Tour d'abord, notons à quel point ce terme sonne mal aux oreilles de «monsieur tout le monde». Synonyme d'intégrisme, de fanatisme religieux et d'extrémisme, les chrétiens eux-mêmes ont du mal à l'endosser. Mais que signifie-t-il ?
Si l'on remonte le cours de l'histoire, c'est au siècle dernier - aux États-Unis et au Canada - que les premiers fondamentalistes*évangéliques se signalèrent. De leur nombre étaient Norris, Ryle, Cordon et Shields. A l'époque, ils luttèrent contre le libéralisme, qui remettait en cause la doctrine de la Création (début du Darwinisme) et l'inerrance des Ecritures (Haute Critique, puis Néo-orthodoxie de Karl Barth). - Alors, suis-je un fondamentaliste si j'ai exactement le même Crédo qu'eux? C'est sans doute un bon point de départ, mais ce n'est pas suffisant. L'apostasie est un virus qui mute comme la grippe. Il faut adapter le vaccin tous les ans pour qu'il reste efficace. Luther ne disait-il pas : « C'est là où la bataille fait rage que se prouve la fidélité du soldat; résister ailleurs en étant absent justement là, ressemble à une fuite honteuse » ? Tâchons donc aujourd'hui de nous placer au coeur de la bataille où nous engage notre souci de défendre la foi.
1. Un fondamentaliste se soumet au principe de la séparation
« Dieu vit que la lumière était bonne et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres », Gen. 1:4.
Le principe de la séparation, aujourd'hui malmené par les courtisans des idées de tolérance à tout va, est un principe divin développé tout au long des Ecritures ; (cf. Deut. 7 : 1 à 5 ; Esdras 9 : 1 , 2 ; 10 : 1 à 4 ; Jér. 51 : 6, 45). Séparation d'avec les infidèles, II Cor. 6: 14 à 17; 7: 1.
Séparation du péché, de l'erreur, des faux docteurs, Eph. 5 : 9, 10 ; Rom. 16 : 17, 18 ; II Jean 7 à 11.
Séparation du monde, Cal. 6: 14
Séparation pour Dieu, car Dieu le veut ainsi, le principe de séparation répondant à l'exigence de Sa Sainteté, Lév. 19 : 2 ; 1 Pierre 1 : 15, 16. Ainsi, le fait de se séparer n'est pas simplement négatif. On se sépare «de»... voilà le côté négatif. Mais c'est pour quelqu'un, et le Quelqu'un est Dieu. Voilà le côté positif.
La séparation la plus absolue se situe dans l'éternité, qui sépare à jamais les pécheurs perdus des pécheurs sauvés par la grâce manifestée en Jésus-Christ.
Aujourd'hui, nous voyons de plus en plus le monde évangélique supprimer ce sain principe. Tout comme le monde veut séduire la chrétienté, la chrétienté veut séduire le monde en s'identifiant à lui. A ce petit jeu, ni les croyants ni les incroyants ne savent distinguer leur main droite de leur main gauche, car nous évoluons tous entre chien et loup. Le fondamentaliste se doit donc d'être une alternative au monde. Il faut pour cela être « pur et irréprochable», Phil. 2 : 15, avoir reçu une vie nouvelle, II Cor. 5 : 17, et connu un renouvellement total de l'intelligence, Rom. 12 : 2.
2. Un fondamentaliste croit au caractère unique et exclusif du christianisme.
Il croit que le message biblique est la seule révélation de Dieu, et Jésus-Christ - l'objet des deux Testaments - le seul chemin pour aller à Dieu, Ps. 147 : 19 ; Rom. 3 : 1 , 2 ; Jean 14 :6.
Il croit que la prédication de l'Evangile et le témoignage chrétien sont suffisants pour gagner les âmes à Christ : « Il a plu à Dieu dans Sa sagesse de sauver les croyants par la folie de la prédication», 1 Cor. 1 :21.
Par conséquent, il utilise les moyens de Dieu pour faire l'oeuvre de Dieu, 1 Cor. 2 : 1 à 5.
Le but de cette entreprise est d'amener tout homme à la repentance, à la conversion et à la consécration. Pour cela, il faut le toucher dans sa volonté et non uniquement dans ses sentiments et son intellect, car dans ce cas l'on aboutit à des « décisions pour Christ », à des adhésions, mais rarement à de vraies conversions. Bref, les gens se tournent à 30, 40, 120 degrés vers Christ, mais presque jamais à 180 degrés, et pourtant telle est l'exigence de Dieu.
La raison de tout cela est simple. On enfante ce que l'on est soi-même. Un prédicateur peu convaincu ne peut être convaincant dans son discours et son témoignage. L'année dernière une personne de passage dans notre église, me reprochait de vouloir trop convaincre les gens, affirmant que ce n'est pas là ma tâche. Pourtant je m'inspirais de l'exemple de l'apôtre Paul qui n'annonçait pas l'Evangile d'un air détaché : «Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes >,, II Cor. 5 : 11. Le service de Dieu est une affaire de conviction et non de séduction. La conviction brise l'égo, tandis que la séduction le flatte. Beaucoup d'églises aujourd'hui s'occupent de divertir les auditoires avec tous les artifices du monde, dans l'espoir de «les toucher». On appelle cela le pragmatisme, c'est-à-dire le système pour qui « la fin justifie les moyens ».
En 1993, je me suis rendu dans une église évangélique pour y écouter un message de Billy Graham retransmis par satellite sur un écran géant depuis Essen en Allemagne.
Je fus très surpris de l'ambiance dans laquelle je me trouvais : lumière tamisée, spots de toutes les couleurs, boule de cristal au plafond, clips vidéos avec des musiques de rockers déchaînés. . .
Tout cela pour attirer des jeunes.
Du coup, je me demandais si l'invitation qui m'était donnée à la fin du message n'était pas celle de retourner à ce que j'avais vomi au jour de ma conversion.
Le fondamentaliste, en revanche, prêche un message qui engage sa vie à contre-courant de l'esprit du monde, Héb. 12 : 13, 14. Il offre sa vie en sacrifice pour Jésus-Christ parce que Christ a sacrifié la sienne pour lui. C'est ici la plus haute dimension de l'amour vers laquelle il faut tendre.
3. Un fondamentaliste croit au caractère absolu de la vérité biblique
Il aime la vérité et celle-ci ne se négocie pas. Il est urgent d'assimiler la mise en garde que l'apôtre Paul adresse aux Thessaloniciens. II leur explique que la montée de l'Antichrist sera indissociable du fait que Dieu livrera les hommes à leur égarement parce qu'ils n'auront pas cru à la vérité, Il Thess. 2 : 11, 12.
Remarquez comme les fondements de la pensée deviennent mouvants aujourd'hui : ce qui est mal ne l'est plus vraiment, et ce qui est faux ne l'est plus entièrement. Les hommes changent le bien en mal comme l'annonçait déjà Esaïe le prophète, chap. 5:20. Aujourd'hui, l'on échange la boussole de la vérité, qui donne un repère précis, contre la boussole de la tolérance, qui vous indique le nord que vous voulez - c'est le relativisme.
Avec un tel principe, on en vient vite à aimer ce qui est mal. Rappelons que jamais le mot tolérance ne se trouve dans le vocabulaire de Dieu, et cela de la Genèse à l'Apocalypse. Le Seigneur parle de compassion pour les hommes qui ne le connaissent pas, les identifiant à des brebis qui n'ont pas de berger.
Beaucoup de chrétiens sont parfois troublés au sujet de certaines prises de position jugées intolérantes, mais ne se posent nullement la question de savoir si le fait considéré est vrai ou faux. Voyez comme l'ennemi est à l'oeuvre dans son travail de sape ! La tolérance - mal comprise - est le levain qui prépare les coeurs pour la venue de l'Antichrist.
4. Un fondamentaliste est un soldat
Dans la 2e épître de Paul à Timothée on trouve à chaque ligne les principes de base du fondamentalisme. L'un d'entre eux se rapporte à l'état d'esprit qui doit animer un fondamentaliste :
« Souffre avec moi comme un bon soldat de Jésus-Christ», Il Tim. 2 :3. Nous sommes en situation de guerre spirituelle, sur un champ de bataille où s'affrontent la puissance de Dieu et celle du diable. François Léotard, ancien ministre de la Défense, s'exprimait ainsi devant un parterre de généraux de l'armée française :
« Nous sommes entrés dans une époque où il n'y a plus de vainqueurs ni de vaincus». Effectivement, avant la chute du mur de Berlin les camps étaient tranchés et nous savions vers qui nous tourner quand il s'agissait de montrer du doigt l'ennemi. Aujourd'hui, le nouvel ordre mondial nous fait croire qu'il n'y a plus d'ennemi, et pourtant on se sent menacé de partout. De même, dans la chrétienté, on ne parle que de faire la paix et d'unir tout le monde. Le Seigneur Jésus n'en disait pas tant :
« Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre? Non, vous dis-je, mais la division », Luc 1 2 : 51 .
Cette division est celle qui existe entre la lumière et les ténèbres. Aujourd'hui, le monde succombe à cette belle parole : « on est tous des frères ». Certes, on est tous fils d'Adam, mais pas tous fils de Dieu, quoi qu'on en dise. Le Seigneur nous appelle donc à faire passer, avec le secours de Sa grâce, les hommes de la puissance de Satan à Dieu. Quand j'étais à l'armée, la devise de mon escadron était : « J'y crois, j'attaque ».
Une devise en dit long sur la foi authentique. Si donc vous croyez que Jésus est non seulement le meilleur chemin, mais le seul chemin pour le ciel, eh bien ! attaquez tous les raisonnements et toutes les hauteurs qui s'opposent au merveilleux message de la Bonne Nouvelle, ou le diluent.
5. Un fondamentaliste est un évangélique
« Fais l'oeuvre d'un évangéliste, remplis bien ton ministère » II Tim. 4 : 5. Le célèbre prédicateur anglais C.-H. Spurgeon incluait toujours l'annonce du salut gratuit en Christ dans chacun de ses messages. Pourquoi ? Parce qu'il était convaincu du ciel et de l'enfer, et que seul l'Évangile change la vie. Mais aussi, parce qu'il était persuadé qu'en prêchant l'Evangile, il ne s'écartait pas de la mission du serviteur de Dieu qui est celle de transmettre la vie éternelle et non d'enseigner « une bonne morale chrétienne». Notons d'ailleurs que le protestantisme est tombé dans le libéralisme pour avoir perdu de vue la gloire et la puissance de l'Evangile du salut et cessé de les prêcher.
« J'ai combattu le bon combat », dit l'apôtre (II Tim. 4 : 7). Beaucoup d'églises évangéliques s'égarent dans de faux combats tels que l'action sociale, la défense des droits de l'homme... Même si cela est honorable, ce n'est pas là la tâche de l'Eglise.
Il faut évangéliser ou mourir, car l'Evangile c'est la vie. Quand une nation ne renouvelle pas ses générations, elle meurt. Alfred Sauvy, le grand sociologue français, disait de l'Allemagne à l'heure où celle-ci battait tous les records de dénatalité :
« L'Allemagne! elle est morte, le problème c'est qu'elle ne le sait pas encore ».
La pertinence de cette remarque doit nous mettre en garde sur le devenir de nos assemblées. Le Seigneur a dit à l'église de Sardes :
«Tu passes pour être vivante, et tu es morte », Apoc. 3 : 1 .
Quand les églises ne croissent plus, elles succombent facilement à la tentation d'une collaboration compromettante, c'est encore un danger. Elles y voient malheureusement leur seule source de croissance.
« Allez donc, faites de toutes les nations des disciples. . . »
C'est là l'oeuvre d'un fondamentaliste : Faire des disciples de Jésus-Christ, et non des adhérents du Christianisme.
Pasteur Olivier Bourrel
Église Baptiste du Centre 71, rue de Paris
F-59800 LILLE
*Le terme de « Fondamentaliste» provient des 6 vérités fondamentales proclamées face au modernisme par les conférences de Chicago (1886) et de Londres (1888) :
1 lnerrance des Ecritures
2 Naissance virginale de Jésus
3 Mort expiatoire de Christ
4 Résurrection corporelle de Christ
5 Retour de Christ (Complément ultérieur :)
6 Résurrection corporelle générale, pour le salut éternel des rachetés, les peines éternelles des perdus. (Le fondamentalisme n'est pas lié à un groupement particulier d'Eglises.)
N.D.L.R.
La Bonne Nouvelle 1/97