Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XIII

-------

Ce chapitre contient des principes d'une grande importance ; il se divise en trois parties distinctes, dont chacune réclame une attention particulière. Il est hors de doute que ces paroles s'adressaient d'abord à Israël, mais elles ont été écrites pour notre instruction aussi, et plus nous les étudierons soigneusement, plus nous reconnaîtrons que les enseignements qu'elles renferment ont une portée générale.

« S'il s'élève au milieu de toi un prophète, ou un songeur de songes, et qu'il te donne un signe ou un miracle, et que le signe arrive, ou le miracle dont il t'avait parlé lorsqu'il disait : Allons après d'autres dieux, des dieux que tu n'as point connus, et servons-les ; tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète, ni ce songeur de songes, car l'Éternel, votre Dieu, vous éprouve, pour savoir si vous aimez l'Éternel, votre Dieu, de tout votre coeur et de toute votre âme. Vous marcherez après l'Eternel, votre Dieu ; et vous le craindrez, et vous garderez ses commandements, et vous écouterez sa voix, et vous le servirez, et vous vous attacherez à Lui. Et ce prophète, ou ce songeur de songes sera mis à mort, car il a parlé de révolte contre l'Éternel, votre Dieu, qui vous a fait sortir du pays d'Égypte et vous a rachetés de la maison de servitude, afin de te pousser hors de la voie dans laquelle l'Éternel, ton Dieu, t'a commandé de marcher ; et tu ôteras le mal du milieu de toi » (vers. 1-5).

Nous voyons ici comment Dieu prévoit tous les cas de fausse doctrine et de fausse influence religieuse. Nous savons tous combien le pauvre coeur humain se laisse facilement séduire par toute sorte de signes ou de miracles, surtout lorsque ces choses sont en rapport avec la religion. Cela s'est vu non seulement en Israël, mais partout et dans tous les temps. Tout ce qui est surnaturel ou qui semble s'élever au-dessus des lois ordinaires de la nature agit toujours fortement sur l'esprit humain. Un prophète s'élevant du milieu du peuple, et accompagnant sa doctrine de miracles, de signes et de prodiges, était sûr d'être reçu et écouté, et d'acquérir. de l'influence.

C'est de cette manière que Satan a travaillé dans tous les temps, et il continuera avec succès jusqu'à la fin de ce siècle, pour tromper. et entraîner à leur destruction éternelle ceux qui ne veulent pas recevoir les précieuses vérités de l'Évangile. « Le mystère d'iniquité », qui a travaillé pendant dix-huit siècles dans l'Église professante, sera consommé en la personne de « cet inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu'il anéantira par l'apparition de sa venue ; duquel la venue est selon l'opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d'injustice pour ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d'erreur pour qu'ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n'ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice » (2 Thess. 2, 8-12).

Dans le chapitre 24 de Matthieu, le Seigneur met aussi ses disciples en garde contre cette même influence : « Alors, si quelqu'un vous dit : Voici, le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus. Voici, je vous l'ai dit à l'avance » (Matthieu 24, 23-25).

Nous voyons encore au chapitre 13 de l'Apocalypse, la seconde Bête montant de la terre, le grand faux-prophète, l'Antichrist, faisant de grands miracles, « en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes. Et elle séduit ceux qui habitent sur la terre, à cause des miracles qu'il lui fut donné de faire devant la Bête, disant à ceux qui habitent sur la terre de faire une image à la Bête qui a la plaie de l'épée et qui a repris vie» (Apoc. 13, 13-14).

Chacun de ces trois passages de la Sainte Écriture se rapporte à des événements qui auront lieu après que l'Église aura été enlevée de ce monde. Nous ne poursuivrons pas ce sujet, notre but, en citant ces versets, étant de faire voir au lecteur jusqu'où la puissance de Satan peut aller quant aux signes et aux miracles pour séduire et détourner de la vérité, et en même temps de montrer la seule sauvegarde divine et, par conséquent, parfaite contre la puissance de déception de l'ennemi.

Le coeur humain n'a absolument aucune force pour résister à l'influence des « grands signes et miracles » faits pour soutenir l'erreur la plus mortelle ; la seule chose qui puisse fortifier l'âme et la rendre capable de résister au diable et à toutes ses tromperies, c'est la Parole de Dieu ; posséder ce précieux trésor dans le coeur, est le secret divin pour être préservé de toute erreur, fût-elle appuyée par les prodiges les plus étonnants.

Dans le passage de la seconde épître aux Thessaloniciens que nous avons cité, nous voyons que la raison pour laquelle le monde sera séduit par les signes et les prodiges de mensonge de « ce Méchant », est « qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés ». C'est l'amour de la vérité qui garde de l'erreur, quelque persuasive et fascinante qu'elle soit, soutenue même par la puissance évidente de signes et de miracles. Habileté, facultés intellectuelles, science, etc., tout cela est parfaitement impuissant, en face des machinations et des ruses de Satan. La plus haute intelligence humaine devient facilement la proie des ruses du serpent.

Mais, béni soit Dieu, les artifices, la subtilité, les signes et les prodiges de mensonge, en un mot, tous les moyens que Satan peut employer, sont sans aucune puissance sur un coeur gouverné par l'amour de la vérité. Même un petit enfant qui connaît, croit et aime la vérité, est tout particulièrement protégé contre la puissance séductrice du Méchant.

Quand dix mille faux prophètes s'élèveraient et accompliraient les miracles les plus extraordinaires, pour prouver que la Bible n'est pas la parole inspirée de Dieu, ou que notre Seigneur Jésus Christ n'est pas Dieu au-dessus de toutes choses, béni éternellement, ou pour combattre la vérité glorieuse que le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, purifie de tout péché, ou pour détruire quelque autre vérité révélée dans la Sainte Écriture, cela n'aurait aucun effet quelconque sur le plus simple enfant en Christ, dont le coeur est gouverné par la parole de Dieu. Si un ange même venait à descendre du ciel, pour prêcher quelque doctrine contraire à ce que la parole de Dieu nous enseigne, Dieu même nous autoriserait à prononcer anathème sur lui, sans discussion ou arguments quelconques. Quelle grâce ineffable que cette sécurité morale et ce repos qui appartiennent au plus simple et au plus illettré des enfants de Dieu ! Nous ne sommes pas appelés à analyser les fausses doctrines, ni à considérer les preuves avancées en leur faveur ; nous rejetons fermement les unes et les autres, simplement parce que nous avons la certitude de la vérité dans le coeur, et que nous l'aimons. « Tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète, ni ce songeur de songes, car l'Éternel, votre Dieu, vous éprouve, pour savoir si vous aimez l'Éternel, votre Dieu, de tout votre coeur et de toute votre âme ».

 

C'était là, cher lecteur, le point important pour les Israélites ; et il en est de même pour nous. Pour eux comme pour nous et pour tous, et toujours, la vraie sécurité morale est d'avoir le coeur fortifié par l'amour de la vérité, qui n'est qu'une expression différente de l'amour de Dieu. L'Israélite fidèle, qui aimait l'Éternel de tout son coeur et de toute son âme, avait pour tous les faux prophètes qui pouvaient surgir, cette réponse toute prête : « Tu n'écouteras pas ». Lorsqu'on ne prête pas l'oreille à l'ennemi, il n'atteindra pas le coeur. Les brebis suivent le Berger ; « car elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger », - en dépit des signes et des miracles, - « mais elles s'enfuiront loin de lui ». Pourquoi ? Est-ce parce qu'elles sont capables de discuter et d'analyser ? Non, grâces et louange en soient à Dieu ! mais « parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers ». Le simple fait de ne pas connaître sa voix, est une raison suffisante pour ne pas suivre le faux prophète.

 

Tout ceci est bien propre à consoler et à encourager les brebis du troupeau de Christ. Elles entendent la voix de leur fidèle et bon Berger, peuvent se rassembler autour de Lui et trouver en sa présence un vrai repos et une sécurité parfaite. Il les fait reposer dans de gras pâturages, et les conduit le long des eaux tranquilles de son amour. L'état de faiblesse dans lequel elles peuvent se trouver, n'est pas un obstacle au repos et à la bénédiction, tout au contraire, cette faiblesse même les pousse à chercher un refuge dans les bras du Tout-Puissant. Une fois reconnue, elle est moins à redouter qu'une force illusoire, puisée dans une vaine confiance en notre propre sagesse, notre intelligence et nos connaissances scripturaires. Ayons soin, seulement, de nous tenir bien près du Seigneur, dans le sentiment de notre propre faiblesse, de notre néant ; serrons sa précieuse Parole dans nos coeurs, qu'elle soit la nourriture journalière de nos âmes, le pain vivant de l'homme intérieur.

Venons-en maintenant au second paragraphe de notre chapitre, où le peuple de l'Éternel est mis en garde contre un autre piège du diable. Combien ils sont nombreux et variés ! Quels terribles dangers ils offrent au peuple de Dieu ! Mais, béni soit son saint nom, dans sa Parole il a amplement pourvu à tout.

« Si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils, ou ta fille, ou la femme de ton coeur, ou ton ami, qui t'est comme ton âme, t'incite, en secret, disant : Allons, et servons d'autres dieux, des dieux que tu n'as point connus, toi, ni tes pères, d'entre les dieux des peuples qui sont autour de vous, près de toi, ou loin de toi, d'un bout de la terre à l'autre bout de la terre, tu ne t'accorderas pas avec lui et tu ne l'écouteras pas ; et ton oeil ne l'épargnera pas, et tu n'auras pas pitié de lui, et tu ne le cacheras pas ; mais tu le tueras certainement : ta main sera la première contre lui pour le mettre à mort, et la main de, tout le peuple ensuite ; et tu l'assommeras de pierres, et il mourra, car il a cherché à t'entraîner loin de l'Éternel, ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude ; et tout Israël l'entendra et craindra, et ne fera plus une pareille méchante action au milieu de toi » (vers. 6-11).

Nous avons ici quelque chose tout à fait différent encore du faux prophète ou du songeur de songes. Des milliers d'âmes, peut-être, qui auraient résisté à l'influence de ceux-ci, céderaient à la puissance attrayante et séductrice des affections naturelles, tant il est difficile d'y résister. Un oeil simple, un propos arrêté du coeur, et un dévouement complet, sont choses indispensables pour agir fidèlement vis-à-vis de ceux qui sont liés à nos coeurs par de tendres affections. Résister à un prophète avec lequel on n'a aucune relation personnelle, n'est pas une épreuve à comparer à celle d'avoir à agir avec une ferme décision, envers une épouse bien-aimée, un cher frère, ou un intime ami.

Mais quand les droits de Dieu, de Christ, de la vérité, sont en jeu, il ne doit pas y avoir d'hésitation. Si quelqu'un cherchait à se servir des liens d'affection pour nous détourner de l'obéissance à Christ, nous devrions lui résister avec une entière fermeté. « Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses soeurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (Luc 14, 26).

Il est très important pour nous de bien comprendre ce côté de la vérité, et de lui donner la place qui lui appartient, car la pauvre raison aveugle ne peut que le pervertir pour ceux qui lui prêtent l'oreille. Hélas ! elle est un agent dont Satan se sert constamment pour exercer son pouvoir dans les choses de Dieu. En matières humaines et terrestres, la raison peut avoir sa valeur ; mais dans tout ce qui appartient au domaine divin et céleste, elle est non seulement sans valeur, mais positivement pernicieuse.

Quel est donc, demandera-t-on, le vrai sens moral de Luc 14, 26, et de Deut. 13, 8-10 ? Ces passages ne signifient assurément pas que nous devons être « sans affection naturelle », caractère particulier de l'apostasie des derniers jours. Dieu, lui-même, a établi nos relations naturelles, et à chacune d'elles répondent des affections, dont l'exercice et le déploiement sont en harmonie avec la pensée de Dieu. Le christianisme n'est pas incompatible avec nos relations naturelles, mais il introduit une puissance par laquelle les responsabilités qui se rattachent à ces relations, sont comprises et accomplies à la gloire de Dieu. De plus, le Saint-Esprit nous a donné dans les épîtres les instructions les plus détaillées, relatives aux maris, aux femmes, aux parents, aux enfants, aux maîtres et aux serviteurs, mettant ainsi la sanction divine sur ces relations et les affections qui en découlent.

Tout cela est clair ; mais comment le faire accorder avec ce qui nous est dit en Luc 14 et Deutéronome 13 ? En y faisant attention, nous verrons qu'il y a entre ces passages et ce qui nous occupe, une harmonie divine ; ils s'appliquent uniquement à des cas où nos relations et nos affections naturelles se placent entre nous et les droits de Dieu et de Christ ; alors il faut y renoncer, car si elles s'emparent d'un domaine entièrement divin, la sentence de mort doit être prononcée sur elles.

En contemplant la vie du seul homme parfait qui ait jamais marché sur notre terre, nous pouvons voir de quelle manière divine il répondait à ce que réclamait son double titre d'homme et de serviteur. Il pouvait dire à sa mère : « Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? » et plus tard, au moment convenable, recommander cette mère avec une tendresse exquise, aux soins du disciple qu'il aimait. Comme aussi il pouvait dire à ses parents . « Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père ? » et, en même temps, retourner avec eux à Nazareth, et leur être soumis. C'est ainsi que les préceptes des Saintes Écritures, et les voles parfaites de Christ, nous enseignent comment répondre justement aux droits de la nature et à ceux de Dieu.

Il se peut cependant encore, que le lecteur éprouve une grande difficulté à concilier le commandement de Deut. 13, 9-10, avec un Dieu d'amour et avec la grâce, la débonnaireté et la tendresse déployées dans le Nouveau Testament. Prenons garde encore ici, d'écouter la raison qui prétend toujours pouvoir s'immiscer dans ce que prescrit, d'une manière absolue, le gouvernement divin. En réalité, elle ne fait que démontrer ainsi son aveuglement et sa folie.

Pour venir en aide à toute âme sincère qui ne serait pas au clair sur cette question, rappelons-nous ce que, dans notre examen des premiers chapitres de ce livre, nous avons dit au sujet des dispensations gouvernementales de Dieu envers Israël et envers les nations. Il est aussi très important de faire la différence entre les deux économies de la loi et de la grâce. Si cette différence n'est pas clairement saisie, des passages comme celui de Deut. 13, 9-10, offriront de grandes difficultés. Le grand principe caractéristique de l'économie juive était la justice, et celui du christianisme, la grâce, pure , sans mélange. Cette vérité une fois bien comprise, toute difficulté tombe.. Il était parfaitement juste, conséquent, et en harmonie parfaite avec les pensées de Dieu, qu'Israël tuât ses ennemis ; l'Eternel le lui avait commandé, comme aussi d'exécuter le jugement, même jusqu'à la mort, envers tout membre de l'assemblée qui aurait cherché à les attirer après de faux dieux, comme nous le lisons ici. Agir ainsi était tout à fait en accord avec les grands principes de gouvernement et de loi, sous lesquels les Israélites étaient placés, selon la sagesse de Dieu. Nous voyons le même principe dans tout l'Ancien Testament. Le gouvernement de Dieu en Israël, et son gouvernement dans le monde en rapport avec Israël, étaient sur le principe de la justice ; et dans l'avenir, il en sera de même. « Je susciterai à David un Germe juste ; et il régnera en roi, et prospérera, et exercera le jugement et la justice dans le pays » (Jérémie 23, 5).

Dans le christianisme, nous voyons tout autre chose. Le Nouveau Testament, les enseignements et les actes du Fils de Dieu, nous placent sur un terrain entièrement nouveau, dans une atmosphère toute nouvelle ; en un mot, c'est la grâce dans toute sa pureté.

Prenons comme exemple de cette doctrine de la grâce, un ou deux passages de ce qui est appelé le Sermon sur la montagne : « Vous avez oui qu'il a été dit : Oeil pour oeil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis : Ne résistez pas au mal ; mais si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre ; et à celui qui veut plaider contre toi et t'ôter ta tunique, laisse-lui encore le manteau ; et si quelqu'un veut te contraindre de faire un mille, vas-en deux avec lui. Donne à qui te demande, et ne te détourne pas de qui veut emprunter de toi. Vous avez ouï qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent, en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes... Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 38-48).

Notre intention n'est pas de nous arrêter sur ces beaux passages ; nous les avons simplement cités au lecteur, pour lui faire voir la différence immense qui existe entre l'économie juive et l'économie chrétienne ; ce qui était parfaitement juste et conséquent de la part d'un Juif, pouvait être exactement le contraire pour un chrétien.

Cela est tellement simple qu'un enfant le comprendrait, et cependant plusieurs des bien-aimés de Dieu paraissent n'être pas au clair sur ce sujet. Il leur semble tout à fait légitime, pour des chrétiens, d'aller en justice ou à la guerre, et de se mêler au monde. Nous demanderons à de telles personnes : « Où cela est-il enseigné dans le Nouveau Testament ? Y trouvons-nous une seule parole sortie des lèvres de notre Seigneur Jésus Christ, ou de la plume du Saint-Esprit, pour le sanctionner ? » Comme nous l'avons dit à propos d'autres questions qui se sont présentées dans notre étude de ce livre, il est inutile de dire : « Nous pensons de telle ou telle manière ». Nos pensées n'ont aucun poids. Dans tout ce qui a rapport à la foi et à la conduite chrétiennes, la question est : « Que dit le Nouveau Testament ? »

Qu'est-ce que nous enseigne notre Seigneur et Maître, et comment a-t-il agi ? Il nous enseigne que son peuple d'aujourd'hui ne doit pas agir comme son peuple d'Israël. Justice était le principe de l'ancienne économie grâce est celui de la nouvelle.

De nombreux passages des Ecritures nous montrent que tel était l'enseignement de Christ. Et comment agissait-il Lui-même ? Maintenait-il ses droits ? Exerçait-il une puissance mondaine ? Recourait-il à la loi ? Se vengeait-il ou rendait-il la pareille ? Quand ses pauvres disciples, avec une complète ignorance des principes célestes, et un oubli total de sa manière d'agir, lui demandent dans une occasion où un certain village de Samaritains refusa de le recevoir - « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel et les consume, comme aussi fit Élie ? » Quelle fut sa réponse ? « Se tournant, il les censura fortement, et dit : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés ! Et ils s'en allèrent à un autre village » (Luc 9, 54-56). C'était parfaitement en. accord avec l'esprit, le principe et la dispensation dont Élie était le représentant, de faire descendre le feu du ciel afin de consumer les hommes envoyés par un roi impie, pour arrêter le prophète. Mais notre Seigneur Jésus Christ était le parfait et divin représentant d'une tout autre dispensation. Du commencement à la fin, sa vie a été une vie de renoncement et de soumission. Jamais il n'a fait valoir ses droits. Il vint sur cette terre, pour représenter Dieu, pour être, de toute manière, la parfaite expression du Père. Le caractère du Père se montrait avec éclat dans son regard, ses paroles, ses actes, ses mouvements même.

Tel était Christ, le Seigneur, lorsqu'il était ici-bas parmi les hommes, et tel était son enseignement. Il faisait ce qu'il enseignait, et enseignait ce qu'il faisait. Ses paroles exprimaient ce qu'il était, et ses voies démontraient ses paroles. Il vint pour servir et pour donner, et toute sa vie a été marquée par ces deux caractères, de la crèche à la croix.

Jésus n'est-il pas notre grand exemple en toutes choses ? Notre caractère et notre carrière comme chrétiens, ne doivent-ils pas être formés d'après ses enseignements et ses voies ? Comment apprendrions-nous la manière dont nous devons marcher ici-bas, si ce n'est en écoutant ses paroles et en regardant à ses voies parfaites ? Si nous, chrétiens, devons être guidés et gouvernés par les principes et les préceptes de la loi mosaïque, alors assurément nous devrions recourir à la loi, maintenir nos droits, nous engager à combattre pour détruire nos ennemis. Qu'en serait-il alors de l'exemple de notre adorable Seigneur et Sauveur, et des enseignements du Saint-Esprit dans le Nouveau Testament ? Le lecteur ne convient-il pas que se conduire ainsi, serait pour le chrétien agir en flagrante opposition avec les enseignements et l'exemple de son Seigneur et Sauveur ?

Ici, de nouveau, on nous posera l'ancienne question si souvent répétée : « Que deviendraient le monde, ses institutions, la société, si de tels principes dominaient universellement ? » L'historien incrédule, en parlant des premiers chrétiens et de leur refus de se joindre à l'armée romaine, demande ironiquement : « Que serait devenu l'empire entouré de tous côtés, comme il l'était, par les barbares, si chacun s'était permis des idées aussi pusillanimes ? » Nous répondrons que, si ces principes spirituels et célestes dominaient universellement, il n'y aurait ni guerres, ni combats, et ainsi nul besoin ni de soldats, ni d'armées, ni d'agents de police ; il ne se commettrait pas de forfaits, il n'y aurait pas des différends au sujet de propriétés, et par conséquent aucun besoin de cours de justice, de juges ou de magistrats ; en un mot, le monde tel qu'il est maintenant finirait ; les royaumes de la terre deviendraient les royaumes de notre Seigneur et de son Christ.

Mais le simple fait est que ces principes en question ne sont pas du tout pour le monde, d'autant moins que le monde ne pourrait les adopter ou s'y conformer un seul instant ; cela amènerait une rupture complète de tout le système de choses actuel, la dissolution de toute la constitution sociale telle qu'elle existe maintenant.

C'est pourquoi les objections des incrédules tombent comme en poussière à nos pieds, ainsi que les questions et les difficultés basées là-dessus ; elles sont sans aucune force morale. Les principes célestes ne sont pas pour ce « présent siècle mauvais », ils sont pour l'Eglise qui n'est pas du monde, comme Jésus n'est pas du monde. « Si, dit notre Seigneur à Pilate, mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n'est pas d'ici » (Jean 18, 36).

Remarquez le mot « maintenant ». Bientôt les royaumes de ce monde deviendront ceux de notre Seigneur ; mais maintenant il est rejeté, et tous ceux qui Lui appartiennent sont appelés à être rejetés comme Lui, à le suivre hors du camp, et à marcher comme des pèlerins et des étrangers ici-bas, attendant le moment où il viendra pour les prendre à Lui, afin que là où il est, ils y soient aussi.

 

Ce qui produit la terrible confusion actuelle, c'est l'effort continuel de Satan pour mêler le monde et l'Église ; c'est là une de ses ruses spéciales, et qui a contribué plus qu'on ne s'en doute, à détruire le témoignage de l'Église de Dieu, et à en empêcher les progrès. C'est ce qui bouleverse tout, et confond des choses qui diffèrent essentiellement et sont en opposition flagrante avec le vrai caractère de l'Église, sa position, sa marche et son espérance. Nous entendons parfois cette expression : « le monde chrétien ». Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est simplement l'effort d'unir deux choses qui, dans leur source, leur nature et leur caractère, sont aussi différentes que la nuit et le jour. C'est vouloir coudre une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, ce qui, comme nous le dit notre Seigneur, ne fait que rendre la déchirure plus grande.

Le but de Dieu n'est pas de christianiser le monde, mais d'appeler son peuple hors du monde, pour être un peuple céleste, gouverné par des principes célestes, formé pour un but céleste, et réjoui par une espérance céleste. Tant que nous n'avons pas compris cela, et que la vérité quant à l'appel et à la marche de l'Église n'est pas réalisée en puissance vivante dans l'âme, il y aura de graves erreurs dans notre oeuvre, notre marche et notre service. Nous ferons un faux usage des Écritures de l'Ancien Testament, non seulement quant aux sujets prophétiques, mais dans ce qui se rapporte à toute notre marche pratique ; il est impossible de calculer la perte qui peut résulter de n'avoir pas compris la vocation, la position et l'espérance de l'Eglise de Dieu, son association, son identification, son union vivante avec un Christ rejeté, ressuscité et glorifié.

Nous ne pouvons nous étendre davantage sur ce sujet si précieux et si intéressant ; toutefois, nous indiquerons encore au lecteur quelques exemples de la manière dont l'Esprit cite et applique l'écriture de l'Ancien Testament. Lisez, entr'autres, le passage suivant du, beau Psaume 34 : « La face de l'Éternel est contre ceux qui font le mal, pour retrancher de la terre leur mémoire ». Puis, remarquez la manière dont le Saint-Esprit cite ce passage dans la première épître de Pierre : « La face du Seigneur est contre ceux qui font le mal » (Chap. 3, 12). Il n'y a pu un mot d'exterminer. Pourquoi cela ? Parce que le Seigneur n'agit pas maintenant sur le principe de retrancher le méchant de la terre ; il agissait ainsi sous la loi, et il le fera dans son royaume plus tard ; mais maintenant il agit en grâce et en longue patience. Sa face est aussi décidément contre tous ceux qui font le mal, qu'elle l'a été ou le sera, mais non pas maintenant pour. retrancher de la terre leur mémoire. L'exemple le plus frappant de cette merveilleuse grâce, de cette clémence, et de la différence entre les deux principes sur lesquels nous nous sommes arrêtés, est démontré dans ce fait que les hommes même qui, de leurs mains méchantes, ont crucifié son Fils unique et bien-aimé, au lieu d'être retranchés de la terre, ont été les premiers à entendre le message de pardon plein et gratuit par le sang de la croix.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant