Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Quand le mérite passe..., la grâce s'efface !

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Un centenier avait un serviteur auquel il était très attaché, et qui se trouvait malade, sur le point de mourir.

Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelques anciens des Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur.

Ils arrivèrent auprès de Jésus, et lui adressèrent d'instantes supplications, disant: Il mérite que tu lui accordes cela; car il aime notre nation, et c'est lui qui a bâti notre synagogue. Luc 7: 2 - 5

Et étant venus à Jésus, ils le priaient instamment, disant: Il est digne que tu lui accordes cela... (version Darby & David Martin)

Alors que le peuple d'Israël subissait la pression de l'occupant et soupirait après la délivrance, voici qu'un centenier romain s'adresse à des notables juifs afin que ces derniers intercèdent en sa faveur auprès de Jésus.

A la lecture de ce texte, nous voyons que ce chef romain (chef d'une centaine d'hommes) n'a pas abusé de son autorité d'occupant pour contraindre des Juifs à faire sa volonté au profit de son serviteur malade à la mort.

Cet étranger était aimé de son entourage quoique son uniforme fut haï par les descendants de David.

Il était aimé parce qu'il a d'abord aimé les autres.

Par son témoignage, par ses oeuvres, il a su toucher le coeur des habitants du pays que César avait envahi.

Il est probable que le premier sentiment de la population face à ce centenier fut le rejet. L'envahisseur n'est jamais accueilli les bras ouverts quand bien même il puisse trouver sur sa route des sourires ou des acclamations.

Ces "bonnes manières" servent souvent de bouclier afin d'éviter les mauvais traitements qui accompagnent fréquemment les conquérants livrés à leurs instincts, tout comme nos "bonnes manières" peuvent être, elles aussi, intéressées afin de garder certains avantages.

Cet homme, cet "ennemi officiel" montra que, s'il était soumis à une autorité supérieure, ses sentiments n'étaient liés, ni par le prince de ce monde, ni par l'Etat dont il dépendait: Il était capable d'aimer ceux qui le regardaient comme un ennemi, les aimer au point de leur faire du bien.

Sa conduite exemplaire nous fait penser à l'apôtre Pierre qui, de même, nous invite à avoir une bonne attitude face à ceux qui sont nos adversaires en raison de la foi que nous professons.

Ayez au milieu des païens une bonne conduite, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes oeuvres, et glorifient Dieu, au jour où il les visitera. 1 Pierre 2: 12

Ainsi ces anciens d'Israël sont allés vers Jésus, le suppliant d'accéder à leur demande, étalant devant le Seigneur tout ce que ce centenier avait fait de bien:

- Il aime notre nation

- C'est lui qui a bâti notre synagogue

Quel témoignage rendu par ces notables qui n'hésitent pas à formuler leur opinion personnelle d'autant plus que ce centurion, il faut le dire, ne demandait rien pour lui-même!

C'était pour son serviteur malade, un serviteur auquel il était très attaché, qu'il sollicitait la présence de Jésus de Nazareth. Il avait entendu parler de lui et ne doutait pas qu'il eut accompli des guérisons et des miracles.

Il mérite que tu lui accordes cela!
(Il est digne que tu lui accordes cela...)

Jésus se mit en marche.

Le Seigneur se met toujours en marche lorsqu'il entend un cri de détresse.

Toutefois nous devons bien saisir que ce ne sont pas nos mérites qui le font se déplacer, ce sont nos faiblesses, nos cris, nos larmes qui touchent son coeur.

Oserions-nous dire qu'il est encore plus touché lorsque nous intervenons en faveur des autres? Lorsque nous prions pour eux avec la même intensité que si nous portions nous-mêmes le fardeau qui les accable?

Jésus ne court pas vers nous parce que nous méritons son intervention, parce que nous avons fait quelque chose qui l'obligerait à agir.

Les prières que nous pourrions faire monter vers Dieu en mettant en avant le travail que nous avons accompli, ne peuvent faire incliner le plateau de la balance en notre faveur, quand bien même ce travail fut excellent.

Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, (des esclaves inutiles [Darby]) nous avons fait ce que nous devions faire. Luc 17: 10

Accomplir ce qui doit être fait est la norme et non l'exception qui apporterait des félicitations!

Ajoutons encore qu'il ne va pas s'intéresser à nous parce que nous avons moins péché que les autres!

Nos "petits" péchés comme l'hypocrisie, le mensonge ou la négligence sont autant responsables de la mort de Christ sur la croix, que l'adultère ou le meurtre! TOUS ont péché! est-il écrit, et sont privés de la gloire de Dieu. (Romains 3: 23)

Lorsque l'on a bien compris la pensée de Dieu à l'égard du péché, il n'est plus question de mettre en avant les mérites que les hommes prennent en considération, ou le travail que nous avons fait. Grâce...! Tout est grâce!

Par contre lorsque l'homme veut récompenser son prochain, il le fait en fonction de ses mérites, de ce qu'il a apporté à la société.

Voilà pourquoi les anciens d'Israël ont fait le maximum pour "influencer" Jésus, pourquoi ils ont tant insisté sur les qualités de ce centenier "ami d'Israël".

Il est vrai que ce Romain avait de grandes qualités morales car, au lieu de mettre en avant ce qu'il avait fait pour son prochain et pour la communauté, il sut rester dans l'ombre.

- D'abord il fit envoyer les anciens d'Israël vers Jésus.

- Ensuite, alors que le Maître s'approchait de son domicile, ce sont quelques-uns de ses amis qui partirent avec un message bien particulier.

... le centenier envoya des amis pour lui dire: Seigneur, ne prends pas tant de peine; car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C'est aussi pour cela que je ne me suis pas cru digne d'aller en personne vers toi. Luc 7: 6 -7

Il est intéressant de noter que le message apporté par les anciens d'Israël n'avait pas la même profondeur que celui transmis par les amis du centenier.

- Le premier mettait en avant le témoignage extérieur rendu par cet homme (certainement contre sa volonté car il n'était pas homme à faire étalage de ses bontés).- Le second définissait son propre jugement sur lui-même. Un jugement qui ne pouvait être partagé que par des intimes capables de transmettre les convictions profondes de cet homme sans y ajouter de commentaires personnels.

Comme lui nous ne pouvons pas partager avec tout le monde les raisons qui nous poussent à agir d'une façon ou d'une autre. Nous ne pouvons entrer dans les détails qu'avec ceux qui nous sont proches et qui partagent les mêmes sentiments, la même foi, la même espérance.

Le péché sépare de Dieu, mais la foi nous rapproche de LUI!

Ce centurion romain, je n'ose pas dire ce païen, avait réalisé la grandeur de celui qui guérissait les malades, réalisé sa propre indignité face à celui qui parlait comme aucun homme n'avait parlé jusqu'à présent.

Humblement, il voulait mettre une distance respectueuse entre le Fils de Dieu et lui-même, tout comme ce publicain de la parabole qui, dans le temple, n'osait lever les yeux au ciel. Une distance qui n'empêcha pas la foi de l'un et de l'autre d'être honorée. (Luc 18: 13-14)

Le publicain s'en retourna justifié, lavé, pardonné de son péché tandis que le centenier vit sa requête honorée en raison de sa foi.

... je ne me suis pas cru digne d'aller en personne vers toi. Mais dis un mot, et mon serviteur sera guéri...

Lorsque Jésus entendit ces paroles, il admira le centenier, et, se tournant vers la foule qui le suivait, il dit: Je vous le dis, même en Israël je n'ai pas trouvé une aussi grande foi.

De retour à la maison, les gens envoyés par le centenier trouvèrent guéri le serviteur qui avait été malade. Luc 7: 8-10

Les mérites, présentés par les anciens d'Israël, n'ont pas été mis en avant par le centenier ni relevés par le Seigneur Jésus. Seule la foi fut retenue par le Fils de Dieu. Une foi honnête et droite, une foi sans calcul personnel!

La FOI de cet homme fut ADMIRÉE par Jésus et non les oeuvres qu'on étala devant lui! Rien de ce que ce centenier avait fait pour Israël ou pour la religion juive ne toucha le coeur du Seigneur.

Seule sa FOI fut mise en avant! Une foi telle que Dieu trouva bon qu'elle soit rappelée siècle après siècle au travers de sa Parole, ceci afin que nous comprenions que:

C'est notre foi et non nos mérites qui font agir le bras de Dieu.

Nos mérites, s'ils apportaient quelque chose, montreraient que nos actions, nos oeuvres, ont un pouvoir discriminatoire qui ne nous placeraient plus sur un rang d'égalité les uns par rapport aux autres face à Dieu.

Chacun ayant des moyens ou des forces différentes pour accomplir des oeuvres, il nous est donc facile de comprendre que la foi est l'élément de base pour plaire à Dieu.

Nos mérites (conséquences d'un travail, de bonnes oeuvres ou d'une bonne attitude) ne peuvent prétendre nous rendre bénéficiaires de la grâce, ces deux mots ne pouvant s'associer.

- Le mérite laisse supposer un salaire, une rétribution.

- La grâce, elle, démontre que l'on reçoit une faveur imméritée qui est la conséquence de l'amour de Dieu envers son enfant.

Or à celui qui fait des oeuvres, le salaire n'est pas compté à titre de grâce, mais à titre de chose due. Romains 4: 4 (Darby)

Tout cela ne veut pas dire que les oeuvres que nous accomplissons ne sont pas dignes d'intérêt, que le Seigneur n'y prêterait aucune attention.

Bien au contraire, le travail que nous faisons pour la gloire de son Nom, pour l'avancement de son règne, est pris en compte. Simplement ce n'est pas à nous de le mettre en avant pour obtenir ce que seule la grâce peut nous offrir.

La grâce nous rend bénéficiaires de ce que nous ne méritons pas.

Les récompenses, elles, résulteront du fruit de notre travail pour le Seigneur et nous serons accordées après que nos oeuvres soient passées au travers du feu.

... l'oeuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'oeuvre de chacun.

- Si l'oeuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense.

- Si l'oeuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense 1 Corinthiens 3: 13-15

Il faut bien comprendre que les récompenses à venir sont indépendantes du salut, ce salut qui est la conséquence de la foi que nous avons placée en Christ et en son oeuvre expiatoire.

Toutefois nous devons être prudents et ne pas négliger le fait que nous sommes, en quelque sorte, tenus de porter du fruit à la gloire de Dieu (Jean 15: 2).

Ajoutons encore que notre travail pour le Seigneur ne se compare pas avec celui que fait notre frère ou notre soeur dans la foi. Ce que nous accomplissons dans le secret peut très bien avoir plus de valeur dans l'éternité que ce qui est fait au grand jour.

Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. 1 Corinthiens 3 : 8

Souvenons-nous que Dieu a préparé un plan de travail pour chacun d'entre nous selon les capacités et les dons qu'il nous a donnés.

Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions. Ephésiens 2: 10

La grâce de Dieu s'est donc manifestée dans notre vie. Elle nous pousse à servir le Seigneur en signe de reconnaissance. Un service qui sera récompensé, non en fonction de nos mérites, puisque nous sommes des serviteurs inutiles (Luc 17: 10), mais selon ce qui en restera après le contrôle divin.

Réfléchissons donc aux motifs qui nous poussent à faire quelque chose pour Dieu: s'ils sont intéressés, calculés, il est probable que ces oeuvres-là ne résisteront pas à l'épreuve du feu qui séparera l'or de ses impuretés.

"Seigneur, je te prie donc de m'éclairer afin que je ne perde pas mon temps à accomplir des oeuvres inutiles qui auront plus tendance à me satisfaire qu'à t'honorer.

Apprends-moi à faire TA volonté, à entrer dans TES plans et non à te demander de bénir les miens."  

Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi.
Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.
Ephésiens 2: 8
Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail,
mais que vous receviez une pleine récompense.
2 Jean 1:8
Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi,
pour rendre à chacun selon ce qu'est son oeuvre.
Apocalypse 22: 12
 

 
 © J-M Ravé 29 février 2003
CP 474 - 2300 Chaux-de-Fonds - Suisse