Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Franchement ! A propos de l'unité

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Des faits

Si nous sommes bien d'accord de cultiver l'unité du Corps de Christ sur le terrain de la fidélité aux Écritures, nous ne croyons pas pouvoir nous associer à des manifestations à caractère oecuménique favorisant la confusion. Comme chaque année à l'occasion de la semaine de prière pour l'unité (fin janvier), catholiques, protestants et même certains évangéliques, se sont rencontrés un peu partout en Suisse romande et ailleurs pour célébrer ensemble des cultes oecuméniques interparoissiaux, ou pour tenir en commun des réunions de prière et des veillées.

A Moudon une telle rencontre a eu lieu à la salle de l'Armée du Salut. A Lausanne un pasteur méthodiste a prêché en l'église catholique romaine et un curé à la chapelle méthodiste. En plusieurs endroits les catholiques ont participé au culte protestant et les protestants ont assisté à la messe (Moutier, Cressier...l.

Ailleurs le pasteur réformé a même prêché à la messe (St-Blaise). Au Landeron la célébration commune s'est faite à l'église catholique. Au programme de cette semaine de prière pour l'unité au Val-de-Ruz figuraient des rencontres préparées par les Compagnons de Daniel (Geneveys-sur-Coffrane) et le groupe Rendez-vous avec la Bible (St-Martin). Aux Bioux un culte en commun fut proposé par des évangéliques et le "Réveil" . Sous "Recherche d'Unité" on signale que pasteurs, prêtres, permanents catholiques, diacres et le poste de l'Armée du Salut travaillent ensemble une matinée par mois (La Béroche-Bevaix), etc. Ce n'est là qu'un bref aperçu d'annonces relevées dans l'hebdomadaire catholique romand L'Echo 11 .

 

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Participation ou boycott ?

Chacun est libre de se rencontrer avec qui il veut, ou de se situer par rapport à d'autres en se tenant à l'écart de certaines manifestations. L' "Action protestante pour le maintien de la paix confessionnelle" (A.P.M.P.C.), qui est convaincue que l'Eglise catholique romaine considère encore Genève comme une citadelle hérétique à conquérir, avait demandé aux protestants de boycotter la Semaine de prière pour l'Unité 12 . Apparemment sans grand succès, parce que beaucoup de protestants pensent que le catholicisme romain a tellement changé depuis le Concile de Vatican II, qu'on peut aujourd'hui envisager de collaborer avec lui. Il suffit toutefois de lire le document magistral publié par l'Alliance Évangélique Universelle intitulé Regard sur le catholicisme contemporain 13 pour comprendre que le dogme catholique est demeuré fondamentalement inchangé.

 

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L'optique catholique

Le prêtreGeorges Bavaud écrivait récemment dans L'Echo , déjà cité plus haut: Si nos frères protestants disaient un jour: l'enseignement du Concile de Trente sur la justification du pécheur est conforme à l'Évangile, un gros obstacle serait levé. Or, que dit leConcile de Trente (16 ème siècle) au sujet de la justification du pécheur ? Si quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que la confiance en la miséricorde divine qui remet les péchés à cause de Christ, ou que cette confiance est la seule par la quelle nous soyons justifiés, qu'il soit anathème. (Session 6, Canon 12).

Les voici donc tous anathémisés ou maudits, les apôtres, les réformateurs, les protestants et les évangéliques de tous les temps et lieux, qui ont proclamé que tous ceux qui se repentaient et qui croyaient étaient justifiés par pure grâce divine, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ (Romains 3:23-24). a référence au Concile de Trente (le concile de la Contre-Réforme) qui fut convoqué pour écraser la Réforme protestante nous semble donc tout à fait déplacée dans un journal catholique prônant l'oecuménisme à presque chaque page à l'occasion de la semaine de prière pour l'unité. On pourrait répliquer à M. G. Bavaud : Si les catholiques disaient un jour: nous abandonnons tous les articles du Concile de Trente qui ne sont pas en conformité avec l'Écriture, un gros obstacle serait levé!

 

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La Bible et la tradition

Le Concile de Trente a placé à côté de la Bible, ou même au-dessus d'elle, ce que dans le catholicisme on appelle la Tradition, et dont il a officiellement fait une seconde source de révélation pour légitimer toutes ses doctrines et pratiques non bibliques (papauté, messe, transsubstantiation, invocation des saints et de Marie, célibat des prêtres, purgatoire, régénération par aspersion des nourrissons, etc.) M. G. Bavaud dit que le catholique sait que le Saint-Esprit assiste d'une manière particulière les évêques et le pape, et que ce dernier, ou un concile oecuménique (catholique romain, bien entendu), peut donc se prononcer de manière irrévocable. Les catholiques font ainsi confiance à l'interprétation du magistère et se gardent d'opposer la Parole de l'Écriture à celle de l'Église 14 . En réalité, il y a malheureusement opposition évidente entre ce que dit l'Écriture et ce qu'enseigne le catholicisme en bien des domaines, et ces contradictions ne sont certainement pas à mettre au compte du Saint-Esprit. Or, en vertu du dogme de l'infaillibilité pontificale promulgué auConcile du Vatican (1870), l'Église catholique romaine est devenue irréformable, si elle ne veut pas se renier elle-même. C'est pourquoi le jésuiteR. de Robiano écrit dans le même hebdomadaire L'Echo , sous le titre "Ma cathédrale, l'oecuménisme" : Pas question de transiger au sujet de la vérité et de la fidélité à l'enseignement reçu de l'Église au cours des 2000 ans de son existence. Voilà bien confirmée la position invariable de Rome ! Selon les observateurs auConcile de Vatican II (1962-65), le pape Paul VI a vraiment été celui qui a remis un peu les locaux en ordre, sans abandonner une miette de tradition doctrinale de l'Église 15 . La tradition humaine l'emporte sur la Parole de Dieu.

 

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Des hérétiques ou des frères ?

Selon lepère Arthur Emery, les protestants sont à la fois des hérétiques et des frères séparés; hérétiques, parce qu'ils sont au moins contre un dogme, frères, par le même baptême. Il faut prier pour le lien de l'unité dans le souverain pontife, vicaire de notre Seigneur, sur la terre 16 . Pour Arthur Emery, le dialogue est engagé, des résultats importants ont été obtenus et le pape a déclaré : Ce processus ne saurait s'arrêter à mi-chemin. il doit continuer pour arriver un jour à un accord complet établi sur l'Écriture sainte et sur la tradition de l'Église 17 . Voilà clairement tracé le chemin qu'on entend faire suivre à ceux qui s'ouvrent au dialogue avec l'Église romaine. Ils seront considérés comme hérétiques aussi longtemps qu'ils n'auront pas accepté tous les dogmes de la tradition catholique romaine. Quant au baptême qui ferait de tous les chrétiens de nom, des frères, il faut peut-être rappeler ici que ce qui unit les véritables enfants de Dieu, c'est leur foi personnelle vivante au Christ de l'Écriture, et non un rite religieux auquel on attribue faussement une vertu régénératrice et des effets salutaires. L'aspersion des nourrissons n'a rien de commun avec le témoignage individuel de la foi exprimé à travers l'acte symbolique du baptême biblique, c'est-à-dire de l'immersion du croyant ordonnée par Jésus-Christ.

 

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Pourquoi le dialogue ?

Si la position du Vatican est irrévocablement fixée par ses Conciles et ses dogmes, à quoi pourraient bien servir toutes ses avances, ses ouvertures et invitations au dialogue, sinon à entortiller ceux qui s'y prêtent afin de les engager dans l'édification du mondialisme romain ? Toujours selon le même hebdomadaire catholique "L'Echo" 18 la dimension universelle de l'Église apparaît comme une donnée du monde. Aux yeux de tous, y compris de ceux qui sont fort éloignés du christianisme, institution planétaire de caractère supranational, ou plutôt transnational, à la mesure de l'humanité une et multiple...

C'est ce qui explique l'autorité incomparable, l'influence, le rayonnement que lui reconnaissent aussi bien les États que les opinions publiques. C'est ce qui justifie son immense importance dans les relations internationales. Si nous considérons toutes ces choses à la lumière de ce que dit la Bible au sujet de la puissance politico-religieuse de la fin des temps, nous pouvons un peu mieux comprendre ce qui se trame sous nos yeux. Nous voulons bien croire qu'un grand nombre de catholiques sincères, connaissant mal les bases, les objectifs et l'inflexibilité de leur Église, cherchent en toute honnêteté à réaliser une certaine unité avec les autres dénominations chrétiennes. Ce qui compte toutefois, ce n'est pas la pensée ou le sentiment du catholique moyen, mais les visées de la curie romaine qui apparaissent clairement à celui qui tient compte des documents et des déclarations officiels. Dès lors, le dialogue devient un dialogue de sourds, à moins que les non-catholiques ne cèdent à la séduction ou à la pression, lorsqu'ils ne sont eux-mêmes que des chrétiens de nom, engagés, tout comme les catholiques, dans des églises multitudinistes.

 

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Conclusion

Le catholicisme romain a toujours eu la prétention de posséder seul toute la vérité qui, pour lui, n'est pas l'unique Parole de Dieu consignée dans la Bible, mais aussi les inventions et traditions humaines qui annulent la Parole de Dieu (Matthieu 15:6). Aussi ne comprenons-nous pas les protestants, et encore moins les évangéliques, qu'ils soient salutistes, méthodistes, frères , du Réveil ou d'autres groupements, flirtant avec un catholicisme qui ne peut changer fondamentalement à cause de l'immuabilité sacro-sainte de ses dogmes traditionnels. Dans ces conditions, l'oecuménisme devrait être logiquement voué à l'échec, alors qu'il progresse jusqu'à pénétrer certains milieux évangéliques. Cela doit avoir pour cause un recrutement et un enseignement défectueux, un manque de conviction, de fermeté et de vigilance des protestants et des évangéliques qui se laissent ainsi abuser. Il y a des responsables d'églises protestantes qui se solidarisent aussi bien avec les milieux catholiques qu'avec des communautés évangéliques, ce qui ne peut que favoriser la confusion. Tel pasteur réformé, par exemple, qui prêcha à une messe en janvier dernier, est aussi le principal responsable des soirées de louange organisées conjointement par les réformés et des évangéliques (libristes, apostoliques, Jeunesse en Mission) à Neuchâtel. En citant ces cas précis nous ne jugeons personne, nous voudrions simplement rendre attentif à ce qui se pratique de plus en plus, afin que chacun puisse, en meilleure connaissance de cause, reconsidérer cette situation embrouillée à la lumière de la Parole de Dieu et adopter l'attitude qui lui semble convenir le mieux, toujours dans le respect et l'amour de ceux qui pensent autrement.

 

Jean Hoffmann

(La Bonne Nouvelle 3/90)

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