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Le sida, une épidémie qui s'aggrave encore et toujours
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Selon le dernier rapport de l'Onu, 5 millions de personnes ont été touchées et plus de 3 millions de personnes sont mortes du sida en 2003.
C'est un lent grignotage qui se poursuit. En présentant, mardi, son rapport annuel sur «Le point sur l'épidémie de sida dans le monde», l'ONU-sida dresse un constat terrifiant de la poursuite de la propagation du VIH. Certes, il est fini le temps où l'épidémie se propageait de façon fulgurante, atteignant d'une année sur l'autre des continents ou des pays jusqu'alors épargnés. Comme ce fut le cas à la fin des années 90.
Là, c'est encore plus désespérant. L'épidémie continue, c'est tout. L'épidémie reste galopante en Afrique subsaharienne; elle se poursuit à un rythme soutenu en Asie; elle est incontrôlée dans les pays de l'Est de l'Europe; l'Amérique du Sud ne voit aucune amélioration. Et au final, «alors que cette année l'engagement politique s'est intensifié, que la mobilisation communautaire devient plus dynamique, que les fonds augmentent, et que les programmes de traitements passent à la vitesse supérieure», les données statistiques sont ... simplement un peu plus mauvaises que l'année précédente.
Fin 2003, l'ONU-sida estime ainsi que près de 40 millions de personnes sont infectées par le virus. En un an, 5 millions de personnes ont été nouvellement touchées, plus de 3 millions de personnes en sont mortes. Depuis l'arrivée du virus au début des années 80, ce sont près de 15 millions de personnes que le sida a tuées.
L'Afrique.
Ce continent détient tous les records avec près des deux tiers des cas au monde. Mais «la prévalence (1) du VIH varie considérablement à travers le continent, allant de moins de 1% en Mauritanie à presque 40% au Botswana et au Swaziland». Autre exemple de cette variabilité: «Plus de 20% des femmes enceintes sont infectées par le VIH dans la plupart des pays d'Afrique Australe, tandis qu'ailleurs en Afrique subsaharienne, la prévalence médiane du VIH dans les dispensaires prénatals dépasse les 10%». Plus frappant encore, «contrairement aux femmes des autres régions du monde, les Africaines sont nettement plus susceptibles d'être infectés par le VIH que les hommes (au moins 1,2 fois de plus). ... «Les femmes sont deux fois et demi plus susceptibles d'être infectés que leurs homologues masculins».
Et cela ne bouge guère. «En Afrique du Sud, la prévalence chez les femmes enceintes est restée pratiquement au même niveau qu'en 1998.... Dans quatre pays voisins, - Botswana, Lesotho, Namibie et Swaziland, l'épidémie a pris une ampleur dévastatrice». Au Zimbabwe, où l'on avait cru déceler une baisse des contaminations depuis deux ans, l'ONU-sida constate que «ce n'est plus le cas».
Seule bonne nouvelle, -mais sans qu'il y ait d'explications claires-, l'Afrique du nord reste toujours aussi peu infectée.
L'Asie et le Pacifique.
Ces zones regroupent les pays les plus peuplés de la planète (plus de 2,5 milliards d'habitants) mais aussi le potentiel épidémique le plus explosif: plus d'un million de personnes ont contracté le VIH en 2003, et plus de 500.000 sont décédées. Les optimistes pourront mettre en avant que la prévalence dans la plupart de ces pays reste en dessous de 1%, mais cela cache, là aussi, de fortes disparités, comme on le voit en Chine ou en Indonésie: «Dans certaines régions de Chine, des taux élevés de prévalence ont été constatés chez les consommateurs de drogue: de 35 à 80% dans le Xinjiang et 20% dans le Guangdong.... En somme, la faible prévalence nationale masque le fait que des épidémies graves sont en marche depuis plusieurs années dans certaines régions». Et de noter: «La plupart de ces épidémies sont liées à la consommation de drogues injectables, avec comme autre filière de propagation du VIH, le commerce du sexe». Même scénario, malheureusement classique au Vietnam. Bien que longtemps épargné, le pays a d'abord connu une épidémie liée à la toxicomanie, puis une dissémination par voie sexuelle.
En Asie du Sud, l'Inde reste le pays le plus inquiétant, et en valeur absolue le pays le plus touché avec au total entre 3 et 6 millions de séropositifs. «Selon l'Organisation nationale de lutte contre le sida, le VIH ne sévit plus seulement chez les groupes vulnérables ou dans les régions urbaines, il gagne progressivement les régions rurales et l'ensemble de la population».
En Amérique latine et dans les Caraïbes.
«Les rapports sexuels entre hommes représentent un élément important, mais il en est peu tenu compte... Récemment, les ripostes ont été renforcées dans de nombreux pays, mais il est à craindre que l'instabilité sociale ne compromette la mise en Ïuvre de ces programmes», note l'ONU-sida.
Amérique du Nord, Europe de l'Ouest, Australie.
La mortalité continue de baisser «dans les pays à revenue élevé», grâce à la mise à disposition à grande échelle du traitement antirétroviral depuis cinq ans. Et logiquement, dans ces pays, de plus en personnes vivent avec le virus: «Dans ces pays, on considère que 1,6 million de personnes vivent avec le VIH, le sida tuant autour de 18.000 personnes en 2003». Reste que dans ces pays riches, des décalages apparaissent dans les politiques de prévention. On parle de relâchement, sans que cela que se traduise pour autant par une reprise des contaminations. L'épidémie continuant de se précariser. «Aux USA, la moitié des 40.000 nouveaux cas annuels se déclarent chez les Afro-Américains».
(1) La prévalence est le taux de personnes, à un moment donné, touchées par une épidémie. L'incidence étant le nombre de nouvelles contaminations pendant un intervalle de temps donné.
(Libération) ajouté le 25-11-2003 dans Signes eschatologiques