Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE

-------

On trouvera dans ce livre, pour la première fois, un exposé détaillé de la façon dont peut agir, dans la vie des enfants, le mouvement des « Groupes d'Oxford ». À mesure que les parents et les éducateurs font plus profondément l'expérience du Christ, cela transforme leurs rapports avec les petits confiés à leurs soins. D'année en année, nous assistons à cette transformation. Parmi tant de champs divers où se manifeste l'activité des Groupes, il n'en est guère de plus captivant, de Plus riche en promesses pour l'avenir.

L'auteur, Miss Olive Jones, est une grande éducatrice, connue un peu partout. Pendant plus de vingt ans elle s'est occupée des écoles spéciales de New York où l'on reçoit les jeunes délinquants. Elle a étudié les problèmes de la conduite morale avec une science et une expérience hors de pair. En 1923, elle fut nommée présidente de l'Association pour l'Éducation Nationale aux États-Unis. Elle a participé à une foule de Congrès nationaux et internationaux. Son nom est bien connu de tous ceux qui s'occupent de pédagogie.

Seulement - elle va vous le dire elle-même - au moment où elle est venue à nous, elle n'aurait pas pu écrire un livre comme celui-ci. Elle n'aurait pu donner qu'un traité technique d'éducation religieuse, irréprochable du point de vue pédagogique, mais dénué de valeur spirituelle. Un des effets merveilleux du mouvement des Groupes, c'est qu'il agit sur chaque individu en s'appuyant justement sur ses besoins personnels. Miss Jones était une grande autorité en matière pédagogique, elle rendait de grands services à la société, elle croyait à la valeur de la religion, mais il lui manquait la vie intérieure, l'expérience spirituelle. J'ai l'idée qu'un des plus grands dangers pour l'éducation religieuse, c'est de s'imaginer qu'il suffit pour la donner de connaître les faits religieux et les méthodes pédagogiques. Il faut y joindre un troisième facteur, essentiel, l'expérience personnelle dans l'âme de l'éducateur. Un peu plus de deux ans après l'arrivée de Miss Jones à l'Eglise du Calvaire, nous lui demandâmes de prendre en main la direction de notre École. Durant ces deux années, Miss Jones s'était développée spirituellement, après avoir passé par une véritable conversion, tout comme les enfants dont elle nous parle ici. C'est, j'ose le dire, un événement considérable, lorsqu'une personne douée d'une telle capacité, d'une si riche expérience, et d'une si puissante volonté, se donne à Dieu, apprend à vivre sous Sa direction, et à fondre sa propre vie avec celle d'un groupe de chrétiens qui est en train de retrouver, pour notre génération, l'éclat merveilleux de la première génération chrétienne. De cet événement j'ai été le témoin, j'en ai pu saisir toute l'influence.

Durant l'été de 1928, au moment d'inaugurer notre nouvelle Maison de paroisse, je reçus de Dieu la direction de m'adresser à Miss Jones, pour lui proposer de se charger d'administrer notre Maison et notre École. Je ne connaissais nullement sa situation pécuniaire. je savais seulement que la nôtre nous interdisait de lui offrir aucun traitement, et je lui dis que nous lui demandions de travailler pour rien. Elle partit en vacances pour six semaines, emportant cette proposition dans sa tête. Elle revint, prête à entrer en fonctions le 1er octobre. Ce que Dieu ordonne, Il le donne. La voie s'ouvrait devant nous.

L'École du dimanche dont Miss Jones prenait la direction avait été nombreuse et bien suivie au temps de mon prédécesseur. Mais pendant quelques années, où nous n'avions pas de Maison de paroisse, et où un grand nombre de familles avaient quitté le quartier, on ne comptait plus en moyenne qu'une quarantaine d'enfants chaque dimanche. Je savais que le problème le plus grave n'était pas le nombre des présences. Le véritable problème était d'apporter à l'École une force religieuse capable d'attirer les enfants et de les transformer. Jusqu'alors les enfants venaient par habitude, irrégulièrement, et sans entrain. Les groupes étaient répandus un peu partout dans l'église : il y avait du désordre, les enfants faisaient du bruit et n'écoutaient pas. Aujourd'hui l'attention est parfaite, l'assistance régulière, la joie et le respect se lisent sur les visages, parce que tous suivent et comprennent. La discipline ne laisse rien à désirer, et elle résulte spontanément de la vie spirituelle des enfants eux-mêmes. Il y a 140 élèves inscrits, et une centaine en moyenne de présents. Les moniteurs et monitrices, qui n'étaient pas à la hauteur, et dont bien peu avaient saisi le Christ en eux, sont maintenant bien armés pour leur tâche. Leur but essentiel n'est plus d'inculquer des renseignements sur la religion, mais bien de partager avec les enfants de leur groupe leur propre vie religieuse, de les amener au contact du Christ vivant, par de petites leçons sans doute et des moments d'adoration, mais avant tout par la prière silencieuse où l'on cherche la direction de Dieu. Nous avons découvert avec étonnement que la pratique du silence n'était pas du tout au-dessus de la portée des enfants, mais qu'ils y étaient à leur aise comme des poissons dans l'eau.

Comme vous allez le voir, ce livre ne se borne pas à montrer comment il faut s'y prendre pour qu'une école du dimanche soit ce qu'elle doit être. il s'occupe aussi des rapports entre parents et enfants à la maison. Que de récits émouvants nous avons entendus, dans des réunions de Groupe, lorsque des parents nous ont raconté, souvent d'une façon très drôle, comment leurs enfants ont eu leur vie transformée par l'action des Groupes, et comment leur propre vie a été transformée par l'action de leurs enfants ! Le recueillement en famille produit deux résultats, l'un et l'autre indispensables pour que la famille soit vraiment unie : d'une part, la collaboration positive des enfants au culte de famille ; d'autre part, la liquidation définitive de ces sentiments cachés, ces projets inavoués, ces malentendus, ces refoulements, qui suscitent tant de cachotteries de la part des enfants et qui les isolent de leurs parents, justement sur les points délicats où leurs parents pourraient leur être d'un si grand secours. Un bon nombre des enfants dont vous allez entendre parler sont à l'heure qu'il est de jeunes adolescents. Eh! bien, la confiance parfaite et fondée sur le Christ qui règne entre eux et leurs parents est la garantie qu'ils échapperont aux tourments et à l'isolement moral de l'adolescence ordinaire. Nous sommes nombreux à espérer que la discipline des Groupes, dans les familles, va créer un milieu nouveau où les enfants pourront se développer librement, sans éprouver jamais ces craintes et ces refoulements qui les entraînaient à tant de vices et à tant de crimes, et les rendaient si souvent insociables. Ils pourront avoir, dès le début, une personnalité bien équilibrée, une âme joyeuse et saine. Je dis : « Ils pourront... » N'oublions pas que l'atmosphère morale ne peut pas à elle seule créer la personnalité. Chez les enfants élevés dans les Groupes, comme chez les autres, surgissent des anomalies. Pour en venir à bout, il faut, exactement comme chez les adultes, une décision spirituelle, une « conversion » de l'âme.

Ce petit livre m'apparaît comme un phare qui va guider et conduire au port bien des parents, bien des éducateurs, qui jusque-là cherchaient dans les ténèbres un moyen d'amener leurs enfants à saisir le Christ. Je demande à Dieu de le répandre et de le faire lire au près et au loin. Personne n'était mieux qualifié pour l'écrire que Miss Jones. Moi qui connais personnellement la plupart des enfants dont elle parle ici, et qui sont les enfants les plus heureux que j'aie jamais rencontrés, comment ne souhaiterais-je pas que le monde soit rempli de pareils enfants, grâce auxquels le monde serait transfiguré !
Église du Calvaire
Cité de New York

Samuel SHOEMAKER junior

- Table des matières Chapitre suivant