Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'Eglise vaudoise actuelle

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Qu'est-il resté du vaste mouvement vaudois qui, du temps de Valdo, s'était déjà répandu dans la moitié de l'Europe? A travers mille dangers, il a continué à s'étendre pendant tout le Moyen Age. Etouffé en maints endroits par l'Inquisition et par des persécutions à main armée, sans cesse renaissant sous les cendres, il a servi à la fondation du puissant réveil hussite en Bohême et en Moravie.

L'étude des régions parcourues par les Barbes, à la veille de la Réforme, à travers tout le midi et le centre de la France, amène à la conclusion que dans ces contrées, où le protestantisme a pousse de si profondes racines, les églises réformées se sont greffées sur l'ancien tronc vaudois.

La répression féroce des XVIe et XVIIe siècles a fait disparaître les églises vaudoises de Calabre et des Pouilles, des plaines du Piémont, de l'ancien Marquisat de Saluces, des vallées de Châteaudauphin, de Pragela et de Suse. Celles du Valentinois, de la Drôme et de l'Isère se sont fondues dans la grande Eglise réformée, tout comme celles du Languedoc.

Mais l'histoire de leur martyre a valu une place à part aux Eglises vaudoises de Mérindol, Cabrières, Lourmarin et maintes autres en Provence, ainsi qu'à celles de I'Embrunais, du Queyras et du Briançonnais,

C'est de ces montagnes qu'un fort noyau de Vaudois est parti pour fonder plus d'une église en Algérie. Toutes ces populations relèvent actuellement des Eglises de France. La Révocation de l'Edit de Nantes (1685) a chassé de leur pays plusieurs milliers de Vaudois des vallées cisalpines alors annexées à la France. Ils ont fondé de nombreuses colonies qui se considèrent encore comme vaudoises, en Allemagne, particulièrement en Wurtemberg, Baden, Hesse.

Les seules, qui forment un corps à part, sous le nom d'Eglise Vaudoise, sont celles dont les vicissitudes longues et terribles, y compris plus d'un exil et d'une rentrée, l'ont fait appeler l'Israël des Alpes.

Elle compte dix-sept paroisses, dans les vallées de Saint-Martin, de la Pérouse et de Luserne, à Pignerol et à Turin, formant une population de près de vingt mille âmes.

L'oeuvre d'évangélisation de l'Italie, commencée dès que les temps de liberté en ont ouvert les portes, à partir de l'année 1848, a établi soixante-dix églises dans les principales villes et dans maints villages de la Péninsule, d'où le chandelier aux sept étoiles rayonne dans les régions environnantes.

Un vaste mouvement d'émigration, commencé il y a quatre-vingts ans et qui se poursuit encore, a donné origine à l'église de Nice, aux deux mille Vaudois de la colonie de Marseille, à celles de Genève, de Lyon, de Paris, des Etats-Unis, pour ne pas parler des moindres. Les colonies nombreuses et prospères de l'Urugay et de la République Argentine, sont organisées en paroisses, avec des pasteurs vaudois et se reconnaissent comme une partie intégrante de l'Eglise des Vallées.

Ces colons sont au nombre de dix mille et leur multiplication accuse une progression telle que le moment n'est peut-être pas très éloigné où il dépassera les Vaudois, resserrés depuis des siècles dans leurs vallées, où ils ne peuvent s'accroître qu'en essaimant.

Le vieux tronc alpin, encore vigoureux, les rameaux épars en Italie, l'Eglise de New-York, et la puissante ramification de l'Amérique du Sud, forment ensemble une organisation unique. Celle-ci est régie par le Synode, qui siège chaque année à la Tour (Torre Pellice), chef-lieu des Vallées vaudoises.

Cette assemblée, où toutes les églises sont représentées par des pasteurs et des laïques, nomme chaque année les autorités de l'Eglise. Ce sont : la Table, dénomination qui remonte à la Réforme du XVIe siècle, présidée par le Modérateur, aidé d'un adjoint, d'un secrétaire et de quatre autres membres; le Conseil de la Faculté de Théologie et la Commission des Institutions hospitalières. L'organisation est strictement presbytérienne, selon le type établi par Calvin. La doctrine est pareillement celle de l'Institution Chrétienne. Elle n'a pas varié sensiblement depuis les temps où les pasteurs vaudois se préparaient en vue du ministère aux pieds de Calvin et de Théodore de Bèze, et, plus tard, de Gaussen, de César Malan et de Merle d'Aubigné.

L'Eglise vaudoise doit à la persécution séculaire, qui ne lui a guère donné de relâche, le fait que ses pasteurs n'ont pas eu le loisir de se livrer aux disputes théologiques, qui ont si fort divisé les Eglises de France, de Suisse et de Hollande. La vie ecclésiastique dans les Vallées a surtout été pratique.

Une grande tâche l'attend, celle de continuer à porter le chandelier de la Parole dans Italie entière, de prêcher l'Evangile dans cette Rome où Valdo a apporté sa Bible et d'où,, repoussé, il l'a emportée en' répétant : « Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. »

Si le Concile, réuni dans l'église de Saint-Jean de Latran, a feint de mépriser ces simples, dont il craignait le zèle apostolique, les disciples de Valdo célèbrent aujourd'hui, dimanche après dimanche, leur culte dans deux églises, l'une toute simple, située au pied du Quirinal, naguère le somptueux Palais des pontifes; l'autre plus grandiose, érigée récemment près du château de Saint-Ange, la forteresse des papes, devant laquelle s'allumaient les bûchers des martyrs, et non loin du Vatican et de la basilique de Saint-Pierre.

Dieu a béni largement le sacrifice de ses biens, joyeusement accepté par Valdo, et le travail fidèle de ses successeurs. Il tient en réserve des bénédictions encore plus grandes pour l'avenir, si les nouvelles générations de fidèles persévèrent dans la voie de leurs pères.

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