Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

I - Introduction

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Il n'y a jamais eu dans les siècles passés, une aussi grande préoccupation de ce que doit être la vie chrétienne, que de nos jours. Les vrais enfants de Dieu soupirent après la plénitude de Christ, que la plupart des chrétiens réalisent si imparfaitement. La parole de Dieu la promet, les premiers disciples l'ont glorieusement révélée, les âmes vivantes s'y cramponnent, et leur foi en la possibilité d'une telle vie provient du Saint-Esprit. Voyant qu'il ne peut pas bannir des coeurs cette vision des hauts sommets, le grand adversaire cherche à obstruer le passage qui y conduit. L'erreur, l'enseignement falsifié de la parole, le perfectionnisme, la sanctification de la chair, l'ignorance et bien d'autres causes s'accumulent pour empêcher l'âme d'atteindre ce but, comme le mirage et le brouillard empêchent le pèlerin d'arriver au terme de son voyage. À travers tous ces obstacles, l'Esprit discerne et retrouve le chemin, de sorte qu'au milieu même des ténèbres des derniers siècles, il a maintenu la conception de la vie de plénitude en Christ.

Aussi longtemps que les hommes errent dans le labyrinthe de leurs propres pensées et recouvrent la vérité du pauvre vernis de leur sagesse humaine, l'Esprit ne peut rien leur révéler. Mais aussitôt qu'ils rendent à la Parole de Dieu sa simplicité et sa suprême autorité, la vraie lumière jaillit et l'étude sérieuse et véritable de la Bible dévoile le secret d'une pleine et abondante vie en Jésus.

Notre corps est le temple du Saint-Esprit qui entre en nous à la conversion, pour habiter éternellement en nous. Le mobile de la vie de puissance est de marcher selon l'Esprit, au lieu de marcher selon la chair (Rom. VIII, 5). Et pour marcher selon l'Esprit, il est absolument nécessaire de livrer à Dieu ces vies que nous avons jusqu'ici dirigées nous-mêmes. Ces glorieuses vérités sont clairement expliquées dans la Parole de lieu, spécialement dans les épîtres de saint Paul.

Si nous marchons par l'Esprit, nous ne péchons pas (Gal. V, 16). Si nous marchons par l'Esprit, nous faisons mourir les actions du corps (Rom. VIII, 13).

Si nous marchons par l'Esprit, la loi de l'Esprit de vie nous affranchit de la loi du péché et de la mort (Rom. VIII, 2).

Si nous marchons selon l'Esprit, nous sommes fils de Dieu (Rom. VIII, 12).

Si vous êtes conduits par l'Esprit, vous n'êtes plus sous la loi (Gal. V, 18).

Si nous marchons selon l'Esprit, nous sommes transformés à l'image de Christ, de gloire en gloire (2 Cor. III, 18), et l'image de sa glorieuse vie est reproduite en nous dans tous ses traits d'amour, de joie, de paix, de longanimité, de bienveillance, de bonté, de fidélité, de douceur, de tempérance (Gal. V, 22).

En un mot, celui qui réalise la marche de l'Esprit marche en Dieu au lieu de marcher par lui-même ; pour lui, vivre c'est Christ.

La consécration de notre vie est nécessaire pour que Dieu puisse agir librement en nous. Comment le Saint-Esprit peut-il conduire, purifier, transformer, remplir et employer une vie, avant qu'elle lui soit complètement livrée ? Que peut faire le potier avec une argile qui n'est pas maniable ?

Comment Dieu peut-il façonner un être qui pleure et qui gémit sur chaque idole qu'on lui enlève, qui se désespère pour chaque affliction nécessaire, qui oppose sa volonté hostile aux coups de ciseau du divin sculpteur ?

Comment peut-il mouler, transformer, bénir ? Certainement le navire dont Dieu n'est pas le pilote est destiné à faire naufrage.

Certainement la harpe qu'il n'a pas accordée ne rendra jamais que des sons discordants et confus.

Si nos montres ont besoin de réparation, nous les donnons à l'horloger ; si nos bijoux se brisent, nous les portons au bijoutier ; si nous avons un membre cassé, nous le confions au chirurgien.

Pouvons-nous refuser à Dieu de lui remettre cette vie rachetée à un si grand prix, pour qu'il réponde à nos aspirations les plus élevées ? C'est pour cela que la parole de Dieu nous presse de céder, de céder encore, de céder toujours, de nous livrer nous-mêmes à Dieu (Rom. VI : 13, 16, 19. XII : 1), si nous voulons que son Esprit ait libre cours dans nos vies. Son dessein, de grâce, de bénédiction, et le ministère qu'il confie aux siens est complètement anéanti pour celui qui ne veut pas se livrer à lui.

Considérons la vie de Jésus-Christ. Rien n'est plus frappant que son attitude d'absolue soumission à son Père : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté » (Hébr. X, 9). Il est venu, comme il le dit lui-même, non pour faire sa propre volonté, non pour dire ses propres paroles, non pour chercher sa propre gloire, non pour enseigner ses idées. Dans toutes ces choses, il proclamait son entière soumission au Père, son renoncement complet au moi pour la direction de sa carrière terrestre. Et, s'il est vrai que le serviteur n'est pas plus que son maître, comme le Père l'a envoyé, ainsi il nous a de même envoyés. Et, si lui, le Fils de Dieu, sans tache et sans péché, a livré sa vie terrestre à son Père, à bien plus forte raison nous aussi devons-nous lui livrer nos vies. À chaque page du divin livre nous sommes exhortés à suivre les traces de Christ, et qui voudrait s'en dispenser ? Le désir de porter des fruits pour lui, n'est-ce pas un mobile suffisant pour nous presser d'imiter Jésus, et de nous donner à Dieu sans réserve ? Plusieurs de ceux qui sont sauvés ne sont pas serviteurs ; ils se réjouissent de leur salut, mais ils redoutent la mission de disciples ; ils convoitent la couronne ; mais ils repoussent la croix. Pendant que nous n'étions que pécheurs, Christ est mort pour nous (Rom. V, 8). Il est mort pour que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort pour eux (II Cor. V, 15).

Dans le premier passage, ces âmes voient le dessein de Christ de sauver, mais elles ne voient pas dans le second le dessein de Christ en nous sauvant. Elles ne voient pas qu'il est mort, non seulement pour sauver notre vie, mais afin de l'employer pour lui, non seulement pour amener des hommes dans son royaume, mais pour en faire des serviteurs du Roi. Il ne se contente pas de pécheurs sauvés, il lui faut des saints consacrés. Le fait le plus étonnant de la religion de nos jours, c'est le grand nombre d'hommes et de femmes qui, sauvés par Christ, refusent de se livrer à Christ pour vivre pour lui. Ceux qui répondent de tout leur coeur avec joie à l'appel divin sont en aussi petite minorité dans nos églises que les inconvertis qui reçoivent l'Évangile. Quel mépris de l'amour de Jésus, quelle révélation du règne du moi !

Comment la vision bénie du sacrifice de Christ ne nous presse-t-elle pas de nous jeter à ses pieds avec tout ce que nous possédons, au lieu de lui marchander à regret les dons parcimonieux de notre abondance ? Aucune vérité de la parole de Dieu n'a souffert autant de contradictions que cet appel à une vie livrée, aucune n'a été plus souvent dénaturée par ceux qui se disent chrétiens. Elle a été affligée du douloureux insuccès de ses messagers et de l'inconcevable légèreté de ceux qui parlaient de la consécration comme d'un vain mot, et des réunions de consécration le sourire aux lèvres.

Malgré tout, cette vérité reste là comme l'acte suprême de la vie du croyant, comme le principe d'un service plein de succès et de bénédictions. Beaucoup d'enfants de Dieu se contentent de quelques actes isolés qui doivent plaire au Seigneur, et ils trouvent de la joie à le suivre aussi longtemps que ses plans leur conviennent.

Mais quand il faut marcher dans la nuit, supporter et accomplir des choses qui répugnent à leur volonté propre, ils s'arrêtent et cherchent des exceptions à la volonté de Dieu. C'est alors qu'un acte décisif de consécration est de grande valeur, car il implique la condition de faire et de souffrir tout ce que Dieu veut, en tout temps, comme étant ce qu'il a de meilleur pour nous. Et si nous sommes appelés à marcher dans le crépuscule d'une foi simple et absolue ; si les voies de Dieu semblent douloureuses, nous le suivrons avec autant de confiance dans la nuit de la foi que dans la lumière de la vue. Nous retournerons en arrière, nous souvenant du moment où nous lui avons remis la responsabilité de notre existence ; nous nous rappellerons sa fidélité et sa puissance pour garder tous ceux qui se confient en lui !

Laissons donc paisiblement notre vie au pied de la Croix, là où nous l'avons placée, une fois pour toutes, entre ces mains dont le sang a coulé, et qui sont parfaitement sûres pour la garder à sa gloire.

À celui qui nous a aimés et qui nous a lavés de nos péchés par son sang et qui a fait de nous un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père, à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! (Apo. I ; 6)

Amen.

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