Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Une union qui divise

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Ma fille, chrétienne, est fiancée à un jeune homme qui ne l'est pas, quoique intéressé par les choses de Dieu. Réservé, sérieux, il est encore loin de la foi, ses parents appartenant à une secte. Or, le pasteur de notre église refuse de les marier. Mon mari juge cette attitude sectaire. Le fiancé ne la comprend pas non plus, lui qui souhaiterait une cérémonie chrétienne. D'un côté, la Bible déclare: «ne vous mettez pas sous un joug étranger». D'autre part, l'amour doit nous amener à tout faire pour que ce garçon trouve le Seigneur. Qu'en pensez-vous?

 

Je comprends à la fois votre tristesse et les réticences de votre pasteur. En effet, peut-il appeler la bénédiction sur une union que Dieu ne peut approuver comme vous le reconnaissez vous-même en citant 2 Cor. 6, 14? L'attitude du pasteur est logique: il agit en conscience et refuse d'être une marionnette. Je le comprends d'autant plus que j'ai entendu nombre de confidences qui prouvent que l'époux chrétien, souvent freiné dans sa vie spirituelle, est rarement heureux de vivre aux côtés d'un conjoint qui ne partage pas sa foi. il n'empêche que vos arguments sont dignes d'être considérés. Que faire alors?

Un homme de Dieu que je connais parait avoir résolu la difficulté et trouvé le moyen de ne pas repousser le non-chrétien sans être pour autant troublé dans sa conscience. Il considère qu'il n'est pas appelé à «marier» les jeunes gens pour la simple raison qu'ils sont déjà «mari et femme» lorsqu'ils reviennent de la Mairie. Le «oui» prononcé devant l'officier d'état civil l'a été aussi devant Dieu. Lors de la cérémonie à l'église, il parlera à des époux et non à des fiancés. Voici comment il agit:

Avant le mariage, le pasteur se doit d'avertir la jeune chrétienne dans un entretien privé (ici je prends le cas de votre fille); il lui précise notamment que, n'étant pas «un dans le Seigneur» avec son futur époux, ils appartiennent à deux royaumes différents ce qui, même s'ils s'estiment beaucoup, entraînera plus tard d'inévitables difficultés dans leurs relations, leurs choix et leur vie spirituelle. Or, Dieu veut le meilleur pour le foyer, aussi recommande-t-il à ses enfants de choisir un conjoint du même royaume, c'est-à-dire «né à la vie d'en-haut».

Si la jeune fille persiste dans sa décision - l'homme de Dieu n'est pas là pour briser des fiançailles - il accueille quand même les jeunes mariés et le cortège dans l'église. Mais l'essentiel de son message vise à convaincre le jeune homme, ainsi que l'auditoire, de l'impérieuse nécessité de faire la paix avec Dieu. Et comme il le ferait dans une réunion d'évangélisation, avec autant de vigueur, il appelle ses auditeurs à recevoir le Christ comme Sauveur et Maître. Ceci ne l'empêche pas de demander au jeune marié de ne pas s'opposer à ce que sa femme médite la Parole de Dieu et assiste fidèlement au culte dominical. S'il l'accompagne, il donnera à son épouse une preuve de plus de son amour pour elle. Quant à la jeune femme, elle suivra la recommandation de l'apôtre: «femme sois soumise à ton mari incroyant afin qu'il soit gagné sans parole, par ta conduite pure et respectueuse» (selon 1 Pi. 3, 1-2).

Ce collègue a-t-il raison? Votre pasteur devrait-il l'imiter et consentir à présider la cérémonie du mariage de votre fille? Il n'appartient ni à moi ni à vous de trancher. C'est à lui de se déterminer, librement. Et s'il persiste dans son refus, surtout gardez-vous de le désapprouver, de le critiquer ou de vous aigrir contre lui. Toute conviction qui s'appuie sur une parole de l'Ecriture doit être respectée. Soumettez-vous donc à l'avance, bénissez ce serviteur de Dieu, en lui conservant votre estime et faites confiance à Celui qui saura, le moment venu, parler au coeur des époux.

Que Dieu vous éclaire et dirige toute chose pour le meilleur.

André Adoul

AVENEMENT Octobre 1992 No 52 / P 28

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