Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Valdo, son nom et ses origines

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Le Moyen Age a été l'âge d'or pour le clergé tant séculier que régulier. Prêtres et moines, évêques et papes, à l'envie, avaient établi une réelle domination sur les âmes du peuple, que la plupart d'entre eux entretenaient de propos délibéré dans l'ignorance.

Bien qu'on ne croie plus à la légende d'après laquelle, en l'an mille, la crainte de la fin du monde aurait poussé des masses de gens à donner leurs biens aux prêtres pour sauver leurs âmes, il est avéré que l'Eglise a accumulé des richesses extraordinaires à l'époque des croisades. Ces croisés, que Rome lançait contre l'Orient au cri de Dieu le veut, lui prêtaient ou lui cédaient leurs propriétés contre de l'argent. De fortes sommes étaient laissées en dépôt par d'autres, qui ne vinrent jamais les redemander, ayant péri en Orient.

L'Eglise acquit ainsi cette influence que la richesse donne toujours sur le peuple.

D'autre part, la résistance opposée par le pape Grégoire VII et ses successeurs au pouvoir de l'Empereur et des autres souverains, valut à la papauté une autorité politique, dont elle se servit pour s'assujettir les nations chrétiennes.

Les nouvelles doctrines introduites dans l'Eglise, en particulier celles de la transsubstantiation et du purgatoire qui attribuent au prêtre des pouvoirs s'étendant jusqu'à la Divinité et à la vie future, lui asservirent les âmes et les consciences.

Cependant, on peut répéter, au sujet de cette époque, ce que Paul disait du monde païen: « Dieu ,ne s'est jamais laissé sans témoignage ». (Actes XIV)

De siècle en siècle, il y eut des hommes courageux et ardents de zèle pour la vérité, qui protestèrent contre les abus de Rome. Il suffit de nommer, au IVe siècle, Jovinien en Italie, bientôt remplacé par Vigilance, natif des Pyrénées; au ne siècle, le catalan Claude, évêque de Turin; au XIe siècle, Pierre des Broues (ou de Bruis) dauphinois, Henri de Lausanne, Arnaldo de Brescia. S'ils succombèrent dans la lutte contre de plus puissants qu'eux, leur témoignage fidèle, et leur activité dévorante au service de la bonne cause, ne furent pas stériles. Ils laissèrent après eux de nombreux disciples tout prêts à appuyer le nouveau héraut de l'Evangile, que Dieu se préparait à susciter.

il ne tarda pas à apparaître en la personne de Pierre Valdo.

La personnalité le nom, l'origine de Pierre Valdo ont été et sont encore le sujet de chaudes disputes entre les studieux de l'histoire religieuse au Moyen Age. Son existence même a été mise en doute, tandis que certains tendent à le confondre ou à le fondre avec, ses prédécesseurs immédiats ou avec tel de ses contemporains.

Les données que l'on trouve chez quelques auteurs, qui ont vécu de son temps ou peu après, nous semblent cependant suffisantes pour nous permettre d'affirmer sa personnalité historique, ainsi que l'authenticité et l'originalité de l'oeuvre qui lui est généralement attribuée.

Le nom de Valdo, Valdez, Valdus, était assez commun à, Cette époque, en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Angleterre. Il est sans doute dérivé de l'allemand Wald, bois, foret, et indique des personnes originaires de localités portant ce nom,

On a cru devoir chercher le point de départ de Valdo dans les Vallées du Piémont Mais aucune preuve, de même qu'aucune règle d'étymologie, ne permet de l'affirmer.

D'autres le disent originaire de Vaulx-en-Velin, petite ville située non loin de Lyon, ou de tel autre Vaulx, mais les habitants en sont appelés Vaulxois et non Vaudois. Ce dernier nom se rapproche bien plus de celui du canton de Vaud, qu'on appelait à cette époque Pagus ou Comitatus Waldensis, et son seigneur Comes Vaudi. Un document vaudois de 1404 fait venir Valdo de Vaudia ou Waldis, localités qu'on ne sait comment identifier. Valdo aurait donc été originaire de cette région, et en aurait reçu le nom à Lyon, comme il arrive encore aujourd'hui qu'une personne, qui change de patrie, reçoive de ses nouveaux concitoyens un surnom rappelant le pays de sa provenance. Et combien de noms de famille actuels n'ont pas d'autre explication! Au reste, on a donné beaucoup trop d'importance à cette question, dans le but de faire de Valdo un individu qui aurait, de par ses origines, appartenu à une population déjà détachée de l'Eglise de Rome et qui aurait habité les Alpes Cottiennes.

Or, non seulement il n'en est rien, mais, d'après toutes les données connues, Valdo, avant sa conversion, se rattachait à l'Eglise romaine. La connaissance de son lieu de naissance pourrait donc satisfaire un point de curiosité biographique, mais elle ne servirait pas à expliquer la formation de ses croyances religieuses. Bien que la forme Valdès de son. nom soit la plus ancienne, nous maintenons celle de Valdo, depuis longtemps adoptée par l'usage.

Les détails de sa vie à Lyon peuvent être rappelés en unissant les données que fournissent trois sources, catholiques contemporaines: Etienne de Bourbon, né à Belleville, sur le Rhône, dominicain, inquisiteur pendant vingt-cinq ans, mort à Lyon vers 1260; un Inquisiteur de Passau, en Bavière, qui écrivait vers l'an 1260, et surtout la Chronique de Laon, rédigée par un chanoine anonyme, et particulièrement riche en détails précieux.

Un autre Inquisiteur, Moncta, qui écrivit en 1244 un traité, Adversus Catharos et Valdenses, dit que ceux-ci avaient commencé environ quatre-vingts ans auparavant a Valdesio cive lugdunense.

Quant à son prénom de Pierre, la première mention connue, assez tardive, eu de 1368: c'est une lettre des Frères. de Lombardie, qui l'appelle Petrus de Walle.

Après avoir déblayé le terrain des suppositions hasardeuses et indiqué les sources les plus sûres, il est temps de passer au' récit de la vie et de l'oeuvre de notre héros.

Né vers 1140, il s'établit, à une 'époque que nous ne pouvons préciser, à Lyon, qui a été de tout temps une cité éminemment commerciale, grâce a sa position au confluent du Rhône et de la Saône. Valdo, qui ne pensait qu'à amasser des richesses, s'y sentit attiré et y fixa sa résidence. D'après un inquisiteur, il aurait eu sa demeure et son comptoir non loin de l'Eglise Saint-Nizier (1) dans la rue appelée Maudite à cause de lui, et plus tard rue Vendrant. Son commerce ayant prospéré, grâce à son habileté et à ses capacités, il devint un gros propriétaire et acquit le titre et les privilèges de citoyen de Lyon. La Chronique de Laon l'accuse de s'être enrichi au moyen de l'usure, Cela n'est pas impossible. Ce qui est certain, c'est que personne ne pensa à le lui reprocher tant qu'il resta dans le giron de l'Eglise, et que cette accusation ne fut soulevée qu'après qu'il eut fait le sacrifice de tous ses biens.


1. Il est curieux de constater que c'est dans un logis derrière Saint-Nizier, que se donnèrent rendez-vous huit Barbes vaudois en 1492 pour se rendre compte mutuellement des régions visitées ou à visiter.

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