LA VALEUR DES INSTRUCTIONS BIBLIQUES
Les chrétiens évangéliques apprécient-ils toujours à leur juste valeur les instructions, et les injonctions qu'apporte la Bible sur les rapports parents-enfants ? Certes, nous savons aisément rappeler à nos enfants ce que Paul a si clairement exprimé dans :
Ephésiens 6 : 1 : « Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère (c'est le premier commandement avec une promesse) ».
Colossiens 3 : 20 : « Enfants, obéissez en toutes choses à vos parents, car cela est agréable dans le Seigneur».
«Merci Seigneur d'avoir mis cela dans la Bible ! » nous sommes-nous répété bien souvent. Mais relevons-nous. . .
LA VALEUR DE TOUTES LES INSTRUCTIONS BIBLIQUES
Devenu père, je me suis surpris plus d'une fois à m'interroger sur le sens des injonctions à l'adresse des pères, à l'adresse des seuls pères.
Ephésiens 6 : 4 : « Et vous pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur».
Colossiens 3 : 21 : « Pères, n'irritez pas vos enfants, de peur qu'ils ne se découragent».
Avec une déconcertante aisance nous pouvons reformuler ces versets pour qu'ils soient moins offensants. Paul, n'aurais-tu pas dû écrire : «Enfants, n'irritez pas vos pères » car après tout, me suis-je surpris à penser et à dire, « ce n'est pas un père qui irrite ses enfants, mais bien plutôt ses enfants l'exaspèrent-ils, le provoquent-ils jusqu'à la colère ? »
Interrogée à ce propos, mon épouse, un léger sourire aux lèvres, m'expliqua avec toute la diplomatie dont elle est capable, que ces versets s'adressaient nommément aux pères dont j'étais et que le Seigneur ne s'exprimait jamais Vainement.
Ainsi donc, des pères peuvent-ils irriter leur progéniture.
VERS DE SAINS RAPPORTS PARENTS/ENFANTS
Ephésiens 6 : 1 -4 : « Enfants, obéissez à vos parents. . . »
Grande la tristesse, voire la frustration des chrétiens bibliques devant la dérive profonde de la société vers des tentatives de solutions mécaniques, humanistes et égoïstes aux problèmes moraux et sociaux. Récemment encore, deux débats à la radio m'ont confirmé le marasme dans lequel glisse l'humanité occidentale en particulier. A la question comment aider la famille, seuls des placebos, des remèdes factices d'ordre financier ont été retenus. Autre station, autre débat - pour ranimer l'institution du mariage - étaient proposés :
¥ un mariage de dix ans à l'essai
¥ le mariage des homosexuels
Sans la base biblique, la société est limitée à des chimères et à des fantasmes de plus en plus inquiétants. Il n'est guère étonnant, que dans un tel contexte, les rapports familiaux soient infectés jusque dans les milieux chrétiens bibliques. Mon message s'adresse à des hommes et des femmes nés de nouveau. J'ose espérer que les chrétiens bibliques n'ont pas besoin de l'instauration de l'année de la jeunesse pour reconnaître et respecter leurs devoirs parentaux et filiaux. Le thème que l'on m'a proposé est si vaste que j'ai jugé préférable de cibler un point particulier avec l'espoir de le rendre le plus pratique possible.
DE LA GÉNÉRALITÉ AU SPÉCIFIQUE
« Comment ai-je pu, comment un père pourrait-il bien irriter ses enfants » me suis-je alors interrogé toujours incrédule. Et sans que mon épouse n'ait eu à m'en souffler les réponses, j'ai hélas découvert que le plus compréhensif des pères pouvait exaspérer ses propres enfants, ne serait-ce que par une kyrielle de petites phrases humiliantes particulièrement dévastatrices :
« Comment peut-on être aussi stupide ! Mais pourquoi est-ce que je t'ai mis au monde ? » «Je pourrais être si tranquille aujourd'hui sans toi!»
Et même si certains pères ne se sentent pas disposés à officiellement admettre aujourd'hui l'utilisation de telles claques psychologiques, tout au moins reconnaîtront-ils les avoir entendues quelque part.
Or, les mots ne sont jamais neutres. Il y a ceux qui blessent et ceux qui édifient.
Jacques 3 : 10 : «De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, frères, qu'il en soit ainsi. »
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Proposition Apprenons à particulièrement maîtriser notre langue quand nous réprimandons nos enfants et nos jeunes.
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LA SPHERE D'APPLICATION DES VERSETS :
Le mot teknon en grec désigne de manière indifférenciée un jeune enfant ou un adolescent, voire même un adulte dans sa relation avec ses parents. Par conséquent, les passages d'Ephésiens 6:4 et Colossiens 3:21 s'appliquent à n'importe lequel de nos enfants, qu'il ait cinq ou quinze ans. Sans plus tarder, voyons comment par le simple canal de la parole un père peut provoquer l'exaspération de ses enfants. Il y a d'abord l'erreur de ce que j'appellerai :
I. LA PESANTE EXEMPLARITE :
« Prends exemple sur. . . » .
A. Cas
Gaétan exécute scrupuleusement toutes les j consignes familiales. Il pense même à se brosser les dents. Nul besoin de le pousser à faire ses devoirs. Il fait quasiment tout correctement et spontanément. Ses parents, légitimement fiers de lui reprochent sans cesse à son rêveur de frère cadet de ne pas être à la hauteur : « Prends donc exemple sur Gaétan ! »
B. Problème
Ces comparaisons ne résolvent rien. Elles tendent plutôt à exacerber les rivalités entre enfants. S'il fallait donner un modèle, que ce soit celui parfait de Jésus-Christ lequel, rapporte l'Evangile de Luc 2 : 52 : « croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. » Tout autre diapason ne saurait donner la note juste. Le cadet n'ignore aucun des défauts, peut-être dissimulés, de l'aîné et ne comprend pas que l'on puisse le lui imposer comme exemple.
C. Solution
Au lieu de lui donner son frère comme modèle, pourquoi ne pas expliquer à votre enfant ce que vous attendez précisément de lui et comment il doit et peut le faire. Si vous voulez qu'il range sa chambre ou qu'il se tienne convenablement à table, dites-le-lui simplement et clairement. En même temps, faites-lui prendre conscience de ce qu'il gagnera à vous obéir.
« Si tu rends tes devoirs à temps, tu auras de meilleures notes et tu n'auras pas besoin de faire des sessions de rattrapage pendant les vacances scolaires. »
Le jeune se montrera beaucoup plus sensible et réceptif à vos remarques s'il sait qu'elles visent à modifier ce qu'il fait, non ce qu'il est.
Dieu a toujours traité le peuple d'Israël de la sorte, l'assurant de son amour et de sa fidélité, tout en l'avertissant qu'il ne fermait pas les yeux devant les transgressions et qu'il attendait toujours conformité à Sa volonté, bonne, agréable et parfaite.
Mesurons-nous ce que la petite phrase « Prends exemple sur... » peut avoir d'irritant pour nos enfants ?
Il y a ensuite l'erreur de la déresponsabilisation ! Cette déresponsabilisation se produit quand nous taxons un jeune de :
II. LA PUÉRILITÉ :
«Tu te conduis comme un bébé ! »
A. Cas
Au restaurant, votre fils de huit ans se tient comme un enfant de trois ans. Embarrassé, mal à l'aise, vous le tancez vertement :
« Quand cesseras-tu de faire le bébé ? Tu es ridicule! »
Vexé, le gamin continue de plus belle à vider les salières. Vous venez de lui dire qu'il se comporte comme un bébé, grand le risque qu'il s'aligne de plus belle sur la puérilité. Et si vous vous y preniez autrement ?
B. Problème
Blesser l'amour-propre de l'enfant ne vous mènera nulle part. Il n'y a absolument rien de constructif à le déresponsabiliser ainsi, à le faire passer pour un irresponsable.
C. Solution
Expliquez-lui plutôt que, s'il ne change pas d'attitude, il sera puni - privé de son émission de télé, privé de sortie, d'argent de poche, et châtié corporellement. Il comprendra très vite l'enjeu.
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Principe biblique Ne pas DERESPONSABILISER, mais CORRIGER ? Dieu ne déresponsabilise personne.
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Galates 6 : 5 : « Chacun portera sa propre charge... »
Apocalypse 22 : 12 : « Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son oeuvre. »
L'exercice de la correction s'impose à tout parent plein d'amour et conscient de ses responsabilités.
Proverbes 1 3 : 24 : « Celui qui ménage son bâton hait son fils. »
Proverbes 19 : 18 : « Châtie ton fils, car il y a encore de l'espérance... »
Proverbes 23 : 13 : « N'épargne pas la correction à l'enfant... »
Proverbes 29 : 15 : « Le bâton et la correction donnent la sagesse, mais l'enfant livré à lui-même fait honte à sa mère. »
Châtier - corriger... N'est-ce pas ce que Dieu fait à l'égard de ses propres enfants spirituels :
Hébreux 12 : 5-7 : « Et vous avez oublié l'exhortation qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend; car le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment: c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas ?»
Job 5 : 17 : « Heureux l'homme que Dieu châtie_ "
Psaumes 39 : 12 : « Tu châties l'homme en le punissant de son iniquité. »
Proverbes 3 : 12 : « L'Eternel châtie celui qu'il aime. »
Jérémie 21 : 14 : «Je vous châtie selon le fruit de vos actions. »
Ces vérités doivent être rappelées souvent car le sentimentalisme se substitue parfois au véritable amour. Qui a dit: « Moi je reprends et je châtie tous ceux que j'aime » ? Jésus, homme doux et bon.
Récemment, lors d'un débat télévisé qui a suivi le début d'enquête sur le groupe TABITHA'S PLACE à Sus en Périgord, des gens bien-pensants s'élevaient contre l'anachronisme et la barbarie des châtiments corporels que la communauté infligeait aux enfants désobéissants et rebelles à l'aide d'une petite verge. Aucun sévice, aucune brutalité n'a pourtant été constatée à ce jour.
S'achemine-t-on en France vers une législation, où, au nom de la protection de l'enfance, les parents se verront privés du droit de corriger les enfants malveillants et rebelles ? Dans ce même débat, l'on critiquait vertement des fondements théologiques et bibliques incontournables, notamment celui qui constate chez l'enfant une évidente nature pécheresse.
Proverbes 22 : 15 : « La folie est attachée au coeur de l'enfant; la verge de la correction l'éloigneront de lui. »
Les pères peuvent aussi irriter leurs enfants en déclenchant :
III. LA GUERRE DES STYLES:
« Habille-toi convenablement ! »
A. Cas
Un matin, votre rejeton vous arrive en jean troué et en T-shirt fluo. La guerre des styles va commencer! ! ! Elle peut se perpétuer jusqu'à l'émancipation du jeune ou votre capitulation sans condition. Estelle nécessaire et inévitable ?
B. Problème
Si vous critiquez sans arrêt les goûts de vos adolescents, vous allez vous heurter à une résistance de plus en plus farouche. Que veut dire convenablement? Etes-vous obligés d'imposer votre volonté dans chaque cas ?
C. Solution.
¥ Si votre enfant sort avec des amis, laissez-lui un peu plus de marge de choix tout en veillant au respect des fondements de la modestie et de la propreté.
¥ Si c'est vous qu'il accompagne en revanche, vous pouvez exiger de lui une tenue plus conforme à vos critères. Un jeune doit apprendre qu'il ne peut pas porter la même chose partout, à l'école, sur le terrain de sport, à l'église - et que ses parents sont en droit de le contraindre à se changer dans certaines circonstances.
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Principe biblique à défendre DECENCE, MODESTIE, ORDRE et BIENSEANCE.
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l Timothée 2 : 9-10 : «Je veux aussi que les femmes, vêtues d'une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d'or, ni de pertes, ni d'habits somptueux, mais qu'elles se parent de bonnes oeuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu. »
Ce qui s'applique aux femmes peut être adapté aux jeunes : . décence, modestie . modération . propreté, ordre et bienséance Rien n'est plus irritant que d'être abaissé :
IV. L'AVILISSEMENT :
« Ce que tu peux être bête ! »
A. Cas
Il arrive à tout le monde de faire des bévues. Un gamin, un jour, glisse dans le verre de son père un petit squelette en plastique. Il s'imagine mille fois la surprise de son père à la vue du squelette. Hélas, le père boit goulûment et l'objet en question se coince dans la gorge. Je vous laisse deviner la réaction de tout l'entourage lorsqu'on parvient à retirer l'objet. « Ce que tu peux être bête pour un gamin de ton âge... » Et pendant des minutes qui lui semblent des siècles, on l'avilit, on le dénigre pour une erreur de jugement.
B. Problème
Si vous voulez que votre enfant ait confiance en lui plus tard, ce n'est sûrement pas en mettant son intelligence en doute chaque fois qu'il commet une erreur que vous l'y aiderez !
C. Solution
Montrez-lui plutôt comment se corriger et surtout, félicitez-le lorsqu'il se comporte bien et s'exécute correctement. Il s'agit d'édifier et non de mépriser, Matthieu 18 : 10 : «Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »
(à suivre)
Pasteur Bernard DODELER
La Bonne Nouvelle 6/97
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