« ... Chrétiens ! soyez
dans l'allégresse !... »
Sur les dernières paroles du
cantique, les voix rudes s'étaient tues.
Notre fête de Noël était
terminée et je m'avançai, une fois
encore, sur l'estrade. Dans le silence qui
régnait maintenant dans la salle, je
parcourus des yeux l'assemblée de quelque
500 jeunes gens qui s'y trouvait réunie.
Tous étaient chômeurs. Nous avions
organisé à leur intention, dans notre
Home pour la jeunesse, toute sorte de cours afin
d'occuper leurs loisirs. C'est ainsi qu'avait
été créée l'U.d.S.,
l'Université des Sans-travail. Ils formaient
une communauté des plus disparate où
se trouvaient représentés tous les
partis politiques, toutes les classes sociales, des
professions de toute sorte et toutes les
confessions religieuses.
« Jeunes gens, mes
frères ! - leur dis-je - j'ai la grande
joie de vous annoncer que je vais pouvoir vous
remettre un petit cadeau de Noël. »
Les visages s'animèrent et je
poursuivis : « je voudrais donner
à chacun de vous un Nouveau
Testament... »
Un mutisme éloquent
accueillit mes paroles. Ils se regardaient l'un
l'autre d'un air déçu. Puis une voix
s'éleva des dernières
rangées : « Rien que
ça ? »
Rien que ça ?... je vis
soudain cette question se dresser devant moi et non
pas seulement posée par celui qui l'avait
prononcée, mais bien par l'assemblée
tout entière.
« Eh bien !
non,
répondis-je. je suis à même de
donner de plus, à chacun de vous, un couteau
de poche, quelques douceurs et un paquet de
cigarettes. »
Les figures
s'éclairèrent et c'est l'air
rassuré que je vis ces jeunes gens reprendre
pied dans ce qui était pour eux la
véritable « atmosphère de
Noël »...
O misère de la Parole de
Dieu !... ou plutôt, non :
misère de ce pauvre peuple qui n'a plus que
faire de cette Parole souveraine ! Faut-il
s'étonner, dès lors, de son ignorance
du bien et du mal ?... de son ignorance de
l'existence même de Dieu et de sa propre
essence à lui ?... de son rôle de
jouet de tous les meneurs et de tous les
idéologues ?
La première fois que nous
nous réunîmes de nouveau après
cette fête de Noël, je racontai à
ces jeunes gens l'histoire d'une Bible que l'on
m'avait montrée quelque
part en Autriche. C'était un épais et
vieux volume relié en peau de porc et pourvu
de lourds fermoirs d'argent. Lorsqu'on l'ouvrait,
les pages se divisaient d'elles-mêmes
à l'endroit des Psaumes et l'on y apercevait
alors d'étranges taches et
éclaboussures d'un brun noirâtre.
« C'est du sang - m'avait-on
expliqué - du sang humain... » Et
j'avais été bouleversé
à l'ouïe de l'histoire de cette
Bible.
Au XVIIIe siècle, la lecture
des Écritures fut sévèrement
interdite sur le territoire autrichien. Les
sanctions les plus rigoureuses y frappaient ceux
que l'on trouvait en possession de ce dangereux
livre...
Par une nuit très sombre, une
seule lumière brûle encore dans une
ferme solitaire. Les volets sont soigneusement clos
et l'on n'aperçoit du dehors aucune lueur.
Tous les habitants de la maison sont
rassemblés dans la grande chambre et
quelques voisins se sont même joints à
eux. Le maître du lieu se baisse alors et
soulève quelques lattes du plancher,
découvrant ainsi une cachette d'où il
tire une épaisse Bible. Avec circonspection,
il l'approche de la lumière. Il l'ouvre et
tous les assistants se serrent autour de lui, unis
dans une même attention et dans une
même avidité à se nourrir de la
Parole de Vie. Il se met à lire :
« Je t'aime ô Éternel, toi
qui es ma force ! L'Éternel est mon
rocher, ma forteresse et mon
libérateur ! Mon Dieu
est le roc où je trouve un refuge, mon
bouclier, mon puissant sauveur, mon rempart !
Et je suis délivré de mes
ennemis... »
... Il s'interrompt, ... tous
tendent l'oreille, ... des voix
étouffées se font entendre au
dehors... Voilà qu'on frappe au volet, un
ordre brutal retentit :
« Ouvrez ! »
Ils restent un instant interdits
et,
avant qu'ils n'aient eu le temps de se ressaisir,
la porte est enfoncée avec fracas et une
horde de soldats, telle une meute féroce,
envahit la chambre sous la conduite d'un voisin
ricanant.
Mais déjà le chef de
la troupe avise la Bible :
« Haha ! On t'attrape
enfin ! » Et à deux mains il
se saisit du livre. Le paysan l'agrippe de son
côté et le tire vigoureusement
à soi.
« Eh ! vieux -
hurle
l'autre - donne cette Bible ! »
Bravant la fureur du soldat, le paysan se tait et
tient bon. Mais il est pâle comme la mort.
Ses doigts retiennent d'une poigne de fer le livre
bien-aimé.
« Lâche ce
livre ! » Le sergent se cramponne de
toute sa force au lourd volume et une lutte muette
se poursuit de part et d'autre de la table.
« Vas-tu
lâcher ? », crie de nouveau le
chef. Le paysan se tait toujours, retenant de ses
doigts puissants le livre ouvert.
Alors le soldat laisse libre
cours
à sa rage. D'une rapide secousse il parvient
à refermer la Bible massive sur les doigts
du paysan et les écrase entre les feuillets
en pesant dessus de tout son poids. Le vieillard ne
lâche pas prise et, bien que le sang
jaillisse de l'extrémité de ses
mains, il continue à retenir inexorablement
sa Bible...
... Mes jeunes auditeurs
étaient saisis, sous le coup de ce
récit. « Et
après ? » - dit enfin l'un
d'eux.
« Après ? eh
bien ! les paysans furent mis en demeure de
choisir entre le reniement de leur Bible et la
perte de tous leurs biens, puis l'exil. »
Et je leur décrivis la patrie de ces
persécutés, telle que je l'avais
visitée jadis, la merveilleuse vallée
autrichienne qui était leur terre natale.
Toute parsemée de vastes fermes, elle
ressemblait à un jardin de Dieu
qu'encadraient et protégeaient à la
fois de puissantes montagnes.
« C'est tout cela
qu'ils
quittèrent, et on ne les laissa même
pas emmener leurs enfants. Rien d'autre que leur
Bible à la main et la misère devant
soi, ils partirent... »
Or c'était plus que mes
jeunes gens n'en pouvaient entendre.
« Mais c'est insensé ! C'est
de l'exaltation ! Fanatisme
religieux ! » Leurs exclamations
s'entrecroisaient et j'eus quelque peine à
rétablir le silence. je poursuivis
alors :
« Furent-ils vraiment
si
fous ? Réfléchissez un peu. Ces
paysans se disaient : si nous n'avons plus
notre Bible, il ne nous est plus possible de
reconnaître le bien ou le mal, ni de
discerner le chemin qui mène à Dieu.
Nous sommes à la merci du premier
séducteur venu et nous errons comme des gens
qui parcourent un pays étranger et inconnu
après en avoir perdu la carte. Si nous
renonçons à notre Bible, comment nous
instruirons-nous de l'Évangile de Dieu et de
notre salut ? Et c'est alors que les hommes
nous contraindront à adopter des
évangiles de leur propre invention. Aucun
fil ne nous conduira plus vers la
vérité, aucun guide ne nous indiquera
plus le chemin... N'avaient-ils pas
raison ? »
Et comme ils se taisaient, je
songeais avec douleur aux séducteurs dont
ils allaient devenir la proie, eux qui, depuis
longtemps déjà, avaient rejeté
la Bible...
Une année plus tard, Hitler
s'emparait du pouvoir.
« Oui, oui !... c'est
entendu ! moi aussi, je suis
chrétien... et quand même ce n'est pas
tout à fait dans le sens de l'Eglise...
D'ailleurs, il faut de la religion ! C'est
bien pour cela que j'envoie mon garçon faire
son instruction religieuse. Mais écoutez-moi
ça : un beau jour, je rentre chez moi
et je trouve le gamin en train d'aller et de venir
dans la chambre en apprenant un chant.
« Qu'est-ce que tu apprends
là ? », lui demandais-je. Il
me montre son livre et, le vers qu'il
répétait en ce moment, vous savez ce
que c'était ?... évidemment, je
ne peux pas vous le dire textuellement ; il
signifiait à peu près ceci :
« Ce que tu as enduré, Seigneur,
c'est tout de ma faute... je suis celui qui a
manqué... » - Oui, c'était
à peu près ça. Eh ! bien
sûr ! Moi aussi j'ai appris ce fatras,
autrefois. Mais, à vrai dire, ça ne
m'a jamais servi à grand-chose. Et enfin,
est-ce que l'Eglise n'a pas fait de progrès,
qu'elle en soit aujourd'hui encore à colporter
cette
camelote ?
J'estime que l'Eglise devrait davantage... comment
dire ?... oui, qu'elle devrait tendre
davantage à répandre des conceptions
pratiques de la vie. Voilà ce que j'en
pense... Cigarette ?
Non ? »
Satisfait de sa tirade, mon
interlocuteur aspira quelques bouffées et,
tout en exhalant la fumée, se renversa dans
son fauteuil. je considérais cet homme
élégant, cette tête
grisonnante, et je me taisais. Qu'avais-je à
répondre à de pareilles
insanités ? Mais lui,
déjà, poursuivait son monologue.
« Ainsi... Golgotha, et
caetera... qu'ai-je affaire de tout cela ?
Ah ! mais... - et il fit de sa main
soignée un geste de protestation - je vous
en prie, ne venez pas me parler de
péché ! je trouve que l'Eglise
nous en fait trop un plat, du
péché ! C'en est
risible !... Voyez-vous, moi, j'étais
soldat. J'étais officier, moi ! Et ma
foi, quand un homme avait commis quelque chose, il
suffisait d'un coup de sifflet et c'était
réglé. Pourquoi est-ce que votre Dieu
en ferait plus de cas ? »
Je continuais à me taire. Mais
une idée me traversa soudain l'esprit :
bien sûr ! cet homme avait
été officier, mais officier de
JUSTICE. je me pris à sourire. Il le
remarqua et force me fut, à présent,
de parler à mon tour.
«En qualité d'officier de
justice, vous avez vu défiler devant vous
une foule de gens. Et vous les avez tous congédiés
d'un coup
de sifflet. C'est bien ce que vous avez dit,
n'est-ce pas ? Mes compliments !
- C'est-à-dire, M'interrompit-il
avec une pointe de nervosité, il est
évident que si quelqu'un avait
réellement fait le salaud...
- Pardon, qu'entendez-vous au juste par
là ?
- Eh bien !... si quelqu'un avait
violé les lois, il va sans dire qu'il
était condamné, c'est
clair !...
- Ah ! oui ?
Pourquoi ?
Comment ça ?
- Mais voyons ! Parce qu'il y a
un
droit ! - une certaine agitation le gagnait -
et celui qui le transgresse s'attire une
condamnation.
- Ah ! - dis-je en me levant -
parce qu'il y a un droit ! Sans doute...
Alors, moi, je vous dirai ceci : quand il
s'agit de Dieu, il y a aussi un droit. Vous qui
êtes expert en la matière, vous savez
ce que c'est : le droit reste le droit. Et
celui qui a failli aux dix commandements, ne
fût-ce qu'une seule fois, s'attire la
condamnation ! Dieu est juste. » -
Je vis mon respectable interlocuteur dresser
l'oreille, comme si une lueur pointait dans son
esprit. Et, devant son silence perplexe je
poursuivis : « Mon cher Monsieur,
cela signifie que vous allez au-devant de votre
condamnation conformément au droit de
Dieu ! »
Il eut un bref éclat de rire et
me rétorqua :
« Tiens !... Et vous donc ?
- Moi ? j'ai déjà
été condamné, j'ai
passé en jugement.
- Quoi ? s'écria-t-il
stupéfait - déjà passé
en jugement ? Et vous avez été
acquitté ?
- Non ! Condamné à
mort. J'ai accepté le verdict et me suis
incliné devant lui. je pouvais le faire, car
il y avait là un répondant qui payait
pour moi et qui subit la peine de mort... à
ma place.
- Un répondant ? Mais qui
donc ?
- Jésus... à
Golgotha ! Et voilà : ou bien vous
accepterez, vous aussi, le verdict capital de Dieu
et vous vous en remettrez à ce
répondant ; ou bien... votre sort est
tel que je ne voudrais pas me trouver dans votre
peau. Avez-vous bien compris ?
- Oui... il me semble voir, comme de
très loin, quelque chose qui
s'éclaire...
- Bon, tenez-vous-y
donc ! »
Étrange est le silence qui peut
régner à 2 heures de la nuit dans les
rues d'une grande ville après le bruit qui
les a remplies durant la journée ! Les
maisons se dressent noires et silencieuses. Seule,
la clarté trouble des
réverbères perce l'obscurité
et le brouillard.
Grelottant de froid, je m'engage dans
une rue latérale où se trouve
l'hôpital. On vient de m'y appeler par
téléphone au chevet d'un mourant qui
réclamait le pasteur.
Il y a de la lumière à une
fenêtre d'une des maisons que je longe. On
entend des voix qui se querellent. Leurs
éclats troublent la paix nocturne. Quel peut
bien être l'objet futile de cette dispute...
pendant qu'un peu plus loin, à
l'hôpital, une âme se dispose à
entrer dans l'éternité... ?
Chose étonnante, moi qui aurais
lieu d'être familiarisé avec la mort
depuis le temps que j'y assiste sur les champs de
bataille et dans les hôpitaux, je suis
toujours aussi bouleversé d'en être le
témoin au moment où
le Dieu vivant rappelle à lui un enfant des
hommes.
Je presse le pas et ne tarde pas
à franchir l'entrée du grand
édifice tandis que le portier, qui guettait
mon arrivée, m'indique la direction à
prendre.
Dans la chambre du mourant, je trouve
couché dans son lit un homme encore jeune.
Sa femme est assise à son chevet. Elle
contient mal son émotion et, dès
qu'elle m'aperçoit, se précipite vers
moi en disant : « Oh ! Monsieur
le pasteur, donnez vite la sainte cène
à mon mari ! »
Je considère celui-ci. La mort a
déjà altéré ses traits.
Il ne remarque pas ma présence... Non !
je ne vais pas tourmenter cet homme en lui imposant
la communion. Mais je suis convaincu, par contre,
que ceux qui sont sur le point de mourir saisissent
encore nos paroles quand bien même ils n'en
donnent plus aucun signe extérieur. C'est
pourquoi je vais accompagner celui-ci de ma
prière et d'invocations de grâce
durant son passage dans
l'éternité.
L'épouse, cependant, me retient
par la main en répétant :
« Vite !... Monsieur le
pasteur ! Donnez la sainte cène
à mon mari ! »
Je l'écarte doucement. Son
agitation a quelque chose d'oppressant. Puis je me
penche sur le malade et je prononce très
lentement la parole biblique: « Le sang de
Jésus-Christ nous
purifie de tout péché... »
Alors les yeux de l'homme s'ouvrent peu à
peu et leur regard se pose sur moi, tandis que la
femme me saisit de nouveau le bras et me
répète son injonction
obsédante. Il faut qu'elle quitte la
pièce ! Je l'emmène jusqu'au
corridor et m'efforce de lui faire comprendre
l'inanité de sa demande :
« Voyez-vous, lui dis-je, votre mari est
déjà beaucoup trop bas. La sainte
cène ne ferait que le
tourmenter. »
Là-dessus, elle sanglote :
« Mais il faut pourtant qu'il soit
sauvé ! »
Que répondre à cela ?
« Femme, lui dis-je d'une voix
altérée, croyez-vous donc qu'une
cérémonie extérieure ait le
pouvoir de le soustraire au jugement de Dieu ?
Si votre mari reconnaît le Seigneur
Jésus-Christ pour son Sauveur et s'il croit
en lui, alors il est sauvé, qu'il ait ou non
pris la communion en ce moment. Et sinon... alors
la communion ne peut lui être d'aucun
secours ! »
Mais elle ne lâche pas prise et me
dit à quel point son mari lui-même
tenait à cette célébration de
la cène, elle insiste...
Hélas - J'étais alors
jeune débutant dans le ministère
pastoral. Personne, à l'université,
ne m'avait préparé à
résoudre un cas semblable.
Désemparé, ne sachant quel parti
prendre, je cédai.
Nous rentrâmes donc dans la
chambre et je me mis à préparer le
pain et la coupe de communion. L'homme, tiré
de sa somnolence par nos mouvements, reposait dans
le calme et, à ce qu'il me sembla, recueilli
et attentif à ce qui se passait.
« Ceci est mon sang, le sang
de l'alliance, qui est répandu pour
plusieurs, pour la rémission des
péchés... » En cette heure
de la nuit, au milieu d'un calme infini, ces
puissantes paroles semblaient dresser là le
rocher du salut éternel.
Un infirmier priait à
l'écart. je le savais homme de foi et
chrétien dans son coeur.
Lorsque nous eûmes fini, l'homme
retomba, satisfait, sur ses oreillers et je quittai
la chambre en compagnie de l'infirmier, laissant
les époux en présence, seuls et
à leurs adieux.
Mais je ne pus aller bien loin, car mon
compagnon s'était mis à causer et je
m'entretins volontiers avec lui. Et puis... un
vague pressentiment m'avertissait que tout
n'était pas encore fini.
Une demi-heure s'écoula. Tout
était tranquille. Puis je dis :
« Allons voir où en est
notre malade », et j'ouvris la porte de
la chambre.
Nous nous arrêtâmes sur le
seuil, stupéfaits du spectacle qui s'offrait
à nous : assis droit dans son lit, l'homme
s'adressait à nous
en s'écriant : « J'ai franchi
la montagne ! je vais mieux ! »
Tandis que, riant et pleurant à la fois, il
étreignait sa femme dans ses bras.
Dirai-je notre
étonnement ?... Et pourquoi,
après tout, une chose semblable
n'arriverait-elle pas ? Combien de gens
courent les rues, que leurs médecins avaient
désespéré de guérir et
abandonnés à leur sort ! Enfin
l'allégresse de ces deux êtres
était contagieuse, on se sentait
forcé d'y participer.
Je pris dans la mienne la main du malade
et lui dis :
« Que je suis heureux
d'être le témoin de ce qui vous
arrive ! » Puis, fortement saisi par
ce renversement des choses, j'ajoutai ces quelques
mots :
« Cher ami, c'est le Seigneur
Jésus-Christ qui est venu à vous
tandis que vous vous trouviez aux portes de
l'éternité et qui vous a
apporté sa grâce. Ne vous
séparez plus de ce Sauveur
désormais ! »
Alors un rictus atroce défigura
tout à coup les traits de l'homme, comme si
le feu de l'enfer projetait sur eux son reflet. Il
ricana : « Haha ! je n'ai plus
besoin de tout cela, puisque je vis de
nouveau ! »
Je me tenais là,
bouleversé. Les mots s'étranglaient
dans ma gorge. Et je n'avais pas fait encore un
seul mouvement que, soudain, l'homme portait la
main à son coeur et s'affaissait lentement.
Il était mort.
... Et je m'enfuis dans la nuit...
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