Malgré la bonne volonté,
malgré le désir d’être agréable au
Seigneur, il est des fardeaux que l’on ne peut porter en
dépit de l’exhortation de Paul:
Portez les
fardeaux (les charges)
les uns des autres, et
vous accomplirez ainsi la loi de Christ. Galates 6: 2
Notre impossibilité à porter
ces charges qui écrasent nos frères et soeurs dans la
foi n’est pas la conséquence de notre manque d’amour
pour eux; cette impossibilité, lorsqu’elle existe, nous
touche profondément et ne pourra jamais nous laisser
insensible car:
Si un membre souffre, tous
les membres souffrent avec lui... 1 Corinthiens 12: 26
Si plusieurs d’entre nous peuvent se
permettre cette réflexion, c’est bien parce que nous ne
sommes pas entrés dans la catégorie de ceux et celles
dont l’amour s’est refroidi: une attitude qui expliquerait
une incapacité à porter le fardeau de celui qui a
donné sa vie à Christ et qui plie sous le poids de
l’épreuve.
D’ailleurs il faut bien reconnaître que si nous souffrons de notre impuissance à
secourir, c’est bien parce que
notre coeur n’est pas encore endurci et qu’il reste
sensible à l’état de santé de celui qui,
comme nous, est au bénéfice de l’amour de
Dieu.
(A nous d’être vigilants afin de ne pas perdre cet amour
fraternel en faisant attention à ce que le
péché, qui déferle sur le monde, ne vienne pas
éclabousser nos vêtements blancs et n’arrive, peu
à peu, à s’incruster dans notre vie:
“... parce que
l'iniquité prévaudra, l'amour de plusieurs sera
refroidi” Matthieu 24; 12).
Ainsi l’amour fraternel n’est pas mis en cause et il ne
fait aucun doute que nous constatons de plus en plus notre
incapacité à accomplir la loi de Christ chaque fois que
nous tentons vainement de tirer
derrière nous celui qui a besoin d’être
porté!
Tirer un enfant fatigué pour le
faire avancer ne le soulagera pas dans sa marche!
Au contraire il pourrait tomber, s’égratigner, se
blesser. L’idéal serait de le prendre dans ses bras!
Mais quand on a les bras chargés, qu'on a même de la
peine à savoir où l’on pose les pieds à
cause du manque de visibilité, il est bien difficile d’en
faire plus.
Dans cette circonstance particulière, le mieux serait de
trouver une aire de repos, un banc où l’on puisse
déposer ses paquets et prendre un temps pour renouveler ses
forces.
N’est-ce pas la même chose
dans le domaine de la vie chrétienne?
N’y a-t-il pas eu des moments où nous étions
tellement chargés que nous avions bien du mal à
être à l’écoute de celui qui cherchait un
coeur fraternel pour partager ses soucis, que nos prières pour
lui n’étaient qu’une façon de le tirer par la
main sans que cela allège son pesant fardeau tant nous
manquions de conviction!
Je pense à ceux qui sont venus frapper à ma porte pour
chercher un encouragement alors que j’étais
découragé, sans force et que j’attendais
moi-même la délivrance.
Tous ceux qui ont vécu cette expérience savent
qu’il est difficile d’avoir une oreille attentive: les
pensées allant tour à tour de nos épreuves
personnelles à celles de notre interlocuteur.
Reconnaissons que c’est un miracle, que c’est la
grâce de Dieu qui s’est manifestée lorsque les
visiteurs nous ont quittés dans un meilleur état
qu’ils n’étaient entrés, fortifiés et
encouragés par plus faible qu’eux!
Oui, quelle grâce de voir la main de Dieu toucher le coeur de
notre frère dans la détresse, quelle grâce
d’être le témoin de l‘infinie bonté de
Dieu qui s’est abaissé à utiliser le vil
instrument que nous étions,
serviteur à qui il a donné, par la même occasion,
des forces nouvelles afin qu’il ne marche plus le dos
courbé.
Cette situation nous amène à comprendre que cette
méthode n’est pas la meilleure car c’est
acculés dans nos retranchements que nous avons
été mis au pied du mur par l’arrivée
d’un frère que nous n’aurions certainement pas
invité en raison de notre mauvaise santé spirituelle,
ne désirant pas prendre une charge supplémentaire.
Le Seigneur a quelque chose de mieux à nous offrir afin que
rien n’entrave le ministère de témoin de Christ
qui a été confié à chacun. Son conseil
est le seul qui puisse nous permettre d’accomplir joyeusement la
part de travail qu’il nous demande de faire en portant le
fardeau de ceux qui sont opprimés:
...
déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même
prend soin de vous. 1
Pierre 5: 7
Nous connaissons tous cette invitation que nous
savons partager avec ceux et celles qui passent par
l’épreuve pour qu’eux-mêmes s’encouragent
à mettre leur confiance dans le Seigneur!
Dieu sait si ce texte n’est pas parfois utiliser pour nous
“débarrasser” gentiment du frère en utilisant
des arguments bibliques qui sont l’exacte vérité
mais qui cachent aussi notre désarroi intérieur, notre
incapacité à prendre en charge le
“blessé”.
Au fait, ce texte ne m’est-il pas
aussi destiné à moi qui ne peut pas me charger du
fardeau de mon frère parce j’en ai déjà par
dessus la tête?
Eh oui...! La Parole de Dieu, qui est
bonne pour les autres, peut aussi avoir des effets
bénéfiques pour notre vie si nous voulons la prendre
pour notre compte lorsque nous sommes aussi dans la
détresse.
En la mettant de côté, en l’écartant de nos
pensées, notre conduite aura tendance à se calquer sur
celles des scribes et des pharisiens que le Seigneur Jésus
reprenait:
Faites donc et observez
tout ce qu'ils vous disent; mais n'agissez pas selon leurs
œuvres. Car ils
disent, et ne font pas.
Matthieu 23: 3
Notre façon de nous comporter dans l’épreuve fait
aussi partie du témoignage. Notre foi ne consiste pas
seulement à citer des textes bibliques pour que d’autres
les mettre en pratique, mais à les expérimenter
personnellement afin que notre vécu soit aussi une
“lettre de Christ”.
On a souvent l’impression que plus
un texte biblique est facile à comprendre, plus il est
difficile de le mettre en pratique!
En effet, quoi de plus simple que de déposer son fardeau au
pied du Seigneur?
Mais quelle difficulté à le laisser là et
à poursuivre sa route sans le reprendre! Combien il est
pénible d’aller de l’avant en marchant à
reculons! Nous n’avons pas été créés
pour nous déplacer de cette façon et pourtant
c’est ce que nous faisons lorsque nous ne quittons pas des yeux
le fardeau que nous avons déposé!
Déposé ou mis en
consigne?
La consigne permet de déposer ses bagages afin d’en
être libérés pour un temps, puis d’avoir la
possibilité de les reprendre pour poursuivre sa route.
Qu’ai-je fait de mes soucis?
Cette question s’adresse à celui qui est invité
à porter les charges de son frère et au frère
lui-même qui a besoin d’être
déchargé!
Tout le monde n’a pas la même force et les
“petites” épreuves du frère qui vient nous
trouver sont aussi insurmontables pour lui que les
“terribles” difficultés qui nous accablent.
...
déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même
prend soin de vous. 1
Pierre 5: 7
Pour que ce verset devienne une réalité concrète
dans notre vie, que le Seigneur Jésus ne devienne pas une
consigne automatique qui ne garderait que pour un temps les
“bagages” que nous lui avons déposés, il nous
faut revenir un peu en arrière et relever un petit
“ET”, une charnière qui relie deux pensées
qui vont de concert:
On ne peut pas se décharger sur le
Seigneur n’importe comment, il est indispensable de
s’humilier devant Lui, de reconnaître notre
incapacité à résoudre la situation dans laquelle
nous nous trouvons.
Aucune “relation d’aide”,
payante ou non, ne pourra proposer mieux que ce que les Saintes
Écritures nous demandent de faire sans que nous ayons besoin
de notre porte-monnaie!
Il est vrai que s’humilier devant le Seigneur peut coûter
cher, très cher: notre capital de fierté se
dévalue vite lorsque nous prenons cette option! Mais ça
aussi c’est la sanctification!
“Oui Seigneur, je ne peux plus me battre, je suis fatigué
de vivre la situation dans laquelle je me trouve. Ce fardeau est trop
lourd pour mes épaules et je suis
conscient que toutes mes luttes, tous mes combats n’ont pas
apporté la délivrance espérée. J’ai
voulu combattre en ton Nom, résister en ton Nom sans trop bien
savoir si tu approuvais mes démarches.
Je ne vois plus le chemin, je ne vois plus ta main, je n’ai plus
à coeur de porter les fardeaux de mes frères et soeurs
dans la difficulté tant l’épreuve dans laquelle je
me trouve, me cache l’horizon.
Comme Pierre je suis en train de
couler, je ne peux pas marcher là où tu as
marché et, comme ton serviteur je ne puis que
crier:
Dans l’épreuve, nous sommes tous au
même niveau, tous dans un marécage qui veut nous
engloutir. Si nous nous débattons pour en sortir par
nous-mêmes, nous risquons de nous
enfoncer davantage et d’être hors service pour
l’oeuvre de Dieu.
Seigneur,
sauve-moi!
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui
dit:
Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? Matthieu 14:
30-31
Il est bon d'attendre en
silence Le secours de l'Éternel. Lamentations de Jérémie 3: 26
Car il est de la justice de Dieu de rendre l'affliction à ceux
qui vous affligent,
et de vous donner, à vous qui êtes affligés, du
repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du
ciel avec les anges de sa puissance... 2 Thessaloniciens 1:
6-7