EXHORTATION D'EMMANUEL A L'ÂME
SAUVÉE, PURIFIÉE, CONSOLÉE. -
NÉCESSITÉ DE L'ÉPREUVE ET DU
COMBAT QUI EMPÊCHENT LA STAGNATION
SPIRITUELLE. - « TIENS FERME JUSQU'A CE
QUE JE VIENNE. »
Au jour dit, la ville s'assembla comme le Prince
l'avait demandé ; et à l'heure
qu'Il avait fixée Il arriva sur son char
entouré de ses capitaines en grande
tenue ; ceux-ci à cheval tenaient la
droite et la gauche d'Emmanuel. Le silence se fit
dans la foule à leur arrivée, et
après l'échange des salutations et
des manifestations d'amour, le Prince
commença son discours et dit :
« Ville de l'Âme, tu
m'es extrêmement précieuse ; je
t'ai conféré de nombreux et de grands
privilèges, je t'ai discernée, je
t'ai choisie entre beaucoup, non à cause de
tes mérites mais à cause de
moi-même.
« Je t'ai rachetée de
la main de mon Père ; car en brisant sa
Loi tu tombais sous le coup du châtiment.
Puis je t'ai délivrée du joug du
tyran Diabolus, parce que je t'aime. J'ai aussi
veillé à ôter de ton Chemin ce
qui pouvait entraver ta marche vers le ciel. Je
t'ai rachetée, non avec des choses
corruptibles, mais avec mon Sang, ma Vie, pavant ta
dette et te réconciliant avec mon
Père. Je t'assure par là un
héritage glorieux dans les demeures
éternelles, où sont des choses que
l'oeil n'a point contemplées, que l'oreille
n'a jamais entendues, et qui ne sont pas
entrées au Coeur de l'homme.
« Je t'ai
délivrée de la main de tes ennemis,
auxquels tu t'étais donnée, en
'désobéissant à mon
Père. Tu étais heureuse de leur
appartenir et même de mourir sous leur loi.
Je suis venu à toi pour te réveiller
de l'abîme et te ramener des chemins qui vont
à la mort, d'abord par ma Loi, puis par mon
Évangile : la bonne nouvelle du salut.
Tu sais ce que tu étais, combien de fois tu
t'es rebellée contre mon Père et
contre moi ; cependant je ne t'ai pas
abandonnée comme tu le vois
aujourd'hui : je t'ai attendue, je t'ai
pardonnée, je t'ai reçue par
grâce, par faveur, n'acceptant pas que tu te
perdisses, ce dont tu ne te souciais pas
toi-même. Je t'ai entourée ; je
t'ai affligée ; j'ai ramené ton
Coeur par la souffrance pour le conduire à
choisir ce qui est ton bien et ton bonheur.
Considère aussi quelle compagnie
de l'armée céleste j'ai logé
dans tes murs : les troupes royales sont dans
ta citadelle au Coeur de la cité ;
elles ont combattu pour toi dans toutes tes
détresses. Chacun d'eux travaille à
te défendre, à te purifier, à
te fortifier, te préparant ainsi pour moi
afin que tu puisses paraître en la
Présence de mon Père et soutenir
l'éclat de sa gloire ; car c'est pour
cela que tu as été
créée, pour cette haute
destinée.
Tu sais que j'ai pardonné tes
retours en arrière, tes défaillances.
Certes, j'en ai ressenti de l'indignation ;
mais mon indignation est tombée sur tes
ennemis, et toi je t'ai pardonnée, je t'ai
guérie.
À cause de tes
péchés, de ton oubli, j'ai
caché ma Face, je me suis retiré de
toi, et ce ne sont pas tes mérites qui m'ont
ramené vers toi. Même loin de toi
cependant, je ne t'oubliai point. J'ai
dressé comme une haie autour de toi quand je
t'ai vue poursuivre des choses dans lesquelles je
ne pouvais trouver plaisir. J'ai changé ce
qui te paraissait doux en amertume, ton jour en
nuit, le chemin facile en sentier épineux,
à la confusion de tes ennemis qui voulaient
ta ruine. C'est moi qui ai envoyé M. Crainte
de Dieu dans tes murs, c'est mol qui ai
réveillé ta conscience, ton
intelligence, ta volonté, tes affections,
lorsque tu m'eus oublié pour un temps. Je
t'ai mis au Coeur de me chercher avec soin, je t'ai
fait comprendre qu'en me trouvant tu trouvais aussi
ton propre bonheur : ta santé, ton
salut. C'est moi qui t'ai donné la force de
résister aux Diaboloniens et de les
vaincre ; c'est moi qui les ai taillés
en pièces devant ta face.
« Je suis revenu à toi
dans la paix ; j'ai effacé tes
transgressions. Il n'en sera plus maintenant comme
aux jours d'autrefois, ton avenir surpassera
infiniment ce que tu as connu jusqu'ici. Encore un
peu de temps et je viendrai te chercher et te
transporter dans la Maison du Père où
tu connaîtras une puissance et une gloire qui
dépassent infiniment ce que tu peux imaginer
ou concevoir ici-bas. Tu deviendras son habitation,
à quoi tu étais destinée
lorsque tu fus créée au sein de
l'Univers, et tu seras en étonnement, en
admiration pour tous, tu seras un monument de la
Grâce qui subsistera toujours. Dans la Maison
du Père, tu verras ce qui dépasse
infiniment ton horizon pendant que tu habites cette
enceinte, et tu égaleras ceux qui
actuellement sont d'un rang supérieur au
tien. Là tu auras une parfaite communion
avec moi, avec le Père et le Conseiller
royal, communion dont tu ne peux jouir dans sa
plénitude ici-bas.
Là, tu n'auras plus à
craindre les meurtriers.
Là, plus de complots contre toi,
plus d'ennemis cherchant ta ruine.
Là, plus de mauvaises nouvelles,
plus de messagers de Satan avec leurs menaces et
leurs méchants desseins.
Là, tu ne verras plus leurs
étendards, tu n'entendras plus leurs cris de
guerre, tu n'auras plus besoin d'armée et de
gardes.
Là, plus de deuil, de tristesse.
Là, les Diaboloniens ne pourront plus se
dissimuler, se terrer dans tes murailles, ramper
dans ta demeure. Tu jouiras d'une vie nouvelle,
infiniment douce, et dégagée
dès misères que tu connais
actuellement.
« Tu rencontreras dans la
Demeure du Père beaucoup d'autres
pèlerins qui ont connu, eux aussi, la
douleur, la tristesse, les combats. Je les ai aussi
élus et rachetés, mis à part
pour la Cité royale et la Maison de mon
Père. Et vous vous réjouirez
ensemble.
« Enfin mon Père et moi
nous avons préparé pour toi des
trésors jamais encore vus depuis la
fondation du monde ; ils sont scellés
jusqu'au moment que tu seras dans la demeure de mon
Père. Ceux qui habitent cette demeure
t'aiment déjà et se
réjouissent déjà à
cause de toi. Combien plus encore quand tu seras
glorifiée et exaltée.
Je t'ai montré quelle est la
gloire qui t'attend, si tu m'écoutes, si tu
comprends. Et maintenant je vais te montrer ce que
tu dois faire jusqu'à ce que je revienne te
prendre avec moi.
« Je te conseille de garder
tes vêtements blancs, ils sont de fin
lin ; garde-les blancs et purs. Fais-le. Ce
sera ta sagesse, ton honneur ; ce sera aussi
ma gloire. Tant que tes vêtements sont
blancs, le monde sait que tu es à moi. Et
moi je me réjouis en tes voies, car alors tu
es lumière, comme l'éclair qui
sillonne la nue, et ceux que tu côtoies en
sont forcément éblouis. Que ton
vêtement soit donc celui que j'aime, et que
tes pieds suivent le sentier de ma Loi...
Tu sais que j'ai ouvert pour toi une
fontaine où tu peux laver tes
vêtements. Veille à les y laver
souvent. Ce serait un déshonneur pour moi
que tu te promènes en vêtements
souillés, et ce serait aussi pour ton
malheur. Ne permets pas que les vêtements que
je te donne soient souillés par la chair.
Garde tes vêtements blancs, et oins ta
tête d'huile.
Je t'ai entourée de compassions,
je t'ai aimée, je t'ai rachetée, je
t'ai délivrée de tes ennemis. Que te
demandé-je en retour ? Ceci : Ne
me rends pas le mal pour le bien ; que la
pensée de mon amour pour toi te suive,
t'amène à toujours suivre mes
sentiers. Et il convient que tu le fasses
étant l'objet d'une si grande
Faveur.
J'ai été mort. Et
maintenant je vis. Je vis afin que tu ne meures
point. Je t'ai réconciliée avec mon
Père par le sang de ma croix ;
étant réconciliée, tu vis par
moi. Je prie pour toi, je combats pour toi, je
t'entoure de ma bonté.
Rien ne peut te nuire que le
péché. Rien ne peut m'attrister que
le péché. Rien ne peut t'avilir aux
yeux de tes ennemis que le péché.
Prends garde de ne point pécher.
Je laisse encore subsister quelques
Diaboloniens en tes murs, et c'est pour ton bien.
C'est pour que tu restes sur tes gardes, et c'est
aussi pour éprouver ton amour, pour que tu
deviennes vigilante, pour que tu apprécies
toujours davantage mes chefs, mes soldats, ma
miséricorde.
C'est aussi pour que tu te souviennes du
misérable état dans lequel tu
étais tombée, lorsque les
Diaboloniens et leur Chef régnaient sur toi
et qu'ils occupaient la forteresse.
Si tous tes ennemis intérieurs
étaient détruits, tu t'endormirais et
deviendrais une proie facile pour tes ennemis du
dehors.
Je laisse donc quelques Diaboloniens en
tes murs, non pour qu'ils te nuisent (ce qu'ils
feront certainement si tu les sers), mais pour ton
bien. Sache donc que quelles que soient les
tentations semées sous tes pas, le
résultat doit être de te conduire plus
près du Père, de t'enseigner à
combattre, de te conduire à prier davantage,
et de te diminuer à tes propres yeux ;
donc de te garder de l'orgueil. Écoute
soigneusement rues instructions.
Veille à ne point écouter
l'ennemi qui reste en tes murs ; tu ne le
laisseras pas te détourner de moi. Montre
ton amour, en restant fidèle à celui
qui t'a rachetée. Que la vue d'un ennemi
augmente ton amour pour moi. Sois
fidèle ; et moi je suis ton Avocat
auprès du Père. Aime-moi en
surmontant la tentation, et moi je t'aimerai
malgré tes infirmités.
Souviens-toi de ce que mes Chefs, mon
Armée, mes Armes ont fait pour toi. Sans
leur secours, Diabolus t'eût
dévorée. Veille donc à leur
entretien ; nourris-les. Fais-tu le bien, ils
se portent bien ; fais-tu le mal, ils se
portent mal, sont malades et affaiblis. Ne les
rends pas malades, tu les affaiblirais, et s'ils
sont faibles, comment serais-tu forte ? Veille
à ne pas te laisser guider par tes sens, par
les émotions, mais tu dois vivre de ma
Parole. Même quand je t'aurai quittée,
sache que je ne t'oublie pas et que tu es dans mon
Coeur à toujours.
« Souviens-toi donc que je
t'aime. Je t'ai commandé de veiller, de
lutter, de prier, de combattre l'ennemi ; et
maintenant je te commande de croire que mon amour
est toujours avec toi, qu'il t'environne
constamment.
« O Cité de
l'Âme, tu es dans mon Coeur, et tu as mon
amour. Sois vigilante. Voici, je ne place sur toi
aucun autre fardeau :
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