Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

A PROPOS D'UNE CELEBRATION OECUMENIQUE DU JUBILÉ 2000

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L'Alliance évangélique genevoise (AEG) a été invitée à participer à une célébration oecuménique organisée le 23 janvier 2000 par le Rassemblement des églises et communautés chrétiennes de Genève (RECG). Le Comité de l'AEG a mené à ce propos une large réflexion, d'autant plus que certaines églises de l'AEG sont aussi membres du RECG. Une majorité du Comité s'est formée pour ne pas participer à cette rencontre et, lors de sa séance du 10 décembre 1999, le Comité a souhaité faire connaître la prise de position de Gabriel Mützenberg au travers du Bulletin de l'AER.

 

L'ALLIANCE EVANGELIQUE GENEVOISE FACE A ROME

 

Le 13 septembre 1868, le pape Pie IX, préparant le Concile Vatican I qui devait proclamer son infaillibilité, adressait une lettre aux protestants pour les inviter à rentrer au bercail. On en a retrouvé une copie dans les archives de l'Alliance évangélique genevoise, versées depuis peu à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève.

Son Comité d'alors jugea bon, alerté par l'importance du sujet de publier une réponse. Elle parut sous le titre «L'invitation du pape». Il y était dit que pour des chrétiens soumis à la seule autorité de la sainte Ecriture, la bergerie du pontife de Rome ne pouvait entrer en ligne de compte. Comment ayant goûté à la liberté des enfants de Dieu, auraient-ils pu se remettre sous le joug d'une caste sacerdotale revenant au culte périmé de l'ancienne alliance totalement inféodé au rite et à la loi ?

 

Sentinelle

L'Alliance évangélique, dans cette circonstance, avait simplement joué le rôle de sentinelle. Elle avait compris, section de cette organisation mondiale fondée à Londres en 1846, le premier en date de tous les mouvements oecuméniques, quel'unité vraie ne peut se faire que dans la Vérité. C'est pourquoi elle se sentit concernée, il y a trente ans, quand Paul VI vint rendre visite à la Genève internationale.

Elle convoqua pour le 8 juin 1969, devant le Mur des Réformateurs, tous les protestants de bonne volonté. La manifestation, très sobre, très digne, proclamation de la foi réformée et de la liberté chrétienne, suscita dans le Courrier de Genève, quotidien catholique, un écho bienveillant. Une foule de quelque 2500 personnes avait répondu à l'appel.

En 1999, le Rassemblement des églises et communautés chrétiennes de Genève (RECG) a demandé à l'Alliance évangélique de participer à un culte oecuménique, le 23 janvier 2000, pour témoigner de l'unité de tous les chrétiens de la région en Jésus-Christ. A cette proposition fraternelle, il n'a pas été possible, malheureusement, de répondre de manière positive.L'Alliance évangélique, ouverte certes à tous, fonde sa raison d'être sur une confession de foi qui reconnaît pour seule autorité non l'Eglise et son magistère, mais la Bible Parole de Dieu.C'est pourquoi Jésus-Christ, pour elle, est le seul Seigneur, le seul Sauveur, le seul Prêtre, la seule Victime expiatoire, le seul Berger.

Sans doute, les membres de l'Alliance évangélique n'ignorent-ils pas les éminentes qualités d'un catholicisme exigeant: piété, zèle, discipline, organisation d'une grande fermeté, institutions nombreuses et de premier ordre. Mais ils savent aussi que sur des points fondamentaux, ne serait-ce que celui des indulgences dont Jean-Paul Il assure la promotion la plus large (Documentation catholique, n° 2194, pp. 1051 ss.), ils ne peuvent être en communion, et qu'il serait hypocrite de leur part de célébrer une unité qui, en réalité, n'existe pas.

Car il y a une Vérité, une seule, comme il n'y a qu'un seul chemin, Jésus. Ce n'est pas, comme on peut le lire aux frontons de bien des chapelles: «A Jésus par Marie». Marie, dont l'immaculée conception, proclamée en 1854, et l'assomption, en 1950, n'étaient pas encore articles de foi à l'époque de la Réformation. Ce n'est pas non plus par l'un ou l'autre des intermédiaires programmés par l'Eglise: les saints, les reliques, les pèlerinages... et, avant tout le prêtre, cet homme qui reçoit par son ordination, des mains de son évêque, et en communion avec le pape, une nature nouvelle, indélébile, qui lui donne le pouvoir, lors de l'eucharistie, de transformer le pain et le vin en corps et sang de Jésus-Christ. Ce qui fait que la messe, contrairement à ce qu'enseigne la Parole de Dieu, répète un sacrifice accompli pourtant une fois pour toutes sur la croix.

L'Alliance évangélique, en ce qui la concerne, se veut fidèle à la Bible. C'est son choix. Elle ne voue pas aux enfers ceux qui pensent autrement. Elle respecte leur point de vue. Mais elle les invite tout de même à sonder les Ecritures.

Gabriel Mützenberg

Alliance Evangélique Romande - janvier 2000