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Les divergences du Conseil OEcuménique des Eglises

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A Berlin, l'organisation, qui rassemble 342 Eglises protestantes, anglicanes, méthodistes et orthodoxes, a constaté ses fractures.

C'est la première fois depuis la chute du mur que le Conseil OEcuménique des Eglises (COE) s'est réuni, du 29 janvier au 5 février, à Berlin. Son comité central - le « Parlement » d'une organisation née en 1948 et qui rassemble 342 Eglises protestantes, anglicanes, méthodistes, orthodoxes, etc. - a pu méditer sur les fractures qui continuent de diviser l'Europe et leur retentissement dans les Eglises.

Les délégués du COE à Berlin avaient en mémoire les deux coups récemment portés au rapprochement OEcuménique par le Vatican - à travers le document du cardinal Ratzinger affirmant que l'Eglise catholique détient seule la « plénitude » de la vérité - et par la puissante Eglise orthodoxe de Russie (80 millions de membres), travaillée par des courants ultranationalistes, qui menace, à la suite de la Bulgarie et de la Géorgie, de quitter le Conseil OEcuménique dont elle est un pilier depuis quarante ans.

 

« COMMISSION SPÉCIALE »

Si l'attitude de l'Eglise catholique - qui n'a jamais accepté d'adhérer à cette fédération d'Eglises - n'a guère été commentée à Berlin, le réaménagement du COE exigé par les orthodoxes russes comme condition de leur maintien a été au centre des débats.

Une « commission spéciale », comprenant à parité des orthodoxes et non-orthodoxes, a remis un rapport qui a soulevé la critique de ceux qui voient déjà le risque d'un changement de nature du Conseil OEcuménique.

Si celui-ci n'a jamais été conçu comme une « super-Eglise », il a toujours joué un rôle d'avant-garde dans les luttes du tiers-monde ou contre l'apartheid en Afrique du Sud, aussi bien qu'en matière liturgique, doctrinal ou morale, par exemple pour les droits des femmes ou des homosexuels.

C'est ce rôle que contestent aujourd'hui les Eglises orthodoxes, minoritaires dans un Conseil OEcuménique dominé par les grandes confessions protestantes, d'inspiration libérale, d'Amérique et d'Europe du Nord.

La « commission spéciale » mise en place pour trouver un compromis souhaite que toutes les décisions du COE soient dorénavant prises « par consensus » (au lieu de la loi majoritaire). Elle demande que les « familles d'Eglises » soient davantage représentées et qu'un Comité réunissant à parité orthodoxes et non-orthodoxes se réunisse avant toute décision majeure.

Elle exige enfin la suppression des « cultes communs », qualifiés de « syncrétiques » au prétexte qu'ils empruntent aux diverses traditions liturgiques et culturelles représentées dans le COE.

Ces propositions ne seront pas adoptées avant un an, mais déjà des désaccords ont été exprimés à Berlin par des délégués allemands, américains ou néo-zélandais qui craignent que le Conseil OEcuménique ne perde son caractère utopique et « prophétique » et ne voie son rôle réduit à celui de simple plate-forme de rencontres à caractère humanitaire, une sorte d'ONG chrétienne.

 

CONTROVERSE SUR LA VIOLENCE

Ils redoutent l'évolution vers un minimalisme OEcuménique et un repli sur les identités confessionnelles. La controverse est engagée, dit le pasteur allemand Konrad Raiser, secrétaire général du COE, entre « l'ecclésiologie de plus en plus exigeante des catholiques et des orthodoxes » (proches à bien des égards) et « le pluralisme dénominationnel des Eglises protestantes » plus familiarisées aux pratiques de débat et de vote de la démocratie civile. Le mouvement OEcuménique ne sortira pas indemne de cet affrontement.

Le principal prétexte de cette assemblée de Berlin était le lancement, par le COE, d'une « Décennie pour vaincre la violence », campagne mondiale de mobilisation contre la guerre et le regain de la xénophobie en Europe. Sur ce thème, des divergences sont aussi apparues entre les partisans d'une « résistance » à l'oppression, justifiant la violence comme « dernier recours », et les bataillons pacifistes des Eglises allemandes.

« Nous ne pouvons pas condamner la violence lorsque tous les moyens non violents ont échoué », affirme le président du COE, Aram Ier, chef de la diaspora arménienne du Proche-Orient, se disant incapable de condamner la violence des Palestiniens.

Cette prise de position lui a valu la réplique immédiate de Margot Kãssman, évêque (femme) de l'Eglise évangélique allemande (EKD), pour qui la Bible ne contient aucune justification de la violence comme dernier recours. « Nous ne trouvons pas, dit-elle, de situation où l'engrenage de la violence ait été brisé par la violence. »

Une opinion partagée par un délégué mennonite, d'Allemagne également : « Nous ne romprons pas le cycle de la violence par la violence. » Cette « Décennie pour vaincre la violence » a commencé, samedi 3 et dimanche 4 février, par des manifestations de rue et un grand service religieux dans une église de Berlin.

(Le Monde) ajouté le 11/04/2001

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