps. Laissez-vous jeter en prison dix jours, et gardez le silence ; le Sauveur dit expressément : dix jours ; cela signifie un temps déterminé, qui passera. Il vaut mieux supporter ces dix jours avec un coeur confiant, que d'en faire des jours de lamentation, puisqu'ils passeront.

Ne vous laissez pas beaucoup troubler par ce qui enchaîne votre âme, de quelque côté que cela vienne ; plus notre âme est silencieuse et confiante en Dieu, mieux nous passons à travers les jours difficiles, et dans la prison même le Sauveur peut être avec nous. Pour notre bonheur il peut entrer partout. Qu'on nous enferme où l'on voudra, peu importe ! le Sauveur nous accompagne en tout lieu, et avec lui nous voyons le Ciel, comme Joseph déjà en fit l'expérience dans sa prison.

Quand nous avons cette foi, nous entendons la parole : « Ne crains rien, soit fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie », - c'est-à-dire « Tu auras en toi une puissance de vie. » Il ne s'agit pas ici de la couronne à recevoir dans l'éternité, nous avons besoin de la couronne de vie dès à présent, et le Sauveur peut nous donner cette couronne invisible, quand nous sommes fidèles. Il nous vient alors du ciel une force qui fait fuir Satan et la mort, nous sommes allégés de notre plus lourd fardeau, parce que nous possédons le pouvoir intérieur, et notre cause est gagnée. Celui qui a la couronne de la foi absolue dans le Sauveur, peut tout supporter ; il trouve sa joie à témoigner de sa foi et de son espérance. Mais ce qui importe, c'est qu'il se dise sans hésiter : « Voici le moment », et qu'il tienne bon. Alors il est victorieux, non seulement en ce monde, mais dans l'autre, car la seconde mort ne peut rien contre lui. Elle est terrible, cette seconde mort ; nous ne voyons généralement que la mort qui est devant nous, mais ses pires souffrances ne sont rien en comparaison de ce qui nous attend dans l'autre monde, si nous y arrivons non revêtus, mais dévêtus de justice, et si nous nous trouvons en contact avec la seconde mort que nous n'avons pas combattue. Mais si nous avons la force de la faire reculer, elle aussi, parce que le Sauveur vivant habite en nous et que nous avons triomphé en son nom, nous serons bienheureux, nous serons admis parmi ceux qui combattent avec lui pour la grande victoire.

Mes bien-aimés, qui sait ce qui nous attend encore ? Pour moi, je me tiens toujours prêt à tout. Récemment l'anniversaire de ma naissance m'a été une occasion de me rappeler qu'il m'a fallu creuser neuf tombes au cours de cette dernière année, même la mort m'a arraché ce que j'avais de plus cher, - que faire ? Et j'ai l'impression que les dix jours ne sont point encore passés. Sans parler de mes propres appréhensions, j'ai vu faire des expériences analogues à un grand nombre de mes connaissances ; je suis en relation avec beaucoup de personnes, et je pourrais vous nommer par douzaines des gens remplis de la joie en Dieu, qui tout à coup ont entendu au dedans d'eux des blasphèmes, qui étaient contraints, malgré eux, de maudire même le Sauveur qu'ils aimaient pourtant de tout leur coeur.

Je me rappelle alors la parole : « Le diable jettera quelques-uns d'entre vous en prison. » Il y a autour de nous beaucoup d'obscurité, et aussi beaucoup de christianisme qui n'est qu'extérieur, et j'ai le sentiment que nous ne sommes pas à la fin de notre captivité. Aussi devenons fermes ! ne pensez pas que tout ira bien toujours, mais souvenez-vous des dix jours. Vienne alors tout ce qui voudra, nous resterons fidèles jusqu'à la mort ; plus nous devrons souffrir dans notre propre chair, plus nous nous affermirons ; si nous sommes jetés dans la mort, nous serons fermes dans la mort. « Sois fidèle jusqu'à la mort.. » C'est la parole que je vous adresse aujourd'hui. Que Jésus-Christ soit avec vous, il est Emmanuel, en lui Dieu est avec nous, il est le Puissant, le Maître jusqu'au fond de l'enfer. Dieu avec nous en Jésus, c'est la victoire dès maintenant et dans l'éternité. Soyons unis en lui, pour combattre, supporter, souffrir, et en lui nous triompherons.


Prière.

Oui, Sauveur bien-aimé, sois avec nous, toi qui es le Puissant, le Fort. Nous t'invoquons, Seigneur Jésus, rends-nous victorieux dans tous nos combats, que par ton esprit notre cause triomphe de la mort, quoique nous soyons pauvres, affligés et souffrants aux yeux du monde. Malgré tout, Seigneur Jésus, viens à notre aide, fais-nous sentir dans nos coeurs que tu es vivant, fortifie-nous, et fais naître en nous les sentiments que nous devons avoir, au moment où nous en avons besoin. Nous confions à ta garde toute cette maison, avec celles qui servent et ceux qui souffrent, les malades qui peut-être mourront et ceux qui doivent guérir. Nous te confions aussi ces chères enfants, nous savons que des tentations les attendent, pourront-elles résister ? Seront-elles fidèles même en prison ? Garderont-elles la foi, nos chères enfants ? Il faut que toi, Seigneur, tu les en rendes capables. Nous voulons nous soutenir les uns les autres par l'amour, par la force que donne la foi, pour former une communauté qui a pour tâche de veiller sur chacun de ses membres, et de pénétrer jusqu'à ton trône afin qu'une victoire suive l'autre, et que nous mettions aussi sous nos pieds la seconde mort. Oui, Seigneur Jésus, donne-nous la vie éternelle, rends-nous forts, sois victorieux parmi nous, avec nous et par nous, toi qui vis après avoir connu la mort. Nous avons encore à la subir, mais nous voulons vivre malgré tout pour annoncer tes oeuvres. Prends soin de nous, reste avec nous, et fortifie-nous par ta grâce. Amen.

Traduit par E. H.

Chapitre précédent Table des matières -