Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VI

Suite

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Toutefois nous ne mentionnons maintenant ces richesses que comme les dernières preuves, parmi tant d'autres dans l'Écriture, à l'appui de notre thèse. Prenons l'adresse à Ephèse, cette même assemblée à laquelle l'apôtre Paul écrivit l'épître où il découvre, d'une manière si bénie, le côté céleste des choses, les desseins éternels de Dieu concernant l'Église - la position et la portion de l'Église acceptée en Christ, et bénie de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Lui.

Là aucun manquement ne peut être trouvé. Tout procède de Dieu. Le conseil est de Lui ; l'oeuvre est de Lui. C'est sa grâce, sa gloire, sa toute-puissance, son bon plaisir ; et tout cela, fondé sur le sang de Christ. Il n'est point là question de responsabilité. Les saints qui forment l'Église étaient « morts dans leurs fautes et dans leurs péchés », mais Christ est mort pour l'Église ; il s'est placé judiciairement là où elle était moralement, et alors Dieu, dans sa grâce souveraine, a paru sur la scène et a ressuscité Christ d'entre les morts, et l'Église avec Lui - chose glorieuse ! Ici tout est définitivement réglé. Nous voyons l'Église dans les lieux célestes, en Christ, non l'Église sur la terre pour Christ. C'est le corps « accepté », non le chandelier jugé. Si nous ne savons pas voir les deux côtés de cette grave question, nous avons encore beaucoup à apprendre.

Mais il y a le côté terrestre, aussi bien que le céleste ; et c'est pourquoi, dans l'adresse judiciaire du chap. 2 de l'Apocalypse, nous avons des paroles solennelles telles que celles-ci : « J'ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour ».

Quelle différence ! Rien de semblable dans l'épître aux Ephésiens ; tandis que dans l'Apocalypse nous ne trouvons rien contre le corps, rien contre l'épouse, mais il y a quelque chose à reprocher au chandelier. Alors déjà la lumière s'était obscurcie. A peine était-elle allumée qu'il fallait employer des mouchettes.

Ainsi, dès le début, des symptômes de déclin se montraient à l'oeil pénétrant de celui qui marchait au milieu des sept chandeliers, et lorsque nous arrivons au bout et considérons la dernière phase de la condition de l'Église, telle qu'elle est représentée par l'assemblée de Laodicée, il n'y a plus un seul point favorable ; le cas est presque sans espoir. Le Seigneur se tient dehors, à la porte. « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe ». Ce n'est pas ici comme à Ephèse : « J'ai quelque chose contre toi ». Tout l'état est mauvais. Toute l'assemblée professante va être rejetée. « Je vais te vomir de ma bouche ». Il attend encore, car il est toujours lent à quitter le terrain de la grâce pour entrer sur celui du jugement. Cela nous rappelle le départ de la gloire au commencement d'Ezéchiel ; elle marchait d'un pas lent et mesuré, comme regrettant de quitter la maison, le peuple et le pays. « Et la gloire de l'Éternel s'éleva de dessus le chérubin, et vint sur le seuil de la maison ; et la maison fut remplie de la nuée, et le parvis fut rempli de la splendeur de la gloire de l'Éternel ». « Et la gloire de l'Éternel sortit de dessus le seuil de la maison, et se tint au-dessus des chérubins ». Et enfin : « Et la gloire de l'Éternel monta du milieu de la ville, et se tint sur la montagne qui est à l'orient de la ville » (Ezéch. 10, 4, 18 ; 11, 23). Que c'est touchant ! Quel contraste entre ce départ retardé de la gloire, et sa rapide entrée dans la maison au jour de la dédicace de Salomon, en 2 Chron. 7, 1. L'Éternel était prompt à entrer dans sa demeure au milieu de son peuple, mais lent à la quitter. Il en fut, pour ainsi dire, chassé par les péchés et l'impénitence invétérée de ce peuple insensé.

Il en est de même de l'Église. Nous voyons, au chap. 2 des Actes, de quelle manière rapide il entre dans sa maison spirituelle. Il vint comme un souffle violent et impétueux pour remplir toute la maison de sa gloire. Mais, au chap. 3 de l'Apocalypse, quelle est son attitude ? Il est dehors. Oui, mais il frappe. Il s'attarde, non avec l'espoir d'une restauration en corps, mais pour le cas où « quelqu'un entendrait sa voix et lui ouvrirait la porte ». Le fait qu'il est dehors, montre ce qu'est l'Église. Le fait qu'il frappe, montre ce qu'il est.

 

Lecteur chrétien, il est de la plus haute importance que vous compreniez bien ce sujet. Nous sommes submergés de tous côtés par de fausses notions quant à l'état actuel et à la destinée future de l'église professante. Nous devons les rejeter toutes avec une sainte fermeté, et nous en tenir scrupuleusement à l'enseignement de l'Écriture. Cet enseignement est aussi clair que le jour. L'église professante est en ruines et le jugement est à la porte. Lisez l'épître de Jude ; lisez 2 Pierre 2 et 3, et la seconde épître à Timothée. Examinez attentivement ces passages solennels, et nous sommes assurés que cette étude vous prouvera infailliblement que la chrétienté n'a rien au-devant d'elle sinon la colère inflexible du Dieu Tout-Puissant. Son sort est prononcé dans cette courte, mais solennelle sentence de Romains 11 « Toi aussi, tu seras coupé ».

Oui, tel est le langage de l'Écriture : « Coupé », « vomi ». L'église professante a totalement failli en tant que témoin de Christ sur la terre. Il en a *été de l'Église comme d'Israël, elle a abandonné la vérité même qu'elle était responsable de garder et de confesser. A peine les écrits du Nouveau Testament étaient-ils terminés, à peine les premiers ouvriers avaient-ils quitté le champ, que d'épaisses ténèbres se répandirent sur toute l'église professante. De quel côté que l'on se tourne ou que l'on feuillette les gros volumes des « Pères », comme on les appelle, on ne trouvera pas trace de ces grandes vérités caractéristiques de notre glorieux christianisme. Tout, tout avait été honteusement abandonné. Comme Israël, en Canaan, abandonna l'Éternel pour Baal et Astaroth, de même l'Église abandonna la précieuse parole de Dieu pour des fables puériles et de dangereuses erreurs. Ce déclin si rapide est des plus étonnants. Mais c'était précisément ce que l'apôtre Paul avait prédit aux anciens d'Ephèse : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau au milieu duquel l'Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l'assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils. Moi je sais qu'après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux » (Actes 20, 28-30).

Quel tableau ! Les saints apôtres de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, remplacés presque immédiatement par des « loups redoutables » et par des propagateurs de doctrines perverses ; l'Eglise tout entière plongée dans des ténèbres épaisses ; la lampe de la révélation divine presque cachée aux regards ; la corruption ecclésiastique sous toutes ses formes ; la domination sacerdotale avec toutes ses terribles conséquences. Bref, l'histoire de l'Eglise - l'histoire de la chrétienté - est l'histoire la plus effroyable qui ait jamais été écrite.

Il est vrai que Dieu s'est toujours suscité des témoins. De siècle en siècle il a appelé, ici ou là, comme en Israël, des hommes pour proclamer sa vérité. Même au milieu des ténèbres les plus épaisses du moyen âge, une étoile paraît parfois au-dessus de l'horizon. Les Vaudois et d'autres encore purent, par la grâce de Dieu, s'en tenir à sa Parole, et confesser le nom de Jésus malgré la tyrannie et les cruelles persécutions de l'église romaine.

 

Puis vint l'époque du seizième siècle, où Dieu suscita Luther et ses bien-aimés compagnons d'oeuvre, pour prêcher la grande vérité (le la justification par la foi, et pour donner au monde le précieux volume de Dieu en langue moderne. Le langage humain est trop faible pour exprimer tous les bienfaits de cette époque mémorable. Des milliers d'âmes entendirent la bonne nouvelle du salut, l'entendirent, la crurent, et furent sauvées. Des milliers d'âmes qui avaient gémi longtemps sous le poids intolérable des superstitions romaines, accueillirent avec une profonde reconnaissance le message céleste. Des milliers s'abreuvèrent avec joie à ces sources inspirées, qui avaient été scellées pendant des siècles par l'ignorance et l'intolérance des papes. La lumière de la révélation divine, si longtemps voilée par la main de l'ennemi, put de nouveau jeter ses rayons au milieu des ténèbres, et des myriades se réjouirent à cette lumière céleste.

Mais, tout en bénissant Dieu pour tous les résultats glorieux de ce qu'on nomme ordinairement la Réformation, nous ne saurions y voir rien qui ressemble à un retour de l'Église à sa première condition. Loin de là. Luther et ses confrères, à en juger par leurs écrits, - quelque précieux qu'ils soient, - ne saisirent jamais la notion de l'Église, corps de Christ. Ils ne comprirent point l'unité du corps, ni la présence du Saint-Esprit dans l'assemblée et son habitation en chaque croyant. Ils ne connurent pas la grande vérité du ministère dans l'Église, sa nature, sa source, sa puissance et sa responsabilité. Ils en restèrent toujours à l'idée que le ministère est basé sur une autorité humaine. Ils se taisent sur la vraie espérance de l'Église, savoir la venue de Christ pour son peuple - l'Étoile brillante du matin. Ils ne comprirent pas toute la portée des prophéties, et ne surent pas distribuer comme il faut la Parole de vérité.

Qu'on ne se méprenne pas,, nous aimons la mémoire des réformateurs. Leurs noms nous sont chers et familiers. C'étaient des serviteurs de Christ, dévoués et bénis. Plût à Dieu qu'il y en eût beaucoup comme eux dans ces jours de papisme et de basse incrédulité ! Nous ne le cédons à personne en amour et en estime pour Luther, Mélanchton, Calvin, Farel, Latimer et Knox. Ils furent des lumières brillantes en leur temps, et des milliers d'âmes béniront Dieu durant toute l'éternité de ce qu'ils ont vécu, prêché et écrit. Et si on les considère dans leurs vies privées et dans leurs ministères publics, ils font honte à beaucoup de chrétiens qui ont le privilège de connaître toute une série de vérités, que nous cherchons en vain dans les écrits volumineux des réformateurs.

Mais, en admettant tout cela, nous sommes néanmoins convaincus que ces honorés serviteurs de Christ ne saisirent point plusieurs des vérités spéciales et caractéristiques du christianisme, et par conséquent ne les prêchèrent, ni ne les enseignèrent ; du moins nous ne trouvons pas ces vérités dans leurs écrits. Ils prêchèrent la précieuse vérité de la justification par la foi ; ils donnèrent les Saintes Écritures au peuple ; ils foulèrent aux pieds beaucoup de superstitions romaines. Ils firent tout cela, par la grâce de Dieu, et nous en bénissons le Père des miséricordes. Mais le protestantisme n'est pas le christianisme, et les églises nommées églises de la réformation, qu'elles soient nationales ou dissidentes, ne sont pas l'Église de Dieu, loin de là. Jetons un regard en arrière sur les dix-huit siècles écoulés, et malgré de soi-disant réveils, malgré les lumières brillantes qui ont lui de temps à autre sur l'horizon de l'Église, - lumières qui paraissaient d'autant plus vives par le contraste des ténèbres profondes qui les entouraient, - malgré les nombreuses manifestations de l'Esprit de Dieu, soit en Europe, soit en Amérique, au siècle passé et dans celui où nous sommes, malgré, dis-je, toutes ces choses, pour lesquelles nous bénissons Dieu, nous en revenons sans hésiter à notre assertion, savoir que l'église professante a fait naufrage, que la chrétienté descend rapidement la pente fatale qui mène aux ténèbres finales, que ces contrées favorisées, où la vérité évangélique a été prêchée, où les Bibles et les traités ont circulé par millions, seront couvertes de ténèbres épaisses, et tomberont dans une énergie d'erreur pour croire au mensonge.

Verra-t-on alors un monde converti ? Non, mais une église jugée. Les saints de Dieu, dispersés dans la chrétienté, tous les vrais membres du corps de Christ, seront enlevés à la rencontre du Seigneur, - les saints endormis seront ressuscités, les vivants transmués en un instant, - et tous ravis en même temps pour être toujours avec le Seigneur. Alors le mystère d'iniquité se montrera en la personne de l'homme de péché, du méchant, de l'antichrist. Le Seigneur Jésus viendra, et tous ses saints avec Lui, pour exécuter le jugement sur la Bête, c'est-à-dire sur l'empire romain qui aura repris vie et sur l'antichrist ; l'empire romain en Occident, le faux prophète en Orient.

 

Ce jugement sera un acte sommaire de jugement guerrier sans procès juridique quelconque, vu que soit la Bête, soit le faux prophète, seront trouvés en révolte ouverte et en opposition blasphématoire contre Dieu et contre l'Agneau. Ensuite aura lieu le jugement des nations vivantes, tel qu'il est rapporté en Matt. 25, 31-46.

Dès lors, tout mal ayant été détruit, Christ régnera en justice et en paix pendant mille ans, - période heureuse et bénie, vrai sabbat pour Israël et pour toute la terre, - période marquée par ces deux grands faits : Satan lié et Christ régnant. Faits glorieux, dont la seule mention fait déborder le coeur en louanges !

Mais, après sa captivité de mille ans, Satan sera délié, et il lui sera permis de faire encore un effort contre Dieu et contre son Christ. « Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison; et il sortira pour égarer les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer (1). Et ils montèrent sur la largeur de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée ; et du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora. Et le diable qui les avait égarés fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux, siècles des siècles » (Apoc. 20, 7-10).

Ce sera le dernier effort de Satan, suivi de sa perdition éternelle. Ensuite, nous avons le jugement des morts, « petits et grands », de tous ceux qui sont morts dans leurs péchés, depuis les jours de Caïn. Scène terrible que rien ne saurait dépeindre !

Enfin nous voyons se dérouler devant nous l'état éternel : les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habitera.

Tel est l'ordre des événements que nous trouvons tracés de la manière la plus claire dans les pages inspirées. Nous venons d'en donner un court résumé, en rapport avec les vérités qui nous ont occupés, vérités qui, nous le savons, ne sont point populaires ; mais notre devoir est d'annoncer tout le conseil de Dieu et non pas de rechercher la popularité. Nous ne nous attendons pas à ce que la vérité de Dieu soit populaire dans la chrétienté ; nous avons, au contraire, cherché à prouver que, tout comme Israël abandonna la vérité qu'il devait garder, de même l'église professante a laissé échapper toutes les grandes vérités qui caractérisent le christianisme du Nouveau Testament. Notre désir est de réveiller les coeurs de tous les vrais chrétiens, au sujet de ces vérités et de la responsabilité qui leur incombe, non seulement de les recevoir, mais de chercher à les réaliser mieux et à en faire une plus noble confession. Nous voudrions voir se lever nombreux, dans ces heures dernières de l'histoire terrestre de l'Eglise, des hommes doués d'une véritable puissance spirituelle, pour proclamer avec ardeur les vérités trop longtemps oubliées de l'évangile de Dieu. Veuille le Seigneur, dans sa grande bonté envers son peuple, susciter de tels hommes et les envoyer. Puisse le Seigneur Jésus frapper de plus en plus fort à la porte, afin que beaucoup d'âmes entendent et lui ouvrent, selon le désir de son coeur, et qu'elles goûtent la douceur d'une communion personnelle avec lui-même, en attendant sa venue !

Il n'y a aucune limite aux bénédictions de l'âme qui entend la voix de Christ et lui ouvre la porte ; et ce qui est vrai pour une âme, l'est aussi pour des milliers. Mais soyons simples, sincères, reconnaissant notre faiblesse et notre néant, mettant de côté toute vaine prétention, ne cherchant pas à être quelque chose, mais gardant la parole de Christ et ne reniant pas son nom ; trouvant notre bonheur à rester à ses pieds, à nous nourrir de Lui, et notre joie à le servir en toutes choses. Alors nous cheminerons tous ensemble en bon accord et en amour, ayant notre centre commun en Christ, et pour but commun de faire avancer sa cause et connaître sa gloire. Plût à Dieu qu'il en fût ainsi, de nos jours, pour tous les chers enfants de Dieu ! Quel aspect différent nous présenterions au monde ! Le Seigneur veuille réveiller son peuple !

 

Le lecteur trouvera peut-être que nous nous sommes bien écartés du sixième chapitre du Deutéronome. Nous lui rappellerons, une fois pour toutes, que ce n'est point seulement ce que chaque chapitre renferme qui demande notre attention, mais aussi ce qu'il suggère. Et de plus, notre désir en écrivant est d'être conduit par l'Esprit de Dieu à développer certaines vérités qui peuvent s'appliquer aux besoins de tous nos lecteurs. Pourvu que le cher troupeau de Christ soit nourri, instruit et consolé, peu importe que ce soit par des explications complètes et suivies, ou par des fragments détachés.

 

Nous continuerons maintenant notre chapitre. Moïse ayant posé la grande vérité fondamentale, contenue au vers. 4: «Écoute, Israël : L'Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel », continue à enjoindre à la congrégation, ses devoirs sacrés envers cet Être béni. Il n'était pas seulement un Dieu, mais il était leur Dieu. Il avait daigné faire une alliance avec eux. Il les avait délivrés, portés comme sur des ailes d'aigle et amenés à Lui, afin qu'ils lui fussent un peuple et que Lui fût leur Dieu.

Relation précieuse ! Mais il fallait qu'on rappelât à Israël quelle était la conduite qui convenait à une telle relation et qui ne pouvait résulter que d'un coeur aimant : « Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur, et de toute ton âme et de toute ta force ». C'est le secret de toute vraie religion pratique. Sans cela, tout est sans valeur pour Dieu: « Mon fils, donne-moi ton coeur ». Lorsque le coeur est donné, tout va bien. On peut comparer le coeur au régulateur d'une montre, lequel fait agir le petit ressort, puis celui-ci fait mouvoir le grand ressort, lequel pousse les aiguilles dans leur marche tout autour du cadran. Si votre montre va mal, il ne suffit pas de changer la position des aiguilles, il faut toucher le régulateur. Dieu demande un travail réel, venant du coeur. Il nous dit : « Enfants, n'aimons pas de parole, ni de langue, mais en action et en vérité » (1 Jean 3, 18).

Comme nous devrions le bénir pour des paroles si touchantes ! Elles nous révèlent si bien son coeur aimant ! Il nous aime en action et en vérité, et rien autre ne saurait le satisfaire, soit dans notre conduite envers lui, soit envers nos semblables. Tout doit procéder directement du coeur.

« Et ces paroles que je te commande aujourd'hui, seront sur ton coeur », à la source même de la vie. Tout ce qui est dans le coeur sort par les lèvres et dans la vie. Combien donc il importe que le coeur soit rempli de la parole de Dieu ; tellement plein qu'il n'y ait plus de place pour les folies et les vanités de ce monde. Alors notre conversation sera toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel. « De l'abondance du coeur la bouche parle ». Nous pouvons donc juger, par ce qui sort de la bouche, de ce qui est dans le coeur. La langue est l'organe du coeur - l'organe de l'homme. « L'homme bon, du bon trésor, produit de bonnes choses, et l'homme mauvais, du mauvais trésor, produit de mauvaises choses » (Matt. 12, 34-35). Quand le coeur est réellement gouverné par la parole de Dieu, toute la conduite le montre et il faut qu'il en soit ainsi, car le coeur est le ressort principal de tout notre être moral ; il est au centre de toutes ces influences morales qui gouvernent notre vie et dirigent notre carrière individuelle.

 

Dans toutes les pages du volume divin, nous voyons l'importance que Dieu attache à l'état du coeur vis-à-vis de Lui ou de sa Parole, ce qui est la même chose. Lorsque le coeur est vrai pour Dieu, tout va bien ; s'il devient froid et négligent pour la vérité, tôt ou tard un éloignement manifeste du chemin de la justice s'en suivra. Il y a donc une grande force dans cette exhortation, adressée par Barnabas aux nouveaux convertis d'Antioche : « Il les exhortait tous à demeurer, attachés au Seigneur de tout leur coeur (ou du propos de leur coeur». (Actes 11, 23).

Exhortation nécessaire, maintenant comme alors. Ce « propos du coeur » est précieux à Dieu. C'est ce que nous osons appeler le grand régulateur moral. Il donne au caractère chrétien un sérieux qui devrait être souhaité par chacun de nous. C'est l'antidote divin contre la tiédeur, la mort, le formalisme, toutes choses haïssables aux yeux de Dieu. La vie extérieure peut être correcte et les principes tout à fait orthodoxes, mais si le propos du coeur manque, si tout l'être moral ne s'attache pas avec amour à Dieu et à son Christ, tout le reste est sans valeur.

C'est par le coeur que le Saint-Esprit nous enseigne. C'est pourquoi l'apôtre priait pour les saints à Ephèse, que « les yeux de leur coeur (cardias) fussent éclairés », et encore : « que le Christ habite par la foi dans vos coeurs » (Eph. 1, 18; 3, 17).

Ainsi donc nous voyons l'harmonie parfaite de toute l'Ecriture avec l'exhortation contenue dans notre chapitre : « Et ces paroles, que je te commande aujourd'hui, seront sur ton coeur ». S'il les eût gardées, combien Israël aurait évité d'égarements, et surtout ce terrible péché national de l'idolâtrie dans lequel il retomba si souvent ! Si les précieuses paroles de l'Éternel eussent trouvé leur place dans leur coeur, ils n'eussent pas eu peur de Baal ou d'Astaroth. En un mot, toutes les idoles des païens auraient été estimées pour ce qu'elles valaient, si la parole de l'Éternel avait été gardée dans le coeur d'Israël.

Remarquons ici comme tout cela est caractéristique du livre du Deutéronome. Il ne s'agit pas seulement ici de certaines observances religieuses, de sacrifices, de rites et de cérémonies. Tout cela y a sans doute sa place, mais ce n'est nullement la chose principale. LA PAROLE est l'objet capital dans le Deutéronome. C'est la parole de l'Éternel sur le coeur d'Israël. Le lecteur doit bien saisir cela, s'il désire avoir la clef du Deutéronome. Ce n'est point un livre de cérémonies ; c'est un livre d'obéissance morale. Il enseigne, presque à chaque page, que le coeur qui aime, apprécie et honore la parole de Dieu, est prêt à tout acte d'obéissance, soit pour offrir un sacrifice, soit pour observer un certain jour. Il pouvait arriver qu'un Israélite se trouvât en un lieu ou au milieu de circonstances où il ne pouvait adhérer strictement aux rites et aux cérémonies de sa religion ; mais il ne pouvait jamais être placé dans un milieu où il ne pût aimer, révérer la parole de Dieu, et lui obéir. Fût-il emmené captif aux bouts de la terre, rien ne pouvait lui enlever le précieux privilège de répéter ces paroles précieuses et d'agir en conséquence : « J'ai caché ta parole dans mon coeur, afin que je ne pèche pas contre toi ».

Dans leur court commentaire, ces paroles renferment le grand principe du livre du Deutéronome, et nous pouvons ajouter le grand principe de la vie divine en tous temps et en tous lieux. Il ne saurait jamais perdre sa force et sa valeur morales. Il subsiste à toujours. Il était vrai au temps des patriarches, pour Israël en Canaan, pour Israël dispersé jusqu'aux bouts de la terre, vrai pour l'Église entière, vrai pour chaque croyant individuel au milieu des ruines désolées de l'Église. En un mot, l'obéissance sera toujours le devoir sacré, le grand privilège de la créature - une obéissance simple, immédiate, à la parole du Seigneur. C'est là une grâce pour laquelle nous pouvons bénir sans cesse notre Dieu. Il nous a donné sa Parole, et il nous exhorte à laisser cette Parole habiter dans nos coeurs, et gouverner toute notre vie et toute notre conduite.

« Et ces paroles que je te commande aujourd'hui, seront sur ton coeur. Tu les inculqueras à tes fils, et tu en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras et tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles te seront pour fronteau entre les yeux, et tu les écriras aussi sur les poteaux de ta maison et sur tes portes ».

Tout cela est magnifique : la parole de Dieu cachée dans le coeur, et découlant du coeur en douces instructions pour les enfants et en sainte conversation dans le sein de la famille ; la parole brillant dans tous les actes de la vie journalière, de sorte que tous ceux qui passaient par les portes ou entraient dans la maison, pouvaient voir que la parole de Dieu était la bannière de tous ses habitants.

C'est ainsi qu'il en devait être jadis pour Israël, c'est ainsi qu'il en devrait être maintenant des chrétiens.. En est-il. ainsi ? Est-ce de la sorte que nous enseignons nos enfants ? Nous efforçons-nous toujours de rendre la parole de Dieu attrayante pour leurs jeunes coeurs ? La voient-ils briller dans notre vie journalière, influencer notre humeur, notre caractère, nos habitudes, nos occupations, nos affaires ? C'est ce que signifient ces expressions : « lier la Parole comme un signe sur la main et un fronteau entre les yeux » ; « l'écrire sur les poteaux de la maison et sur les portes ».

 

Il ne sert pas à grand'chose de nous efforcer d'enseigner la parole de Dieu à nos enfants, si nos vies ne sont pas gouvernées par elle. Ce précieux volume ne doit pas être un simple livre d'école qu'il s'agirait d'apprendre comme une tâche. Nos enfants devraient voir que nous vivons dans l'atmosphère de l'Écriture, et qu'elle forme le sujet de notre conversation dans nos moments de loisir, au sein de nos familles.

Mais n'avons-nous pas sujet d'être humiliés, lorsque nous réfléchissons au caractère habituel de nos conversations, soit à table, soit dans le cercle de la famille ? Combien peu s'y trouvent les éléments de Deutéronome 6, 7 ! Combien, au contraire, de causeries oiseuses et de plaisanteries qui ne sont point bienséantes! Que de médisances sur nos frères, nos voisins, nos connaissances ! Que de babil futile !

D'où cela provient-il ? Simplement de l'état de notre coeur. La parole de Dieu, les commandements et les préceptes de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ n'habitent pas dans nos coeurs, et par conséquent, ils ne sont pas remplis, et ne débordent pas en fleuves de grâce et d'édification.

Quelqu'un dira-t-il que le chrétien n'a pas besoin de considérer ces choses ? Mais alors que signifie l'exhortation suivante : « Qu'aucune parole déshonnête ne sorte de votre bouche, mais celle-là qui est bonne, propre à l'édification selon le besoin, afin qu'elle communique la grâce à ceux qui l'entendent ». Et celle-ci : « Soyez remplis de l'Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre coeur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, à Dieu le Père » (Eph. 4, 29 ; 5, 18-20).

Ces paroles étaient adressées aux saints à Ephèse, et assurément elles nous concernent aussi. Il se peut que nous ne nous rendions pas compte à quel degré nous manquons de maintenir notre conversation à un niveau spirituel. C'est dans nos familles et dans nos relations journalières, que le manque de spiritualité se remarque surtout. Aussi avons-nous grand besoin des paroles d'exhortation citées plus haut. Il est évident que le Saint-Esprit prévit ce besoin et y pourvut dans sa grâce. Écoutez ce qu'il dit « aux saints et fidèles frères en Christ qui sont à Colosses » : « Que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos coeurs ; et soyez reconnaissants. Que la parole du Christ habite en vous richement, - en toute sagesse vous enseignant et vous exhortant l'un l'autre, par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant de vos coeurs à Dieu dans un esprit de grâce » (Col. 3, 15, 16).

Quel tableau délicieux de ce que devrait être toute vie chrétienne ! C'est le développement de ce qui se trouve dans notre chapitre, où nous voyons l'Israélite au milieu de sa famille, la parole de Dieu découlant de son coeur en tendres instructions à ses enfants, où nous le voyons dans sa vie journalière, dans toutes ses occupations au dedans ou au dehors, sous l'influence bénie des paroles de l'Éternel.

Ayons donc un coeur rempli de la paix de Christ, de la parole de Christ, de Christ lui-même. Il ne faut rien moins que cela. Commençons avec le coeur, et quand il sera entièrement occupé des choses célestes, nous en aurons vite fini avec toute espèce de médisances et de plaisanteries.

« Et il arrivera, quand l'Eternel, ton Dieu, t'aura introduit dans le pays qu'il a juré à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob, de te donner : de grandes et bonnes villes que tu n'as pas bâties, et des maisons pleines de tous biens que tu n'as pas remplies ; et des puits creusés que tu n'as pas creusés, des vignes et des oliviers que tu n'as pas plantés ; et que tu mangeras, et que tu seras rassasié ; alors prends garde à toi, de peur que tu n'oublies l'Éternel qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude » (vers. 10-12).

 

Au milieu de toutes les bénédictions de la terre de Canaan, ils devaient se souvenir de Celui qui les avait tirés de la maison de servitude. Ils devaient se rappeler aussi que toutes ces choses leur étaient données gratuitement. Le pays et tout ce qu'il contenait devenait leur partage, en vertu des promesses de Dieu à Abraham, à Isaac et à Jacob. Les villes bâties, les maisons remplies, les puits creusés, les vignes et les oliviers prêts pour la récolte, tout était don gratuit de la grâce souveraine. Tout ce qu'ils avaient à faire, c'était de prendre possession avec une foi simple, et de garder à toujours dans leurs coeurs le souvenir du tendre Donateur. Ils devaient penser à Lui et trouver dans son amour le vrai motif d'une vie d'obéissance filiale. De quelque côté qu'ils tournassent leurs regards, ils voyaient les preuves de sa grande bonté, les fruits abondants de son amour merveilleux. Chaque ville, chaque maison, chaque puits, chaque vigne et chaque olivier leur parlaient de la grâce de l'Éternel et leur offraient la preuve évidente de sa fidélité inviolable à sa promesse.

« Tu craindras l'Éternel, ton Dieu, et' tu le serviras, et tu jureras par son nom. Vous n'irez point après d'autres dieux, d'entre les dieux des peuples qui seront autour de vous ; car l'Eternel, ton Dieu, qui est au milieu de toi, est un Dieu jaloux : de peur que la colère de l'Éternel, ton Dieu, ne s'embrase contre toi, et qu'il ne te détruise de dessus la face de la terre » (vers. 13-15).

Deux grands motifs sont placés, dans notre chapitre, devant la congrégation: « l'amour », au vers. 5, et la « crainte », au vers. 13. Nous trouvons ces motifs dans toute l'Écriture, et on ne saurait leur donner trop d'importance comme mobiles de la vie et de la conduite du chrétien. « La crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse ». Nous sommes exhortés à être « tout le jour dans la crainte de l'Eternel » (Prov. 9, 10 ; 23, 17). C'est le refuge moral contre le mal. « Et il dit à l'homme : Voici, la crainte du Seigneur c'est là la sagesse ; et se retirer du mal est l'intelligence » (Job 28, 28).

Le livre divin abonde en passages qui montrent la grande importance de la crainte de Dieu. «Comment», dit Joseph, « ferais-je ce grand mal, et pécherais-je contre Dieu ? » Le chrétien, qui marche habituellement dans la crainte de Dieu, est préservé de commettre toute espèce de mal. La réalisation constante de la présence divine doit être une protection efficace contre toute tentation. Que de fois nous voyons la présence d'un chrétien spirituel, mettre un frein à la légèreté et à la folie ; et si telle peut être l'influence d'un de nos semblables, combien plus puissante doit être celle de la présence de Dieu réalisée par une âme ?

 

Lecteur chrétien, efforçons-nous de vivre comme étant en la présence immédiate de Dieu ; alors nous serons préservés du mal sous mille formes diverses ; nous y sommes exposés journellement, et nos dispositions nous y poussent. La pensée que les yeux de Dieu sont sur nous, aurait sur nos vies et nos paroles une influence beaucoup plus puissante que la présence de tous les saints sur la terre et que celle de tous les anges du ciel. Cette crainte de l'Éternel, dont l'Ecriture parle tant, deviendrait pour nous un rempart contre toute mauvaise pensée ou action, contre tout ce qui est mal, quelle qu'en soit la forme.

Nous vivons, nous nous mouvons, et nous sommes peu en la présence de Dieu (Actes 17, 28). Si nous nous rappelions que Dieu nous voit, et qu'il entend chacune de nos paroles, qu'il connaît chacune de nos pensées, chacun de nos actes, comme nous nous conduirions différemment !

C'est alors que nous pourrons montrer la vaste influence de l'amour qui nous « étreint ». Nous entrerons dans la sainte activité que cet amour produit toujours. « L'amour du Christ nous étreint », dit l'apôtre, « en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5, 14-15).

Plût à Dieu que tout cela fût plus pleinement réalisé parmi nous, et que la crainte et l'amour de Dieu fussent continuellement dans nos coeurs avec leur puissance sanctifiante ! Alors notre vie journalière serait à sa louange et en bénédiction pour tous ceux avec lesquels nous sommes appelés à être en contact.

Le vers. 16 de notre chapitre demande une attention toute spéciale. « Vous ne tenterez point l'Éternel, votre Dieu, comme vous l'avez tenté à Massa ». Ces paroles furent citées par notre Seigneur, lorsqu'il fut tenté par Satan à se jeter du haut du temple : « Alors le diable le transporte dans la ville sainte, et le place sur le faîte du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : « Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre » (Matt. 4, 5, 6).

Ce passage est très remarquable. Il prouve que Satan peut citer l'Ecriture, lorsque cela lui convient. Mais il omet une clause importante : « De te garder en toutes tes voies ». Or il n'entrait point dans les voies de Christ de se jeter du faîte du temple. Ce n'était pas le chemin du devoir. Il n'avait pas reçu de commandement de Dieu à ce sujet, et, par conséquent, il refuse de le faire. Il n'avait pas besoin de tenter Dieu, de le mettre à l'épreuve. Il avait, comme homme, la confiance en Dieu la plus entière, la plus grande assurance en sa protection.

De plus, il n'allait pas quitter le sentier du devoir afin de se convaincre si Dieu aurait soin de lui ; et cela nous enseigne une importante leçon.

Nous pouvons toujours compter sur la protection de Dieu, tant que nous sommes sur le chemin du devoir. Mais si nous choisissons notre propre route, si nous recherchons notre plaisir ou notre intérêt, c'est une coupable, présomption que de dire que nous comptons sur Dieu.

Sans doute, notre Dieu est plein de grâce et d'amour et ses compassions sont sur nous, lors même que nous nous écartons du chemin du devoir ; mais cela ne touche en rien ce que nous avançons, savoir que nous ne pouvons compter sur la protection, divine que lorsque nous marchons dans le sentier de l'obéissance. Si un chrétien expose sa vie en escaladant les Alpes simplement pour son plaisir, a-t-il le droit de croire que Dieu prendra soin de lui ? Que sa conscience réponde. Si Dieu nous appelle à traverser un lac en tourmente pour aller prêcher l'Evangile ; s'il nous ordonne de traverser les Alpes en vue d'un service spécial à lui rendre, alors, assurément, nous pouvons nous confier à sa main puissante pour nous protéger contre tout mal. Le grand point, pour chacun de nous, c'est d'être trouvé dans le chemin du devoir. Il se peut qu'il soit étroit, rude et solitaire, mais il n'en est pas moins ombragé par les ailes du Tout-Puissant, et illuminé par la lumière de sa face.

 

Avant de quitter le sujet suggéré par le vers. 16, remarquons ce fait intéressant que notre Seigneur, dans sa réponse à Satan, ne fait aucune remarque sur sa fausse interprétation du Ps. 91, 11. Au lieu de dire à l'ennemi : Tu as omis une clause importante du passage que tu viens de rapporter, il cite simplement un autre passage, comme faisant autorité pour sa propre conduite. C'est de, cette manière qu'il vainquit le tentateur et qu'il nous laissa un exemple béni..

Remarquons encore que le Seigneur Jésus ne vainquit pas Satan par son pouvoir divin. S'il en eût été ainsi, il ne pourrait être un exemple pour nous. Mais lorsque nous le voyons, comme homme, se servir de la Parole seule pour arme, et par elle remporter la victoire, nos coeurs sont encouragés et consolés, et nous apprenons comment nous devons, dans notre sphère individuelle, agir et résister aux tentations. L'homme Christ Jésus vainquit en se confiant simplement en Dieu et en obéissant à sa Parole.

Fait rempli d'encouragement et de consolation pour nous ! Satan ne pouvait rien sur Celui qui ne voulait agir que sur l'autorité divine et par la puissance de l'Esprit. Jésus ne fit jamais sa propre volonté, quoique, nous le savons, cette volonté fut absolument parfaite. Il descendit du ciel, ainsi qu'il nous le dit lui-même en Jean 6, non pour faire sa volonté, mais la volonté du Père qui l'avait envoyé. Du commencement à la fin, il fut un serviteur parfait. Sa règle de conduite était la parole de Dieu, sa puissance pour agir était le Saint-Esprit ; son seul motif d'action, la volonté de Dieu ; par conséquent le prince de ce monde n'avait rien en Lui. Satan, avec toutes ses ruses, ne pouvait lui faire quitter le chemin de l'obéissance ou la place de dépendance.

 

Lecteur chrétien, souvenons-nous que notre Seigneur et Maître nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces. Puissions-nous les suivre avec zèle, pendant le peu de temps qui nous reste, avec l'aide du Saint-Esprit, comprendre davantage que nous sommes appelés à marcher comme Jésus a marché ! Il est notre grand modèle en toutes choses. Etudions-le mieux, afin de le reproduire plus fidèlement.

 

Nous terminerons cette longue section, en vous priant de lire attentivement les versets 17 à 25 du chapitre qui vient de nous occuper ; ce passage, d'une puissance, d'une plénitude et d'une profondeur remarquable, est aussi très caractéristique du livre tout entier du Deutéronome.

La parole de Dieu est placée devant l'âme dans chaque page, dans chaque paragraphe de ce livre. C'est le grand sujet de tous les discours du législateur et celui qui lui tient le plus au coeur. Son but est de glorifier la parole de Dieu sous tous ses aspects, soit sous la forme de témoignages, de commandements, de statuts ou d'ordonnances, et de démontrer l'importance morale, l'urgente nécessité d'une obéissance entière, complète et zélée, de la part du peuple. « Vous garderez soigneusement les commandements de l'Éternel, votre Dieu». Et plus loin - « Tu feras ce qui est droit et bon aux yeux de l'Éternel ».

Nous voyons ici se dérouler devant nos yeux ces principes éternels qu'aucun changement de dispensation, de milieu, ou de circonstances, ne peut altérer. « Ce qui est droit et bon » sera toujours d'une application universelle et permanente. Cela nous rappelle les paroles de l'apôtre Jean à son ami bien-aimé Gaïus. « Bien-aimé, n'imite pas le mal, mais le bien ». Il se pouvait que l'assemblée fût dans un triste état, que beaucoup de choses affligeassent le coeur de Gaïus ; Diotrèphe se comportait d'une manière impardonnable envers le vénérable apôtre et envers d'autres ; tout cela était vrai et il se pouvait qu'il y eût des choses pires encore. Que devait faire Gaïus ? Simplement imiter ce qui était droit et bon ; ouvrir son coeur, sa main et sa maison à tous ceux qui apportaient la vérité ; chercher de toute manière à aider la cause de Christ.

C'est aussi ce que doit faire tout vrai disciple de Christ, en toutes circonstances. Il se peut que nous soyons en petit nombre, peut-être même presque seuls, mais n'importe ; nous devons imiter ce qui est bon, coûte que coûte. Nous devons nous retirer de l'iniquité, nous purifier des vases à déshonneur, fuir les convoitises de la jeunesse, nous détourner des professants sans vie ; puis, « poursuivre la justice, la foi, l'amour et la paix ». Dans l'isolement ? Non, mais « avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur» (2 Tim. 2, 22). Je puis me trouver seul pour un temps ; mais il ne peut y avoir d'isolement aussi longtemps que le corps de Christ est sur la terre, et jusqu'à ce qu'il vienne nous prendre. Nous pouvons donc toujours espérer de trouver ici ou là des âmes qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur ; c'est notre devoir de les chercher, et les ayant trouvées, de marcher avec elles dans une sainte communion « jusqu'à la fin ».

 
1) Le lecteur distinguera entre les Gog et Magog d'Apoc. 20, et ceux d'Ézéch. 38 et 39. Les premiers sont post-millénaires, les seconds anti-millénaires.

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