Extrait du « Cahier Saint Raphaël
» n° 61, décembre 2000 : Musique de vie, musique de
mort. (3, rue Coypel, 78000 Versailles).
[http://site.voila.fr/acim/]
Par le Dr NGHIEM Minh Dung.
Notre collaborateur et ami le Docteur Nghiem
poursuit inlassablement sa traque des faiseurs dillusions.
Entendons-nous bien : son approche nest nullement celle du
moraliste, du philosophe ou du théologien. Il se base sur
la physiologie, la neuroscience Au mépris des
réalités, la société moderne impose
des schémas idéologiques (rattachés le plus
souvent aux « droits de lHomme »). Mais depuis
longtemps le Dr Nghiem est persuadé que le pourrissement de
la jeunesse est une des clés de la société
capitaliste qui saliène les esprits au nom du
profit.
Or toute une série de découvertes récentes au
niveau du cerveau permettent de comprendre quil existe un
ordre naturel des choses. La musique hypertrophie certaines
parties du cerveau. Les maîtres aux échecs ont appris
à stimuler leur mémoire à long terme,
laquelle se situe au niveau corticalfrontal et latéral
alors que les amateurs se servent du lobe temporal. Madame
Westtein Badour (dans notre numéro précédent)
démontre que la méthode globale de lecture fait
fonctionner le cerveau à lenvers et engendre
lillettrisme Plus extraordinaire encore : des
découvertes récentes tendent à prouver que le
cerveau est conditionné et forgé de telle
manière que lhomme a tendance à croire en
Dieu.
Il est évident quun homme ne peut se concevoir comme
une simple machine. Si bien ce type de recherche sera souvent
taxé de naturalisme car en effet lhomme est un corps
et une âme[1] Pourtant il a le grand intérêt de
nous faire comprendre que la nature peut très bien
rejoindre le Décalogue et arriver aux mêmes
conclusions. Nest-ce pas cela la morale naturelle ? Celle
qui rejoint la morale surnaturelle. Le Dr NGhiem analyse
pour nous la physiologie du cerveau face à la
télévision.
La nouveauté effraie car cest la porte ouverte sur
linconnu. Même chez les Gaulois, ces barbares
agités qui selon Jules César naimaient que la
nouveauté, les hommes nétaient attirés
que par lancienneté, mais lancienneté
habillée de neuf. Limagination humaine est pauvre
sauf dans le domaine des sciences expérimentales.
Cest pourquoi la science a toujours fait peur.
En théorie, il est possible dépargner aux
populations les dangers résultant des nouveautés
sorties de la tête de nos savants et techniciens : il suffit
que lÉtat, dont la raison dêtre est de
protéger les citoyens, naccorde lautorisation
de mise sur le marché (lAMM comme disent les
technocrates) des inventions quaprès que celles-ci
aient démontré leur parfaite innocuité.
Malheureusement les preuves scientifiques exigées à
cet effet sont aussi coûteuses que difficiles à
obtenir puisque dune part, il faudrait découvrir le
mécanisme exact de laction de la nouveauté
proposée sur lorganisme humain, et dautre part,
faire des mesures statistiques difficiles et longues à
réaliser (en prévision des dangers à long
terme).
Or notre civilisation moderne est avant tout mercantile, donc
soumise à des impératifs économiques et
financiers implacables (« le temps, cest de
largent ») : des « lobbies » sont
créés et payés pour faire
accélérer les mouvements des marchandises, de
largent etc. Du reste, le terme « moderne »
(modernus en latin) vient de « modo », qui veut dire
« à la mode », « nouveau » ou «
actuel ». La modernité, qui est au cur des
aspirations populaires, consiste donc à faire changer
constamment de mode, de façon de vivre, de goût, donc
de marchandises offertes afin de faire accélérer le
commerce, de faire fructifier les capitaux.
Le résultat de cette lutte entre la préservation des
intérêts réels de lhomme (la
santé) et ceux du Veau dOr (qui a besoin de grossir)
est que, dès le XIXe siècle, les finances ont fini
par semparer du pouvoir politique et des médias de
droite comme de gauche. Aussi, de nos, jours, les nouveaux
produits peuvent-ils être mis en vente sans aucune
précaution. Cest à la population «
dessuyer les plâtres ». Elle pourra toujours
remplir des questionnaires et les renvoyer aux inventeurs qui en
tiendront compte dans leurs intérêts bien compris !
Finalement le rôle de la famille dans la protection des
enfants samplifie de plus en plus à mesure que les
hommes censés nous gouverner pour notre bien cèdent
devant les différents lobbies. Avec le matérialisme
triomphant, tout se vend.
.
Des hommes machines ?
En France, la vulgarisation de la
télévision sest produite à partir des
années 1960. Mais les gens ne commencent à
sinquiéter des effets néfastes de cette
nouvelle technique de communication que vers les années
1970-1980, lors de lapparition sur le marché des jeux
vidéo sans doute parce que la violence urbaine, et
surtout la violence chez les jeunes dâge scolaire, en
croissance continue depuis une trentaine dannées en
Amérique (et avec un retard de dix à quinze ans en
France), commencent à atteindre des niveaux insupportables,
même pour des gens de gauche viscéralement laxistes
(cf. les enfants dhommes politiques de gauche
rackettés en plein jour dans les rues de Paris en lan
2000). Du coup les langues se délient ; on met tous nos
malheurs sur le compte de la télévision et des jeux
électroniques. Et, de ce fait, les spécialistes des
sciences humaines se mettent à déblatérer
contre lenvironnement et les logements (les HLM), puis
contre lassociation diabolique «
télévision jeux-vidéo », oubliant
systématiquement le rôle de lambiance
créée par les philosophies contestataires. Il est
vrai que le béhaviorisme, importé des Etats-Unis
dAmérique, affirme que lhomme se comporte en
fonction du milieu et de manière purement réflexe !
En somme, que nous sommes des hommes-machines sans pensée
ni volonté propre. Enfin, que, dans les meilleurs cas, nous
pensons, mais notre pensée elle aussi est un comportement :
elle est donc suscitée par lenvironnement, comme un
réflexe. Aussi les travaux de recherche à ce sujet
seront-ils probabilistes et non pas déterministes.
Admettons que cette hypothèse des gauchistes («
liberal » en américain), adeptes du marxisme, du
freudisme (psychanalyse) et du béhaviorisme, soit la bonne
; et faisons le procès de la télévision et
des jeux vidéo.
.
Des statistiques imprécises
Pour commencer, il faut avouer quon na jamais su le
nombre dheures que les enfants français consacrent
quotidiennement à la télévision. Nous
dis-posons de rares statistiques à ce sujet : jen ai
trouvé une, faite dans une école en Italie du Nord,
permettant de savoir que 50 % des enfants passent de une à
trois heures par jour devant le poste familial. Et une autre,
faite dans un sondage en Grèce, nous apprenant que les
enfants, « en moyenne » (sic), consacrent de trois
à quatre heures et demie par jour à la
télévision. Sans doute, devant des études
aussi imparfaites, on a décidé que le petit
Français « moyen » perd trois heures par jour
devant sa télé, soit deux fois moins de temps que
son homologue américain, référence
obligatoire pour faire sérieux. Dailleurs tout ce qui
est américain doit être amplifié. La
bibliothèque médicale parisienne que jai
consultée ne dispose daucune statistique
américaine à ce sujet. Pourtant elle est
reliée à bien des centres de recherche et dispose
dune collection considérable de revues de
médecine et de sciences humaines en provenance
dAmérique et dEurope entre 1970 et 2001.
Quant aux jeux vidéo, ils sont encore moins
documentés. Daprès les protocoles des
études, il apparaît que les enfants passent encore
bien moins de temps devant une console de jeu vidéo que
devant un écran de télévision ; car on
sest intéressé même à des «
populations » jouant seulement deux heures par semaine ! Dans
le domaine des jeux vidéo, la plupart des chercheurs
américains se contentent de distinguer deux
catégories de jeux : ceux qui font participer à des
actions agressives contre un tiers (martiens ou autres monstres
imaginaires, etc.) et ceux qui ont un objectif dit « culturel
» (qui apprennent quelque chose aux utilisateurs). Mais
est-ce suffisamment précis pour définir un jeu et
son impact sur le cerveau du joueur ?
.
Labrutissement des plus
pauvres.
La revue de presse
spécialisée, triée par lordinateur de
la bibliothèque, permet de savoir dabord que la
« consommation » de télévision et de jeux
vidéo est dautant plus importante que lenfant
appartient aux classes sociales les plus basses. Ensuite que la
télévision, comme les jeux vidéo, est une
concurrente directe de la lecture des ouvres
littéraires si bien que, en guise de prophétie,
certains psychologues et sociologues américains ont
affirmé que les « mordus » de ces distractions
audio-visuelles ne seront pas « très intelligents
» (sic). Et enfin que les parents ne choisissent ou ne
censurent les émissions télévisuelles et les
jeux électroniques destinés à leurs enfants
que dans les classes sociales supérieures ; autrement dit,
dans les classes populaires ; les enfants sont abandonnés
(par les parents et par lÉtat) à la
désinformation, au lavage de cerveau du showbiz, des
lobbies, des groupuscules de toutes espèces ayant
infiltré et noyauté les médias et les
organismes dits « culturels ». Il est à noter que
tous les sociologues, et même les Américains,
définissent les classes supérieures comme
étant celles des gens diplômés de
luniversité et non plus comme celles des riches comme
il y a trente-cinquante ans, et enfin que la notion de culture est
liée aux livres, à la lecture, sans doute à
cause des outrances des politiques dites culturelles et des «
artistes » contemporains ou avant-gardistes. Ici, nous devons
sûrement une fière chandelle au professeur Jean-Louis
Harouel qui a dénoncé limposture des
contre--cultures qui ne sont, en réalité, que des
sous-cultures, servant à exploiter le snobisme de
limmense classe des ignorants, des incultes !
Il existe un consensus universel entre les spécialistes
(médecins, psychologues et sociologues) de tous les pays
civilisés permettant daffirmer que la
télévision et les jeux vidéo, par leur
contenu (films, spectacles violents, stratégies agressives
des jeux), augmentent lagressivité et même
lincivilité des comportements. Et cette
corrélation paraît si « significative »
quon a pu conseiller aux parents de réduire
lexposition de leurs enfants à linfluence de la
télévision et des jeux vidéo. Quant à
leffet cathartique (purificateur) des spectacles violents,
il est en général nié.
.
Des effets sur la santé.
Les appareils de télévision et de jeux vidéo
sont accusés dêtre responsables de bien
dautres malheurs :
- Dêtre capables d « induire » la
leucémie par lémission dun champ
magné-tique néfaste (exactement comme le
téléphone portable ou les lignes à haute
tension). Mais, jusquici cette grave accusation nest
pas retenue.
- De provoquer des attaques dépilepsie sous la forme
de crises convulsives généralisées ou
partielles, voire de simples maux de têtes paroxystiques
avec modifications de
lélectro-encéphalogramme. Ces troubles sont
déclenchés par des éclairs « photiques
» sur lécran, la projection de certains dessins
en couleurs, par le changement de scènes et surtout par la
fréquence du balayage électronique de
lécran de télévision. On affirme que la
fréquence de cinquante images / seconde est la plus
dangereuse pour les épileptiques connus ou latents, non
encore dépistés.
- De créer le phénomène de laddiction,
cest-à-dire de dépendance comme chez le
drogué : lenfant ne peut plus se passer de jouer au
jeu vidéo, vole au besoin pour se procurer de
largent. On trouve en effet dans la littérature
médicale de tels drames, avec affrontement des parents,
éclatement de la famille, et où parents et enfants
« accro » finissent chez le psychiatre ! Mais, dans le
domaine des autres jeux sans vidéo, au casino par exemple,
on connaît des cas où le joueur finit par y laisser
sa culotte ! Bref, cela relève de la psychiatrie pure
(troubles compulsifs), on ne saurait retenir la
responsabilité des ondes hertziennes, des stratégies
de jeu vidéo ou de la photo-stimulation. De
développer des maladies du membre supérieur,
dorigine mécanique (comme chez le violoniste ou le
pianiste), à cause des efforts musculaires brusques et
répétés des mains : tendinite, neuropathie
distale analogue au syndrome du canal carpien, etc.
De favoriser lobésité chez lenfant qui
regarde la télévision en mangeant. Bien sûr,
ce nest pas la télévision qui engraisse, mais
le grignotage des friandises et autres fast-foods que des parents,
négligents et oublieux des bons usages, jettent à
leurs rejetons pour avoir la paix, à la place des repas
cuisinés.
.
Des effets sur le psychisme.
Finalement les dégâts attribués à la
télévision et aux jeux vidéo sont ou
hypothétiques ou négligeables par leur rareté
ou par leur bénignité (lépilepsie
nest pas produite, mais révélée, par
lécran éclairé). Limmense
majorité des médecins ne sinquiète pas
de lenfant, dans la formation de son intelligence et de sa
personnalité. Mais ici on continue à se poser plus
de questions quon apporte de réponses :
A. - Certains pédiatres réprouvent les jeux
vidéo dont les thèmes sont fondés sur
lambiance dun monde médiocre, méchant ou
effrayant, sur ces voyages dans des « espaces virtuels »
monstrueux, créant chez le joueur une pression
psychologique violente (stress). Et lexamen en laboratoire a
montré que, pris au jeu, les enfants sont devenus
momentanément agressifs. Le problème quon se
pose est de savoir si, à distance de ces expériences
« virtuelles » (ou tout sest passé dans la
tête), les joueurs en conservent des séquelles
intellectuelles ou « émotionnelles », ou risquent
de perdre le sens de la réalité. Et que se
passera-t-il chez les enfants immatures ? Cest le grand
problème de l « éducation de masse »
diffusée par la télévision publique, en fait,
à lintention des enfants des parents laxistes ou
inconscients.
B. - Certains médecins évoquent le
phénomène de la projection et de
lidentification : lenfant tend à imiter la
personne regardée comme remarquable (il s «
identifie au héros ») et lui prête ses
sentiments, ses idées (il se pro-jette sur son
héros). Ce phénomène ne devient important que
lorsque les parents sont moralement absents et cessent de compter
pour lenfant. Cest pourquoi on peut reprocher à
la télévision de montrer des «
anti-héros » qui risquent toujours de servir de
modèle aux enfants en carence daffection et de soins.
À ce sujet il est intéressant de rapporter le
travail de Holtzman et Akiyama comparant les programmes des
télévisions américaines et japonaises. Les
auteurs ont été étonnés de constater
que les héros américains sont plus traditionnels et
« positifs » que leurs homologues doutre-Pacifique
; autrement dit, les films américains sont plus conformes
à la morale que les japonais. Cest sans doute pour
cela que lAmérique demeure une grande nation, la
première puissance du monde. En France, aucun sociologue,
aucun psychologue na encore fait une étude semblable
qui risque fort de montrer que nous sommes les plus modernes du
monde hélas !
C. - Enfin on reproche à la télévision de
favoriser la paresse intellectuelle, la passivité, puisque
regarder limage consiste à recevoir
linformation toute faite, toute façonnée, sans
nécessiter aucun effort desprit critique. Le
professeur Harouel, sociologue, a aussi remarqué que la
communication par limage nexige aucun effort ni de la
part de lauteur de limage (photo, ciné, TV), ni
de la part de celui qui reçoit. Pour la médecine,
limage est reçue globalement dans le cerveau droit et
suscite immédiatement une émotion, alors que la
lecture demande un travail de décryptage (analyse,
synthèse, conceptualisation etc.) conduisant à la
perception sémantique (compréhension) et enfin
à lélaboration dune émotion par
comparaison avec un souvenir (réminiscence). Bref, la
lecture constitue en soi un effort intellectuel et «
émotionnel » faisant intervenir le fonctionnement de
tous les organes du cerveau.
Cest pourquoi la vraie culture, celle des gens dits
"cultivés", ne peut provenir que de la lecture et non de
lavachissement devant un poste de télévision
avec ou sans cornet de « pop corn » ou de «
ice-cream » à la main. Or la culture, cest la
vision du monde et les aspirations de chacun ; aussi convient-il
de la développer, de la perfectionner, enfin de
lamener au plus haut point. Et, en pédiatrie,
lon sait que le cerveau intellectuel est lié au
cerveau sensoriel (vision, audition, tact etc.), au cerveau moteur
etc, puisquune paralysie ou une cécité aura un
retentissement catastrophique sur la constitution des fonctions
intellectuelles. Empiriquement, dans toutes les civilisations, on
a toujours su que lhomme doit pratiquer tous les arts (dont
la littérature, la musique et les arts martiaux) et toutes
les sciences (géométrie, arithmétique,
astronomie etc.), autrement dit développer toutes les
fonctions cérébrales connues, pour pouvoir atteindre
à lidéal et faire partie des élites,
enfin pou-voir se dire « cultivé ». Et cette
culture-là na aucun rapport avec celle du
ministère du même nom, qui mérite de
sappeler ministère de limposture !
.
Un appauvrissement de la
personnalité.
La distraction et lamusement par les moyens audio-visuels
(TV et jeux vidéo) quon essaie de nous faire prendre
pour des activités culturelles font perdre du temps aux
enfants tout en les habituant à la communication par
images, au raisonnement analogique du cerveau droit.
Déjà en 1977, le Docteur Mireille Chalvon,
psychiatre, a fait remarquer que la télévision
sadresse aux sentiments et non pas à
lintellect, et que les enfants adeptes de la
télé-vision (deux heures de pratique par jour) sont
remarquables par la pauvreté de leur vocabulaire,
quils comprennent bien par la mimique et les gestes
(exprimant les émotions en langage du cerveau droit), mais
quils sont incapables de raconter (de traduire lobjet
en concept, opération du cerveau gauche). En somme, la
télévision aurait bloqué la maturation
cérébrale de ces malheureux.
Quant au rôle de la « télévision poubelle
», de la télévision instrument du lavage de
cerveau, de la désinformation et du nivellement par le bas,
cest un autre problème
Cette
télévision est destinée surtout aux adultes,
aux parents pour diriger leurs bulletins de vote. Certes, elle est
insupportable. Mais il appartient aux citoyens de la
réformer, de zapper (changer de chaîne) ou de la
remplacer par une bibliothèque !
Compte tenu de tous les griefs que lon peut formuler contre
la télévision et les craintes que celle-ci suscite,
on ne peut que donner un conseil de prudence aux parents : il est
de leur devoir de contrôler la télévision de
leurs enfants, de sélectionner les émissions en
fonction de la religion et de la morale quils veulent
transmettre à leurs rejetons. Le showbiz, les
médias, les partis politiques proposent des modèles
de vie et de société, des modes etc. ; mais en
dernier recours, cest à chacun de nous de choisir
pour soi et pour les siens. Cela demande du courage et de la
droiture de la part des parents jusquà ce que leurs
enfants aient dépassé lâge de raison et
achevé la formation de leur personnalité.
.
La neuroscience, cette inconnue.
Dans les lignes précédentes, jai
présenté succinctement les problèmes
sou-levés par la vulgarisation des techniques
audio-visuelles. Il convient de noter que les travaux que
jai consultés dans une grande bibliothèque
médicale de Paris ont été faits pour environ
40 % dentre eux par des spécialistes des sciences
humaines (psychologues principalement) et 60 % par des
médecins (surtout des pédiatres, les psychiatres et
neurologues ne se sont intéressés quaux
épileptiques). Certains sont fondés sur des
arguments tirés de la psychanalyse ; aucun na fait
allusion aux neurosciences. Or les connaissances tirées de
la physiologie du cerveau amènent à
interpréter les effets de la télé-vision
autrement.
Depuis 1970, grâce aux travaux de Sperry et ses
élèves, on sait que lhomme dispose de deux
cerveaux : le cerveau gauche intellectuel, siège de la
conscience, de la perception par les sens et de la reconnaissance
du monde, en procédant par analyse, synthèse,
conceptualisation, suivant le mode
hypo-thético-déductif, discursif. Et le cerveau
droit « émotionnel », siège de
linconscient, procédant par intuition, par
appréhension globale des choses, rai-sonnant de
manière analogique, par images. Celles-ci suscitent des
émotions. Dans lenfance, pendant la période
pré-scolaire, le fonctionnement du cerveau droit est
prédominant. Lécole, par linstruction,
permet à lenfant dapprendre à raisonner,
à développer son sens critique, donc à se
servir de son cerveau gauche. Et finalement, à
lâge de raison (entre neuf et treize ans),
lenfant sait penser abstraitement, comme un adulte ; et dans
la civilisation gréco--latine et
judéo-chrétienne, désormais le cerveau gauche
sera prédominant. Toutes les autres civilisations reposent
principalement sur le cerveau droit de la poésie, des arts,
de la rêverie, des idéologies et des
superstitions.
Les relations de voyage et la littérature ancienne montrent
que le cerveau humain subit aussi une maturation selon
lévolution de la civilisation. Ainsi M. Claude
Lévy-Strauss, de lAcadémie Française,
a-t-il décrit la « pensée sauvage »,
cest-à-dire la pensée naturelle, non
modifiée par une instruction particulière,
sélectionnant certaines fonctions cérébrales,
tout en les amplifiant. Par exemple, en France dès le XIIe
siècle, on a cherché à développer le
sens critique, le sens de lanalyse et de labstraction
(cf. rhétorique, dialectique, scolastique), autrement dit
à développer le cerveau gauche, mais tout en
fortifiant aussi le cerveau droit (par la foi, et les arts, dont
larchitecture, la musique). Cette pensée sauvage de
M. Lévy-Strauss saccompagne de la personnalité
hystérique. Celle-ci est caractérisée par une
émotivité excessive, une instabilité des
sentiments (passage facile de lamour à la haine, de
lenthousiasme à la panique) et de la volonté.
Aussi conviendrait-il de parler de mentalité sauvage (ou
plutôt primitive) au sujet de lassociation de la
pensée sauvage à la personnalité
hystérique. Cette mentalité primitive était
fréquente en Europe jusquau XVIe siècle,
jusquà la création des écoles
paroissiales gratuites. Les médiévistes
reconnaissent que lhomme de ces temps anciens était
différent de lhomme moderne : il .était «
nerveux », émotif, instable et changeant, sujet
à des accès de colère, de désespoir
violent, de crises de « pâmoison », des «
coups de tête », et des hallucinations (vision de
fantômes, de monstres etc.).
Cette mentalité primitive semble être celle de
lhomme naturel et sobserve chez les enfants dans
lâge pré-scolaire et, selon Gustave Le Bon,
Carl Gustav Jung, Sigmund Freud, etc., chez le « sauvage
» (nous dirions le primitif). On la retrouve encore chez
certains individus groupés en foule lorsque se produit la
« psychose (ou hystérie) collective » conduisant
à la panique, au hooliganisme sportif, au lynchage,
à lémeute et la tuerie etc. Ces états
de conscience altérée, quon assimile à
la transe (ou extase), sobservent aussi dans les raves
parties et dans les concerts de musique tam-tam (rock, rap,
techno, jazz etc.). Ils résultent de linhibition de
la conscience et de la libération concomitante de
linconscience (du cerveau reptilien). Lhomme peut
alors passer à lacte, et tuer sans en garder le
souvenir.
Cette notion du passage à lacte dans un état
de conscience altérée, dans létat de
transe (sous laction de linconscient) semble
oubliée des sciences humaines imprégnant
lesprit des psychologues et des médecins
étudiant les effets de la télévision et des
jeux vidéo sur les enfants. Cest pourquoi, à
mon avis, leurs conclusions sur lagressivité des
paroles et des comportements ne sont pas toujours claires : on a
même confondu la menace verbale avec lacte de frapper
réellement exécuté. Du reste, certains
travaux, comme pour aller dans le sens du consensus susdit, ont
affirmé, sans rire, que la télévision ne rend
violents et agressifs que ceux qui le sont déjà
!
Selon les neurosciences, la télévision impose
à ses adeptes le mode de raisonnement analogique par
images. Il sensuit que la télévision entrave
et neutralise laction de linstruction de
lécole dont le but en Europe est de
latéraliser le cerveau à gauche. La maturation du
cerveau sarrête : doù pauvreté
intellectuelle et pérennisation de la personnalité
infantile (primitive, hystérique). Les « enfants de la
télévision » sont des « sauvages »
selon la vision de Gustave Le Bon. Il convient de rappeler que le
sauvage est un ancien civilisé qui a perdu sa civilisation,
en général par défaut dapprentissage,
comme dans le cas des « enfants de la
télévision ». Quant au primitif, cest un
homme dont la civilisation, semblable à celle de nos
ancêtres, sest attardée dans une certaine
étape de son évolution. Le primitif a une
civilisation, des tabous ; il ne pourra donc pas tuer sans
cérémonie, sans préparation psychologique et
physique, sans lever les inhibitions par la transe, alors
quun sauvage na quun comportement instinctif
comme les bêtes.
Daprès les neurosciences, une étude sur les
effets de la télévision sur les enfants devrait se
dérouler non pas sur quelques jours ou quelques semaines
comme cest le cas des travaux que jai pu consulter,
mais sur au moins une dizaine dannées, de la
naissance à lâge de raison. Déjà
on a des arguments permettant de penser que laudio-visuel
est néfaste pour nos enfants. En effet, dès les
années 1983, soit une vingtaine dannées
après le début de la vulgarisation de la
télévision, P Babin, L. Busato et M.E Kouloumdjian,
cités par J.-M. Albertini, avaient remarqué que
certains jeunes gens sexprimaient bizarrement. En faisant
analyser leurs conversations spontanées enregistrées
par des agrégés ès lettres, on
saperçut quils parlaient en langage
audio-visuel « mixtant » (sic) « bouts de phrases,
gestes et onomatopées » (sic), en « faisant du
cinéma quand ils parlaient
» « par flashes
» (sic), « sans développement linéaire
logique » (discursif). Albertini pensa que, pour cette
population issue de laudio-visuel, il fallait faire un
enseignement spécial en « photolangage » (sic),
par images (diapositives, photos), qui développerait un
« fonctionnement analogique par le canal de lintuitif
et du global », tout en excluant celui de lanalytique
et de labstrait » (sic), incompatible. Ainsi, sans
connaître les neurosciences, il a parfaitement décrit
le raisonne-ment par images du cerveau droit de la «
mentalité primitive » étudiée au
début du XXe siècle par notre philosophe normalien
Lévy-Bruhl. Ce diagnostic fut fait par le Dr Mireille
Chalvon, en 1977, comme je lai rappelé
précédemment.
Bien sûr, on peut penser que la télévision et
les jeux vidéo ne sont pas les seules causes de
lensauvagement dune certaine jeunesse. Les «
musiques jeunes » ou « musiques actuelles »,
à base de battements de tam-tam et de la batterie en
général par lexcitation ou même la
transe produite, y contribuent largement. Il faudra donc mettre en
accusation toute la « culture » de limage et du
rythme ou « culture tam-tam, télévision
».
Il faut se souvenir que les dégâts
cérébraux causés par le tam-tam et la
télé-vision, aggravés par la philosophie
laxiste (refusant linstitution des tabous et de la
discipline tant morale quintellectuelle, fondée sur
le principe qu » il est interdit dinterdire
», recrée, de manière irréversible
après lâge dit de raison, la
personnalité hystérique (mentalité primitive)
menant à lensauvagement des enfants. Mais je ne puis
dire à partir de quelle durée lusage de la
télévision est néfaste pour le cerveau.
Bien sûr les factotums du modernisme et de louverture
de lesprit essaient de faire croire aux parents peu au
courant de la technique que la pratique de la
télévision et des jeux vidéo favorise
lapprentissage dun métier moderne, alors
quun stage de quelques jours permettra à un jeune
étudiant de shabituer à nimporte quel
ordinateur, et que les appareils existant actuellement nont
aucun rapport avec ceux quon inventera dans cinq ou dix ans,
qui seront de plus en plus simples, faciles à manipuler. Le
problème des jeunes de tous les temps est
dacquérir un cerveau bien fait, bien structuré
par de solides connaissances classiques (qui ont permis à
nos pères de créer le monde moderne actuel),
comportant les sciences (pour structurer le cerveau gauche) mais
aussi les arts (pour façonner le cerveau droit de la
sensibilité et de la créativité) ; ce qui
permettra, le moment venu, de se spécialiser pour exercer
un métier. Et ces connaissances classiques forment la
culture de lhomme, qui finalement na aucune relation
avec lapport de laudio-visuel. Et celui--ci, par la
volonté politique des gouvernements successifs, est
demeuré linstrument de lamusement et du
divertissement du bas peuple alors quil aurait pu diffuser
la vraie culture des élites nationales et internationales
(théâtres, opéras, concerts, ballets etc.) au
profit des classes populaires.
Puisque la télévision éduque, elle devrait
bénéficier des mêmes soucis de qualité
et de rigueur de la part de lÉtat que nos
écoles !
NGHIEM Minh Dung
Ancien interne des Hôpitaux de Paris.
Trouvé
sur http://voxdei2.free.fr/infos Point Final - Informations
chrétiennes et eschatologiques au quotidien.