Radicalement injuste
Partout où l'Église catholique et les Églises protestantes sont majoritaires, il arrive fréquemment que les chrétiens qui ne sont pas membres de ces Églises dites « officielles » ou « institutionnelles» soient considérés avec méfiance si ce n'est parfois avec mépris. Aussi les assemblées chrétiennes formées de tels croyants sont-elles appelées «sectes» sans réflexion ni examen, par un jugement désobligeant et radicalement faux.
Tout le monde est d'accord, il y a des «sectes» malfaisantes dont il faut dénoncer les fausses doctrines par tous les moyens bibliques légitimes, c'est-à-dire qu'il faut éclairer et instruire les malheureuses victimes des faux prophètes, par la seule méthode de «la vérité qui affranchit ». (Jésus : Jean 8 : 32).
Cependant, il est radicalement injuste que les chrétiens évangéliques foncièrement fidèles à l'enseignement apostolique soient assimilés aux mouvements religieux subversifs ou extravagants, comme il en surgit sans cesse partout dans le monde. C'est pourquoi le silence des autorités religieuses à propos de cette confusion intolérable, due surtout à l'ignorance de ce que nous croyons et annonçons, est-il pour le moins un manque de loyauté envers la vérité. Pourtant, il faut reconnaître honnêtement que l'on rencontre de plus en plus de représentants des Eglises «établies» qui nous situent selon la vérité biblique, après enquêtes sérieuses sur le fondement de notre foi chrétienne.
Il faut préciser que le mot «secte», dans le langage courant, a un sens nettement péjoratif et malveillant. C'est pourquoi ce terme désigne-t-il complètement à tort ceux qui se sont séparés d'une Église majoritaire pour se joindre à une assemblée chrétienne minoritaire ou peu connue. Hélas, ce jugement aberrant est encore trop souvent porté sur les communautés dites « indépendantes», en face des Églises traditionalistes avec affiliation familiale héréditaire. Ce qui représente la première grande erreur de ces Églises si sûres d'elles-mêmes et si loin des méthodes évangéliques.
« Secte » selon la Bible
En consultant les écrits apostoliques, nous y découvrons que la «secte» représente, non pas les petites assemblées de croyants séparés des Églises dites historiques, mais l'erreur doctrinale, l'hérésie religieuse et l'infidélité à la saine doctrine du Nouveau Testament. (Voir 2 Pierre 2:2 sur les «sectes pernicieuses » ; 1 Cor. 11 : 19 ; Gal. 5 : 20 ; Col. 2 : 20-23 ; 1 Tim. 1 : 3 ; 4 : 15 ; 2 Tim. 4 : 1-5).
Quelles sont en réalité les marques caractéristiques de la «secte»? D'abord le pouvoir exorbitant et exclusif de ses chefs, ensuite la soumission absolue des consciences à leur autorité, l'infidélité à l'enseignement apostolique, les superstitions, les vaines traditions, les scandales, l'intolérance qui a inspiré la devise « Hors de l'Église point de salut ». Dans ces conditions, qui donc mérite le nom de secte dans l'immense confusion religieuse de notre temps? Pas les Eglises Evangéliques, en tout cas.
En vérité, malgré le grand nombre de ses « baptisés», c'est !'Église de Rome qui se rapproche le plus de la secte dans le sens indiqué, donc biblique du terme. Et c'est elle qui ose désigner ainsi les Eglises Evangéliques qui annoncent fidèlement toute la Parole de Dieu ! C'est à peine croyable. Et plusieurs Eglises protestantes ont emboîté le pas à l'Eglise romaine, du seul fait qu'elles ont conservé, au moment de la Réforme, le même mode de recrutement erroné de leurs membres d'églises : aspersion des nourrissons et confirmation à l'âge réglementaire. . .
Droits de la conscience
En fait, en religion comme en politique, ce n'est pas le grand nombre d'adhérents qui témoigne en faveur de la vérité. Car le grand nombre à lui seul n'est jamais une preuve de vérité. Au contraire, toute idéologie qui use de contrainte et qui limite les droits de la conscience en matière de foi et d'opinions, fait preuve de sectarisme, d'intolérance et d'aveuglement, ce que l'Évangile réprouve catégoriquement.
Peut-on dire que la religion catholique a été acceptée librement par les millions de baptisés de l'Église romaine? Non évidemment. Le catholicisme a été autrefois imposé aux peuples par les « rois chrétiens », et le « baptême » a été conféré ensuite automatiquement aux nouveau-nés sans la moindre participation des principaux intéressés. Nous sommes là aux antipodes des méthodes apostoliques. C'est ce que l'apôtre Paul a appelé « un autre évangile». (Gal. 1 :6-10). C'est-à-dire qu'en dehors de l'enseignement du Nouveau Testament, fondement de la foi chrétienne, il n'y a RIEN. Toute doctrine la Tradition) qui contredit ces textes doit donc être rejetée.
En revanche, la vérité est souvent le privilège des petites Églises méconnues, tout simplement parce que la vérité est exigeante et nous impose des sacrifices et des renoncements que beaucoup jugent inacceptables. Par exemple, Jésus a demandé que ses disciples, les chrétiens, soient tous convertis et transformés dans leurs sentiments et dans leur mentalité. (Mat. 18 : 3 ; Jean 3 : 1- 16). Cette conversion intérieure exige la soumission de notre volonté à celle de Dieu, condition que le coeur humain trouve très souvent insupportable. C'est ce refus de s'engager entièrement au service de l'Evangile qui, de toute évidence, restreint le nombre des disciples dans le monde. Par contre, recevoir passivement les sacrements infantiles ne coûte pas le moindre effort, et c'est ce christianisme à bon marché qui produit le grand nombre.
Religion au rabais
Dans cette pratique religieuse au rabais on peut faire n'importe quoi, mener une vie mondaine, être infidèle à son foyer, se livrer à la magie et même devenir incroyant, sans perdre pour autant la qualité de «chrétien » ! Le baptême catholique est le sacrement indélébile de la nouvelle naissance spirituelle, dont l'empreinte est ineffaçable! On ne peut guère aller plus loin dans la falsification du sens des textes bibliques. e Par ailleurs, il y a longtemps que l'esprit du « monde » (1 Jean 2 : 1 5-1 7), « Ennemi de Dieu » (Jacq, 4 :4), a gagné la plus grande partie de la chrétienté, qui pense et vit comme les non-chrétiens. Pourtant, Jésus a déclaré formellement que lui-même et les siens ne partagent pas cet état d'esprit. (Jean 1 7 : 14-1 7). Aujourd'hui le « monde» est entré dans la chrétienté qui vit entièrement avec le monde, non pas pour le gagner à Jésus-Christ mais pour partager ses idées. Cependant, toute alliance entre la lumière et les ténèbres est sévèrement réprouvée par les Saintes-Ecritures. (II Cor. 6: 14-18).
Si les Eglises qui se livrent au « magisme sacramentaliste» persistent dans cette voie (car Rome n'est pas seule en faute), au lieu de retourner à l'expérience de foi personnelle réalisée à l'âge conscient du croyant, le christianisme tout entier se trouvera ridiculisé au seul avantage de l'athéisme qui progresse partout.
Chacun le sait, la plupart des victimes de la séduction des « sectes» pernicieuses (car il y en a, c'est certain et très regrettable), proviennent de l'Église catholique. C'est bien dommage. C'est pourquoi, si tous les insatisfaits avaient trouvé les certitudes de la foi et la joie de leur vie chrétienne dans leur Eglise, jamais ils ne se seraient laissé prendre au piège des innombrables nouveautés et mysticismes aberrants de notre siècle. L'apôtre Paul a écrit que Dieu veut «que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes. Mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en Celui qui est le Chef, CHRIST». (Eph. 4:9-16)
Méthodes évangéliques
En bref, les chrétiens évangéliques ont fondé leur foi sur l'Évangile et l'enseignement des apôtres. Nous recevons les membres dans nos églises de la même manière que les premières communautés du Nouveau Testament, après leur conversion et par le baptême des croyants, sans âge déterminé. Car la repentance du pécheur et l'action du Saint-Esprit ne peuvent pas être fixées à l'avance selon un calendrier d'Église, comme on le fait pour la confirmation et la première communion... Selon les paroles de Jésus, c'est la foi du croyant qui est la condition du salut : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé ! » (Marc 1 6 : 1 6). Les apôtres se sont toujours adressés à des pécheurs pleinement conscients et en possession de tous leurs moyens de réflexion et de décision. Grâce à ces méthodes foncièrement évangéliques, la liberté de chaque croyant est pleinement respectée. Aucun recrutement forcé ! Aucune contrainte d'aucune espèce ! Aucun article de foi imposé aveuglément ! C'est là le véritable respect de la conscience et le droit à la liberté de pensée. C'est l'incomparable privilège des chrétiens dont la foi est fondée sur l'immortel Évangile, semence de liberté parfaite, sous le saint regard du Dieu de vérité. Cet Evangile ne reconnaît pas la foi obligatoire et héréditaire de génération en génération. L'Evangile nous présente les glorieuses affirmations divines, et puis il laisse à chacun la responsabilité de se prononcer pour ou contre la vérité. C'est la méthode souveraine du Dieu de Jésus-Christ. Aussi, en toute humilité, avec une infinie reconnaissance envers Dieu, sommes-nous profondément heureux de notre position de chrétiens évangéliques en nous tenant à l'écart des compromissions avec les idéologies erronées du présent siècle : Rom. 1 2 : 1 -2.
L'Église universelle
Quelle est la « Sainte Église universelle », selon la formule du Credo? L'Eglise catholique romaine déclare qu'elle est « la seule et vraie Église de Jésus-Christ! » Mais, comment a-t-elle pu à ce point-là s'égarer dans ses vaines traditions pour ne pas reconnaître que l'Eglise de Jésus-Christ n'a son siège ni à Rome, ni à Genève, ni à Istanbul, ni à Canterbury, ni ailleurs sur cette terre! Toutes les communautés religieuses peuvent avoir en leur sein des membres de « l'Eglise glorieuse, sainte et irréprochable» (Eph. 5 :27), mais aucune, même parmi les plus bibliques et les plus apostoliques, ne peut revendiquer le titre exclusif «d'Église du Dieu Vivant, colonne et appui de la vérité». (l Tim. 3 : 15). Ce serait la plus inconcevable hallucination de !'histoire humaine.
Comment le Dieu Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre, qui a envoyé ici-bas son Fils unique, n'aurait-il réussi qu'à instituer les Églises dites «historiques» dont le monde entier connaît les infidélités et les reniements? Et ce serait par ce moyen si radicalement insuffisant et si peu convaincant que le Souverain de l'Univers aurait décidé de parler aux peuples de la terre? Mais, ce serait la négation même de toutes les affirmations de la Parole de Dieu.
En revanche, « l'Eglise universelle» est composée des chrétiens authentiques de tous les lieux et de toutes les confessions qui peuvent exister. Cette Eglise est partout, bien qu'elle n'ait pas de chef visible ici-bas. Car tout chrétien fidèle est un témoin de Jésus-Christ et un membre de son Église, grâce à la Parole de Dieu et à Son Esprit qui conduit dans toute la vérité, a dit Jésus. Et puis, c'est « l'Eglise-Epouse» pure et parfaite qui se tiendra un jour devant « le trône de Dieu et devant l'Agneau ». (Apoc. 7 : 9-14).
En vérité, selon le Nouveau Testament, il n'y a sur terre que des églises locales de Jésus-Christ, puisque la grande et glorieuse « Eglise de Dieu » n'est pas encore au complet. Aujourd'hui, les croyants sont dispersés parmi toutes les nations, où ils sont «témoins, lumière et sel de la terre», engagés dans le « bon combat de la foi » pour le triomphe de la vérité. (l Tim. 6 : 12).
Dans le Nouveau Testament, il n'y a aucune trace d'une Église centralisée et hiérarchisée. Au cours du 1er siècle, aucun apôtre n'a revendiqué la primauté et aucun collège apostolique n'a exercé sa suprématie sur les autres disciples. C'est pourquoi, quand nous entendons dire : « Là où est Pierre, là est l'Eglise », nous répondrons : NON, là où est Jésus-Christ, là est l'Église. Et notre Seigneur se trouve là où sa Parole est honorée, annoncée, vécue, aimée et servie. Car c'est LUI le fondement et le Chef de son Église. (l Cor. 3: 11 ; Eph. 1:22-23).
En réalité, il y a dans le monde des millions de vrais croyants - des chrétiens évangéliques par dizaines de millions - qui vivent leur foi dans la communion avec Jésus-Christ sans pape, ni évêques, ni messes de Pie V ou de Paul VI, ni superstitions d'aucune sorte... Ces chrétiens vivent beaucoup mieux et sont infiniment plus convaincus, plus heureux et plus fervents que les adeptes de la tradition, bien que nulle église ne soit parfaite.
L'église locale
Une église locale n'est donc pas une paroisse qui englobe tous les citoyens qui habitent un même lieu géographique et que les simples hasards de l'existence ont réunis. Une église locale biblique est un rassemblement de disciples, de témoins, de croyants régénérés, unis par les liens de l'Esprit et de la Vérité. Sans doute Dieu a-t-il une « Eglise universelle» sur terre, mais il est seul à la connaître puisqu'il est impossible que les membres d'une telle Église puissent jamais se rencontrer ici-bas.
Quelle est finalement l'autorité spirituelle qui dirigera et inspirera les églises chrétiennes au cours de leur pèlerinage terrestre, lors des persécutions pour la foi et du danger toujours réel des fausses doctrines? Qui maintiendra l'unité du corps local ? C'est le plus éminent de tous les conseillers, le Consolateur et l'Envoyé du Père, le Saint-Esprit de Vérité. C'est lui qui façonne patiemment les « pierres vivantes» des églises locales, selon l'image employée par l'apôtre Pierre (1 Pierre 2 : 5).
Chaque assemblée locale est donc une « Église du Dieu Vivant», à condition que les principes de vie chrétienne établis dans le Nouveau Testament y soient fidèlement respectés. C'est à des églises locales que les épîtres apostoliques ont été envoyées, et Jésus-Christ est le Chef des églises qu'il appelle «chandeliers d'or» et qui brillent pour leur Seigneur. (Apoc. 1 : 12).
Vocation grandiose
L'apôtre Paul révèle aux Ephésiens leur vocation grandiose, en leur apprenant que « l'Église (peuple de Dieu) doit manifester la sagesse infiniment variée de Dieu, selon le dessein éternel qu'Il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur ». (Eph. 3 : 9-12).
Cette vocation exige donc une consécration totale, une fidélité absolue et un amour sans compromis. Ce qui prouve, si nécessaire, que la manière de devenir membre d'une Église, selon les traditions religieuses populaires, n'est pas celle que nous trouvons dans la «Parole vivante et éternelle de Dieu». (l Pierre 1:23).
Il n'existe pas un seul verset biblique déclarant que l'apôtre Pierre a été pape à Rome et qu'il a transmis son «pouvoir des clés» à qui que ce soit. Les «clés» laissées par Jésus à ses apôtres et à tous les chrétiens, c'est son Évangile, « puissance de Dieu pour le salut de tous ceux qui croient». (Rom. 1: 16). C'est la Foi profonde et sincère en notre Sauveur qui ouvre le ciel, et non pas une Eglise. (Eph. 2 :410:Apoc. 3:7,20).
Quant à l'unité de coeur et d'esprit entre les chrétiens fidèles à leur Seigneur, elle existe réellement, non pas au moyen des documents officiels du Conseil oecuménique des Eglises, mais grâce à l'Esprit qui anime les disciples de Jésus-Christ.
E. Itty B.P. 443 FORT-DE-FRANCE Martinique
Les sous-titres sont ajoutés par la rédaction de la B.N.
La Bonne Nouvelle 3/98
La Bonne Nouvelle - Droit de reproduction: prière de s'adresser au journal