Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VII

Hommes frères, que ferons-nous ?

(Nota : Adressé aux pasteurs des églises Réformées)

-------

L'existence du Réveil de Pentecôte soulève de graves problèmes auxquels les dirigeants des églises chrétiennes se doivent de donner des solutions de vérité et de sagesse.
La conclusion qui se dégage de notre travail est que le Réveil de Pentecôte doit être connu et étudié. Nous avons essayé d'y contribuer pour notre part. Mais il y a là une tâche qui doit être poursuivie et approfondie. Les pasteurs ne peuvent pas garder le silence en présence de leurs troupeaux, qui veulent savoir, et qui veulent obéir à Dieu. S'il était vrai que le Réveil de Pentecôte ne fût pas de Dieu, et que l'Évangile Foursquare ne fût pas celui que prêchait saint Paul, le pur Évangile de Christ, dès que je connaîtrais mon erreur, je serais prêt à dire de M. Jeffreys lui-même : qu'il soit anathème ! Mais en l'état actuel des choses, je ne puis dire ce que je ne crois pas, et la ligne de conduite que j'aimerais voir suivie par nos troupeaux protestants serait à peu près la suivante. Que ceux qui lisent sachent seulement que nul n'est infaillible, et qu'ils veuillent bien soumettre mes conseils au jugement du pasteur qui dirige l'église dont ils sont membres, à celui des autres théologiens qu'ils pourront lire, et par-dessus tout au jugement du Saint-Esprit, par l'étude de la Bible et la prière.

Que nous le voulions ou non, un mouvement de Pentecôte existe en France, sous la direction de M. Douglas Scott. Il comprend actuellement quelques centaines de personnes sorties du catholicisme, de la libre-pensée ou du communisme Il me semble que nous devons nous réjouir de ces conversions, et tendre à ces frères la main d'association. Protestants nouveau-nés, que diront-ils si les protestants de longue date leur tournent le dos ? Est-ce là la charité chrétienne ? « Quelle est donc votre religion, me demandait un ex-communiste converti à Jésus-Christ par l'église de Pentecôte à Rouen. Avez-vous, comme nous, la Parole de Dieu, ajouta-t-il ? ». Je lui dis que j'étais pasteur chez des gens dont les ancêtres avaient versé leur sang pour la Parole de Dieu : quelle belle fraternité, alors entre lui et moi ! Qu'on lise le début des Actes : en je ne sais combien de passages, la joie est associée au fait qu'il y a de nouvelles conversions (Actes. 2: 46, 8: 8, 8: 39, 11: 23, 13: 48, 15: 3). Lorsque Paul et Barnabas racontent la conversion des païens, « ils causèrent une grande joie à tous les frères ». Faut-il que les protestants français soient toujours tristes ? Oh ! sachons, frères, nous réjouir, parce que l'on peut vous raconter de belles conversions au Seigneur Jésus, au Havre, à Rouen, à Calais, ailleurs encore. Surtout, ne soyons pas fâchés, comme si on nous coupait l'herbe sous le pied. Il reste des millions de Français qui n'ont jamais entendu la bonne nouvelle de Jésus. Il y a encore du travail pour nous, pour nos frères salutistes et pour tant d'autres. Et quelle force si nous faisons ce travail la main dans la main.

M. Scott ou d'autres évangélistes de Pentecôte acceptent de faire des campagnes d'appel dans les Églises protestantes pour réveiller les indifférents, et, si possible, attirer ceux du dehors à Christ par le moyen de ces Églises. Dans ce cas, les évangélistes de Pentecôte prêchent uniquement la conversion, et ils remettent aux pasteurs qui les ont appelés, le soin de conduire les âmes converties. Il y a là une grande largeur, puisqu'ils ne parlent pas aux fidèles de doctrines qui leur sont chères, comme le baptême d'eau par immersion et le baptême du Saint-Esprit. Ces missions ne peuvent donc en aucun cas conduire à des dissidences par la faute des évangélistes de Pentecôte. Ceux-ci sont assez sages pour ne pas ouvrir une assemblée nouvelle dans une bourgade ou un village qui possèdent une Église réformée ; leur tâche parmi les catholiques d'origine est assez vaste pour qu'ils n'aient pas de temps à perdre dans des entreprises aussi mesquines.
Le seul trait qui rappelle les doctrines spéciales du mouvement de Pentecôte, dans ces campagnes en collaboration avec les pasteurs, est l'imposition des mains publiquement faite aux malades. Cette pratique choque beaucoup de pasteurs et d'anciens d'Église. Elle n'est pas dans nos traditions, quoique la guérison divine y soit entièrement. On comprend très bien que beaucoup d'Églises craindront de faire appel à cette collaboration ; nul ne les y force, nul ne les blâmera de leur prudence. Mais je voudrais demander à ces églises d'user de charité et de modération également, à l'égard des églises plus hardies qui ont accepté la collaboration des évangélistes du Réveil de Pentecôte. L'expérience a déjà prouvé, à Privas, à Loriol et à Nîmes, que ces campagnes amènent des conversions et un souffle de Réveil dans nos églises, sans qu'il en soit résulté, à ma connaissance, aucun inconvénient. Que, chaque Église agisse selon sa conviction à cet égard, mais je ne puis que lancer un vigoureux appel pour que la fraternité entre nous ne soit point rompue, ni même entamée, à cause de ces campagnes de Réveil.

Les fidèles et les pasteurs vont se demander de plus en plus si Dieu ne tient pas pour eux en réserve un baptême du Saint-Esprit analogue à celui des membres des Églises foursquare des autres pays ? Question troublante, en apparence au moins. Je dis : en apparence, car si nos églises étaient en état de Réveil sans connaître ce baptême de feu, elles pourraient se demander à bon droit si le témoignage du Réveil de Pentecôte est authentique. Mais nos Églises, à part quelques exceptions, n'ont pas le Réveil, et beaucoup soupirent après un renouveau des triomphes de la Parole de Dieu. Le baptême dans le Saint-Esprit ne serait-il pas la réponse à toutes les prières qui sont montées vers Dieu pour un Réveil, à toutes les larmes qui ont été versées devant lui par les âmes qui souffrent de l'état si triste des églises ?
Ici, certes, une grande prudence est nécessaire. Je me permettrai encore quelques conseils.

Dans des églises déjà établies comme les nôtres, et où le groupe des âmes appelées à se convertir se recrute d'abord par la naissance, le problème est beaucoup plus délicat que dans les églises que George Jeffreys par exemple bâtit de toutes pièces, en n'employant que des pièces neuves. Pour nos églises établies, je crois que l'ordre divin est que les pasteurs reçoivent le baptême du Saint-Esprit avant les fidèles, car les maux qui résulteraient d'une conduite contraire seraient plus grands que le bien souhaité. II ne faut jamais qu'il y ait des charismes sans ministère, tel est le principe fondamental, grâce auquel tout dans l'Église se fait avec bienséance et avec ordre. Pour nous qui avons un ministère, mais peu de charismes surnaturels, l'ordre divin est que les dons surnaturels reviennent par le moyen des pasteurs.

Nous conseillerons donc fortement aux fidèles qui approuveraient le Réveil de Pentecôte, mais qui auraient des pasteurs opposés à ce témoignage, de n'en concevoir aucune amertume contre eux. Les croyants convertis doivent obéir à leurs conducteurs spirituels et avoir pour eux de la déférence (Hébreux 13: 17) ; ce principe ne souffre pas d'exception. Que ces fidèles évitent de se réunir à part de leur pasteur : ils seraient, dans le principe même, en désobéissance envers Dieu, et ne pourraient recevoir aucune grâce surnaturelle (Actes 5: 32). Ce que les croyants placés dans cette situation doivent faire, c'est de prier pour que Dieu fasse toute sa volonté dans le coeur de ses serviteurs ; de prier pour qu'il y ait un Réveil ; et de se consacrer eux-mêmes à Dieu pour cela. Combien de chrétiens critiquent les pasteurs parce qu'il n'y a pas de Réveil : et cependant ces chrétiens sont médisants, ou bien ils ne donnent même pas la dîme de leurs revenus pour l'oeuvre du Seigneur Jésus, ou bien leur coeur est resté attaché au monde, à ses fausses élégances et à ses vanités. Que ces chrétiens-là n'aillent pas brandir le baptême du Saint-Esprit comme un nouveau prétexte pour médire de leurs pasteurs : ils ne feraient qu'aggraver leur propre péché. Au contraire. La route à suivre par tous ceux qui veulent sincèrement le Réveil est très claire : sanctifier leur vie, se mettre eux-mêmes toujours plus bas, et, sans relâche, intercéder.

Si quelque âme se trouve alors très clairement conduite par Dieu à demander le baptême du Saint-Esprit, alors qu'elle se laisse aller sans crainte aux directions d'En-haut, qui sont toujours douces et fermes. Que ce soit, pour cette âme, un secret entre Dieu et elle. Si c'est vraiment Dieu qui la pousse à demander, elle recevra sûrement, au temps voulu par Dieu, un baptême de feu. Mais que cette âme sache bien qu'elle sera alors mise à part pour servir Jésus-Christ par le témoignage d’une vie entière ; qu’elle soit prête à tout quitter, pour Lui s'Il le demande ; qu'elle soit prête à aller où le Seigneur voudra, fût-ce à l'autre extrémité de la terre, et à souffrir tout, pourvu que le nom de Jésus soit glorifié. La voie du baptême de feu n'est pas une voie de jouissance. C'est une voie d'héroïsme.

À nos collègues dans le service de Dieu, je ne puis que répéter ma certitude personnelle. Le témoignage du Réveil de Pentecôte est authentique. Dès lors il y a pour chacun de nous, en réserve, un baptême de feu plus grand peut-être que tout ce que chacun a connu jusqu'ici. Et si nous allons jusqu'au bout de l'appel divin, notre génération pourra être l'artisan d'un glorieux triomphe de l'Évangile en France. Prenons garde que si nous nous opposons au parler en langues, si, au lieu de prier et d'agir pour le Réveil, nous nous cantonnons dans nos petites réserve, nous risquons de mépriser une bénédiction qui nous est offerte, et qui a en vue le salut des autres. C'est le temps de sonder les Écritures, de prier et de demander plus que jamais le revêtement de la puissance, d'En-haut. Je voudrais pouvoir m'adresser plus spécialement aux jeunes serviteurs de Dieu et leur dire à chacun : « Combien d'âmes as-tu amenées en cette année 1932 à Jésus-Christ ? Combien en as-tu vu se convertir par le moyen de tes appels ? De combien d'unités s'est augmentée la réunion de prières dans ton église ? ». Et d'une manière plus pressante encore : « Crois-tu à la nouvelle naissance ? Y a-t-il avec toi des fidèles qui prient et luttent pour que les âmes naissent de nouveau ? » N'avons-nous donc pas besoin d'une plus grande mesure du Saint-Esprit ? Et si Dieu veut nous le donner sous des formes imprévues pour nous, voudrons ? nous pour cela arrêter le Réveil, et nous opposerons-nous à Dieu ? Certes, nul serviteur de Dieu ne le voudrait. Quelle joie de penser que tous ensemble, séparés par les distances, présents les uns aux autres devant Dieu, nous chercherons, toujours davantage la puissance du Saint-Esprit pour la conversion des âmes !

Une dernière question se pose. Si des pasteurs réformés recevaient le baptême du Saint-Esprit sous la même forme que nos frères du Réveil de Pentecôte, pourraient-ils rester dans nos Églises ?
Pourquoi pas ? Une organisation humaine, même ecclésiastique ne, peut combattre contre Dieu ; et si Dieu donne des grâces, conformes à la Bible, il n'y a pas motif à exclure : ceux qui en sont l'objet, d'Églises qui se fondent sur l'autorité souveraine de cette Bible. La difficulté commence plutôt avec les conséquences de ces grâces. Un pasteur qui croirait avoir le baptême du Saint-Esprit peut-il en parler aux fidèles ? Peut-il imposer les mains aux malades ? Qu'arrivera-t-il si le pasteur s'entoure, de fidèles ayant le même baptême de feu ? Des dangers de toute sorte les guetteront : tentations d'orgueil, de dissidence, de déviations spirituelles ou morales.

Je reconnais ces dangers. Mais j'estime que la solution qui consisterait à ne plus s'occuper de rien pour éviter les difficultés, ne me paraît pas acceptable. Je crois que si plusieurs serviteurs de Dieu traversent des expériences de Pentecôte dans un avenir rapproché, et cela me paraît devoir certainement s'accomplir, il sera de leur devoir de se réunir et de prier ensemble pour chercher les directives de l'Esprit de Dieu. Ces directives seront toujours de prudence et de sagesse. À mon sens, il n'y a aucune raison pour que ce soient des directives de dissidence. Au contraire : nos Églises sont préparées par leurs prophètes — qui, pendant une génération, ont été toute l'Église, — à faire une place en leur sein à un témoignage prophétique. De toutes manières, notre sauvegarde est la souveraineté absolue de Dieu, et la certitude qu'Il conduit pas à pas ceux qui ont renoncé à eux-mêmes pour suivre Jésus jusqu'au bout. À l'ordre du cimetière, qu'on obtient en tuant tout ce qui est vivant, sous prétexte que c'est dangereux, nous préférerons l'ordre divin qui est donné et renouvelé par une communion constante avec l'amour de Notre Père. C'est pour ceux qui s'engageront dans cette voie une très grande responsabilité en même temps qu'un privilège. Si nous avons tout accepté à l'avance pour Jésus-Christ, nous accepterons aussi cette responsabilité.
Que tous les croyants qui nous auront suivi jusqu'ici veuillent bien retenir de leur lecture au moins ceci : la nécessité de prier sans cesse pour leurs conducteurs spirituels, qui sont placés en face de tâches merveilleusement belles mais périlleuses, comme tout ce qui, sur cette terre, est vraiment vivant et noble.

Chapitre précédent Table des matières -