On trouvera dans ce livre, pour la
première fois, un exposé
détaillé de la façon dont peut
agir, dans la vie des enfants, le mouvement des
« Groupes d'Oxford ». À
mesure que les parents et les éducateurs
font plus profondément l'expérience
du Christ, cela transforme leurs rapports avec les
petits confiés à leurs soins.
D'année en année, nous assistons
à cette transformation. Parmi tant de champs
divers où se manifeste l'activité des
Groupes, il n'en est guère de plus
captivant, de Plus riche en promesses pour
l'avenir.
L'auteur, Miss Olive Jones, est une grande
éducatrice, connue un peu partout. Pendant
plus de vingt ans elle s'est occupée des
écoles spéciales de New York
où l'on reçoit les jeunes
délinquants. Elle a étudié les
problèmes de la conduite morale avec une
science et une expérience hors de pair. En
1923, elle fut nommée présidente de
l'Association pour l'Éducation Nationale aux
États-Unis. Elle a participé à
une foule de Congrès nationaux et
internationaux. Son nom est bien connu de tous ceux
qui s'occupent de pédagogie.
Seulement - elle va vous le dire
elle-même - au moment où elle est
venue à nous, elle n'aurait pas pu
écrire un livre comme celui-ci. Elle
n'aurait pu donner qu'un traité technique
d'éducation religieuse, irréprochable
du point de vue pédagogique, mais
dénué de valeur spirituelle. Un des
effets merveilleux du mouvement des Groupes, c'est
qu'il agit sur
chaque individu en s'appuyant justement sur ses
besoins personnels. Miss Jones était une
grande autorité en matière
pédagogique, elle rendait de grands services
à la société, elle croyait
à la valeur de la religion, mais il lui
manquait la vie intérieure,
l'expérience spirituelle. J'ai l'idée
qu'un des plus grands dangers pour
l'éducation religieuse, c'est de s'imaginer
qu'il suffit pour la donner de connaître les
faits religieux et les méthodes
pédagogiques. Il faut y joindre un
troisième facteur, essentiel,
l'expérience personnelle dans l'âme de
l'éducateur. Un peu plus de deux ans
après l'arrivée de Miss Jones
à l'Eglise du Calvaire, nous lui
demandâmes de prendre en main la direction de
notre École. Durant ces deux années,
Miss Jones s'était développée
spirituellement, après avoir passé
par une véritable conversion, tout comme les
enfants dont elle nous parle ici. C'est, j'ose le
dire, un événement
considérable, lorsqu'une personne
douée d'une telle capacité, d'une si
riche expérience, et d'une si puissante
volonté, se donne à Dieu, apprend
à vivre sous Sa direction, et à
fondre sa propre vie avec celle d'un groupe de
chrétiens qui est en train de retrouver,
pour notre génération, l'éclat
merveilleux de la première
génération chrétienne. De cet
événement j'ai été le
témoin, j'en ai pu saisir toute
l'influence.
Durant l'été de 1928, au
moment d'inaugurer notre nouvelle Maison de
paroisse, je reçus de Dieu la direction de
m'adresser à Miss Jones, pour lui proposer
de se charger d'administrer notre Maison et notre
École. Je ne connaissais nullement sa
situation pécuniaire. je savais seulement que la
nôtre nous interdisait de lui offrir aucun
traitement, et je lui dis que nous lui demandions
de travailler pour rien. Elle partit en vacances
pour six semaines, emportant cette proposition dans
sa tête. Elle revint, prête à
entrer en fonctions le 1er octobre. Ce que Dieu
ordonne, Il le donne. La voie s'ouvrait devant
nous.
L'École du dimanche dont Miss Jones
prenait la direction avait été
nombreuse et bien suivie au temps de mon
prédécesseur. Mais pendant quelques
années, où nous n'avions pas de
Maison de paroisse, et où un grand nombre de
familles avaient quitté le quartier, on ne
comptait plus en moyenne qu'une quarantaine
d'enfants chaque dimanche. Je savais que le
problème le plus grave n'était pas le
nombre des présences. Le véritable
problème était d'apporter à
l'École une force religieuse capable
d'attirer les enfants et de les transformer.
Jusqu'alors les enfants venaient par habitude,
irrégulièrement, et sans entrain. Les
groupes étaient répandus un peu
partout dans l'église : il y avait du
désordre, les enfants faisaient du bruit et
n'écoutaient pas. Aujourd'hui l'attention
est parfaite, l'assistance régulière,
la joie et le respect se lisent sur les visages,
parce que tous suivent et comprennent. La
discipline ne laisse rien à désirer,
et elle résulte spontanément de la
vie spirituelle des enfants eux-mêmes. Il y a
140 élèves inscrits, et une centaine
en moyenne de présents. Les moniteurs et
monitrices, qui n'étaient pas à la
hauteur, et dont bien peu avaient saisi le Christ
en eux, sont maintenant bien armés pour leur
tâche. Leur but essentiel n'est plus
d'inculquer des renseignements sur la religion,
mais bien de partager avec les
enfants de leur groupe leur propre vie religieuse,
de les amener au contact du Christ vivant, par de
petites leçons sans doute et des moments
d'adoration, mais avant tout par la prière
silencieuse où l'on cherche la direction de
Dieu. Nous avons découvert avec
étonnement que la pratique du silence
n'était pas du tout au-dessus de la
portée des enfants, mais qu'ils y
étaient à leur aise comme des
poissons dans l'eau.
Comme vous allez le voir, ce livre ne se
borne pas à montrer comment il faut s'y
prendre pour qu'une école du dimanche soit
ce qu'elle doit être. il s'occupe aussi des
rapports entre parents et enfants à la
maison. Que de récits émouvants nous
avons entendus, dans des réunions de Groupe,
lorsque des parents nous ont raconté,
souvent d'une façon très drôle,
comment leurs enfants ont eu leur vie
transformée par l'action des Groupes, et
comment leur propre vie a été
transformée par l'action de leurs
enfants ! Le recueillement en famille produit
deux résultats, l'un et l'autre
indispensables pour que la famille soit vraiment
unie : d'une part, la collaboration positive
des enfants au culte de famille ; d'autre
part, la liquidation définitive de ces
sentiments cachés, ces projets
inavoués, ces malentendus, ces refoulements,
qui suscitent tant de cachotteries de la part des
enfants et qui les isolent de leurs parents,
justement sur les points délicats où
leurs parents pourraient leur être d'un si
grand secours. Un bon nombre des enfants dont vous
allez entendre parler sont à l'heure qu'il
est de jeunes adolescents. Eh! bien, la confiance
parfaite et fondée sur le Christ qui
règne entre eux et leurs parents est la
garantie qu'ils échapperont
aux tourments et à l'isolement moral de
l'adolescence ordinaire. Nous sommes nombreux
à espérer que la discipline des
Groupes, dans les familles, va créer un
milieu nouveau où les enfants pourront se
développer librement, sans éprouver
jamais ces craintes et ces refoulements qui les
entraînaient à tant de vices et
à tant de crimes, et les rendaient si
souvent insociables. Ils pourront avoir, dès
le début, une personnalité bien
équilibrée, une âme joyeuse et
saine. Je dis : « Ils
pourront... » N'oublions pas que
l'atmosphère morale ne peut pas à
elle seule créer la personnalité.
Chez les enfants élevés dans les
Groupes, comme chez les autres, surgissent des
anomalies. Pour en venir à bout, il faut,
exactement comme chez les adultes, une
décision spirituelle, une
« conversion » de
l'âme.
Ce petit livre m'apparaît comme un
phare qui va guider et conduire au port bien des
parents, bien des éducateurs, qui
jusque-là cherchaient dans les
ténèbres un moyen d'amener leurs
enfants à saisir le Christ. Je demande
à Dieu de le répandre et de le faire
lire au près et au loin. Personne
n'était mieux qualifié pour
l'écrire que Miss Jones. Moi qui connais
personnellement la plupart des enfants dont elle
parle ici, et qui sont les enfants les plus heureux
que j'aie jamais rencontrés, comment ne
souhaiterais-je pas que le monde soit rempli de
pareils enfants, grâce auxquels le monde
serait transfiguré !
Église du Calvaire
Cité de New York
Samuel SHOEMAKER junior
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