Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre XII

MORT SUBITE DE Mme SERGY - QUELQUES TÉMOIGNAGES

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Il n'y a rien de plus doux sur la terre que le coeur d'une femme où la piété habite. Martin Luther.

Le 17 janvier 1943, La Maison fit une perte incalculable. Le Seigneur reprit subitement à Lui « Maman Sergy », comme on aimait à l'appeler.
En effet, déjà vers 1940, la belle santé de Mme Sergy commença à donner des signes de défaillance. Son entourage aurait voulu qu'elle prît quelques ménagements, mais rien ne l'arrêtait et, sans jamais penser à elle, elle poursuivait sa tâche. Avec l'apôtre Paul, elle aurait pu dire : « J'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi, toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi (1 Cor. 15. 10) ».

Pendant quarante-trois ans, elle a été pour des centaines d'enfants, orphelins ou abandonnés, une mère incomparable, se donnant à sa tâche avec une vaillance, une abnégation, un amour inlassable, une foi indéfectible. Toujours sereine, calme, paisible, malgré une responsabilité pouvant sembler surhumaine. Elle avait vraiment appris à se décharger sur Dieu de tout souci : « Je ne puis plus m'inquiéter au sujet des choses matérielles, disait-elle, le Seigneur nous est toujours venu en aide, comment douter de son secours ? »

La première levée, parfois vers 4 heures du matin, bien avant l'aube, elle était aussi la dernière couchée, et dans son bureau, la lumière restait allumée tard le soir. Pour être seule avec son Dieu, pour faire face à son immense correspondance, elle ne trouvait pas d'autre moment de tranquillité, car dans la journée, elle était inlassablement à la brèche. Elle avait souvent à peine le temps de prendre tranquillement ses repas, La surveillance de tous les services, la direction des travaux, l'instruction religieuse des aînés, les visites des parents ou des tuteurs, la correspondance avec eux et avec les autorités, l'examen des nombreuses demandes d'admission, les tournées de visites, souvent lointaines, à ceux qui avaient quitté La Maison et avaient encore besoin d'être suivis par leur « maman », tout venait à elle, rien ne se faisait sans elle.

Sans une vie de prière intense, sans un oubli complet d'elle-même, sans une communion permanente avec Dieu, sans son constant secours, elle n'aurait jamais pu suffire à son immense tâche.
Cependant, sa santé fléchissait ; des crises de coeur vinrent effrayer les siens et l'avertir de se ménager. Mais elle ne tint guère compte de ces avertissements, et sa vaillance demeura la même jusqu'au bout.

Il fallut pourtant qu'elle s'arrêtât et, à la prière de sa famille, elle alla, après une crise plus aiguë que les autres, se faire examiner au Sanatorium de Gland. Là, le verdict des docteurs ne fut guère rassurant ; mais comme le seul remède indiqué était de prendre du repos, elle put, à sa grande joie, retourner chez elle, décidée qu'elle l'était à suivre les indications du docteur. Elle avait sans doute déjà envisagé la possibilité de son départ, lorsqu'elle m'écrivait : « J'ai tout remis au Seigneur, je ne me fais aucun souci. La Maison est son oeuvre, Il en prendra soin de toute manière ; Il est fidèle et conduira bien toutes choses. »

Deux jours après son retour chez elle, le dimanche 17 janvier 1943, à 10 heures du soir, elle fut enlevée sans souffrance, d'une embolie au coeur.

Il était bien émouvant de la voir reposer, si calme, dans son dernier sommeil, si paisible et si solennelle, avec quelque chose de céleste empreint sur son visage.
Elle est entrée dans le repos et la joie de son Sauveur. « Appelée à posséder la gloire de notre Seigneur ((Il Thess. 2. 14). »
« Heureux, dès à présent, les morts qui meurent dans le Seigneur Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent (Apoc. 14. 13). »

 

QUELQUES TÉMOIGNAGES

D'un des garçons actuellement à La Maison :
Une mère, écrivait-il, c'est le coeur de la famille. Oh ! je me souviendrai toujours des ardentes prières qu'elle adressait à son Père céleste, que je ne connaissais pas encore.
C'était une bonne mère, douce, pleine d'amour envers moi. Lorsque, fils ingrat, je me révoltais, son coeur brisé pleurait. Mais, toujours heureuse, elle faisait tout pour son fils. Avec quel amour elle me pardonnait, et, persévérant dans la prière, tâchait de faire de moi « quelqu'un ».
Un jour, ma bonne mère s'en est allée : où allait-elle ? pourquoi partait-elle ? Elle allait vers son Père, qu'elle avait servi de longues années. Elle s'était endormie dans la paix.
Je pleurai de désespoir en pensant que je ne la reverrai plus jamais.

D'une fillette :
Quelle bonne et tendre mère était maman Sergy ; de quel amour elle nous aimait !
Elle priait souvent ; elle aimait Jésus.
Elle avait toujours le visage resplendissant de paix divine. Elle ne gardait pas cela pour elle-même ; elle nous enseignait la Parole de Dieu...
Quelle belle vie a eu notre chère maman... Elle a servi Dieu jusqu'au dernier moment. J'en garderai un profond souvenir.

D'une autre :
Elle était pour tous une vraie mère, pour moi surtout.
Avec quelle patience elle m'a appris l'ordre, l'obéissance, la propreté. Elle m'aimait comme si j'avais été sans défaut. Elle prenait part à mes chagrins comme à mes plaisirs. Elle possédait un coeur immense, plein de tendresse et d'amour envers chacun.
Tous aimaient à lui dire : « Maman ».
Dès l'aube, quand toute la maison était encore obscure, seule, maman travaillait à son bureau.
Tous les matins, fatiguée ou reposée, elle reprenait sa tâche, sans arrêt, sans relâche.
Elle est partie pour le repos éternel. Elle nous manque beaucoup, mais elle nous a laissé un très bel exemple.
Quel privilège d'avoir possédé une si bonne mère !

D'une jeune Suissesse allemande :
(Chaque année, plusieurs jeunes filles de la Suisse allemande viennent faire un stage à La Maison, et chaque année aussi, une ou plusieurs d'entre elles se sont données à Dieu pendant leur séjour.) L'une d'elles écrivait après le départ de Mme Sergy :
« L'année que j'ai passée à Burtigny a été une des plus belles et la plus bénie de ma vie... Une des tâches merveilleuses de Mme Sergy, c'est d'avoir montré à tant de jeunes la voie qui mène à Jésus. Lui seul rend notre vie heureuse. Mais il faut le suivre sur le chemin de la Croix. Quel privilège nous avons eu, nous, jeunes filles venues à La Maison, d'avoir connu Mme Sergy, et de vous connaître vous aussi, Tanty (Mlle Tièche). Oh ! que nous donnions nos vies à Dieu pour le servir Lui seul !

D'une ancienne :
... Quel vide dans cette grande maison ! J'ai vraiment beaucoup de peine à réaliser que je ne reverrai plus « Maman ».
... Vous me permettrez, n'est-ce pas, de revenir quelquefois, malgré qu'elle ne soit plus là. C'est toute une part de ma jeunesse que j'ai laissée à La Maison, et une jeunesse tellement heureuse !

Albertine Henry-Vuffray (établie à Vuillerens) :
Il me semble que ce n'est pas possible que nous ne reverrons plus notre chère maman et, quoique « maman » à mon tour, elle me manquera beaucoup. Comme il faisait bon recevoir ses messages si chauds d'affection, s'informant de tous !
Quelle force et quelle énergie ne nous communiquait-elle pas ! Elle voulait que nous soyons viriles. Que de fois, lasse et fatiguée, je pensais à elle et le courage me revenait.
Quelle simplicité dans sa mise ! Tout était assez bon pour elle, et ce qui avait quelque valeur était toujours pour les autres.

Amélie Driewerd-Burnet (mariée en Allemagne):
... La tristesse a rempli mon coeur... le vide que laisse le départ de notre chère maman ne se comblera pas. Elle laisse un souvenir inoubliable.
En octobre 1900, j'avais le bonheur d'entrer à La Maison avec ma chère soeur, tante Augustine, qui s'est endormie dans ses bras.

Son premier baiser, à notre arrivée, fut si doux, avec ces paroles qui me sont restées gravées dans la mémoire. « Je veux essayer de remplacer votre chère maman ». En vérité, elle a été fidèle à sa promesse, car elle a été une vraie maman, non seulement pour nous deux, mais pour tous les enfants qui lui ont été confiés. La Maison est restée, pour nous qui sommes à l'étranger, la patrie, le port où nous pouvions toujours rentrer. Il est douloureux de réaliser qu'elle ne sera plus là.
Lors de mon dernier séjour, en 1926, elle me disait, lorsque je la quittais les yeux pleins de larmes : - Ça me déchire le coeur chaque fois que je vois partir une de nos enfants, si loin ; on ne sait jamais si l'on se reverra ! - N'est-ce pas un vrai coeur de mère qui parle ainsi ?

Une grande tristesse s'est emparée de mon coeur, et j'éprouve souvent un ardent désir de me retremper dans l'atmosphère de La Maison, ce qui me ferait tant de bien, dans ma grande solitude.
Je ne sais à qui adresser ces lignes, maintenant que l'âme de La Maison s'est envolée. Je vous salue tous affectueusement, et reste à toujours une des enfants reconnaissantes de La Maison.


Cécile Sergy

1873-1943


De M. Jaccard, ancien instituteur à La maison (à M. Sergy):
Mon cher oncle Julien,
Mon coeur s'est serré en pensant à toi, au vide immense et si douloureux, que tu porteras en toi jusqu'à la fin de ton pèlerinage. La Maison pourra continuer, reprendre la tâche pour laquelle Dieu l'a fondée, mais toi-même ne retrouveras plus celle que Dieu t'avait donnée, et qui a été une si grande bénédiction.
Que le Seigneur t'aide, qu'il te console ; Celui qui a dit : « Jusqu'à votre blanche vieillesse, je serai le même », ne te laissera pas.

D'une amie:
... Elle a donné le maximum de ses forces, de son intelligence et de son coeur. Et quel coeur ! J'ai expérimenté moi-même la chaleur de son effet, et je serai toute ma vie reconnaissante à Dieu de me l'avoir envoyée un jour où elle était peut-être la seule à pouvoir m'aider dans un moment difficile. Et nombreux sont certainement ceux qui ont fait la même expérience que moi...

De Mme Chevalley-Badel :
Je me sens indigne de parler de la femme merveilleuse que fut Mme Sergy. J'ai eu le privilège d'être son amie, son amie d'enfance, comme elle disait. En pensant à elle, les souvenirs affluent.

Déjà enfant, elle me paraît avoir été parfaite. Jamais, à l'école, elle n'encourut de blâme ni de remontrance, jamais elle ne fut ni dure ni moqueuse envers ses camarades. Je revois ce cher petit visage sérieux, éclairé du beau regard que nous avons tant aimé.

À l'âge où les petites filles jouent à la poupée, elle venait passer le dimanche chez moi avec sa Bible. Je ne relis jamais sans émotion le quatorzième chapitre de Saint Jean, le premier dont elle me fit la lecture. Depuis lors, quelle évolution dans son âme, quelle consécration !

Et que dire de son influence au village ? Je l'ai vue à chaque lit de mort ou de souffrance ; elle s'est penchée sur chaque douleur, sur chaque plaie morale, elle a porté le poids du péché de ses amis et de ceux que d'autres appellent les indifférents, pour elle il n'y avait pas d'indifférents. Dès qu'elle entendait parler d'une douleur, elle accourait. Elle aidait les mourants à traverser le passage redoutable, elle consolait et mêlait ses larmes à celles de ceux qui restaient. Dieu seul connaît les âmes qu'elle a amenées à Lui.

Et comme elle savait prier ! À presque chacun de mes séjours à Burtigny, elle venait prier avec moi. Dès les premiers mots de sa requête, le Maître était là, présent, presque tangible, si près, si près que j'avais l'impression qu'en étendant la main, je saisirais son vêtement. C'était si beau, si doux. Il habitait non seulement en elle, mais autour d'elle. Il émanait d'elle.

Elle était humble, tellement humble.
Si ses amis ont éprouvé une si profonde douleur de sa mort, le village entier en a été affecté, car les jours qui ont suivi son départ, tout était silencieux. Plus de cris, plus de rires, d'interpellations d'une maison à l'autre. La nature entière semblait avoir perdu quelque chose d'infiniment précieux. Nous sommes si pauvres depuis son départ ! Mais quelle arrivée triomphale a dû être la sienne auprès de son Sauveur, qu'elle a si fidèlement servi depuis son enfance. Remercions Dieu de nous avoir donné de voir l'effet de sa puissance sur un coeur qui s'est donné sans réserve et sans retour.

D'une amie :
Je suis sous le coup de la triste nouvelle. Je la vois encore arriver chez moi, la veille de ce dernier Noël, entre deux trains du soir. Elle avait à peine dix minutes à me donner, mais ces dix minutes me laissent un souvenir lumineux. Nous avons prié ensemble, et j'ai eu le coeur tout réchauffé après son départ.
Une amie d'enfance malade, que Cécile Sergy a beaucoup visitée, à laquelle elle a été en grande bénédiction, et qui la rejoignit peu après son départ d'ici-bas auprès du Seigneur, eut, avant de mourir, une vision. Elle vit son amie Cécile dans la gloire éternelle, dans la félicité céleste, et l'entendit lui dire distinctement : « Oh ! c'est si, si beau ! » Personne ne voudrait lui ravir la joie qui est désormais la sienne.

De Mme A. (Cologny) :
On a de la peine à réaliser que c'est vrai, et que cette mère si vaillante, si capable, si indispensable vous ait vraiment quittés, vous laissant seuls pour la tâche.
... Cette foi si bien trempée, si aimante, si agissante, nous a laissé, et à vous particulièrement, son cher fils, un héritage qui vaut plus que tous les biens du monde. Vous êtes riche d'avoir possédé une telle mère et un tel exemple.
... Il y a quelque chose de plus au monde, par cette oeuvre de La Maison dont elle était l'âme, l'animatrice, le soutien.

De L. S. (à M. Sergy) :
... C'était une amie de toujours ; on ne pouvait la connaître sans être pris par le rayonnement qui émanait d'elle.
Rayonnement fait de foi, d'amour du prochain, de cette affection chrétienne qui comprend chacun. Il n'était pas nécessaire de voir souvent Soeur Cécile ; on savait que son amitié vous était acquise pour toujours. N'est-ce pas cela qui a fait qu'elle est restée « la maman » de tous les enfants de La Maison ?
Cette oeuvre, faite de foi, d'espérance et d'amour, c'est l'héritage que Soeur Cécile nous laisse. Puissions-nous la conserver, et rester fidèles à l'exemple qu'elle nous donne.

D'un ami (Lausanne) :
... Il semble à peine possible que notre chère Mme Sergy s'en soit allée aussi soudainement.
Nous gardons dans nos coeurs le parfum de cette vie où Christ était tout, une de ces vies que l'on rencontre de temps à autre sur la route, et où se réalise la parole de l'apôtre : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ». C'est ce que la grâce de Dieu avait produit en elle.
Dans sa vie, la vie de Jésus était manifestée ; comment n'aurait-elle pas rayonné sur ceux qui l'approchaient, plus encore par son regard, son attitude, son coeur plein d'amour, que par ses paroles.

... Que le Seigneur garde tous les collaborateurs de La Maison unis par l'amour - par son amour - pour continuer avec foi l'oeuvre qu'il leur a fait la grâce de placer devant eux.

Le fragment suivant, pris dans « Les petites Lumières » de Steinberg, a été envoyé par une amie, comme soulignant le texte qui vint à la pensée de beaucoup de ceux qui ont connu Mme Sergy.

Le « OUI » de l'Esprit
Oui, dit l'Esprit, car Ils se reposent de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent (Apoc. 14. 13).

Ce passage parle de chrétiens à propos desquels l'Esprit a pu, au terme de leur vie, prononcer un « oui ». C'est sans doute que, leur vie durant, ils n'ont jamais rien fait sans le « oui » de l'Esprit.

Oui, déclare l'Esprit quant à leur vie, parce qu'elle n'a pas été vaine. Ils laissent derrière eux une vie qui ne sera pas rayée comme perdue, maintenant qu'ils sont arrivés au seuil de l'éternité.

Oui, déclare l'Esprit quant à la voie qu'ils ont suivie ; ils n'ont pas seulement terminé leur existence terrestre, ils ont « achevé leur course (Il Tim. 4. 7) ». Avec eux l'Esprit a pu atteindre le but qu'il s'était proposé.

Oui, déclare l'Esprit quant à leur activité ; leurs oeuvres, en effet, les suivront dans la gloire. L'Esprit a pu faire de leur vie une source vive et un triomphe ; il en reste quelque chose d'éternel, que l'Esprit peut avec joie montrer comme son oeuvre.

 

COMMENT L'OEUVRE SE POURSUIT

Mlle Alice Taylor, « Tante Lilette », cédant au désir de tous, a bien voulu assumer la lourde tâche de directrice de La Maison, tout en continuant à tenir le ménage de M. Sergy.

Intimement unie à Mme Sergy, sa cousine, dont pendant vingt-sept ans elle a partagé la vie, Mlle Taylor connaissait, mieux que personne, les multiples responsabilités de l'oeuvre. Et c'est dans le même esprit de foi et d'amour qu'elle la poursuit.

Elle est secondée par Mlle Tièche, « Tanty », venue plus récemment, en 1939. Sa grande expérience spirituelle auprès des enfants, lui avait très vite acquis la confiance de Mme Sergy, qui avait trouvé en elle une très précieuse collaboratrice.

M. Jean Sergy, instituteur, visiblement appelé par Dieu, formé au contact de sa mère, se consacre sans réserve à sa tâche auprès des jeunes. Sa vocation s'affirme de plus en plus.

Enfin M. Julien Sergy, à qui Dieu a conservé ses forces, continue, malgré le grand vide qui s'est creusé dans sa vie, à diriger les travaux agricoles et autres. Ses grandes connaissances le rendent inappréciable et indispensable.

Nous ne pouvons nommer ici tous ceux et toutes celles qui sont à la brèche à l'heure actuelle, mais il n'est pas possible de passer sous silence « Tante Lina » qui, depuis vingt-sept ans, s'occupe de la cuisine, ce qui n'est certes pas une sinécure, ni Mlle Rochat qui dirige l'école depuis vingt-trois ans. Que de patience, d'oubli de soi, de fermeté et de capacités aussi, pour mener à bien l'instruction et la formation du caractère de tant d'enfants souvent difficiles !

Tous, dans La Maison, s'attendent au Dieu qui donne la sagesse et renouvelle les forces. Un jour viendra où l'on verra la récompense de l'amour persévérant et de la foi triomphante. « Ainsi, mes bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur (1 Cor. 15. 58). »

Le dernier rapport, paru la 12 mai 1943, est la preuve manifeste que Dieu n'abandonne pas son oeuvre.

En voici quelques passages :

« Rien n'est impossible à Dieu (Luc 1. 37). »

De divers côtés nous est parvenue la demande d'un rapport sur l'oeuvre de La Maison, et nous avons senti poindre un souci chez nos amis, quant à sa continuation, après le départ de notre chère directrice et mère. Nous voudrions exprimer notre gratitude envers Dieu en disant que nous venons de faire la magnifique expérience de sa fidélité. À tous ceux qui nous ont portés par la prière, nous pouvons affirmer : « En Lui mon coeur se confie, et je suis secouru (Ps. 28. 7). »

Après le départ de M. Moreillon, Mme Sergy écrivait. « Il est parti, pouvant répéter avec l'apôtre : « J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai cardé la foi ». Il est parti en remettant au Seigneur, et les siens et l'oeuvre qu'il avait été appelé à fonder. Sa confiance a été pleine et entière ; il savait que le Père des orphelins prendrait soin de tous ceux qu'il laissait. » Ne peut-on pas rendre à Mme Sergy le même témoignage ? Sur son bureau, elle a laissé, bien en évidence, ces lignes que nous relisons souvent : « Pourquoi être inquiets ? Si nous sommes entièrement soumis au Seigneur, si nous l'avons accepté comme Sauveur personnel et comme Maître absolu de nos vies, nous n'avons rien à craindre. »

... L'exemple qu'elle nous laisse, n'est-il pas comme une lumière dans le coeur de ceux qui l'ont connue ? L'oeuvre à laquelle elle a donné toute sa vie ne pouvait pas disparaître ; l'héritage sacré qu'elle nous remet, nous voulons, avec l'aide de Dieu, le conserver.

« La Maison étant l'oeuvre du Seigneur seul et sa propriété, ne se rattache à aucune Église humaine particulière. Elle est un instrument dont le Seigneur se sert pour les progrès du Royaume de Dieu et de l'Eglise chrétienne universelle, c'est-à-dire celle qui professe sincèrement la foi au Père, au Fils et au Saint-Esprit selon la Parole de Dieu. »

... La Maison abrite en ce moment 61 enfants... Nous en attendons encore quatre, dans le courant de ce mois. Pour loger tout ce petit monde, nous avons dû prévoir plus de place. Depuis bien des mois, nous espérions compléter l'aménagement du nouveau bâtiment « La Ferme »... Dieu a répondu en envoyant l'argent nécessaire.

... L'état de nos finances est un nouveau témoignage de la fidélité de notre Dieu, qui non seulement a donné le nécessaire chaque jour, mais nous a mis au large.
À diverses reprises, un même don anonyme nous est parvenu, avec les indications suivantes sur les mandats :

- « Dieu pourvoira à tous vos besoins, selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ (Phil. 4.19). »

- « Il bénira ceux qui craignent l'Éternel, les petits et les grands ; l'Éternel vous multipliera ses faveurs, à vous et à vos enfants (Ps. 115.13 et 14). »

- « Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir (Act. 20. 35b). »

Jusqu'ici, nous avons pu laisser en attente cette somme, demandant au Seigneur de nous accorder la réalisation de nos projets de construction.
Il a fait éclater sa miséricorde envers nous, par le moyen de beaucoup d'amis, au près comme au loin, et c'est d'un coeur ému de reconnaissance que nous les présentons à notre Père céleste.

« Sentez et voyez combien l'Éternel est bon !
Heureux l'homme qui cherche en Lui son refuge !
Craignez l'Éternel, vous ses saints !
Car rien ne manque à ceux qui le craignent. »

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