Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XIII

Suite

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Il peut paraître à quelqu'un, que nous donnons trop d'importance à une simple phrase de l'Ancien Testament ; ne le croyez pas. N'eussions-nous que ce seul exemple, ce serait une grave erreur de le traiter avec indifférence. Le fait est qu'il y a quantité de passages du même caractère que celui que nous avons cité plus haut, et qui montrent tous le contraste entre les économies juive et chrétienne, et aussi entre le christianisme et le royaume à venir.

Dieu agit maintenant en grâce envers le monde, et nous devrions faire de même, si nous désirons être semblables à Lui, ce à quoi nous sommes appelés. « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5, 48). Et encore : « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré Lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Eph. 5, 1-2).

Voilà notre modèle. Nous sommes appelés à suivre l'exemple de notre Père, à l'imiter. Il ne place pas le monde sous la loi, il ne maintient pas ses droits avec la main forte du pouvoir. Bientôt il le fera ; mais, maintenant est le jour de grâce, il répand ses bénédictions en riche profusion, sur ceux dont la vie entière est inimitié et rébellion contre Lui.

Tout cela est merveilleux, et nous chrétiens, nous sommes appelés à agir d'après ce glorieux principe moral. On dira peut-être : « Comment pourrions-nous vivre dans ce monde, et diriger nos affaires d'après de tels principes ? Nous serions volés, ruinés ; des gens mal intentionnés prendraient avantage sur nous, s'ils savaient que nous n'en appelons pas à la justice ; ils prendraient nos biens, emprunteraient notre argent, ou occuperaient nos maisons, et refuseraient de nous payer. En un mot, nous ne pourrions cheminer dans un monde comme celui-ci, si nous ne maintenions pas nos droits. Pourquoi y a-t-il des lois, sinon pour apprendre aux gens à se bien conduire ? Les puissances ordonnées de Dieu, ne le sont-elles pas dans le but de maintenir la paix et le bon ordre au milieu de nous ? Que deviendrait la société, si nous n'avions pas des soldats, des magistrats et des juges ? Et si Dieu a établi de telles choses, pourquoi, nous, son peuple, n'en profiterions-nous pas ? Et non seulement cela, mais qui est plus capable d'occuper des places d'autorité et de puissance, ou de manier l'épée de la justice, que le peuple de Dieu ?

Il y a sans doute beaucoup de force apparente dans toute cette suite d'arguments. Les puissances qui existent sont établies de Dieu. Le roi, le gouvernement, le juge, le magistrat sont, chacun à sa place, l'expression de la puissance de Dieu. C'est Dieu qui revêt chacun du pouvoir qu'il a ; c'est Lui qui a mis l'épée en la main du prince, pour punir ceux qui font le mal et louer ceux qui font bien. Tout cela est très facile à saisir. Le monde, tel qu'il est maintenant, ne pourrait subsister un seul jour, si l'ordre n'était maintenu par la main forte des autorités. Nous ne pourrions pas vivre, ou du moins, la vie serait intolérable, si les malfaiteurs n'étaient tenus en respect par l'épée de la justice.

Mais, en admettant tout cela pleinement, comme tout chrétien intelligent et enseigné par l'Écriture doit le faire, cela ne touche en rien à la question de la marche du chrétien dans ce monde. Le christianisme reconnaît pleinement toutes les institutions gouvernementales du pays, mais le chrétien n'a pas à s'en mêler, ce n'est pas son affaire. Où qu'il se trouve, et quels que soient le caractère ou les principes de gouvernement du pays qu'il habite, c'est son devoir de reconnaître son autorité, de payer les impôts, de prier pour les autorités, d'honorer les magistrats dans leur charge, de respecter les lois, de prier pour la paix du pays, et de vivre en paix avec tous, autant que cela lui est possible. Notre Maître, béni soit son saint Nom, nous en a Lui-même donné un parfait exemple.

Dans sa remarquable réponse aux Hérodiens, il reconnaît le principe de la soumission aux autorités qui existaient : « Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu» (Matt. 22, 21). Et non seulement cela, mais nous le trouvons aussi payant le tribut, quoiqu'il en fût libéré personnellement. Ils n'avaient pas le droit de l'exiger de Lui, comme il le montre à Pierre. L'on pourrait dire : « Pourquoi ne réclamait-il pas ? » Aurait-il voulu réclamer ou accuser ? Non écoutez la réponse admirable qu'il fait à l'apôtre « Mais afin que nous ne les scandalisions pas, va-t'en à la mer, jette un hameçon, et prends le premier poisson qui montera ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu y trouveras un statère ; prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi » (Matt. 17, 27).

Ici nous revenons à notre thèse, savoir : Quel est le sentier du chrétien dans ce monde ? Il doit suivre son Maître, l'imiter en toutes choses. Faisait-il valoir ses droits ? Recourait-il à la loi ? Essayait-il de gouverner le monde ? Se mêlait-il des affaires politiques ou judiciaires ? Se servait-il de l'épée ? Consentait-il à être juge ou arbitre, même lorsqu'on l'y appelait ? Toute sa vie n'a-telle pas été, du commencement à la fin, une vie de renoncement et d'abnégation ?

 

Nous laissons le lecteur chrétien chercher lui-même dans son coeur, la réponse à ces questions, et cela pour que l'effet pratique en soit produit dans sa marche. Nous espérons aussi que les vérités présentées ci-dessus, lui donneront l'intelligence de passages semblables à celui de Deut. 13, 9-10. L'opposition à l'idolâtrie, et la séparation d'avec le mal, aussi nécessaires assurément pour nous que pour Israël autrefois, ne se déploient pas de la même manière. L'Eglise est appelée impérativement à rejeter le mal et ceux le commettent, mais pas de la même manière qu'Israël : il n'est pas de son devoir de lapider les idolâtres et les blasphémateurs, ou de brûler les sorciers. L'église de Rome a agi sur ce principe, et des protestants même - ceci à la honte du protestantisme - ont suivi son exemple (1).

L'Eglise n'est pas appelée à se servir de l'épée temporelle. Cela lui est positivement défendu ; ce serait un démenti net donné à sa vocation, à son caractère et à sa mission. Lorsque Pierre, dans son zèle ignorant et charnel, tira l'épée pour défendre son Maître, celui-ci le reprit par ses paroles fidèles, et l'enseigna par son acte de miséricorde : « Remets ton épée en son lieu ; car tous ceux qui auront pris l'épée, périront par l'épée » (Matt. 26, 52). Ayant ainsi réprimandé son disciple bien intentionné mais peu intelligent, il répara sa faute en guérissant le mal. « Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu, et amenant toute pensée captive à l'obéissance du Christ » (2 Cor. 10, 4-5).

L'église professante s'est complètement fourvoyée quant à cette grande et importante question. Elle s'est unie au monde, et a cherché à soutenir la cause de Christ au moyen d'une action mondaine et charnelle ; dans son ignorance, elle a essayé de maintenir la foi chrétienne en la reniant d'une manière honteuse, dans la pratique. Des hérétiques placés par ses ordres sur le bûcher, voilà une terrible tache sur les pages de l'histoire de l'Eglise, et on ne peut se faire une juste idée des terribles conséquences résultant de la fausse notion, que l'Église est appelée à prendre la place d'Israël et à agir d'après ses principes (2). C'est ce qui a faussé complètement son témoignage et lui a ôté son caractère essentiellement spirituel et céleste ; c'est ce qui l'a conduite dans une voie qui aboutit à ce que nous lisons dans Apoc. 17 et 18. Que celui qui lit comprenne.

Nous espérons que ce qui a été dit plus haut engagera nos lecteurs à bien considérer à la lumière du Nouveau Testament le sujet qui vient de nous occuper et que Dieu, dans sa bonté infinie, se servira de ce moyen pour les amener à voir clairement le sentier d'entière séparation dans lequel, comme chrétiens, nous sommes appelés à marcher dans le monde, mais non pas comme étant du monde ; notre Seigneur Jésus Christ n'en était pas. Cette vérité une fois comprise résoudra quantité de difficultés, et fournira un grand principe général qui pourra s'appliquer à beaucoup de détails de la vie pratique.

 

Terminons maintenant notre étude sur le 13 ème chapitre du Deutéronome, en examinant le contenu des derniers versets.

« Si dans l'une de tes villes que l'Eternel, ton Dieu, te donne pour y habiter, tu entends dire : Des hommes, fils de Bélial, sont sortis du milieu de toi, et ont incité les habitants de leur ville, disant : Allons, et servons d'autres dieux, des dieux que vous n'avez pas connus ; alors tu rechercheras, et tu t'informeras, et tu t'enquerras bien ; et si c'est la vérité, si la chose est établie, si cette abomination a été commise au milieu de toi, tu frapperas certainement par le tranchant de l'épée les habitants des cette ville ; tu la détruiras entièrement, et tout ce qui y sera, et toutes ses bêtes, par le tranchant de l'épée. Et tout son butin, tu le rassembleras au milieu de sa place, et tu brûleras tout entiers au feu la ville et tout son butin, à l'Éternel, ton Dieu; et elle sera un monceau perpétuel, elle ne sera plus rebâtie. Et il ne s'attachera rien de cet anathème à ta main, afin que l'Éternel revienne de l'ardeur de sa colère, et qu'il te fasse miséricorde, et ait compassion de toi, et qu'il te multiplie, comme il a juré à tes pères, quand tu écouteras la voix de l'Éternel, ton Dieu, pour garder tous ses commandements que je te commande aujourd'hui, afin de pratiquer ce qui est droit aux yeux de l'Éternel, ton Dieu » (vers. 12-18).

Nous avons ici une instruction des plus solennelles et de la plus haute importance, et ce que le lecteur doit bien remarquer, c'est qu'elle est basée sur une vérité d'une indicible valeur, celle de l'unité nationale d'Israël. Voilà ce qui donne une force réelle à ces paroles. Un cas d'erreur grave se présente dans une des cités d'Israël, et la question qui se présente est : « Toutes les villes étaient-elles atteintes par le mal d'une seule ? » (3) Assurément, puisque la nation était une. Les villes et les tribus n'étaient pas indépendantes les unes des autres, mais unies ensemble par un lien sacré d'unité nationale, unité qui avait son centre dans le lieu où se trouvait la présence de Dieu. Les douze pains sur la table d'or dans le sanctuaire, formaient le beau type de cette unité, et tout vrai Israélite la reconnaissait et s'en réjouissait. Les douze pierres dans le Jourdain ; les douze pierres au bord de ce fleuve ; les douze pierres d'Elie au mont Carmel, toutes représentaient la même grande vérité - l'unité indissoluble des douze tribus d'Israël. Le bon roi Ezéchias reconnut cette vérité, lorsqu'il ordonna l'holocauste et le sacrifice pour le péché, pour tout Israël. (2 Chron. 29, 24). Le fidèle Josias agit aussi d'après cette vérité, lorsqu'il ordonna une réforme dans tous les pays qui appartenaient aux enfants d'Israël (2 Chron. 34, 33). Paul, dans son remarquable discours devant le roi Agrippa, rend témoignage à la même vérité, quand il dit : « Espérance ... à laquelle nos douze tribus, en servant Dieu sans relâche nuit et jour, espèrent parvenir » (4) (Actes 26, 7).

 

En anticipant le glorieux avenir, nous voyons cette même vérité briller d'un éclat céleste, dans le 7 ème chapitre de l'Apocalypse, où les douze tribus sont scellées et réservées pour le repos, la bénédiction et la gloire, en compagnie d'une foule innombrable d'entre les nations. Et finalement, dans le 20 ème chapitre de l'Apocalypse, nous voyons les noms des douze tribus, écrits sur les portes de la sainte cité, siège et centre de la gloire de Dieu et de l'Agneau.

Ainsi, depuis la table d'or du sanctuaire jusqu'à la cité d'or, descendant du ciel d'auprès de Dieu, nous avons une chaîne merveilleuse de preuves évidentes de cette grande vérité, l'unité Indissoluble des douze tribus d'Israël.

Et si l'on demande où cette unité peut se voir et comment Élie, Ezéchias, Josias, ou l'apôtre Paul ont pu la voir, nous répondrons que c'était par la foi. En regardant au dedans du sanctuaire, ils pouvaient voir les douze pains signifiant à la fois que chaque tribu était distincte, et qu'elles formaient cependant une unité parfaite. Rien de plus beau ; la vérité de Dieu doit subsister à toujours. L'unité d'Israël se voyait dans le passé et sera vue à l'avenir ; et _quoique, semblable à l'unité plus élevée de l'Eglise, elle soit invisible maintenant, la foi croit et maintient cette vérité et la confesse en face de toutes les influences contraires.

Voyons un instant l'application pratique de cette glorieuse vérité, telle qu'elle nous est présentée dans les derniers versets de Deut. 13. - Le bruit se répand dans une ville située tout au nord du pays d'Israël, qu'une erreur grave est enseignée dans une ville du sud, - erreur pernicieuse tendant à détourner ses habitants du vrai Dieu.

Qu'y a-t-il à faire ? La loi est aussi positive que possible ; le sentier du devoir est si clairement tracé qu'il suffit d'un oeil simple pour le voir et d'un coeur dévoué pour y marcher. « Alors tu rechercheras, et tu t'informeras, et tu t'enquerras bien » (vers. 14). Ceci est bien clair.

Quelques-uns des habitants de la ville auraient pu dire : « Que nous importe cette erreur enseignée si loin de nous ? Grâces à Dieu, ce mal n'est pas au milieu de nous, c'est une affaire entièrement locale, chaque ville a sa propre responsabilité. Peut-on exiger que nous examinions chaque erreur enseignée dans le pays ? nous y perdrions inutilement le temps consacré à nos travaux ; il y a assez à faire pour nous à garder nos frontières. Quant à l'erreur, nous la condamnons certainement, et si quelqu'un venait ici pour l'enseigner, nous lui fermerions nos portes ; notre responsabilité ne va pas au delà ».

Et maintenant, quelle serait la réponse d'un Israélite fidèle, à tous ces arguments, quelque plausibles qu'ils paraissent au jugement naturel ? Il dirait que raisonner ainsi est simplement renier l'unité d'Israël ; que, si chaque tribu avait voulu se placer sur un terrain indépendant, le souverain sacrificateur n'avait plus qu'à ôter les douze pains de dessus la table d'or de devant l'Éternel et à les disperser ici et là, puisque le peuple s'étant divisé en fragments indépendants n'ayant aucun terrain national, c'en était fait de l'unité que figuraient les pains sur une seule table.

L'Israélite fidèle pourrait continuer à répondre, qu'en outre le commandement est des plus distincts et explicites : « Tu rechercheras, et tu t'informeras, et tu t'enquerras bien ». Israël étant restreint à ces deux grands principes, l'unité de la nation et le commandement de Dieu, il était impossible à quelques individus du peuple de dire : « Il n'y a pas d'erreur enseignée au milieu de nous », à moins de se séparer du reste de la nation ; car le peuple tout entier était compris dans ces paroles : « Si cette abomination a été commise au milieu de toi». Une erreur enseignée à Dan, affectait également les habitants de Beër-Shéba. Pourquoi cela ? Parce qu'Israël était un. Tout Israélite devait se sentir affecté par l'erreur, et ne pouvait ni se croiser les bras, ni conserver une froide indifférence ou une coupable neutralité. Il était enveloppé dans ce mal et ses affreuses conséquences, jusqu'à ce qu'il s'en fût purifié en le jugeant avec une inflexible décision et une sévérité impitoyable.

Et si tout cela était vrai pour Israël, à combien plus forte raison pour l'Eglise de Dieu ! Là où il s'agit de Christ, soyons sûrs que tout ce qui ressemble à de l'indifférence est haïssable aux yeux de Dieu. Les desseins éternels et le conseil de Dieu sont de glorifier son Fils, de sorte que tout genou se ploie devant Lui, et que toute langue confesse qu'il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père : « Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père » (Jean 5, 23).

Par conséquent, si Christ est déshonoré, si des doctrines sont enseignées qui portent atteinte à la gloire de sa personne, à l'efficacité de son oeuvre, ou aux vertus de sa charge, nous devons rejeter fermement de pareilles doctrines. L'indifférence ou la neutralité dans tout ce qui touche à la personne de Christ, est jugée comme crime de haute trahison au tribunal du ciel. S'il s'agissait de notre propre réputation, de notre caractère personnel, ou de notre famille, nous ne resterions pas indifférents ; nous serions très sensibles à la moindre accusation concernant nous-mêmes ou ceux qui nous sont chers. Combien plus profondément encore ne devrions-nous pas sentir la moindre atteinte à ce qui concerne la gloire, l'honneur, le nom et la cause de Celui à qui nous devons tout dans le présent et tout dans l'avenir éternel, Celui qui a mis de côté sa gloire, pour venir dans ce pauvre monde, mourir sur la croix d'une mort ignominieuse, pour nous sauver des flammes éternelles de l'enfer ! Pourrions-nous être indifférents à son égard, rester neutres en ce qui le concerne ? A Dieu ne plaise !

 

Non, lecteur, cela ne doit pas être. L'honneur et la gloire de Christ doivent nous tenir plus à coeur que tout le reste : réputation, propriété, famille, amis, tout doit être mis de côté, si les droits de Dieu sont compromis. Tout lecteur chrétien ne convient-il pas de cela, de toute l'énergie de son âme ? Assurément, déjà maintenant ; et que sera-ce quand nous le verrons face à face, dans la pleine lumière de sa gloire morale ? Avec quels sentiments envisagerons-nous l'idée d'indifférence ou de neutralité par rapport à Lui ?

Avons-nous tort en déclarant que la vérité qui touche de plus près à la gloire de la Tête est celle de l'unité de son corps, l'Eglise ? Certes pas. Si la nation d'Israël était une, le corps de Christ est un ! Et si l'indépendance ne convenait pas en Israël, combien moins dans l'Eglise de Dieu ! Le fait est que l'idée d'indépendance ne peut être maintenue un instant, à la lumière du Nouveau Testament. Nous pourrions aussi bien attester que la main est indépendante du pied, ou l'oeil de l'oreille, que d'affirmer que les membres du corps de Christ sont indépendants l'un de l'autre. « Car de même que le corps est un et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car nous nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit...

OR VOUS ÊTES LE CORPS DE CHRIST, ET SES MEMBRES CHACUN EN PARTICULIER » (1 Cor. 12, 12-27).

 

Nous n'essayerons pas de commenter ces merveilleuses paroles, nous désirons seulement appeler l'attention du lecteur chrétien sur la vérité spéciale qui y est mise en évidence et qui concerne intimement tout vrai croyant sur la surface de cette terre, savoir qu'il est membre du corps de Christ.

Cette grande vérité pratique comprend à la fois les plus hauts privilèges. et les plus grandes responsabilités. Ce n'est pas simplement une doctrine vraie, un principe sain ou une opinion orthodoxe ; c'est un fait vivant destiné à être une puissance divine dans l'âme. Le chrétien ne peut plus se considérer comme personne indépendante, n'ayant ni association, ni lien vital avec d'autres. Il est lié d'une manière vivante ainsi que tous les enfants de Dieu, à tous les vrais croyants, à tous les membres de Christ sur toute la surface de la terre.

« Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps ». L'Église de Dieu n'est pas une simple société, une association ou une confrérie ; elle est un corps, uni par le Saint-Esprit à la Tête dans le ciel, et tous ses membres sur la terre sont indissolublement liés ensemble. Il s'en suit naturellement que tous les membres du corps sont affectés par l'état et la marche de chacun. « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », c'est-à-dire tous les membres du corps. Si le pied est malade, la main le sent.

Comment ? Par la tête. Ainsi en est-il dans l'Eglise de Dieu ; si quelque chose va mal chez un individu, tous les membres le sentent par la Tête avec laquelle tous sont en relation vivante, par le Saint-Esprit.

Quelques-uns de nos lecteurs trouvent peut-être cette vérité très difficile à saisir, et cependant elle est clairement révélée dans la page inspirée, non pour être critiquée, ou soumise en aucune manière au jugement humain, mais simplement pour être crue. C'est une révélation divine, aucun esprit humain n'aurait jamais conçu une telle pensée ; mais Dieu l'a révélée, la foi l'accepte et marche dans la puissance bénie de cette vérité.

 

Le lecteur pourrait encore demander : « Comment est-il possible que l'état d'un seul croyant affecte ceux qui ne le connaissent point?» La réponse est : « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ». Tous les membres de quoi ? D'une assemblée locale ou d'une société qui, par hasard, connaît la personne en question, ou est en relation avec elle ? Non, mais il s'agit des membres du corps où qu'ils soient. En Israël même, où l'unité n'était que nationale, nous avons vu que s'il existait quelque mal dans une de leurs villes, tout le peuple en était atteint et affecté. Lorsque Acan pécha, par exemple, quoiqu'il y eût des milliers de gens totalement ignorants du fait, l'Éternel dit : « Israël a péché », et toute l'assemblée, à cause de cela, subit une humiliante défaite.

La raison peut-elle saisir cette vérité ? Non, mais la foi le peut. Si nous écoutons la raison, nous ne croirons rien ; mais si, par la grâce de Dieu, nous n'écoutons pas la raison, nous croirons ce que Dieu dit, parce qu'il le dit.

Oh ! bien-aimé lecteur chrétien, quelle immense vérité que cette unité du corps ! Quelles conséquences pratiques en découlent ? Comme elles sont évidemment calculées pour produire la sainteté dans la vie et la marche ! Combien cela doit nous rendre vigilants sur nous-mêmes, nos habitudes, nos voies, tout notre état moral ! Combien aussi cela doit nous rendre soigneux de ne pas déshonorer la Tête à laquelle nous sommes unis, contrister l'Esprit par lequel nous sommes liés les uns aux autres, ou blesser les membres avec lesquels nous sommes formés en un seul corps !

Malgré notre désir de prolonger notre méditation sur une des plus belles, des plus profondes et des plus puissantes vérités qui méritent toute notre attention, il nous faut terminer ce chapitre. Veuille le Seigneur, par son Saint-Esprit, faire que cette vérité devienne une puissance vivante dans l'âme de tout vrai croyant sur la surface de la terre.


1) La mort de Servet, brûlé en 1553 à cause de ses opinions théologiques, est une terrible tache dans l'histoire de la Réformation, et de l'homme qui a sanctionné un procédé aussi anti-chrétiens Les idées de Servet étaient, il est vrai, entièrement fausses, il soutenait l'hérésie d'Arius qui est un blasphème contre le Fils de Dieu. Mais, faire mourir lui ou quelque autre à cause d'une fausse doctrine, était un péché flagrant contre l'esprit et les principes de l'Évangile, un fruit déplorable de l'ignorance quant à la différence essentielle qui existe entre le Judaïsme et le Christianisme.

2) Ce sont deux choses toutes différentes pour l'Église, de tirer instruction de l'histoire d'Israël ou de prendre la place de ce peuple, d'agir selon ses principes et de s'approprier ses promesses. La première est un devoir et un privilège de l'Église, l'autre est une fatale erreur dans laquelle elle est tombée.

3) Il est important de remarquer que le mal dont il est question était de nature très grave, une tentative de détourner le peuple du seul Dieu vivant et vrai, ce qui atteignait le fondement même de l'existence nationale d'Israël. La question n'était pas simplement locale ou municipale, mais nationale.

4) Il peut être intéressant pour le lecteur de savoir que dans le passage ci-dessus, le mot rendu par « douze tribus » est dans le grec au singulier. Cela donne certainement une expression bien vivante à la grande idée d'unité indissoluble, si précieuse à Dieu, et par conséquent précieuse pour la foi.


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