Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le fondamentalisme évangélique vu par le catholicisme officiel

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Dans un document de la « Commission Biblique Pontificale » que vient de publier la revue «La documentation catholique» du 2 janvier 1994 (No 2085), il est question de l'interprétation biblique dans l'Eglise catholique romaine. Après avoir présenté différentes approches du texte biblique on y traite de la lecture fondamentaliste en précisant que celle-ci a eu son origine à l'époque de la Réforme dans une préoccupation de fidélité au sens littéral de l'Ecriture. On explique que le terme « fondamentaliste » se rattache directement au Congrès biblique américain qui s'est tenu à Niagara, dans l'Etat de New York en 1895. Les exégètes protestants conservateurs y définirent « cinq points du fondamentalisme » : l'inerrance verbale de l'Ecriture, la divinité du Christ, sa naissance virginale, la doctrine de l'expiation substitutive et la résurrection corporelle lors de la seconde venue du Christ. Ce sont là, nous semble-t-il, des vérités fondamentales auxquelles tout chrétien authentique devrait pouvoir souscrire.

Le document pontifical reproche toutefois au fondamentalisme la tendance à une étroitesse de vue et de ne pas admettre que la Parole de Dieu inspirée a été rédigée en langage humain par des auteurs humains dont les capacités et les ressources étaient limitées. Accusation non fondée, car comme pour Jésus-Christ, la Parole faite chair, les fondamentalistes reconnaissent parfaitement le caractère à la fois divin et humain, c'est-à-dire la double-nature, des Ecritures.

Mais comme Jésus, engendré par le Saint-Esprit et né de la vierge Marie, fut sans péché, de même l'Ecriture, inspirée de Dieu et écrite par des hommes, est sans erreur (inerrante).

Le document pontifical reproche aussi aux fondamentalistes de n'accorder aucune attention aux formes littéraires, d'admettre l'inerrance des textes bibliques en matière historique et scientifique et de traiter le texte comme s'il avait été dicté mot à mot par l'Esprit. En réalité les évangéliques fondamentalistes reconnaissent tout à fait les différents genres littéraires (genre narratif, poétique, prophétique, didactique....). Il est vrai que la Bible n'est pas un manuel d'histoire et de science et qu'elle n'emploie pas les termes techniques ou classiques en usage aujourd'hui pour parler des faits et des circonstances de l'époque, parfois présentés selon leur plus simple apparence, sans de savantes élucubrations. Quant à la théorie appelée « dictée mécanique » elle est faussement attribuée aux évangéliques fondamentalistes1*. Nous pensons toutefois que dans l'inspiration verbale des Ecritures (II Tim. 3 :1 6) « l'influence du Saint-Esprit s'est étendue au choix des expressions par les auteurs humains» (B.B. Warfield) et jusque dans l'emploi des mots (R. Pache), même si le processus de cette inspiration demeure pour nous aussi inexplicable que l'incarnation de Jésus-Christ. Admettre que les auteurs des manuscrits bibliques originaux se soient trompés ici ou là, c'est rendre suspecte toute la Bible en niant son inspiration plénière.

Le document pontifical déclare en outre : En ce qui concerne les évangiles, le fondamentalisme ne tient pas compte de la croissance de la tradition évangélique...

et un peu plus loin :

Dans son attachement au principe du « sola Scriptura » (l'Ecriture seule), le fondamentalisme sépare l'interprétation de la Bible de la Tradition guidée par l'Esprit, qui se développe authentiquement en liaison avec l'Ecriture au sein de la communauté de foi...

C'est ici que nous touchons au fond du problème. Le catholicisme ne veut et ne peut pas se référer et se soumettre à la seule Parole de Dieu. Il évoque la croissance ou le développement de la Tradition en son sein pour chercher à justifier toutes ses inventions et innovations non bibliques. Le nouveau «Catéchisme de l'Eglise catholique» (1992) dit à ce sujet :

Quant à la Sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu. . . (81 ) Il en résulte que l'Eglise... ne tient pas de la seule Ecriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation. C'est pourquoi l'une et l'autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d'amour et de respect... (82) II est donc clair que la Sainte Tradition, la Sainte Ecriture et le Magistère de l'Eglise2*, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux, qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres. . . (95).

Voilà pourquoi le document pontifical déclare dangereuse l'approche fondamentaliste et ajoute:

Le fondamentalisme invite, sans le dire, à une forme de suicide de la pensée...

On comprend un peu cette réaction violente et injurieuse de la part de ceux qui réalisent que face à la seule autorité des Ecritures tout leur système échafaudé sur la tradition des hommes risque de s'écrouler pour des catholiques sérieux qui prendraient conscience de cette dérive séculaire subtilement dissimulée. Ce serait plutôt une forme de suicide d'une partie du catholicisme romain suivie d'une véritable renaissance sous l'effet de la Parole de Dieu éclairée par le Saint-Esprit !

Jean Hoffmann

« Vous annulez ainsi la Parole de Dieu au profit de votre tradition » Matthieu 15 :6

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1* « pourquoi; s.obstine-t-on à attribuer aux croyants évangéliques une théorie fausse que personne à ma connaissance ne soutient aujourd'hui; ? » écrivait déjà René Pache en 1967 dans « L'inspiration et l'autorité de la Bible » (éditions Emmaüs).

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2* Le magistère = pape et évêques catholiques romains.

La Bonne Nouvelle 6/94

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