Sharon est prêt à former son gouvernement

 

Lors d'une séance houleuse du comité central, les membres du parti travailliste ont voté à une majorité des deux tiers de se rallier au gouvernement d'unité nationale dirigé par Ariel Sharon.

C'est ainsi que s'est imposé Shimon Peres, qui, avec une participation de son parti au prochain gouvernement, espère pouvoir poursuivre le processus de paix de l'ancien Premier ministre, Ehud Barak. Comme l'a déclaré Peres, prix Nobel de la paix, à la radio de l'armée israélienne, Sharon l'a sollicité après les élections et a exprimé l'espoir que les deux partis collaborent «au nom de la paix et de la sécurité».

Par contre, les opposants à la formation d'une coalition avec Sharon craignent que le parti travailliste fasse uniquement figure de paravent dans une alliance avec le Likoud. Peres, candidat au poste de ministre des Affaires étrangères, et ses partisans ont justifié leur soutien à une participation au gouvernement par la situation précaire que connaît Israël après les cinq mois de troubles dans les territoires autonomes de la Palestine. Lors d'un discours empreint de rage de vaincre et d'émotion, Peres a déclaré: «Nous devons enfin écouter le peuple. C'est parce que nous ne l'avons pas fait que nous avons subi une défaite.» Le débat brûlant sur la participation au gouvernement a également été assombri par la crise profonde, dont souffre le parti depuis le retrait d'Ehud Barak de tous les postes politiques.

Une lutte sans merci pour la succession de Barak s'est à nouveau déclarée entre les membres éminents du parti, expliquant ainsi partiellement les positions extrêmes des orateurs. Le ministre des Affaires étrangères sortant, Schlomo Ben-Ami, a mis en garde le parti, lui prédisant que sa participation au gouvernement serait synonyme d'autodestruction. Selon un rapport du magazine Jérusalem Report, le porte-parole du parlement, Avraham Burg, s'est exprimé dans des termes tout aussi sévères: «Nous devons prendre une autre direction avant que le Titanic ne heurte l'iceberg». Jossi Beilin, le ministre de la justice en fonction, a lui aussi déclaré que le parti travailliste, cadet au sein du gouvernement Sharon, ne pourrait maintenir ses convictions. Il est en effet prévu dans le nouveau gouvernement que le parti travailliste dispose de 8 ministères sur 30, ainsi que de 2 postes de vice-ministres.

D'autres partenaires à la coalition seront le parti orthodoxe du Shas, l'Israël Be Aliyah, la Liste unifiée de la Torah et le Parti national religieux.

Le grand gagnant des négociations pour la formation de la coalition est sans aucun doute le Shas, auquel Sharon a promis le ministère de l'Intérieur. Le nouveau Premier ministre espère pouvoir présenter à la population israélienne un gouvernement détenant plus de deux tiers des sièges de la Knesset. De cette façon, même si l'un des deux grands partenaires à la coalition refuse de donner sa voix, la coalition gouvernementale restera toujours en mesure de poursuivre des négociations et sera ainsi moins sujette aux tentatives de chantage de certains membres de la coalition. Cependant, à l'heure actuelle, la stabilité du gouvernement futur n'est pas encore assurée. À cet égard, Shimon Stein, ambassadeur israélien en Allemagne, réclame une réforme du système électoral afin de garantir le pouvoir de gouverner au Premier ministre élu. Il s'est d'ailleurs exprimé sur cette problématique lors d'une interview avec le quotidien Die Welt: «Le système électoral n'a fait que compliquer le travail parlementaire. Chaque Premier ministre est exposé au risque de ne pas pouvoir gouverner, car il s'avère particulièrement difficile d'obtenir des majorités et de les garder. C'est pourquoi une réforme parlementaire du système électoral serait l'un des voeux chers à la plupart des Israéliens. Une réforme électorale doit être mise sur pied aussi rapidement que possible. je crois que le nouveau gouvernement va d'ailleurs s'y atteler.»

Peu de temps avant la clôture de la rédaction a eu lieu la nomination des ministres du parti travailliste. Shimon Peres occupera la fonction de ministre des Affaires étrangères, tandis que le ministère de la Défense sera pris en charge par Shalom Simhon. Ces deux s'y présentaient. Les autres postes ministériels ont été attribués comme suit: Benjamin Ben-Elieser est nommé ministre de la Défense; le vice-ministre de la Défense en fonction, Ephraïm Sneh, reprend le ministère des Transports; Dalia Itzik est chargée du ministère du Commerce et de l'Industrie; Matan Vilnai du ministère des Sciences, de la Culture et des Sports. Parmi les ministres sans portefeuille, on compte

Saleh Tarif, le premier Druze au sein d'un cabinet israélien, et Raanen Cohen. En ce qui concerne les deux postes de vice-ministres, ce sont Avi Yechezkel et Eli Ben-Menachem qui ont été nommés.

Commentaire: L'un des gros problèmes du judaïsme a toujours été l'absence d'unicité. Ainsi, les juifs estiment encore aujourd'hui que la destruction du Temple trouvait son origine dans des querelles internes. Et même si nous savons que tout doit arriver comme jésus l'avait prédit, il est pourtant vrai que des différends intérieurs affaiblissent le peuple à l'extérieur. C'est pourquoi, il est certainement judicieux qu'un gouvernement d'union nationale soit formé durant cette période difficile, et ce même si les Israéliens ne sont jamais tout à fait d'accord. Au cours des 50 dernières années, Israël a toujours été fort quand il ne formait qu'un bloc; mais, généralement, seuls de grands dangers extérieurs menaçant le pays pouvaient stimuler cette unicité. Aujourd'hui encore, Israël est dans la détresse. Dieu peut également se servir du nouveau gouvernement malgré son imperfection pour que le pays vienne de nouveau à bout des troubles actuels. Pour cela aussi, nous devons prier! CM

© Nouvelles d'Israël Mars 2001