*******
Ce volume, empressons-nous de le dire, n'est pas
un recueil de sermons. Non qu'il ne nous donne pas
des leçons de morale sociale et religieuse,
mais, nulle part, on ne rencontre le ton doctoral
ou la cantilène religieuse. On a partout
l'impression d'un écrivain qui puise dans
son trésor d'expériences personnelles
pour illustrer les plus beaux enseignements de
l'Évangile. Point de texte à propos
duquel il disserte sur toute sorte de questions
étrangères au sujet choisi, mais des
illustrations frappantes, des aperçus aussi
justes qu'originaux et qui semblent
empruntés à nos meilleurs moralistes.
Nous n'aurions pas de peine à citer parmi
nos écrivains en renom, certains noms qui ne
désavoueraient pas nombre de pages de cet
écrin de perles précieuses. Le
traducteur a si bien compris la pensée
intime de M. Gannett qu'il a su la rendre avec un
rare
bonheur,
et qu'on croirait, en lisant ce petit volume,
entendre parler un écrivain
français.
Rarement petit livre fut plus propre
à provoquer d'utiles réflexions sur
soi-même et sur les hommes. L'auteur nous
conduit, par un sérieux retour sur
nous-mêmes, à la lumière des
plus belles, et parfois des plus rudes
leçons de l'Évangile, vers les hautes
cimes, où l'on respire un air plus pur et on
entrevoit une radieuse lumière. De là
le titre heureux donné à la
traduction.
Le travail, l'amitié, la
charité, l'épreuve : tels sont
les sujets traités par notre auteur avec une
fraîcheur d'impressions qui font de ce petit
livre un manuel de psychologie religieuse.
Que peut-on dire de nouveau sur des
sujets semblables qui ont servi de thème aux
prédicateurs de tous les temps ? Vous
vous direz peut-être cela en ouvrant le
volume et, en le fermant, vous serez gagné
par l'auteur et charmé d'avoir lu des
études religieuses écrites par un
pasteur et qui ne ressemblaient ni de près
ni de loin à des sermons, et pas même
à des sermons anglais.
G. CHASTAND.
Ce petit livre n'est pas autre chose qu'un
recueil de causeries familières sur des
sujets de morale chrétienne empruntés
au domaine de la vie de chaque jour. Publiés
d'abord sous forme d'articles dans une Revue
américaine, ces essais ont paru plus tard en
Écosse dans une jolie édition
illustrée avec une préface de la
comtesse d'Aberdeen. Ils ont eu un très
grand succès, et la presse anglaise leur a
fait un accueil des plus favorables. On peut en
juger par cette citation du London News :
« Ce livre renferme des pensées
qui sont tout autant de perles fines ; si
elles pouvaient s'enchâsser dans la
sphère de la vie ordinaire, elles
transformeraient la destinée la plus humble
en un sort digne d'un roi. » Ce qui donne
à ces discours une saveur
particulière, ce n'est pas seulement la
profondeur, l'originalité des
aperçus, mais aussi et surtout leur
adaptation aux petits détails de la vie
courante. L'auteur qui est américain a
constaté qu'il y a souvent chez ses
compatriotes - n'est-ce pas aussi le cas chez
nous ? - un fossé profond entre le
christianisme que l'on professe et la
manière dont on se comporte chez soi, dans
son intérieur ?
Que d'hommes, de femmes jouissant au
dehors d'une excellente réputation
religieuse cessent de se surveiller dans
l'intimité de la vie de famille, et laissent
apparaître des défauts de
caractère, des procédés
égoïstes, une manière
d'être en un mot qui jure avec les
éloges qu'on leur décerne et le
brevet de piété qu'ils se sont
octroyé à eux-mêmes
naïvement.
Se montrer chrétien à tous
égards dans les mille petits détails
dont se compose notre existence, apprendre à
les transfigurer en les élevant à la
hauteur d'un grand idéal, lutter virilement
contre tout ce qui tend à amoindrir,
à rapetisser notre âme et transformer
ainsi les tentations, les épreuves
elles-mêmes en
bénédictions : telle est
l'idée maîtresse de ce livre.
Peut-être pourrait-on reprocher à
l'auteur d'attribuer à notre volonté
propre une puissance exagérée,
d'oublier un peu trop que pour être en
état d'agir efficacement, elle a besoin de
chercher constamment en Dieu son point d'appui,
etd'être mise en branle
par ce levier surnaturel, dont parle saint Paul
quand il dit : « Je puis tout en
Christ qui me fortifie. » Quoi qu'il en
soit, il est bon qu'à une époque
d'abaissement moral et d'affaiblissement des
caractères comme la nôtre, on fasse
appel à notre énergie ; ce qu'il
faut faire entendre aujourd'hui, c'est une sonnerie
de clairon, un sursum corda qui nous
réveille de notre apathie.
L'auteur de ce volume a su trouver le
secret de faire vibrer toutes les cordes de notre
vie morale, sans jamais prendre un ton
prêcheur ; c'est pour cela qu'il ne peut
manquer d'être apprécié par des
lecteurs français comme il l'a
été en Amérique et en
Angleterre ; il est impossible en effet,
qu'après avoir lu ces pages, non pas en
courant, mais en en méditant le contenu avec
soin, ils ne se sentent mieux armés pour le
combat de la vie et plus sur leurs gardes à
l'égard de ces petites choses qui, trop
souvent par notre faute, deviennent pour nous une
pierre d'achoppement.
- | Table des matières | Chapitre suivant |