Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Jean Knox.

1549

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Au nombre des compagnons de travaux de Wishart, était un homme bien taillé pour activer et régulariser la réforme écossaise.

Jean Knox, né à Gifford, en 1505, était professeur à Saint-André, déjà à l'âge de vingt-cinq ans. Converti de bonne heure aux vérités chrétiennes, il ne put voir sans frémir les iniquités commises contre les réformés. Plus d'une fois il accompagna Wishart dans ses courses missionnaires et dévoila avec une sainte hardiesse les hérésies, les mensonges de Rome. Son éloquence, sa figure imposante, ses vues nettes et précises, sa foi vive, donnaient à ses paroles un charme qui captivait 'les coeurs.

Lors du martyre de Wishart, Knox était précepteur à Lothian, auprès des enfants du laird Douglas. Cette retraite ne put le mettre à l'abri des poursuites de Beatoun et des évêques. Cité devant eux pour rendre compte de sa foi, il défend ses droits avec une telle assurance, que le clergé n'ose pas lui faire subir le sort du prédicateur de Montrose, et se borne à une simple admonition. Knox s'enhardit de plus en plus : il conjure les amis de la réforme d'arborer l'étendard de Christ. 

L'Ecosse était alors entre deux feux. D'un côté, après la mort de Henri VIII, roi d'Angleterre, la régence, durant la minorité d'Edouard VI, prêtait main forte aux partisans du pape en Ecosse; de l'autre, Henri II, roi de France, volait au secours des Ecossais opposés à l'alliance anglaise : secours perfide qui allait restaurer le papisme et attiser la guerre civile. Une foule de réformistes s'étaient retirés, avec Knox, au fort Saint-André depuis la mort tragique du cardinal. Les troupes françaises assiègent le fort, s'emparent de la place; la garnison, contre la foi jurée, est envoyée aux galères en France. Knox est au nombre des prisonniers.

Délivré en 1549, il se rend en Angleterre, et évangélise avec succès la province de Berwick. En 1551, il est nommé chapelain d'Edouard et proteste énergiquement contre les restes de papisme dont l'église anglicane est infestée. Edouard veut le faire évêque. Knox refuse et préfère la carrière d'évangéliste aux honneurs d'un prélat. La mort précoce de ce jeune et pieux prince (1554) l'oblige à fuir l'Angleterre, que la sanguinaire Marie va s'efforcer de replacer sous le joug de Rome. Il n'échappe aux persécutions de cette femme qu'en se sauvant à Genève.

Calvin et tous les réformés genevois l'accueillent comme un frère. Knox s'affermit dans sa prédilection pour le presbytérianisme, en vertu duquel l'Eglise a, à sa tête, des anciens tous égaux entre eux. En novembre 1554, nous le trouvons à Francfort sur le Mein, refuge d'une foule de familles anglaises et écossaises.

Pendant son absence, l'Ecosse était violemment tourmentée; l'influence française pour l'extirpation de l'hérésie, irritait de plus en plus les réformés. Le concile de Trente venait de faire entendre ses anathèmes. Le régent d'Ecosse, Arran, et le clergé donnaient force de loi à ces arrêts dictés par le plus aveugle antichristianisme. Aucun livre ne devait être publié sans l'approbation du régent, c'est-à-dire du clergé. Marie de Guise, veuve de Jacques V, venait, à force d'intrigues, d'être reconnue régente d'Ecosse. Toute dévouée au pape, comme les Lorrains en France, elle s'apprêtait à poursuivre, dans son royaume, la même oeuvre de destruction qui se faisait au-delà de la Manche.

Ce fut alors, en 1555, au milieu de cette redoutable coalition, que Knox rentra dans son pays. Une partie de la noblesse le reçut comme un libérateur. Ses prédications à Edimbourg et dans les provinces furent arrosées d'abondantes bénédictions. Une église nombreuse se forma par ses soins dans la capitale même ; l'exemple donné par cette cité encouragea les réformés dans un grand nombre de lieux. Les prêtres et les seigneurs asservis au papisme s'émurent de nouveau à la vue des progrès de l'hérésie. En mai 1556, Knox est cité par le clergé à comparaître à Edimbourg. Les hommes les plus éminents sont prêts à prendre sa défense. Le clergé, effrayé, recule devant la pensée de toute violence exercée contre un homme entouré de puissants amis. Au lien d'exiger de lui une rétractation, les évêques le laissent prêcher dix jours dans une maison particulière, et le nombre des âmes converties à Christ ne fait que s'accroître. La reine régente elle-même impose silence à ses lois oppressives, et, durant quelque temps, il n'y eut pas de collisions entre les partis.

Mais les romanistes creusaient des mines souterraines pour s'emparer de la place, et préparaient le peuple à une insurrection. D'un autre côté, la réforme, malgré ses progrès, ne marchait pas au gré de Knox; la lenteur, l'indécision de plusieurs de ses partisans, lui causaient une vive douleur. Dans l'été de 1556, il repart pour Genève. Etait-ce prudence humaine, impatience, on tactique habile pour éprouver la foi des réformés et laisser carrière à la fureur concentrée de ses adversaires ? Quoi qu'il en soit, dès que Knox est parti, le clergé, qui n'avait pas osé mettre la main sur lui, le cite à sa barre, le condamne comme hérétique et le brûle en effigie au milieu de la capitale. Il pensait, par cet acte si lâche, effrayer les réformés et faire taire pour toujours le réformateur; il manqua son double but: l'Evangile continua ses conquêtes, et, de Genève, Knox fit retentir plus fortement sa voix. Il lance sur l'Ecosse un écrit à la Luther, dans lequel il stigmatise la lâcheté de ses ennemis, dévoile les aberrations romaines, en appelle à un concile libre et invite la noblesse, les états, la nation entière, à briser les fers de l'antichrist. Cet appel foudroyant est mieux compris du peuple que des grands. Le peuple y répond à sa manière, par des actes de violence ; il envahit les temples papistes, brise les images, enlève et détruit tout l'attirail idolâtrique. Un autre résultat plus honorable de récrit de Knox, fut la conversion de plusieurs prêtres.

Un événement des plus graves contribua à ruiner le papisme en Ecosse. Marie Stuart, âgée de seize ans, fille de la reine régente, était fiancée à François, dauphin de France, qui, plus tard, régna sous le nom de François Il. Un article secret de l'acte de mariage portait que l'Ecosse passerait sous la domination de la France, au cas où la jeune Marie mourrait sans laisser d'enfants : politique habilement ménagée par les conseillers de Henri II, à Paris, et par les partisans de Rome, à Edimbourg. La découverte de cette trahison excita une indignation profonde en Ecosse, et les réformés, particulièrement dévoués à l'indépendance de leur patrie, écrivirent à Knox, le conjurant de rentrer dans son pays.


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Marie Stuart et Knox.

1557

 

Knox attendait un moment favorable pour retourner dans sa patrie. Il quitte donc ses amis de Genève, arrive à Dieppe et va traverser le canal. Mais, dans l'intervalle entre la lettre d'appel et son arrivée dans ce port de mer, les Ecossais ont fléchi; une nouvelle missive apprend au réformateur que son retour serait inopportun; que l'heure d'agir n'est pas encore venue.

Knox est indigné il prend la plume et écrit aux signataires de la lettre, le comte de Glencairn, Erskine et d'autres, pour relever leur courage. « Le Seigneur ne parle-t-il pas à votre conscience? Ne sentez-vous pas que votre devoir est d'exposer votre vie contre les rois, pour délivrer vos frères? Si l'on vous nomme les princes du peuple, et si vous recevez de lui honneur, tribut, hommage, ce n'est pas en vertu de votre naissance, comme plusieurs le pensent mal à propos, mais c'est à raison de votre devoir, qui est de défendre vos sujets contre toute violence et toute oppression. Prenez un parti décisif sur tous les points contenus dans ma lettre à la noblesse du royaume et que chacun s'en fasse à lui-même l'application; car, un jour, soyez-en sûr, vos consciences vous diront clairement que la réforme de la religion et des désordres publics n'appartient pas au clergé seul, ni aux chefs suprêmes qui portent le titre de monarques. »

C'est ainsi que, dans ce travail d'émancipation, un ministre de Christ devenait un chef de parti. Son but était une réforme religieuse: pour l'obtenir, il fallait, selon lui, au sein d'une telle confusion, le secours de la noblesse. Celle-ci prit courage: la puissante parole de Knox fut entendue. Les seigneurs resserrèrent leurs rangs et signèrent un acte qui fait époque dans la réformation écossaise. « Nous soussignés, vu les efforts que, dans leur rage, Satan et ses membres, les antichrists de ces temps-ci, font pour renverser et détruire l'Evangile de Christ et son Eglise, nous regardons comme notre devoir le plus strict de combattre pour notre maître jusqu'à la mort, certains que nous sommes de triompher en lui. Et après avoir bien considéré que telle est notre obligation, nous promettons devant la majesté de Dieu et devant sa Congrégation, que, moyennant sa grâce et avec toute la diligence dont nous sommes capables, nous consacrerons notre pouvoir tout entier, notre fortune et notre vie à maintenir, à consolider la bonne Parole de Dieu et sa Congrégation, et que nous ferons tout notre possible pour avoir des ministres fidèles, qui distribuent purement et simplement au peuple de Dieu l'Evangile et les sacrements de Jésus-Christ. Nous les soutiendrons, les nourrirons et les défendrons, ainsi que la Congrégation de Christ, selon le pouvoir qui nous en sera donné. Et, s'il faut, au péril de notre vie, faire la guerre à Satan et à toute puissance malfaisante, pour délivrer de leur tyrannie la susdite Congrégation, nous promettons encore do le faire. »

Knox tressaillit de joie en apprenant cet acte énergique contre 13 tyrannie papale. Il repartit pour la Suisse.

Les signataires de cette mémorable pièce prirent le nom de « Lords de la Congrégation, » et invitèrent les églises à se tenir fermes et à se réunir pour le moment en maison privée. La reine régente recourt aux menaces, à l'intrigue, puis au bannissement contre tout ministre protestant. Vains efforts : l'arbre de la réforme avait pris de trop profondes racines pour succomber sous l'orage. Knox, voyant que le moment de se montrer était venu, quitte le continent. Le peuple l'accueille avec enthousiasme. Le 11 mai 1559 il est à Perth et prêche avec une force inouïe contre le culte des images et les autres aberrations romaines. Dans l'assemblée se trouvait un prêtre qui riait des paroles du prédicateur. et qui, par ses gestes, attirait les regards d'une foule frémissante. Après le discours de Knox, ce prêtre se met à célébrer la messe et présente au peuple une de ces reliques jadis tant vénérées. Un des assistants élève la voix contre ces pratiques idolâtres : le prêtre le frappe; une pierre est lancée contre l'image et la brise. Aussitôt toute la ville est en émoi; les idoles sont réduites en pièce, les autels renversés; les couvents sont saccagés. L'oeuvre de destruction s'étend dans toute la contrée d'alentour. Knox, témoin de cette scène, est impuissant contre de tels excès. Grâce à ses soins, le sang ne fut pas versé.

La régente rassemble les quelques troupes que peut lui fournir la portion de la noblesse qui lui est restée fidèle. Pendant ce temps-là, les réformés s'établissent à Saint-André, y détruisent les emblèmes du romanisme et rallient toutes leurs forces. Ils se tiennent sur la défensive et protestent de leur fidélité à la reine, tout en déclarant qu'ils sont prêts à tout sacrifier pour sauvegarder leur foi et la liberté de leur culte. La lutte fut loin d'être aussi sanglante que celle qui ravagea si longtemps la France; mais elle le fut assez pour montrer ce que les princes gagnent en voulant à tout prix imposer leur symbole.

Le 10 juin 1560, la régente fut déposée; le parlement élut un conseil de vingt-quatre membres, dont douze devaient, en l'absence de Marie Stuart, gouverner le royaume. Toute juridiction du pape, en Ecosse, fut abolie. La célébration de la messe fut interdite sous des peines très sévères.

Durant les sept années du règne de Marie Stuart, devenue de bonne heure veuve par la mort de François II, l'Ecosse eut à lutter contre le bigotisme de cette reine et la protection qu'elle accordait aux sectateurs de Rome. Un jour elle voulut voir Knox, regardé avec raison comme le plus hardi promoteur de la révolution religieuse. Elle l'invite à se rendre au palais. Est-ce un guet-apens? Est-ce un pas vers une réconciliation ? Knox l'ignore; mais, assuré du secours de Dieu, il se rend où on l'appelle.

- Vous avez détourné de moi mes sujets, lui dit Marie; vous avez publié un livre contre le droit des femmes à monter sur le trône et fomenté la révolte.

- Est-ce fomenter la révolte, répond Knox, que d'enseigner au peuple les vérités divines? Je suis persuadé que votre Grâce reçoit de ses sujets convertis à l'Evangile, une obéissance aussi sincère que son père ou le plus illustre de ses ancêtres en a reçu des évêques. Quant au livre auquel votre Grâce fait allusion, je déclare l'avoir écrit contre Marie d'Angleterre.

- Vous avez entraîné le peuple dans une religion différente de celle de ses pères, ce qui est contraire à la Parole de Dieu et à l'obéissance qu'elle exige de la part des sujets envers leurs princes.

- Ce n'est pas là l'obéissance que l'Ecriture impose aux peuples. La religion vient de Dieu et non des princes. Quand un gouvernement s'écarte de la vérité, c'est le devoir des sujets d'obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.

- C'est donc à vous que mes sujets doivent obéir, et non point à moi !

- Non, telle n'est point ma pensée. Tout mon désir est que les princes et les peuples obéissent à Dieu.

- Mais je ne puis protéger une église que je ne regarde pas comme la vraie. L'église romaine est, à mon avis, la seule vraie; c'est celle que je défendrai de tout mon pouvoir.

Le réformateur démontre, dans un long discours et avec une intrépidité héroïque, que Rome a foulé aux pieds la vérité, qu'elle n'est plus l'épouse de Jésus-Christ, et que l'église réformée n'est que l'héritière des doctrines apostoliques. Après son éloquent plaidoyer, il put se retirer sain et sauf.

L'attachement opiniâtre de Marie Stuart au papisme lui fut fatal. Ses deux mariages successifs avec deux hommes indignes de sa main, la légèreté de ses moeurs, associée à son bigotisme, amenèrent sa chute. En juillet 1567, elle dut signer son abdication. Son fils, Jacques VI, encore enfant, fut appelé sur le trône, et le régent, Murray, ami déclaré de la réforme, concourut puissamment à la pacification du royaume. Dès lors, le protestantisme, si laborieusement établi, s'y consolida de plus en plus. Knox eut la joie de voir ses travaux couronnés de succès. Il mourut en paix à Edimbourg, le 24 novembre 1572. 

Tandis que le réformateur quittait cette arène de luttes, Marie gémissait dans une prison. Retirée en Angleterre, elle avait imploré l'appui de la reine *Elisabeth. Accusée du meurtre de son époux, puis d'un complot contre Elisabeth, elle périt sur l'échafaud, après dix-huit ans de captivité.


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Panorama.

 

Si un de mes jeunes lecteurs, ne sachant pas le grec, demandait : Qu'est-ce que veut dire ce mot: panorama? au lieu de lui en donner tout de suite l'étymologie, je le prierais de m'accompagner encore un instant. - Bon.Nous voilà en chemin, et nous atteignons bientôt le sommet de la plus haute tour de la ville. De là, notre vue s'étend fort au loin dans toutes les directions. Du bas de la tour, nous n'avions que des échappées; de là-haut, nous voyons tout autour de nous. Cette vue d'ensemble est un.... panorama. 

Faisons la même chose pour l'ensemble de nos esquisses historiques. Nous avons retracé les faits les plus saillants de la réforme dans chaque pays. Pourrions-nous maintenant nous représenter en grand ces faits, en avoir comme un panorama?

Oui.

Elevons-nous au-dessus des échappées; plaçons-nous, par la pensée, au sommet de l'histoire, et, avec une longue vue, nous découvrirons l'horizon le plus étendu. Si nous ne pouvons pas, comme pour un vaste horizon matériel, faire usage des yeux de notre tête, nous alIons employer ceux de notre esprit, dont la portée est bien plus grande encore.

Attention !

Que voyez-vous ?

Des peuples chez lesquels la réforme s'est définitivement établie d'autres chez lesquels elle n'est qu'ajournée.


Ecrivons en gros caractères ceux où elle a commencé simultanément.

SAXE. - (Luther, Mélanchthon.)

SUISSE. -(Zwingle, Farel, Oecolampade.)

FRANGE. - Lefèvre, Farel, Calvin...

 

De là elle rayonne dans

toute l'ALLEMAGNE,

WURTEMBERG,

PRUSSE,

HANOVRE,

HONGRIE,

TRANSYLVANIE

Une partie de la BAVIERE,

Une partie de la POLOGNE

Une partie de l'AUTRICHE

BOHEME,

SUEDE,

NORVEGE,

DANEMARK,

HOLLANDE,

ANGLETERRE,

ECOSSE,

IRLANDE.

 

Les églises évangéliques sorties de papisme, au XVIe siècle, et celles qui n'ont jamais reconnu le pape romain comme leur chef, tendent la main à leurs jeunes soeurs comme étant sur le même et seul fondement, Jésus-Christ.

Ainsi finirent celles des Vaudois, en Piémont, dans les Calabres, des Albigeois ou des Vaudois en Provence, Dauphiné, et de l'Europe centrale.

L'éponge bien trempée, dont nous parlions en commençant nos esquisses, n'a-t-elle pas enlevé bien des couches de poussière ? La beauté du tableau primitif n'a-t-elle pas , en grande partie du moins, reparu dans tout son éclat?

Demandez-vous ce que voulaient avant tout les réformateurs? Etait-ce le libre examen, la liberté de conscience?

Non ; ils voulaient en première ligne l'Evangile pur et sans alliage, des premiers chrétiens.

 

Par la même :

La foi au salut par grâce

Le culte en esprit et en vérité, dépouillé de l'attirail papiste ;

Une vie pratique et sainte, telle qu'elle est prescrite par la Parole de Dieu.

Vouloir et suivre la vérité, c'est répudier l'erreur.

Réclamer et réaliser les droits que Dieu nous a donnés de le servir selon sa Parole, c'est nier à l'homme, à une corporation d'hommes, le droit de dominer nos consciences, qui ne relèvent que de Dieu.

Le libre examen, la liberté des consciences fut un des fruits et non pas le but de la réformation.

Vous êtes à même maintenant de bien vous rendre compte des MOYENS Mis en oeuvre pour réaliser cette réforme. Les uns sont :

DIRECTS :

1° Le Saint-Esprit, qui a réveillé, éclairé les réformateurs ;

2° La lecture de la Parole de Dieu par les réformateurs eux-mêmes, et leur foi en la pleine divinité et l'entière autorité de cette Parole ;

3° La dissémination de la Bible, traduite en diverses langues, et in prédication de cette Bible.

Les autres sont :

INDIRECTS

1° Les persécutions atroces, commandées par les papes et exécutées par les rois, lesquelles faisaient surgir partout des amis de la réforme;

2° La résistance opposée par plusieurs princes et magistrats à la tyrannie papale, et la protection qu'ils ont accordée aux réformateurs;

3° La vie exemplaire de la plupart des réformés.

Pendant que vous avez devant vous ce magnifique panorama, voyez encore les

EFFETS DE LA RÉFORME

1°Formation d'un peuple nouveau, marchant sur les traces des chrétiens apostoliques; même foi en un seul médiateur et seul chef de l'Eglise, même salut, même espérance;

2° Moralité élevée, contrastant avec la corruption générale qu'engendre toujours la superstition ou un faux christianisme;

3° Progrès dans la culture intellectuelle des masses dans les sciences, dans la législation; progrès qui placent les nations attachées à la réforme bien au-dessus de celles qui l'ont repoussée.

« On est stupéfait, dit un écrivain moderne catholique, de la disproportion, si l'on mesure les progrès respectifs accomplis, depuis 1814, par les peuples chrétiens non-catholiques et qu'on les compare à l'avancement de puissance que les nations catholiques ont obtenu. » Il se demande avec douleur : « La civilisation catholique n'a-t-elle donc qu'à descendre au cercueil? »

Redescendons de notre tour et rentrons en nous-mêmes; demandons-nous si l'Evangile-évangile, remis en lumière par le réveil du XVII, siècle, nous a réellement réformés, renouvelés et rendus chrétiens.

Jeunes gens, nos amis, puisque c'est pour vous que nous avons pris la plume, permettez-nous de bien poser la question ; Avez-vous donné votre coeur à Celui qui s'est donné pour vous? A quoi vous servirait la connaissance de l'histoire, si vous ne connaissiez pas votre propre histoire, votre état de péché et de condamnation, le vrai remède : une foi vivante en Jésus-Christ? Que vous soyez nés d'une famille protestante ou catholique, n'admirez-vous pas la perpétuité de cet Evangile qu'ont cru et proclamé les St. Paul, les St. Pierre, les St. Jean , les Irénée, les Augustin, les Valdo, les Luther, les Farel, les Calvin, les Vermigli, les Paleario, les Knox, toute cette innombrable armée des témoins de la vérité? Cette seule considération ne vous frappe-t-elle pas?

Avez-vous donné votre coeur à Celui qui s'est donné pour vous?

Voyez cet Evangile primitif, qui fait aujourd'hui le tour du monde. Après avoir pris, il y a trois siècles, d'impérissables racines dans plus de la moitié de l'Europe, il attaque avec une sainte hardiesse, à cette heure, les idolâtries papistes, et leur fille, l'incrédulité.


Les pays où la réforme a compté tant de martyrs :

La FRANCE

LA BELGIQUE

ET D'AUTRES,

où la vérité a paru tant de fois succomber; ces pays renferment des milliers et des milliers de chrétiens non seulement détachés de Rome, mais dévoués à cet Evangile pour lequel surent mourir leurs pères. La France seule a plus de mille églises réformées évangéliques, et leur nombre grandit d'année en année.

 

Les pays où la réforme du XVIe siècle a été étouffée dans le sang:

l'ITALIE,

l'ESPAGNE

le PORTUGAL

une portion de l'AUTRICHE

la POLOGNE

et D'AUTRES,

ont dans leur sein tous les éléments d'une nouvelle réforme; les canaux se préparent, s'élargissent, s'allongent, et les eaux de la vie vont y circuler.

Au delà des mers est la jeune Amérique, monde nouveau, où le vieil Evangile, le même que le nôtre, opère des prodiges.

L'Afrique, l'Asie, d'immenses archipels couverts encore, en grande partie, d'épaisses ténèbres, sont aujourd'hui atteints de tous côtés parce que Rome appelle «l'hérésie.» Là aussi se lèvent des peuples nouveaux à la voix des messagers de Dieu. Si St. Paul, ou Valdo, ou Luther, ou l'un de nous visitait ces peuplades chrétiennes, il leur tondrait la main : « Nous sommes frères, leur dirait-il, rachetés par le même Sauveur, disciples du même Maître. Nous croyons, nous suivons là même Parole envoyée du ciel, et cela nous suffit. Le même arbre produit partout, sous tous les climats, à tous les âges, le même fruit. »

Jeunes gens du vieux monde, vous laisserez-vous devancer par ceux qui sont appelés après vous?


FIN


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