Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AVANT-PROPOS

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Tous les regards sont tournés vers l'Allemagne mystérieuse et menaçante. C'est d'elle que ce livre nous parle. Il est donc actuel. Mais il nous parle d'une Allemagne que nous risquons fort d'oublier. Il nous parle de l'Allemagne chrétienne. Car, bien qu'enchaînée, elle existe et ce livre nous montre sa lutte, sa foi, ses souffrances.

Nous vivons en un temps de fanatisme. On aime les jugements sommaires et, pour avoir des idées plus frappantes, on les généralise. C'est une maladie de l'esprit à laquelle ce livre peut porter remède. Ceux qui l'auront lu ne pourront plus condamner systématiquement tous les Allemands. Ils se souviendront que parmi eux nous avons des frères qui ont combattu pour notre foi. Ils sont des nôtres et nous devons prier pour eux. Ceux qui auront lu ce livre ne diront plus : « Personne, là-bas, n'a su résister. » Mais ils sauront aussi ce qu'il en coûte de résister.

Tout commentaire ôterait à ce récit sa simplicité et sa saveur. Son auteur, qui veut rester anonyme, eut lui-même beaucoup à souffrir de la part des nazis, il est d'autant plus remarquable que son livre ne soit pas une charge, mais le récit objectif de faits qui sont réellement arrivés. On aurait pu citer beaucoup d'autres faits, et de pires, pour illustrer la lutte de l'Eglise en Allemagne. Mais il ne s'agissait pas de raconter des atrocités ; il s'agissait de raconter la foi de l'Eglise et le secours de Dieu dans la détresse.

Veut-on replacer cette histoire dans des cadres portant des étiquettes précises ? C'est à l'Eglise confessionnelle qu'appartenait le pasteur dont ce livre nous parle. L'Eglise confessionnelle n'est pas une secte nouvelle, c'est un mouvement interecclésiastique auquel se rattachent des pasteurs de toutes les Églises réformées et luthériennes d'Allemagne. Ils ont souscrit la déclaration de Barmen rédigée par le professeur K. Barth et ses amis, reconnaissant pour seule règle de foi la Parole de Dieu.
Ils se désolidarisent ainsi de ceux qu'on a appelés les « chrétiens allemands ».

Ces chrétiens-là, appartenant également à diverses Églises, avaient été fortement impressionnés par les événements de 1933 et l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler. Pour donner à l'Évangile plus d'influence, ils jugeaient nécessaire de l'adapter aux nécessités du moment. Ils voulaient supprimer l'Ancien Testament, ce livre juif, ce recueil d'histoires immorales. Ils voulaient exclure les Juifs convertis de l'Eglise comme on les excluait de la nation. Et, au lieu de laisser à des synodes et à des évêques le soin de diriger les Églises, ils désiraient remplacer ce système jugé trop démocratique par un organisme central et dictatorial. Dans leurs sermons, ils cherchaient à tirer un enseignement, non pas seulement de la Parole de Dieu, mais aussi des événements contemporains et du nouvel idéal social et politique. Il est impossible de raconter ici les luttes longues et âpres qui mirent aux prises ces deux fractions de l'Eglise. Cette lutte n'a pas encore pris fin puisque, actuellement encore, l'Eglise allemande se trouve en pleine crise.

En dehors des Églises s'est développée une tendance plus radicale encore, c'est celle des néo-païens, disciples de Rosenberg et de Hauer. Ils ne veulent plus entendre parler du christianisme. Ils reprochent aux « chrétiens allemands » de s'arrêter à mi-chemin en voulant conserver le Nouveau Testament qui est aussi un livre de Juifs. Ils prétendent que le christianisme qui enseigne le péché et la croix, est une religion démoralisante, indigne d'un peuple de guerriers.

Des religions nouvelles s'affrontent. La guerre actuelle est une guerre de religion. Il dépend de nous que l'Europe reste chrétienne. L'Allemagne, de Luther à Niemöller, nous a beaucoup donné ; veillons sur cet héritage. Peut-être que le jour est proche où l'Évangile intégral pourra de nouveau être librement proclamé en Allemagne.

Nous sommes heureux que ce livre ait été mis à la portée du public de langue française. Il devrait être lu dans toutes nos paroisses. Il nous apprendra à goûter mieux nos privilèges et à nous plaindre moins de nos petites épreuves.

Lignières, octobre 1939.

GASTON DELUZ.

 




AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR


Au cours de mon voyage à travers l'Allemagne, j'ai entendu le récit que l'on trouvera dans ce livre.
Je le reproduis avec les modifications nécessaires pour que ni le lieu ni les acteurs ne soient reconnaissables. Il ne faut compromettre personne inutilement.
Ce récit des épreuves du pasteur Stefan Grund n'est d'ailleurs pas ce que j'ai entendu de plus tragique.
Mais il ne s'agissait pas de faire une étude sur la douleur humaine. Mon seul but a été de louer Dieu qui se sert des hommes comme d'instruments pour manifester sa gloire.
Ce livre est un témoignage. C'est comme un témoignage que le lecteur est invité à le lire.

JOHAN MAARTEN.

 



Voici la liste des habitants du village de Lindenkopf qui figurent dans cette histoire :

Le pasteur Stefan GRUND et sa femme. Johann ROCKER, l'ancien maire.
Heinrich KOHLER, le nouveau maire, chef de la section locale du parti national-socialiste.
Les conseillers presbytéraux : outre l'ancien maire, le cheminot Konrad RAUTTER, le boulanger SCHLEGEL, le meunier, le fermier de la Tourbière, le bûcheron Peter HOLZSCHUH avec sa femme et son fils.
Le garde-forestier.
Franz PFEIFER, le chef de la section paysanne locale.
Le cheminot August BRENNER.
L'instituteur.
Le sacristain SCHMELZER.
L'aubergiste du « Boeuf gras ».
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