L'existence du Réveil de Pentecôte
soulève de graves problèmes auxquels
les dirigeants des églises
chrétiennes se doivent de donner des
solutions de vérité et de
sagesse.
La conclusion qui se dégage de notre travail
est que le Réveil de Pentecôte doit
être connu et étudié. Nous
avons essayé d'y contribuer pour notre part.
Mais il y a là une tâche qui doit
être poursuivie et approfondie. Les pasteurs
ne peuvent pas garder le silence en présence
de leurs troupeaux, qui veulent savoir, et qui
veulent obéir à Dieu. S'il
était vrai que le Réveil de
Pentecôte ne fût pas de Dieu, et que
l'Évangile Foursquare ne fût
pas celui que prêchait saint Paul, le pur
Évangile de Christ, dès que je
connaîtrais mon erreur, je serais prêt
à dire de M. Jeffreys lui-même :
qu'il soit anathème ! Mais en
l'état actuel des choses, je ne puis dire ce
que je ne crois pas, et la ligne de conduite que
j'aimerais voir suivie par nos troupeaux
protestants serait à peu près la
suivante. Que ceux qui lisent sachent seulement que
nul n'est infaillible, et qu'ils veuillent bien
soumettre mes conseils au jugement du pasteur qui
dirige l'église dont ils sont membres,
à celui des autres théologiens qu'ils
pourront lire, et par-dessus tout au jugement du
Saint-Esprit, par l'étude de la Bible et la
prière.
1°
Que nous
le voulions ou non, un mouvement de
Pentecôte existe en France, sous la
direction de M. Douglas Scott. Il comprend
actuellement quelques centaines de personnes
sorties du catholicisme, de la libre-pensée
ou du communisme Il me semble que nous devons nous
réjouir de ces conversions, et tendre
à ces frères la main d'association.
Protestants nouveau-nés, que diront-ils si
les protestants de longue date leur tournent le
dos ? Est-ce là la charité
chrétienne ? « Quelle est
donc votre religion, me demandait un ex-communiste
converti à Jésus-Christ par
l'église de Pentecôte à Rouen.
Avez-vous, comme nous, la Parole de Dieu,
ajouta-t-il ? ». Je lui dis que
j'étais pasteur chez des gens dont les
ancêtres avaient versé leur sang pour
la Parole de Dieu : quelle belle
fraternité, alors entre lui et moi !
Qu'on lise le début des Actes : en je
ne sais combien de passages, la joie est
associée au fait qu'il y a de nouvelles
conversions
(Actes.
2: 46, 8:
8, 8:
39, 11:
23, 13:
48, 15:
3). Lorsque Paul et Barnabas
racontent la conversion des païens,
« ils causèrent une grande joie
à tous les frères ».
Faut-il que les protestants français soient
toujours tristes ? Oh ! sachons,
frères, nous réjouir, parce que l'on
peut vous raconter de belles conversions au
Seigneur Jésus, au Havre, à Rouen,
à Calais, ailleurs encore. Surtout, ne
soyons pas fâchés, comme si on nous
coupait l'herbe sous le pied. Il reste des millions
de Français qui n'ont jamais entendu la
bonne nouvelle de Jésus. Il y a encore du
travail pour nous, pour nos frères
salutistes et pour tant d'autres. Et quelle force
si nous faisons ce travail la main dans la
main.
2°
M. Scott
ou d'autres évangélistes de
Pentecôte acceptent de faire des campagnes
d'appel dans les Églises protestantes pour
réveiller les indifférents, et, si
possible, attirer ceux du dehors à Christ
par le moyen de ces Églises. Dans ce
cas, les évangélistes de
Pentecôte prêchent uniquement la
conversion, et ils remettent aux pasteurs qui les
ont appelés, le soin de conduire les
âmes converties. Il y a là une grande
largeur, puisqu'ils ne parlent pas aux
fidèles de doctrines qui leur sont
chères, comme le baptême d'eau par
immersion et le baptême du Saint-Esprit. Ces
missions ne peuvent donc en aucun cas conduire
à des dissidences par la faute des
évangélistes de Pentecôte.
Ceux-ci sont assez sages pour ne pas ouvrir une
assemblée nouvelle dans une bourgade ou un
village qui possèdent une Église
réformée ; leur tâche
parmi les catholiques d'origine est assez vaste
pour qu'ils n'aient pas de temps à perdre
dans des entreprises aussi mesquines.
Le seul trait qui rappelle les doctrines
spéciales du mouvement de Pentecôte,
dans ces campagnes en collaboration avec les
pasteurs, est l'imposition des mains publiquement
faite aux malades. Cette pratique choque beaucoup
de pasteurs et d'anciens d'Église. Elle
n'est pas dans nos traditions, quoique la
guérison divine y soit entièrement.
On comprend très bien que beaucoup
d'Églises craindront de faire appel à
cette collaboration ; nul ne les y force, nul
ne les blâmera de leur prudence. Mais je
voudrais demander à ces églises
d'user de charité et de modération
également, à l'égard des
églises plus hardies qui ont accepté
la collaboration des évangélistes du
Réveil de Pentecôte.
L'expérience a déjà
prouvé, à Privas, à Loriol et
à Nîmes, que ces campagnes
amènent des conversions et un souffle de
Réveil dans nos églises, sans qu'il
en soit résulté, à ma
connaissance, aucun inconvénient. Que,
chaque Église agisse selon sa conviction
à cet égard, mais je ne puis que
lancer un vigoureux appel pour que la
fraternité entre nous ne soit point rompue,
ni même entamée, à cause de ces
campagnes de Réveil.
3°
Les
fidèles et les pasteurs vont se demander de
plus en plus si Dieu ne tient pas pour eux en
réserve un baptême du
Saint-Esprit analogue à celui des
membres des Églises foursquare
des autres
pays ? Question troublante, en apparence
au moins. Je dis : en apparence, car si nos
églises étaient en état de
Réveil sans connaître ce baptême
de feu, elles pourraient se demander à bon
droit si le témoignage du Réveil de
Pentecôte est authentique. Mais nos
Églises, à part quelques exceptions,
n'ont pas le Réveil, et beaucoup soupirent
après un renouveau des triomphes de la
Parole de Dieu. Le baptême dans le
Saint-Esprit ne serait-il pas la réponse
à toutes les prières qui sont
montées vers Dieu pour un Réveil,
à toutes les larmes qui ont
été versées devant lui par les
âmes qui souffrent de l'état si triste
des églises ?
Ici, certes, une grande prudence est
nécessaire. Je me permettrai encore quelques
conseils.
Dans des églises déjà
établies comme les nôtres, et
où le groupe des âmes appelées
à se convertir se recrute d'abord par la
naissance, le problème est beaucoup plus
délicat que dans les églises que
George Jeffreys par exemple bâtit de toutes
pièces, en n'employant que des pièces
neuves. Pour nos églises établies, je
crois que l'ordre divin est que les pasteurs
reçoivent le baptême du Saint-Esprit
avant les fidèles, car les maux qui
résulteraient d'une conduite contraire
seraient plus grands que le bien souhaité. II ne faut jamais qu'il
y ait des charismes sans
ministère, tel est le principe
fondamental, grâce auquel tout dans
l'Église se fait avec bienséance et
avec ordre. Pour nous qui avons un
ministère, mais peu de charismes
surnaturels, l'ordre divin est que les dons
surnaturels reviennent par le moyen des
pasteurs.
Nous conseillerons donc fortement aux
fidèles qui approuveraient le Réveil
de Pentecôte, mais qui auraient des pasteurs
opposés à ce témoignage, de
n'en concevoir aucune amertume contre eux. Les
croyants convertis doivent obéir à
leurs conducteurs spirituels et avoir pour eux de
la déférence
(Hébreux
13: 17) ; ce
principe ne souffre pas d'exception. Que ces
fidèles évitent de se réunir
à part de leur pasteur : ils seraient,
dans le principe même, en
désobéissance envers Dieu, et ne
pourraient recevoir aucune grâce surnaturelle
(Actes
5: 32). Ce que les croyants
placés dans cette situation doivent faire,
c'est de prier pour que Dieu fasse toute sa
volonté dans le coeur de ses
serviteurs ; de prier pour qu'il y ait un
Réveil ; et de se consacrer
eux-mêmes à Dieu pour cela. Combien de
chrétiens critiquent les pasteurs parce
qu'il n'y a pas de Réveil : et
cependant ces chrétiens sont
médisants, ou bien ils ne donnent même
pas la dîme de leurs revenus pour l'oeuvre du
Seigneur Jésus, ou bien leur coeur est
resté attaché au monde, à ses
fausses élégances et à ses
vanités. Que ces chrétiens-là
n'aillent pas brandir le baptême du
Saint-Esprit comme un nouveau prétexte pour
médire de leurs pasteurs : ils ne
feraient qu'aggraver leur propre
péché. Au contraire. La route
à suivre par tous ceux qui veulent
sincèrement le Réveil est très
claire : sanctifier leur vie, se mettre
eux-mêmes toujours plus bas, et, sans
relâche, intercéder.
Si quelque âme se trouve alors très
clairement conduite par Dieu à demander le
baptême du Saint-Esprit, alors qu'elle se
laisse aller sans crainte aux directions d'En-haut,
qui sont toujours douces et fermes. Que ce soit,
pour cette âme, un secret entre Dieu et elle.
Si c'est vraiment Dieu qui la pousse à
demander, elle recevra sûrement, au temps
voulu par Dieu, un baptême de feu. Mais que
cette âme sache bien qu'elle sera alors mise
à part pour servir Jésus-Christ par
le témoignage d’une vie
entière ; qu’elle soit prête
à tout quitter, pour Lui s'Il le
demande ; qu'elle soit prête à
aller où le Seigneur voudra, fût-ce
à l'autre extrémité de la
terre, et à souffrir tout, pourvu que le nom
de Jésus soit glorifié. La voie du
baptême de feu n'est pas une voie de
jouissance. C'est une voie
d'héroïsme.
À nos collègues dans le service de
Dieu, je ne puis que répéter ma
certitude personnelle. Le témoignage du
Réveil de Pentecôte est authentique.
Dès lors il y a pour chacun de nous, en
réserve, un baptême de feu plus grand
peut-être que tout ce que chacun a connu
jusqu'ici. Et si nous allons jusqu'au bout de
l'appel divin, notre génération
pourra être l'artisan d'un glorieux triomphe
de l'Évangile en France. Prenons garde que
si nous nous opposons au parler en langues, si, au
lieu de prier et d'agir pour le Réveil, nous
nous cantonnons dans nos petites réserve,
nous risquons de mépriser une
bénédiction qui nous est offerte, et
qui a en vue le salut des autres. C'est le temps de
sonder les Écritures, de prier et de
demander plus que jamais le revêtement de la
puissance, d'En-haut. Je voudrais pouvoir
m'adresser plus spécialement aux jeunes
serviteurs de Dieu et leur dire à
chacun : « Combien d'âmes
as-tu amenées en cette année 1932
à Jésus-Christ ? Combien en
as-tu vu se convertir par le moyen de tes
appels ? De combien d'unités s'est
augmentée la réunion de
prières dans ton
église ? ». Et d'une
manière plus pressante encore :
« Crois-tu à la nouvelle
naissance ? Y a-t-il avec toi des
fidèles qui prient et luttent pour que les
âmes naissent de nouveau ? »
N'avons-nous donc pas besoin d'une plus grande
mesure du Saint-Esprit ? Et si Dieu veut nous
le donner sous des formes imprévues pour
nous, voudrons ? nous pour cela arrêter
le Réveil, et nous opposerons-nous à
Dieu ? Certes, nul serviteur de Dieu ne le
voudrait. Quelle joie de penser que tous ensemble,
séparés par les distances,
présents les uns aux autres devant Dieu,
nous chercherons, toujours davantage la puissance
du Saint-Esprit pour la conversion des
âmes !
4°
Une
dernière question se pose. Si des pasteurs
réformés recevaient le baptême
du Saint-Esprit sous la même
forme que nos frères du
Réveil de Pentecôte, pourraient-ils
rester dans nos Églises ?
Pourquoi pas ? Une organisation humaine,
même ecclésiastique ne, peut combattre
contre Dieu ; et si Dieu donne des
grâces, conformes à la Bible, il n'y a
pas motif à exclure : ceux qui en sont
l'objet, d'Églises qui se fondent sur
l'autorité souveraine de cette Bible. La
difficulté commence plutôt avec les
conséquences de ces grâces. Un pasteur
qui croirait avoir le baptême du Saint-Esprit
peut-il en parler aux fidèles ? Peut-il
imposer les mains aux malades ?
Qu'arrivera-t-il si le pasteur s'entoure, de
fidèles ayant le même baptême de
feu ? Des dangers de toute sorte les
guetteront : tentations d'orgueil, de
dissidence, de déviations spirituelles ou
morales.
Je reconnais ces dangers. Mais j'estime que la
solution qui consisterait à ne plus
s'occuper de rien pour éviter les
difficultés, ne me paraît pas
acceptable. Je crois que si plusieurs serviteurs de
Dieu traversent des expériences de
Pentecôte dans un avenir rapproché, et
cela me paraît devoir certainement
s'accomplir, il sera de leur devoir de se
réunir et de prier ensemble pour chercher
les directives de l'Esprit de Dieu. Ces directives
seront toujours de prudence et de sagesse. À
mon sens, il n'y a aucune raison pour que ce soient
des directives de dissidence. Au contraire :
nos Églises sont préparées par
leurs prophètes — qui, pendant une
génération, ont été
toute l'Église, — à faire une
place en leur sein à un témoignage
prophétique. De toutes manières,
notre sauvegarde est la souveraineté absolue
de Dieu, et la certitude qu'Il conduit pas à
pas ceux qui ont renoncé à
eux-mêmes pour suivre Jésus jusqu'au
bout. À l'ordre du cimetière, qu'on
obtient en tuant tout ce qui est vivant, sous
prétexte que c'est dangereux, nous
préférerons l'ordre divin qui est
donné et renouvelé par une communion
constante avec l'amour de Notre Père. C'est
pour ceux qui s'engageront dans cette voie une
très grande responsabilité en
même temps qu'un privilège. Si nous
avons tout accepté à l'avance pour
Jésus-Christ, nous accepterons aussi cette
responsabilité.
Que tous les croyants qui nous auront suivi
jusqu'ici veuillent bien retenir de leur lecture au
moins ceci : la nécessité de
prier sans cesse pour leurs conducteurs spirituels,
qui sont placés en face de tâches
merveilleusement belles mais périlleuses,
comme tout ce qui, sur cette terre, est vraiment
vivant et noble.
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