Comment s'y retrouver dans le foisonnement des nouvelles thérapies, portant des noms tour à tour des noms exotiques ou "in"?.
Ci-dessous l'essentiel sur les méthodes les plus en vogue aujourd'hui.
Qigong
Qi signifie «énergie/force de vie», et gong veut dire «purifier». Avec l'acupuncture, les massages et les plantes médicinales, le qigong constitue l'un des quatre piliers de la médecine traditionnelle chinoise basée sur l'auto-guérison. Le qigong a pour but l'épanouissement du corps, de l'âme et de l'esprit. Cette méthode repose sur la conception d'un monde perçu comme un vaste système d'énergies. Les champs énergétiques déterminent ce que nous sommes, et influencent directement les organes et les systèmes du corps humain; la matière en elle-même ne joue qu'un rôle secondaire. D'où l'objectif du qi: capter, par le biais de techniques de respiration particulières, le qi cosmique dans notre corps, et devenir les représentants du système universel. Par cette énergie, le corps doit être purifié: si l'accès et les méridiens (centres-acupuncture) sont ouverts, le qi peut librement circuler, et dynamiser le système énergétique de l'homme.
Le qigong comprend trois volets: la respiration consciente, les exercices de mouvements et le pouvoir de représentation. Les mouvements lents doivent permettre de se concentrer sur le système respiratoire, sur certaines parties ou certains organes du corps - tout comme pour le training autogène. Tout cela pour arriver à l'autoguérison, à un meilleur équilibre énergétique, à l'amélioration des performances et à la paix intérieure. L'esprit doit être dépouillé de toute contrainte, et accéder à un état de «désintérêt béat», de «vide intérieur». Dans un stade plus avancé, l'adepte du qigong doit être en mesure de transmettre de l'énergie à distance par le biais d'objets. Plusieurs personnes ont vu des maîtres du qigong allumer un néon en le caressant, casser de grosses pierres ou des barres d'acier avec leurs mains, ou allumer du feu en projetant leur énergie sur un objet. L'élément occulte et magique est évident dans tous ces cas. Un adepte du qigong en témoigne ouvertement: «Le qigong est le moyen de contact actuel nous reliant avec la vieille source asiatique du chamanisme et de la magie» (désormais via Internet). Manifestement une forme moderne d'idolâtrie, le qigong n'est pas compatible avec l'enseignement de la Bible.
T'ai chi (chuan)
Le T'ai chi, dérivé du qigong, était à l'origine un art martial d'inspiration taoïste (chuan signifie «poing», ou «boxer»). T'ai signifie «le plus pur, l'absolu». Le T'ai chi vise à harmoniser les flux d'énergies intérieurs par des mouvements lents et méditatifs. Dans le T'ai chi chuan («boxe intérieure»), il faut se battre avec son ego, afin d'épurer le moi profond. Les adeptes de cet art à la fois martial et contemplatif doivent permettre l'épanouissement de l'énergie protectrice wie qi. La circulation des flux externes du corps se constitue en bouclier protecteur contre les attaques ennemies.
Acupressure et shiatsu
L'acupressure repose sur les mêmes principes que l'acupuncture, mais au lieu d'appliquer des aiguilles sur des points particuliers du corps pour libérer les énergies, l'on intervient par pression des doigts. Le shiatsu en est la variante japonaise, avec en sus le recours aux mains, aux coudes et aux pieds. D'après ces méthodes, le stress, la dépression, une vie désordonnée et tout autre dysfonctionnement sont directement liés au flux de l'énergie de vie qi à travers les méridiens; il faut donc désengorger ce flux en pressant, ou en massant ces points-méridiens. Aucune explication scientifique ne peut étayer cette théorie, et l'idée de tensions électriques différenciées d'un point méridien à un autre n'est pas attestée. Il est par contre indéniable que le massage de certaines zones du corps agit favorablement sur le système nerveux sympathique et procure de la détente.
Etant donné le fondement magique de ces méthodes, nous les déconseillons. Feng shui Feng shui signifie «le chemin du vent et de l'eau», ou «les forces naturelles de l'univers». Là encore, on retrouve l'idée taoïste d'une énergie cosmique englobant la Terre; l'homme doit travailler utilement avec cette énergie. Le feng shui dispose de cartes «ba-qua», sur lesquelles figurent huit stations de vie: richesse, relations, personnages influents, nouveau savoir, famille, enfants, gloire et carrière. Cette carte se suspend sur la porte d'entrée et indique quelle station de vie conviendra à quelle pièce. Ensuite, des voeux sont formulés pour chaque pièce, afin de leur conférer une énergie positive; ces voeux s'effectuent par l'intermédiaire de divers objets placés d'une façon particulière dans les chambres: plantes, cristaux, tissus, miroirs, ou par le biais d'objets métalliques portés sur le corps. Ces objets peuvent ainsi renvoyer les énergies négatives (par exemple le miroir), ou ouvrir de nouveaux centres d'énergie, c'est-à-dire les chacras. Le feng-shui associe aussi les horoscopes chinois (constellation à la naissance, etc), et détermine le plan des maisons, l'agencement des jardins ou l'ameublement intérieur. Les bases occultes et magiques du feng shui sont évidentes.
Biofeedback
Le biofeedback est une technique de relaxation censée soulager les migraines, les insomnies, la nervosité, les angoisses et divers dysfonctionnements. A l'aide d'un appareil ad hoc, le patient peut modifier lui-même les fonctions inconscientes de son corps (pression sanguine, fréquences cardiaques, température du corps, etc.). L'on retrouve ainsi une nouvelle forme de la théorie orientale du flux-énergie et de son aura, ainsi que des chacras. Elmer Green, le fondateur de la méthode biofeedback, a expliqué, lors d'une interview, comment il avait reçu ses révélations d'un personnage particulier, devenu dès lors son compagnon de vie (cf revue Esotera, 3/96). Le biofeedback vise au contrôle total du corps et de l'esprit; un scanner mesure l'énergie vitale au niveau de deux méridiens. Cette forme d'énergie se retrouve dans la tradition indienne (énergie kundalini), ainsi que dans le taoïsme (énergie chi/qi); elle est censée déterminer les fonctions vitales des cellules et des organes du corps humain, activer les processus de guérison et permettre un épanouissement spirituel. L'association d'exercices parfois occultes (par exemple les pratiques runiques), doit stabiliser le flux énergétique.
Bioénergie (Alexander)
La bioénergie d'Alexandre Lowen est une méthode qui vise à identifier et à libérer les tensions émotionnelles et physiques, par le biais de techniques de respiration et d'exercices corporels particuliers. Les sentiments refoulés durant l'enfance doivent ainsi être manifestés. La bioénergie reconnaît - à juste titre - la nécessité d'une guérison intérieure, mais se sert malheureusement à l'étalage de l'ésotérisme pour proposer ses solutions thérapeutiques (théorie de l'énergie).
Réflexologie
Le médecin américain Fitzgerald (1872-1942) a divisé arbitrairement le corps humain en deux fois cinq zones principales, en prétendant que chaque point de ces zones était interconnecté avec d'autres organes. Le concept de base était établi; il fut développé, avec pour base la plante des pieds, où tout le corps fut représenté (pour l'auriculothérapie, c'est l'oreille qui fixe le «tableau de bord»). Si le massage de la plante du pied révèle une anomalie (douleur, durillons), l'organe correspondant à l'endroit massé s'avère malade; il faut alors masser à nouveau cet endroit pour guérir l'organe correspondant.
Les zones réflexes sont fantaisistes, et le dessin des organes représentés diffère d'un praticien à l'autre. Les effets ne sont pas attestés, les patients parlant souvent d'un rééquilibrage de l'énergie analogue aux méthodes orientales. Ces affirmations ont un arrière-plan magique, et nous déconseillons cette thérapie. Nous ne doutons pas qu'un bon massage des pieds puisse faire du bien à chacun, mais sans sa panoplie ésotérique. Marcher à pieds nus sur une planche ondulée ou rugueuse ne peut également qu'améliorer l'irrigation plantaire. En résumé, oui au massage des pieds, mais attention au massage des zones réflexe.
Rolfing
Le rolfing a été développé par Ida P. Rolf (1896-1979). Il s'agit d'une technique de massage et de positionnement de type «intégration structurelle»; ses variantes sont le «hellerwork» et le «soma». Le rolfing s'apparente au rééquilibrage énergétique et à l'intégration posturale. Ida Rolf a observé que des dommages corporels et psychiques profonds se manifestaient par des postures faussées. Selon elle, ces mauvaises postures ont pour effet un durcissement des tissus conjonctifs. Mis sous tension par les muscles, les tissus (par exemple faciaux) se collent peu à peu, les tendons et les ligaments se raccourcissent. Finalement, le squelette en pâtit. A l'aide des doigts, des coudes ou des genoux, le thérapeute appuie fortement sur la partie du corps concernée, afin de détendre et remettre en place les articulations. Selon le rolfing, chaque modification d'un organe entraîne automatiquement une réadaptation de tout le reste du corps. Le patient doit aider le thérapeute en se concentrant sur sa respiration et sur l'endroit voulu. Les douleurs occasionnées par ce traitement débouchent souvent sur des pleurs, qui manifesteraient l'abandon du fardeau à l'origine des mauvaises postures corporelles (d'ordinaire, le thérapeute et le patient ne traitent pas de cette question-là).
Les adeptes du rolfing considèrent cette thérapie comme une médecine «globalisante», capable d'améliorer le circuit énergétique du corps, de procurer de la joie de vivre et du «pep». Au plan scientifique, les résultats ne sont pas concluants: d'ordinaire, les intervenants n'ont pas une formation suffisante en physiothérapie, ce qui entraîne certains dangers. En outre, plusieurs applications de cette méthode comportent des éléments ésotériques (la notion d'aura du corps, par exemple). De même, le rééquilibrage énergétique se base sur des principes issus de la secte Osho-Raineesh. Nonobstant ces deux derniers points, le rolfing n'a pas, à notre avis, de liens directs avec l'ésotérisme et l'occultisme.
Ayurveda / Maharishi-Ayurveda
Selon l'enseignement de l'ayurveda (qui signifie «science de la vie» en sanscrit), une maladie surgit lorsque l'équilibre entre les trois principes équilibrants du corps (les doshas) est rompu. Il s'agit du vatta (l'air), du pitta (la bile) et du kapha (les muqueuses). Pour recouvrer la santé, il faut rééquilibrer ces trois principes, notamment par le biais de la nourriture, qui évacue les impuretés et les poisons du corps. Pour les massages, les praticiens recourent à des huiles composées de plantes, racines, fleurs et écorces les plus diverses. Au contact du corps, les «marmas» (points-clefs le long des voies du «prana», l'énergie de vie) sont ainsi activés. Il y a ici similitude avec les méridiens de l'acupuncture chinoise. La méditation transcendantale (MT) a récupéré le populaire ayurveda et milite désormais largement pour cette thérapie. Elle peut ainsi associer à sa méditation par les mantras (deux fois vingt minutes par jour), des régimes alimentaires et des massages attractifs.
Luc Etienne Bommell
Avènement / Esotérisme (Hors série)