LE CABINET SHARON SOUS LA LOUPE

 

Équipe gouvernementale multicolore

Outre la présence du prix Nobel de la paix, Shimon Peres, comme ministre des Affaires étrangères, le cabinet Sharon montre certaines particularités. Dans l'article qui va suivre, notre correspondant à Jérusalem présente trois membres de ce cabinet: un Juif «orientaliste», une fille du défunt Yitzhak Rabin et un non-Juif. Ce mélange coloré dans la composition gouvernementale prouve l'habileté politique d'Ariel Sharon.

Le nouveau ministre de la Défense: un Juif «orientaliste»

Avec le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres, le nouveau ministre de la Défense, Ben Eliezer, jouera un rôle important au sein du gouvernement Sharon. Ce politicien, surnommé «Fuad», est né dans la ville irakienne de Basra et a immigré en Israël au début des années 50, alors qu'il avait 14 ans. Quatre années plus tard, il fut appelé sous les drapeaux. Suivit alors une longue carrière militaire, qui eut entre autres comme sommet son activité de commandant de Judée-Samarie au rang d'officier de brigade. Dans le cadre de cette fonction, il coordonna les opérations de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens.

En 1984, Ben Eliezer quitta l'armée pour commencer une carrière politique. Avec Ezer Weizman, qui allait devenir président de l'État, il fonda un parti et fut élu député à la Knesset. Six mois plus tard seulement, les deux hommes changèrent de bord politique pour entrer dans le parti travailliste. Sous Yitzhak Rabin, Ben Eliezer fut nommé en 1992 ministre de la Construction et de l'Habitat. À ce poste, il fit preuve de beaucoup de compétence: il contribua de manière décisive à l'extension et à la modernisation du réseau de communications en Israël.

Sous Ehud Barak, Ben Eliezer fut en 1999 ministre de la Communication. Dans les questions de la politique de sécurité, ce politicien passe plutôt pour conservateur. Dans ce domaine, en tant que membre de la commission pour les Affaires étrangères et de la Sécurité, il put rassembler bien des expériences et de l'expérience. Le Premier ministre Sharon et son ministre de la Défense se connaissent depuis leur temps passé ensemble à l'armée. Même s'ils appartiennent à des partis politiques différents, ils sont d'accord sur beaucoup de questions comme, par exemple, la lutte contre le terrorisme et le processus de paix au Proche-Orient.

Une fille de Yitzhak Rabin au ministère de la Défense

Une autre particularité est la désignation de Dalia Rabin-Pelossof au poste de vice-ministre de la Défense; elle est la fille du Premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné en 1995. Elle appartenait au parti du Centre, quand elle devint député; mais elle en sortit pour fonder une nouvelle fraction sous le nom de «Derech Hadasha» (Nouvelle Voie). Pendant la campagne électorale, Dalia Rabin-Pelossof se fit surtout remarquer par son attitude neutre. C'est ainsi qu'elle renonça à soutenir Ehud Barak, même s'il s'était engagé dans la voie de son père assassiné. Après les élections, elle se mit avec la grande coalition d'Ariel Sharon. Sa nomination comme vice-ministre de la Défense est un coup politique habile de la part du Premier ministre, le nom de Rabin ayant encore une résonance particulière tant dans l'opinion publique israélienne que dans la politique mondiale. L'appartenance de la fille du défunt prix Nobel de la paix au cabinet Sharon peut, aux yeux de la population de ce pays et pour le monde extérieur, contribuer à revaloriser le nouveau gouvernement.

Le ministre non-juif

Pour la première fois depuis la fondation de l'État d'Israël, un ministre non-juif est dans la coalition gouvernementale; il s'agit du Druze Saleh Tarif du parti travailliste. Ce politicien de 47 ans, qui vient du village Julis situé dans le nord d'Israël, est député depuis dix ans. Il a servi dans l'armée israélienne comme officier parachutiste et est parvenu au rang de major. À l'âge de 27 ans, il a été nommé directeur du comité du village de Julis, devenant ainsi une des plus jeunes personnalités dirigeantes de l'administration de la région.

Au cours de ses activités de député, il a souvent créé des précédents du fait de sa désignation à des postes jamais occupés auparavant par des non-juifs. C'est ainsi qu'il a été membre de la commission des Finances, où des décisions sont prises concernant le budget de la Défense; président du comité pour les affaires internes et l'environnement ainsi que membre de plein droit de la commission pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Les Druzes sont connus en Israël surtout pour leur loyauté vis-à-vis de l'État. Leur communauté est un groupe ethnique religieux sans territoire propre. C'est pour cette raison que, selon les lois de leur religion, ils sont tenus à la fidélité envers le pays où ils vivent. Voilà pourquoi les Druzes vivant en Israël effectuent leur service militaire dans l'armée de cette nation. Bon nombre d'entre eux sont des gradés de carrière. Cependant, ces dernières années, un fossé n'a cessé de se creuser entre la population d'Israël et les Druzes, la situation politique menant ces derniers à se rapprocher de leurs frères arabes. Ce processus n'a pas manqué de laisser des traces sur Saleh Tarif. À plusieurs reprises déjà, il a déclaré publiquement qu'il se trouve entre plusieurs chaises et est face à un dilemme. D'une part, l'État d'Israël joue un rôle particulier dans sa vie; d'autre part, il est très proche de la population arabe et tout spécialement de la minorité druze. Deux semaines avant le jour des élections, il a donné une interview à la télévision palestinienne; il y a justifié l'Intifada et qualifié Ariel Sharon de «profanateur du mont du Temple». Ces déclarations, qui ne furent connues qu'après sa prestation de serment, provoquèrent de la consternation parmi ses collègues politiques. Tarif affirma que ses propos avaient été retirés de leur contexte. On ne peut dire quelle sera l'ampleur du dommage cause, d'autant plus que Sharon, en nommant ministre un non-juif, a osé un autre coup audacieux.

Commentaire: Sharon se trouve dans une situation peu enviable. En tant que capitaine, il doit conduire le «navire Israël» avec un équipage hétéroclite sur la mer agitée des peuples et à travers d'énormes problèmes. Mais il est certain que Dieu aura le dernier mot.

Le nom «Ariel» signifie «lion de Dieu». C'est ainsi que le nouveau Premier ministre d'Israël nous fait penser au vrai lion de Dieu, le lion de Juda, Jésus-Christ, de qui il est dit: «Voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu... » (Apoc. 5, 5). Puisse Ariel Sharon, avec l'aide de Dieu, maîtriser les graves problèmes qui sont devant lui!

©Nouvelles d'Israël Avril 2001