La tristesse

(1) Et il s’en alla tout triste!

(La foi n’est pas un saut à l’élastique.)

Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s'en alla tout triste... Matthieu 19: 22

Un jeune homme, bien sous tout rapport, un jeune homme respectueux de la Parole de Dieu, obéissant aux saints commandements, un jeune homme de qualité en quête du salut de son âme; voilà le portrait d’une personne dont les richesses du monde ne semblent pas avoir pris le dessus sur son désir d’être en ordre avec Dieu pour bénéficier de la vie éternelle.
Un jeune homme droit qui n’a pas crainte d’aller vers le Seigneur Jésus afin d’être renseigné par lui sur ce qui concerne le moyen d’avoir l’assurance du salut de son âme.

Une préoccupation exemplaire qui nous permet de réfléchir à notre propre situation afin de savoir si, nous aussi, nous avons la pensée de l’éternité dans notre coeur, si nous travaillons pour l’avancement du Royaume de Dieu, si nous nous laissons travailler par l’Esprit Saint pour que nous allions de progrès en progrès.
Comme ce jeune homme, pensons-nous à notre âme, à l’éternité dont la porte d’entrée se rapproche chaque fois qu’un nouveau jour se lève? La santé de notre âme immortelle a-t-elle plus d’importance que celle de notre corps qui retournera à la poussière?

Y pensons-nous au point de quitter momentanément ce qui nous tient à coeur pour passer du temps avec le Maître afin d’écouter ce qu’il a à nous dire?

La Bible nous parle d’un autre homme riche (Luc 12: 16 et suivants) qui, contrairement à ce jeune homme, ne se souciait pas de son âme mais cherchait un moyen d’engranger les nombreuses récoltes qu’il avait amassées. Son avenir semblait assuré pour de nombreuses années jusqu’au moment où Dieu l’interpella:

Dieu lui dit: Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il? Luc 12: 20

Cruelle réalité pour celui qui n’avait d’autre préoccupation que son installation terrestre!
A-t-il eu le temps de se mettre en ordre avec le Seigneur durant les quelques instants qui lui restaient (cette nuit même ton âme te sera redemandée)?
Je devine sa tristesse, la même que celle du roi Ézéchias lorsque le prophète vînt lui dire:

Ainsi parle l'Éternel: Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus. 2 Rois 20: 1

Dans cet avertissement divin qui met fin à une vie terrestre, l’homme riche se retrouve soudainement désemparé, apprenant qu’il ne pourra pas jouir d’une retraite pourtant bien préparée.
Quoique la sentence soit brutale, nous devons quand même relever la bonté de Dieu qui, voulant que tous les hommes soient sauvés, a pris soin d’avertir cet homme de sa fin prochaine. Il l’a fait afin que, prenant conscience de son départ imminent, il se prépare in extremis à franchir la porte qui le sépare de l’éternité.

Combien de personnes n’ont pas ce privilège et meurent subitement sans être prévenues de leur fin prochaine?
Combien n’ont-elles pas ce “temps de grâce” pour faire la paix avec Dieu?
Dieu agirait-il donc différemment selon les individus?
Non! Dieu est juste! Il ne fait pas de favoritisme! Chacun a dans son coeur la pensée de l’éternité (Ecclésiaste 3: 11), chacun a été, un jour ou l’autre, interpellé par l’Esprit divin. Mais combien ont-ils endurci leur coeur tout au long de leur vie en résistant à l’appel du Seigneur, tellement endurci qu’il ne servirait à rien qu’ils soient avertis de leur prochain départ?

Ainsi cet homme, riche des biens de la terre, n’était pas riche pour Dieu. Tout son trésor étant placé dans ce monde, il vivait dangereusement en prenant le risque d’arriver les mains vides devant le Juge, les mains vides et le coeur chargé de péchés!
Ne pouvant rien emporter de ce monde dans l’autre, il est urgent de réfléchir si nous avons bien un “compte” à la “banque du Ciel”, un passeport pour entrer dans l’éternité et jouir indéfiniment d’une vie où ni la mort, ni les larmes ne viendront ternir la joie et la paix!

Mais revenons à ce jeune homme riche qui, en dehors de ses affaires matérielles, avait une préoccupation saine. Il ne cherchait pas un moyen pour faire fructifier davantage sa fortune, ni un moyen pour la mettre à l’abri des voleurs, pas plus qu’il désirait prendre sa retraite et vivre paresseusement sur les intérêts de ses revenus. NON, il cherchait une place dans le royaume de Dieu, il s’inquiétait de ce qu’il pouvait encore faire pour avoir la vie éternelle.

Son rang (Il était chef d’après Luc 18:18) et sa richesse ne l’ont pas aveuglé, ils ne lui ont pas fait perdre conscience qu’il y a une vie après la vie. Une vie dont il faut se préoccuper ici-bas pendant que l’on a encore la possibilité de faire demi-tour le cas échéant.

Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle? Matthieu 19: 16

Lorsque l’assurance du salut est gravée dans notre coeur, nous savons que nous n’avons rien à faire pour avoir la vie éternelle, qu’aucune oeuvre terrestre n’est suffisante pour nous ouvrir les portes du royaume de Dieu.
Mais ce jeune homme vivait toujours sous la loi, Christ n’étant encore point mort pour le pardon de nos péchés, il cherchait à accomplir quelque chose qui puisse lui donner ce qui lui manquait.
Cela lui tenait tellement à coeur qu’il n’hésita pas à se jeter à genoux au pied du Maître!

Comme Jésus se mettait en chemin, un homme accourut, et se jetant à genoux devant lui: Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? Marc 10: 17

Quelle scène pathétique! Un jeune chef fortuné se jetant aux pieds du Seigneur Jésus et lui demandant ce qu’il fallait faire pour hériter de la vie éternelle!
Un jeune homme qui semblait avoir compris que cet héritage ne pouvait pas se gagner à la force du poignet ou par l’accomplissement d’oeuvres, mais qui était conscient que cette vie éternelle ne tombait pas du ciel sans que l’homme ait à s’impliquer personnellement pour saisir ce don de Dieu.

Sa question: “Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?” ressemble à celle du geôlier qui avait la garde de Paul et Silas, ce geôlier qui, ouvrant son coeur, demanda:

... que faut-il que je fasse pour être sauvé? Actes 16: 30

La réponse de l’apôtre au geôlier est claire: Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé... Actes 16: 31

La réponse du Seigneur Jésus au jeune riche est claire: Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Matthieu 19: 17

Dans un cas comme dans l’autre, il n’y a pas de salut sans obéissance à la Parole de Dieu, sans obéissance au Seigneur, qu’il soit Père ou Fils.

Sans doute ce jeune homme a-t-il été un peu surpris de cette réponse, lui qui, depuis sa plus tendre enfance, mettait en pratique les commandements de Dieu rapportés par Moïse.
Mais, dans la crainte d’avoir été oublieux, il s’empresse de demander lesquels, car il réalise bien qu’il lui manque quelque chose puisque son observance des commandements mosaïques ne lui avait pas donné ce qu’il tentait de trouver au pied du Maître.

Sans doute y avait-il un commandement dont il n’avait pas connaissance! Que le fait de ne pas l’avoir mis en pratique faisait qu’il vivait dans l’incertitude quant au salut de son âme! Voilà pourquoi ce jeune homme angoissé désirait aller jusqu’au bout de sa recherche. (Avons-nous la même obstination?)
Depuis sa jeunesse il avait fait son possible pour plaire à Dieu! Quelle grâce d’avoir eu des parents qui ont élevé leurs enfants dans la crainte de Dieu, dans le respect de sa Parole!

Combien d’enfants peuvent-ils affirmer qu’ils ont été élevés dans la foi chrétienne? Nos propres enfants peuvent-ils dire:

J'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Luc 18: 21

Cette réponse n’a pas manqué de toucher le coeur du Seigneur qui, connaissant les pensées des hommes, savait fort bien qu’il disait la vérité. Voilà pourquoi il nous est dit:

Jésus, l'ayant regardé, l'aima. Marc 10: 21

Oui, Jésus aime ceux qui aiment la Parole de Dieu, ceux qui la mettent en pratique, il les aime quand bien même il leur manque encore quelque chose!
Combien ce jeune homme riche a dû être réjoui de voir dans les yeux du Seigneur une flamme d’amour qui l’encouragea à aller plus loin dans sa demande:

Le jeune homme lui dit: J'ai observé toutes ces choses; QUE ME MANQUE-T-IL ENCORE? Matthieu 19: 20

Le coeur sait bien qu’il lui manque quelque chose même s’il ne sait pas ce qui lui manque!
Il le sait! Même lorsqu’on vit dans un environnement chrétien, même quand on lit régulièrement la Parole de Dieu et qu’on fait son possible pour la mettre en pratique!

Il te manque une chose! Il te manque le principal, il te manque la dernière pièce du puzzle qui, sans elle, ne peut donner une image complète de l’enfant de Dieu. Peut-être te manque-t-il simplement le courage de te donner à Dieu? Peut-être te manque-t-il le courage de faire ce pas de foi irremplaçable, un pas que personne ne peut faire à ta place?

À cet instant, le jeune homme riche est allé aussi loin qu’il est possible d’aller. Il est allé jusqu’à la porte du salut, jusqu’à l’entrée du chemin étroit. (Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. Marc 12: 34)

Maintenant il lui est demandé de tourner la poignée de cette porte, de s’engager dans la voie étroite à la suite du Seigneur Jésus! (Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos coeurs... Hébreux 3: 15)

Ce petit pas pour l’homme qui est venu jusqu’à la frontière délimitant l’entrée dans un nouveau royaume où l’on vit éternellement dans la présence d’un Dieu qui nous a tant aimés; ce petit pas fut pour lui un pas qu’il ne put faire en raison du fait qu’il regarda en arrière.

Son regard se détourna des richesses célestes pour revenir aux richesses terrestres dont il était l’heureux bénéficiaire, des bienfaits passagers qu’il ne pouvait abandonner pour se risquer à marcher par la foi sans sécurité matérielle.
Comme la femme de Lot, il se retourna et resta pétrifié en comptant ce qu’il devait abandonner pour passer l’étroite porte qui pourtant allait le conduire vers le plus fabuleux des trésors.
Ne pouvant pas faire l’ultime pas pour entrer dans le royaume des cieux alors qu’il avait gravi la pente jusqu’à son sommet, il se laissa glisser vers l’attirance des biens de ce monde.

Pauvre jeune homme riche! Parti plein d’espérance pour connaître ce qui lui manquait afin d’avoir l’assurance de la vie éternelle, il s’en retourna le coeur triste, l’âme chargée et travaillée, n’ayant pas même la joie de retrouver ses “trésors”. ( Il s’en alla tout triste... Matthieu 19: 22)
Quelle était donc cette force irrésistible qui le contraignait à faire demi-tour pour qu’il quitte avec regret le seul chemin qu’il cherchait véritablement?
Cette force qui pourrait faire dire à certains:

“Je regrette, mais je ne puis te suivre Jésus! Je veux bien lire la Bible, te prier, croire en toi mais ne me demande pas de me jeter dans tes bras, de couper le cordon ombilical qui me rattache au monde! J’ai besoin de l’environnement dans lequel je suis né, j’ai besoin d’avoir une sécurité visible qui puisse me permettre de me lancer sur ton chemin sans avoir la crainte du lendemain.”

Si ce jeune homme riche vivait aujourd’hui je pourrais lui dire que:

La foi n’est pas un saut à l’élastique qui nous permettrait de toucher momentanément les profondeurs de l’amour de Dieu et qui ensuite nous ramènerait à notre point de départ avec l’aide des spectateurs.
La foi c’est un saut dans le vide qui nous interdit toute remontée, un saut qui nous sépare du monde visible pour “toucher” l’invisible afin d’être agréable à Dieu.

Or sans la foi il est impossible de lui être agréable; car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. Hébreux 11: 6

Après avoir trop servi Mammon, un Mammon qui lui laissait une certaine liberté quant à la foi, voilà que ce jeune homme est ramené par ce maître impitoyable dans une réalité qui ne lui a jamais donné le bonheur véritable.
Ne nous trompons pas! Satan laisse de nombreuses libertés dans le domaine de la foi. Il accepte que ceux qui sont entre ses mains fassent un bout de chemin, qu’ils s’intéressent au domaine religieux. Mais viennent-ils à s’approcher trop près de la porte du salut, voilà qu’il tire sur la chaîne afin de les ramener plus près de lui par le biais d'intérêts mondains ou charnels qu’il a placé dans le coeur des perdus ou des tièdes, de ceux qui soupèsent trop longtemps le pour et le contre avant de s’engager dans une voie plutôt que dans une autre.

Ne connaissant pas Jésus comme le Sauveur (bon Maître [Marc 10: 17; Luc 18: 18]), l’ignorant comme Seigneur, comme Fils de Dieu, ce jeune homme (comme beaucoup de nos contemporains) fit demi-tour pour s’en retourner, l’âme en peine, par le chemin d’où il était venu.
Ployant alors sous le poids de sa fortune, la traînant derrière lui comme un boulet de bagnard, tous ses biens terrestres allaient lui rendre la vie impossible jusqu’à ce qu’il se décide un jour à crier à Dieu afin d’être délivré de la domination de l’argent, de cet argent maudit dont l’amour immodéré lui fermait la porte du ciel.
L’a-t-il fait? A-t-il changé de maître?

Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. Matthieu 6: 24

... ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. 1 Timothée 6: 9

Dernièrement j’ai rencontré un jeune homme riche, qui voulait s’instruire sur les choses de Dieu, approfondir ses connaissances, mais lui aussi s’en retourna tout triste lorsque le “doigt de Dieu” mit en évidence une zone d’ombre dans sa vie.

Quel était son problème?
Le même que celui du jeune homme riche qui se jeta au pied du Seigneur!
Lui aussi aussi regarda en arrière!
Non pas à ses biens terrestres, mais à l’idée préconçue qu’il avait dans son coeur (celle de venir en Suisse).

N’ayant pas obtenu satisfaction, il repartit tout triste car il espérait concilier deux choses qui, pour sa vie personnelle, étaient inconciliables, les priorités n’étant pas classées dans le bon ordre. Depuis, plus de questions sur la Bible, plus de “cher frère”, plus de partage, plus de désir de s’instruire ni envie de poursuivre des échanges “enflammés” qui semblaient démontrer une soif et une faim réelles de la Parole de Dieu.
Ainsi, il y a de nombreux “jeunes hommes riches” qui, comme celui dont nous parle le Nouveau testament, n’ont pas classé les valeurs qui étaient devant eux à leur juste prix. Ils ont fait passer les biens ou les avantages de ce monde avant le trésor dans les cieux!

Bien des choses nous rattachent encore au monde, elles sont là pour nous freiner dans notre marche.
Si nous n’en sommes pas encore conscients c’est certainement parce que nous ne nous sommes pas encore jeter à genoux aux pieds de notre Sauveur pour demander ce qu’il fallait faire pour avoir la Vie en abondance et non au goutte à goutte!

Fais-moi dès le matin entendre ta bonté! Car je me confie en toi. Fais-moi connaître le chemin où je dois marcher! Car j'élève à toi mon âme.
Enseigne-moi à faire ta volonté! Car tu es mon Dieu. Que ton bon esprit me conduise sur la voie droite! Psaume 143: 8 &10

Quand est-il de notre vie? (De ma vie!)
Quel pourrait bien être ce “trésor” qui nous ferait nous détourner du Seigneur ou qui nous attristerait si nous devions passer par un chemin contraire à nos pensées, nos ambitions?

Seigneur! Que me manque-t-il pour que je te sois agréable, toi qui m’a sauvé de la condamnation éternelle en prenant la peine de mon péché?

Seigneur! qu’ai-je en trop dans ma vie qu’il me faille abandonner?
Mais, avant de me répondre, et afin que je ne m’en retourne pas attristé, aide-moi à bien réaliser que:

Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs; Je préfère me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, Plutôt que d'habiter sous les tentes de la méchanceté. Psaume 84:10 (84:11)

et que:

... notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses. Philippiens 3: 20-21

© J-M Ravé 14 août 2005

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